2e trimestre 2007
N° 43 LE T T R E
D ’I N F O R M ATION P O U R L A R E C H E R C H E E T L E D V E L O P P E M E N T A G R I C O L E S E N
CORAF/WECARD
Paco Sérémé, le secrétaire exécutif : " L'utilisation des OGM nécessite que nous ayons un cadre réglementaire " L’idØe d’une restructuration fut lancØe, N’Djamena, en 1997, elle fit son petit bonhomme de chemin pour devenir une vision stratØgique, l’escale d’Accra, en 1998, puis elle prit la forme d’un Plan stratØgique de coopØration pour la recherche et le dØveloppement agricoles en Afrique de l’Ouest et du Centre, au terminus de Dakar, en 2000. Depuis novembre 2006, date de dØmarrage du processus de son actualisation et de sa rØvision, le Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le dØveloppement agricoles et ses Partenaires scrutent les dix prochaines annØes de la vie de la sousrØgion, 2007-2016. La chronique, qui a commencØ dans le trente et uniŁme numØro, en relate les pØripØties. Paco SØrØmØ, le secrØtaire exØcutif, se prŒte ici au feu roulant des ques(Suite à la page 9)
A FRIQUE
D E L ’O U E S T E T D U
C ENTRE
Premier atelier
Revue du Plan stratégique : l'étude préalable
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E JAMAIS FAIRE L'ÉCONOMIE DE LA
réflexion " est bien l'attitude prise par les responsables du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles dans cette " affaire ". Faire faire une étude sérieuse à l'International Food Policy Research Institute, avant de se lancer dans un long processus de révision et d'actualisation de son Plan stratégique, a été payant. L'identification des priorités de recherche à l'échelle sous-régionale a été bien réussie, en effet, par le premier atelier, d'une série de sept, tenu du 14 au 15 novembre 2006, à Saly Portudal, au Sénégal. Le gotha de la recherche et du développement agricoles nationaux, sous-régionaux, continentaux et
internationaux s'y était donné rendezvous : gestionnaires, chercheurs, représentants du Secteur privé, des Organisations non gouvernementales, des Organisations professionnelles de producteurs, des partenaires au développement. Il a été assigné à cet atelier de valider les résultats de l'étude, de dresser une liste des critères aidant à établir celle des priorités de recherche et de recherche-développement de la sousrégion. Pour ce faire, l'étude devait procéder à une quantification économique et à une analyse spatiale des priorités existantes, à une analyse des priorités d'investissement par dis(Suite à la page 5)
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DE LA RECHERCHE
Expression du folklore
Le chemin dégagé pour les bénéficiaires La Bioversity International (ex-IPGRI) venant de lancer, en partenariat avec le CORAF/WECARD, l’Initiative pour une politique de gestion des ressources gØnØtiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (GRPI/WCA), basØe au siŁge de ce dernier, une sØrie d’articles est consacrØe sa constitution et ses activitØs. Voici le septiŁme article.
S
L'HOMME A ÉTÉ DUR AVEC l'homme, il l'a été aussi pour ses œuvres. Si cette dureté semble s'estomper, c'est certainement plus parce qu'elle a changé de forme. Pour pallier cela, l'instrument juridique de l'African Regional Intellectual Property Organization (ARIPO) et l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) entend défendre et protéger leurs expressions culturelles et artisI
De quoi parle-t-on ? L’instrument juridique parle des expressions verbales — rØcit, lØgende, ØpopØe, conte populaire, poØsie populaire, Ønigme, autres narrations, mot, signe et symbole —, des expressions musicales — chanson et musique internationale populaire —, des expressions corporelles — danse, spectacle, art et rituel —, qu’elles soient fixØes ou non sur des supports. Ilparle Øgalement des ouvrages d’art populaire — dessin, modŁle, peinture, mŒme du corps, ciselure, sculpture, poterie, terre cuite, mosa que, travail sur bois, objet mØtallique, bijou, vannerie, produit artisanal, travail d’aiguille, produit textile, tapis, couture —, des instruments de musique et des ouvrages d’architecture.
tiques contre les actes et tentatives d'appropriation, d'utilisation ou d'exploitation illicites survenant hors de CORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
leur contexte traditionnel. Cette protection s'exerce sur les produits de l'activité intellectuelle créative et cumulative d'un individu ou de sa communauté culturelle ou autochtone traditionnelle. Elle s'applique aussi aux caractéristiques de l'identité culturelle qui distingue cette dernière d'une autre et à son patrimoine développé et perpétué par les générations passées, présentes et futures. Pour cela, aucune formalité n'est exigée. En revanche, pour certaines catégories d'expression, prévues par les mesures de protection, il faut tout de même les notifier à une autorité nationale compétente. Il s'agit des expressions du folklore ayant une valeur ou une signification culturelle ou spirituelle particulière ou un caractère sacré. Au demeurant, cette notification n'est nullement une déclaration, une garantie de droits, un moyen de fixer, d'enregistrer ou de divulguer publiquement ces expressions. Ainsi, ces mesures ont sauvegardé les intérêts des communautés autochtones traditionnelles et des communautés culturelles (voir encadré). Ne sont-elles pas les vraies gardiennes,
les meilleures protectrices et les fidèles continuatrices, vu les lois, us et coutumes du passé ?
Contact: Cheikh Alassane Fall CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Sénégal Tél. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : alassane.fall@coraf.org Skype : Cheikh Alassane Fall Internet : www.coraf.org
Biotechnologie-biosécurité
Rechercher les parents pour améliorer les espèces
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ECHERCHER LES PARENTS BIOLO-
giques d'un individu est une pratique " vieille comme le monde ". Rechercher les parents biologiques d'une espèce végétale ou animale ne semble pas l'être. Il semble même tout récent. Telles sont certaines technologies et techniques de la biotechnologie. Utilisées séparément ou en combinaison, elles servent à lever les contraintes par la sélection et la conservation. La sélection assistée par marqueurs moléculaires est l'une d'elles, ces derniers étant des fractions d'acide désoxyribonucléique (ADN) non porteuses d'informa-
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tion (dites cordantes), donneuses d'une protéine, faciles à isoler et présentes chez toutes les espèces étudiées. Pour améliorer l'ensemble des caractéristiques végétales ou animales d'une espèce, il est indispensable de comprendre la structure de la collection de germoplasmes servant à effectuer la sélection et la conservation. A cet effet, l'information, relative à la variation naturelle existant entre les espèces d'organismes domestiques et leurs parents d'origine sauvage, est très importante pour l'établissement d'un programme d'amélioration génétique efficace. D'autant que celles qui
E CHOS se ressemblent génétiquement sont vulnérables aux épidémies et aux désastres environnementaux. Les variantes d'une même enzyme Des marqueurs d'ADN sont largement utilisés pour déterminer l'empreinte digitale des génotypes. L'empreinte digitale trouve, en effet, des applications étendues dans la détermination de la pureté des semences, la résolution des incertitudes parentales et les diagnostics génétiques. L'information sur la diversité génétique d'une espèce est importante pour la sélection des gènes parentaux et la prévision de la performance des hybrides, surtout chez le riz et le maïs. Ces hybrides sont d'une portée commerciale sans précédent. L'information sur la généalogie d'un individu est la base à partir de laquelle sont choisis les parents et les schémas de sélection dans les programmes de recherche. L'utilisation des marqueurs moléculaires permet d'assigner des régions chromosomiques distinctes aux loci à effets quantitatifs individuels (QTL) (leur présence étant déduite de la cartographie génétique), de déterminer les types et la magnitude des effets de leurs gènes et le parent possédant l'allèle positif (l'un quelconque des deux gènes différents localisés au même site sur chaque membre d'une paire de chromosomes homologués) de chaque locus. Les marqueurs de protéines les plus communément utilisés sont les isozymes, des variantes d'une même enzyme. Ils révèlent des différences dans la séquence des gènes et agissent en tant que co-dominants. Mais " tout n'est pas rose " avec eux, puisqu'ils sont d'usage limité du fait de leur disponibilité limitée chez toutes les espèces et de leur aptitude à subir des modifications post-translationnelles. Difficile d'appliquer cette technologie Puisque la sélection assistée par marqueur (SAM) permet de déduire la présence d'un gène à partir de celle d'un marqueur étroitement lié à lui, leur éloignement réduit la possibilité qu'ils se transmettent ensemble des parents aux descendances. Cela est dû aux incidents de recombinaison en
croisement double, par conséquent, la condition sine qua non est la liaison étroite du marqueur et du gène d'intérêt, ce qui rend nécessaire la saturation des régions chromosomiques renfermant le locus d'intérêt — où la variation allélique est associée à la variation d'un caractère quantitatif — sur la carte génétique. Donc, pour que cette technologie soit efficacement appliquée, il importe de disposer d'une génération de lignées presque isogéniques. Si les sources d'un gène et de son parent sont suffisamment divergentes, alors les marqueurs révèleront un polymorphisme — variation normale et non pathogène entre individus dans la séquence de gènes et rendant compte des différents allèles — entre cette génération de lignées et ce parent. D'une manière générale, la probabilité pour identifier
DE LA RECHERCHE
un gène lié à un marqueur est inversement proportionnelle à la distance entre eux. Plusieurs caractères agronomiques importants, tels le rendement, la qualité, la maturité, la résistance au stress biotique et au stress abiotique, sont contrôlés par un nombre important de loci (locus) qui apportent, chacun en ce qui le concerne, une infime contribution positive ou négative à la valeur phénotypique finale du caractère. Hélas, dans ce cas, il s'avère difficile d'appliquer cette technologie. Contact : Marcel C. Nwalozie CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : marcel.nwalozie@coraf.org Skype : Marcellusn Internet : www.coraf.org
Afrique
Productivité agricole : un impératif de changement
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TOUTE CHOSE MALHEUR N'EST-IL
Pas
bon ? Sans faire du fatalisme, cette assertion semble s'inscrire dans l'ordre de toute chose. Inéluctablement, comme une loi naturelle ou sociétale, l'économie africaine est en train de vivre le même " sort " ! Le manque de performance de l'agriculture est largement à la base de l'insuffisance de progrès réalisés dans le but de réduire la pauvreté et la faim. La croissance agricole n'a pas tenu longtemps face à la croissance démographique. La croissance du rendement agricole par habitant est plus faible que celle d'autres régions en développement du monde. Pourtant, l'agriculture représente une part énorme des revenus nationaux, de l'emploi et du commerce extérieur. Elle fournit plus de vivres et de matières à plus bas prix aux ruraux et citadins, apporte les devises pour l'importation des biens industriels et d'équipement, procure plus de capitaux et de maind'oeuvre pour le développement industriel, crée un marché local pour les industries nationales naissantes, contri-
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bue à la réduction de la pauvreté à l'aide de l'augmentation de la productivité de la main-d'œuvre et à la création d'emplois, dans les zones rurales. Pour renverser les premières tendances, renforcer les secondes et, du coup, travailler à la réalisation des objectifs pour le développement du millénaire — réduire de moitié la pauvreté d'ici 2015 —, les pays africains se sont vu assigner la tâche de réaliser une croissance de 6,2 %, voire plus pour certains ayant trop longuement vécu dans le marasme économique. Maintenant, la question est de savoir si les pays seront en mesure d'atteindre ces taux de croissance. Selon, des spécialistes, cela dépendra de la rapidité avec laquelle seront obtenus les gains de productivité. L'augmentation de la productivité agricole implique l'évolution technique et la disponibilité des intrants, des financements et des systèmes de commercialisation saisonniers, toutes choses accroissant la production agricole et la mettant à la portée des consommateurs au moyen de prix compétitifs. En CORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
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DE LA RECHERCHE
effet, la productivité mesure la valeur du rendement pour un niveau donné d'intrants. L'accroissement de la productivité est faisable, si la valeur du rendement augmente plus rapidement que celle des intrants. Les gains de productivité pourraient donc provenir des changements du niveau de productivité physique, grâce à celui des technologies utilisées dans le processus de production. Le fait de changer de technologies se solde par un niveau de rendement plus élevé par unité d'intrants, comme la terre, la main-d'œuvre, les changements des coûts de production et du marché. La marge de rentabilité des producteurs s'accroît de cette façon. Le niveau de croissance requise La situation de faible productivité des sols et de la main-d'oeuvre prévaut surtout dans les pays de l'Afrique australe, hormis l'Afrique du Sud, et de l'Afrique de l'Est. Au fil des années, la faible croissance des rendements et de la productivité en céréales s'est traduite par la baisse de la production alimentaire par habitant et par l'élévation des importations — 20 % de la production céréalière continentale, l'aide alimentaire incluse. Dès lors, quel devrait être le niveau de croissance requis pour atteindre ces taux de croissance recommandés par le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique du NEPAD ? En 2005, Carlos Ludena, a examiné, dans une étude sur les implications de la croissance de la productivité des cultures et du bétail sur le commerce alimentaire mondial, la productivité totale des facteurs pour répondre à cette question. La productivité totale des facteurs représente la croissance des rendements non prise en compte par la croissance des intrants. La majeure partie de la croissance du rendement est engendrée par l'expansion de l'utilisation des sols, de la main-d'oeuvre et du bétail, si bien que la croissance de la productivité a joué un rôle plus important, dans les années 90, selon certaines estimations. Elle a, en effet, augmenté de près de 1,5 %, soit à peu près 40 % de la croissance de 3 % du rendement agricole par an. Dans le même temps, les intrants traditionnels — sol, mainCORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
d'œuvre et bétail — représente 60 % de la croissance du rendement agricole. Dans les années 90 Ainsi, la croissance totale des facteurs doit être de 4,5 % par an, d'autant que la croissance des intrants — sol et main-d'œuvre — n'est pas en mesure de continuer à augmenter, selon le même rythme suivi auparavant. En outre, la productivité doit croître plus rapidement, afin de garantir la croissance du rendement. Les changements récents indiquent une réduction de la croissance de la maind'oeuvre. Si, entre 1981 et 1990, la population active avait augmenté de 2% en moyenne, en Afrique sub-saharienne, elle a baissé à 2 % par an, à
partir de 1990. Or atteindre ce taux moyen de croissance de la productivité des facteurs suppose que le niveau de la main-d'œuvre et des capitaux suive le même rythme de développement connu dans les années 90 et contribue pour 1,8 point au pourcentage de la croissance de l'agriculture.
Contact : Marcel C. Nwalozie CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : marcel.nwalozie@coraf.org Skype : Marcellusn Internet : www.coraf.org
Afrique de l'Ouest
Croissance et productivité : des impératifs catégoriques
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E VAUT-IL PAS MIEUX APPRENDRE
à pêcher à autrui que de lui donner du poisson, chaque fois ? La Banque mondiale, qui ne s'est pas laissée conter l'histoire, a produit, pour aider le continent à atteindre les huit objectifs pour le développement du millénaire, le Plan d'action pour l'Afrique (PAA). Pour ce faire, ce dernier comporte trois composantes, dont le renforcement des acteurs producteurs de croissance. Cette composante sera mise en œuvre par le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO ou WAPP), afin d'appuyer fortement l'intégration de la sousrégion et de rendre son agriculture plus productive et durable. Ses résultats de recherche sur la génération et
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la diffusion des technologies profiteront certainement aux populations, mais ils pourraient faire naître, dans certains cas, des effets, environnementaux et sociaux négatifs, si des mesures idoines ne sont pas prises dès à présent. Afin de les minimiser, la Banque, encore elle, et ses partenaires ont initié l'élaboration d'un Plan cadre de gestion environnementale et sociale (PGES). L'étude de ce Plan cadre concernant, dans un premier temps, le Burkina Faso, le Ghana, le Mali et le Sénégal, intègrera, d'ores et déjà, les préoccupations environnementales et sociales dans les futurs programmes de recherche ainsi que la vulgarisation et l'application des résultats de recherche. Ce Plan cadre permettra d'identifier, d'évaluer et d'atténuer les impacts
V IE environnementaux et sociaux potentiels des activités du programme de productivité, au stade de la planification. Les Centres nationaux de spécialisation… Il sert donc de guide à l'élaboration d'études d'impacts environnementaux et sociaux spécifiques aux futurs sous-projets. Sa mise en ouvre compte intégrer les politiques de sauvegarde de la Banque et les lois de chacun de ces quatre pays. Le Plan cadre va également comporter les dispositions institutionnelles relatives à l'application et au suivi des activités de recherche sur les systèmes de production agricole, dont le renforcement des capacités. En toile de fond, la méthode participative, qui implique l'ensemble des acteurs, sans aucune exception, oriente la démarche de l'étude. Le projet proposé constitue la première phase d'un programme comportant trois phases de cinq ans chacune. L'ambition est de l'étendre à tous les pays de la CEDEAO, de telle sorte qu'à terme échu, leur productivité agricole croisse à 6 % et leur agriculture devienne compétitive. Les pays partageront les technologies, à travers des Centres nationaux de spécialisation, destinés à devenir des Centres régionaux d'excellence, et à financer la génération et la diffusion des technologies. Des Centres additionnels de spécialisation viendront allonger leur liste. Les secteurs prioritaires, où pourront intervenir les Centres régionaux d'excellence, vont de la biotechnologie et de la biosécurité à la gestion durable de la terre et de l'eau, en passant par la récolte de plantes traditionnelles d'exportation, les fruits et légumes non traditionnels, la transformation agricole, la production animale et le traitement phytosanitaire.
Contact : Paco Sérémé CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : paco.sereme@coraf.org Skype : Skypesereme Internet : www.coraf.org
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cipline scientifique, spéculation, zone et pays. De même, elle devait effectuer une projection jusqu'en 2015 de l'impact économique potentiel et de l'indice d'information sur les conditions de vie dans chaque zone prioritaire, une identification des activités de recherche à mener pour simuler une croissance économique, une détermination de la manière de renforcer la coopération et l'intégration sousrégionales. Ecart technologique et de rattrapage Ainsi, selon Michael Johnson, expert à l'IFPRI, deux hypothèses ont été retenues : les rendements potentiels obtenus avec les technologies actuelles et les meilleures pratiques paysannes, les écarts de rendements actuels déterminant les limites technologiques. Sur cette base, deux critères économiques quantifiables ont été utilisés pour classer les priorités alternatives. Il s'agit de la contribution à la croissance globale et les avantages tirés de chaque culture par les producteurs, mais ce dernier manque de tenir compte du potentiel des nouvelles technologies de promotion du développement agricole. Trois scénarios dégagés — croissance optimiste, plus optimiste et uniquement à marchés multiples — ont permis de conclure que la contribution de l'agriculture à la croissance est en deçà de son potentiel réel. Le Sahel et l'Afrique centrale n'ont enregistré aucune croissance liée à la production totale des facteurs. La croissance de la productivité est vraiment faible. Le potentiel d'accroissement de la productivité et de la contribution de l'agriculture à la croissance est élevé, en terme d'écart technologique et de rattrapage. Quant à l'analyse des opportunités de marché pour les pays d'Afrique de l'Ouest, l'étude a tiré les conclusions selon lesquelles une croissance rapide est nécessaire, étant donné l'énorme écart de consommation en denrées de base entre les riches et les pauvres, la demande intérieure de la plupart des produits de cultures et d'élevage peut s'accroître rapidement, si la croissance bénéficie aux pauvres.
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En revanche, une croissance, qui profite aux riches, peut limiter les opportunités de marché de nombreuses denrées alimentaires, telles les produits traditionnels. La demande ne souffre pas de contraintes, mais l'ensemble des chaînes de marché entre les producteurs et les consommateurs constitue un élément-clé. Biotechnologie et résistance des insectes et virus En ce qui concerne les contraintes socioéconomiques et biophysiques, l'étude signale que l'Afrique de l'Ouest et du Centre dispose de larges zones économiquement sousexploitées, du fait de leur faible accès et densité de population, au Sahel et en zone forestière d'Afrique centrale qui représentent soixante pour cent de la superficie. L'exploitation durable des ressources devrait constituer une partie intégrante du développement stratégique. Dans la même optique, un quart de la population rurale vit dans des zones à densité de population et à niveau d'accès moyens, ce qui est, ailleurs, démontré comme étant souvent favorable aux interventions politiques, par exemple, et est largement répandu en moyenne dans dix pays différents. S'agissant des futures alternatives, les experts ont mis le doigt sur les options de croissance agricole et la contribution de l'élevage et des spéculations agricoles à la croissance. L'étude de ces options a permis d'examiner comment chaque spéculation agricole est censée évoluer partout. Trois modèles de croissance sont prévus, dans lesquels la valorisation est nécessairement à prendre en compte. L'industrie* de transformation contribue présentement pour 10 % à la croissance agricole de 10 pays et pour 20 % à celle de 8 pays. Le Ghana démontre comment la croissance, reposant sur une base élargie, peut contribuer davantage à la réduction de la pauvreté plus que la seule croissance économique. Sur les options biotechnologiques, Jeremy Folz, de l'Université de Wisconsin Madison, aux Etats-Unis, a ajouté les faibles taux d'adoption imputables aux coûts et à l'achat des semences, les problèmes de la réglementation rencontrés à l'échelle natioCORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
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nale et locale, les problèmes d'adoption à l'échelle nationale et internationale, le besoin récurrent de matériel génétique de la biotechnologie et la volonté de substituer cette dernière aux autres méthodes de recherchedéveloppement, au lieu d'en faire leur appoint. Le CORAF/WECARD doit donc prendre la biotechnologie pour une pièce du puzzle, procurant quelques profits commerciaux, mais posant beaucoup d'interrogations. Pour ce faire, il doit continuellement mener une recherche conventionnelle pour bénéficier de ses avantages, rassurer, voire convaincre les gouvernements, la Société civile et les producteurs très préoccupés et lever des contraintes de résistance des insectes et virus. L'analyse de la contribution de l'élevage montre très clairement que la demande continuera de grimper ; l'offre suivra difficilement ce rythme, à cause des contraintes de production ; les coûts de transaction élevés, les coûts de transport et les taxes influent négativement sur le commerce ; le niveau des transactions est en deçà de celui escompté, vu la taille des marchés et les distances ; le développement d'un marché sousrégional favorisera la réduction des barrières et coûts commerciaux et renforcera les institutions afférentes ; etc. Une stratégie viable, mais très affectée Avec la croissance économique et l'urbanisation, la demande en produits de l'élevage ira crechendo. Elle est concentrée dans les marchés côtiers. L'offre va s'accroître, si des décisions stratégiques d'investissement dans la recherche-développement — les systèmes mixtes agricultureélevage à proximité des marchés et le long des côtes, les zones à densité de population, à main-d'oeuvre et à capitaux élevés, la production de bétail et de petits ruminants au Sahel, le développement des marchés et la promotion du commerce sousrégional — sont mises à exécution. L'analyse des spéculations agricoles a mis en exergue la nécessité de trouver des solutions technologiques communes, en ciblant les contraintes de développement et non pas les pays. Elle a également mis en CORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
exergue l'énormité du potentiel des retombées technologies agricoles sur le plan sous-régional, le besoin impérieux d'investir dans les activités d'adaptation et de vulgarisation, en vue de réduire les écarts de rendement. Elle a fait ressortir le besoin d'investir dans de nouvelles activités de recherchedéveloppement sur les cultures à faibles écarts de rendement, le fait que les avantages les plus élevés pour les producteurs semblent être générés par les investissements sur le riz, le maïs, le sorgho, le manioc, l'arachide, le cacao et le coton, le fait que le retour sur investissement par hectare soit également plus élevé pour la banane, l'igname et les haricots. Sur les futures recherches, ceci a des implications. Une analyse du rapport coût-bénéfice sera nécessaire, tout autant que les données sur les différents types d'investissement et les gains qu'ils génèrent, leur efficacité dépendant aussi des processus institutionnels, l'intégration de l'élevage aux futures recherches. Concernant les défis émergents, identifiés pour la mise en œuvre effective d'une stratégie de recherche agricole
sous-régionale, Jordan Chamberlin affirme que l'étude s'est basée sur les écarts entre les frontières technologiques des différents domaines et pays. Ainsi les priorités sous-régionales et les priorités spécifiques à chaque pays ont été identifiées. Selon lui, le commerce sous-régional était d'une importance telle dans la croissance agricole qu'il contribuerait à la définition des composantes de la recherche agricole sous-régionale. La diversification des exportations est une stratégie viable, mais très affectée par les politiques appliquées dans d'autres secteurs. Ces différentes présentations ont été suivies de riches débats émanant de l'auditoire (voire article suivant).
Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : armand.faye@coraf.org Skype : aramandfaye Internet : www.coraf.org
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Revue du Plan stratégique : l'étude préalable discutée
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OMME EN SCIENCE " TOUTE ÉVIdence mérite d'être niée ", la présentation de la sérieuse étude, réalisée par l'International Food Policy Research Institute pour le compte du CORAF/WECARD, a été " épluchée ". Beaucoup d'interrogations, de commentaires et de contributions ont été formulés par l'auditoire sur son objet. Il s'agit de la quantification économique et l'analyse spatiale des priorités existantes, l'analyse des priorités d'investissement par discipline scientifique, spéculation agricole, zone et pays, de la projection jusqu'en 2015 de l'impact économique potentiel et de l'indice d'information sur les conditions de vie dans chaque zone prioritaire, de l'identification des activités de recherche à mener pour simuler une croissance économique, de la
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détermination de la manière de renforcer la coopération et l'intégration sous-régionales. Au chapitre des questions, il a été demandé aux présentateurs comment l'étude a pris en compte le fait que, quand les populations deviennent plus pauvres, elles ont tendance à compter sur d'autres ressources ne figurant pas parmi les spéculations agricoles retenues. Il leur a été également demandé comment considérer la connaissance de l'importance de la pertinence de l'agriculture dans la croissance économique des pays pétroliers d'Afrique de l'Ouest et comment la liberté de circulation de la main-d'œuvre dans cette sous-région va influencer les priorités identifiées. Dans la même lancée, les participants ont exprimé leurs préoccupations sur
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les conséquences du changement climatique sur les prévisions de croissance retenues, l'importance de l'élevage pris comme un agrégat d'un seul secteur et non pas comme un soussecteur, l'absence de soutien aux producteurs en cas de baisse de leurs revenus, l'influence de l'internationalisation du marché, le niveau potentiellement élevé des coûts d'opportunité du transport des spéculations agricoles. Pour lever tout équivoque D'autres interrogations ont été formulées : la recherche a-t-elle pour mandat de se focaliser sur la croissance agricole pour lutter contre la pauvreté ? Quelle sera la priorité accordée aux évaluations économiques préconisées ? Les variétés Bt, produites par la biotechnologie, ont largement occupé les discussions, alors que la technologie des gènes n'est qu'un aspect de la question, donc comment comptez-vous prendre en considération les autres composantes ? Quels sont les prérequis favorables à l'adoption de la biotechnologie dans la sous-région ? Dans quelle mesure la biosécurité influencet-elle les taux d'adoption de la biotechnologie ? Quelles leçons pouvons-nous tirer de la recherche d'accompagnement qui peut aider à prendre des décisions alternatives à l'incorporation
de la biotechnologie dans la stratégie du CORAF/WECARD ? Sans relâche, les participants n'en ont pas fini avec les questions : quels sont les taux d'adoption utilisés dans l'étude ? N'y a-t-il pas d'autres propositions relatives aux nouveaux secteurs et marchés à niche ? Des simulations ont-elles été effectuées sur eux ? Qu'en est-il de l'identification des priorités qui font avancer l'agenda de la recherche ? Les réponses des présentateurs ne se sont pas fait attendre. Ainsi, ils avancent que, même dans les pays producteurs de pétrole, l'agriculture a une part importante dans le produit intérieur brut. L'approche par domaine est encore nouvelle, dans la mesure où il n'est pas possible, pour le moment, de déterminer tous les aspects du développement futur, tel que l'emplacement des routes, par conséquent, la manière dont la production agricole sera utilisée est incertaine. Cependant, pour lever tout équivoque, la précision a été apportée que cette étude doit être considérée, non pas comme une réponse aux questions actuellement posées, mais comme un outil de prise de décision. La référence à l'élevage est pertinente, mais, pour le moment, ne sont pris en compte que la volaille et la pêche. S'il est vrai que les réformes gouvernementales compliquent les
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choses, il n'en demeure pas moins vrai que les modèles de projection de la croissance agricole doivent intégrer l'évolution rapide de la situation. De ce point de vue, n'est-ce pas que la performance antérieure du marché agricole doit être appréciéepar rapport à la croissance actuelle ? Cependant, la recherche pourrait ne pas être la meilleure manière d'extirper les populations de la pauvreté. Ne faut-il donc pas promouvoir les interventions présentant les opportunités les plus importantes, du genre " donnant-donnant " ou mutuellement avantageuses, étant entendu que l'approche de la chaîne des spéculations agricoles peut aider à comprendre davantage la situation. Les nantis sont tout aussi bien concernés Quant aux pré-requis liés à l'adoption de la biotechnologie, les experts reconnaissent qu'actuellement, les conditions ne sont pas encore réunies, cela dépendant de la technologie ellemême et de la situation sur le terrain. Ils précisent avoir soigneusement étudié les taux d'adoption, pour bien prendre en compte les systèmes irrigués, et bien évalué la place du plantain comme de la banane. Mais, ils reconnaissent n'avoir pas effectué des simulations sur les nouveaux secteurs et marchés à niche, faute de temps, tout comme ils avaient décidé de ne pas analyser le secteur forestier, à cause de sa complexité, et penché pour une étude spécifique ultérieure. Abondant dans le même sens, plusieurs orateurs ont contribué à l'avancement du débat, à commencer par un participant qui ne cache pas que les scénarios dessinés ne suffisent pas, une projection sur 2015 est aussi à définir. Un autre ajoute que, pour aider à prendre des décisions, l'étude doit compléter son analyse par une CORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
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radioscopie des dimensions de la pauvreté autres que la terre et la main-d'œuvre. Seules les données pluviométriques ont été comptées parmi les facteurs biophysiques, or d'autres, comme la qualité des sols, sont tout aussi importantes en Afrique. Bien que l'étude ait signalé l'importance du rôle du riz, mesuré par les millions de dollars dépensés, pour le renforcement de la croissance dans ce secteur, par les gouvernements, il serait judicieux d'indiquer les domaines dans lesquels les recherches supplémentaires permettraient d'atteindre le taux de croissance de 6 %. Or cela demande un environnement favorable, comme, par exemple, la levée des barrières commerciales, ce que ne traduit pas le deuxième scénario du modèle de croissance qui semble extrêmement limitant. De même qu'il n'est pas réaliste de limiter les avantages de la croissance seulement aux pauvres, alors que les nantis sont tout aussi bien concernés. Les Plans stratégiques des SNRA semblant avoir besoin d'une cure de jouvence, un participant avance c'est sur cette base que les priorités régionales sont à définir, sa crainte étant que cela ne soit pas pris en compte par l'étude. Tout comme, d'ailleurs, elle semble avoir occulté des cultures aussi importantes que le plantain, la diversification adoptée par les producteurs ainsi que la diffusion des résultats de recherche. De sorte qu'il y a lieu de se demander comment les principales spéculations agricoles ont été choisies. Dans le même souci, les récentes recherches sur le manioc et l'igname, qui s'avèrent essentielles, sont à prendre en compte aussi.
Contact : Julienne Kuiseu CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : julienne.kuiseu@coraf.org Skype : Kuiseujulienne Internet : www.coraf.org
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Revue du Plan stratégique : pour quelles priorités
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ISONS QU'À TOUTE CHOSE, IL Y A
une heure de vérité. Dès lors, l'heure de vérité de ce premier atelier a bien sonné : la présentation, la discussion et l'approbation des priorités de recherche du CORAF/ WECARD. Mais, cela n'étant pas une mince affaire, car il a fallu préalablement résoudre certaines difficultés : qu'est-ce qui donne à une question de recherche une dimension sous-régionale ? Quels sont les critères de choix
Ce qui fait qu'une question de recherche est de dimension sousrégionale, c'est son caractère de bien public, ses similitudes écologiques, sa préoccupation de traiter la pauvreté, l'insécurité alimentaire et la géopolitique, sa valeur ajoutée comparée à la recherche nationale. Entrent également en ligne de compte les coûts de transaction aux frontières et marchés, le nombre de pays concernés (deux ou plus), les problématiques
de ces priorités de recherche ? Voici comment les participants y ont répondu. Rappelons encore qu'ils ont été invités à traiter de la quantification économique et de l'analyse spatiale des priorités existantes, de l'analyse des priorités d'investissement par discipline scientifique, spéculation agricole, zone et pays, de la projection jusqu'en 2015 de l'impact économique potentiel et de l'indice d'information sur les conditions de vie dans chaque zone prioritaire, de l'identification des activités de recherche à mener pour simuler une croissance économique, de la détermination de la manière de renforcer la coopération et l'intégration sous-régionales.
survenant dans différentes zones agroécologiques, le rapport coût-efficacité en matière de financement de la recherche, les défis du développement émergent. Quant aux critères, ils se résument à la nature socioéconomique et culturelle de la question, à son caractère sous-régional, au nombre de personnes concernées, à la protection de l'environnement, au potentiel compétitif du produit agricole, à la conformité avec les politiques sous-régionales. A ceux-ci s'ajoutent la contribution à la réduction de la pauvreté, à la sécurité alimentaire, à la conservation de la diversité biologique, au produit intérieur brut agricole, la gestion et la pré-
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V IE servation de l'eau et du sol, la défense des groupes socioéconomiques marginalisés, la probabilité de recherche, la capacité de recherche et la complémentarité des stratégies de recherche. Conditions incitatives à l'investissement privé Ainsi, l'adaptation des activités de recherche et de développement aux préoccupations sous-régionales a été ressentie comme une priorité, de même que le recours aux investissements complémentaires, l'amélioration de la productivité par la baisse des coûts de production, l'introduction des technologies de transformation dans les zones à faible accès aux marchés et à faible densité de population. Les variétés améliorées sont considérées comme étant les plus adaptées pour l'alimentation du bétail, les technologies à forte intensité d'intrants comme les meilleures dans les zones à accès élevé aux marchés, une stratégie sous-régionale comme un outil efficace de prise en compte de la recherche et du développement et de la réduction des coûts de transaction et des barrières commerciales intra-régionales, l'investissement dans des systèmes intensifs en zone côtière ou au Sahel comme un bon choix. Cibler la demande des pays émergents, comme la Chine, est aussi une priorité absolue, tout comme l'amélioration des technologies de transformation pour celle de la productivité globale et de la compétitivité sur les marchés régionaux et internationaux, l'utilisation des variétés améliorées pour l'agro-industrie et le biocarburant. Il en est de même de la compétitivité des importations et des exportations des produits agricoles — huile d'arachide, haricot, gomme arabique, hévéa, cocotier, palmier à huile, coton, céréales, produits forestiers ligneux et non ligneux, produits halieutiques, fruits et légumes, etc. —, de la différentiation des produits et des marchés à niche, des mécanismes de régulation viables et opérationnels au niveau des pays, du rôle du Secteur public dans la création des conditions incitatives à l'investissement privé. L'institutionnalisation des priorités de recherche peut s'avérer être un atout
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tions des journalistes, Thiam d’Africa N 1, Blaise Martial de l’Agence panafricaine d’information, Abdoulaye Mody Sow du bimensuel Vision Francophone, El Hadji Ndiaye du quotidien national, le soleil, Mamadou Abibou Diallo de Sud Quotidien et Elisabeth Laure Njipwo de West African Democracy Radio. C’Øtait l’issue des deux premiers ateliers sur les prioritØs et activitØs de recherche de ce processus, tenus du 14 au 18 novembre 2006, Saly Portudal, au SØnØgal. Voici la deuxiŁme et derniŁre partie. Question : quelles sont les dispositions mises en place par votre institution pour renforcer le système de gestion financière des bénéficiaires, d'autant plus qu'en Afrique, on parle généralement de détournement de fonds ou de corruption, surtout quand on rencontre les producteurs, le premier problème qu'ils vous posent c'est de dire les fonds alloués aux associations de la Société civile ne parviennent pas aux ayants droit. Est-ce que le CORAF/WECARD a pris ses dispositions contre ces malversations financières. ? Réponse : Vous avez toujours une institution qui coordonne, mademoiselle Njipwo. Je voudrais prendre un exemple où nous avons une ONG qui est impliquée dans un programme, dont la coordination est assurée par ainsi que le renforcement des capacités de recherche socioéconomique servant à évaluer régulièrement les options stratégiques. L'élevage, la foresterie, l'agroforesterie, la valorisation des résultats de recherche, la conservation et la gestion des ressources naturelles ont reçu la même considération, tout autant que les aspects politiques et institutionnels parfois plus importants que les aspects techniques. Contact : Kassalo Bamazi CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : bamazi.kassalo@coraf.org Skype : Bamazi Internet : www.coraf.org
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une institution nationale. A partir du moment où le CORAF/WECARD a mobilisé ses ressources et les met à la disposition de cette institution, elle est obligée de signer un partenariat avec l'ONG en question. C'est comme ça que nous arrivons à contourner ce dont vous parlez tantôt, parce qu'effectivement ce sont des choses qui arrivent, mais nous, nous travaillons à minimiser les malversations à travers ce schéma que nous avons mis en place. Le dispositif est pris pour que les bénéficiaires puissent recevoir, à partir d'activités et de ressources les allocations qui étaient prévues. Question : C'est vrai que le plus souvent les reproches que l'on fait aux chercheurs africains c'est _ excusezmoi du terme _ d'être un peu timorés. Alors quand on se rend compte qu'il y a des événements autour desquels on aimerait bien voir les chercheurs réagir de manière un peu plus globale et un peu plus offensive, ne pensezvous pas que les chercheurs africains sont encore méconnus, disons " assez modestes ". Réponse : C'est une réalité, à laquelle nous devrons tous apporter notre contribution ; les chercheurs sont toujours restés dans leur tour d'ivoire, c'est pourquoi la communication est un grand problème pour eux. Je crois que la presse a un grand rôle, en nous interpellant et ce que vous faites en ce moment est une très bonne chose. Question : Justement, n'est-ce pas le moment de mettre sur pied un réseau de journalistes spécialisés sur ces questions-là ? Réponse : Notre département gestion de l'information et de la communication a impliqué la radio, notamment les radios rurales, et nous sommes en train de constituer une plateforme électronique qui permettra d'identifier tous ces acteurs pouvant nous aider à communiquer avec le grand public. Question : Les OGM sont sujets à débats, en Europe. Est-ce qu'au niveau du CORAF/WECARD vous vous êtes penchés sur le sujet pour leur introduction éventuelle dans vos zones d'intervention ? Réponse : En 2004, à la faveur de l'identification de la biotechnologie comme un outil important de soutien aux activités de recherche agricole, le CORAF/WECARD s'est lancé dans un CORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
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processus d'élaboration d'un Programme sur la biotechnologie en Afrique de l'Ouest et du Centre. La CEDEAO a été intéressée à la biotechnologie du fait de sa politique agricole. Nous avons donc élaboré un plan d'action pour le développement des biotechnologies et la biosécurité dans l'espace CEDEAO. Ce plan d'action prévoit l'utilisation des biotechnologies conventionnelles, la question des OGM sera abordée à court terme, à moyen terme et à long terme, surtout à long terme. Pourquoi à long terme ? parce que l'utilisation des OGM nécessite que nous ayons un cadre réglementaire qui nous permette de maîtriser tous les aspects liés à leur introduction dans notre environnement. C'est à partir de ce moment seulement qu'on pourra se lancer dans des programmes de développement. La conférence ministérielle des pays de l'espace CEDEAO sur la biotechnologie ont retenu, en juin 2005, à Bamako, la solution suivante : d'abord, mettre en place un cadre réglementaire fonctionnel et, ensuite, entreprendre des programmes de recherche sur les OGM Question : J'aimerai bien avoir des éclairages par rapport à un partenariat existant entre le CORAF/ WECARD et des institutions occidentales travaillant dans la recherche agricole. Question : Quel est le message d'encouragement que vous pourrez envoyer aux agriculteurs africains, plus particulièrement à ceux de l'Afrique de l'Ouest et du centre ? Question : Quel plaidoyer les chercheurs doivent-ils développer pour convaincre les investisseurs étrangers à s'intéresser à ce que vous faites ? Question : Pouvez-vous nous énumérer, de manière exhaustive, les priorités de la recherche Ouest et CORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
Centre africaine contenues dans le Plan stratégique que vous avez arrêté ? Réponse : Le CORAF/WECARD, comme je le disais tantôt, a adopté un Plan stratégique, depuis 2000. Il y a identifié un certain nombre d'activités visant à répondre à l'amélioration de la sécurité alimentaire dans nos pays, à la préservation de l'environnement, avec au bout du compte l'amélioration des conditions de vie des populations rurales. Pour cela, il y prévoit des mécanismes de coopération. Nous avons les Centres régionaux d'excellence. C'est le cas au Sénégal, où nous avons le CERAAS, le Centre d'étude régional pour l'adaptation à la sécheresse, qui est né du Programme de recherche sur l'arachide et placé sous la double tutelle de l'ISRA, l'Institut sénégalais de recherches agricoles, et du CORAF/ WECARD. Au Burkina Faso, nous avons le CIRDES, le Centre international de recherche-développement en zone sub-humide qui travaille dans l'élevage. En Gambie, nous avons l'ITC, l'International Trypanotolerance Centre. Au Tchad, nous avons le LRVZ, le laboratoire de recherches vétérinaires et zootechniques de Farcha. Nous coopérons avec des partenaires
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qui nous accompagnent. Les partenaires du Groupe consultatif pour la recherche agricole international étaient au nombre de 16, aujourd'hui ils sont 15. Ce sont des Centres internationaux qui gèrent la recherche publique sur l'étendue de la planète. Quelques uns opèrent en Afrique sur les problèmes qui nous intéressent. Nous avons mené un plaidoyer pour leur montrer qu'ils doivent s'aligner sur les priorités que nous avons identifiées pour la sous-région. C'est ainsi qu'à partir de leurs spécialités et de leurs priorités, nous avons élaboré un plan à moyen terme pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, à l'instar de l'ASARECA, l'organisation sous-régionale sœur d'Afrique australe et de l'Est. Donc, ce partenariat avec les Centres internationaux, nous le voulons fort. Nous avons également développé un partenariat avec d'autres équipes du Nord : universités américaines de recherche agricole ou institutions avancées de recherche, telles que le CIRAD, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, et l'IRD, l'Institut de recherche pour le développement, deux vieux partenaires du CORAF/WECAD.
SUR LE TERRAIN Le coton n'est pas toujours une bonne culture
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UR CETTE TERRE, EXISTE-T-IL UNE
chose, aussi précieuse soitelle, qui n'a pas, en elle-même, le bienfait et son contraire ? Pourtant, même avec les 40 millions d'individus qu'elle nourrit en Afrique de l'Ouest, le coton n'est pas en reste. Un pays comme le Bénin a donc bien fait de mettre en place, depuis trente-neuf ans, l'essai de déficience minérale des sols de la localité de Sawalou, le seul de toute la sous-région encore existant. Au fil des années, il a démontré que les déficiences graves, comme la baisse de la fertilité des sols, peuvent apparaître après plusieurs années de récolte et d'exportation des résidus de récoltes, dont l'or blanc ou coton. Des études diagnostiques, réalisées par les chercheurs, les encadreurs et les producteurs, ont montré des manifestations foliaires graves de déficience en potassium et en magnésium, dans les grands bassins de culture du coton. Pour y remédier, le Projet MIR a permis que les acteurs ainsi que les chercheurs du Réseau de recherche sur le coton du CORAF/WECARD séjournent en France, à l'occasion du salon international de l'agriculture, afin qu'ils en reviennent suffisamment outillés. Contrats signés entre chercheurs et industriels
C'est ainsi qu'ils ont rencontré plusieurs industriels d'engrais, aussi bien à Paris qu'à Saint-Malo. A leur issue, ces derniers leur ont proposé des formules d'engrais de fond et de couverture et des itinéraires techniques pouvant annihiler les déficiences minérales et améliorer la productivité et la qualité du coton graine. De surcroît, pour la campagne agricole 2006-2007, des propositions de thèmes de recherche ont été mises en expérimentation par la recherche, au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Togo. Dans cette optique, grâce à l'International Fertilizer Development Center (Centre international pour la gestion de la fertilisation des sols),
des contrats ont été signés entre les chercheurs et ces industriels.
projet et le renforcement des capacités, selon les spécialistes. Deux formations
Contact : Projet MIR 11 BP 882 Ouagadougou 11, Burkina Faso Tél. : (226) 50 37 45 13 Fax : (226) 50 37 49 69 E-mail : ifdcburkina@ifdc.org
La recherche et la radio rurale se rapprochent
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E CHERCHEUR ET LE JOURNALISTE
radios rurales travaillent pour le même patron : le producteur agricole. Bien plus, le résultat du premier devient la matière première du second. Mais s'accordent-ils pour autant ? Loin de là ! Pourtant, en Afrique sub-saharienne, le fait que, depuis les années 90, les radios de proximité prolifèrent, n'y a rien changé. Difficile à admettre, le Projet relier la radio rurale et la recherche agricole (LARRRA) entend changer cette maldonne, depuis 2002, afin de faire de cette opportunité un moyen d'améliorer l'accès des producteurs surtout à l'information technique et de leur bâtir un partenariat avec les chercheurs. Pour cela, un certain nombre de questions est posé et abordé. Quelle est l'information que doit véhiculer le journaliste et comment doit-il la traiter ? Qui finance sa production et sa diffusion, se demande le chercheur. Le traitement correct de ces deux interrogations évite le conflit entre les deux acteurs et conduit à une meilleure gestion de l'information et la mobilisation des ressources de sa production et de sa diffusion. Le partenariat, qui peut en découler, doit, par conséquent, être basé sur une vision commune des problèmes à résoudre. Cette vision commune suppose une ouverture d'esprit, une bonne capacité d'analyse, une approche méthodique, du réalisme et de la fiabilité, une bonne capacité de négociation. Quant au partenariat, il est notamment à placer à la hauteur du rôle fondamental que joue la communication dans la réussite ou l'échec de tout DES
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De récentes études ont, en effet, montré que la radio permet d'offrir aux populations la capacité de prendre en charge leur propre développement économique, politique et social. L'information confère un pouvoir à celles qui sont sans voix, parce que réduites au silence. Entre leurs mains, elle peut être un puissant outil pour se faire lisiblement entendre, pour exprimer clairement leurs propres préoccupations et pour faire partager sérieusement leurs intimes convictions et aspirations. Déjà dans les années 60, au tout début des indépendances, a été perçu ce rôle crucial de la radio rurale dans la communication et la diffusion des innovations agricoles par les autorités gouvernementales d'antan. Par la suite, le contenu des programmes des radios rurales a évolué et profité à la recherche agricole de plus en plus tournée vers la communication de ses résultats au grand
Coraf Action Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le dØveloppement agricoles Directeur de la publication Paco SØrØmØ Rédacteur en chef Armand Faye Documentation Kassalo Bamazi Mise en pages Ngor Sarr Edition et distribution CORAF/WECARD Version anglaise disponible CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, SØnØgal TØl. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : paco.sereme@coraf.org E-mail : armand.faye@coraf.org E-mail Coraf Action : coraf.action@coraf.org Internet : www.coraf.org ISSN : 0850 5810 Imprimerie : Saint-Paul, Dakar
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public. C'est la raison pour laquelle le Projet relier la radio rurale et la recherche agricole de l'Université de Guelph et le Réseau des radios rurales des pays en développement au Canada avaient organisé deux formations, en 2005, au Sénégal, et en 2002 au Ghana, regroupant des journalistes, des chercheurs, des producteurs, des représentants d'Organisations non gouvernementales et de services de vulgarisation agricoles. Le premier l'a été avec le Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement et le Réseau d'expertise des politiques agricoles. La radio rurale d'Oku Dans leur optique, la radio rurale présente plusieurs avantages : diffuser les résultats de recherche dans les langues des auditeurs, atteindre une diversité d'auditeurs ayant des intérêts dans la recherche agricole, transmettre l'information sur les programmes et projets de recherche, les produits et services agricoles, les désastres, les catastrophes naturelles, les conflits, la météo, les marchés, permettre aux auditeurs de partager leurs réactions au sujet de toutes ces questions. Et ces avantages ont été matérialisés en divers projets par les participants de l'atelier de Dakar, par exemple : la radio rurale dans un contexte de décentralisation — douze communes sur soixante-dix-sept — au Bénin, la radio appuie la commercialisation des produits vivriers périssables des groupements vulnérables de femmes dans le département d'Alépé en Côte d'Ivoire, la radio rurale et la production agricole au Burkina Faso, la radio rurale et l'amélioration de la productivité et de la qualité du CORAF ACTION N° 43 AVRIL-JUIN 2007
plantain pour la survie des agriculteurs pauvres de la province Ouest du Cameroun, la radio rurale et la production de semences améliorées de pommes de terre par la formation des femmes rurales du département de Fui à travers la radio rurale d'Oku au Cameroun.
Contact : Bamazi Kassalo CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar Sénégal Tél. : (221) 869 96 18 Fax : (221) 869 96 31 E-mail : bamazi.kassalo@coraf.org Skype : Bamazi Internet : www.coraf.org
Lettre de politique agricole de la CMA/AOC (LPAC), revue d'information trimestrielle. Consacrée à la place et au rôle de l'agriculture dans l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest, le numéro 2 de janvier 2007 y traite de l'ancien discours sur le rôle de l'agriculture dans l'économie des facteurs pénalisant l'intégration comme les mauvaises politiques agricoles, de la performance agricole vue comme un préalable à l'intégration, les réformes améliorant la contribution de l'agriculture dans l'intégration, les contraintes et défis du secteur agricole, les réformes.
bel exemple de solidarité paysanne appelé " Faso jigi ", le consensus pour l'intensification de l'agriculture et la préservation de l'environnement, etc.
l'œil de la recherche, la prévention des dégradations urbaines, l'énergie et la biomasse, la biodiversité, l'eau des villes et l'eau des champs, etc.
La Recherche. Le numéro 406 de mars 2007 aborde des questions aussi importantes que la recherche au service du développement, la priorité au partage des connaissances, la solidarité fondée sur le désir de connaissance, de nouvelles pratiques de recherche, le défi du développement durable, l'absence de recherche sans la formation, le coup de pompe de la mousson africaine, la diminution des inégalités pour la baisse de la pauvreté, la menace des maladies,émergentes infectieuses, le retour de maladies animales, l'essor des systèmes agroalimentaires localisés, la guerre des cotons sous
AGRIVEIL, bulletin de veille sur les politiques et le commerce des produits agricoles en Afrique de l'Ouest et du Centre. Le numéro 2 de mars 2007 annonce les informations brèves sur l'adoption par la CEDEAO d'une démarche sur les produits agricoles sensibles, les principes et réalités de la souveraineté alimentaire en Afrique de l'Ouest, la proposition des Etats-Unis sur les subventions agricoles, une évaluation de l'impact du soutien à l'exportation et de l'aide alimentaire sur la sécurité alimentaire, la demande de la CEDEAO de retarder de trois ans la signature des accords de partenariat économique, l'impasse des négociations entre la Communauté économique de l'Afrique centrale et l'Union européenne, l'adoption par le Conseil des ministres du Mali d'un projet de loi sur la sécurité en biotechnologie, etc.
Agrovision, bulletin d'information trimestrielle du projet de renforcement de l'interface entre les Etats et les chambres d'agriculture. Le numéro 2 de janvier 2007 traite divers sujets intéressants : la création à Conakry de l'observatoire sur les fruits et légumes, le salon international de l'agriculture de Bamako, la riposte régionale contre la mouche de la mangue, l'information de marché, un
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AGENDA Réunion conjointe qLe Projet étude sur le renforcement des capacités de la recherche agricole et du développement en Afrique, initié par le Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA) ; et le CORAF/WECARD organise un atelier des acteurs, du 11 au 12 juillet 2007, à Dakar. Autres réunions qUne forte délégation du CORAF/WECARD participera à l'Assemblée générale du FARA, à Johannesburg, du 10 au 16 juin 2007. qLe CORAF/WECARD et la Commission de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale ont signé un accord de coopération en matière de recherche agricole, à Bangui, le 20 juillet 2007.