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LETTRE D'INFORMATION
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3e trimestre 2010
POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN
AFRIQUE
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AGRI
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DE L'OUEST ET DU
CENTRE
Cultures maraîchères
Des extraits végétaux à la place des insecticides de synthèse
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N SAVAIT QUE LES PRODUITS MARAÎ-
chers sont riches en vitamines et en sels minéraux divers. On savait aussi que le maraîchage a un pouvoir nutritionnel et socioconomique certain pour les populations africaines.
Pourtant, il subit sérieusement l’action nuisible que lui causent insectes, ravageurs et maladies. S’y greffent, telle une sangsue, l’usage abusif des pesticides de synthèse, des produits chimiques prohibés — DDT ou lindane —,
la méconnaissance des normes à l’exportation des produits agricoles basées sur les Limites de résidus acceptables (LRA). C’est pour prendre à bras le corps ces atouts et contraintes, que le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo ont mis en œuvre, de 2005 à 2008, sous la houlette du CORAF/ WECARD, le Programme de recherche intitulé « Utilisation potentielle d’extraits végétaux dans la protection des cultures maraîchères comme alternative aux insecticides de synthèse en zones urbaines et périurbaines ». Grâce aux vertus de ses produits, si le maraîchage aide, en effet, à lutter contre la malnutrition, il reste également à améliorer le pouvoir d’achat des producteurs, à réduire la délinquance juvénile sévissant dans les zones périurbaines, à rentabiliser les petites superficies des aménagements hydro-agricoles en zones urbaines et périurbaines, à rendre disponibles les produits aux consommateurs. Ces dernières décennies, dans les pays en développement, l’emploi des produits agrochimiques s’est considérablement accentué, et ce, sans la mise en place d’une réglementation adéquate de leur commercialisation et de leur utilisation dans beaucoup de pays de l’Afrique de l’Ouest. A ce propos, il y a vraiment lieu de tirer sur la sonnette d’alarme, quand on est témoin de la manière intempestive, inconditionnelle et irrationnelle par laquelle sont utilisés les pesticides chi-
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miques qui causent d’énormes problèmes environnementaux et affectent la santé des utilisateurs et des consommateurs.
L’équipe de scientifiques réunie Isabelle Glitho, coordonnatrice régionale, LEA du Togo Georges Abbey, coordonnateur national, ESA du Togo Guillaume Ketoh, ESA du Togo Ousmane Coulibaly, coordonnateur national, IITA au Benin Razak Adeoti, deuxième coordonnateur national, IITA au Bénin David Arodokoun, coordonnateur, INRAB Thomas Houndete, INRAB Aude Viviane Goulivas, coordonnatrice nationale, ENSA de Côte d’Ivoire Ruth Woode, coordonnateur national, MOFA du Ghana Anthony Cudjoe, PPRSD du Ghana
Des pertes de rendement de 90 %
Bien plus, les insecticides de synthèse ont, aujourd’hui, révélé leur limite d’action face au développement de la résistance de certains insectes. Plus de 500 espèces de ravageurs, en effet, ont acquis une résistance à un ou plusieurs types de pesticides chimiques, parce que, face à leur inefficacité, les producteurs ont tendance à augmenter les doses prescrites. Par exemple, c’est leur application sur le chou (Brassica oleracea L.) qui explique la résistance de Plutella xylostella L., l’un des plus grands ravageurs, capable d’entraîner des pertes de rendement pouvant aller jusqu’à 90 %. Ainsi, à travers ce grand Projet sous-régional, le Laboratoire d’entomologie appliquée (LEA) de l’Université de Lomé au Togo, l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (INRAB), l’Ecole nationale supérieure d’agronomie (ENSA) de Côte d’Ivoire, le Plant Protection And Regulatory Services Directorate (PPRSD) du Ghana et l’antenne béninoise de l’International Institute for Tropical Agriculture (IITA) visent la réduction de l’utilisation des pesticides de synthèse dans la lutte contre les insectes nuisibles aux cultures maraîchères, au travers de la valorisation des plantes à potentiel insecticide.
Le champ école paysan :
un creuset pour apprendre à mieux et à plus produire
Evaluer l’impact du Projet sur les maraîchers
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Pour atteindre cet objectif global, ces structures ont chargé les équipes de recherche (voir encadré) d’atteindre les objectifs suivants qui ont été cernés par l’atelier de lancement organisé à Lomé, les 18 et 19 avril 2005. Il s’agit de mener des enquêtes auprès des maraîchers, des distributeurs de pesticides et des consommateurs de légumes, afin de mesurer le niveau de perception et d’utilisation des extraits végétaux et des pesticides chimiques par les acteurs de la sousfilière maraichère. Il s’agit aussi d’effectuer des essais d’efficacité des plantes à potentiel insecticide en station expérimentale, afin de sélectionner les extraits et les doses efficaces, avant les tests en milieu paysan ; de tester ces dernières pour valider leur efficacité ; de vulgariser l’usage des pesticides botaniques, issus des résultats de recherche, dans les zones maraîchères, par le biais de l’approche participative fondée sur les champs écoles paysans (CEP). Enfin, il s’agit de renforcer les capacités des maraîchers par ce biais ; d’évaluer l’impact du Projet sur eux ; d’organiser un atelier de restitution national par pays et un atelier régional à la fin du Projet.
Contact : Paco Sérémé CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523 Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : paco.sereme@coraf.org Skype : Skypesereme Internet : www.coraf.org CORAF ACTION N° 56
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ES ÉQUIPES NATIONALES, DU NOUVEAU PROJET DE RECHERCHE
sur l’« utilisation potentielle d’extraits végétaux dans la protection des cultures maraîchères comme alternative aux insecticides de synthèse en zones urbaines et périurbaines », n’ont pas lésiné sur les moyens. A travers le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo, elles ont enquêté sur sa perception par les cibles, effectué des tests en station expérimentale, validé leurs meilleurs résultats dans les zones de production maraîchère et procédé à la vulgarisation des résultats éprouvés par l’approche champ école paysan. Pour jauger le niveau de perception, dans les zones de cultures maraîchères, les équipes de recherche se sont adressées aux distributeurs de pesticides de synthèse et aux consommateurs de légumes. Ensuite, elles ont procédé au choix des milieux d’étude sur le fait qu’ils présentent des particularités géographiques, socioéconomiques, culturelles, etc., malgré qu’ils se trouvent tous en zone humide de l’Afrique de l’Ouest, avec comme « arrière-pensée » d’en faire un atout important pour la généralisation des résultats à obtenir. Atout très important pour une généralisation des pesticides botaniques
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Au Togo, ce travail a conduit ses équipes à choisir les régions maritimes et des plateaux qui constituent les plus grands centres de production et de consommation de légumes. En Côte d’Ivoire, il a conduit son équipe à jeter son dévolu sur les zones urbaines et périurbaines d’Abidjan et de Yamoussoukro. Au Ghana, il a emmené son équipe à
E CHOS déposer « son baluchon » dans les zones urbaines et périurbaines d’Accra et de “Tema cities”. Au Bénin, il a mené son équipe, dans les zones urbaines et périurbaines de la partie méridionale, à miser sur Sèmè. (Voir tableau 1).
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Hiré de gombo (Abelmoschus esculentus) étant primordiale pour les maraîchers, les chercheurs n’ont pas hésité à l’introduire en plus des deux premières spéculations, au cours de la période 2006-2007. Au Ghana, les cultures préférées sont l’aubergine (Solanum melongena) et le gombo. En tout cas, la diversité des cinq cultures choisies — chou, aubergine, tomate, gombo et gboma — ainsi que le large spectre des ravageurs associés constituent un atout très important pour une généralisation de l’utilisation des pesticides botaniques testés. Ainsi pour le choix des technologies de protection des cultures maraîchères, les chercheurs ont expérimenté des extraits aqueux de neem ou de papayer. Les techniques de leur préparation et de leur utilisation ont été largement discutées.
Tableau 1: taille des échantillons des acteurs de la sousfilière maraîchère ayant fait l’objet des enquêtes, en Côte d’Ivoire et au Togo
Mais à quoi vraiment rime l’approche champ école paysan ?
En fin de parcours, les chercheurs ont collecté principalement les données sur les caractéristiques sociodémographiques et sur la production de légumes. Les premières données portent sur les perceptions des consommateurs en matière de production et de consommation des légumes traités aux pesticides botaniques qui sont des facteurs affectant la décision d’achat de bio-légumes. Elles ont également trait aux sources d’approvisionnement en pesticides de synthèse et aux opinions des distributeurs vis-à-vis de la mise en œuvre des stratégies d’installation d’industries locales de fabrication de pesticides botaniques dans leur pays respectif. Les secondes données qu’ils ont collectées sont relatives aux types de légumes cultivés, de ravageurs et de maladies, aux méthodes de lutte utilisées et à la perception des maraîchers sur l’utilisation de pesticides permettant de faire le diagnostic des pratiques culturales ainsi que l’observation des contraintes de la production maraîchère. La démarche suivie est méticuleuse et fonctionne comme « une tête chercheuse » (c’est le cas de le dire !). En Essais de station expérimentale, les cultures retenues sont en adéquation avec les exigences du Projet et les habitudes des producteurs locaux se présentent de façon à minimiser les risques de non-adoption des paquets technologiques proposés. Au Togo, les chercheurs ont testé la variété KK cross de chou (Brassica oleracea) et la variété locale de gboma (Solanum macrocarpon), du fait de leur importance dans le maraîchage. En effet, le chou est l’une des cultures maraîchères les plus exploitées, présente la particularité d’être la plus traitée avec des pesticides de synthèse à cause des nombreux ravageurs associés et de la résistance de P. xylostella. Le choix du gboma a été guidé par le fait que c’est une culture très pratiquée par les maraîchers, mais très peu étudiée, malgré la pression parasitaire exercée sur elle par les pucerons. En Côte d’Ivoire et au Bénin, le choix a porté sur la variété KK cross F1 de chou et la variété Petomech de tomate (Lycopersicum esculentum). Mais, la culture de la variété
Les insecticides botaniques, issus des extraits de feuilles et de graines de neem et de feuilles de papayer, ont été testés au champ, en comparaison avec des insecticides de synthèse et des témoins non traités. Malgré leur volonté de vouloir travailler de la même façon, les équipes de recherche ont parfois été obligées de s’adapter aux conditions locales. Tout d’abord, elles récoltèrent les feuilles de neem et de papayer finement broyées, dans un mortier, et pesé les broyats obtenus (voir figure 1). Aux broyats, recueillis dans des seaux en plastique bien étiquetés, elles y ajoutèrent une solution d’éthanol à 10 %, à raison de 1,5 litre pour 1 kilo de broyat. Elles mélangèrent soigneusement le tout au moyen d’un agitateur et couvrirent, de manière étanche, les seaux. Elles laissent le macérât infuser, pendant 12 heures, le filtrèrent à l’aide de tulles à mailles très fines de 1 sur 0,33 millimètre et utilisèrent !es filtrats (extraits de feuilles de neem et de papayer) comme des pesticides de traitement des cultures.
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Figure 1 : processus de préparation des extraits alcooliques de feuilles de neem et de papayer
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Comme pour passer à la vitesse supérieure, les chercheurs ont réalisé, en station, quatre essais, au cours de périodes différentes (voir tableau 2). Tableau 2 : les périodes d’essais en station
Figure 3 : schéma d’installation des plantes sur les parcelles élémentaires (planches).
Voici comment ils ont procédé. Après avoir préparé le sol, les chercheurs mettent les cultures en place, en les disposant en blocs, dans deux parcelles, aménagées pour la circonstance, chacune pour l’une des deux types de culture. Chaque parcelle est constituée de 3 blocs B1, B2, B3 (voir figure 2). Chaque bloc est constitué de 8 parcelles élémentaires (PE) correspondant à 8 traitements différents (voir toujours figure 2).
Ce dispositif expérimental s’explique comme ceci.
En fait, chaque traitement Tx (x ε {0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7}) est porté sur une parcelle élémentaire ou planche portant 4 lignes de plantes, chacune comporte théoriquement 17 plantes à traiter, soit 68. Un pied de chou ou gboma occupe 0,16 mètre carré. Les parcelles élémentaires du chou et du gboma mesurent 6,8 mètres de long et 1,6 mètre de large (voir figure 3) et sont espacées l’une de l’autre de 2 mètres, afin d’éviter leur contamination lors du traitement des parcelles voisines. Les traitements se font à l’aide d’un pulvérisateur à pression entretenue de modèle Star 16 Agto porté sur le dos. Les cultures sont suivies jusqu’à la récolte. A la suite de quoi, les données agronomiques et entomologiques sont collectées et analysées. Il est important de souligner que les essais de validation en milieu paysan respectent la même méthodologie ou démarche. Cependant, les dimensions des planches ont été modifiées, selon les espaces disponibles chez les maraîchers, ceci, sans affecter le schéma d’installation des cultures. Les doses de pesticides botaniques testées sont celles déjà considérées comme efficaces en station.
Figure 2 : dispositif expérimental pour chacune des cultures To Parcelle témoin n’ayant pas subi de traitement insecticide
T1 Parcelle élémentaire traitée avec l’insecticide chimique (conquest plus 388 EC) T2 Parcelle élémentaire traitée avec la dose N1 (faible dose de l’extrait de neem) T3 Parcelle élémentaire traitée avec la dose N2 (moyenne dose de l’extrait de neem = 2 x N1) T4 Parcelle élémentaire traitée avec la dose N3 (forte dose de l’extrait de neem = 3 x N1)
T5 Parcelle élémentaire traitée avec la dose P1 (faible dose de l’extrait de papayer) T6 Parcelle élémentaire traitée avec la dose P2 (moyenne dose de l’extrait de papayer = 2 x P1)
T7 Parcelle élémentaire traitée avec la dose P3 (forte dose de l’extrait de papayer = 3 x P1)
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A ce niveau de l’étude, les chercheurs tiennent à remarquer que bien que les méthodologies adoptées soient partout similaires du point de vue préparation des extraits et dispositif expérimental, en Côte d’Ivoire, par contre, ont été introduits des extraits de graines de neem, à raison de 800 grammes de pâte d’amandes pour 10 litres d’eau, afin de prendre en compte les habitudes des maraîchers ivoiriens, suite aux expérimentations menées, à Abengourou, dans le cadre du Programme de stabilisation des systèmes de production (PROSTAB). De même, les insecticides de synthèse utilisés ne sont pas identiques, puisque choisis d’après les réalités de chaque pays. Comme on pouvait s’y attendre, ils procèdent à la validation de ces essais en station (milieu contrôlé) au niveau du champ paysan (milieu réel). Par ce biais, ils visent à s’assurer que les extraits botaniques peuvent conserver leur efficacité, dans les zones de maraîchage, où la pression de ravageurs est généralement plus forte. C’est donc une étape importante précédant la réalisation des champs écoles paysans (CEP).
E CHOS Cependant, à cause des intempéries et parfois du manque d’adhésion effective des maraîchers choisis, cette phase des activités n’a pas été menée à son terme par toutes les équipes. Au Togo, où ces essais étaient menés jusqu’au bout, les chercheurs et les maraîchers ont installé les cultures de chou sur deux sites du littoral l : Kotokou-kondji, à Lomé même, et Baguida, en zone périurbaine de Lomé. Chaque parcelle est constituée de planches préparées suivant le dispositif en blocs. La parcelle est constituée de 3 blocs contenant chacun 5 planches (parcelles élémentaires) portant 4 lignes de plants. Chaque ligne contient 8 plants et les écartements sont de 40 centimètres entre les lignes et de 40 centimètres entre les plants sur les lignes. La seule différence notée avec le dispositif des cultures en station, c’est une réduction des dimensions des planches due à la disponibilité de l’espace. Mais à quoi vraiment rime l’approche champ école paysan ? La méthode est née de la crise des pesticides dans la production du riz, survenue en Indonésie. Et pour la juguler, la FAO s’est appuyée sur cette approche déjà pratiquée pour former des producteurs à l’utilisation de la lutte intégrée, en Asie du Sud et du Sud-Est. L’objectif visé est, par conséquent, de renforcer leurs capacités à gérer, de manière durable, efficiente et environnementale, la production maraîchère. Ainsi outillés, ils sont à même de maîtriser l’agro-écologie ou la biodiversité des cultures maraîchères, de produire des légumes sains en usant des substituts aux pesticides de synthèse, de dompter leur utilisation rationnelle, de décider d’intervenir en se basant sur l’analyse de l’agro-écosystème, d’obtenir une large diffusion des pratiques et des technologies en milieu maraîcher et d’adopter la méthode de gestion intégrée des cultures.
Figure 4 : Organisation de CEP sur un site
Identification des ravageurs des cultures et de leurs ennemis naturels
Concrètement, si la fiche technique a été réalisée par l’équipe de l’IITA pour l’ensemble des équipes, les activités CEP l’ont été, au Ghana, par une équipe de vulgarisateurs expérimentés de concert avec 2 associations de producteurs de chou, de gombo et de piment et des agents du DDFA ; en Côte d’Ivoire, par l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER) ; au Togo, par l’institut de conseil d’appui technique (ICAT). Au Togo et au Bénin, la procédure de mise en œuvre des CEP, adoptée par l’équipe de l’IITA, a consisté à tenir des ateliers de formation des membres des équipes nationales chargées de superviser la formation des producteurs et des actions de suivi de la mise en pratique de ce qu’ils ont appris. Autrement dit, grâce à la méthode de formation par les pairs, des maraîchers, appelés facilitateurs ou agents relais et choisis selon leur aptitude à transmettre les connaissances acquises, sont formés (voir figure 4) et ils forment, à leur tour, les autres maraîchers. Ces derniers, eux aussi, ont été choisis d’après leur statut de producteur de cultures maraîchères, leur intérêt actif à apprendre de nouvelles choses, leur disponibilité à assister régulièrement à la formation pendant tout le cycle de croissance de la plante et leur aptitude à diffuser ces nouvelles connaissances auprès d’autres producteurs.
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C’est ainsi que les CEP ont été installées sur 1 ou 2 sites maraîchers dans chaque pays. Une fois par semaine, les membres se retrouvent pour exécuter un certain nombre d’activités relatives à la gestion de leur production. Pour cette formation à suivre dans le temps sur la performance des techniques et pratiques proposées par le CEP, ils disposent, par groupe, de parcelles de gestion intégrée de la culture (GIC), de parcelles de pratiques paysannes (PP) ou parcelles témoin, de parcelles de recherche participative (PRP) de validation de l’utilisation des insecticides botaniques. A ce stade, les chercheurs doivent à la vérité de préciser qu’en vue d’introduire le concept et de susciter l’intérêt de son adoption par les cibles visées, ils ont tenu des réunions avec celles-ci ayant permis d’élaborer le programme de formation. Et ce sont elles qui ont délimité le site d’étude et permis de connaître la liste des participants, de préciser la date et la durée de la réunion hebdomadaire, d’indiquer le programme hebdomadaire des activités, de préciser la disposition spatiale des expérimentations, d’identifier et d’énumérer les matériaux requis pour la formation ainsi que les thèmes spécifiques de recherche participative. De sorte que la programmation hebdomadaire des activités est déclinée, pendant tout le cycle des cultures : rappel des activités passées, discussion autour d’un thème spécifique – lié au stade de développement de la plante, à un phénomène observé ou à un problème spécifique des sites maraîchers –, analyse de l’agro-écosystème, exercice d’activités de dynamisme de groupes, traitement phytosanitaire et entretien de la culture (si nécessaire), synthèse et évaluation des activités de la journée. La semaine suivante, les activités prévues, dans le cadre de l’essai en milieu maraîcher, sont l’identification des ravageurs des cultures et de leurs ennemis naturels, la distinction du mode d’attaque des premiers et le mode d’action des seconds, l’évaluation des dégâts des premiers et la prise de décision d’intervenir à partir d’un seuil donné, l’application de certaines notions de bonnes pratiques agricoles par le développement des thèmes spécifiques. Ainsi les thèmes spécifiques développés portent sur la préparation de la planche de la pépinière (germoir) et l’incorporation de la matière organique, la technique d’utilisation du pulvérisateur, la fertilisation des sols (première et deuxième CORAF ACTION N° 56
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Résultats des essais en station transférés : le dernier mot au champ paysan
parties), le test de germination, le rôle et l’aptitude du facilitateur, le mode de nutrition et les méthodes de gestion des nématodes, la préparation des extraits de feuilles de neem, l’analyse de l’agro-écosystème, l’homologation des produits phytosanitaires, les agents pathogènes — champignons, virus et bactéries — et, enfin, les agents pathogènes et les pesticides.
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Les bons fruits et les mauvais fruits
Arrive maintenant l’étape de la mise en place des cultures sur les sites maraîchers du Rond-point port de Lomé, du Nanan et d’Aissikro de Yamoussoukro, du Kweiman (Ga East) et d’Otuaplem (West District) au Ghana, du Sèmè au Bénin. Bien entendu, les cultures choisies sont celles ayant subi les tests : les variétés Tropica-cross et Oxylus de chou pour le Togo ; la variété KK-cross de chou et le gombo pour la Côte d’Ivoire ; le gombo, le piment et la variété KK-cross de chou pour le Ghana ; la variété KK-cross de chou pour le Bénin. Dès lors, les chercheurs procèdent à l’analyse de l’agroécosystème, avant que les parcelles ne soient entretenues et traitées. Les cultures, ils les observent, semaine après semaine. Ils traitent les parcelles GIC avec les extraits végétaux et appliquent les insecticides de synthèse, si apparaissent des ravageurs spécifiques résistants à ces extraits ; traitent les parcelles PRP avec ces extraits ; ne touchent pas aux parcelles PP laissées au bon vouloir des maraîchers facilitateurs. A la suite d’enquêtes, ils ont collecté les informations, les ont codifies, puis ont créé une base de données à l’aide du logiciel Excel et, enfin, en sortirent des tableaux dynamiques à croiser et ont calculé les taux conformes aux objectifs de l’étude. Au Bénin, ils ont réalisé les tests du ratio de vraisemblance pour mesurer le consentement des consommateurs. Au Togo et en Côte d’Ivoire, ils ont réalisé une analyse économique des données. En somme, les paramètres, qui ont permis d’évaluer les rendements de gombo, sont les bons fruits et les mauvais fruits, de sorte que ces rendements s’obtiennent par le rapport du poids des fruits consommables (bons fruits) et les fruits attaqués (mauvais fruits) par la surface correspondante (rendement potentiel) et par le rapport des bons fruits par la surface correspondante (rendement économique). Quant aux paramètres ayant permis d’évaluer les rendements de chou, il s’agit des pommes parfaites (non attaquées) et des pommes légèrement attaquées (mauvaises pommes), par lesquelles on obtient ces rendements par le rapport du poids des premières et des secondes à la surface correspondante (rendement potentiel) ou par le rapport des premières à la surface correspondante (rendement économique). Enfin, les évaluations pré et post-formation ont aidé à mesurer les acquis de l’approche CEP pour les maraîchers et l’analyse des résultats des évaluations a permis aux formateurs de mesurer ses acquis pour les maraîchers facilitateurs. Contact : Harold Roy-Macauley CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : h.roy-macauley@coraf.org Internet : www.coraf.org CORAF ACTION N° 56
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ES ESSAIS EN STATION ONT DONNÉ DES RÉSULTATS SUR L’EFFIcacité des insecticides sur les insectes et le rendement de la culture du chou, du gboma, du gombo, de la tomate et de l’aubergine. Les enquêtes ont aussi, montré comment les maraîchers, les consommateurs et les distributeurs perçoivent l’utilisation des pesticides botaniques et chimiques. Les essais ont été validés, une fois transférés en milieu réel, où l’approche champ école paysan (CEP) est prédominante. C’est du moins la conclusion du Projet de recherche sur l’« Utilisation potentielle d’extraits végétaux dans la protection des cultures maraîchères comme alternative aux insecticides de synthèse en zones urbaines et périurbaines », exécuté par les équipes de recherche du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, avec le soutien financier du fonds compétitif régional (FCR) du CORAF/ WECARD. Tout a commencé, en avril 2005, avec l’atelier de lancement qui a vu la participation des coordonnateurs nationaux, qui a clairement harmonisé et défini les actions à mener et établi le chronogramme. L’exécution des diverses activités réalisées a rencontré beaucoup de difficultés qui ont pour nom la répétition de certains essais en station sur le milieu réel ou champ paysan due aux intempéries, les retards préjudiciables à la programmation stricte entraînés par la lenteur de mobilisation des fonds, la difficile gestion à distance des équipes de recherche. Cependant, après cet atelier de lancement, la réunion d’octobre 2007 sur les champs écoles paysans et les missions d’évaluation internes de 2006, de 2007 et de 2008 ont permis le suivi du fonctionnement des différentes équipes partenaires et un contact direct avec les producteurs impliqués (voir encadré).
Profil des maraîchers
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Les maraîchers interrogés ont un âge moyen de 40 ans, ceux âgés de 31 à 40 ans constitutent le plus grand nombre. Ils sont très faiblement instruits, puisque 97 % n’ont pas franchi le cycle primaire. Une forte proportion (63 %) exerce, en dehors du maraîchage, d’autres activités lucratives, parmi lesquels 72 % de femmes exercent le commerce des produits maraîchers. Quant à leur nombre d’années d’expérience, la moyenne est de 10,6 ans. Une faible frange a des contacts avec les structures de vulgarisation, à cause de la faible proportion (33 %) ayant bénéficiée d’une formation. De plus, seuls 38 % participent aux activités d’une association ou d’un groupement de maraîchers.
E CHOS C’est dire que les chercheurs et les producteurs n’ont pas dormi sur leurs lauriers. Les résultats ci-après ne les démentiront pas. A commencer par la perception des maraîchers de l’utilisation des pesticides botaniques et de synthèse, les enquêtes ont révélé que 82 % considèrent comme contraintes majeures les maladies et les ravageurs, dans leur exploitation (voir tableau 1) et 83 % affirment que les pesticides de synthèse sont indispensables au maintien de la productivité de leurs cultures, mais 98 % ne sont pas sans savoir que les pesticides de synthèse sont toxiques et dangereux.
propos, il n’a pas échappé aux chercheurs que cette attitude de consentement des consommateurs dépend du fait qu’ils soient informés ou non des risques d’intoxication liés à la consommation des légumes traités aux pesticides de synthèse. De plus, les femmes sont plus disposées à payer des légumes biologiques que les hommes. Ce comportement laisse entrevoir un accueil favorable aux légumes traités par les pesticides botaniques. Profil des consommateurs
Parmi les consommateurs enquêtés, il y a une forte proportion de femmes (76,47 %), parce qu’elles assurent la distribution des produits maraîchers, la tenue des « maquis » et l’achat des produits pour les ménages. Plus de 74 % des enquêtés ont un niveau d’instruction supérieur ou égal au cycle secondaire. Le niveau d’instruction des hommes est plus élevé que celui des femmes. Pour les maraîchers et les consommateurs, le premier critère d’appréciation de la qualité des légumes, selon l’enquête est la propreté et l’absence de dégâts causés par les insectes.
Réticents à investir personnellement dans une telle entreprise
Les maraîchers restent convaincus que les maladies sont induites par l’effet nocif des produits sur l’homme. Quatrevingt-trois pourcent d’entre eux considèrent en être victimes, pourtant, 77 % préfèrent en user, dans leurs exploitations, pour lutter contre les ravageurs. Les principales raisons, évoquées pour justifier cette préférence, sont la disponibilité, l’usage facile, l’action rapide et le large spectre d’action des pesticides de synthèse. En effet, le faible niveau d’instruction des maraîchers serait défavorable à une bonne perception des risques induits par leur usage et à la prise de mesures alternatives. L’écrasante majorité, soit environ 9%, sait que certains extraits de plantes sont utilisés pour traiter les légumes contre les ravageurs, paradoxalement, seuls 47 % y ont recourt à cause de problèmes liés à leur disponibilité et du travail supplémentaire exigé pour leur préparation.
Quant à la perception des distributeurs (voir encadré) de l’utilisation des pesticides botaniques et chimiques, disons que plus de 83 % estiment que leurs principaux clients sont les maraîchers périurbains. La plupart d’entre eux, c’est-à-dire 95 %, ne commercialisent pas les pesticides botaniques. A l’opposé, une minorité commercialise les graines de neem ainsi que leur poudre, en tant que produits phytosanitaires. D’après 74 % d’entre eux, la cherté des pesticides végétaux constitue le problème majeur de leur commercialisation. En outre, 84 % souhaiteraient être des représentants d’une petite et moyenne Entreprise (PME) de fabrication de pesticides botaniques, mais, à contrario, ils sont réticents à investir personnellement dans une telle entreprise. Ils préfèrent disposer, à 70 %, de pesticides sous forme liquide et à 80 % soit en boîte soit en bouteille plastique de 0,5 ou de 1 litre. Dans la même foulée, la plupart est prête à contribuer, par la publicité et la promotion, dans la mise en œuvre des stratégies d’installation d’une industrie de fabrication de pesticides botaniques, en Afrique de l’Ouest.
Tableau 1 : pesticides utilisés par les maraîchers en fonction des ravageurs et des cultures
En ce qui concerne la perception de l’utilisation des pesticides botaniques et chimiques par les consommateurs (voir encadré), disons que plus de 74 % connaissent les pesticides de synthèse et 70 % savent qu’ils sont utilisés comme intrants, dans le maraîchage. Pour 60 % d’entre eux, les résidus de pesticides, qui restent dans les légumes, sont dangereux. Ceux, qui ne tiennent pas compte du problème à l’achat de ces pesticides, évoquent pour principale raison à cela, leur incapacité à différencier les légumes traités de ceux non traités, les difficiles présence et accès des produits biologiques sur le marché déterminants dans la décision de leur achat. D’ailleurs, quand seuls 30 % connaissent les légumes biologiques, environ 70 % sont disposés à les accepter. A ce
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Profil des distributeurs
Trente pourcent seulement des distributeurs sont des sociétés ou entreprises agréées. Les distributeurs sont composés à 95 % de nationaux dont 70 % d’hommes. Ils ont une moyenne d’âge de 45 ans environ et d’expérience de 7 ans. Les agréés ont un niveau d’instruction relativement élevé. Quarante-huit pourcent, rencontrés près des sites maraîchers, sont des détaillants. Leurs principaux fournisseurs sont les sociétés privées et les grossistes.
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DE LA RECHERCHE REGIONALE Tableau 2 : taux de perte en feuilles de chou pommée
Débutons par le Togo pour dire que les chercheurs ont effectué des essais intéressants en station sur l’efficacité des insecticides sur les insectes et le rendement du chou et du gboma. Au cours des 4 périodes d’essai, 4 espèces de lépidoptère — Plutella xylostella, Chrysodeixis acuta, Hellula undalis et Spodoptera littoralis — et une espèce d’homoptère — Bevicoryne brassicae — ont montré leur omniprésence, dans les cultures de chou. Durant le premier essai, C. acuta s’est montrée l’espèce dominante mais, au quatrième essai, c’est B. brassicae, un puceron, alors que, pendant les deuxième et troisième essais, c’est P. xylostella qui était l’espèce dominante. Une capacité de contrôle remarquable et immédiat des pucerons et…
Les moyennes (± SD), qui ne portent pas les mêmes lettres, sont significativement différentes. F (31,64) = 12,82 ; P< 0,00 – : Absence de pomme
Les chercheurs ont noté que les rendements sont généralement plus élevés, au troisième traitement composé de neem à dose moyenne et au quatrième composé de neem à forte dose (voir figure 1). « Ce phénomène s’explique, selon eux, par le fait que les extraits de feuilles de neem sont efficaces dans le contrôle de P. xylostella, lorsque la dose appliquée est suffisante. De plus, la principale composante de l’extrait de neem, l’azadirachtine, a des propriétés inhibitrices de croissance, ce qui entraverait aussi le développement des autres insectes ravageurs inféodés à la culture du chou. » En revanche, les rendements diminuent, au fur et à mesure des essais successifs, à cause du déclin de la fertilité du sol dû aux exportations de nutriments par la culture. Les rendements, obtenus après traitement avec les extraits de feuilles de neem, sont meilleurs par rapport à ceux après traitement avec l’insecticide chimique, au cours des trois premiers essais, même si la différence n’est significative qu’avec le premier essai. Ceci est dû au fait que P. xylostella, qui était l’espèce la plus fréquente et la plus abondante, dans ces périodes, est la mieux contrôlée par l’extrait de neem. Le taux de perte en feuilles pommées est plus faible sur les parcelles traitées avec l’extrait de neem (voir tableau 2). Les doses moyennes de 581 litres à l’hectare et forte de 812 litres à l’hectare se sont révélées les plus efficaces. Les pucerons, qui sont des piqueurs–suceurs, ne laissent pas de trous sur les feuilles, mais sucent quand même la sève, tout en perturbant la physiologie de la plante qui en meurt.
La culture de gboma, quant à elle, est attaquée, dans les quatre périodes d’essai, par des espèces de lépidoptère — Hymenia recurvalis, Selepa docilis et Scrobipalpa ergasima —, d’homoptère — Bemisia tabaci, puceron, jasside et cochenille —, d’hétéroptère et d’orthoptère. Les plus importantes sont Hymenia recurvalis, Selepa docilis et Scrobipalpa ergasima et la cochenille (non identifiée), mais S. docilis est, sans conteste, l’espèce la plus redoutable pour cette culture. Les traitements sur les ravageurs du gboma n’ont pas été remarquables pour la bonne et simple raison que les attaques sont généralement très faibles. H. recurvalis et S. ergasima sont omniprésentes sur gboma, alors que S. docilis y est absente, entre août et octobre. « Nous ne notons pas de dégâts importants au niveau des différents traitements. Même les parcelles non traitées donnent des rendements satisfaisants par rapport aux parcelles traitées.», ont conclu les chercheurs. (Voir figure 2).
Figure 2 : rendement en biomasse fraîche de gboma en fonction du traitement F (31,64) = 3824,19 ; P < 0,000 E = Essai
Figure 1 : rendement en pomme entière de chou en fonction du traitement F (31,64) = 3,78 ; P < 0,00. E = Essai
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En Côte d’ivoire, les essais en station ont donné des résultats sur l’efficacité des insecticides sur les populations d’insectes et le rendement. En effet, les chercheurs ont observé de fortes densités de pucerons sur toutes les par-
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sixième, alors que, sur le premier traitement, ils sont de 66 kilos, et, sur la parcelle témoin, de 73,7 kilos de pommes de chou par parcelle élémentaire. Les pertes de rendement, en revanche, ne sont pas significativement différentes (P= 0,884), au niveau de tous les traitements sur le chou (voir tableau 5).
celles, durant le premier essai. Cependant, le traitement chimique s’est révélé plus efficace contre les pucerons que les extraits de feuilles de neem et de papayer. Au deuxième essai, ils ont remarqué que l’utilisation de l’extrait d’amende de graines de neem a permis de mieux contrôler les pucerons. Cette efficacité s’expliquerait par la concentration assez importante en azadirachtine des graines de neem. Ils ont également observé la présence de chenilles, mais n’ont pas noté de différence significative entre les traitements, bien que le nombre moyen de chenilles soit supérieur aussi bien pour la parcelle témoin que celle ayant été chimiquement traitée aux produits végétaux. De sorte qu’ils attestent que les pucerons — Brevicoryne brassicae — et les chenilles —Spodoptera spp, Plutella xylostella et Helulla undalis — sont les plus importants sur le chou traité avec le produit chimique. Ainsi entre les traitements appliqués sur Brevicoryne brassicae et sur Plutella xylostella, ils ont noté une différence hautement significative (voir tableau 3) ; c’est dire qu’un traitement au moins s’est avéré efficace sur chacun des insectes mentionnés. Par contre, la différence, qu’ils ont relevé, quant à Hellula undalis, aux jassides et aux mouches blanches, n’est pas significative (voir toujours tableau 3). Au premier traitement, le produit chimique appliqué a une grande efficacité sur les pucerons du chou. Mais son efficacité sur Plutella xylostella n’est pas clairement perçue. Sur les parcelles élémentaires du premier traitement, la population de Plutella xylostella est plus importante que sur celles du témoin et sur les parcelles élémentaires de culture du chou traitées avec le produit chimique. Les chenilles de ce puceron développent une résistance face aux produits chimiques et prennent de l’ampleur faute d’ennemis naturels sur les parcelles traitées. A contrario, au huitième traitement, l’extrait de graines de neem a révélé une capacité de contrôle remarquable et immédiat sur les pucerons et des chenilles du chou qui y sont pratiquement inexistantes ! Mais à différentes doses, l’extrait de feuilles de neem n’est pas d’une efficacité nette sur eux et laisse voir que P. xylostella est important, au Togo. Cette différence pouvant s’expliquer par le fait que la concentration en matière active varie selon les zones agroécologiques. Seul l’extrait de feuilles de papayer à la dose normale exerce, au cinquième traitement, un contrôle net sur P. xylostella qui, sur les parcelles élémentaires et aux sixième et septième traitements, est important par rapport à la population observée sur les parcelles sous le dixième traitement témoin. Pourtant, selon les chercheurs, « aux différentes doses, [il] est inefficace sur les pucerons et sur tous les autres insectes ravageurs du chou. Les mêmes observations ont été faites, au Togo. »
Tableau 3 : synthèse des résultats de l’ANOVA des paramètres du chou
ns = différence non significative ddl = degré de liberté
* * : différence hautement significative F = facteur de Fischer
Tableau 4 : rendements du chou par traitement
Tableau 5 : évaluation des pertes de rendement par traitement sur le chou
L’extrait de graines de neem a une efficacité moyenne sur les mouches blanches
Pour en venir aux rendements, la différence notée n’est pas significative entre les traitements (voir tableau 4). Les parcelles, traitées avec les extraits végétaux, renferment les plus grandes quantités de pommes parfaites comparées à celles traitées avec le produit et aux parcelles témoin. Leurs poids, obtenus sur les parcelles traitées avec les extraits végétaux, sont de 119,9 kilos, au deuxième traitement, à 90,1 kilos, au
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Quant à la culture du gombo, les chercheurs ont étudié l’efficacité des insecticides sur les insectes et son incidence sur le rendement. Les résultats ont montré que les espèces les plus importantes sont les pucerons — Aphis gossypii et Myzus persicae —, les altises — Podagrica decolorata et Nisotra spp —, les mouches blanches — Bemisia tabaci —, les jassides — Jacobiasca sp —, les chenilles et les punaises — Nezara viridula, Dysdercus spp — et révèlent une différence significative entre leurs traitements ainsi que CORAF ACTION N° 56
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celui des réduves (voir tableau 6). C’est dire qu’un traitement au moins s’est avéré efficace. Mais, vu qu’il ne s’est révélé aucune différence significative, aucun des traitements n’a eu un effet remarquable sur Nezara viridula. Au premier traitement avec le produit chimique, les parcelles sont très faiblement attaquées par les insectes ravageurs du gombo, à tous les stades de son cycle. Le Cartap, qui en est la matière active, serait toxique contre la quasi-totalité des insectes ravageurs et son large spectre d’action sur eux montre qu’il n’est pas sélectif. Au deuxième traitement à dose normale et au quatrième à moitié dose, les extraits de feuilles de neem ont une légère efficacité sur les pucerons, les altises et les jassides du gombo. Aux premier et troisième traitements, les chercheurs ont trouvé des populations moyennes. Ce qui veut dire qu’au troisième, les populations d’altises, de jassides et de pucerons sont moins nombreuses que celles observées au deuxième. Le traitement de moitié dose s’est montré inefficace sur la majorité des insectes, à cause, probablement, de sa faible teneur en azadirachtine.
Tableau 6 : synthèse des résultats de l’ANOVA des paramètres du gombo
extraits de feuilles de papayer à moitié dose à un effectif relativement bas de 595 à 89 pucerons. Malheureusement, aux différentes doses, il ne contrôle pas tous les autres insectes ravageurs, surtout les chenilles. La papaïne (matière active) semble ne pas contrôler les insectes ravageurs, à l’exception des pucerons. En ce qui concerne le rendement du gombo, les chercheurs n’ont pas noté, sur tous les traitements, une différence significative entre les poids des bons fruits (voir tableau 7) : un nombre important de bons fruits pesant entre 7,5 kilos, au cinquième traitement, et 10,1 kilos, au troisième traitement ; par contre, les pertes de rendement sont importantes, parce que comprises entre 33,3 %, au niveau de la parcelle témoin, et 51,30 % au sixième traitement (voir tableau 8). Les rendements obtenus varient entre 2,6 tonnes par hectare, au huitième traitement, et 3,57 tonnes par hectare, au troisième traitement. En Côte d’Ivoire, ces rendements sont considérés comme non satisfaisants, car ils oscillent entre 4 et 8 tonnes à l’hectare. Ces pertes peuvent s’expliquer par le nombre important de fruits vite lignifiés par la précocité de la variété et restés sur le chaume. Ces résultats montrent que les différents traitements n’ont pas d’effets bien distincts sur les rendements.
Tableau 7 : rendements du gombo par traitement
Tableau 8 : évaluation des pertes de rendement par traitement sur le gombo
ns = différence non significative ** : différence hautement significative F = facteur de Fischer
* : différence significative ddl = degré de liberté
Au huitième traitement, l’extrait de graines de neem a une efficacité moyenne sur les mouches blanches, les jassides et les altises. Cependant, il contrôle nettement les pucerons et les chenilles presque absentes des parcelles élémentaires, du semis à la fin de la récolte. Il s’est comporté donc comme un répulsif et un inhibiteur d’appétit. Il est plus concentré en azadirachtine (matière active), d’où l’explication de son remarquable contrôle par rapport à l’extrait de feuilles de neem aux différentes doses. Néanmoins, tous les deux extraits contiennent une substance efficace sur les insectes à corps mou, à l’exemple des jeunes chenilles, des pucerons et des aleurodes. Les délais d’attente, avant la récolte, sont méconnus par les maraîchers
Au cinquième traitement, les extraits de feuilles de papayer à dose normale contrôlent les pucerons à un effectif relativement bas de 57 à 13,5 pucerons et, au septième traitement, les CORAF ACTION N° 56
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Au Bénin, il ressort des essais sur la tomate et le chou réalisés en station, sur le site de Sèmè, dans l’approche du relèvement de la fertilité des sols, que les amendements organiques et minéraux sont apportés au sable seulement après la confection des planches. Et, du fait de la transplantation immédiate des plants ou du semis, l’apport d’engrais ne bénéficie, que très peu aux plantes cultivées. Les plants sont alors souvent faibles et ne résistent pas aux affections. Ainsi, une attaque sévère des plants de chou par Plutelle xylostella a entraîné des dégâts si considérables qu’aucun traitement n’a pu les réduire en dessous du seuil de nuisibilité. La formation des pommes n’a pu donc se réaliser. Sur la tomate, la chute des fleurs est si abondante, au niveau de tous les traitements, que les chercheurs n’ont constaté aucune différence, entre les traitements. Les maraîchers expliquent cela par l’effet des pluies abondantes
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Figure 3 : rendement du chou en pomme entière en fonction du traitement F (9,48) = 1663,44 ; P < 0,000
Le taux de perte en feuilles pommées est significativement différent en fonction du traitement (voir tableau 9). Il est plus faible dans les parcelles traitées à l’extrait de neem. Tableau 9 : taux de perte en feuilles pommées en fonction du traitement
La dernière activité de ce travail a été la diffusion des résultats de recherche par le biais de l’approche champ école paysan. Cette activité a révélé la présence, dans les parcelles de démonstration, des principaux ravageurs du
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chou, tels P. xylostella, H. undalis, et B. brassicae (le puceron). Les rendements du chou en pommes commercialisables sont significativement différents pour les divers traitements. Ils sont plus élevés sur la parcelle traitée à l’extrait hydroalcoolique des feuilles de neem, suivis en cela par des parcelles gérées au moyen de la technique de gestion intégrée des cultures (voir Figure 4).
Figure 4 : rendements de deux variétés de chou, en fonction des traitements au cours du CEP. Variétés Oxylus (à gauche) et variété Tropica cross (à droite) ; RBF = rendement en biomasse fraîche ; RPE = rendement en pommes entières ; RPD = rendement en pommes commercialisables.
Au niveau des parcelles de pratique paysanne, les doses de pesticides et d’engrais minéral recommandées sont loin d’être respectées. Par rapport aux bonnes pratiques agricoles adoptées au niveau des parcelles de gestion intégrée des cultures et celles soumises aux traitements exclusifs des extraits de neem, les apports démesurés de pesticides de synthèse et d’engrais minéral n’ont suffi ni pour contrôler P. xylostella, ni pour accroître le rendement du chou. L’inefficacité de l’engrais relève surtout de sa mauvaise application par les producteurs. Les résultats de l’évaluation de la formation initiale montrent que les délais d’attente, avant la récolte, sont méconnus par les maraîchers. Par ailleurs, malgré les graves inconvénients des pesticides chimiques, les producteurs ne respectent pas les précautions de leur emploi. Aussi des conseils leur ont-ils été prodigués, quant au port des vêtements de protection que sont les combinaisons, masques, lunettes, bottes et à la période propice pour un traitement efficace. A l’issue de ces études, les chercheurs ont conclu leurs recherches, en ces termes : « Nous avons profité de l’occasion pour sensibiliser les maraîchers, afin de les amener à prendre conscience des dangers qu’ils [encourent] ou qu’ils font courir à la population […] et à l’environnement. De plus, ils ont été [formés] sur l’analyse de l’agro-écosystème, un concept qui leur permet de protéger, de façon rationnelle, leurs cultures. » .
Contact : Ousmane Ndoye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : ousmane.ndoye@coraf.org Internet : www.coraf.org
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Comment valoriser ces résultats d’extraits végétaux
HERCHEURS, TECHNICIENS, VULGARISATEURS, MARAÎCHERS
revigorés par de tels résultats (voir article précédent) vont-ils pouvoir amener leurs sept institutions de recherche partenaires — LEA, EDA, INRAF, ENSA, MOFA, PPSD et IITA —à procéder à leur valorisation, pour en tirer de la valeur ajoutée et des bénéfices surtout « sonnants et trébuchants » ? Ils reconnaissent que l’appui financier du Fonds compétitif régional (FCR) du CORAF/WECARD est pour beaucoup dans la mise en réseau des capacités des quatre pays — Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana et Togo — pour la résolution d’un problème crucial de préservation de l’environnement et de sécurité alimentaire. D’où leur idée géniale de s’associer en Réseau thématique de protection des végétaux (COMEC/PV), crée par le Conseil phytosanitaire interafricain (CPI/UA). Alors, quel bilan tirer des études effectuées et résultats obtenus en station comme en champ paysan, au terme des trois ans vécus par le Projet « Utilisation potentielle d’extraits végétaux dans la protection des cultures maraîchères comme alternative aux insecticides de synthèse en zones urbaines et périurbaines », exécuté au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Togo. Des efforts considérables de recherche, de vulgarisation et de sensibilisation
D’une manière générale, il est clair que ces acteurs de la sous-filière maraîchère sont bien conscients de l’intérêt de l’utilisation des bio-pesticides, notamment les pesticides botaniques, pour non seulement préserver la santé des consommateurs, mais aussi réduire la pollution environnementale. Tous les maraîchers ont choisi des pesticides de synthèse, à cause de l’inexistence sur le marché de pesticides biologiques efficaces et à prix abordables, quand la plupart est, à la fois, consciente des dangers auxquels l’exposent les premiers et des bienfaits à tirer dans l’usage des seconds ; pourvu qu’ils soient aussi efficaces que les scientifiques le disent et, ensuite, accessibles et disponibles. Les consommateurs, eux, préfèrent plutôt les légumes dépourvus de résidus de pesticide préservant leur santé et la plupart est prête à payer au plus fort prix ces légumes traités aux pesticides botaniques. Les distributeurs sont prêts à promouvoir la diffusion de ces derniers, mais n’acceptent pas d’investir dans la recherche et la production qui leur sont consacrées. D’après l’analyse de la perception des maraîchers, des consommateurs et des disCORAF ACTION N° 56
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tributeurs de l’utilisation de ces produits contre les ravageurs du chou, du gboma, du gombo, de la tomate et de l’aubergine, des efforts considérables de recherche, de vulgarisation et de sensibilisation sont nécessaires pour promouvoir l’adoption des pesticides botaniques et des légumes biologiques, en Afrique de l’Ouest. Quant aux essais en station, les chercheurs retiennent que P. xylostella et les pucerons sont les ravageurs les plus dangereux pour le chou pommé et que le premier montre en plus une résistance à une large gamme d’insecticides chimiques. D’où la certitude qui les anime que « les traitements aux extraits de neem à doses suffisantes sont efficaces pour le contrôle des ravageurs du chou. » Seulement, ajoutent-ils « en cas de pression importante des pucerons, c’est l’insecticide de synthèse qui donne le meilleur rendement de choux. » Ils pensent, par conséquent, que les « investigations doivent se poursuivre pour la recherche d’un pesticide botanique plus efficace contre les pucerons. » Fabriquer des solutions aqueuses concentrées et embouteillées
Le gboma est relativement résistant aux maladies et aux ravageurs contrairement au chou, à la tomate, au gombo et à l’aubergine ; de ce fait, les chercheurs pensent qu’il y a lieu de promouvoir sa production et sa consommation par les populations, ce, d’autant plus qu’il est reconnu pour sa richesse en fer et ses propriétés de régulation de la tension artérielle. Les tests en champ paysan sont une étape indispensable pour identifier les ravageurs en comparaison avec ceux observés en station ainsi que pour préciser les conditions optimales d’application des pesticides botaniques, avant la mise en place des champs écoles paysans (CEP). Durant la tenue de ces CEP, les maraîchers témoignent de leur grand intérêt porté à la formation, grâce, notamment, aux informations données sur le respect des doses de pesticides et d’engrais leur
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Les technologies après récolte améliorées : tout le monde y trouve son compte
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N DIRAIT QUE, DANS LES PROJETS DE
recherche sur les cultures vivrières s’exécutant au niveau des SNRA et financés par le CORAF/ WECARD, les femmes ont le vent en poupe. Après les transformatrices nigérianes de neuf villages du district de Doka, dans l’Etat du Niger, c’est au tour de dix-neuf transformatrices (voir encadré) et de deux agents de vulgarisation agricole des régions des HautsPlateaux Est et Ouest du Ghana. Mais, cette fois, la formation, qui a eu lieu à Bolgatanga, dans la première région, du 13 au 15 avril 2011, a porté sur les technologies post-récolte améliorées à la fois du riz, du sorgho ou du petit mil et du manioc. C’est ainsi que l’a voulu le Projet « Amélioration de la qualité et du conditionnement après récolte des produits du riz, du sorgho ou du mil et
du manioc pour encourager la commercialisation en Afrique de l’Ouest ». Financé par le Fonds compétitif régional du CORAF/WECARD appuyée par l’USAID, ce Projet fait partie d’un lot de 6 initiés en vue de répondre efficacement aux crises alimentaires et d’augmenter les prix des denrées sur l’ensemble de la sous-région. Une véritable bataille qu’ont engagée, en 2009, le « Groupe mondial sécurité alimentaire », la nouvelle initiative de la FAO, et le PAM pour mieux cordonner l’aide alimentaire d’urgence. L’accès de l’équipement simple de transformation
Pour ne prendre que le cas du riz, son importance dans l’économie ghanaenne est telle, selon cette personne ressource, M. Joseph Gayin, qu’il est
permettant de réaliser des économies d’intrants. En effet, ils ont compris que « c’est la dose prescrite qui fait le poison dans les pesticides et non la quantité » et que « l’efficacité de l’engrais ne dépend pas seulement de la quantité, mais surtout de sa bonne application. » Après ces formations, ils ont procédé à l’évaluation des résultats qui ont permis de conclure que les participants ont significativement amélioré leurs connaissances. Pour ces derniers, il ne fait donc pas de doute que la gestion intégrée, réalisée au niveau des parcelles GIC de chou, est la meilleure méthode de lutte contre les ravageurs des cultures, tout comme les extraits de feuilles ou de graines de neem sont également efficaces. Ainsi les 90 maraîchers des groupements sont formés dans le but de former leurs pairs. On peut donc envisager que des milliers de maraîchers seront touchés par ce Projet, au fil du temps et si les équipes continuent le suivi à distance et aident à la mise à disposition de la quantité suffisante de pesticides botaniques. C’est dans cet esprit qu’au Bénin, une parcelle de culture de neem a été aménagée, sur le site de maraîchage de Sèmè. C’est assurément la raison pour laquelle, d’après les chercheurs, évaluer régulièrement l’adoption des technologies est indispensable pour ne pas perdre les bénéfices de l’impact de ce Projet. De même, ils étudient la possibilité de la mise en oeuvre d’un programme de suiviévaluation, dont une étude de l’impact d’adoption et d’analyse des coûts et bénéfices du paquet technologique. Comme il a fallu toute une démarche pour assurer la parfaite dissémination des résultats de recherche, un certain nombre
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DE LA RECHERCHE NATIONALE devenu la deuxième culture vivrière après le maïs et consommé de plus en plus grâce à l’accroissement démographique, à l’urbanisation et au changement des habitudes alimentaires. De 1999 à 2008, la consommation par habitant est passé de 17,5 à 26 kilos. Et, il est prévu qu’elle passe à 63 kilos, en 2018 ! C’est pourquoi, le pays est largement dépendant de l’importation de 400 000 tonnes de riz par an pour pallier le déficit dû au faible approvisionnement par la production locale. De telle sorte que le ratio de l’autosuffisance en riz a baissé de 38 %, en 1999, à 24 %, en 2006. Evidemment que le gouvernement n’est pas resté les bras croisés, puisque, d’après le directeur municipal du Ministère de l’alimentation et de l’agriculture, plusieurs stratégies politiques de promotion de la production agricole sont mises en œuvre, en vue de garantir la sécurité alimentaire et de réduire la pauvreté. Soulignons, à cet égard, les mesures spécifiques telles que l’augmentation de la mécanisation, de l’exploitation des bassins ver-
d’activités a été réalisé. En effet, 4 étudiants ivoiriens et togolais ont été appuyés à soutenir leur mémoire d’ingénieur agronome ainsi qu’un autre étudiant du Togo en année de thèse de doctorat en 2009. Des communications ont été délivrées durant des manifestations scientifiques, dont, entre autres, le colloque international sur les ravageurs des cultures ; une publication intitulée « Evaluation des perceptions des consommateurs et de leur consentement à payer pour les légumes traités aux bio-pesticides en Afrique de l’Ouest », préparée par l’équipe de l’IITA, a été publiée dans le “Journal of Vegetable Science” de Haworth Press. Mais, comme le disent les maraîchers du village de SemèPodji, au Bénin, dès l’instant que piler les feuilles de quelques plantes de neem leur prend assez de temps, qu’en sera-t-il s’ils doivent le faire pour une parcelle plantée d’un demi-hectare ? L’étape suivante souhaitée par eux est de leur permettre de pouvoir fabriquer des solutions aqueuses concentrées et embouteillées, voie royale facilitant l’assise pérenne de la bio-production. Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523 Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : armand.faye@coraf.org Skype : aramandfaye Yahoo Messenger : armand.faye Internet : www.coraf.org CORAF ACTION N° 56
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sants et l’utilisation des systèmes d’irrigation existants. Voici autant de considérations que doit en prendre en compte cet atelier une opportunité pour les participantes d’accroître leurs connaissances et qualifications dans le commerce du riz décortiqué. Ainsi la formation s’est appesantie sur les facteurs — forces, expertise et ressources — à mobiliser pour favoriser le développement de toute la chaîne de valeurs, l’adoption des technologies améliorées, la facilitation de l’accès à l’équipement simple de transformation. Marque de fabrique à la production locale C’est ainsi que les transformatrices sont formées à récolter, à mesurer le volume de la production, à battre le riz, à le vanner, à le sécher, à le stocker, à le bouillir, à le sécher à nouveau et à le moudre. Aussi les formateurs abordèrent-ils avec elles le processus d’étuvage (passage à la vapeur) à l’effet capital sur la qualité du produit final, le lavage débarrassant des grains non mûrs, le trempage à l’eau, l’étuvage, le séchage, l’emballage ou le conditionnement, la mise en sac, la labellisation, la commercialisation, la qualité de la matière première et du riz cuit ou préparé ainsi que le rôle des acteurs impliqués. Le Projet cherche donc à
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rendre commercialement compétitif et financièrement créateur de profits ce riz-là, pour les producteurs et les transformatrices. De même, ont été analysées les technologies après récolte existantes, identifiés les écarts de production, formés les participants aux technologies disponibles pouvant mieux répondre à ces écarts, à la production du riz de qualité au moyen d’ustensiles améliorés, à l’emballage et à la labellisation. Mais que veut vouloir signifier la notion de qualité ? Pour en avoir la même compréhension, la discussion entre participants a permis de s’accorder sur le fait qu’elle se trouve aussi bien dans la matière première, le riz préparé, la graine brisée, la matière organique, telle la paille, et la matière inorganique, tels les pierres, les dommages des mycoses, les types de mélanges de variétés de grains immatures et de grains décolorés. Elle a également permis de bien identifier les acteurs agricoles que sont les producteurs, les petits commerçants, les minotiers, les gros commerçants, les consommateurs, les vulgarisateurs, les décideurs, les agronomes, les économistes, les ingénieurs et le personnel des agences de crédit agricole. Les ustensiles d’étuvage permettent que 100 kilos de riz soient transformés à temps et tout le temps surveillés, l’utilisation de moitié du bois de chauffe,
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Apprendre des histoires à succès La Single Mother’s Association (l’Association des mères célibataires) à embrassé la transformation du riz comme une activité génératrice de revenus pour ses membres. A ses débuts, elle bénéficiait du soutien financier et matériel d’OXFAM, l’ONG britannique, assistée par une structure à hauteur d’homme du Ministry of Food and Agriculture etéquipée d’ustensiles de chauffage améliorés par le Food Research Institute du CSIR. Au fil des années, elle est devenue le centre névralgique de la production du riz de bonne qualité et sert de centre de formation local et international. L’utilisation de ces ustensiles a entraîné le développement d’opportunités pour les artisans qui les fabriquent et en tirent des profits tout comme pour la SMA qui vend le riz conditionné, pour payer aussi ses employées mères célibataires.
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Coraf Action Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles
Directeur de publication Paco Sérémé
Directeur de la rédaction Harold Roy-Macauley
Directeur adjoint de la rédaction Anatole Yékéminan Koné
Rédacteur en chef Armand Faye
Comité de rédaction et de lecture
l’évitement de la décoloration due au récipient d’huile taillé, la réduction de la pénibilité du travail, la présence de la maille ou du filet entre le riz paddy et de l’eau en phase d’étuvage, l’emploi plus faible d’eau en phase d’ébullition. L’emballage ou conditionnement et la commercialisation ont été, enfin, abordés, l’importance cruciale à donner une identité, une marque de fabrique à la production locale, à mettre en valeur la compétitivité et l’adoption de mesures standards de poids. A l’issue de l’atelier, les femmes ont recommandé qu’à la prochaine fois, les producteurs soient invités car, sans eux, la qualité ne verra jamais le jour ; les capacités des transformatrices des communautés soient renforcées et les principales activités génératrices de revenus, que sont la production et la vente du riz décortiqué, soient poursuivies ; la vaisselle adéquate et une assistance financière soient acquises ;
Ernest Assah Asiedu George Muluh Achu Vincent Joseph Mama Abdourahmane Sangaré Mbène Dièye Sidi Sanyang Hamadé Kagoné Abdulai Jallho Ousmane Ndoye Adramane Kollo Julienne Kuiseu Jérôme Konan Kouamé Mika Ndongo
Mise en pages
une plateforme, suscitant les opportunités d’interaction et d’affaire entre acteurs de toute la chaîne des valeurs, soit créée.
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Contact : Ernest Assa Asiedu CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : e.asiedu@coraf.org Skype : ernestasiedu Internet : www.coraf.org
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CORAF/ WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : paco.sereme@coraf.org E-mail : armand.faye@coraf.org Internet : www.coraf.org ISSN : 0850 5810
CORAF ACTION N° 56
JUILLET-SEPTEMBRE
2010
N OTES
DE LECTURE
Le Programme cultures vivrières de la direction des programmes du CORAF/ WECARD. Par Ernest Assah Asiedu, gestionnaire de programme, du Ghana. Débuté en 2008, ce Programme vise l’amélioration de « la croissance durable de la productivité, de la compétitivité et des marchés agricoles, induite par l’implication de tous les acteurs, — producteurs, transformateurs, chercheurs, ONG, vulgarisateurs, Secteur privé, semenciers, vendeurs, instituts de micro-finance —, etc., en Afrique de l’Ouest et du Centre, dans le domaine des cultures vivrières. ». Ainsi on en attend des résultats relatifs aux technologies et innovations appropriées développées ; aux options de prise de décision stratégiques pour les politiques, les institutions et les marchés élaborées ; au système de recherche agricole sous-régional renforcé et coordonné ; à la demande par les clients cibles des acquis de la recherche agricole facilitée et satisfaite. Donc, il incombe à la gestion de ce Programme de superviser les Projets de recherche des SNRA sélectionnés et financés par le Fonds compétitif régional (FCR) ; de conduire un plan à moyen terme annuel des projets et autres activités ; de veiller à assurer que le financement est acquis et utilisé ; d’asseoir une mutuelle relation au sein et entre toutes ces entités ; de s’occuper de l’évaluation de leur impact, une fois les résultats atteints ; d’assurer la qualité des bénéfices et résultats obtenus ; d’être présent sur la scène sousrégionale, régionale, continentale et internationale ; de travailler à la mobilisation des ressources pour le développement de propositions de projets de recherche à soumettre au financement des CORAF ACTION N° 56
Partenaires au développement ; de susciter des partenariats stratégiques entre les scientifiques, les développeurs, les professionnels du Secteur privé, les membres des Organisations des producteurs et des organisations de la Société civile, les Utilisateurs ; de participer à la coordination de la planification stratégique avec les autres Programmes. Déjà, à son actif, le Programme engrange 8 projets en cours d’exécution. Ce sont les suivants.
Amélioration de la qualité post-récolte et conditionnement des produits à base de riz, de sorgho ou de mil en vue d’accroître leur valeur marchande en Afrique de l’Ouest E-mail : scp.agro-processing @coraf.org Promotion des technologies de gestion intégrée des cultures pour améliorer la productivité de la banane plantain pour les petits producteurs E-mail : scp. plantain@ coraf. org
Promotion des variétés de sorgho résistantes au striga pour l’atténuation des crises alimentaires au Sénégal, au Mali, au Ghana et au Burkina Faso E-mail : scp.sorgum-striga@ coraf.org
JUILLET-SEPTEMBRE
Amélioration de la productivité et de la dissémination du maïs à travers la promotion des technologies de gestion intégrée dans la zone de savane du Cameroun, du Nigeria et du Tchad E-mail : scp.maize@coraf. org Promotion des technologies améliorées des mini-fragments d’igname pour améliorer la productivité et réduire l’utilisation des aliments à base d’igname par la plantation au Ghana, au Nigeria, au Togo et au Benin E-mail: scp.yam-minisett@ coraf.org
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Valorisation de la productivité et des revenus du niébé pour des conditions de vie durables des producteurs aux maigres revenus E-mail : scp.cowpea@coraf. org
Promotion des technologies post-récolte de stockage et de transformation du maïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer la qualité des marchés en Afrique de l’Ouest et du Centre E-mail : scp-ita2.postharvest @coraf.org Système de semence : ouvrir les opportunités de valorisation des systèmes de semence durables des cultures vivrières — sorgho, mil perlé, maïs, niébé et arachide — pour améliorer la sécurité alimentaire et la production agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre E-mail : ausaidseedsystem @coraf.org Pas moins de 15 publications majeures sont à l’actif du Programme cultures vivrières (venez visiter www.coraf.org, et vous serez très édifié(e)s).