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LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE

Tchad, Cameroun et Nigeria

Maïs : festin pour chercheurs, vulgarisateurs, producteurs et décideurs

OMME UN FESTIN, CHERCHEURS, VULgarisateurs, producteurs et décideurs politiques se sont rués sur la culture du maïs. Non pas en ordre dispersé, mais dans le cadre du Projet « Amélioration de la productivité et de la diffusion du maïs (Zea mays L.) par la promotion des technologies de gestion intégrée dans les savanes du Cameroun, du Nigeria et du Tchad ». Projet compétitif régional sous l’aile protectrice du CORAF/WECARD financièrement soutenu par le Department

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for International Development (DFID) de Grande-Bretagne, il est initié et mis en œuvre, de 2011 à 2013, par toute une panoplie d’acteurs des SNRA de ces pays. En 2012, l’Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement (ITRAD), l’IRAD (Institut de recherche agricole pour le développement) du Cameroun, l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture). l’University of Maiduguri (UNIMAID) du Nigeria ainsi que leurs alliés continuent leur œuvre

de mise en place, en station de recherche comme en milieu paysan, d’essais de démonstration des systèmes de cultures pures, associées et en rotation de maïs, de niébé, de soja et d’arachide. Cela concerne aussi les essais de multiplication de leurs semences, des opérations d’importation de variétés améliorées, etc. Avec le concours de tous et des conditions de culture relativement favorables, le Projet a atteint des résultats préliminaires riches d’enseignements (voir dif-

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férents articles dans es pages intérieures). Les écueils, rencontrés par les différentes équipes nationales, sont tout aussi riches de leçons positives.

Au Nigeria, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 20 %, en 2012, dans la zone du Projet qui couvre aussi bien Husara, Wamdeo, Yimir Ali et Askira, localités du gouvernorat local d’Askira/Uba de l’Etat de Borno, au nord-est du Nigeria.

L’encadrement pédagogique des étudiants en année de mastère

Disposer des prix du marché à travers l’information périodique

Au Tchad, dans les 63 villages, la station de Bébédjia et les fermes de Békao et de Moursalé, les pluies abondantes de cette année ont inondé quelques parcelles de démonstration et de multiplication de maïs. De ce fait, elles y ont facilité l’émergence du Striga Hermonthica et rendu impossible le suivi des travaux de terrain dans certains villages devenus inaccessibles. Les intrants, tels que les semences, engrais et pesticides, sont tardivement fournis. Certaines parcelles sont entretenues par leurs propriétaires qui n’ont hélas pas bénéficié d’un encadrement rapproché de la part des techniciens. Ainsi, si seulement les intrants étaient mises très tôt à leur disposition, certains producteurs pensent qu’ils seraient à même de récolter 2 fois en une campagne avec, à la clef, de très bons rendements. Les sols, connus pour leur pauvreté à Bénoye, notamment, s’en trouveraient dans un bien meilleur état. Surtout s’ils reçoivent d’autres légumineuses nantis d’un pouvoir fertilisant, tel le Mucuna, en sus des variétés de niébé introduites. Les membres de l’équipe nationale sont également convaincus qu’il se fait sentir le besoin pressant d’encourager et de faciliter les visites rapprochées des parcelles par les encadreurs ainsi que les tests de démonstration non encore récoltées. Au Cameroun, amorcées en 2011, d’importantes activités n’ont pu être achevées en 2012. C’est à Papata et à Gazawa, dans la région de Maroua, située à l’Extrême-Nord, du pays. A Bamé, à Ngong et à Boulèle aussi, dans celle de Garoua, venant juste avant au Nord. Font partie de ces activités, selon l’équipe nationale, le diagnostic de base, la création de plateformes d’innovation technologique, l’organisation de journées portes ouvertes et les visites d’échanges. Tout comme la formation des techniciens et producteurs ainsi que l’encadrement pédagogique des étudiants en année de mastère.

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A l’instar des autres équipes nationales, celle-ci relève également que lesdifficultés n’ont pas manqué de surgir. A savoir l’absence de formation des metteurs en œuvre du Projet, notamment les partenaires séniors, la sévère incidence des inondations, la cherté des fertilisants ainsi que leur non-disponibilité réduisant l’accès et augmentant les coûts des opérations. Au nombre de ceux-ci, il faut compter aussi le manque de sources d’information de marché régulière et fiable pour les producteurs comme les vendeurs, d’accès aux crédits de marché pour les vendeurs et producteurs et, enfin, de solides associations des vendeurs. En conséquence, les membres de cette équipe proposent des mesures d’ordre politique pour rendre efficient le système des marchés de commercialisation des grains. Rendre conscients commerçants et transformateurs sur les capacités potentielles d’approvisionnement du Projet. Encourager producteurs et commerçants à former des coopératives de crédit ainsi que des associations. Inciter le gouvernement local à renforcer les infrastructures de base, telles les routes d’accès et moyens de stockage. Eveiller les consciences sur la nécessité de disposer des prix du marché à travers l’information périodique.

Contact : Anatole Yékémian Koné CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : anatole.kone@coraf.org Internet : www.coraf.org

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C’est dans un tel décor campé que, minutieusement, les opérations de terrain sont posées. Tout d’abord, l’évaluation et la diffusion des variétés de maïs ordinaires et des variétés à haute teneur de protéines (QPM) résistantes à la sécheresse et au Striga. Dans la station de Bébédjia qui abrite les essais variétaux et tests de démonstration en milieu paysan, l’équipe nationale a évalué les nouvelles variétés de maïs et de niébé introduites. En testant le maïs par démonstration, dans 22 exploitations agricoles — 5 à Bénoye, 10 à Moursalé et 7 à Péni — (voir tableau 1), elle s’est employée à comparer 2 variétés améliorées performantes à une variété locale témoin.

Tchad

Heur et malheur des pluies sur la culture du maïs SI J’AVAIS LES SEMENCES AU MOIS DE MAI, J’AURAI PU RÉALISER deux récoltes avec vos variétés ». Le ton de l’impact est presque ainsi donné par l’exploitant agricole répondant au nom de Djimtébaye habitant dans la localité de Péni, au Tchad. En 2012, le Projet « Amélioration de la productivité et de la diffusion du maïs (Zea mays L.) par la promotion des technologies de gestion intégrée dans les savanes du Cameroun, du Nigeria et du Tchad » a bien fait son œuvre dans les soixante-trois exploitations de ses trois sites d’intervention que sont Bénoye, Moursalé et Péni. Coordonné à l’échelle nationale, de 2011 à 2013, par l’Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement (ITRAD) et financé par le Department for International Development (DFID) de Grande-Bretagne, ce Projet du CORAF/ WECARD n’a pas lésiné sur les moyens. En effet, après avoir distribué les intrants agricoles, l’équipe nationale tchadienne a mis en place, dans les 63 villages sélectionnés, plusieurs dispositifs : tests de démonstrationde maïs et de niébé ; emblavement de 1,95 hectare de semences de base de 6 variétés de maïs, de 4 variétés de niébé et de 2 variétés de soja, à la station de Bébédjia, et 6,15 hectares de semences certifiées chez 24 producteurs de 5 villages ; essais d’amélioration de la fertilité des sols et essai variétal de 15 variétés de maïs installé, à la station de Bébédjia et dans les fermes de Békao et de Moursalé ; parcelles de multiplication des nouvelles variétés de maïs et de niébé importées de l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA) depuis Kano, au Nigeria ; suivi des activités de terrain et installation de la plate forme multi-actrice. Ce qui fait dire aux membres de cette équipe que, dans l’ensemble, « les cultures se sont bien développées, malgré les importantes pluies qui ont inondé quelques parcelles de Moursalé. »

«

Tableau 1 : répartition des nombres de tests et dates des opérations culturales

Mais les pluies de cette campagne agricole ont été diluviennes, sans compter les semences qui ont tardé à être distribuées. Pourtant, il n’y a pas eu péril en la demeure, ces précipitations exceptionnelles ayant été une aubaine pour le bon développement du maïs, dans tous les sites ! A l’exception de Moursalé, où 22 % des parcelles de démonstration sont inondées, et de Bénoye, aux sols relativement pauvres qui ont favorisé l’infestation par Striga Hermonthica de certains champs. Nonobstant les craintes suscitées par ces états de fait pouvant sensiblement jouer sur les résultats préliminaires des récoltes prévues en fin octobre, les paysans, eux, apprécient déjà la précocité des variétés et leur résistance au Striga. D’où les propos tenus, tout à fait au début, par Djimtébaye. Ensuite, c’est au tour de 2 variétés de niébé introduites d’être testées par démonstration, toujours en comparaison à une variété locale prise comme témoin. Quelque ardue qu’elle soit, cette tâche est prise à bras le corps par 12 exploitants résidant dans 3 sites (voir tableau 2).

Le développement végétatif a été assez bon, dans tous les sites…

De notre côté, voyons vor, d’abord, les conditions climatiques jugées exceptionnelles de cette campagne agricole 20122013. A la Station de Bébédjia, en effet, la zone d’intervention a connu, au 30 octobre 2012, un cumul pluviométrique de 1 597,2 millimètres de pluies tombés en 66 jours, alors qu’en 2011, il était à 1 297,4 millimètres de précipitations en 72 jours, soit 299,8 millimètres d’eaux de plus. Mais tout en notant qu’elles se sont installées précocement, leur avènement a été mal réparti, dans le temps et dans l’espace, d’où les importantes inondations vécues par les populations certaines zones.

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l’écologie des savanes tchadiennes. Les dates des opérations culturales de tous ces essais sont consignées dans le tableau 3.

Tableau 2 : répartition des nombres de tests et dates des opérations culturales

Tableau 3 : dates des opérations culturales des essais menés, à la Station de Bébédjia

Bien évidemment, ils ne sont pas laissés à eux-mêmes ! Assistés à identifier la période favorable à la bonne production de ces variétés, ils ont mis en place les tests, entre le 8 et le 17 août. C’est ainsi que, deux mois après tombant en octobre, le suivi des parcelles a permis à l’équipe de constater que le développement végétatif est assez bon, dans tous les sites, malgré quelques attaques d’insectes. De surcroît, elle a observé la résistance des variétés introduites au Striga gesnerioides qui n’a pas infesté leurs parcelles, à Moursalé, en l’occurrence. Tout à l’opposé des variétés locales, elle a dénombré 5 à 10 plants de Striga gesnerioide, sous chaque plant desquelles ! Une partie des parcelles est dévastée par les animaux et les eaux

A la Station de Bébédjia, l’équipe a rondement mené 3 types expérimentaux : 2 essais rotation maïs-légumineuse — niébé et soja — et 1 association maïs-légumineuse — arachide, soja et niébé — pour améliorer la fertilité des sols et 1 essai de 15 variétés en vue d’identifier la meilleure variété de maïs adaptée à CORAF ACTION N° 71

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E CHOS Elle en conclut ceci en ces termes que «le développement végétatif des plants, dans l’ensemble, est bon, [le seul hic

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6 variétés de maïs, 2 variétés de soja et 4 variétés de niébé (voir tableau 4).

Tableau 4 : dates des opérations culturales effectuées sur les parcelles de semences de base, à la Station de Bébédjia

noté étant] la parcelle de la variété de maïs 2000-SYN-EEW-STR très fortement infestée par Striga Hermonthica. » Et d’ajouter que « toutes les cultures utilisées étant en fin de

Quand survient la production des semences certifiées, 24 producteurs ont emblavé 6,15 hectares pour se consacrer à leur multiplication, dans 5 villages (voir tableau 5).

Tableau 5 : répartition par site des superficies emblavées en semences certifiées

Dans la zone de production de maïs, ce travail s’est effectué, à Moussafoyo, sur 31 %, à Békao, sur 29 % et, à Moursalé, sur 20 % de la superficie totale emblavée. Selon l’équipe, le développement végétatif est bon et augure de bons rendements

cycle, le dernier trimestre de l’année 2012 sera consacré essentiellement aux récoltes et opérations après-récoltes. » Quand vint la production des semences de base, l’équipe a auparavant emblavé 1,95 hectare, où se sont vu cultiver

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Au premier village de Touaya 1, la première, qui est semée, le 9 août 2012, est au stade de floraison et de fructification, alors que la seconde de cycle tardif vient de débuter celui de la floraison. Les producteurs ont usé de l’insecticide DIMEX 400 EC en guise de premier traitement phytosanitaire, le 21 août, et le deuxième, le 29 du mois suivant, repris, le lendemain 30, tout simplement parce qu’il a plu, quelques heures après. Malheureusement, ils n’y ont pas éradiqué les punaises suceuses (Anoplocnemis curvipes) des gousses des plantes. Au deuxième village de Touaya 2, à la même date, ils ont semé le niébé, le 9 août. Les 2 nouvelles variétés introduites débutent leur floraison et fructification. Par endroits, l’équipe a observé des brûlures survenues sur les feuilles dues au dosage de l’insecticide ainsi que des attaques sur l’IT99 K573-2-1 par les chenilles poilues du niébé (Maruca testulalis). La variété locale n’est pas non plus épargnée, l’équipe ayant également remarqué un jaunissement alterné d’une verdure sur les feuilles lié probablement à la mosaïque causée par les pucerons (Aphis craccivora) et une forte attaque de Striga gesnerioides de 5 à 10 plants de Striga, sous chaque plant de niébé. Et au troisième village de Foultouéré, 2 producteurs se sont échinés à semer la variété de maïs 99EVDT sur 2 parcelles de multiplication de 2 000 mètres carrés, le 14 juillet. Le 31 juillet, ils y ont répandu du NPK 20+10+10. Les pluies abondantes et exceptionnelles survenues (encore elles !) ne leur ont pas facilité la tâche en retardant le développement végétatif des plants. Tout comme Helminthosporiose (Helminthosporium maydis) et la striure qui les ont sévèrement attaqués. Sans compter que le charbon s’est manifesté sur quelques panicules des variétés et qu’une partie des parcelles, aménagées le 12 juillet, est dévastée par les animaux et les eaux.

malgré les deux traitements effectués, entre les 22 et 29 septembre. Par ailleurs, les boeufs des producteurs (euxmêmes) ont dévasté une partie du champ. Les plants étaient aux stades de floraison et de fructification. Dans le troisième village de Dogan, les 2 variétés améliorées de niébé, ITK573-2-1 et ITK573-1-1, sont sujettes à un test de démonstration comparé avec une visité locale. Semées, le 8 août, elles ont atteint le stade de floraison et de fructification, tandis que la troisième est au stade de floraison et de début de fructification, par endroits. Le développement végétatif est bon, mais quelques attaques d’insectes ont été observées, par endroits. Le sol est plus riche que celui des deux sites précédents. Le quatrième village de Kaira Banga abrite un champ de multiplication et une parcelle de test de démonstration. Sur 2 000 mètres carrés, les semences de la variété 2009-TZEE-WSTR sont multipliées. L’équipe nationale du Projet y a noté un mauvais développement végétatif des plants, probablement lié à la pauvreté du sol, et une forte infestation des parcelles par Striga hermonthica. On a semé, le 9 juillet, sarclé, le 23, répandu le NPK, le 1er août, et l’urée, le 8 septembre. On a également testé par démonstration les 2 variétés améliorées de maïs que sont 2009-TZEE-W-STR et 99-EVDT et les a comparées à une variété locale. Implanté le 9 juillet, le test a connu deux sarclages, le premier, le 23, et le deuxième, le 8 septembre. Le NPK est répandu, le 1er août, et l’urée, le 8 septembre. Dans le cinquième et dernier village de Daman, le test de démonstration a permis de comparer les variétés améliorées de maïs, 2009-TZEE-W-STR et 99-EVDT, à une variété locale. Implanté le 10 juillet, il est sarclé une première fois, le 21, et une seconde fois, le 18 août ; il a reçu le NPK, le 1er août, et l’urée, le 8 septembre. Pourtant, il est fortement infesté par Striga hermonthica. Heureusement le développement végétatif n’en a pas si souffert au point d’être considéré comme assez bon.

Mauvais développement végétatif des plants, probablement lié à la pauvreté du sol

N’eût été le semis tardif, la récolte aurait été des meilleures

Au site expérimental de Bénoye, 14 essais et champs de multiplication de maïs et de niébé sont implantés, dans les 5 villages de Namti, de Doholo, de Dogan, de Kaira Banga et de Daman. Le premier village de Namti s’est vu semer, le 7 août, la variété ITK573-2-1 multipliée sur 900 mètres carrés. Mais n’ont pas tardé à se manifester la chenille poilue du niébé (Maruca testulalis) et la punaise des gousses (Anoplocnemis curvipes) qui ont fortement attaqué les gousses, en dépit des deux traitements à l’insecticide DIMEX 400 EC** du 24 août et du 1er septembre. De même que les maladies fongiques qui pourrissent les gousses revêtues d’un duvet blanchâtre appelé Anthracnose. Les plantes sont en pleines floraison et fructification. L’excessive pauvreté des sols rend très hétérogène le développement végétatif de la variété. Au deuxième village de Dohol, a démarré, le 8 août, la multiplication de la variété de niébé ITK573-1-1. Le champ est mal implanté, dans un endroit très ombragé et sans entretien avec un seul sarclage. Pourtant, il y a eu moins d’attaque qu’à Namti précédent. Le peu qu’il y a eu vient des maladies fongiques et virales et des insectes — punaises noires et brunes — sur les feuilles et les gousses de niébé et ce, CORAF ACTION N° 71

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Sur le site expérimental de Péni, 4 villages se sont fait distinguer dans les tests de démonstration et 1 village dans ceux de la multiplication de semences de maïs. En effet, les producteurs du premier village de Ndounoubo ont testé par démonstration comparée 2 variétés améliorées de niébé, la IT99K573-1-1 et la IT99K573-2-1, et une variété locale. Le 10 août, les variétés améliorées sont au stade de floraison et de fructification, alors que la variété locale n’est que, par endroits, à celui de floraison et de fructification. Le premier sarclage a eu lieu, le 20 août, et l’épandage du NPK, presque 1 mois près, le 9 septembre Malgré le retard de ce traitement, les plants sont moins attaqués et se sont végétativement bien développés ! Ceux du deuxième village de Boutou se sont illustrés dans un test de démonstration de variétés de niébé et une parcelle de multiplication de variétés de maïs. Le second, advenu le 23 juillet, a subi un premier sarclage, le 7 août, et un épandage de NPK, le 10. Mais non mené de manière hétérogène, l’épandage de matière organique a conduit au développement hétérogène des plants. Le premier, survenu le 15 août, a connu un premier sarclage, le 29, et un épandage de

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E CHOS NPK, le 9 septembre. D’après l’équipe, le développement végétatif est généralement assez bon. Les variétés améliorées ont atteint le stade de floraison et de fructification avancées. En revanche, la variété locale est arrivée à la floraison et débute la fructification. Les punaises noires ont causé des dégâts sur les gousses. Ceux du troisième village de Bédan se sont également illustrés dans l’implantation d’un test de démonstration ayant eu lieu, le 12 juillet. Ce dernier a reçu un premier sarclage, le 28, un épandage de NPK, le 4 août, et un autre d’urée, le 8 septembre. Selon l’équipe, les 3 variétés améliorées se sont bien développées et sont précoces, au même moment la variété locale est tardive et donne de gros épis. Quant aux producteurs du quatrième village de NGouroutu, ils ont créé une parcelle de multiplication de maïs, le 1er août, l’ont sarclée une première, le 7, et une deuxième fois, le 30. Ils y ont mis du NPK, entre temps, le 6, et de l’urée, le mois suivant, le 15 septembre. N’eût été le semi tardif, la récolte aurait été des meilleures, néanmoins l’équipe gage d’avoir quelques bons épis du fait que le développement végétatif est assez bon.

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au Nigeria, de l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture). Le but : les introduire dans les localités de Papata et de Gazawa, nichant dans la région de l’Extrême-Nord de Maroua, et dans celles de Bamé, de Ngong et de Boulèle, situées dans la région Nord de Garoua (voir tableau). Tableau : espèces, variétés et quantités de semences importées de l’IITA et introduites à Maroua et à Garoua, au Cameroun

Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail armand.faye@coraf.org armand.faye@yahoo.fr Skype : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org

Maïs, niébé et soja

Au Cameroun, importation de leurs variétés rime avec crédo coopératif Motivée, comme partout ailleurs, par le besoin de promouvoir des technologies et innovations pouvant améliorer la productivité du maïs, de faciliter l’accès au marché, de mettre en relation les acteurs et de renforcer leurs capacités, l’équipe a entrepris plusieurs activités.

EUT-ON CHOISIR MEILLEURS ENDROIT QUE LA ZONE AGROÉ-

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cologique soudano-sahélienne qui abrite les régions du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun pour « chercher » sur le maïs et développer la culture ? En guise de réponse à cette question, le Projet « Amélioration de la productivité et de la diffusion du maïs (Zea mays L.) par la promotion des technologies de gestion intégrée dans les savanes du Cameroun, du Nigeria et du Tchad » s’y est allègrement installée, « avec armes et bagages ». De 2011 à 2013. L’équipe nationale camerounaise, sous tutelle de l’IRAD (Institut de recherche agricole pour le développement), a essentiellement consacré l’année 2012 à la mise en place et au suivi, en milieu paysan, des essais de rotation culturale et, en station, de multiplication des semences de base de maïs, de niébé et de soja. C’est ainsi que 279 kilos de 9 variétés améliorées de maïs, de 2 de niébé et de 2 de soja, sont importés depuis Ibadan,

Une fausse note s’est glissée dans ce bilan préliminaire Ces variétés de maïs ordinaires et de haute teneur en protéines (QPM), à la fois résistantes à la sécheresse et au Striga, sont bien introduites. Une plateforme d’innovation technologique multi-actrice a été créée. Les acteurs sont effectivement sensibilisés sur les sources d’approvisionnement en intrants et en extrants. A celles-ci s’ajoutent les essais de rotation mais-niébé et maïs-soja, pratiqués dans toutes les localités, et qui ont mobilisé 40 paysans et des chercheurs. Ensemble, ils ont

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emblavé, dans les 2 stations de l’IRAD, 2 hectares servant à la multiplication de semences de base de mais, 2 autres hectares à celle de semences de soja et 1 hectare à celle de semences de niébé. En milieu réel aussi, ils ont essayé, plusieurs fois, l’association du mais et du soja, dans la localité de Ndonkolé, à Maroua. A l’heure des récoltes, ils n’ont pas été déçus ! Pour en avoir beaucoup battues, vannées et conditionnées et pesées. Mais une fausse note s’est glissée dans ce bilan, c’est la non-exécution des quelques activités programmées (voir premier article).

Nigeria

Culture du maïs : même un gouvernement local s’y implique jusqu’au cou I LE GOUVERNORAT LOCAL D’ASKIRA/UBA DE L’ETAT DE BORNO, au nord-est du Nigeria, se trouve être le théâtre d’opérations d’une expérimentation maïsicole, ce n’est ni par hasard ni pour rien (voir encadré 1). En sus de ses atouts, l’University of Maiduguri (UNIMAID) n’est-elle pas un des fleurons de la recherche nationale et sous-régionale pour servir, de 2011 à 2013, de réceptacle au Projet « Amélioration de la productivité et de la diffusion du maïs (Zea mays L.) par la promotion des technologies de gestion intégrée dans les savanes du Cameroun, du Nigeria et du Tchad » ?

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Contact : Ernest Assa Asiedu CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : e.asiedu@coraf.org Skype : ernestasiedu Internet : www.coraf.org

Les atouts de son choix comme zone pilote Askira/Uba fait 2 464 kilomètres carrés et compte une population de 173 127 âmes. Askira, qui est le siège du gouvernorat local, est distant de 242 kilomètres de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno. Dans la zone du Projet, la végétation y est caractéristique de la Savane guinéenne nordique connue de ses 800 à 1 000 millimètres de pluies par an.

Financé par le Department for International Development (DFID) de Grande-Bretagne, ce Projet compétitif du CORAF/ WECARD est initié par l’UNIMAID, l’ITRAD (Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement), l’IRAD (Institut de recherche agricole pour le développement) du Cameroun et l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture). Constitués en une équipe nationale avec plusieurs autres acteurs (voir encadré 2), leur intention est, dans cette zone de savane, d’améliorer la sécurité alimentaire et d’augmenter les revenus des populations par le biais des nouvelles technologies et innovations agricoles. L’appel de l’Université entendue UNIMAID, University of Maiduguri, ASULG, Askira/Uba Local Government, BOSADP, Borno State Agricultural Development Programme, LCRI, Lake Chad Research Institute, NASC, National Agricultural Seed Council FO, Farmer organisations, IITA, International Institute of Tropical Agriculture, ASPA, Amana Seed Producers Association Voici une parcelle de multiplication de la variété de soja TGX-1835-10E implantée, à Guiring près de Maroua.

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matière de rendement en grains acquise « de haute lutte », en 2011 et en 2012, tout comme la très précoce variété 2004 TZEE W. N’empêche, il y eu baisse de rendement, en 2012 par rapport à 2011, mais on doit à la vérité de dire que le Striga (mauvaise herbe) y compte pour quelque chose, probablement à cause des pluies diluviennes évoquées plus haut. L’association du maïs et du niébé a donné, en station, un rendement en grains de 42 % supérieurs aux autres cultivars plantés seuls. En 2011 comme en 2012, les résultats obtenus révèlent que les variétés DT-Y-STR-SYN, 2008 DTMA-YSTR, 2004 TZE-W DT-STR, 2004 TZEE-W-STR et 2009 TZEE-W-STR sont très prometteuses et, pour cette raison, elles sont promues à utilisation dans les essais paysans de 2013. La même association a montré aussi que les variétés améliorées de soja cultivées seules donnent substantiellement

Ils se sont rendus dans les localités de Husara, de Wamdeo, de YimirAli et d’Askira, pour s’y installer durablement comme Projet. L’équipe nationale, qui les représente, n’y est pas arrivée les mains vides, car dotée de l’approche participative de recherche et de vulgarisation comme stratégie de mise en œuvre, depuis deux ans qu’elle y travaille. En 2012, l’année qui nous intéresse ici, les pluies sont tombées drue, et au bon moment. Les cultures aussi. Mais de terribles inondations, survenues en septembre, ont dévasté plusieurs champs expérimentaux. Plus tôt au mois de juillet, 369 producteurs, dont 212 hommes et 157 femmes, représentant 35 Organisations communautaires y ont pris part. Le Projet a distribué environ 1,01 tonne de semences de variétés améliorées de maïs, de soja, de niébé et d’arachide à 235 producteurs (voir tableau 1).

Tableau 1 : nombre d’Organisations communautaires et de producteurs mobilisés, en 2012, à Askira/Uba, dans l’Etat de Borno, au Nigeria

Pour être parvenu à mobiliser autant d’acteurs, il a sûrement fallu à l’équipe nationale sensibiliser, à coups de campagnes d’information sur cette approche, et les former sur les techniques culturales innovantes que sont les associations et rotations de culture des variétés améliorées de maïs, de soja, de niébé et d’arachide issues de la recherche ainsi que sur la production de semences.

des rendements en grains supérieurs, dans le cas où elles sont associées au maïs, mais TGX 1904-6F, TGX 1951-3F et TGX 1448-2E étaient plus compétitives avec le maïs. Cela en fait aussi des variétés à promouvoir dans les essais paysan. Elle a, enfin, montré que les variétés améliorées de niébé — IT89KD 288 et la 338-1 — sont prometteuses, notamment si elles sont en association avec le maïs. De même, l’association du maïs et de l’arachide met en évidence que les variétés d’arachide Samnut-21, Samnut-22 et Samnut-23 deviennent également bien prometteuses. Raison pour laquelle, elles seront également reconduites dans les essais paysans débutant, en 2013.

Reconduites dans les essais paysans débutant en 2013 Une fois ce pas franchi, elle s’est jetée dans le combat d’installer 74 essais de démonstration, dont 70 récoltés, sur les 110 prévus auprès du même nombre de producteurs (parité hommes-femmes) ; de cultiver 29,5 hectares d’exploitations communautaires semencières, dont 18 récoltés, sur les 38 prévus chez 21 producteurs et 11 productrices. Dans la même foulée, bien que les inondations soient passées par là, surtout à YimirAli, détruisant tout sur leur passage où se trouvent essais de démonstration et de multiplication des semences, 20.3 tonnes de semences certifiées étaient obtenues, dont 16,2 tonnes de maïs et 2,48 tonnes de soja. Ces résultats sont, certes, bons mais restent, tout de même, en-deça des prévisions attendues, ne serait-ce que par ce qu’aucune récolte n’ait été réalisée sur les 11 hectares utilisées pour la multiplication des semences. Dans les essais en milieu paysan, les variétés, arrivées très tôt à maturité — 2009 TZE-W-STR, EVDT 2000-Y-STR-QPM et LNTP-X LNTP-W —, maintiennent leur large supériorité en

La première suivie de la seconde ou vice-versa, dans chaque exploitation Comme après les semis et les récoltes, arrivent les évaluations, l’équipe nationale en a organisées à mi-saison. De même qu’une journée porte ouverte. L’intention est de faire mesurer aux acteurs agricoles et au grand public toute l’importance revêtue par les options technologiques, les performances technologiques et les choix des producteurs, afin d’en prendre conscience et que s’instaure la confiance. Quant à l’évaluation finale, elle détermine les coûts et bénéfices des nouvelles technologies promues avec les producteurs. En effet, pour l’adoption des prometteuses variétés améliorées de maïs contre le choix des producteurs, le revenu marginal est de 59,1050 à 7,5682 francs CFA (de 4,50 à 6,69 naïras, 1,58 naïra étant égale à 1 dollar US, ce dernier à

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550 francs CFA) pour 8,6900 francs CFA (1 naïra) investis. Pour l’adoption aussi du maïs et du niébé associés et du niébé cultivé seul contre le maïs cultivé seul, le revenu marginal est respectivement de 456,6600 francs CFA (5,19 naïras) et de 11,3814 francs CFA (7,33 naïras) pour 8,6900 francs CFA (1 naïra) investis. Si on en est arrivé là, c’est aussi grâce à la formation des vulgarisateurs et des producteurs. C’était dans les domaines de la gestion des cultures, la collecte des données, la connaissance de la biologie du Striga, la lutte contre lui, la gestion intégrée de la fertilisation des sols, la gestion de l’utilisation sécurisante et effective des herbicides contre les ravageurs du niébé et les évaluations pré et après-récoltes. Dès lors, que faut-il de plus pour voir les producteurs, aides par le Ministère localchargé des coopératives, s’organiser en Amana Seeds Association ? Le but recherché :pouvoir accéder aux intrants et revenus que procurent les marchés, ce que peut faciliterl’étude d’identification des fournisseurs et transformateurs menée par l’équipe nationale du Projet. Ainsi peut commencer la distribution des semences de toutes les spéculations à tester. De 1 kilo de semences de variétés améliorées de maïs à 0,5 kilo de celles de soja ou de niébé à chaque producteur ; de 30 kilos de la variété de maïs EVDT 99-W-STR à 20 kilos de celle de soja TGX 1904-6F à chacun des 2 émirs et au président du Conseil du gouvernement local ; de 700 kilos de semences de maïs, 154 kilos de celles soja, 100 kilos de celles de niébé à 60 kilos de celles d’arachide à 235 productrices, soit 1,01 tonne de semences environ. Ainsi peuvent aussi débuter les essais de démonstration des variétés de maïs. L’équipe nationale prend alors 3 variétés fournies par l’IITA, 2 dites améliorées et 1 locale choisie par le producteur. Les premières sont à sélectionner parmi une pléthore (voir tableau 2). Avant d’aller plus loi, disons un mot de ce qui les caractérise. Les variétés de maïs mûrissent vite (précoces) ou très vite (extra-précoces). Elles résistent au Striga ou le tolèrent ainsi que la sécheresse. Elles contiennent beaucoup de protéines et (ou) peu d’azote. Tableau 2 : quantités de semences des diverses variétés de cultures envoyées par IITA à Askira/Uba, dans l’Etat du Borno, au Nigeria

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La variété de maïs EVDT-99-W-STR est cultivée en rotation avec celle de soja TGX 1904-6F, dans un intervalle régulier de un ou de deux ans. L’équipe nationale a semé la première suivie de la seconde ou vice-versa, dans chaque exploitation. Quand la première est associée à à la variété tardive de niébé IT89KD 288, dans chaque exploitation, l’équipe nationale a traité de la manière suivante : maïs seul, puis maïs-niébé pris ensemble, enfin, niébé seul. A YimirAli, aucune différence significative n’est note entre elles Lorsque les pluies se sont vraiment installées, en juillet, le maïs est semé, espacé de 75 x 40 centimètres avec 2 plants par colline, et reçoit des fertilisants à la dose de 100:50:50 sous forme d’azote, de phosphore, de potassium 15:15:15 et de l’urée contenant 46 % d’azote. Autrement dit, environ 300 kilos de NPK, soit 6 sacs, et 100 kilos d’urée, soit 2 sacs, par hectare. Deux semaines après le semi, l’équipe nationale remarque que le premier désherbage est performant. Il en est aussi ainsi du second, survenu 3-4 semaines après le semi du maïs extra-précoce ou du maïs précoce. Le travail était ardu, mais sur les 110 sites de démonstration en champ paysan envisagés, 74 sont effectivement mis en place et 70 récoltés (voir tableau 3). Bien que très positif, ce résultat est entaché d’impairs à imputer essentiellement, selon elle, aux inondations. Sur les 70 essais récoltés, 47 ont reçu du maïs seul, 8 du maïs et du niébé associés et 15 du maïs et du soja alternés (voir tableau 3). Dans cette entreprise, tout le monde y prend goût. Les 3 localités ont donc mis à la disposition du Projet 38 hectares destinés à l’expérimentation des 4 cultivars. A son tour, le Projet procure aux producteurs les semences de base ainsi que les intrants. Aussi les 20 kilos de semences de variétés améliorées, les 150 kilos de NPK 15:15:15 (3 sacs) et les 50 kilos d’urée (1 sac) leur ont-ils permis d’aménager 1 hectare de semences de maïs au moyen des bonnes pratiques agricoles. Disons, tout compte fait, que sur les 38 hectares prévus, 29,5 sont effectivement exploités, soit 77,6 %. Et sur ces 29,5, plus de la moitié, c’est-à-dire 18, soit 61 %, est récoltée (voir tableau 3). Là également, l’incidence des inondations, surtout à YimirAli, n’est pas négligeable sur ce résultat non moins appréciable. Ces dons ne sont pas tombés dans l’escarcelle de producteurs sourds ! Car ils en ont tous tiré 20,3 tonnes de semences certifiées, dont 16,2 tonnes de maïs et 2,48 tonnes de soja (voir tableau 4).

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Tableau 3 : nombre d’essais de démonstration en milieu paysan, de quantités de semences obtenues et récoltées, à Askira/Uba, dans l’Etat de Borno, au Nigeria

* Les nombres, mis entre-parenthèses, indiquent ceux des sites et hectares en service. Tableau 4 : rendements en semences obtenues par les exploitations paysannes des 3 localités d’Askira/Uba, dans l’Etat du Borno, au Nigeria

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Mais, pris dans leur ensemble, ces rendements en grains sont bien bas comparés aux prévisions. D’ailleurs, pouvait-il en être autrement, dès l’instant que de 11 hectares, rienn’a pu être tiré

W (faible d’azote) sont les variétés précoces de maïs les plus productives avec un avantage de rendement en grains de plus de 30 % (voir tableau 5), aussi bien en 2011 qu’en 2012. Et

Tableau 5 : performance des 4 variétés de maïs précoces et extra-précoces dans les parcelles de démonstration de la Savane guinéenne, au nord du Nigeria, en 2011 et en 2012

et de 5 autres, moins de 10 % en sont sortis. Et l’équipe d’incriminer, à juste raison, ces inondations de septembre qui ont ravagé la plupart des parcelles, singulièrement à YimirAli et à Husara ! 2009 TZE-W-STR, EVDT 2000-Y-STR QPM et LNTP-X LNTP-

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même la 2004-TZEE-W a été plus performante que les variétés extra-précoces, en 2012 (voir tableau 5). Quant à leur ennemi commun, le Striga, il les a peu attaquées, en 2012, probablement à cause de la plus forte pluviométrie enregistrée (sic) !!!

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E CHOS La performance du maïs précoce montre également que les rendements en grains sont significativement plus élevés à la fois chez 2009 TZE-W-STR, EVDT 2000-Y-STR QPM et LNTP X LNTP W, à Wamdeo et à Husara, que chez la variété choisie par le producteur (voir tableau 6). Par contre, à YimirAli, aucune différence significative n’est notée entre elles. Toutefois, l’équipe remarque que les variétés prometteuses ont donné des rendements en grains nettement supérieurs que les autres types. Tout comme les variétés extra-précoces l’ont été bien plus que celle du producteur, aussi bien à

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Wamdeo qu’à Husara. C’est le cas de 2004 TZEE-W et de 99 TZEE-W. Une journée porte ouverte des producteurs Quand à l’influence éventuelle de Striga, l’équipe ne relève guère de différence significative, tant à Husara qu’à YimirAli. A Wamdeo, 2009 TZE-W-STR et EVDT 2000-Y-STR, très protéiniques, sont beaucoup moins infestées par la mauvaise herbe que la variété locale témoin. Celle du producteur est relativement plus infestée que les autres (voir tableau 6).

Tableau 6 : performance des 4 variétés de maïs précoces et extra-précoces dans les parcelles de démonstration de la Savane guinéenne, au nord du Nigeria, en 2012

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En revanche, elle relève de la performance au sein de l’association maïs-niébé. Cette dernière a fait naître un avantage de rendement en grains de 42 % comparée aux cultivars pris isolément (voir tableau 7). Seulement, d’après

viennes enregistrées. Il s’agit des prometteuses variétés que sont DT-W-Y-STR-SYN, 2008 DTMA-Y-STR, 2004 TZE-W-DTSTR, 2004 TZEE-W-STR et 2009 TZEE-W-STR qui seront soumises en démonstration, en 2013.

Tableau 7 : performance de l’association maïs-niébé dans les parcelles de démonstration de la Savane guinéenne, au nordest du Nigeria

l’équipe, le maïs se dévoile être, comme d’habitude, plus compétitive que le niébé. Voici la raison pour laquelle, cette pratique d’association se voit promue, à l’échelle pay-sanne, pour minorer l’infestation du Striga, améliorer la fertilité des sols et la diversification agricole, dans la sous-région. Sur un autre palier, celui de la station de recherche d’Askira, 5 types d’essais étaient installés. Avec pour visée non seulement de « mettre au monde » des solutions aux contraintes de production assaillant les producteurs, mais aussi de servir de bouquet d’options aux technologies de validation et de sélection des essais de démonstration importants aux yeux des paysans. Ces derniers ont pour nom maïs cultivé seul, maïs et légumes cultivés en rotation, maïs et niébé, maïs et soja, maïs et arachide en association. Les tableaux 8 à 11 en visualisent les résultats, sauf pour ceux de la rotation maïslégumes, qui seront présentés, en 2013, quand les effets des 2 années de culture en rotation se manifesteront. A terme échu, ces essais attestent que toutes les variétés de maïs améliorées sont de loin plus performantes que la variété locale témoin, en ce qu’elles font des rendements en grains bien supérieurs (voir tableau 8). Ainsi les 5 variétés précoces tout comme toutes celles extra-précoces disposent d’un avantage de rendements de plus de 100 % face à la variété locale témoin. De même, ici, l’incidence de la mauvaise herbe ne diffère significativement pas entre variétés, et les valeurs sont bien supérieures, cette année-ci, probablement à cause des pluies diluCORAF ACTION N° 71

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Tableau 8 : performance des variétés précoces et extra-précoces dans les parcelles de démonstration de la Savane guinéenne, au nord du Nigeria

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Toujours en station, on ne cessera pas de s’étonner de ces essais ! Tenez, il se trouve que les variétés améliorées de soja, cultivées, donnent constamment des rendements en grains supérieurs lorsqu’íl lui est associé le maïs (voir tableau 9).

chez les paysans, en 2013. Il en est de même quand le maïs est associé au niébé. Toutes les variétés de ce dernier ont assurément un avantage de rendement en grains. Cependant, cultivées seules, la IT 89KD-338-1 et la IT89KD-391 font plus de rendements

Tableau 9 : performance des variétés de soja cultivées en association avec le maïs dans les parcelles de démonstration de la Savane guinéenne, au nord du Nigeria

Cependant, TGX 1904-6F, TGX 1951-3F et TGX 1448-2E deviennent plus compétitives associées au maïs, parce que réalisant des avantages de rendement en grains supérieurs. C’est pourquoi, TGX 1904-6F et TGX 1951-3F seront promues, dans un essai de démonstration associatif avec le maïs CORAF ACTION N° 71

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en grains (voir tableau 10). La IT89KD-288 se révèle plus compatible à l’association, puisque réalisant l’avantage de rendement en grains le plus élevé. Par conséquent, la IT89KD-288 et la 338-1 seront mises en culture associée avec le maïs, en 2013.

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Tableau 10 : performance des variétés de niébé cultivées en association avec le maïs dans les parcelles de démonstration de la Savane guinéenne, au nord du Nigeria

Quand le maïs est cultivé avec l’arachide, il n’y a pas une seule variété améliorée de cette dernière qui donne des rendements prometteurs. Même si Samnut-23 fait mieux que toutes les autres, surtout cultivée seule (voir tableau 11) ! Mais il ne fait aucun doute que l’avantage de rendement en grains est de loin plus élevé, à chaque fois que le maïs est mis ensemble avec n’importe qu’elle d’entre ces variétés d’arachide, excepté avec la locale. Et ce, durant les deux

années 2011-2012. A ce sujet, Samnut-21 et Samnut-22, cultivées avec le maïs, se distinguent nettement du lot, en atteignant les avantages de rendement en grains les plus grands. De surcroît, Samnut-23 est la plus performante, c’est ce qui s révèle l’évaluation survenue à la mi-saison. Par conséquent, la sagesse a voulu que toutes les 3 soient promues parmi les producteurs, en 2013, dans ces conditions culturales.

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Tableau 11 : performance des variétés d’arachide associées au maïs dans les parcelles de démonstration de la Savane guinéenne, au nord du Nigeria

Avec tant de réalisations préliminaires, n’était-il pas arrivé le temps de fouetter les consciences, de partager les expériences, de bâtir une solide confiance au sein des acteurs, de rendre visibles les options technologiques et d’évaluer la performance de ces dernières ? En tout cas, l’équipe nationale ne s’est nullement embarrassée de conjectures ; elle s’est donc lancée dans une évaluation à mi-parcours et une journée porte ouverte des producteurs. C’était en octobre.

Tableau 12 : classement par ordre d’importance des critères retenus par les producteurs pour la rotation culturale maïssoja, à Husara

Coût de production et ratio bénéfice-coût L’activité renforcement des capacités n’étant pas en reste, furent organisées des formations des vulgarisateurs et producteurs, à l’occasion desquelles les critères de sélection et d’adoption des technologies prometteuses sont définis et des visites de champs retenues. En recevant les gens, le producteur leader visité procède de la manière suivante : expliquer la gestion des pratiques de la technologie testée, présenter leurs avantages et inconvénients, répondre aux questions et commentaires, etc. A Husara, 29 producteurs — 25 hommes et 4 femmes — participent à l’évaluation de l’adoption de la rotation maïs-soja à l’aune des principaux critères que sont la lutte contre le Striga, l’amélioration de la fertilité et la conservation de l’humidité des sols (voir tableau 12). CORAF ACTION N° 71

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La majorité des producteurs ont porté leur préférence sur la culture de rotation soja puis maïs et non pas sur la culture continue maïs ou soja (voir tableau 13). Cela a bien une explication : la capacité de cette technique culturale à lutter contre le Striga, à améliorer la fertilité et à conserver l’humidité des sols, à réduire les ravageurs et maladies et, par conséquent, à augmenter les rendements.

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E CHOS Tableau 13 : matrice de classement des critères retenus par les producteurs pour l’adoption de la rotation culturale maïs-soja, à Husara

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Tableau 15 : matrice de classement des critères retenus par les producteurs pour l’adoption de la rotation culturale maïs-soja, à Wamdeo

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux A Wamdeo, ce sont 54 producteurs — 39 hommes et 15 femmes — qui participent à l’évaluation de l’adoption de la rotation maïs-soja, selon ses capacités à lutter contre le Striga, à améliorer la fertilité des sols et à accroître les revenus des ménages (voir tableau 14). Tableau 14 : comparaison par rang des critères retenus par les producteurs pour l’adoption de la rotation culturale maïs-soja, à Wamdeo

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux Revenons à Husara pour dire avec l’équipe que les producteurs ont porté leur dévolu sur la tolérance/ résistance au Striga, la haute qualité florale et l’agréable goût du grain des variétés maïsicoles (voir tableau 16). Lesquelles variétés, avec de telles qualités, leur donnent espoir d’en obtenir des niveaux de rendement élevés et une amélioration de leurs propres conditions d’existence. Tableau 16 : classement par ordre d’importance des critères de sélection retenus par les producteurs pour les variétés de maïs à partir des parcelles de démonstration en champ paysan, à Husara

Là aussi, leur préférence va à la culture en rotation du soja suivie de celle du maïs plutôt qu’à la culture continue du maïs ou du soja (voir tableau 15). Plus précisément, 50 producteurs ont porté leur choix sur la rotation soja-maïs, afin d’améliorer la fertilité et de conserver l’humidité des sols et d’atteindre de hauts rendements.

Vingt producteurs sont favorables à 2004 TZEE-W pour son extrême précocité, sa croissance uniforme et ses courts épis. Onze d’entre eux aiment 2000 SYN-EE-W pour ses larges épis, sa résistance ou tolérance au Striga et son poids moyen (voir tableau 17).

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Tableau 17 : matrice de classement des critères de sélection retenus par les producteurs pour les variétés de maïs à partir des parcelles de démonstration en champ paysan, à Husara

paraison avec la variété choisie par le producteur (voir tableau 19). Tableau 19 : matrice de classement des critères de sélection retenus par le producteur pour les variétés de maïs, à Wamdeo

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux Faisons retour aussi à Wamdeo, où les producteurs ne cachent pas leur penchant pour les variétés de maïs capables de lutter contre le Striga, de tolérer la sécheresse et ayant une haute valeur nutritive et florale (voir tableau 18). Tableau 18 : classement par ordre d’importance des critères de sélection des variétés de maïs, à Wamdeo

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux A YimirAli, ils étaient 30 producteurs à évaluer la culture associée maïs-niébé. Pour ces 22 hommes et 8 femmes, la lutte contre le Striga, la conservation de l’humidité des sols et la réduction de l’infestation des ravageurs et maladies ont emporté leur adhésion (voir tableau 20). Tableau 20 : comparaison par rang des critères de sélection du producteur pour la culture associée maïs-niébé, à Yimir Ali

Les producteurs penchent pour EVDT 2000-Y-STR-QPM qui est la meilleure suivie de 2000 SYN-EE-W et non point pour la variété locale. Les raisons avancées sont multiples : haute valeur nutritionnelle donnée par la présence de protéines et du carotène (vitamine A) de qualité, haute valeur florale, tolérance au Striga et agréable goût du grain et ce, en comCORAF ACTION N° 71

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Cela va s’en dire qu’au vu des résultats, leur option est portée sur cette association culturale, mais aussi sur la culture seule du niébé (voir tableau 21). Car ils sont d’avis que cultiver plus d’une plante, sur un seul et même espace, entraînera la réduction du coût de production et augmentera le ratio bénéfice-coût.

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E CHOS Tableau 21 : matrice de classement des critères de sélection du producteur pour la culture associée maïs-niébé, à YimirAli

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux Au surplus, un budget partial y est développé par groupe d’hommes, de femmes et de jeunes. Les coûts de production, les rendements en grains et les prix des produits de chaque technologie sont répertoriés par les producteurs euxmêmes.

semences certifiées de maïs, de soja, de niébé et d’arachide, en 2011. Ensuite, dans la mise à disposition gratuite par le gouvernement local de 4,6 tonnes de semences aux producteurs, en 2012. D’ailleurs, il en est resté quelque chose qu’ils ont été autorisés à vendre aux autres producteurs, au sein et en dehors de leurs communautés. Enfin, dans l’inspection par l’Office de certification du NASC de la production semencière des producteurs, en vue de sa certification. Or si l’essentiel des variétés a obtenu le sésame, il y en a 2 de maïs, qui n’ayant pas été correctement isolées, n’étaient pas admises au test de certification. Avec tant d’activités qui frisent un chantier, il va s’en dire que l’équipe nationale ne s’est pas engagée, tête baissée ! Entre novembre et décembre 2012, elle a donc étudié les différent s intérêts et perceptions des producteurs, mini-transformateurs, transformateurs industriels, commerçants grossistes, détaillants, etc., de 5 marchés de la zone d’intervention du Projet.

Contact : Ernest Assa Asiedu CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : e.asiedu@coraf.org Skype : ernestasiedu Internet : www.coraf.org

Disposer des prix du marché à travers l’information périodique Quant aux formations internes organises, durant 2011 et 2012, un nombre appréciable d’acteurs en ont bénéficié. C’est le cas de 12 vulgarisateurs et de 157 producteurs formés sur la technique de parcellisation d’un champ destiné à l’essai en milieu réel, les techniques de production de semences, l’application des herbicides, les pratiques de production du maïs, du niébé et du soja et la prise en compte de la dimension genre. Elles ont aussi profité à 36 vulgarisateurs et à 160 producteurs en ayant trait à la lutte du Striga, à la connaissance de sa biologie, à la lutte et à l’identification des ravageurs du niébé ainsi qu’à la gestion intégrée de la fertilité des sols. Enfin, elles ont apporté à 10 vulgarisateurs et à 113 producteurs des connaissances ayant trait aux critères des producteurs pour l’adoption et le classement des technologies ; à 30 vulgarisateurs et à 120 producteurs des savoirs relatifs à la récolte et au stockage des cultures ; à 10 vulgarisateurs et à 58 producteurs des qualifications portant sur la confection de budgets partiels pour les essais en champ paysan. A présent, n’y a-t-il pas lieu de se demander où chercher les causes profondes de tous ces résultats préliminaires qui leur ouvrent d’intéressantes perspectives de marchés ? D’abord, dans cette panoplie de formations qui leur ont donné les capacités, par exemple, de produire 21,4 tonnes de

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Culture du maïs

IITA : le point de son appui aux trois équipes nationales

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MAGINONS QUE LES TECHNOLOGIES AMÉLIORÉES ET INNOVATIONS

de fertilisation des sols, la résistance au Striga et à la sécheresse n’aient pas été développées sur place, n’allions-nous pas les importer du dehors de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ? A coup sûr ! Mais fort heureusement, l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture) est là pour en fournir au Projet « Amélioration de la productivité et de la diffusion du maïs (Zea mays L.) par la promotion des technologies de gestion intégrée dans les savanes du Cameroun, du Nigeria et du Tchad ». C’était durant trois années de partenariat, 2011-2013. En 2012, l’équipe de l’IITA s’est entourée de toutes les garanties pour que les variétés améliorées de maïs livrées, la veille des campagnes agricoles, aux acteurs dans les 3 pays soient toutes résistantes au Striga, adaptées aux essais d’association avec les variétés de niébé à la fois précoces et résis-

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tantes au Striga et aux essais de multiplication des semences (voir tableau 1). Tableau 1 : variétés et quantités de semences exportées par l’IITA vers l’University of Maiduguri de l’Etat de Borno au Nigeria, l’ITRAD au Tchad et l’IRAD au Cameroun

certifiées, puis sur l’identification et la lutte contre le Striga, la sécheresse et la gestion intégrée de la fertilisation des sols. Ensuite, dans leur formation sur les questions environnementales que sont l’utilisation sécuritaire des pesticides, des technologies de fertilisation et d’amendement des sols, la sauvegarde, le suivi et l’atténuation des risques pour les utilisateurs, dont les femmes. Ce faisant, ont été organisées des séances démontrant comment effectuer l’épandage et le calibrage des mélanges

Les 9 variétés de maïs récoltées ont dépassé toutes les attentes et sont éprouvées pour servir lors des campagnes agricoles à venir. En effet, sur 4 hectares exploités en saison des pluies avec les 129 kilos de semences de pré-base, l’équipe de l’IITA a pu en tirer un rendement moyen de 2,7 tonnes de semences de base distribuées aux acteurs, dans les différents pays. Comment effectuer l’épandage et le calibrage des mélanges chimiques… Sur 3 hectares, les producteurs ont exploité des semences de pré-base de 4 variétés de maïs — 2009 EVDT-W-STR, 99 EVDT-W-STR, 2009 TZEE-W-STR et ACR 94-TZE-COMP 5-W — résistantes au Striga. Et ils en ont obtenu des rendements de semences de base variant entre 1 et 2,5 tonnes. Tableau 2 : variétés améliorées et rendements en semences de base obtenus par les producteurs du Nigeria, du Tchad et du Cameroun

Pratiquer ces activités agricoles ne suffisant pas, des formations de renforcement des capacités des producteurs étaient prévues et auxquelles l’équipe de l’IITA a participé. Tout d’abord, dans la formation de 31 superviseurs de terrain et producteurs de semences originaires du Tchad et du Cameroun sur les techniques de production des semences CORAF ACTION N° 71

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E CHOS chimiques et comment se positionner par rapport à la direction du vent. Contact : Ousmane Ndoye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : ousmane.ndoye@coraf.org Internet : www.coraf.org

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Coraf Action

Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles. Le CORAF/WECARD est une association internationale a but non lucratif née, en mars 1987, et regroupe actuellement 22 Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) de la sous-région. Il s’appelait alors la Conférence des responsables de recherche agronomique africains et français, changée, en 1995, en Conférence des responsables de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, puis, en son actuel nom, en 1999. Le CORAF/WECARD a pour vision et pour mission la réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et l’amélioration durable du système de recherche agricole, de la productivité, de la compétitivité et des marchés par la satisfaction des principales demandes des acteurs adressées aux SNRA. Parmi celles-ci, les données et informations scientifiques vulgarisées que véhicule, depuis octobre 1996, Coraf Action éditée avec à travers le Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest du CORAF/WECARD, le présent appui financier de l’USAID (United States Agency for International Development).

Directeur de publication Harold Roy-Macauley

Directeur de la rédaction Abubakar Njoya

Directeur adjoint de la rédaction Anatole Yékéminan Koné

Rédacteur en chef Armand Faye

Comité de rédaction et de lecture Ernest Assah Asiedu, George Muluh Achu, Vincent Joseph Mama, Abdourahmane Sangaré, Mbène Dièye; Sidi Sanyang, Hamadé Kagoné, Abdulai Jalloh, Niéyidouba Lamien, Julienne Kuiseu, Jérôme Konan Kouamé, Mika Ndongo

Mise en pages Ngor Sarr Alassane Dia

Postage en ligne Gorgui Alioune Mbow Documentation, édition et diffusion CORAF/ WECARD Version anglaise disponible CORAF/ WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : harold.roymacauley@coraf.org E-mail : armand.faye@coraf.org Internet : www.coraf.org ISSN : 0850 5810

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CORAF ACTION N° 71

MARS-AVRIL

2014


NOTE DE LECTURE Rapport final. Evaluation des capacités des laboratoires nationaux et régionaux d’Afrique de l’Ouest qui pourraient servir de centre d’excellence de la CEDEAO et du CORAF/ WECARD en biotechnologie et biosécurité. Par Abdourahamane Sangaré, de Côte d’Ivoire. Voici un document de la plus haute importance pour le CORAF/ WECARD (voir www. coraf.org) et la CEDEAO(Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ! Car vu le nouveau contexte mondial créé par ce « phénomène du siècle », on a grandement besoin, dans la sousrégion, de connaître, de manière rigoureuse et précise, les forces et faiblesses des capacités techniques des principaux labo des SNRA et Instituions internationales exerçant dans la biotechnologie et la biosécurité. Le but est successivement d’y déceler ceux capables de servir de centres d’excellence et de proposer des mesures concrètes de renforcement de leurs capacités en la matière, selon les avantages comparatifs des uns et des autres. C’est ainsi que la méthodologie de sélection de cette entreprise, une fois validée, a permis de présélectionner 23 labo appartenant à 19 institutions exerçant en Gambie, au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Nigeria. En effet, d’après leur spécialisation, ils s’activent dans 24 domaines de la production végétale et animale répartis dans les 6 thématiques que sont la biotechnologie végétale,

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la biotechnologie animale et halieutique, les ressources génétiques, l’environnement et la biodiversité, l’agroalimentaire et la sécurité sanitaire, l’adaptation au changement climatique. Tour en se consacrant à des acticités si diversifiées et densifiées, ils se concentrent, néanmoins, essentiellement sur les végétaux, animaux et microorganismes — champignons, virus, bactéries et levures —, tous nantis de techniques de pointe. Les chercheurs et techniciens spécialisés y emploient diversement la culture in vitro —

dont la plus usitée est la réaction de polymérisation en chaîne (PCR), et en biologie cellulaire. Pour cela, la majorité des labo sont dotés d’infrastructures adaptées et d’équipements assez importants, avec des différences dans leur qualité et quantité. A l’exception de la Côte d’Ivoire et de la Gambie qui, au moment de l’enquête, ne disposaient pas encore du personnel cadre en biosécurité, le reste des pays visités ont déjà élaboré leur cadre biotechnologique et biosécuritaire. Ce ne sont pas là leurs seules

micro-propagation, embryogénèse somatique, culture de méristème et d’anthère —, amplification de l’ADN, clonage, le séquençage, microfarads, marqueurs et autres outils moléculaires d’étude de la diversité. Sans oublier, bien entendu, les techniques de base en biologie moléculaire,

différences, il en existe d’autres qui sont des talons d’Achille, dont nous ne citerons que deux pour les besoins de cet article Le premier appelle l’insuffisance des capacités humaines. En ce sens que seul le laboratoire central vétérinaire (LCV) du Ministère de l’élevage et des pêches du Mali emploie

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33 chercheurs ; quant aux autres, leur nombre valse entre 3 et 15. Si la plupart dispose de 3 à 34 techniciens spécialisés, il y en a deux qui sont à 2 et un qui n’en a pas du tout. Quinze (soit 65 %) des 23 labo concernés encadrent beaucoup plus d’étudiants de troisième cycle comprenant le diplôme d’étude approfondie (DEA), le mastère que d’autres de niveau moindre. Sept, c’està-dire 30 %, s’y sont particulièrement distingués. Les cinq dernières années, chacun d’eux a réalisé entre 2 et 80 publications scientifiques diffusées par 1 à 45 revues scientifiques. Citons l’exemple typique du laboratoire de biotechnologies animales (LBA) du Centre international de recherche développement sur l’élevage en zone subh u m i d e (CIRDES) au Burkina Faso qui sont largement du lot avec 80 publications scientifiques dans 45 revues ! Le second talon d’Achille s’appelle la faible ouverture des laboratoires nationaux et régionaux sur le plan sous-régional et régional contrairement à leur large ouverture sur le plan international. Or ne serait-ce que pour la mise ne œuvre du Plan d’action pour le développement de la biotechnologie et la biodiversité en Afrique de l’Ouest de la CEDEAO, cette tendance lourde mérite d’être renversé, tout en continuant le partenariat bénéfique avec les labo internationaux.


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