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LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE

Législation et règlementation communautaires harmonisées

La communication qui fait se vibrer tout le corps semencier La FAO l’a dit : la part des semences dans l’amélioration des rendements est de l’ordre de 40 pour cent. Sans elles, point de croissance du secteur agricole à la hauteur fixée par les États africains. Surtout quand la menace de stagnation, voire même de diminution des rendements, se fait plus menaçante, dans une sous-région comme l’Afrique de l’Ouest.

I D’APRÈS

SOCRATE, LE PHILOSOPHE grec, « tomber n’est pas un échec, l’échec c’est rester là où on est tombé », alors les décideurs politiques d’Afrique de l’Ouest ont toutes les raisons du monde, de leur côté, pour tout tenter d’assurer aux producteurs la

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fourniture suffisante de semences certifiées de variétés améliorées et de mettre en place un cadre juridique et réglementaire harmonisé en la matière. Depuis, la sous-région passe pour être une zone de libre échange de la commercialisation des semences et plants

certifiés. C’est dans une telle mouvance, que la CEDEAO a initié une étude de perception. Elle se veut une évaluation de l’intensité de la circulation des informations, du niveau de coopération entre institutions et organisations nationales et des capacités de

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communication de dix-sept États membres de cette dernière mais aussi de l’UEMOA et du CILSS. La mise en place du Comité Ouest africain des semences végétales et plants (COASem), pierre angulaire de l’ensemble du dispositif installé (voir article suivant) sous la houlette du Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest (PSAO/WASP), une initiative du CORAF/WECARD financée par le bureau Afrique de l’Ouest de l’USAID, s’effectue en exécution d’un Plan d’actions comportant une importante composante dite communication. Mais pourquoi la communication s’avère-t-elle si importante pour le COASem ? C’est en raison des controverses qu’engendrent les changements apportés par cette nouvelle législation et règlementation, de leur méconnaissance par les principaux acteurs, méconnaissance plus ou moins liée à l’insuffisance de la diffusion de ses parties fondamentales tout comme de l’analyse de leur imbrigation. Tout compte fait, ce qu’on attend

ligne, bulletin d’information, radio communautaire, communiqué de presse. Sans oublier les séminaires périodiques et thématiques, les réunions techniques de concertation, les rapports de restitution et de réunion, le courrier officiel et les voyages d’étude.

de voir se réaliser que la communication soit hissée au rang d’une activité d’animation, de suivi et de coordination.

tions et semences, le non-respect des procédures, le règlement semencier communautaire harmonisé et le rôle des différents acteurs. A cette énumération, s’ajoutent l’application des textes, la mise en place des instruments de réalisation de la politique semencière que sont le Comité national semencier, le document de politique semencière, le fonds semencier, etc., la diffusion du règlement semencier communautaire harmonisé, la constitution des collections de référence, mais également le partage des données sur les récentes variétés disponibles.

Pour être impliqués dans les activités d’information et de communication, ils s’engagent à fournir des informations sur celles des CNSP, les variétés et les semences, à relayer celles émanant du COASem, à organiser des ateliers d’information et de formation, à exiger l’établissement de rapports périodiques. Quant au message ou contenu, la préférence des thèmes majeurs à développer va à l’information technico-économique sur les systèmes semenciers, les textes réglementaires en vigueur et normes applicables, les procédures et normes de production et d’étiquetage des produits commercialisables, la certification de la qualité, les activités sur les nouvelles obten-

Organiser des ateliers d’information et de formation… Dans leurs investigations, les auteurs de l’étude nous apprennent qu’il y a véritablement à améliorer l’effort de communication des autorités étatiques pour gagner plus en efficience dans l’application de ces textes. En conséquence de quoi, ils proposent une stratégie de communication avec comme toile de fond les orientations et données recueillies auprès des acteurs nationaux et cibles potentielles du sous-secteur, comme le recommande l’approche participative. C’est pourquoi, ils recommandent d’en élaborer et d’en mettre en place, au niveau national, en se basant sur l’utilisation d’une diversité d’outils ou de supports, de pérenniser les activités y relatives au sein des Comités nationaux de commerce sur les semences et plants (CNSP), d’exécuter la stratégie en même temps que les activités appliquant la législation et la réglementation déroulées par les CNSP. Pour son déploiement, les acteurs souhaitent faire jouer un important rôle à la communication, vis-à-vis duquel ils ne seront pas en reste, puisque y contribuant par des échanges dynamiques et interactifs aussi bien à l’échelle régionale que nationale. Avec comme but immédiat de mieux s’approprier les supports et lui assurer une cohérence et une transparence des actions sur l’échiquier national. Ils souhaitent également être informés au moyen de l’Internet — site web, adresse électronique, lettre d’information en

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Un soutien technique dans certaines activités-clés dites complexes Ainsi, sur l’échiquier national, il importe de rendre fonctionnel les CNSP, d’élaborer une stratégie et un Plan d’actions budgétisé pour une bonne circulation de l’information, d’organiser des campagnes d’information et de sensibilisation des acteurs, de diffuser des rapports de réunions et de tenir des séances de restitution et de partage. De même, cette fois au niveau régional, le COASem se doit de créer un site web où chaque pays se voit attribué un lien, d’éditer un bulletin d’information avec des pages réservées aux pays, de réaliser une série d’émissions et de reportages radiophoniques et télévisuels destinés à la diffusion régionale, d’organiser des ateliers et séminaires de formation des formateurs ainsi que des campagnes d’information et de sensibilisation à travers des journées de l’agriculture, la journée mondiale de l’alimentation, etc. Le système d’information et de communication est aussi à auditer, et de fond en comble.

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E CHOS Mais au fait, avant d’aller plus loin, que vise en définitive cette stratégie de communication ? Pour l’essentiel, faire que les États promeuvent l’application et la mise en œuvre de la législation et de la règlementation sur les semences et plants et stimuler le commerce sous-régional. Pour y arriver, l’application de ces instruments légaux et réglementaires sont censés être encouragés ainsi que l’utilisation des semences et plants certifiés ; l’information entre les acteurs de toutes les filières circule convenablement ; les activités des organes de gouvernance sont rendus visibles et transparents. A leur tour identifiées, les cibles que sont les décideurs politiques — dans les Ministères de l’agriculture, du commerce intérieur et extérieur et autres administrations publiques concernées par la recherche variétale, l’homologation des variétés, la production, la certification variétale et phytosanitaire et la surveillance sanitaire —, les sélectionneurs, les techniciens agricoles, les producteurs, les distributeurs, les importateurs, les exportateurs, les douaniers, les obtenteurs privés, les animateurs de radios communautaires et les communicateurs, etc., recevront des supports de communication finalisés, un soutien technique dans certaines activités-clés dites complexes et l’assistance des Partenaires techniques et financiers.

veraineté alimentaire contenue dans les principes directeurs du NEPAD. La logique de sécurisation du consommateur, telle qu’induite par cette mouvance, se veut une vraie garantie de la qualité par des offices de contrôle et par l’utilisation des normes et des procédures édictées. A l’endroit de la Commission de la CEDEAO, il est donc recommandé à certains États de changer le mode officiel de transmission des textes législatifs et règlementaires sectoriels de la CEDEAO vers eux, et vice-versa, et de fournir des informations pratiques pour une meilleure connaissance et une compréhension accrue des actions nationales à accomplir, afin de faciliter leur application. Quant aux CNSP, qui sont les chevilles ouvrières du dispositif semencier, ils doivent se mettre à la tâche de prouver leur existence, élaborer une stratégie nationale et un Plan d’actions budgétisé pour une bonne circulation de l’information, diffuser les rapports de réunions et tenir des séances de restitution et de partage.

CNSP sont les chevilles ouvrières du dispositif semencier Le suivi de la mise en œuvre de la stratégie sous-régionale de communication et de performance est associé aux activités déclinées dans le programme de travail élaboré. Rappelons que la stratégie a pour finalité de contribuer, à travers des actions opérationnelles d’information et de communication, à l’établissement, autour des idéaux d’intégration de la CEDEAO, d’un cadre communautaire transparent, stable et performant pour le commerce de semences. Ceci participe, en effet, à l’expression d’une exploitation adéquate de la présente diversité génétique, à travers un portefeuille variétal adapté aux principaux agro-écosystèmes de la sous-région. Le COASem est invité à la gérer rationnellement à travers le futur catalogue sous-régional. Pour cela, les programmes de travail doit prendre en compte cette dynamique, les CNSP se doivent de la budgetiser annuellement, comme prévoit le COASem, les Ministères en charge de l’agriculture de la privilégier en créant un lien organique avec son dispositif de communication, au mieux pour une question d’efficience et de réduction des coûts. À cela il faut, coûte que coûte, annhiler l’action nuisible des réseaux d’intervenants, dont dépend la qualité finale de la semence qui finissent par en faire un circuit de vente assez long et imposer la traçabilité des productions et procédures de certification variétale et sanitaire renforçant l’assurancequalité des semenciers et garantissent aux consommateurs une indépendance vis-à-vis de la nature du bien acquis, malgré son caractère non-durable. Autrement dit, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que l’initiative relative au règlement communautaire semencier harmonisé est bonne, et des raisons d’espérer existent, si l’on considère que la volonté politique est bien réelle avec la création d’une zone de libre échange, telle que prévue dans la Politique agricole commune de la CEDEAO qui couvre aussi la Mauritanie et le Tchad. Cette dernière constitue un pas non négligeable vers la réalisation de la sou-

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Contact : Anatole Yékémian Koné CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : anatole.kone@coraf.org nternet : www.coraf.org

Doter la nouvelle Alliance semencière d’une ossature à toute épreuve Depuis des lustres, l’acte de créer ne se suffit jamais à luimême. Comment créer le créé et comment le sauvegarder ou le faire survivre sont tout aussi d’importance. C’est ce qu’ont bien compris les parties prenantes de la mise en place de la nouvelle Alliance pour une industrie semencière en Afrique de l’Ouest (ASIWA), telle que nous le rapporte le rapport de cadrage et d’orientation, soumis par SSG Advisors americain au CORAF/WECARD, le 26 janvier 2014, dont nous vous faisons, ici, l’économie. OUR SURVIVRE À L’ACTE DE SA CRÉATION, RELATÉ DANS LA PRÉ-

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cédente édition, l’ASIWA a parfaitement besoin d’être solidement bâtie, remarquablement structurée et rationnellement organisée. Tel est le gage pour qu’elle releve les défis et enjeux qui l’attendent ! C’est, en tout cas, ce à quoi s’attèlent, sans relâche, ses initiateurs, à la tête desquels se trouvent être la CEDEAO et le CORAF/WECARD secondés par le Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest (PSAO/WASP) de ce dernier financé par le bureau Afrique de l’Ouest de l’USAID.

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La Considérant comme un point de rassemblement pour les acteurs des semences, un hub de communication, un point focal pour tout plaidoyer politique, un point focal pour la coordination de la certification et de la gestion de la qualité des semences et un créneau d’impulsion des marchés et du développement industriel, les auteurs de l’étude « propose[nt] qu’ASIWA soit structurée de sorte à servir de plateforme efficace, durable, inclusive et effective pour le développement de la production, de la fourniture et de l’utilisation de semences de qualité ». Plus explicitement, une fois leurs fonctions respectives bien définies, la Plateforme d’innovation technologique sous-régionale met l’accent sur les aspects stratégiques et les Plate-formes d’innovation technologique nationales sur les aspects tactiques. Les premières appuient et coordonnent le développement des semences à travers la sous-région, les secondes privilègient les questions liées au contexte spécifique des pays (conférer schèma 1).

l’utilisation de semences de qualité par les agriculteurs, le Secteur privé y gagne en productivité, en accroissement des revenus des agriculteurs et de la production et en élargissement du marché pour lui ; le Secteur du développement y tire l’assurance d’une sécurité alimentaire et des revenus améliorés dûs à une plus grande productivité agricole. Appuyer l’investissement dans la production et la fourniture des semences Intégrer le Secteur privé dans les efforts de développement des semences

Capturer les synergies des programmes semenciers (à partir de ta gauche)

Schéma 1 : L’approche modulaire des platesformes d’innovation technologique d’ASIWA.

Ici, s’illustre une approche inclusive à même d’impliquer toute une panoplie d’acteurs du Secteur privé et du Secteur public, tels les utilisateurs des semences, les clients finaux, les distributeurs de semences, les instituts de recherche et les organismes de production et de réglementation de la recherche sur les semences. Et les auteurs de l’étude d’avancer qu’une telle approche alternative suscitant un tel intérêt pour cet écosystème « pourrait guider ASIWA et garantir sa pertinence institutionnelle, son efficacité opérationnelle et sa durabilité avec les Partenaires au développement qui offriront, au début, un appui institutionnel et des ressources financières.» Partenaires plus à l’aise d’aider à exploiter les finances, le transfert de technologies… C’est vous dire à quel point le cadre, dessinant les résultats attribués à l’ASIWA, devrait intégrer les intérêts de tous ces bénéficiaires (voir schéma 2). En effet, que gagneraient le Secteur privé et le Secteur du développement, pris séparément, dans ces résultats attendus ? Dans le fait d’augmenter 2014

Utilisation accrue des semences de qualité par les producteurs

Impulser le commerce régional des semences

Dans le fait aussi d’améliorer le commerce sous-régional des semences, le Secteur privé y gagne en accès amélioré à une plus grande variété de semences de qualité pour les agriculteurs et en opportunités de croissance du marché de l’exportation pour les entreprises semencières ; le Secteur du développement y tire l’assurance d’une sécurité alimentaire améliorée.

Gouvernement/régulateur

Developpement Communautaire

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Coordonner les efforts pour élargir les marchés

Schéma 2 : Le cadre de résultats attendus d’ASIWA.

Science et recherche

Commerce des semences

Utilisateurs de semences, acheteurs finaux

Plateforme régionale et Plate formes nationales

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Gagner la confiance des producteurs vis-à-vis des semences améliorées

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E CHOS Dans le but de coordonner les efforts pour développer les marchés des semences, le Secteur privé profite de l’acroissement, en disponibilité comme en diversité, des semences améliorées pour les utilisateurs, ce qui se conforte par des prix plus abordables du fait de la compétition et des marchés plus importants et par des opportunités de croissance commerciale pour les entreprises semencières ; le Secteur du développement bénéficie d’un potentiel à exploiter les efforts de plusieurs projets et acteurs afin d’accroître l’accès aux semences de qualité et leur utilisation, ce qui favorise l’augmentation de la sécurité alimentaire et des revenus des petits producteurs. Pour gagner la confiance des producteurs investie dans les semences des variétés améliorées, le Secteur privé se doit de satisfaire la demande accrue en semences de qualité, qui crée un marché de développement de toute la chaîne d’approvisionnement en semences, de manifester un intérêt certain à investir dans la recherche, favorisant ainsi des rendements et revenus élevés au profit des utilisateurs ; le Secteur du développement voit augmenter le nombre de producteurs qui adoptent les nouvelles technologies et pratiques de production, d’où découlent une meilleure productivité et un marché de plus en plus grand très favorable au développement durable. En vue d’appuyer l’investissement dans la production de semences et leur approvisionnement, le Secteur privé tire parti des nouvelles options commerciales ou d’investissement au niveau des banques, des fonds d’impact et d’équité, des nouveaux marchés à pénétrer et de la diminution du gaspillage provoqué par les mauvaises infrastructures ; le Secteur du développement tire avantage des sociétés privées plus compétentes à mieux répondre aux besoins des producteurs à

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accèder à des marchés de semences améliorées, sans compter les nouveaux emplois créés par l’investissement dans ces entreprises. Pour ce qui est d’intégrer le Secteur privé dans les efforts de développement, il n’y a pas quatre chemins pour y parvenir : impliquer jusqu’au cou les entrepreneurs, utilisateurs et acheteurs finaux à même de mieux exploiter l’appui financier et technique destiné au développement des semences, mais aussi disposer d’un Secteur privé davantage capable de fructufier les efforts de développement de la denrée ; le Secteur du développement se prévaut de Partenaires au développement plus à l’aise d’aider à exploiter les finances, le transfert de technologies et les connaissances augmentant l’utilisation des semences des variétés améliorées par les agriculteurs et augmenter l’échelle d’impact possible grâce aux ressources disponibles. S’il parvenait à capter les synergies que renferment les programmes, le Secteur privé dépenserait moins de temps et de ressources, serait capable de contribuer, plus efficacement et de manière plus effective, aux efforts de développement du secteur des semences ; le Secteur du développement verrait les Partenaires au développement capables d’optimiser l’exploitation du personnel et des ressources financières, d’appuyer toutes les initiatives et d’atteindre des résultats difficiles à atteindre séparément. Cependant, cette mise en place appelle la résolution de plusieurs défis. Considérant la dynamique du marché, d’mportants facteurs, retrouvés dans d’autres alliances agricoles prometteuses de l’Afrique de l’Ouest, peuvent ne pas exister dans le secteur des semences. En effet, l’Alliance africaine du cajou, l’Alliance mondiale du karité et l’initiative du cacao

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africain en Afrique de l’Ouest traitent des produits à haute valeur ajoutée avec des chaînes de valeur pilotées par un Secteur privé bon an mal an bien structuré et dynamisé par d’importants acheteurs locaux, nationaux et (ou) internationaux.

Il s’agit, ensuite, d’intégrer une orientation claire dite du Secteur privé dans la conception d’ASIWA et dans ses premières activités. Pour cela, la nouvelle Alliance semencière devra se placer à la hauteur de ses ambitions : avoir un impact positif sur les affaires quotidiennes des opérateurs économiques et leur offrir le marché et les opportunités de croissance. Alors ils pourront être plus enclins à y participer activement. Il s’agit, enfin, pour le PSAO/WASP d’user d’une communication crédible qui fasse « se mouiller » les acteurs. La voie « idéale », selon les auteurs de l’étude, passe par les leçons positives apprises de la défunte WASA et du scepticisme général que la fin de cette dernière a suscité, n’est rien d’autre qu’une campagne de communication bien ficelée. L’objectif à elle assigné : articuler la valeur potentielle d’ASIWA aux différentes sortes d’acteurs ainsi que les efforts les impliquant activement dans la commercialisation des semences, tout en privilègiant les champions locaux négligés. Autant le cadre et la structure proposés intègrent ces facteurs, risques, stratégies et modes d’organisation, autant ils doivent le faire pour trois principes stratégiques incorporés dans la conception, le lancement et le fonctionnement d’ASIWA. Le premier, c’est l’orientation vers le Secteur privé, qui est axé sur les besoins des entreprises semencières en croissance et qui crée un environnement favorable à l’accroissement de son rôle dans la chaîne d’approvisionnement des semences. Le second, qui est la valeur ou le pouvoir de « rassemblement », doit être exploité dans le but de créer la jonction entre les acteurs des multiples initiatives, de faciliter la communication de sensibilisation des acteurs, la coordination de captage des synergies et d’optimiser les programmes de développement des semences et d’amélioration de la productivité des chaînes de valeurs des cultures vivrières, de développer la collaboration entre le Secteur privé, le Secteur public et les Partenaires au développement. C’est pourquoi, évitant de faire à la fois trop de choses qui pourraient être mieux faites par d’autres projets de développement, l’ASIWA pourrait aider les acteurs à élaborer des

Un imminent rôle de transfert de savoirs et de technologies De plus, ces alliances comprennent souvent un nombre restreint d’acheteurs modèles dotés non seulement de la magnanimité, de la crédibilité et de l’importance nécessaires pour créer un effet d’attraction qui a ramené d’autres acteurs, mais également intéressés à garantir le succès et la durabilité des efforts consentis. S’y ajoute que les semences ne sont pas perçues comme « un produit de grande valeur ajoutée », bien qu’il soit primordial de rechercher de la valeur dans leurs rendements. Un tel rapport, basé sur la valeur commerciale, crée un risque potentiel pouvant rendre l’ASIWA incapable à attiser l’engouement des acteurs du Secteur privé. Du fait de la concentration du PSAO/WASP sur plusieurs spéculations — maïs, riz, sorgho et légumineuses à graines —, l’ASIWA commercera dans plusieurs types de marchés de différents pays composés de multiples utilisateurs, tels les champions commerciaux potentiels. Or d’autres formes d’alliances sous-régionales font tout le contraire : se concentrer sur un seul produit et une seule chaîne de valeur, « ce qui facilite une plus grande collaboration avec les principaux acteurs du marché, motive les changements dans les pratiques et entraîne des investissements dans l’industrie. », d’après les auteurs de l’étude. Enfin, une des préoccupations de premier plan relative au lancement d’une alliance « orientée vers le Secteur privé », comme l’ASIWA, réside dans le fait que, dans la sous-région, le Secteur privé semencier est de taille relativement petite, avec peu de champions locaux ou sous-régionaux en mesure de jouer un rôle majeur dans sa mise en place, l’influence et sur l’impact. En un mot, le marché privé y comporte un grand handicap qui est qu’il est sous-développé. Cet état de fait suppose que la future Alliance est appelée à être, dans un premier temps, gérée et dirigée par les Partenaires au développement préoccupées par les aspcts stratégiques du développement et du renforcement du Secteur privé et qui utilisent les activités d’ASIWA pour aider à nourrir et à encourager les potentiels champions oeuvrant à l’échelon local et sous-régional. Beaucoup d’acteurs perçoivent aussi la nouvelle Alliance comme s’intéressant plus aux plus grandes entreprises multinationales. S’il est incontestable qu’elles jouent un imminent rôle de transfert de savoirs et de technologies, elles n’en développent pas moins des relations commerciales avec les réseaux locaux de distribution de semences et d’intrants. Une source de continuité et non pas le corset d’un agenda de projet particulier Pour toutes ces raisons, il va falloir, pour relever ou atténuer ces défis, franchir un florilège d’étapes aussi ténues les unes que les autres. Il s’agit, tout d’abord, d’identifier des moyens pour étudier la demande du marché et attirer les champions, dans le but de créer une masse critique suffisante qui puisse séduire assez d’acteurs privés qui s’engageront effectivement et de manière inclusive. CORAF ACTION N° 75

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Ce sont les semences qui font se réunir tant de monde !

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E CHOS solutions d’accès aux services de vulgarisation aux fins d’augmenter les rendements de leurs travaux. Le trosième et dernier principe, qui fait d’ASIWA comme une source de continuité et non pas le corset d’un agenda de projet particulier, est de faire en sorte qu’elle s’appuie sur l’ensemble des connaissances collectées et programmes de développement. C’est en considération de tout ce qui précède que les auteurs de l’étude recommandent la mise en place de cinq structures organisationnelles, quelque peu distinctes, devant constituer l’ossature de l’ASIWA. Ce sont la plateforme faîtière régionale, les affiliés nationaux, les groupes de travail basés sur l’harmonisation des semences et des groupements de commerce et la facilitation de marchés et de groupements de solutions d’investissement.

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le chemin menant à l’atteinte des objectifs fixés et l’aide apportée à l’orientation de mise en œuvre des activités du Plan d’actions 2015, à mi-parcours de la durée de vie du PSAO/ WASP (2013-2017). Ainsi, de cette aventure commune, sont partagés tous les résultats obtenus, leçons apprises et contributions effectuées au profit du développement du système semencier sous-régional. Le Plan d’actions 2015 adopté et approuvé est amélioré ainsi que la gouvernance et la gestion du Programme. Un mécanisme de levée des fonds extra-budgétaires est proposé. En mai 2015, elles ont convenu de mettre définitivement en place l’Alliance sur les semences en Afrique de l’Ouest (ASIWA). Nul doute que cette dernière passera pour être, à leur entendement, une vraie plateforme comptant à la fois des décideurs politiques, des gens du Secteur public, du Secteur privé ainsi que des Partenaires au développement qui partageront généreusement idées et expertise. Sans compter que le Programme de productivité en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP) s’est, d’ores et déjà, engagé à financièrement soutenir le développement d’un projet semencier destiné aux Organisations de producteurs, comme le Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA). Entre temps, surviennent de nouvelles préoccupations au nombre desquelles on compte la clarification du nouveau concept de ce Programme pour sa bonne compréhension par les acteurs nationaux, le soutien essentiel à apporter aux Universités qui améliorent leurs curricula sur les nouvelles filières et l’exigence de la part de ces dernières d’une importante capacité d’alignement sur les standards académiques internationaux. On y compte également le besoin impérieux d’installer une université sous-régionale tournée vers le Secteur privé, d’élargir les bases de la nouvelle Alliance après une large consultation qui assure l’adhésion de nouveaux acteurs venant du dedans et du dehors de la sous-region, d’apprendre des expériences d’alliances entreprises par d’autres sous-regions, régions et continents.

Contact : Ernest Assa Asiedu CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : e.asiedu@coraf.org Skype : ernestasiedu Internet : www.coraf.org

Prochain article : A quoi riment ces cinq structures organisationnelles ?

Afrique de l’Ouest

En 2014, le Programme sur les semences n’a pas fait les choses à moitié !

La collaboration avec l’Organisation régionale africaine de la propriété intellectuelle (ORAPI) et… Dans la même foulée, les parties prenantes ont examiné, de fond en comble, l’exécution de la Politique agricole commune (PAC), du règlement semencier communautaire harmonisé et du Plan d’actions du Comité Ouest africain des semences végétales et plants (COASem). Il en a résulté la révélation selon laquelle, de 4 pays on est passé à 10 qui ont effectivement publié ce règlement dans leur journal officiel et 300 experts en matière politique de 8 pays ont vu renforcées leurs capacités en approvisionnement variétal, en contrôle et en certification de qualité et phytosanitaire. Des préoccupations, nées des politiques semencières, elles ont retenu la nécessité de mettre au point une stratégie assurant l’harmonisation de cette PAC partagée par la CEDEAO, l’UEMOA et le CILLS, de plaider pour une politique commerciale qui ôte les taxes internationales sur les semences, de procurer un appui aux services semenciers nationaux pour une mise en œuvre effective de la politique, de disposer d’un

’ILS S’ÉTAIENT CONCERTÉS, À OUAGADOUGOU, IL Y A DE CELA tout juste deux bonnes années, quand tout devait commencer et être lancé avec le Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest (PSAO/WASP), maintenant, il était temps de s’arrêter, se concerter à nouveau, cette fois pour faire le point ! Eh bien, c’est la chose à laquelle toutes les parties prenantes de ce dernier se sont évertuées, du 13 au 17 décembre 2014, à Lomé, à faire le bilan des résultats obtenus et à jeter les bases des travaux de l’année à venir, c’est-à-dire 2015. Ayant répondu présentes à l’appel de ce Programme financé par le bureau Afrique de l’Ouest de l’USAID, elles se sont penchées sur plusieurs sujets, dont les progrès réalisés sur

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unique système national de quarantaine, de mobiliser les institutions de recherche agricole pour appuyer l’élaboration de catalogues et de manuels de formation sur la règlementation et les procédures sur les semences. Et aussi de faire en sorte que le Secteur public s’y implique et soutient le Secteur privé, notamment en ce qui concerne la production de semences de pré-base, et de dynamiser la synergie déjà existante entre le PSAO/WASP et le PPAAO/WAAPP en ce qui concerne la mise en pratique du règlement semencier communautaire harmonisé. Ont été également passées en revue les avancées notables constatées dans la production de semences de pré-base du nouveau matériel génétique et dans leur distribution, avec 55 tonnes remises à 70 entreprises semencières, compagnies et Organisations de producteurs. Leur minutieux examen montre que les systèmes nationaux de recherche agricole ont bien bénéficié de l’installation de la production des semences de pré-base répondant à la demande de semences de base et de semences certifiées (voir tableau 1), les unités semencières des SNRA de l’assimilation des techniques appropriées de production des semences de pré-base.

PSAO/WASP. Dans la mesure où les méthodes d’enquête et d’analyse des données ont été pratiquées dans tous les pays, les mécanismes de mesure des résultats renforcés, les approches de gestion et de quête de performances accomplies tout aussi adoptées à l’échelle nationale et régionale, les composantes du système de suivi-évaluation appliquées, les capacités des équipes nationales et sous-régionales du Programme évaluées tout comme les impacts des formations techniques reçues. Avec les Partenaires techniques que sont des Centres internationaux de recherche agronomique — IITA, ICRISAT et AfricaRice — du GCRAI (Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale), il a été convenu d’appuyer la production des semences de pré-base du nouveau matériel génétique tolérant au stress et adapté aux effets du changement climatique et leur livraison aux SNRA et au Secteur privé (conférer tableaux 2 et 3). Avec le ROPPA et l’ASFTA (Association africaine de commerce des semences), il a été respectivement conclu de coordonner un projet semencier confié à l’ASPRODEP (Association sénégalaise pour la promotion du développement à la base) financé par

Tableau 1 : Volume de la production des semences de pré-base en 2014 et projections sur les années à venir

le PPAAO/WAAPP, de renforcer les capacités des ANCS sur financement du PSAO/WASP et d’abriter le bureau Afrique de l’Ouest de l’AFSTA. En conclusion, les participants ont adressé des recommandations à différentes instances à traduire en mesures concrètes. C’est ainsi qu’à l’endroit d’ASIWA, il est essentiellement attendu qu’elle soutienne les Universités qui ont bien besoin d’améliorer leurs curricula actuels, dans le sens de leur accommodation aux nouvelles filières et de leur capacité à se conformer aux standards internationaux. De même, elle doit tout faire pour que s’établisse le partenariat Universités-Secteur privé et que soit installée l’ASIWA dans le délai prescrit. S’adressant toujours à la même instance en ce qui concerne la politique et la règlementation, il lui est essentiellement demandé d’amener le Secteur privé et les organisations internationales à devenir membres à part entière, statut qui devrait être validé à la prochaine rencontre du COASem, en mars 2015. Elle est également appelée à plaider pour une réforme politique commerciale qui harmonise la taxation sur les semences, y compris les semences des cultures horticoles, à tenir à bras le corps les services nationaux semenciers pour une mise en œuvre effective de la politique semencière.

De même, 362 experts de 5 pays ont également profité de l’enseignement des pratiques de labo, de la production, de la transformation, de la maintenance des semences, des procédures de livraison des variétés, de la coordination et de la planification des semences de pré-base, tout comme de la collaboration avec l’Organisation régionale africaine de la propriété intellectuelle (ORAPI) et l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) pour dynamiser les capacités d’introduction de la gestion intégrée des ravageurs. Le Secteur privé censé prendre le relais de cette tâche Le développement de l’agro-business — 304 petites et moyennes Entreprises (PME) de 6 pays — et le renfocement des Associations nationales de commerce des semences (ANCS) n’ont pas été en reste, puisque les PME ayant tiré tout bénéf du renforcement de leurs capacités techniques et commerciales de réponse aux demandes en semences de qualité, les ANCS du renforcement de leurs capacités d’organisation et d’exécution, de l’appui au développement du partenariat public-privé ainsi qu’avec le Forum pur la recherche agricole en Afrique (FARA). De la même manière, le suivi-évaluation a été satisfaisant quand on se réfère aux réalisations auxquelles est parvenu le CORAF ACTION N° 75

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Tableau 2 : Quantité de semences de variétés améliorées produites, en 2014

Tableau 3 : Nombre d’hectares ayant servi pour la production de semences améliorées, en 2014

Concernant les semences de pré-base, elle doit déployer tous les moyens face à la faible disponibilité des semences de base, pour faire en sorte que le Secteur public puisse les produire et soutenir le Secteur privé censé prendre le relais de cette tâche. En matière d’agro-business, l’ASIWA n’est pas au bout de ses peines, car il va falloir prendre le taureau par les cornes du partenariat Instituts nationaux de recherche-Secteur privé, mais aussi celui du Secteur privé-Secteur privé, à l’instar de celui d’AFSTA-ROPPA. Il en va de la même chose du besoin de nouer celui entre le FARA et l’AGRA (Alliance pour une révolution verte en Afrique). Quant à ce qui touche au suivi et à l’évaluation, il est particulièrement attendu qu’elle apporte les preuves des gains du cheminement et des succès auxquels le PSAO/WASP

est parvenu, sur le plan sous-regional, régional et international, et capitalise les impacts de ce dernier en tant que modèle à dupliquer au niveau des systèmes semenciers africains concernés.

Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail armand.faye@coraf.org armand.faye@yahoo.fr Skype : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org

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En outre, les rencontres parallèles survenues entre cette mission du PSOA/WASP et les coordinations nationales dans ces deux pays cette fois du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP), empreintes d’une vigueur renouvelée, font espérer que la synergie entre les deux Programmes sera tirée vers le haut. D’autant plus qu’au Burkina Faso, l’Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA) a autorisé la coordination nationale du PSAO/WASP de produire désormais des semences de pré-base, mais la question de leurs coûts exorbitants est en train d’empêcher tout accord possible. Puisqu’en effet, la production de la variété de sorgho G3, qui doit prendre en compte celle des variétés G1 et G2, fait ainsi monter en flèche le prix du kilo de G3 à 24 000 francs CFA comparé à celui du kilo de la même variété dans les autres pays. Etant donné les préoccupations saisonnières, il y a lieu que se rencontrent les responsables de l’INERA, du PPAAO/WAAPP et du PSAO/WASP pour négocier à ce sujet, afin que ce dernier puisse prendre une décision. Cela est d’autant plus vrai également qu’au Niger, par accord conclu entre l’INRAN (Institut national de recherche agronomique du Niger) et le PSAO/WASP, la production de semences a atteint pour le riz un record de 3 tonnes et pour le millet un record de 1,5 tonne. Les ayant toutes diffusées, on peut affirmer, sans risque d’erreur, que la fructueuse collaboration entre le PSAO/WASP et le PPAAO/WAAPP fait du Niger un pays à succès ainsi qu’un modèle. Et la collaboration ne s’arrête pas là, car Il est heureux d’apprendre de la bouche du coordonnateur national du PPAAO/ WAAPP que son unité de communication continuera de soutenir toutes les actions de cette nature du PSAO/WASP. Il s’avère donc souhaitable que les représentants des coordinations nationales des deux Programmes au Burkina Faso et de l’INERA se rencontrent en vue d’échanger sur cette question épineuse des coûts excessifs des semences de sorgho. Leurs spécialistes de suivi-évaluation sont aussi à appelés intensifier leurs efforts pour faire faire des progrès au Plan d’action 2014.

Burkina Faso et Niger : les évaluations à mi-parcours sur les semences n’ont pas déçu ! Si « prévenir, c’est guérir », c’est bien pour cela que le Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest (PSAO) du CORAF/ WECARD et le bureau Afrique de l’Ouest de l’United States Agency for International Development (USAID) ont décidé d’effectuer une double évaluation de leurs activités relatives aux semences. A l’interne comme à l’externe. A Par Francis Ofoe KONU l’interne, au sein du PSAO/WASP, dont ses coordinations nationales au Burkina Faso et au Niger, du Projet « Le futur nourrit le futur » de l’USAID/ Afrique de l’Ouest. A l’externe, auprès des participants aux formations sous-régionales organisés par le PSAO/WASP. Ce travail de suivi-évaluation eut lieu, de fin mai à début juin 2014. En suivant les activités à mi-parcours de cette année, le PSAO/WASP a dépêché une mission, au Burkina Faso, puis au Niger, qui a jaugé les progrès accomplis par les coordinations nationales dans la mise en œuvre du Plan d’action 2014, a mené à terme l’évaluation qualitative des données avec leur concours et a effectué une mini-étude avec les participants aux multiples formations sous-régionales où tous les pays sont représentés. Ces multiples formations sous-régionales, dont celles tenues au Burkina Faso et Niger, sur la production des semences de pré-base, le règlement communautaire semencier harmonisé de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), le développement de l’agro-business, etc., ont été aussi des occasions rêvées de recueillir les avis des techniciens experts sur leur manière d’employer les concepts véhiculés par le Programme sur les semences et de déceler les signes annonciateurs des effets produits sur le terrain. En fait, ces données entreront en ligne de compte dans les bulletins de performance trimestriels du Programme. D’une manière plus palpable, des avancées notables ont été notées. En effet, avec l’application du Plan d’actions 2014, les coordinations nationales ont fait des progrès, dans les deux pays, et des recommandations sont formulées pour les aider à apporter les améliorations nécessaires à l’exécution des actions prioritaires. Au Burkina Faso, de l’avis de 10 producteurs privés semenciers sur les 32 participants interrogés, la mini-étude est conduite avec succès. Au Niger, la même réponse est empruntée par les 21 participants interrogés. L’évaluation qualitative des données, quant à elle, a été rondement menée et a abouti à la collecte de documents devant alimenter le système de mise en évidence des données agrégées en cours de mise en place au niveau sousrégional.

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Les Tchadiens à l’école des techniques semencières et de la gestion de leurs données Au PSAO/WASP, tout le monde se forme ! Cette fois, c’était au tour des Tchadiens. L’objet de leur formation portait sur l’examen technique des espèces et variétés végétales devant être inscrites au catalogue national et la gestion de leurs données collectées. Cela s’est déroulé, en juin 2014, à NDjamena, avec la Par Paul Senghor. collaboration de l’Institut du Sahel

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(INSAH) du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse (CILSS). Deux épreuves sont exigées aux régulateurs formés pour rendre effective cette inscription : l’épreuve des caractères distinctifs, de l’homogénéité et de la distinction qui permet d’identifier précisément la variété candidate et l’épreuve de la valeur agronomique et technologique qui sert à savoir dans quelle mesure elle est utilisable. Une formation pratique, disons plus manuelle, lui a succédé pour inculquer aux chercheurs sélectionneurs des aptitudes à se servir de l’outil de gestion informatique des données de catalogue, spécialement conçu par le Seed Science Center de l’Université de l’Etat d’Iowa des EtatsUnis pour la Commission de la CEDEAO (Commission économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Cette dernière formation pratique est censée leur donner l’aptitude à générer les données nécessaires au développement ou à la mise à jour du catalogue qui, rappelons-le, relève de la seule responsabilité du Comité national de commerce des semences (CNCS), dont le secrétariat est assuré par le Service semencier national en charge du contrôle et de la certification des semences. Ficelés, les thèmes de tous les deux volets de cette formation vont de l’introduction générale à l’examen de la distinction, de l’homogénéité, de la stabilité et à l’hamonisation des obtentions végétales, en passant par le modèle des principes directeurs pour la conduite du contrôle de cet examen des variétés candidates de riz, de maïs, de sorgho, de mil et l’introduction à l’épruve de la valeur agronomique et technologique des variétés candidates à l’inscription au catalogue national. Mais le fait que le Tchad soit à la fois membre du CILSS, donc de la CEDEAO, et se situe en Afrique centrale, donc membre de la CEMAC (Communauté économique des Etats d’Afrique centrale), ne constitue-t-il pas un problème ? Loin s’en faut. C’est tout bénéf pour lui, d’autant que le règlement semencier communautaire harmonisé en plein chantier, en Afrique de l’Ouest, ne sera certainement pas différent, sur le fond, de celui de l’Afrique centrale qui est en préparation.

Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles. Le CORAF/WECARD est une association internationale a but non lucratif née, en mars 1987, et regroupe actuellement 22 Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) de la sous-région. Il s’appelait alors la Conférence des responsables de recherche agronomique africains et français, changée, en 1995, en Conférence des responsables de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, puis, en son actuel nom, en 1999. Le CORAF/WECARD a pour vision et pour mission la réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et l’amélioration durable du système de recherche agricole, de la productivité, de la compétitivité et des marchés par la satisfaction des principales demandes des acteurs adressées aux SNRA. Parmi celles-ci, les données et informations scientifiques vulgarisées que véhicule, depuis octobre 1996, Coraf Action éditée avec à travers le Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest du CORAF/WECARD, le présent appui financier bureau Afrique de l’Ouest de l’USAID (United States Agency for International Development).

Directeur de publication Harold Roy-Macauley

Directeur de la rédaction Abubakar Njoya

Directeur adjoint de la rédaction Anatole Yékéminan Koné

Rédacteur en chef Armand Faye

Comité de rédaction et de lecture Ernest Assah Asiedu; George Muluh Achu Vincent Joseph Mama, Abdourahamane Sangaré Mbène Dièye, Hamadé Kagoné Abdulai Jalloh, Niéyidouba Lamien Folarin Sunday Okelola, Yacouba Diallo Francis Ofoe Konu, Julienne Kuiseu Jérôme Konan Kouamé, Mika Ndongo

Mise en pages Ngor Sarr Alassane Dia

Postage en ligne Gorgui Alioune Mbow

Documentation, édition et diffusion CORAF/ WECARD

La production de semences est faite pour être distribuée, et largement…

Version anglaise disponible CORAF/ WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : armand.faye@coraf.org Internet : www.coraf.org

C'était un amer vieux souvenir le temps où, partout, on faisait face à la pénurie sans nom des semences de base ! Maintenant que nous en produisons, comment peut-on comprendre qu'elles ne soient pas distribuées aux ayantsdroit ? C'était, pourtant, le cas, dans certains SNRA, dont les institutions ont été financièrePar Folarin Sunday Okelola ment soutenues par le PSAO/

ISSN : 0850 5810

WASP. D'où la mission de supervision que ce dernier a dépêché, au Ghana, Burkina Faso et Niger, en juillet 2014.

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NOTE DE LECTURE Rapport final. Evaluation des capacités des laboratoires nationaux et régionaux d’Afrique de l’Ouest qui pourraient servir de centre d’excellence de la CEDEAO et du CORAF/ WECARD en biotechnologie et biosécurité. Par Abdourahamane Sangaré, de Côte d’Ivoire. Après avoir abordé, dans les éditions antérieures, les forces et faiblesses des capacités techniques des principaux labo des SNRA et Institutions internationales exerçant dans la biotechnologie et la biosécurité en Afrique de l’Ouest, du contexte sous-régional, régio-

nal, continental et mondial ainsi que des raisons qui justifient l’entreprise d’une telle étude, puis de ce qu’est la biotechnologie, ce document, de la plus haute importance pour le CORAF/WECARD (www. coraf.org) et la CEDEAO (Communauté éco-nomique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), a commencé, dans la présente édition, à nous faire mieux connaître ses multiples applications dans la vie de tous les jours. Après son application en amélioration génétique et en génotypage, poursuivons par celle en cartographie génétique, en identification des quantités de

S'il est vrai que prennent du temps et du capital les progrès en matière de génération de semences, leur préfinancement est tout aussi obligatoire. Surtout en ce qui concerne l'approvionnement des semences de pré-base. C'est la raison pour laquelle, en 2013, le PSAO/WASP a mis des fonds à la disposition du Crop Research Institute (CRI) et du Savannah Agricultural Research Institute (SARI) du Ghana, de l'Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), et de l'Institut national de recherche agronomique du Niger (INRAN), pour qu'ils produisent des semences de pré-base de riz, de maïs, de sorgho et de niébé. Tout en exigeant qu'elles soient distribuées aux organisations et au Secteur privé censés produire les semences de base. Car est restée longtemps sur place, dans les magasins, la production de 11,24 tonnes de riz, de 1,2 tonne de sorgho, de 2 tonnes de millet, de 2,47 tonnes de maïs et de 2 tonnes de niébé, au Ghana et Niger. Heureusement que la mission est arrivée à ses fins. Dans ces trois pays, en effet, toutes les dispositions sont prises, telle la signautre des contrats de production entre le Secteur public et le Secteur privé. Les partenaires de ce dernier sont bien identifiés, qui s'engagent à effectivement utiliser la production de 2014 en 2015. L'Institut de l'environnement et des recherches agricoles (INERA) du Burkina Faso, avec qui aucun contrat n'a pu être contracté en 2013 du fait des coûts exorbitants de la production des semences de pré-base, des efforts ont été faits, de part et d'autre, pour relever ce goulot d'étranglement. Avec les acteurs ghanaéns, il est conclu la production de 14,9 tonnes de semences de base sur 14 hectares, dont 8,9 tonnes de riz sur 6 hectares, 3,5 tonnes de maïs sur 4,5 hectares, 1,5 tonne de sorgho sur 2,5 hectares et 1 tonne de niébé sur 1 hectare, que certains ont commencée. Au CRI, le Secteur privé, qui a pris le relais, traîne les pieds, bien qu'il rassure que toutes les semences serviront, en 2014, lors de

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lipides surfaciques (QLS, portions d’ADN) et en caractérisation des gènes. Ici, le chercheur recherche, dans la cartographie génétique, ces QLS impliquées dans l’expression d’un caractère agronomique donné et les utilise, chez les jeunes plants, comme des indices permettant de sélectionner ce caractère. Ensuite, il les clône, en fait le séquançage et les compare à d’autres gènes connus. De cette comparaison du degré d’homologie ou de similarité entre les séquences du nouveau gène d’intérêt agronomique et celles des banques de gènes permet de caracté-

riser le gène type recherché. De la sorte, il peut, maintenant, s’en servir pour le ciblage et la sélection des variétés ainsi que la transformation des plantes qui peuvent devenir transgéniques sous forme d’OGM (Organismes génétiquement modifiés). Prochains articles : les applications de la biotechnologie que sont le dépistage et l’étude des pathogènes chez les animaux et les plantes ; la multiplication d’individus et la conservation des ressources génétiques ; la transformation des plantes pour l’obtention des OGM ; la biotechnologie appliquée aux ressources animales et halieutiques.

la petite saison culturale qui commence toujours en septembre-octobre. De son côté, les gens de la mission acceptent l'introduction des variétés tolérantes à la sécheresse, d'autant que le Secteur privé les demande pour cette même année. Les recettes, provenant de la vente des semences, ont été placées ou domiciliées, sous forme de fonds de roulement, au sein des institutions, en vue de leur assurer une certaine durabilité. Cela ne suffisant pas, il a été rappelé à leurs représentants que les activités de production devront impérativement débuter sans retard et actes préjudiciables aux résultats à signaler avant et non après la production. Au SARI, où la production de semences de riz, de maïs et de sorgho a atteint le bon rendement de 8,24 tonnes, en 2013, l'essentiel de celle de semences de pré-base a été écoulée. Dès lors, il mérite bien le soutien que lui apporte le Projet ATTP financé par l'USAID en matière d'installation de dispositif de production irriguée de semences. Les acteurs nigériens, quant à eux, ils en ont produit déjà, en tout et pour tout, 15,6 tonnes sur 13,2 hectares, soit 7,2 tonnes de riz sur 2,2 hectares, 2,4 tonnes de sorgho sur 4 hectares et 6 tonnes de millet sur 7 hectares. L'INRAN, à lui seul, en a fait 5,5 tonnes de riz et de millet, en 2013. Ce qui est d'autant plus appréciable qu'une bonne partie de la production de semences de base, surtout du sorgho, a été diffusée. A tel point qu'un accord pour la production de la même quantité totale, en 2014, a été conclu et déjà mis en chantier. Les acteurs burkinabè ont accepté de discuter le budget et la revue des coûts avant le mois de juillet, pour que commence la production. Pour juguler cette lenteur, tout le monde s'y est mis, c'est-à-dire les Centres internationaux de recherche agronomique, la Coordination régionale du PPAAO/WAPP (Programme de production agricole en Afrique de l'Ouest), l'unité semencière, le Secteur privé. L'union ne fait-il pas la force ?

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