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4e bimestre 2015
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LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE
Sénégal, Cameroun et Niger
Maïs et niébé : après lutte et conservation contre les insectes, leurs produits dérivés prêts-à-consommer Accroître la productivité agricole et promouvoir les technologies après-récoltes a pour toile de fond une situation malencontreuse où les pertes sont incontestablement très élevées. Et ceci est d’autant plus problématique qu’elles touchent essentiellement les deux spéculations de base que sont le maïs et le niébé. C’est ce qu’indique le rapport 2012 du Projet post-récolte. Suite et fin.
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PRÈS LE DÉVELOPPEMENT DES TECHnologies de lutte contre les insectes des stocks de maïs et de niébé (voir les deux éditions précédentes), le Projet post-récolte s’est consacré aux activités qui les suivent naturellement :
leur transformation secondaire en farines et en farines composées et leur transfèrement stratégique en milieu artisanal, industriel et consommateur. Les résultats préliminaires, atteints en 2012, attestent que les chevilles ouvrières que sont ses
équipes nationales coordonnées par une équipe sous-régionale sont sur la bonne voie menant à 2013 qui en est le terminus. Répondant au vrai nom de Projet sousrégional « Promotion de technologies
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DE LA RECHERCHE REGIONALE Quant aux formulations des farines composées, elle a procédé à des essais préliminaires qui ont porté sur 5 formulations de farines instantanées testées à micro-échelle (moins de 500 grammes, mouture manuelle des ingrédients à la machine au labo) qui asseoient les conditions expérimentales initiales, de même qu’à la procédure expérimentale à échelle artisanale.
post-récoltes de conservation et de transformation du maïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leur qualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre », il sert aux Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) du Sénégal, de la Guinée, du Niger et du Cameroun, appartenant au CORAF/WECARD soutenu par le DFID (Department for International Development) du Royaume-Uni, qui l’ont initié, d’arriver à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté, au niveau sous-régional.
Mise en place de la Plateforme et la diffusion des prix sur les marchés
Transformation par concassage au moyen d’un moulin à meule
Au Niger, l’équipe nationale du Projet a développé l’incorporation du niébé dans la fabrication du pain acceptable jusqu’à 20 %, la formulation d’aliments de complémentation pour enfant à 30 % de niébé, l’amélioration du procédé de fabrication de la farine de niébé, l’optimisation participative des procédés de fabrication des beignets, appelés kossai ou akara, et des boulettes de niébé, appelés dan waké ou gabda. Pour ce faire, elle a coopéré avec 14 groupements féminins qui ont vu leurs besoins de formation identifiés et permis à 2 techniciens du développement rural de niveau BAC + 1 de soutenir leur mémoire de fin de cycle. Elle est également devenue partenaire d’un centre de formation en boulangerie, répondant au nom d’Agape (qui veut dire « amour » en grec), pour le développement des technologies de panification. Puis, elle a signé, avec l’INRAN et le PRODEX (Projet de développement des exportations et des marchés agropastoraux) une convention pour le développement et la diffusion des technologies de transformation du niébé ainsi qu’un accord de collaboration avec la Plateforme paysanne du Niger installée par le Projet « Partenariat entre la recherche et les Organisations de Producteurs pour une amélioration de la qualité, une labellisation et une meilleure mise en marché des produits transformés des filières agricoles prioritaires au Sénégal, au Togo, au Niger et au Bénin » lancé par le CORAF/WECARD. Lors de la journée portes ouvertes, organisée dans le cadre de la célébration de la Journée nationale de la femme nigérienne (JNFN), à Niamey, et à la onzième édition du Forum régional de la recherche et de l’innovation technologique (FRSIT) à Ouagadougou, ces derniers ont été exhibés. Sans compter que la mise au point des produits diversifiés à haute valeur ajoutée et appréciés des consommateurs, le test de fabrication de pain composite niébé-blé, l’évaluation sensorielle des pains à 15 % et des pains à 20 et 25 % d’incorporation de la farine de niébé, la détermination des caractéristiques de la pâte et du pain composite, l’optimisation et la diffusion des bonnes techniques de fabrication des farines infantiles à haute valeur nutritive. Mais la mise en place de la Plateforme et la diffusion des prix sur les marchés, les seules activités n’ayant pas été exécutées, quand vont-elles l’être ?
Mais si, depuis 2011, leur équipe nationale sénégalaise, conduite par l’Institut de technologie alimentaire (ITA), guinéenne, conduite par l’Institut national de recherche agronomique de Guinée (IRAG), et camerounaise, conduite par l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD), s’est défoncée sur le volet technologies améliorées de transformation et du maïs et du niébé, l’équipe nationale nigérienne, conduite par l’Institut de recherche agronomique du Niger (INRAN), a tout misé sur celle du niébé, en l’occurrence, vu les avantages comparatifs dont dispose le pays. Et c’est ainsi qu’au Sénégal, l’équipe nationale du Projet a mis au point et testé des formules de farines infantiles facilement utilisables par les populations locales. Dix formules, essentiellement à base de maïs et de niébé et contenant d’autres ingrédients comme l’arachide, la carotte ou le Moringa, ont été soumises à l’appréciation d’un groupe de dégustateurs. Au préalable, il lui a fallu procéder à la sélection des formules, au traitement des ingrédients de base et à l’analyse sensorielle des farines.
Des farines à base de maïs et de niébé dégustés par des testeurs, à l’Institut de technologie alimentaire (ITA), au Sénégal.
Contact : Anatole Yékémian Koné CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : anatole.kone@coraf.org Internet : www.coraf.org
Au Cameroun, l’équipe nationale du Projet a conduit des opérations de transformation par concassage au moyen d’un moulin à meule qui écrase les condiments, l’arachide et la tomate ainsi que des opérations technologiques chez les transformatrices. CORAF ACTION N° 79
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Au Sénégal, les farines de maïs et de niébé inventées bousculent les limites de l’invention
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le soutien du DFID (Department for International Development) du Royaume-Uni. Comment leur Projet post-récolte commun s’y est-il pris ? Premièrement, en inventant des farines et des farines composées à base de maïs et de niébé, au moyen des procédés de transformation habituels. Commençant par la mise au point de farines infantiles facilement utilisables par les populations locales, l’équipe nationale sénégalaise a procédé à des tests, dans le labo de la division nutrition de l’ITA. Il en est
Avant de penser à manger, pensons avant tout de ce qui nous fait manger ! N’est-ce pas là gage de durabilité de la fourniture alimentaire que de se préoccuper des technologies de lutte contre les insectes des stocks de maïs et de niébé, de la production et de la fabrication de ses sous-produits. Après les technologies de lutte et de conservation développées, la série d’articles commence et prend fin sur les technologies de transformation réalisées au Sénégal, au Cameroun et au Niger.
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OUR QUELLE FIN LUTTE-T-ON EN PRÉSERVANT LES CULTURES DU
ainsi de 10 formules contenant aussi l’arachide, la carotte et le Moringa, qu’un panel de dégustateurs ont bien voulu apprécier.
maïs et du niébé si ce n’est pour voir leurs récoltes transformées en sous-produits destinés à la consommation ? En 2012, de tels produits dérivés étaient déjà disponibles sur le « marché » grâce au Projet post-récolte, de son vrai nom Projet sous-régional « Promotion de technologies post-récoltes de conservation et de transformation du maïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leur qualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre ». De 2011 à 2013, ses initiateurs, que sont les Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) du Sénégal, de la Guinée, du Niger et du Cameroun membres du CORAF/ WECARD, entendent contribuer à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté, en Afrique de l’Ouest et du Centre, avec
La farine fermentée permet non seulement de réduire les chaînes d’amidon, donc facilite la digestion… Pour y parvenir, elle les a élaborées, testées et sélectionnées (voir tableau 1), selon la valeur nutritive des ingrédients de base — le maïs pour sa valeur énergétique et le niébé pour son apport en protéines —, la disponibilité des matières premières et leur prix sur le marché local, leur innocuité auprès des enfants après l’élimination des facteurs anti-nutritifs et le respect des doses maximales de compléments minéraux vitaminés (CMV) recommandées, la facilité de préparation et d’utilisation de ces farines.
Tableau 1 : Formules retenues pour les tests des farines infantiles
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Deuxièmement, l’équipe nationale s’est adonnée au traitement des ingrédients de base, dont elle s’est procuré les matières premières sur le marché local, tout de même en veillant scrupuleusement à leur qualité phytosanitaire due à l’absence de corps étrangers, tels les insectes, la moisissure, etc. Concernant le maïs, elle a travaillé sur plusieurs formules : la farine de maïs simple, la farine de maïs germé et la farine de maïs fermentée. Pour fabriquer la farine de maïs simple, il leur a fallu laver et désinfecter le maïs avec de l’eau bouillante, puis le sécher à l’étuve à 35° C, pendant 24 heures, broyer ce maïs séché pour obtenir une farine tamisée puis torréfiée à feu doux, pendant 15 minutes. S’agissant de la fabrication de la farine de maïs germé, elle s’est souciée d’assurer que le maïs soit bien germé (on dit qu’il est arrivé au maltage), en lavant et en désinfectant 500 grammes dans 1 litre d’eau additionné de 3 bouchons d’eau de Javel. Après rinçage, elle trempe le maïs dans 1 litre d’eau, pendant 24 heures, pour laisser les grains absorber l’eau. A la fin du trempage, elle égoutte les grains puis les dispose, dans un plateau préalablement recouvert de coton imbibé d’eau, les laisse à la température ambiante, pendant 48 heures, les dégerme, les sèche, les broie et tamise la farine obtenue. Enfin, elle en fait des alpha-amylases qui facilitent la digestion de la bouillie par les enfants.
Voici de la farine de maïs fermentée.
Pour ce qui est du niébé, l’équipe nationale s’est soigneusement mise à son triage, à son lavage et à sa désinfection avec de l’eau javellisée. Elle l’a, ensuite, trempée, pendant 6 heures. Après égouttage, elle lui a enlevé la pellicule, puis l’a séchée et lui a broyé les graines sèches. La farine obtenue est tamisée et torréfiée à feu doux, pendant 15 minutes. Les gens qui vont les déguster parmi les agents de l’ITA Quant à l’arachide, elle trie et torréfie ses graines. Après dégermage, elle leur enlève la pellicule, les vanne et les moud afin d’en tirer une pâte. Le traitement qu’elle a fait à l’oignon vert et au Moringa est le même. Elle les trie, les lave soigneusement, les désinfecte, les découpe en petits morceaux et les sèche à l’étuve. A l’aide d’un mixeur, elle réduit leurs feuilles sèches en farine. La banane étant de la partie, elle la choisit mature mais pas trop. Après pelage et découpage en lamelles, elle les sèche à l’étuve et les mixe pour obtenir une farine. Il en va de même du complément minéral et vitaminé composé de fer, de Zinc et de vitamine A, et dont l’application de la dose recommandée est de 0,2 % équivalant à 1 gramme pour 500 grammes de farine. Les œufs, l’huile de palme et le lait en poudre, par contre, elle les achète sur le marché local (ainsi que la farine de fonio auprès d’une coopérative locale) et les intègre dans certaines formules pour augmenter leur valeur nutritive. De bien entendu, elle incorpore le sucre dans toutes ces formules.
Voici de la farine de maïs maltée.
En ce qui se rapporte à la farine de maïs fermentée, elle lave et désinfecte également 1 kilo de brisures de maïs à l’aide de 3 bouchons d’eau de Javel pour 1 litre d’eau. Après égouttage, elle trempe les brisures dans 2 litres d’eau contenus dans un seau fermé pour favoriser la fermentation anaérobie (sans air). Au bout de 24 heures, elle égoutte et sèche les brisures fermentées à l’étuve à 35° C, pendant 24 heures, et réduit les brisures sèches en farine. De ces faits, la farine fermentée permet non seulement de réduire les chaînes d’amidon, donc facilite la digestion, mais aussi d’introduire une saveur acide dans la bouillie et d’améliorer sa stabilité en limitant la croissance de certains micro-organismes. CORAF ACTION N° 79
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Voici de la farine avec de l’huile de palme.
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Troisièmement, l’équipe sénégalaise du Projet en arrive à la phase d’analyse sensorielle des farines mises au point. Elle choisit les gens qui vont les déguster parmi les agents de l’ITA. Pas en une fois, mais en plusieurs séances pour comparer leur odeur, goût, texture, couleur et acceptabilité générale. Ce dernier paramètre mesure la préférence de ces gens compte non tenue de la valeur intrinsèque de la farine. Des notes, allant de 0 à 5, sont attribuées à chaque paramètre. Les résultats ont été analysés sur Minitab 16.0. Une analyse de la variance, suivie du test de Fischer, a permis de ressortir les différences existant entre farines pour les cinq critères soumis à évaluation. Un autre facteur participe à leur dépréciation générale Parmi ces derniers, citons, d’abord, l’odeur. Aux dires des gens de l’équipe, les tests d’homogénéité des moyennes (ANOVA), qu’ils ont réalisés, donnent un F = 18,39 ; un ddl = 9 ; un P = 0,000 au seuil de 5 %. Car ils observent des différences hautement significatives entre farines. Autant dire que vu la figure 1, sous l’angle groupal, celui dont l’odeur est la moins appréciée est formé par les farines F8, F9 et F10, alors que celui, constitué de F7, de F2, de F6, de F5, de F4, de F1 et de F3, voit son odeur passer relativement pour la plus appréciée, même si, statistiquement, celle de F7 sort du lot.
Figure 2 : Appréciation du goût des farines (les moyennes, ne partageant aucune lettre, sont sensiblement différentes).
Tenons également compte de la texture qui indique des différences hautement significatives entre farines. L’ANOVA donne donc un F = 6,63 ; un ddl = 9 ; un P = 0,000 au seuil de 5 %. A la figure 4, la texture des farines F7, F2, F5, F4 et F6 est presque semblable, mais elle est légèrement meilleure chez F7. Statistiquement, il est pareil chez les farines F1, F9 et F10, exception faite de F7. A contrario, F8 et F3 présentent la texture la moins appréciée de toutes !
Figure 1 : Appréciation de l’odeur des farines (les moyennes, ne partageant aucune lettre, sont sensiblement différentes.). Figure 3 : Appréciation de la texture des farines (les moyennes, ne partageant aucune lettre, sont sensiblement différentes).
Prenons, ensuite, le goût. L’ANOVA y donne un F = 13,54 ; un ddl = 9 ; un P = 0,000 au seuil de 5 %. Ce critère fait voir que les farines entretiennent des différences hautement significatives. Ci-contre, la figure 2 met bien en évidence une appréciation bien différenciée de ce critère chez les 10 farines employées. Tout comme pour l’odeur, le goût rend la farine F7 plus attractive, tout comme F2. Cette dernière forme un groupe statistique avec F6, F5, F4 et F1, à l’intérieur duquel se distinguent les sous-groupes F2-F6 et F5-F4-F1. Les suivent la farine F3 qui forme un sous-groupe intermédiaire et les farines F10, F9 et F8. Le goût de F10 se différencie, néanmoins, de manière significative de celui de F8.
Considérant aussi la couleur, l’ANOVA révèle des différences hautement significatives entre les farines, puisque F = 6,63, ddl = 9 et P = 0,000 au seuil de 5 %. Autant la couleur de F7, de F5, de F4 et de F6 ne diffère pas significativement de celle de F2 et de F1, autant celle de ces deux dernières est identique à celle de F9. Du reste, si également cette dernière présente une couleur moins appréciée que celle de F7, de F5, de F4 et de F6, il se trouve que celle de F10, de F8 et de F3 est beaucoup moins appréciées que celle de toutes les autres, comme le montre la figure 4.
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DE LA RECHERCHE NATIONALE les dégustateurs les ont classés par ordre de préfé-rence. Pourtant, les membres de l’équipe ne peuvent en dire autant pour la fraction de niébé, les meilleures farines comportant 18 ou 15 % de niébé. Les farines les moins appréciées — F9, F3, F10 et F8 — en contiennent 10 %, exception faite de F3. Ceci montre qu’au moins un autre facteur participe à leur dépréciation générale. En 2013, ils poursuivront le travail d’évaluation sensorielle… Avant d’en arriver aux autres facteurs, disons que l’examen de la composition de la farine F8, manifestement la moins prisée tant pour les critères pris séparément que pour l’acceptabilité générale, fait ressortir quelques explications possibles. En effet, la teneur en sucre, qui est la même que celle de F9 et de F10, est moindre que celle des 7 autres farines. La présence de Moringa, de la carotte ou de l’oignon peut être l’élément de la discrimination négative ou y contribuer. Il en est de même du maïs fermenté dans F3 ou encore des œufs dans F10. Le fait qu’ils y aient incorporé de la pâte d’arachide semble défavoriser les farines F8, F9 et F10, ce qui ne l’est, toutefois, pas avec F5 et F6 qui font partie du groupe de farines le plus prisé. Cependant, le lait et (ou) le maïs germé sont sans doute à la base du choix de F7. Il apparaît donc pour les membres de l’équipe que le choix d’un type de farine donnée reste très complexe. Selon eux, la texture apparaît comme le critère le moins discriminé et, ainsi, participerait peu à la cotation générale. Peut en être une des causes la faible variation du maïs et du niébé dans les différentes farines. Ils préconisent alors de faire des tests, grandeur nature, pour les farines F7, F6, F5, F1 et F2 – cette classification ne tient, cependant, pas compte de leur valeur nutritive intrinsèque. Ils suggèrent aussi d’effectuer des analyses chimiques complémentaires pour déterminer exactement leur valeur nutritionnelle, tout comme, d’ailleurs, pour planifier, sur au moins 6 mois, une étude relativement à la stabilisation des farines. A cet égard, ils mettent au point 6 autres farines, en utilisant deux types de compositions — mil, sorgho, niébé, sésame, huile d’arachide, pain de singe, Moringa et sucre — et 3 procédés : la co-fermentation des ingrédients en farine, la fermentation des grains et la torréfaction des ingrédients. Les ingrédients utilisés sont de ces compositions. La valeur nutritionnelle de ces nouvelles inventions a été déterminée et des échantillons ont été placés au laboratoire pour analyse complémentaire de la densité énergétique et de la viscosité. Les caractéristiques nutritionnelles sont consignées dans le tableau 2.
Figure 4 : Appréciation de la couleur des farines (les moyennes, ne partageant aucune lettre, sont sensiblement différentes).
Terminons, enfin, par l’acceptabilité générale. Il est clair que les différences, mises en exergue par ce critère, sont hautement significatives, puisque l’ANOVA donne un F = 15,33 ; un ddl = 9 ; un P = 0,000 au seuil de 5 %. En revanche, si les farines F7, F6, F5, F1, F4 et F2 sont les plus appréciées selon ce critère, les dégustateurs apprécient bien moins celui de la farine F8. A souligner que, statistiquement, les farines F9 et F3 forment un groupe homogène de même que F3 et F10.
Figure 5 : Appréciation de l’acceptabilité générale des farines (les moyennes, ne partageant aucune lettre, sont sensiblement différentes.).
Arrêtons-nous, un instant, pour réfléchir sur ces résultats préliminaires et discuter leur sens. Vu depuis l’angle de la composition de ces farines, dont le groupe le plus apprécié est F7, F6, F5, F1 et F2, la variation de la quantité de maïs, qui se situe entre 40 et 50 %, n’a point d’effet sur la manière dont
Tableau 2: Caractéristiques nutritionnelles des 6 autres formules
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E CHOS En 2013, ils poursuivront le travail d’évaluation sensorielle et l’étude de stabilisation de ces farines. Enfin, au courant des mois de février et de mars 2012, une trentaine d’acteurs ont bénéficié de formation sur les technologies de conservation et de transformation du maïs et du niébé et leur transformation primaire et secondaire.
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opérations technologiques, la formulation de farines composées ainsi que la formation des cadres. Pour ce qui est des opérations de transformation, elles se déroulent chez le seul opérateur de la contrée rencontré au marché de Yelwa, un garçon âgé de 18 ans. Il travaille, tous les jours sous une véranda, avec un moulin à meules, équipé d’un moteur électrique, qui écrase les condiments, l’arachide, la tomate. Il concasse le niébé en tasses, en seaux et en sacs. Les ingrédients locaux peuvent être mis à contribution
Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail armand.faye@coraf.org armand.faye@yahoo.fr Skype : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org
S’agissant des opérations technologiques, elles sont effectuées par les transformatrices, des femmes de 18 à 50 ans, qui travaillent pour leur compte personnel, dans la ville de Garoua et ses environs. S’approvisionnant en matières premières mises en sacs, en seaux et en tasses selon leurs moyens, elles fabriquent des gâteaux et beignets de niébé qui ont respectivement pour nom « koki » ou « alélé » (voir encadré 2) et « kossey » (voir encadré 1), une à sept fois par semaine. Certaines achètent le niébé en grains et d’autres déjà concassé. Au moyen du bois et du charbon, certaines font la cuisson là où elles vendent même, à l’abri d’un hangar en paille, tandis que d’autres le font à la maison avant d’aller vendre. Elles les vendent emballés dans des sachets plastiques. Périssables, ils sont immédiatement consommés à la maison ou distribués hors du cercle familial.
Au Cameroun, les voisins pas la seule richesse, les dérivés du maïs et du niébé aussi
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Comment fabrique-t-on le kossey ?
OICI UN PAYS QUI N’EST PAS SEULEMENT RICHE DE SES MULTI-
ples voisins, ceinturé qu’il est, au Sud-Ouest par l’Océan Atlantique, à l’Ouest par le Nigéria, au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée Équatoriale, à l’Est par la République Centrafricaine et au Nord-Est par le Tchad et… le Lac Tchad. Il l’est tout autant de son agriculture vivrière, socle de son économie et principal vecteur de sa croissance. La culture, la production, la conservation, la transformation et la commercialisation du maïs et du niébé s’y ayant fait une place de choix, l’on saisit toute l’importance que leur accorde le Projet post-récolte présent dans l’Extrême-Nord, depuis 2011, pour un séjour jusqu’en 2013. En 2012, le Projet sous-régional « Promotion de technologies post-récoltes de conservation et de transformation du maïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leur qualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre », de son vrai nom, s’active toujours aussi énergiquement, dans la zone soudano-sahélienne et, plus spécifiquement, la Vallée de la Bénoué, où se trouve la ville de Garoua située au sudouest de Maroua (voir article de l’édition précédente). A l’instar de ses institutions sœurs du Sénégal, de la Guinée, du Niger, toutes membres du CORAF/WECARD soutenu par le DFID (Department for International Development) du RoyaumeUni, l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) pilote l’équipe nationale camerounaise qui se donne corps et âme à contribuer à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté, dans la sous-région. Pour y parvenir, il y a quatre chemins que l’équipe nationale a empruntés. Ce sont les opérations de transformation, les
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Le niébé est acheté sur le marché local ; il est concassé pour détacher la pellicule et réduire la taille des grains ; il est vanné, afin de permettre d’éliminer la pellicule et les débris ; ses grains concassés sont trempés, dans de l’eau, à la température ambiante de 30 minutes à 1 heure de temps, pour les faire gonfler et les ramollir ; les laver plusieurs fois, afin d’enlever les yeux noirs et rouges et les pellicules résiduels, ce à quoi les transformatrices ajoutent l’oignon et (ou) l’ail et le piment ; ils sont broyés pour obtenir la pâte à laquelle est ajouté du sel ; débute alors l’opération de la rendre homogène ; commence la friture que précède l’addition de l’extrait gluant du « kellé », une écorce séchée. La pâte est mise dans l’huile chaude à l’aide d’une cuillère, les beignets sont remués à l’aide d’un bout de bois et cuits lorsque leur couleur est dorée.
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DE LA RECHERCHE NATIONALE Donnant suite à ces essais préliminaires, elle a conçu 5 formulations de farines instantanées (voir tableau 1) qui sont des farines composées testées à micro-échelle, autrement dit à moins de 500 grammes de mouture manuelle des ingrédients à la machine du labo.
Comment fabrique-t-on le Koki ? l l
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Le niébé est acheté sur le marché local ; il est concassé pour détacher la pellicule et réduire la taille des grains ;
Tableau 1 : Formulations des farines composées à base de maïs et de niébé
il est vanné, afin de permettre d’éliminer la pellicule et les débris ; ses grains concassés sont trempés, dans de l’eau, à la température ambiante de 30 minutes à 1 heure, pour les faire gonfler et les ramollir ; les laver plusieurs fois, afin d’enlever les yeux noirs et rouges et les pellicules résiduels, ce à quoi certaines transformatrices ajoutent du piment ; ils sont broyés pour obtenir la pâte à laquelle est ajouté du sel, de l’huile de palme préchauffée et de l’eau parfois chauffée ; débute alors l’opération de la rendre homogène, le mélange se faisant énergiquement ;
A l’échelle artisanale, en vertu de la procédure expérimentale, ses observations préliminaires ont permis de retenir 4 formulations — F1, F3, F4, F5 —, d’évaluer, à une échelle plus grande (2-3 kilos, mouture des ingrédients au moulin chez des prestataires), de reconstituer et d’analyser les préparations selon le tableau 2.
la pâte est conditionnée dans des sachets plastiques et sa cuisson dure au moins deux heures.
Tableau 2 : Paramètres et méthodes d’appréciation des préparations reconstituées
Pour la fabrication des farines et des farines infantiles, l’équipe nationale a jugé utile de visiter la littérature traitant de leur composition. Elle en a tiré la leçon suivante : les ingrédients locaux peuvent être mis à contribution. Ainsi elle propose une formule contenant 2 volumes de céréales – maïs – et un volume de légumineuses – 33 % d’arachide, de soja et de niébé. Le Programme pilote d’appui à la mise à niveau Passant à l’acte de production, elle a procédé au tri, à l’enlèvement de leur pellicule suivi de la torréfaction, de la mouture et du tamisage pour obtenir les farines fines. Evaluant les paramètres physico-chimiques de ces farines ainsi que les facteurs nutritionnels de ces farines infantiles, en recueillant les impressions de mères de familles expérimentées avant la production de masse, l’équipe nationale a effectué plusieurs essais, dans les laboratoires de technologie agroalimentaire de l’IRAD, à Nkolbisson, en banlieue yaoundaise, et à Garoua.
Les tableaux 3 et 4, qui suivent, donnent les conditions de re-constitution des farines instantanées et les caractéristiques de préparation comparées à 3 témoins de fabrication industrielle. A l’issue de ces travaux et après discussion, le laboratoire de l’IRAD à Garoua est évalué pour acquérir prochainement le matériel pour atteindre une production plus importante.
Tableau 3 : Conditions de reconstitution des farines instantanées
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Figure 1 : Aperçus des farines composées (de gauche à droite : F1, F3, F4, F5, Cérélac, Phosphatine, Blédine).
Tableau 4 : Caractéristiques des préparations comparées à 3 témoins de fabrication industrielle
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Figure 2 : Aperçus des préparations reconstituées (de gauche à droite : F1, F3, F4, F5, Cérélac, Phosphatine, Blédine).
Remarquons que l’échantillon F3 (ci-dessus), reconstitué à la proportion 1/2 v/v, était très épais. Il a été repris à la proportion 1/3 v/v, tel que montré ci-dessous.
Au Niger, seuls les sous-produits du niébé occupent le haut… de la marmite
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Dans les mêmes labo, l’équipe nationale est en train de caractériser les farines mises au point.
Le volet formation des cadres de l’IRAD, lui, est pris en charge par le Programme pilote d’appui à la mise à niveau, la normalisation et la qualité (PPAMNQ). Et il portait sur les bonnes pratiques de fabrication, les bonnes pratiques d’hygiène, la méthode d’analyse des risques pour leur maîtrise dite système HACCP (Hazard Analysis Critical Control Points), et la traçabilité en entreprise agroalimentaire.
Contact : Ousmane Ndoye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : ousmane.ndoye@coraf.org Internet : www.coraf.org
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maïs ? Personne. Le pays est suffisamment réaliste pour ne baser ce choix que sur ses avantages comparatifs que lui offre cette légumineuse. Et les résultats préliminaires de 2012 n’ont pas loupé, bien au contraire ! En concentrant ses efforts sur la transformation du niébé, l’équipe nationale nigérienne, managée par l’Institut national de la recherche agronomique du Niger (INRAN), du Projet post-récolte niébémaïs fait du deuxième volet de ce dernier la source de ses succès de l’année. Depuis 2011 jusque et y compris 2013, le Projet sous-régional « Promotion de technologies post-récoltes de conservation et de transformation du maïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leur qualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre », de son vrai nom, a donné le meilleur de lui-même pour véritablement promouvoir et développer les technologies améliorées de transformation du niébé. A côté des autres équipes nationales du Sénégal, de la Guinée et du Cameroun qui ont aussi embrassé le premier volet de promotion des technologies de conservation, de battage ou de décorticage et de conditionnement des grains de maïs et de niébé, il a contribué, à sa manière, à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté dans la sous-région. Et ce, sous les auspices de leur Organisation sous-régionale, le bien nommé CORAF/WECARD soutenu, sans relâche, par le DFID (Department for International Development) du Royaume-Uni, durant toutes les trois années d’existence du Projet sous-régional. En 2012 donc, l’équipe nationale a mis au point 4 technologies : une incorporation de 20 % de niébé dans la fabrication du pain, la formulation d’aliments de complémentation pour enfant à 30 % niébé, l’amélioration du procédé de fabrication de la farine de niébé, l’optimisation de l’utilisation des procédés de fabrication des beignets dits « kossai » ou « akara » et des boulettes dits « dan waké » ou « gabda ». Elle a, en outre, identifié, de façon précise, 4 groupements féminins ainsi que leurs besoins en formation ; elle a permis à deux techniciens de niveau BAC + 1 de l’IPDR (Institut pratique de développement rural) de soutenir leur mémoire de fin de cycle ; elle a développé 3 partenariats avec le Centre
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E CHOS de formation en boulangerie (AGAPE) pour le développement des technologies de panification ; l’INRAN a signé une convention avec le PRODEX (Projet de développement des exportations et des marchés agro-sylvo-pastoraux) pour le développement et la diffusion des technologies de transformation du niébé ; la Plateforme paysanne du Niger a contracté un accord de partenariat de collaboration avec le Projet « Partenariat entre la recherche et les Organisations de producteurs pour une amélioration de la qualité, une labellisation et une meilleure mise en marché des produits transformés des filières agricoles prioritaires au Sénégal, Togo, Niger et Bénin », initié par le CORAF/WECARD. Elle attribue la note 1 au pain le plus apprécié (classé premier) et la note 4… Cerise sur le gâteau, les sous-produits ou dérivés du niébé, qui sont de pures inventions de cette équipe, ont été dévoilés au grand public et aux autorités politiques, lors de la journée portes ouvertes organisée à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la femme nigérienne, à Niamey, mais aussi de la tenue, à Ouagadougou, de la 10e édition du Forum régional de la recherche et de l’innovation technologique. Le seul hic noté est l’absence de mise en place de la Plateforme d’innovation technologique et la non-diffusion des prix sur les marchés. Quant aux appréciations des pains fabriqués à partir de farines composées de blé et de niébé faites, notamment, par les dégustateurs, l’on a pu mieux mesurer la qualité des différentes farines dépendant de l’effet de la variété ainsi que du type de farine. Tout comme le recueil des impressions, provenant des transformatrices ayant participé aux tests d’utilisation des farines des 7 variétés ayant servi à la confection des beignets et boulettes cités plus haut, montre que l’effet de la variété sur la qualité du produit fini est bien perçu. A l’étape de la fabrication de pain composite niébé-blé, l’équipe a développé et diffusé 7 variétés améliorées de niébé acquises auprès de l’unité semencière de l’INRAN. Pour mener à bien cette expérimentation, il lui a fallu tester l’effet de la variété sur la qualité du produit fini. Vingt et une farines en sont fabriquées, soit 3 types — F1, F2, F3 — par variété. Ainsi, à l’AGAPE où se sont déroulées les 16 tests, l’équipe a cherché à déterminer la variété la mieux adaptée, le meilleur taux de substitution du blé par le niébé et le meilleur type de farine de niébé. Trois taux d’incorporation du niébé sont testés : 15, 20 et 25 %. Le dispositif expérimental, un factoriel de 7 X 3 X 3 = 63 essais mis en place, est approprié mais difficile à réaliser, vu le temps et le coût de la prestation au niveau de la boulangerie. C’est pourquoi, dans un premier test, l’équipe a réalisé un test préliminaire pour évaluer les caractéristiques organoleptiques des pains des 27 farines. Trois farines sont tirées au hasard du lot, à chaque séance, pour fabriquer le pain à 15 % niébé. Dans un second test, elle effectue, pour les différentes variétés et pour un type donné de farine, un criblage ou screening, en utilisant un test axé sur le produit. Les caractéristiques des différents pains sont relevées, au cours de la fabrication. Les pains composés ainsi que le pain à 100 % blé (pain de blé) fabriqués et codifiés sont soumis à l’appréciation d’un jury composé essentiellement de la clientèle de la boulangerie,
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qui en a apprécié la couleur, la flaveur, la texture, le goût et l’acceptabilité générale (ag). Les farines des variétés retenues sont mises en compétition avec comme seuls juges les consommateurs et en
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Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles. Le CORAF/WECARD est une association internationale a but non lucratif née, en mars 1987, et regroupe actuellement 22 Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) de la sous-région. Il s’appelait alors la Conférence des responsables de recherche agronomique africains et français, changée, en 1995, en Conférence des responsables de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, puis, en son actuel nom, en 1999. Le CORAF/WECARD a pour vision et pour mission la réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et l’amélioration durable du système de recherche agricole, de la productivité, de la compétitivité et des marchés par la satisfaction des principales demandes des acteurs adressées aux SNRA. Parmi celles-ci, les données et informations scientifiques vulgarisées que véhicule, depuis octobre 1996, Coraf Action éditée avec à travers le Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest du CORAF/WECARD, le présent appui financier bureau Afrique de l’Ouest de l’USAID (United States Agency for International Development).
Directeur de publication Harold Roy-Macauley
Directeur de la rédaction Abubakar Njoya
Directeur adjoint de la rédaction Anatole Yékéminan Koné
Rédacteur en chef Armand Faye
Comité de rédaction et de lecture
Ernest Assah Asiedu, George Muluh Achu Abdourahamane Sangaré, Hamadé Kagoné, Abdulai Jalloh, Niéyidouba Lamien, Yacouba Diallo, Francis Ofoe Konu, Julienne Kuiseu
Mise en pages Ngor Sarr Alassane Dia
Postage en ligne
Gorgui Alioune Mbow, Ndèye Oulèye Anne
Documentation, édition et diffusion CORAF/ WECARD
Version anglaise disponible CORAF/ WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : armand.faye@coraf.org Internet : www.coraf.org ISSN : 0850 5810
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augmentant la part du niébé à 20 et à 25 %. Le test d’homogénéité des moyennes, dit ANOVA, lui a servi pour analyser tous les résultats d’analyse des caractéristiques de fabrication et organoleptiques des pains à l’aide du logiciel GENSTAT. A la suite de quoi, elle passe à l’évaluation sensorielle des pains à 15 % niébé. Elle recourt au test de classement par rang pour obtenir une indication sur la couleur, la texture, le goût et l’acceptabilité générale (ag) des pains des différentes variétés. Elle attribue la note 1 au pain le plus apprécié (classé premier) et la note 4 au pain classé dernier. Les tableaux 1 et 2 en illustrent quelques résultats. Tableau 1 : Caractéristiques organoleptiques des pains à 15 % de farine de niébé
pains à 15 % de farine 1 des variétés 6 et 5, de farine 3 de la variété 3 et le pain de blé. La différence entre les pains à 20 % niébé et le pain de blé n’est pas significative Mesuré au goût et à l’acceptabilité générale, le pain à 15 % de farine 3 de la variété 1 surclasse le pain de blé ; tandis que le pain à 15 % de farine 3 de la variété 2 a une flaveur et une texture meilleures que celles du pain de blé ; et le pain à 15 % de farine 1 de la variété 4 n’est pas du tout apprécié pour sa flaveur et son goût. L’équipe consigne, sur les tableaux 3, 4 et 5, les données relatives à la détermination des caractéristiques de la pâte et du pain composite. Tableau 3 : Caractéristiques de la pâte et du pain à 15 % de substitution de la farine 1
Nombre de dégustateurs = 10 ; significative à P < 0,05 Les dégustateurs ont bien apprécié tous les pains comparables au pain de blé, à l’exception du pain de la farine 1 de la variété 1 (V1), à cause de sa flaveur et de sa texture. De surcroît, ils trouvent le goût du pain de la farine de la variété 7 meilleur que celui du pain de blé. Tableau 2 : Caractéristiques organoleptiques des pains à 15 % de farine de niébé
Nombre de dégustateurs = 10 ; significative à P < 0,05 Au troisième test, le pain de la farine 1 de la variété 3 se révèle généralement accepté plus que le pain de blé, tandis que le quatrième test indique que tous les pains de niébé sont significativement plus appréciés que le pain de blé. En revanche, l’équipe n’a observé, sur les cinquième, sixième et septième tests, aucune différence entre les CORAF ACTION N° 79
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Nombre de répétitions = 3 ; * significative à P ² 0,05 Les résultats attestent que la farine 1 des variétés 4, 6 et 7 donne des pains de volumes faibles et de densité un peu élevée par rapport à ceux du pain de blé, mais cette différence n’est pas significative. Par contre, ils sont très différents quant à leur taux d’hydratation et à la température de la pâte. La farine de la variété 1 a le plus grand taux d’hydratation et donne une pâte de température élevée. Contrairement à cette farine 1, celle dite 2 comporte des pâtes et des pains de farine aux caractéristiques très différentes, sauf quand il s’agit de la température de la pâte. Les pains de farine 2 des variétés 3 et 5 sont denses et de petits volumes. A part la température de la pâte, toutes les caractéristiques des pâtes et des pains de farine 3 sont très différentes de celle du pain de blé. Les pains des variétés 1, 3, 2 et 7 sont les pains les plus denses et de plus faibles volumes. A 20 % d’incorporation de la farine 1, la pâte présente des caractéristiques pratiquement identiques, et il en est de même des pains des différentes variétés de niébé, mais tous les pains sont différents du pain de blé du point de vue volume, densité et poids total.
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Tableau 6 : Caractéristiques organoleptiques des pains à 25% de farine F3 de niébé ^
Nombre de dégustateurs = 15 ; *non significative ; **très significative à P < 0,05
Nombre de répétitions = 3 ; ** très significative à P < 0,05 Par rapport au pain de blé, la pâte et les pains sont de caractéristiques très différentes. Le pain de la variété 7 a le meilleur volume après le pain de blé. Les farines 3 à 20 % ont un taux d’hydratation élevé. Tous les pains sont différents du pain de blé du point de vue volume, densité et poids total. Pour obtenir une indication sur la couleur, la texture, le goût et l’acceptabilité générale des pains des différentes variétés, l’équipe a conduit une évaluation sensorielle des pains à 20 et à 25 % d’incorporation de la farine de niébé. Pour mettre en pratique le test de classement par rang, elle attribue la note 1 au pain le plus apprécié et la note 4 au pain classé dernier. Les tableaux suivants en illustrent quelques résultats.
Tous les pains à 25 % de farine 3 ne sont pas appréciés par les dégustateurs. La différence entre ces pains et le pain de blé est très significative compte tenu de tous les paramètres organoleptiques. Pour tester la fabrication des beignets kossai ou akara et les boulettes dan waké, l’équipe a fabriqué 7 farines de niébé de granulométrie bien donnée, à partir des 7 variétés, avec la collaboration des transformatrices. Les principaux résultats obtenus sont consignés dans les tableaux ci-dessous. Tableau 7 : Caractéristiques technologiques des boulettes gabda ou dan waké
Tableau 5 : Caractéristiques organoleptiques des pains à 20 % de farine 1 de niébé
Nombre de dégustateurs = 19 ; * non significative à P = 0,05 La différence entre les pains à 20 % niébé et le pain de blé n’est pas significative. La flaveur du niébé semble être plus prononcée à partir de 20 % chez la variété 5. Les pains sont acceptables jusqu’à 25 % d’incorporation du niébé qui améliore, du reste, leur couleur. L’équipe en a mis au point 6 au moyen de 2 types de composition et de 3 procédés La différence entre le pain de blé et les pains de farine 3 est très significative, sauf dans le cas du pain de la farine 3 de la variété 6. Donc cette dernière donne un pain acceptable identique à celle du pain de blé.
Les farines n’ont pas le même comportement, lors des traitements technologiques. Pour la préparation du gabda, la farine des variétés 2 et 5 absorbe moins d’eau, tandis que la farine de la variété 4 est avide d’eau. Toutefois, l’écart entre ces taux d’hydratation n’est pas grand. Après hydratation et battage des farines, les pâtes des variétés 5, 7 et 6 ont les poids les plus élevés. La pâte des variétés 5 et 3 a les meilleurs taux de gonflement à l’eau, lors de la cuisson. Les variétés 1 et 4 ne sont pas performantes pour la confection de gabda, malgré le taux d’hydratation élevé de leur farine.
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Pour la préparation du kékéna, la farine des variétés 4, 3 et 5 ont les meilleurs taux de gonflement. Mais les pâtes n’ont pas le même comportement à la friture, la pâte de la variété 3 absorbe plus d’huile par rapport aux deux autres. Pour ce qui est du kékéna, la variété 5 donne un rendement plus faible, alors que les deux autres enregistrent un rendement supérieur à la moyenne. La farine de la variété 1, malgré sa faible capacité d’absorption d’eau, donne un bon rendement de kékéna, avec un taux de consommation d’huile un peu élevé. Les variétés 4, 5 et 1 peuvent être recommandées aux vendeuses de kékéna ou de kossai.
ingrédients. Le mil, le sorgho, le niébé, le sésame, l’huile d’arachide, le pain de singe, le Moringa et le sucre leur ont servi d’ingrédients. La valeur nutritionnelle des 6 formules est déterminée et des échantillons sont placés, au laboratoire de l’ITA de Dakar, pour analyse complémentaire de la densité énergétique et de la viscosité. Les caractéristiques nutritionnelles des formules sont consignées sur le tableau 9. Tableau 9 : Caractéristiques nutritionnelles des formules
Tableau 8 : Caractéristiques technologiques des beignets kékéna ou kossai
Tout ce qui précède inspire l’équipe de recommander au CORAF/WECARD d’organiser une formation sur la Plateforme d’innovation et à la coordination nationale du Projet sous-régional de travailler en synergie avec l’Organisation néerlandaise de développement (SNV) et le PRODEX pour la mise en place prochaine d’une Interprofession nationale de la filière pouvant, demain, servir de Plateforme d’innovation technologique.
En vue d’optimiser et de diffuser les bonnes techniques de fabrication de farines infantiles à haute valeur nutritive, l’équipe en a mis au point 6 au moyen de 2 types de composition et de 3 procédés : la co-fermentation des ingrédients en farine, la fermentation des grains et la torréfaction des
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Contact : Ernest Assa Asiedu CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : e.asiedu@coraf.org Skype : ernestasiedu Internet : www.coraf.org
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NOTE DE LECTURE
Actes de la Conférence continentale sur les liens entre la CSA ont été mis en œuvre sous le parapluie du FARA, dans les preuves produites par la recherche et les politiques les quatre régions de l’Afrique sub-saharienne. pour une adaptation aux changements climatiques en Afrique. Compte rendu d’Armand Faye, du Sénégal. Sur le climat, les conférences, qui s’y tiennent, de partout dans le monde, se ressemblent presque, sauf, pour le moment, celle qui vient de se tenir, à Nairobi, c’était du 10 au 12 mars 2015. Son seul sujet aurait pu suffire pour en administrer la preuve : Conférence continentale sur les liens entre les preuves produites par la recherche et les politiques pour une adaptation aux changements climatiques en Afrique ! Conviés par « AfricaInteract » et « Agriculture en intelligence (sensible au) avec le climat », deux grands Projets continentaux du Forum pour la recherche agricole en Afrique exécutés par ses OSR (Organisations sous-régionales de recherche agricole), ils étaient 180 participants venant de toute l’Afrique subsaharienne au nom du landernau scientifique, de la Société civile, des Orga-nisateurs de producteurs, des Organisations non gouvernementales, de la sphère politique, des Plateformes régionales d’AfricaInteract, du Partenariat au développement ainsi que des autres secteurs non-étatiques du monde agricole, sanitaire, urbain soucieux de la Dr Abdulai Jalloh (en chapeau), coordonnateur d’AfricaInteract, présentant la première communicati question genre. L’intention comme la Conférence. visée étaient de les faire se rencontrer pour partager la masse de données et Depuis 2011, en effet, le CORAF/WECARD, une des Organi d’informations produites et forger une perspective et un cadre sations sous-régionales membres du FARA, l’Organisation de collaboration au sein et à travers les 4 sous-régions continentale faîtière, assure la coordination du Projet Africaafricaines. Interact que soutient financièrement le bureau Afrique subAfricaInteract (voir www.coraf.org), qui était sur la sellette de saharienne du Centre de recherches pour le développement cette conférence, est coordonnée, depuis 4 années (2011), par international (CRDI). Leur intention, à eux tous, est de faire la Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le qu’il s’accomplisse dans la promotion effective du dialogue et développement agricoles (CORAF/WECARD), en la personne de la prise de décision. Car ceux-ci sont bien à même de de son responsable du Programme gestion des ressources conduire les populations vulnérables à adapter aux impacts du naturelles, Dr Abdulai Jalloh, et financièrement soutenu par le changement climatique leur agriculture, système de santé, bureau régional pour l’Afrique sub-saharienne du Centre de préoccupations urbaines comme l’eau et la question genre. recherches pour le développement international (CRDI) du Ainsi l’AfricaInteract travaille à analyser les écarts notés dans Canada, basé à Nairobi et dirigé par le Dr Simon Carter. les importantes options politiques qui fournissent l’information Des 17 communications, âprement discutées et disséquées, il aux décideurs, à organiser des ateliers et tables rondes ressort ce que l’assemblée, réunie en des commissions et en stratégiques impliquant les scientifiques et décideurs poliune séance plénière, ont retenu des conclusions et ficelé des tiques, à former un éventail de groupes sur les questions crurecommandations envers toutes les parties prenantes, qui ciales qui leur permettent d’analyser, de manière effective, les vous sont exposées dans les deux précédentes éditions. A questions liées au changement climatique et d’y mener les partir de celle-ci, nous vous livrons toutes les présentations négociations concrètes, à procurer des supports d’identificarésumées. tion des champions pouvant assister aux conférences internationales et à harmoniser les différentes positions sur le sujet. Au premier thème des résultats de la recherche et les politiques en matière d’adaptation aux changements climatiques Depuis 2013, cette fois-ci, c’est le FARA même qui s’applique dans l’agriculture, Dr Jalloh a donné à l’assistance une vision à mettre en œuvre le second Projet, l’Agriculture en intelligence panoramique des projets. Pour l’histoire, il fait savoir que cela (ou sensible au) avec le climat (CSA), financé par le NORAD fait quatre ans maintenant que AfricaInteract et deux ans que (Norwegian Agency for Development Cooperation ou Agence
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NOTE DE LECTURE norvégienne pour le développement international), avec l’active collaboration de l’ASARECA (Association for Strenghtening Agricultural Research in Eastern and Central Africa), du CCARDESA (Centre for the Coordination of Agricultural Research in Southern Africa) et du CORAF/WECARD (Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles/West and Central Africa for Agricultural Research and Development). Cette solide coalition entend faire en sorte que le Projet CSA encourage la compréhension des facteurs locaux d’économie politique et autres qui stimulent une large adoption de cette nouvelle forme d’agriculture. Pour y parvenir, le Projet CSA entreprend l’élaboration des termes de références des études de génération des données et informations sur la
question genre dans 12 pays, le passage en revue les Plans nationaux d’investissement d’au moins 10 pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) afin d’identifier les écarts et points d’entrées pouvant permettre à la recherche de faire front aux préoccupations soulevées par l’arrivée de cette nouvelle forme d’agriculture, l’étude d’impact de cette dernière sur l’ensemble des facteurs agricoles de la productivité et le développement des règles, systèmes et méthodologies pour inclure la CSA dans les initiatives existantes ou planifiées de 10 pays. D’après le présentateur, tous les deux Projets sont parvenus à atteindre leurs objectifs, d’où cette Conférence ! Présentant le second thème relatif à la synthèse des
résultats de la recherche et les politiques agricoles en matière d’adaptation aux changements climatiques en Afrique sub-saharienne, Dr Emma Liwenga, de l’Université de Dar-Es-Salam, signale, d’entrée de jeu, l’excessive vulnérabilité de l’agriculture de cette région à ce phénomène. De cette affirmation, il tire la conséquence qui est qu’elle requiert donc le fort secours de la recherche et de la politique pour son adaptation. Pour y arriver, une étude d’envergure continentale est entreprise. Dans les quatre sousrégions, regroupées au sein des Organisations économiques régionales (OER) que sont la CEDEAO, la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale), l’EAC (East African Community ou Communauté de l’Afrique de l’Est) et la SADC (South African Devel-
opment Community ou Communauté de développement de l’Afrique Australe), sont à l’étude les sous-secteurs de la production vivrière, de l’élevage, du pastoralisme et de la pêche. Selon lui, l’étude fait partie intégrante des activités d’adaptation, menées dans le cadre du Projet AfricaInteract, par la Plateforme pour le partage des connaissances entre scientifiques et décideurs politiques. Financée par ce bureau régional du CRDI et coordonnée par le CORAF/ WECARD, sous la houlette du FARA entré en partenariat avec le FANRPAN (Food, Agriculture and Natural Resources Policy Analysis Network ou Réseau d’analyse des politiques sur l’alimentation, l’agriculture et les ressources naturelles), la COMIFAC (Commission des forêts d’Afrique Centrale), ENDA Tiers-monde et l’ASARECA.
Dr Sicily Kanini Kariuki, Secrétaire principale au département kényan de l’agriculture, qui a officiellement ouvert la conférence, recevant ici des mains du Dr Paco Sérémé, directeur exécutif par intérim du CORAF/WECARD, le rapport continental de synthèse des résultats et évaluations des écarts de la recherche et des politiques : les zones urbaines, l’agriculture et la santé.
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