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LETTRE D'INFORMATION
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4e trimestre 2011
POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN
AFRIQUE
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AGRI
COL
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DE L'OUEST ET DU
CENTRE
Burkina Faso, Niger et Sénégal
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Le couple micro-dose-micro-crédit s’avère un atout précieux des producteurs agricoles
VEC LES DOUZE PROJETS DE PREMIÈRE
génération (2005-2008), initiés par le CORAF/WECARD, la BAD (Banque africaine de développement) n’en est pas à son premier « essai » financier. Le Projet « Transfert de la technologie de fertilisation par microdose et des variétés tolérantes à la sécheresse pour la prospérité des petits producteurs agricoles du Sahel », en est une autre illustration éloquente. En Afrique de l’Ouest sahélienne, ce sont le Burkina Faso, le Niger et le Sénégal qui ont profité de la promotion de l’utilisation à grande échelle de ces deux technologies. D’arrache-pied, durant 3 ans, le Consortium, formé de deux Institutions nationales de recherche agricole, d’un Centre régional de recherche, de deux Centres internationaux de recherche agronomique, de deux Organisations non gouvernementales, d’une Organisation des producteurs fédérative et d’un Projet de développement, s’est armé de l’approche participative pour venir à bout des activités assignées au Projet. Qu’Il s’agisse des tests et démonstrations des technologies de micro-dose et de variétés tolérantes à la sécheresse, de la formation des producteurs, agents et techniciens des ONG visant le relèvement de leur niveau de technicité et de maîtrise, de la formation des producteurs et techniciens au système du warrantage de micro-crédit et de l’élaboration des supports didactiques.
Micro-dose d’engrais mesurée à l’aide d’une tare de capsule de bouteille et appliquée à la culture du sorgho.
A terme échu, le Projet pouvait, incontestablement, se prévaloir de plusieurs résultats et acquis essentiels. Au moins 5 200 producteurs ont été formés et appliquent la technologie de la microdose sur presque toutes les cultures. Les rendements du sorgho ont moyennement augmenté de 67 %, du mil de 57 %, du niébé de 97 %, de l’arachide de 26 % et du sésame de 42 %, selon les années et les pays. L’amélioration de la productivité a entraîné celle très significative des revenus des producteurs. Le rapport valeur-coût de la mi-
cro-dose varie de 2 à 7, selon les cultures et l’année, au Burkina Faso. La porte menant aux activités génératrices de revenus
La mise en œuvre du warrantage a permis de résoudre le problème du crédit des producteurs, en ce que le micro-crédit leur est désormais accessible et leur a ouvert la porte menant aux activités génératrices de revenus, tels le petit commerce des femmes, l’embouche ovine et le maraîchage. Dans le
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même temps, il a également contribué à leur accès aux intrants agricoles. Ainsi, au Burkina Faso, ils ont eu 2 955 625 francs CFA à leur disposition et, au Niger, 125 550 500 francs CFA. Parmi les acquis du Projet, nous ne pouvons pas ne pas citer « l’effet tâche d’huile » de la diffusion à grande échelle de ces 2 innovantes technologies, grâce au dynamisme des ONG, projets et autres partenaires. Singulièrement, les bonnes performances agronomiques et économiques de la micro-dose ont été associées par l’équipe de chercheurs à la pluviosité dans l’année, surtout à celle de fin d’année s’étalant de septembre au début d’octobre, ainsi qu’au type de sol et à la gestion paysanne, notamment les dates de réalisation des sarclages particulièrement déterminants.
Ainsi va le Consortium
L’INERA (Institut de l’environnement et des recherches agricoles) du Burkina Faso, L’INRAN (Institut national de recherche agronomique du Niger), Le CERAAS (Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse) au Sénégal, Le Centre sahélien de l’ICRISAT (International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics) au Niger, Le CIAT (Centre international d’agriculture tropicale), à travers le Réseau africain sur la biologie et la fertilité des sols (AfNet) et le TSBF (Tropical Soil Biology and Fertility), Le GADEC (Groupe d’action pour le développement communautaire) au Sénégal, L’UGPM (Union des groupements paysans de Mékhé) au Sénégal, Hunger Project au Burkina Faso, Le Projet intrants de la FAO au Niger.
Contact : Harold Roy-Macauley CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : h.roy-macauley@coraf.org Internet : www.coraf.org
L’heureux mariage : technique culturale, organisation, formation et crédit
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OUR ACCROÎTRE L’UTILISATION EFFICIENTE DES ENGRAIS, RÉDUIRE
les coûts d’investissement opérés par les petits producteurs pauvres et accroître conséquemment les productions agricoles, il faut toute une stratégie culturale et organisationnelle. Dans le cas qui nous importe, elle est basée sur la fertilisation par micro-dose, une technique efficace appliquant localement (dans le poquet) de petites doses d’engrais, l’utilisation des variétés améliorées tolérantes à la sécheresse et une meilleure organisation des producteurs et des techniciens de vulgari-sation formés à la maîtrise du système prometteur de micro-crédit qu’est le warrantage. C’est ce qu’a réussi, de 2005 à 2008, au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal, le Projet «Transfert de la technologie de fertilisation par microdose et des variétés tolérantes à la sécheresse pour la prospérité des petits producteurs agricoles du Sahel ». Les petits producteurs pauvres de 8 villages ont vu leur sécurité alimentaire et leurs revenus améliorés, pourtant presque tout, à commencer par les conditions physiques ou géographiques et climatiques, s’y opposait. En effet, La zone sahélienne semi-aride de cette partie Ouest africaine est l’une des plus pauvres du continent. L’Indice de développement humain est l’un des plus bas. La pluviométrie moyenne annuelle, qui varie entre 350 et 700 millimètres, est caractérisée par des fluctuations spatio-temporelles faisant du Sahel une zone soumise à de cycliques et sévères sécheresses. De même, les sols, la plupart sableux, sont peu fertiles du fait de leur faible teneur en matières organiques et capacité CORAF ACTION N° 61
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d’échange cationique (taille du réservoir stockant de manière réversible certains éléments fertilisants cationiques comme le calcium, le potassium, le magnésium, le sodium et l’ammonium) et de leur carence en éléments nutritifs — le phosphore, en l’occurrence. L’utilisation des engrais minéraux est très faible du fait des difficultés liées à leur accessibilité aussi bien physique que financière. Obstacles à l’adoption des technologies de restauration de la fertilité des sols
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Du coup, ces conditions climatiques défavorables tout comme le faible niveau de fertilité ont pour principales conséquences d’assez fréquents déficits céréaliers, de mauvaises pratiques agricoles, de faibles rendements culturaux, une progressive dégradation des terres et d’instables prix pouvant, chaque année, atteindre 40 % à l’échelle nationale et parfois plus à celle locale des villages. Au Burkina Faso, les résultats d’une étude, conduite en 2004, ont montré que le revenu, tiré de l’application de la fertilisation par micro-dose sur le mil, faisait le double de celui obtenu avec la fertilisation minérale, et sur le sorgho, deux fois et demie. Au Mali, elle a fait ressortir les rendements de grains de sorgho (107 %) et de mil (61 %) plus élevés que ceux du
E CHOS témoin sans engrais. Pour ne prendre que l’exemple du mil, les gains financiers, qui en sont tirés, étaient 68 % plus élevés que ceux obtenus avec le témoin sans engrais et 33 % supérieurs à ceux issus de la fertilisation minérale. Au Niger, toujours concernant le mil, des résultats similaires, aussi bien pour les rendements que pour les revenus, ont été obtenus. Dans un tel contexte, l’adoption a grande échelle de ces technologies par les producteurs passe par l’établissement de relations avec les agents des marchés des intrants et des produits agricoles. D’où la condition sine qua non de développer des institutions et mécanismes innovateurs de crédit, tel le warrantage. Le warrantage a été initié, en 1999, au Niger, par la FAO, à travers le Projet intrants, pour lever les obstacles retardant l’adoption des technologies de restauration de la fertilité des sols. Par ce système, les producteurs ont accès au crédit qui leur permet d’acquérir des intrants agricoles tels que les engrais minéraux, tout en stockant, à titre de garantie, leur produits agricoles pour les vendre aux meilleurs prix, au moment opportun.
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C’est dire combien ces résultats de recherche et réalisations sont le fruit mûr d’une correcte mise en œuvre de l’objectif global du Projet qui est : doubler la production agricole et augmenter le revenu des petits agriculteurs du Sahel. Ce qui a également emmené que les chercheurs se consacrent, au travers des activités de démonstration pour l’adoption de ces nouvelles technologies, au renforcement des capacités des producteurs et de leurs organisations à la base, mais aussi par le truchement de la tenue, du 31 mai au 5 juin 2005, d’un atelier de lancement du Projet ayant permis une mise en œuvre harmonieuse et cohérente des activités programmées ainsi que les rôles et responsabilités de chacun. C’est à cette occasion que les sites de réalisation des activités ont été choisis, selon les critères suivants : être situé dans des zones à pluviométrie comprise entre 400 et 800 millimètres ; comporter des Organisations des producteurs structurées et une structure relais de pérennisation des activités du Projet ; être accessible ; capable d’impliquer les femmes dans le processus ; disposer de marchés et de systèmes d’octroi de crédit ; offrir des données biophysiques — type de sols — et socioéconomiques — systèmes de production, dynamique des populations, systèmes fonciers, etc.
Organisations des producteurs structurées et structure de pérennisation
Ainsi il a permis la mise en place d’entreprises et de coopératives agricoles fonctionnelles et durables, de facilités de stockage des produits agricoles, de « boutiques d’intrants », de systèmes d’épargne et de crédit, toutes réalisations gérées par les membres des Organisations des producteurs. A cela, ajoutons que les variétés améliorées utilisées peuvent également contribuer à l’accroissement des rendements. Le CERAAS et ses partenaires des SNRA ont mis au point des variétés de mil, de sorgho, d’arachide, de niébé et de sésame tolérantes à la sécheresse et à divers stress, telles la déficience, voire la carence en phosphore.
Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : armand.faye@coraf.org armand.faye@yahoo.fr Skype : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org
Au Projet « Transfert de la technologie de fertilisation par micro-dose et des variétés tolérantes à la sécheresse pour la prospérité des petits producteurs agricoles du Sahel », le véritable travail de terrain a commencé par les tests de démonstration. De 2005 à 2008, au Burkina Faso, au Niger comme au Sénégal, l’équipe de recherche régionale a débuté par le choix des sites expérimentaux, des producteurs, des technologies, du matériel végétal, du dispositif expérimental et achevé par les activités de formation. Leur application a donné de satisfaisants résultats et réalisations, dans chaque pays.
Burkina Faso
Performance agroéconomique : le règne presque sans partage de la micro-dose fertilisante
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BURKINA FASO, IL A FALLU L’ALLIANCE ENTRE L’INERA (Institut de l’environnement et des recherches agricoles), Hunger Project et les Groupements villageois de Nagréongo pour que les tests agronomiques soient bien U
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menés par le Projet « Transfert de la technologie de fertilisation par micro-dose et des variétés tolérantes à la sécheresse pour la prospérité des petits producteurs agricoles du Sahel ». Financé par la BAD (Banque africaine de développement) par le truchement du CORAF/ WECARD, il a été exécuté, de 2005 à 2008, par l’équipe de recherche régionale, divisée en composantes nationale burkinabè, nigérienne et sénégalaise. A Nagréongo, situé au centre du pays, annuellement arrosée par une pluviosité de 700 à 800 millimètres, ont été retenus 5 villages et 30 producteurs, soit 6 par village dont 3 se consacrant au sorgho et au niébé et 3 autres au mil et à l’arachide et regroupés en 3 groupes de 15. Aussi les différentes formules de fertilisation testées sont la CORAF ACTION N° 61
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parcelle témoin sans engrais et la micro-dose de 3 grammes d’engrais NPK (azote, potassium, phosphore) 15-25-15 par poquet pour le mil, 2 grammes par poquet pour le sorgho et le niébé et 0,5 gramme par poquet pour l’arachide, soit en tout 62,5 kilos par hectare. A la fois résistantes à la sécheresse
La dose vulgarisée est de 75 kilos de NPK par hectare pour les 4 cultures de sorgho, de mil, d’arachide et de niébé et de 50 kilos d’urée par hectare pour le mil et le sorgho. En combinant ces l3 niveaux de fertilisation et 4 cultures, les chercheurs ont développé 12 technologies (voir encadré). Les 12 technologies en question
Sorgho en culture pure (c’est-à-dire sans fertilisation) Mil en culture
Figure 1 : effet des technologies sur le rendement moyen en grains de sorgho, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Niébé en culture
Arachide en culture
Sorgho en culture pure, avec la fertilisation de 2 kilos de NPK par micro-dose
Mil en culture, avec la fertilisation de 3 kilos de NPK par micro-dose
Niébé en culture, avec la fertilisation de 2 kilos de NPK par micro-dose Arachide en culture, avec la fertilisation de 0.5 kilo de NPK par micro-dose
Sorgho en culture pure, avec la fertilisation de NPK plus de l’urée à la dose vulgarisée Mil en culture, avec la fertilisation de NPK plus de l’urée à la dose vulgarisée Niébé en culture pure, avec la fertilisation de NPK à la dose vulgarisée
Figure 2 : effet des technologies sur le rendement moyen en grains de sorgho, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
Arachide en culture, avec la fertilisation de NPK à la dose vulgarisée
Les cultures vivrières — sorgho et mil — et les cultures de rente — niébé et arachide — sont à la fois résistantes à la sécheresse. Il s’agit du Sorgho Sariasso 11 au cycle de 110-115 jours ; du mil IKMP5 au cycle de 110 jours ; du niébé KVX 4-5-2-D au cycle de 70 jours et de la variété locale d’arachide. Concernant le dispositif expérimental, tous les producteurs étaient à pied d’œuvre, chacun dans ses 6 parcelles mises en place. Ainsi l’amélioration de la productivité des cultures dans toute la zone du Plateau central a entraîné l’augmentation du rendement en grains de 50 à 100 %, selon les cultures. Seulement, la micro-dose a eu tendance à dominer la dose vulgarisée. Les plus forts taux d’augmentation par rapport à la parcelle témoin sont observés sur le sorgho et le mil (voir figures 1 à 12). CORAF ACTION N° 61
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Figure 3 : effet des technologies sur le rendement moyen en grains de sorgho, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2007
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Figure 8 : effet des technologies sur le rendement moyen en grain de niébé, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
Figure 4 : effet des technologies sur le rendement moyen en grains de mil, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
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Figure 5 : effet des technologies sur le rendement moyen en grains du mil, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
Figure 9 : effet des technologies sur le rendement moyen en grains de niébé, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2007
Figure 6 : Effet des technologies sur le rendement moyen en grains de mil, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2007
Figure 10 : effet des technologies sur le rendement moyen en gousses d’arachide, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Figure 7 : effet des technologies sur le rendement moyen en grain de niébé, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Figure 11 : effet des technologies sur le rendement moyen en gousses d’arachide, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
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Figure 12 : effet des technologies sur le rendement moyen en grains d’arachide, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2007
La même tendance a été suivie quant à l’effet de la microdose sur la biomasse des tiges de céréales et des fanes de légumineuses produites, durant la même période (voire figures 13 à 24).
Productivité en tige kg/ha
4000
3623
3500
2983
3000 2500 2000 1500
Figure 15 : effet des technologies sur la productivité en tiges de sorgho, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2007
1695
1000 500 0
0 Ferti
Dose vulga
Formule de fertilisation
Micro dose
Figure 16 : effet des technologies sur la productivité en tiges de mil, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Figure 13 : effet des technologies sur la productivité en tiges de sorgho, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Figure 14 : effet des technologies sur la productivité en tiges de sorgho, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006 CORAF ACTION N° 61
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Figure 17 : effet des technologies sur la productivité en tiges de mil, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
production tige (kg ha - 1)
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se do o r c mu Figure 21 : effet des technologies sur la productivité en fanes de niébé, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2007
Figure 18 : effet des technologies sur la productivité en tiges de mil, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2007
Figure 22 : effet des technologies sur la productivité en fanes d’arachide, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Figure 19 : effet des technologies sur la productivité en fanes de niébé, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Figure 20 : effet des technologies sur la productivité en fanes de niébé, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
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Figure 23 : effet des technologies sur la productivité en fanes d’arachide, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006 CORAF ACTION N° 61
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DE LA RECHERCHE REGIONALE Parfois, admettent-ils, cependant, aucune différence significative n’est présentée par la micro-dose et la dose vulgarisée, déjà au stade végétatif et de rendement en grains, comme en attestent les photos 3 et 4.
Figure 24 : effet des technologies sur la productivité de fanes d’arachide, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2007
De fait, les chercheurs observent aussi que « la différence de développement végétatif entre la [parcelle de] microdose et [la parcelle] témoin a été, chaque fois, bien perceptible, en cours d’hivernage », comme la font apparaître les photos 1 et 2.
Photo 3 : Une parcelle de sorgho sous micro-dose (à votre droite) contiguë à une parcelle sous dose vulgarisée (à votre gauche), au stade montaison des cultures, à Nagreongo, au Burkina Faso, en septembre 2007
Photo 1 : Différence de croissance des plants de sorgho, selon la formule de fertilisation, à Nagreongo, au Burkina Faso, en août 2005
Photo 4 : Une parcelle de mil sous micro-dose (à votre droite) contiguë à une parcelle sous dose vulgarisée (à votre gauche), au stade montaison des cultures, à Nagreongo, au Burkina Faso, en septembre 2007
Photo 2 : Différence de croissance des plants de mil au stade montaison entre parcelle de micro-dose (à votre gauche) et parcelle témoin (à votre droite), à Nagreongo, au Burkina Faso, en septembre 2007 CORAF ACTION N° 61
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Afin de mesurer la performance de la micro-dose dépendante de la texture du sol, il a fallu aux chercheurs d’étudier les caractéristiques pédologiques des parcelles, en prenant bien soin de s’assurer de leur représentativité des types de sols dominants dans la zone du Plateau central. Elle a révélé que les sols des parcelles se classaient surtout en sols peu évolués d’apport à horizon de surface sablolimoneux (voir photo 5) et en sols ferrugineux tropicaux lessivés à horizon de surface argilo-sableux (voir photo 6).
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Tableau 3 : répartition des parcelles sous test de 2006, dans les différentes classes texturales de l’horizon 020 centimètres Classes de texture
Argilo-sableux Limon-sableux Sablo-limoneux Sablo-argileux Argilo-limoneux Total
Nombre de parcelles 10 5 9 2 4 30
Pourcentages 33 17 30 7 13 100
Quant à l’étude de la relation entre l’effet de l’engrais NPK sur la productivité des cultures et la texture de l’horizon du sol, les variations du rendement des cultures montrent que la microdose et la dose vulgarisée dominent la parcelle témoin ; que l’augmentation du rendement par le biais de la micro-dose est sensiblement constante, ce qui emmène les chercheurs à en conclure que, pour la gamme des sols des parcelles sous test de Nagreongo, la texture du sol n’a pas d’interaction significative avec l’effet bénéfique de la micro-dose sur la productivité des cultures ; que les parcelles les plus productives avec nulle fertilisation sont celles qui produisent encore le mieux avec la micro-dose. (Voir figure 25 à 31).
Photo 5 : Profil pédologique reconstitué du sol peu évolué d’apport, à Nagreongo, au Burkina Faso, en juillet 200
Figure 25 : variation du rendement en grains de sorgho, en fonction des modes de fertilisation et de la texture du sol, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
Photo 6 : Profil pédologique reconstitué du sol ferrugineux tropical lessivé, à Nagreongo, au Burkina Faso, en juillet 2006
Ils en ont fait de même en étudiant la texture des parcelles servant de tests, en procédant à la granulométrie d’un échantillon composite de « l’horizon 0-20 centimètres » de chacune des 30 parcelles de 2006. Ces dernières de Nagréongo se classent en 5 classes texturales, dont l’importance relative est consignée dans ce tableau 3.
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Figure 26 : variation du rendement moyen en grains de mil, en fonction des modes de fertilisation et de la texture du sol, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006 CORAF ACTION N° 61
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AR G IL IM O N
SA BL IM O N
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AR G IL SA BI L
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Figure 29 : effet du délai du premier sarclage sur le rendement en grains de sorgho sous micro-dose NPK, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Figure 27 : variation du rendement en gousses d’arachide, en fonction des modes de fertilisation et de la texture du sol, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
AR G IL SA BI L
SA BL IM O N
LI M SA B
AR G IL IM O N
Figure 30 : effet du délai du premier sarclage sur le rendement en grains de sorgho sous fertilisation vulgarisée, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Figure 28 : variation du rendement en grains de niébé, en fonction des modes de fertilisation et de la texture du sol, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
Pour les chercheurs, il est clair que la gestion paysanne des cultures a eu un effet sur les performances des technologies, dans la zone du Plateau central. En l’observant, ils ont noté des écarts notables dans les délais mis entre le semis et le premier sarclage. L’analyse de ces données révèle que l’effet du retard de sarclage sur la productivité des parcelles différait, de manière significative, selon les technologies surtout appliquées sur le sorgho, et que les parcelles sous micro-dose se montrent plus sensibles que les autres technologies avec l’effet de l’enherbement (voir figures 29, 30 et 31). CORAF ACTION N° 61
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Figure 31: effet du délai du premier sarclage sur le rendement en grains de sorgho non fertilisé, à Nagreongo, au Burkina Faso, en 2005
Enfin, ils ont trouvé très incitatrice la performance économique de la fertilisation par micro-dose. En approfondissant l’analyse, en effet, ils ont remarqué que les cultures font preuve de préférence de certains sols par rapport à d’autres. Le revenu du producteur est plus intéressant avec le sorgho et le niébé…
Leur analyse économique marginale du revenu généré par cette technologie sur les meilleurs sols pour chaque culture précise le potentiel de bénéfice qui peut y être réalisé (voir tableau 4).
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Au Niger, sésame, mil et niébé scorent plus chez les chercheurs que chez les producteurs
Tableau 4 : efficacité et efficience agronomique et économique de la micro-dose sur les sols les plus valorisants, selon les cultures
A NB : Calculs faits sur la base des prix aux kilogrammes suivants : sorgho : 125 francs CFA ; niébé : 200 francs CFA ; mil : 150 francs CFA ; arachide gousse : 80 francs CFA ; NPK : 270 francs CFA, NPK par micro-dose : 62,5 kg à l’hectare
Ainsi, sur la base des résultats de 2006, l’évaluation économique des technologies permet de comprendre que le revenu du producteur est plus intéressant avec le sorgho et le niébé (voir tableau 5) qu’avec le mil et l’arachide.
Tableau 5 : évaluation économique de la production agricole additionnelle des formules de fertilisation, dans l’épicentre de Nagreongo, au Burkina Faso, en 2006
U NIGER, LA PARTICIPATION DU PROJET INTRANTS DE LA FAO fut d’un grand apport, surtout quand il était question de choisir les quatre sites de tests de démonstration du Projet « Transfert de la technologie de fertilisation par microdose et des variétés tolérantes à la sécheresse pour la prospérité des petits producteurs agricoles du Sahel ». Financé par la BAD (Banque africaine de développement) par le biais du CORAF/WECARD, ce dernier a été exécuté, de 2005 à 2008, par une équipe de recherche régionale, divisée en composante nationale nigérienne, sénégalaise et burkinabè. Dans les sites de Fada Zéno et de Konkorindo, localités de la région de Dosso, et ceux de Guidan Idar et de Doguérawa, celles de la région de Tahoua, les 36 producteurs impliqués étaient répartis en fonction du matériel végétal étudié, la première année. C’est ainsi qu’ils étaient 10 à Fada Zéno et 6 à Doguérawa qui cultivaient la variété HKP de mil. Ils étaient 9 de Konkorindo, 2 de Doguérawa et 4 de Guidan Ider à cultiver le sésame. Cinq avaient jeté leur dévolu sur le Sorgho, à Guidan Ider, et sur le niébé, à Karabedji. La deuxième année, leur nombre a bien augmenté, passant à 48 expérimentateurs, soit 12 de plus.
Cette option procure un surplus de rendement en grains
Il va s’en dire que les 2 traitements, qui ont été appliqués chez des producteurs volontaires, ont été choisis par les assemblées villageoises. Les semis étaient déjà en place, lorsque les 2 parcelles élémentaires de 500 mètres carrés chacune ont été installées dans les champs. Voici les traitements comparés, que les chercheurs ont, au préalable, expliqués dans leurs différentes procédures.
Contact : Ernest Assa Asiedu CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : e.asiedu@coraf.org Skype : ernestasiedu Internet : www.coraf.org
T1 : pratique paysanne T2 : apport d’engrais 15-15-15 (3 pincées de 3 doigts par poquet) Apport d’engrais 15-15–15 au poquet, à raison de 3 pincées de 3 doigts par poquet pour chaque pied de mil, de sésame ou de sorgho Apport de phosphate diammonique ou DAP (46 % de P2O5) et d’engrais 15-15-15, à raison de 4 et de 13 kilos de phosphore à l’hectare, à la volée ou au poquet
A côté de ces tests en milieu paysan, les chercheurs ont conduit une expérimentation, mise en place par AfNet, à Karabedji, pour évaluer les effets de la localisation du phosphore et du fumier sur les rendements du mil et du niébé.
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A cet effet, le dispositif suivant a été mis en place.
Tableau 3 : effets des technologies sur rendement moyen du mil de 2 sites Traitements
Trois niveaux de fumier : 0, 3 et 6 tonnes à l’hectare Trois niveaux de phosphore : 0, 6,5 et 13 kilos de phosphore à l’hectare Deux méthodes d’application : à la volée et au poquet
Pratique paysanne (témoin)
La conséquence de tout ce qui précède sur la culture du sésame est que, dans 3 sites, l’analyse statistique fait ressortir que les moyennes des rendements en grains des traitements, avec l’application de micro-dose d’engrais 15-1515, sont significativement supérieures aux rendements de la pratique des producteurs qu’est la parcelle témoin (voir tableau 1). Tableau 1 : effets des technologies sur le rendement moyen du sésame, dans 3 sites Traitements
Rendement grains (kg/ ha)
Pratique paysanne (témoin)
Rendement grains (kg/ ha) 215a
Engrais 15-15-15 en micro-dose 352b P = 0,02. Les moyennes, suivies de la même lettre, ne sont pas statistiquement différentes au seuil de 5 %.
A Karabedji, l’examen par les chercheurs des rendements moyens montre qu’il n’y a pas de différence significative entre les applications localisées du NPK et du DAP (voir tableau 4). Par contre, ils ont observé la bonne performance de l’application de fond du phosphate de Tahoua de 13 kilos par hectare, suivie de celle au poquet du NPK de 4 kilos par hectare.
Tableau 4 : évaluation en milieu paysan des sources et doses de phosphore appliquées à la volée et au poquet sur les rendements (kg/ ha) du mil, à Karabedji
204.2a
Engrais 15-15-15 en micro-dose 338.1b P = 0,01. Les moyennes suivies, de la même lettre, ne sont pas significativement différentes au seuil de 5 %.
Concernant le sorgho, la même analyse montre qu’il n’y a pas de différence significative entre la pratique paysanne et l’application de la micro-dose, au niveau des tiges et des grains. D’après les chercheurs, ceci s’expliquerait par le précédent cultural des champs sous sorgho, puisqu’ils avaient servi au maraîchage ayant bénéficié d’assez importants apports de fertilisants, pendant la saison sèche, dont l’effet résiduel a caché un tant soit peu les différences entre traitements (voir tableau 2). Tableau 2 : effets des technologies sur le rendement moyen du sorgho, à Guidan Ider Traitements
Rendement (kg/ ha)
Tiges
Pratique paysanne (témoin)
4 230a
Engrais 15-15-15 en micro-dose 4 620a
Grains
Ce qui leur fait dire que cette option procure un surplus de rendement en grains de 221 kilos à l’hectare par rapport au NPK et de 246 kilos par rapport au DAP, tous appliqués au poquet.
904a
1 054a
Les mêmes effets sur le niébé
Les moyennes, suivies de la même lettre, ne sont pas statistiquement différentes au seuil de 5 %.
Quant au mil, ils ont constaté qu’il y a une différence significative entre la pratique paysanne et la micro-dose, d’autant que 163 kilos de grains ont été obtenus en sus et en moyenne à l’hectare, dans 2 villages. CORAF ACTION N° 61
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NPK : 15-15-15 - DAP : phosphate diammonique - PRT : phosphates naturels de Tahoua - MST : matière sèche totale
A Gaya (voir tableau 5), ils ont atteint, avec l’application localisée du DAP, un rendement moyen plus élevé, soit 1 290 kilos à l’hectare, que celui du NPK, soit 1 056 kilos à l’hectare. A l’opposé, tel qu’observé à Karabedji, le meilleur rendement est obtenu avec les phosphates naturels de Tahoua, en fumure de fond, suivis de l’application localisée de la microdose de NPK, soit 1 590 kilos à l’hectare.
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DE LA RECHERCHE REGIONALE
Tableau 5 : évaluation en milieu paysan des sources et doses de phosphore appliquées à la volée et au poquet sur les rendements (kg/ ha) du mil, à Gaya
De même, ils ont remarqué les mêmes effets sur le niébé (voir figure 2).
NPK : 15-15-15 - DAP : phosphate diammonique - PRT : phosphates naturels de Tahoua - MST : matière sèche totale
Figure 2 : effets de différentes doses et modes d’application du phosphore et de fumier sur les rendements du niébé, à Karabedji
Sur le mil (voir figure 1), l’application localisée du fumier est plus performante que celle à la volée. Sans apport de phosphore, cette dernière, de 3 tonnes à l’hectare de fumier, procure un rendement de 1 170 kilos à l’hectare, alors que celle localisée au poquet donne 1 685 kilos à l’hectare.
Figure 1 : effets de différentes doses et modes d’application du phosphore et de fumier sur les rendements grain du mil, à Karabedji
Les producteurs : la micro-dose d’engrais au poquet leur est indispensable, à l’heure actuelle
A
U SÉNÉGAL, LES TESTS DE DÉMONSTRATION SUR LES TECHnologies végétales proposées ont été accompagnées de renforcement des capacités des producteurs en matière de crédit. C’était comme une marque de fabrique pour le Projet « Transfert de la technologie de fertilisation par micro-dose et des variétés tolérantes à la sécheresse pour la prospérité des petits producteurs agri-
Contact : Abdulai Jalloh CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : abdulai.jalloh@coraf.org Internet : www.coraf.org
coles du Sahel ». Ses réalisations ainsi que ses résultats, à l’actif d’une équipe de recherche régionale divisée en composante nationale sénégalaise, nigérienne et burkinabè, ont été rendus possibles, de 2005 à 2008, grâce au soutien financier de la Banque africaine de développement (BAD), au travers du CORAF/WECARD. C’est en milieu paysan que le Projet a été conduit, plus exactement aux villages de Darou Kandji, de Femboul, de Lissar, de Lonkane, de Ndia et de Ngadiaga situés à Mékhé, dans la région de Thiès, avec la participation de 22 producteurs, dans la première année, lequel chiffre a plus que doublé, à la deuxième année, à 45 testeurs. Notons, d’emblée, que la micro-dose était le seul facteur étudié, et de la manière qui suit. Témoin absolu sans apport d’engrais Fertilisation recommandée (dose optimale préconisée ou macro-dose) par la recherche pour la culture considérée Fertilisation minimale ou micro-dose recommandée ou préconisée pour la culture considérée Les doses optimales ou macro-doses recommandées ont été déterminées suivant les modalités des apports — capsules, mélanges semences-engrais, etc. — au mil, à l’arachide et au maïs (voir tableau 1) et sujettes à formation pour les producteurs.
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Tableau 1 : doses et modes d’épandage de l’engrais NPK et de l’urée
du sésame ; le ratio fourrage sec par fourrage frais, le ratio gousse sèche par gousse fraîche, la longueur de la gousse, le nombre de grains par gousse, l’indice de récolte gousse, l’indice de récolte graine et le poids de 100 graines du niébé. Ajoutons-y ceux du rendement estimé en kilogramme par hectare, et le compte est bon : les gousses de niébé et d’arachide, les grains de mil, d’arachide, de sésame et de niébé, la fane d’arachide et de niébé, de mil et l’épi de mil. Les itinéraires techniques de la culture de l’arachide n’ont plus de secrets »
NB : Une capsule de Coca Cola de NPK = 4,2 g ; 1 capsule de Coca Cola d’urée = 3 g
Ainsi, les chercheurs ont opté pour le dispositif expérimental constitué d’un bloc complet équilibré dispersé dans les villages, soit 3 producteurs pilotes par site, dont chacun a tenu 5 parcelles de 750 mètres carrés chacune subdivisées en sous-parcelles : 1 de mil, 1 d’arachide et 3 de sésame, et, exceptionnellement, 1 de niébé de même surface à Femboul, à Ndia et à Ngadiaga. Et le compte est bon…
Mais, ailleurs, la culture du niébé n’était pas en reste, tout au contraire, un producteur par site avait une parcelle de 750 mètres carrés subdivisée en 3 sous-parcelles ou parcelles élémentaires égales et espacées de 2 et de 1.5 mètres, pour délimiter les bordures du bloc expérimental. C’est le cas des 3 producteurs de Lissar, des 3 de Lonkhane et du 1 de Darou Kandji. Il va s’en dire donc que les chercheurs étaient à même d’analyser les rendements produits sur un carré de 42,25 mètres carrés, situé au centre de chaque unité expérimentale. Ils ont fait, de même, quant au suivi agronomique, effectué pendant les différentes phases du cycle de développement des spéculations, soit sur 3 pieds de chacune. Ce suivi leur a, notamment, permis de compter le nombre des feuilles, de la talle, des entre-nœuds et des feuilles de la tige principale ainsi que de la mesure de sa hauteur et de l’indice de surface foliaire du mil. Il a été aussi l’occasion pour eux de dénombrer les rameaux et la talle de la plante d’arachide, les rameaux, les feuilles et d’évaluer la hauteur de la tige principale de la plante de sésame et de mesurer l’indice de surface foliaire de la plante de niébé. C’est ainsi qu’ont été déterminés le rendement, tout comme ses composantes, d’après ces paramètres : la longueur de l’épi, la circonférence de la chandelle principale, le nombre de talles productives et le poids de 1 000 grains du mil ; le poids de 100 graines de l’arachide ; le nombre de capsule par plante et le poids de 1 000 grains CORAF ACTION N° 61
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Ils se sont, enfin, penchés sur les effets des technologies sur les rendements des cultures. A Mekhé, malgré les semis tardifs du mil, réalisés en juillet, et la faible pluviométrie moyenne, tous les paysans ont produit en moyenne 697 kilos de grains à l’hectare. Cependant, font remarquer les chercheurs, l’écart entre la meilleure et la plus faible production est de 1 136 kilos, ce qui dénote une différence significative entre capacités des producteurs. En revanche, ils n’ont noté aucune différence significative en ce qui concerne les technologies en démonstration (voir tableau 2). Sans apport d’engrais, la production de graines a quand même atteint les 640 kilos à hectare, le meilleur rendement, obtenu au moyen de la micro-dose, ayant été de 770 kilos à l’hectare. Ceci est le score moyen de 9 producteurs usant de cette dernière technique. Ce qui a fait écrire les chercheurs qu’« on peut au moins dire que l’effet de la micro-dose a été supérieur à l’effet de la dose d’engrais minéral recommandée. » A Latmingué, où la pluviométrie annuelle moyenne a été de 414 millimètres, ils ont tardivement installé les essais. Leur meilleur rendement de 582 kilos à l’hectare est obtenu avec l’application de la micro-dose (voir tableau 2). Tableau 2 : rendements moyens en grains de mil (kg/ ha) de chaque traitement pour tous les paysans, dans les zones de Mekhé et de Latmingué
A Mekhé, les rendements en graines d’arachide qu’ils ont obtenus sont très faibles, ce qui est dû à la pluviométrie et aux dates de semis. Ceci atteste de l’absence de différence significative entre la parcelle témoin non fertilisée et la micro-dose. La même tendance a été suivie par le rendement en gousses et en fanes (voir tableau 3). Il en est de même à Latmingué, au cœur du bassin arachidier où les itinéraires techniques de la culture de l’arachide « n’ont plus de secrets », les rendements ayant été aussi extrêmement faibles (voir tableau 3). Les semis ayant été effectués, en effet, entre le 26 Juillet et le 1er août, l’on
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E CHOS comprend aisément qu’il ne put en être autrement avec la 55-437 cultivée, variété d’arachide de 90 jours environ. Ici aussi, les rendements ne présentent pas de différence significative. Le meilleur rendement en graines est réalisé avec la fertilisation recommandée : 302 kilos à hectare. A l’opposé, en considérant la somme des rendements en graines et en fanes, la meilleure technologie est la microdose ; pour autant la différence avec la fertilisation recommandée n’en est pas statistiquement significative. Dans la région de Tambacounda, nonobstant la pluviométrie annuelle moyenne de 698 millimètres assez bien repartie, les technologies employées se sont avérées de faible performance, à cause des dates de semis, de la pression parasitaire, des maladies, de la fertilité initiale des sols. Néanmoins, s’il est vrai qu’aucune différence significative n’est apparue entre elles, la bonne performance de la micro-dose n’a nullement échappé quand même aux chercheurs (voir tableau 3).
Tableau 3 : rendements moyens en graines et en fanes d’arachide (kg/ ha) pour chaque traitement au niveau de tous les paysans de Mekhé, de Latmingué et de Tambacounda
A Mekhé, la culture du sésame, dans la parcelle témoin comme en micro-dose, n’a pas montré de différence significative, puisque l’écart entre le rendement en graines est de 157 kilos à l’hectare (voir tableau 4). A Latmingué, les rendements sont très faibles : 137 kilos à l’hectare donnés par le témoin absolu sans apport d’engrais, 146 kilos à l’hectare par la fertilisation recommandée et, enfin, 164 kilos à l’hectare par la fertilisation minimale ou micro-dose (voir tableau 4). Dans la région de Tambacounda aussi, la culture a connu des difficultés d’adaptation dues surtout à l’arrêt précoce des pluies. Ce faisant, les rendements ont été en moyenne assez faibles, avec 271 kilos à l’hectare, qui plus est, les différentes technologies n’ont pas enregistré de différence significative (voir tableau 4).
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Sur le maïs, les technologies appliquées n’ont pas également enregistré de différence significative. Cependant, affirment les chercheurs, « les rendements d’épis et de graines, obtenus avec la micro-dose, sont supérieurs à ceux de la fertilisation recommandée et [de la parcelle] témoin sans engrais » (voir tableau 5). Tableau 5: rendements moyens d’épis, de graines et de paille de maïs (kg/ ha) chez de tous les producteurs et rendement global de tous les traitements chez chaque producteur
En examinant, maintenant, les effets de ces technologies sur quelques paramètres agro-physiologiques des cultures, la première constatation faite par les chercheurs c’est que leurs phases phénologiques (croissance et développement à travers feuillaison, floraison, fructification, jaunissement automnal) traversées peuvent être représentées sous forme de courbes d’évolution de l’indice de surface foliaire, telles que les présentent les figures 1, 2 et 3. La figure 1 montre clairement que le suivi de cet indice du mil exprime une tendance générale (courbe en V inversé), parce que les mesures ont été effectuées uniquement durant ces phases. A l’usage des trois doses d’engrais, ils ont constaté, d’abord, une phase ascendante qui est la phase de croissance, puis une phase descendante qui est la période de maturité et de sénescence (plante jaunissante et mourante). Cependant, cet indice de la fertilisation minérale recommandée (doses d’engrais) et celui de la micro-dose ont montré les meilleures évolutions. De surcroît, les chercheurs ont statistiquement démontré qu’ils sont sensiblement égaux et supérieurs à celui de témoin absolu sans apport d’engrais.
Tableau 4 : rendements moyens en grains de sésame (kg/ ha), dans les zones de Mekhé, de Latmingué et de Tambacounda, pour chaque traitement chez tous les producteurs
Figure 1 : évolution de l’indice de surface foliaire (lai) du mil
A la figure 2, vu le nombre de jours après semis, cet indice de la plante d’arachide se présente sous la même évolution. Tout en étant le plus élevé, celui de la fertilisation
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recommandée se situe entre ceux du témoin absolu sans apport d’engrais et de la fertilisation minimale. Par contre, l’analyse de variance a révélé que ceux du premier et du troisième traitement ne sont pas statistiquement différents, mais le sont par rapport à celui du deuxième.
Figure 2 : évolution de l’indice de surface foliaire (lai) de l’arachide
Quant à la figure 3, cette analyse prouve que, durant tout le cycle de développement du sésame, cet indice de la fertilisation recommandée se présente sous l’aspect de valeurs largement au-dessus de l’indice de surface foliaire du témoin absolu sans apport d’engrais.
Tableau 6 : effets des technologies sur les paramètres agro-morphologiques du mil
NT = nombre de talles ; NF = nombre de feuilles : HTP = hauteur tige principale ; NEN = nombre entre-nœud tige principale ; NFTP = nombre de feuilles tige principale ; LEP = longueur épis ; CCP = circonférence chandelle principale ; RG = rendement grain ; RE = rendement épi ; RMS = rendement matière sèche ; NTP = nombre de talles productives ; P1000g = poids 1 000 grains ; Effet E = effet engrais ; Effet V = effet village ; V = E = interaction village et engrais) (* = α < 5 p 100 ; ** = α < 1 p 100 ; *** = α < 1 p 1000 ; ns = non significatif)
Concernant l’arachide, cette analyse, appliquée (voir tableau 7) aux mesures de l’indice de surface foliaire, n’a mis en évidence un effet significatif sur l’évolution de ce dernier qu’à partir seulement du 79e jour, après semis. Aucune différence significative n’a été révélé entre les deux derniers niveaux de fertilisation tout comme sur l’ensemble des paramètres étudiés, contrairement à ceux référant à la croissance que sont le nombre de rameaux et de talles.
Tableau 7 : effets des technologies sur les paramètres agro-morphologiques de l’arachide
Figure 3 : évolution de l’indice de surface foliaire (lai) du sésame
En dernier ressort, les chercheurs se sont également souciés des mêmes effets des technologies sur les paramètres agromorphologiques. S’agissant du mil, disons qu’à l’exception du rendement en grains et du poids des 1 000 grains, l’analyse statistique a, de prime abord, démontré que la fertilisation minérale a fortement influencé tous les autres paramètres de croissance, que se soient le nombre de talles, de feuilles, d’entre-nœuds, de feuilles de la tige principale et la hauteur de cette dernière. De même que les composantes du rendement, que se soient le nombre de talles productives, la longueur de l’épi et le poids des 1 000 grains, et les rendements en épis et en matière sèche. Enfin, elle a révélé que, sur l’ensemble de ces paramètres, la fertilisation recommandée ou grande dose et la microdose appartiennent au même groupe (voir tableau 6). CORAF ACTION N° 61
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NR = nombre de rameaux ; NT = nombre de talles ; RG1 = rendement gousses ; RG2 = rendement grains ; P100G = poids 100 graines ; (* = α < 5 p 100 ; ** = α < 1 p 100 ; *** = α < 1 p 1000 ; ns = non significatif), (* = α < 5 p 100 ; ** = α < 1 p 100 ; *** = α < 1 p 1000 ; ns = non significatif).
Sur le sésame, exception faite du poids des 1 000 grains, la fertilisation minérale a été d’un effet significatif sur tous les autres paramètres (voir tableau 8) et, en tant que microdose pour les autres spéculations, était plus performante que le témoin absolu sans apport d’engrais.
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Tableau 8 : effets des technologies sur les paramètres agromorphologiques du sésame
HTP = hauteur tige principale ; NCP = nombre de capsule par plante ; NR = nombre de rameaux ; NF = nombre de feuille ; RG = rendement grain ; P1000G = poids 1 000 grains (* = α < 5 p 100 ; ** = α < 1 p 100 ; *** = α < 1 p 1000 ; ns = non significatif)
S’agissant du niébé, les chercheurs n’ont observé aucune différence statistique quant aux trois traitements appliqués (voir tableau 9). De même, ils n’ont pu discriminer les différentes doses d’engrais à partir des mêmes paramètres, et ce, tout au long de l’essai. Tableau 9 : effets des technologies sur les paramètres agromorphologiques du niébé
Micro-dose d’engrais mesurée par une pincée de 3 doigts.
Sénégal, Burkina Faso et Niger
Les producteurs : la micro-dose multiplie leurs fonds investis au moins 2 et au plus 7 fois
A
CÔTÉ DE LA RECHERCHE, LA FORMATION.
GF = rendement gousse fraîche ; GS1= rendement gousse sèche ; FF = fourrage frais ; FS = rendement fourrage sec ; GS2 = rendement graine sèche ; P100G = poids de 100 graines ; LG = longueur gousse ; GG = nombre de grains par gousse ; FS/ FF = ratio fourrage sec sur fourrage frais ; GS/ GF = ratio gousse sèche sur gousse fraîche ; IRG1 = indice de récolte gousse ; IRG2 = indice de récolte graine.
Contact : Abdourahmane Sangaré CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : abdourahmane.sangare@coraf.org Internet : www.coraf.org
PLUS QU’UN ADAGE, les équipes de recherche du Projet « Transfert de la technologie de fertilisation par micro-dose et des variétés tolérantes à la sécheresse pour la prospérité des petits producteurs agricoles du Sahel » en ont fait une action. De 2005 à 2007, elles ont formé, au Sénégal, au Burkina Faso et au Niger, des centaines de producteurs aux technologies agricoles préconisées et techniques de warrantage, grâce à l’accompagnement financier de la Banque africaine de développement (BAD) octroyé au CORAF/WECARD. Au Sénégal, cet important travail de renforcement des capacités des paysans en matière de warrantage s’est adressé à leurs Organisations des producteurs (OP), préoccupées qu’elles étaient par la mise en place des champs écoles paysans (CEP), la délivrance de formations en gestion des crédits, en stockage et en écoulement des produits agricoles, le renforcement des liens entre elles et les Systèmes financiers décentralisés (SFD). La rondelette somme brute de 68 299 200 francs CFA
Au Burkina Faso, les Organisations paysannes à la base avaient été également visées par ces cruciales actions de formation qui ont, par ailleurs, bénéficié aux techniciens de l’ONG Hunger Project. La technologie de la micro-dose, la
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fiche technique des caractéristiques et l’itinéraire technique des variétés améliorées de sorgho, de mil et de niébé testées et le warrantage en étaient les sujets. Le schéma de formation conçu (voir tableau 1) était bâti de manière endogène : les personnes ressources, relais de diffusion des technologies dans leurs communautés de base respectives, après les formations animées par l’équipe de chercheurs, étaient affectées dans les villages pour assurer leur encadrement rapproché. Mais les chercheurs ont privilégié le système dit ”farmer to farmer“, selon lequel les producteurs formés retransmettaient les acquis de formation (formation des formateurs) au moins à 4 autres producteurs de leurs exploitations transformées en champs écoles paysans, pour la circonstance.
C’est à la suite de quoi que les producteurs formés ont pu, sur fonds propres ou appuyés financièrement par Hunger Project, appliquer, en grandeur nature, la micro-dose (voir tableau 3), ce qui a permis l’évaluation des résultats, en 2007 (voir tableau 4).
Tableau 1: formations réalisées au Burkina Faso, de 2005 à 2008
Ainsi, l’ONG Hunger Project se trouvait à même de prendre le relais de la suite du Projet et de solliciter l’expertise de ses chercheurs pour continuer ces formations, dans le but de l’adoption généralisée de la micro-dose (voir tableau 2).
Tableau 3 : micro-crédit de la campagne 2007 en soutien à l’adoption de la micro-dose, dans les différents épicentres de Hunger Project, à travers le Burkina Faso
Tableau 2 : formations spécifiques sur la micro-dose, réalisées dans les épicentres de Hunger Project, en vue de son extension à l’ensemble du Burkina Faso
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E CHOS Tableau 4 : évaluation en 2007 de l’adoption de la microdose, dans la commune rurale de Nagreongo, au Burkina Faso
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Aux yeux des chercheurs, ce dernier tableau est suffisamment clair pour leur permettre la déduction qu’ils sont 330, les paysans qui ont appliqué la micro-dose, sur 527 hectares de sorgho, à Nagreongo, en 2007. Ils ont pu en générer une production additionnelle de 455 328 tonnes de grains, qui leur a rapporté la rondelette somme brute de 68 299 200 francs CFA. Après déduction des dépenses dues à l’emploi de la micro-dose, leur revenu net s’arrête à 57 429 825 francs CFA, soit un revenu de 174 030 francs CFA pour chacun, à qui était affectée une superficie moyenne de 1,6 hectare, soit encore 108 769 francs CFA par hectare (voir tableau 5). Deux cent quatorze paysans ont utilisé la micro-dose sur 256 hectares de mil, à Nagreongo, toujours en 2007. Eux ont pu en tirer une production additionnelle de 157 184 tonnes de grains vendue à 26 721 280 francs CFA. Après déduction des dépenses de micro-dose, ce prix de vente est revenu à 20 417 280 francs CFA. Chacun, ayant exploité une superficie moyenne de 1,2 hectare, a obtenu l’équivalent de 95 408 francs CFA (voir tableaux 6). Engrais minéraux mieux valorisés, si le sol renferme…
L’une dans l’autre expérience, cette évaluation de l’impact économique de l’adoption de la micro-dose dans les champs de mil et de sorgho atteste qu’il est possible de créer de la richesse dans la commune rurale de Nagreongo, à hauteur de 77 847 105 francs CFA, en une seule année de campagne.
Tableau 5 : évaluation de l’impact économique de l’adoption de la micro-dose appliquée au sorgho, à l’hivernage de 2007, à Nagreongo, au Burkina Faso
NB : Les calculs ont été faits avec les coûts et prix suivants : 330 francs CFA/ kg d'engrais NPK ; 150 francs CFA/ kg de grains de sorgho ; coûts d'opportunité de l'application de la micro-dose sur 1 ha = 4 000 francs CFA ; la micro-dose revient à 62,5 kg d’engrais NPK/ ha ; le rendement moyen en grains du sorgho, en 2007, est de 1 572 kg/ ha pour la micro-dose et de 708 kg/ ha pour le témoin sans fertilisation donnant une productivité additionnelle de 864 kg/ ha.
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Tableau 6 : Evaluation de l’impact économique de l’adoption de la micro-dose appliquée au mil, à l’hivernage de 2007, à Nagreongo, au Burkina Faso
NB : Les calculs ont été fait avec les coûts et prix suivants : 330 francs CFA/ kg d'engrais NPK ; 170 francs CFA/ Kg de grains de mil ; coûts d'opportunité de l'application de la micro-dose sur 1 ha = 4 000 francs CFA ; la micro-dose revient à 62,5 kg d’engrais NPK/ ha ; rendement moyen en grains de mil = 1 051 kg/ ha pour la micro-dose et 437 kg/ ha pour le témoin sans fertilisation donnant une productivité additionnelle de 614 kg/.ha.
Au Niger, les chercheurs en ont fait de même, en intervenant sur le renforcement des capacités structurantes des Organisations des producteurs, à travers la création des champs écoles paysans, l’organisation de formations et de voyages d’échange et la mise en place de mécanismes de warrantage.
Tableau 7 : situation des champs écoles paysans
Tests variétaux
CEP sur PNT CEP sur récupération des terres/ collecte des eaux de pluie
CEP sur MICRO DOSE
Traitements alternatifs
Entrée CEP
Figure 1 : dispositifs des champs écoles paysans
Entre 2006 et 2007, près de 200 apprenants, dont 30 % de femmes, en ont largement bénéficié, sur l’ensemble des sites (voir tableau 7). CORAF ACTION N° 61
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E CHOS Dans de telles conditions, les résultats des champs écoles paysans n’ont pas tardé à se manifester (voir tableaux 8, 9 et 10). Aussi bien pour le sésame que pour le mil ou le sorgho, les trois principaux thèmes développés portaient sur l’amélioration de la fertilité des sols, à travers l’emploi de doses raisonnées de fumures minérales — 15-15-15, DAP, PNT, urée — et de la fumure organique, le test variétal des semences et le traitement alternatif contre les ennemis des cultures à base d’extraits aqueux de neem, de tabac ou de piment. Tableau 8 : résultats des CEP de Fada Zéno, à l’hivernage de 2007
Tableau 9 : résultats des CEP de Doguérawa, en 2007
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et à Konkorido, tandis que l’effet de la fumure organique sur un précédent cultural de super phosphate triple a donné des rendements plus ou moins homogènes, à Dogueraoua. Cela confirme bien l’hypothèse que les engrais minéraux sont mieux valorisés, si le sol renferme une teneur (même minime) de matière organique. », avancent-ils. Plus la collecte s’est faite tôt, meilleure a été la marge bénéficiaire
Ils affirment aussi que la micro-dose d’engrais au poquet reste incontournable, à l’heure actuelle, ne serait-ce que du fait de la faible capacité d’investissement des paysans, particulièrement dans l’achat des engrais. « Il reste donc à [la] valider et à [la] promouvoir, en révisant notamment la période d’apport des engrais. », ajoutent-ils. En effet, sur près des 40 démonstrations sur fumure, pratiquées au niveau des 8 CEP, ils ont remarqué une réponse très croissante des engrais, de la parcelle témoin à celles du 15-15-15, du DAP et du DAP + urée, sur la culture du mil. Cependant, la culture du sésame a été fortement attaquée par les chenilles, au moment de la floraison, ce qui explique les très faibles rendements obtenus. Ils insistent, enfin, sur l’importance de préciser que les resemis résultaient de l’avènement des poches de sécheresse à Goumbi, à Bokki Tchilli et à Tioubi qui possèdent des terres de glacis. Ailleurs, des griffes d’érosion hydrique étaient observables sur plusieurs parcelles environnantes, contre lesquelles les ouvrages de récupération des terres mis en place, tels le zai, la demi-lune, les banquettes ou les cordons pierreux, ont été d’une réelle performance. La grande activité de développement, conduite par le Projet pour consolider ces réalisations et résultats de la
Tableau 10 : résultats des CEP de Dogueraoua, à Tahoua, de 2005 à 2007
De ces résultats, il va s’en dire que les chercheurs ne pouvaient ne pas tirer des conclusions essentielles. En effet, « la réponse de la fumure minérale en micro-dose — NPK 15-15-15 et PNT — a été plus significative, à Guidan Ider
recherche, c’est, comme écrit plus haut, le warrantage qui permet aux producteurs d’accéder à un crédit ou des fonds favorisant une activité génératrice de revenu, le nonbradage de leurs récoltes et leur remboursement avec les
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intérêts sans trop de difficultés. Et c’est seulement après ce remboursement que le bénéficiaire rentre en possession de ses récoltes, qu’il peut vendre à un prix élevé par rapport à la valeur initiale. De plus, la vente des céréales conservées en magasin lui permet d’avoir un revenu supplémentaire, en sus de celui engendré par l’activité génératrice de revenu. C’est pourquoi, au Burkina Faso, le partenariat, établi entre l’Organisation des producteurs de Nagreongo et le bureau de crédit (institution financière décentralisée) de Hunger Project, a, outre la formation en gestion de crédit, en stockage et en écoulement des produits, a consolidé leurs liens et développé et mis en œuvre progressivement le système du warrantage (voir tableaux 11 et 12).
Tableau 12 : fonds engagés dans le Warrantage par l’ONG Hunger Project, en 2007 et en 2008
Tableau 11: fonds engagés dans le warrantage par l’ONG Hunger Project, en 2006 et en 2007
Au Niger, c’est au niveau de 5 sites qu’avait démarré, avec la campagne agricole 2005-2006, l’activité de warrantage. L’année suivante, elle a connu une réelle extension, tant en volume de crédit obtenu qu’en nombre de sites concernés. En effet, près de 80 millions de francs CFA ont été déboursés, au profit des producteurs de 8 sites, par 3 structures de crédit, en l’occurrence la Coopérative de crédit TANADI de Niamey, la Mutuelle d’épargne et de crédit (MUTEC) de Konni et la Mutuelle d’épargne et de crédit de Galmi. Et ce partenariat a rencontré un tel succès particulièrement salué par l’Union de Konkorido (voir tableau 13). Tableau 13 : situation du warrantage pratiqué par les Organisations des producteurs, à la date du 15 janvier 2008
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E CHOS En définitive, la micro-dose multiplie les fonds investis au moins par 2 et peut, dans certaines conditions, rapporter jusqu’à 7 fois les ressources investies. Du coup, la stratégie rendait les magasins de stockages opérationnels, bien que les ressources disponibles n’aient été suffisantes pour couvrir tous les besoins. Dans la perspective d’un plus grand développement du warrantage, les chercheurs préconisent qu’une attention particulière soit accordée à la nécessaire caution solidaire, afin de mieux faire fonctionner durablement le financement. L’accès au marché pour la commercialisation des produits agricoles n’a pas posé de problème particulier, en raison certainement de la proximité de grands centres urbains. C’est la raison pour laquelle, ils pensent que, dans les situations d’éloi-gnement du marché, un par-tenariat plus efficace doit être construit avec des com-merçants grossistes. Ils devaient à la vérité, cependant, de remarquer que les bénéfices engendrés par les opérations de crédit étaient tributaires de la date de collecte des produits auprès des producteurs : plus la collecte s’est faite tôt, meilleure a été la marge bénéficiaire. Le risque de difficultés est réel, si le réseau d’encadrement agricole et d’appui conseil aux producteurs n’était pas également amélioré, dans le sens de le rendre plus dense. Le plaidoyer, qui doit privilégier la démarche participative de la plupart des acteurs et des partenaire, doit requérir plus de ressources conséquentes. Vu son adoption, l’application de la micro-dose a largement dépassé les cultures sur lesquelles la recherche avait effectué les tests de démonstration et obtenu des réalisations et résultats, pour prétendre s’étendre à des cultures
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comme le coton, le maïs, les cultures maraîchères, etc., pour lesquelles la recherche n’a guère étudié l’effet de cette nouvelle technologie. Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : armand.faye@coraf.org armand.faye@yahoo.fr Skype : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org
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Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles
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Directeur adjoint de la rédaction Anatole Yékéminan Koné
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NOTES
DE LECTURE
Plan d’actions pour le développement de la biotechnologie et de la biosécurité dans l’espace CEDEAO (2007-2012). Par Abdourahmane Sangaré, de Côte d’Ivoire. Pour les économies de la plupart des pays membres de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), l’agriculture est resté le secteur stratégique par excellence : 30 % du PIB régional ; 60 à 80 % de la valeur des recettes d’exportation ; 70 % de la population active ; important potentiel de terres irrigables et de ressources en eaux non exploitées ; cultures à haut potentiel de valeur ajoutée — fruits et légumes, notamment — ; immenses ressources pastorales et halieutiques. Pourtant, 40 millions de personnes vivent, tous les jours, dans leur chair, les affres de l’insécurité alimentaire. Comment cela est-il possible, avec autant d’atouts ? Il se trouve qu’en fait les croissances de production enregistrées, ces dernières années, sont plus le fait, de l’augmentation des superficies cultivées que l’accroissement des rendements. De surcroît, la faible maîtrise des aléas climatiques par les Etats, l’insécurité foncière régnante, la faible disponibilité du crédit et des intrants sont autant de contraintes pour les producteurs et de freins à l’investissement, la modernisation et l’intensification des systèmes de production.
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Ce sont-là plusieurs raisons qui fondent que la Politique agricole commune (PAC) de la CEDEAO vise à améliorer la productivité et la compétitivité de l’agriculture, à intégrer la production et les marchés, à l’insérer, de manière maîtrisée, dans les échanges économiques internationaux. Pour ne prendre, comme exemple, que l’amélioration de sa productivité et de sa compétitivité, le Plan montre à quel point leur mise en œuvre est tributaire à la fois de la modernisation et de la sécurisation des exportations agricoles, de la promotion des filières vivrières et d’exportation, de la gestion durable des ressources naturelles, des crises alimentaires et d’autres calamités naturelles.
Aujourd’hui, les acteurs agricoles, dans leur majorité, s’accordent sur les possibilités de solution que peuvent apporter à l’ensemble de ces problèmes, y compris la lutte contre les maladies et ravageurs ainsi que le recours limité aux pesticides toxiques, les biotechnologies. Il va s’en dire, vu l’expérience actuelle, que, comme toutes les technologies, leur usage exige qu’elles soient gérées de manière responsable, d’où l’impérieuse nécessité de recourir à la biosécurité, à même de garantir la santé des populations ainsi que d’assurer l’accès de tous aux produits qui en sont issus. Il y a donc sept ans, cette option était devenue une préoccupation majeure de la Confé-
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rence ministérielle sur la biotechnologie de la Communauté, tenue du 21 au 24 juin 2005, à Bamako, qui l’a instruit d’élaborer, de concert avec le CORAF/WECARD et l’Institut du Sahel du CILSS (Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel), ce Plan d’actions. Le but de ce dernier est de développer les biotechnologies, de mettre en place une approche régionale de la biosécurité et de promouvoir les activités d’information et de communication avec les acteurs. Son objectif principal est « le développement de l’application de la biotechnologie, afin d’améliorer la productivité agricole et de stimuler la compétitivité, tout en maintenant la-bas des ressources naturelles et en créant un environnement favorable. » Pour cela, les actions prévues vont de l’analyse économique des contraintes majeures de production, du choix des solutions préconisées jusqu’au renforcement des régimes de la propriété intellectuelle, en passant inéluctablement par le développement du partenariat publicprivé. Cette dernière exigence est à même de stimuler la mobilisation des ressources financières nécessaires à la recherche-développement, la promotion de l’agro-business relatif aux produits biotechnologiques, le renforcement des systèmes semenciers et des législations phytosanitaires nationales facilitant la vulgarisation de ces derniers, une bonne formation de tous les acteurs aux capacités de recherche-développement et de transfert des technologies, l’orientation des actions vers leur impact sur l’environnement social et naturel. A cela s’ajoute la nécessité de la mise en place d’un bon mécanisme de coopération
régionale par le biais de l’établissement d’un dispositif intégrant les partenaires du Nord, les réseaux de laboratoires d’excellence, les cadres de la diaspora et les instruments législatifs communs à la sousrégion. De même, l’établissement d’un cadre sous-régional réglementaire sur la biosécurité facilitera le déploiement sans danger de produits modernes biotechnologiques provenant hors de la sous-région, voire même de l’intérieur, c’est-àdire des SNRA (Systèmes nationaux de recherche agricole). Il permettra également que soient renforcées les capacités humaines et financières de sa mise en œuvre pour la mutualisation des diverses compétences nationales. Ainsi vont se trouver facilitées les modalités de manutention, l’exécution et la gestion des risques, le partage des informations fiables relatives aux impacts sur l’environnement, la sécurité des aliments et des semences ainsi que la prise de décision appropriée garantie par la circulation de l’information à travers la communication. Il entraînera, enfin, potentiellement la réduction des coûts d’investissement favorables à l’expansion des produits biotechnologiques modernes.