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LETTRE D'INFORMATION
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2e trimestre 2011
POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN
AFRIQUE
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et la sécurité alimentaire est un des défis majeurs qui hantent le sommeil des Africains au sud du Sahara, parmi lesquels les hommes politiques, producteurs et scientifiques du Burkina Faso, du Niger et du Sénégal. Ces derniers l’ont déjà dit : l’insécurité alimentaire n’y est rien d’autre que le rejeton de la production agricole insuffisante générée par la pratique de systèmes de culture non durables par les producteurs. L’agriculture minière en est une, qui ne restitue pas les éléments minéraux exportés par les récoltes. C’est ainsi que, dans 37 pays, la moyenne annuelle par hectare d’épuisement des sols cultivés en éléments nutritifs, calculée sur les trente dernières années, est de 22 kilos d’azote (N), de 2,5 kilos de phosphore (P) et de 15 kilos de potassium (K). C’est pour mettre fin à cela qu’est lancé le Projet « Promotion de l’utilisation des phosphates naturels pour la recapitalisation des terres dans le Sahel », financé par la Banque africaine de développement (BAD), à travers le Fond compétitif régional du CORAF/ WECARD. De 2005 à 2007, Il a été conduit, dans la partie sahélienne de l’Afrique de l’Ouest, dans le but de promouvoir des approches optimales d’utilisation des phosphates naturels restaurant et maintenant la productivité des sols. Pour cela, un consortium s’est constitué autour de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) du
Burkina Faso, de l’Institut national de recherches agronomiques du Niger (INRAN), du Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (CERAAS) au Sénégal, du Centre sahélien au Niger de l’International Institute for the Semi-Arid Tropics (ICRISAT), du Réseau africain sur la biologie et la fertilité des sols (AfNet) de l’Institut tropical sur la biologie et la fertilité des sols (TSBF) du Centre international d’agriculture tropicale (CIAT), de l’Entente des groupements associés de Nganda (EGAN) et de l’Union des comi-
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DE L'OUEST ET DU
Les phosphates, une richesse pour l’agriculture Ouest africaine
MÉLIORER LA PRODUCTION AGRICOLE
AGRI
CENTRE
tés ruraux villageois de la zone de Latmingué (UNICOM) du Sénégal, de l’Organisation des producteurs du Burkina Faso, du Groupement Nabonswendé de Tougouri et du Projet intrants de la FAO au Niger. Cent pourcent de phosphate soluble enregistrent le plus fort rendement, mais…
S’étant jeté à l’eau, par l’approche participative, dans la mise en œuvre des activités, le consortium a procédé aux tests et démonstrations des technolo-
Pleine séance de travail avec des producteurs burkinabè pour le choix, parmi eux, des expérimentateurs.
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DE LA RECHERCHE REGIONALE
gies à base de phosphates naturels, à la mise au point d’autres combinant diverses sources de phosphore pour les plantes et les sols, à l’organisation de visites commentées au profit des producteurs, des agents et techniciens des ONG partenaires, en vue de favoriser leur large adoption. De la sorte, au Burkina Faso, le Projet a comparé des apports de fumure associés au zaï ou demi-lune en champ paysan et des formules différentes pour déterminer la meilleure combinaison entre phosphate naturel et phosphate soluble, après évaluation des rendements des cultures de sorgho et de niébé. Trois ans après, les chercheurs se rendent comptent que les apports de phosphate naturel de Kodjari doivent être complétés par le phosphate soluble, en ce que l’efficacité du Burkina phosphate dépendrait des pratiques culturales, des apports de matières organiques et surtout des techniques de conservation des eaux et des sols et de défense et de restauration des sols (CES/DRS). De même, ils réalisent que les meilleurs rendements des cultures sont obtenus avec les traitements combinant le zaï ou la demi-lune et les apports de fertilisants minéraux et organiques. L’apport de 100 % de phosphate soluble enregistrent le plus fort rendement, mais est plus onéreux suivi de l’apport, de loin moins cher, de 75 % de phosphate naturel et de 25 % de phosphate soluble. La meilleure association phosphate naturel-phosphate soluble est la fumure de 50 % chacun pour le sorgho et la fumure de 25 % de phosphate naturel plus 75 % de phosphate soluble pour le niébé, dans les conditions de pluviosité très mauvaise comme cette campagne. Au terme de l’expérimentation, les chercheurs ont jugé devoir recommander l’utilisation des phosphates naturels avec apport supplémentaire de phosphates solubles. « En combinaison avec le zaï, cette fumure fournit de bons rendements. L’apport de matière organique est nécessaire pour son effet positif sur la solubilisation du phosphate naturel et sur les propriétés du sol.», précisent-ils.
obtenus avec le phosphate naturel seul ou avec 1/4 de la dose de l’engrais minéral vulgarisé. Le mil, répondant bien à l’utilisation de l’engrais azoté – comme toute bonne céréale –, a bien réagi à la combinaison des deux phosphates. Quant au sésame, les meilleurs rendements en graines sont obtenus avec la fertilisation NPK. Ils notent, cependant, que le phosphate naturel, seul ou avec 1/4 de la formule recommandée, présente un intérêt aussi bien agronomique qu’économique. Ces résultats démontrent, encore une fois, que l’utilisation du phosphate, à la dose de 400 kilos par hectare, peut participer à l’augmentation de la productivité. Car les rendements, obtenus au niveau de toutes les espèces cultivées, ne sont pas significativement inférieurs à ceux obtenus avec la fumure minérale vulgarisée. Ces bilans minéraux négatifs conduisent à d’importants écarts de rendements. Ainsi, en 1990, les rendements, obtenus avec le maïs, étaient de 1,6 tonne à l’hectare pour un rendement potentiel de 6 tonnes à l’hectare ; avec le riz 2 tonnes à l’hectare pour un rendement potentiel de 5 tonnes à l’hectare ; avec le sorgho 1,5 tonne à l’hectare pour un rendement potentiel de 3,5 tonnes à l’hectare. Dans la sous-région, il est attesté que la déficience ou même la carence en phosphore des sols est une contrainte majeure pour la production agricole. Environ 80 % des sols tropicaux ne disposent guère de quantités de phosphore suffisantes pour une nutrition satisfaisante des plantes. Dans certains sols, la quantité est si faible qu’elles meurent, une fois que les réserves, contenues dans les graines, s’épuisent. De même, devient ineffective la gestion intégrée de la fertilité des sols mise en évidence par la fixation symbiotique de l’azote par les légumineuses. A l’opposé, dans les régions sèches, autant les effets de l’application des engrais azotés sont plus importants, autant conséquents sont les apports de phosphore. Les différents sites choisis de façon participative
Autant les effets de l’application des engrais azotés sont plus importants
Au Niger, les chercheurs observent que l’utilisation du phosphate naturel de Tahoua améliore non seulement les rendements par rapport au champ témoin, mais aussi procure des rendements qui représentent en moyenne 76 % de ceux obtenus avec le phosphate soluble vulgarisé. Les différents tests ont aussi mis en évidence les effets de la localisation des engrais phosphatés solubles et naturels à la fois sur les rendements et l’efficience de l’utilisation du phosphore. Ils pensent alors qu’« une étude d’impact serait une bonne chose. Elle permettra de comprendre les raisons qui font que le PNT n’est pas beaucoup utilisé, quand bien même les producteurs reconnaissent sa valeur. » Dès lors, au Sénégal, ils affirment que, dans les deux localités de Nguer et de Latmingué, l’utilisation du phosphate naturel, seul ou avec l’engrais minéral, peut être une alternative viable à l’utilisation de l’engrais minéral azote-phosphore-potassium (NPK). D’autant que le phosphate naturel, à la dose de 400 kilos à l’hectare, est seulement utilisé, une fois en trois années, alors que l’engrais minéral est utilisé, tous les ans. Sur l’arachide (légumineuse à graines), les rendements, obtenus avec ce dernier, sont légèrement supérieurs à ceux CORAF ACTION N° 59
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Cependant, dans les exploitations agricoles paysannes, l’utilisation des engrais phosphatés est limitée par des contraintes d’approvisionnement dues à leur indisponibilité, de faiblesse des importations du fait de l’inconsistance des fonds gouvernementaux et de coût. Or la sous-région dispose d’importants gisements de phosphates naturels, même si leur faible solubilité est attestée. C’est le cas du Niger qui dispose de deux gisements de phosphates naturels : les phosphates de Tahoua (PRT) plus efficaces que ceux du Parc W. En effet, l’efficacité des premiers sur le rendement de mil varie entre 82 et 91 % par rapport à celle du phosphate super-simple (SSP). D’ailleurs, les producteurs préfèrent la combinaison de dose de 13 kilos de phosphore du PRT à l’hectare épandus à la volée et dose de 4 kilos de phosphore du SSP à l’hectare appliqués au poquet. Ceci est indiqué par l’évaluation économique du PRT réalisée, après de longues expérimentations. Une autre étude, datant de 1993, sur les effets à long terme des phosphates naturels de Kodjari, au Burkina Faso, a montré que différentes technologies, qui en sont issues, permettent d’obtenir des surplus de rendement de grains de sorgho par rapport au phosphate soluble, variant entre 6 et 36 %. A noter que cette capacité des premiers à accroître le
E CHOS phosphore est indépendante de leur qualité, de sorte que leurs gisements, considérés comme « non économiquement rentable », peuvent être valorisés localement pour l’amélioration du phosphore capital des sols. Pour faire face à une telle situation, faite d’avantages et d’inconvénients, le Projet a pris « le taureau par les cornes » : transférer les technologies et approches les plus appropriées pour l’utilisation des phosphates naturels, avec comme souci de restaurer et de maintenir la productivité des sols ; d’améliorer la production et la sécurité alimentaire ; de réduire la pauvreté et de promouvoir le bien-être des communautés rurales. Pour y parvenir, il a mobilisé les équipes de chercheurs des trois pays qui, d’arrache-pied, se sont échinés à synthétiser la documentation sur les résultats de recherche relatifs aux phosphates naturels ; à tester des options alternatives de leur utilisation directe, telles que les mélanges à sec avec des sources de phosphore soluble et compactés ou non pour l’amélioration de la disponibilité à court et à moyen terme du phosphore biologique; à diffuser les engrais phosphatés mélangés, compactés ou non et diversement réactifs dans des systèmes de culture spécifiques de différentes zones agro-écologiques. Après tout, il leur a fallu, au préalable, s’attaquer à cette véritable tâche : la sélection des sites et des producteurs expérimentateurs (voir encadré 1). Mais étant en terrain connu, les membres du Projet ont mis en avant un certain nombre de critères. Il s’agit, pour les critères agronomiques, des types de sol, étant entendu que les sols acides et pauvres sont les plus appropriés ; de la pluviométrie annuelle du site comprise entre 500 et 800 millimètres ; d’un régime foncier favorable à l’investissement et permettant aux producteurs de disposer d’une terre d’expérimentation sur 3 ans ; d’un niveau d’utilisation des intrants par producteur expérimentateur ; des systèmes de culture, telles les cultures pures, de rotation et d’association, pratiqués par les producteurs. S’agissant des critères socioéconomiques, on peut citer le niveau de technicité, de revenus, d’encadrement, etc., des producteurs ainsi que l’accès garanti au marché des produits et des intrants. Parmi les critères de gestion, on peut compter les sites permettant, dans la mesure du possible, une meilleure intégration à la fois des 3 équipes et des dispositifs du Programme en marge du désert (DMP) ou ayant bénéficié d’investissement de la part des projets de développement rural intégrés ; ceux
Encadré 2
Pays Burkina Faso Niger Sénégal
Régions Nord Ouest Dosso Kaolack
Villages Piliga Tahoua Fada Zémo, Konkorido, Doguéraoua, Guidan Ider Campement, Santiou Aliou Mbaye, Keur Ablaye Débo, Keur Abdou Khoulé, Tiobel, Boyngel, Keur Mamour Seck, Nger Mandah, Médinaboul Salam II, Santiou Dioukoul, Diokoul
offrant déjà un haut potentiel d’adoption des technologies ; ceux abritant des ONG et projets pouvant faciliter l’accès des producteurs au crédit — warrantage, fonds de roulement, etc. De la sorte, les différents sites ont été choisis de façon participative entre les ONG, les projets de développement, les Organisations des producteurs (OP) et les chercheurs du Projet. Les producteurs expérimentateurs ont été choisis par les OP avec l’appui des ONG et projets de développement.
Contact : Paco Sérémé CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : paco.sereme@coraf.org Skype : Skypesereme Internet : www.coraf.org
Fertilisation des sols : techniques culturales et traitements associés meilleurs que la pratique paysanne
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Encadré 1
L’équipe du Projet au complet
François Lompo, coordonnateur, CERAAS, ISRA, Sénégal Omar Diouf et Samba Thiaw, CERAAS, ISRA, Sénégal André Bationo et Adamou Abdou, TSBF, CIAT, Kenya Moussa Salou et Mahamadou Gandah, INRAN, Niger Amadou Bassirou, Projet intrants FAO, Niger Tabo Ramadjita, ICRISAT, bureau du Niger Moussa Bonzi, INERA, Burkina Faso
DE LA RECHERCHE REGIONALE
U BURKINA FASO, LES CHERCHEURS DU PROJET « PROMOTION
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de l’utilisation des phosphates naturels pour la recapitalisation des terres dans le Sahel » ont mis les bouchés doubles. Des tests d’adaptation et de diffusion des technologies à base de phosphate naturel appliquées à la production de sorgho et de niébé en en milieu paysan jusqu’à l’obtention des différents résultats, en passant par les expérimentations de techniques culturales innovantes, la formation des producteurs, techniciens agricoles et étudiants ainsi que la vulgarisation des résultats, tout ceci a été rendu possible, de 2005 à 2007, grâce au financement de la Banque africaine de CORAF ACTION N° 59
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DE LA RECHERCHE REGIONALE traitements (voir encadré 2) de fertilisation et 2 traitements secondaires que sont les rotations de sorgho et de niébé. Les premiers se déroulent sur une parcelle élémentaire de 160 mètres carrés (20 x 8 mètres), où les lignes sont parallèles à la longueur.
développement (BAD), à travers le Fond compétitif régional du CORAF/ WECARD. A la phase des tests en milieu paysan, s’était opéré le choix du matériel végétal et du dispositif expérimental. Le matériel végétal est choisi parmi les cultures déjà identifiées. Parmi les céréales, la variété de sorgho Kapelga (Sorgum bicolor, M.) est retenue pour ses performances, éprouvées en milieu paysan, de bonne productivité, de bonne qualité de la farine, de facilité d’adoption pour la vulgarisation, etc. Parmi les légumineuses, la variété de niébé KVX 456 4-5-2D est choisie vu ses performances, éprouvées en milieu paysan, de bonne productivité, de bonne valeur gustative et nutritionnelle, de facilité d’adoption pour la vulgarisation, etc. Dans le dispositif expérimental, ont été principalement utilisées les techniques de collecte d’eau, que sont le zaï ou demi-lune, combinées à la fertilisation organo-minérale et phosphatée — fumure organique, engrais NPK et phosphate naturel —, dans un système de culture en rotation sorghoniébé. Chez chaque paysan, celui employé comporte 4 traitements principaux (voir encadré 1), étant entendu que chaque test est considéré comme une répétition par la méthode de recherche participative. Chaque parcelle est équitablement subdivisée en 2 parties, dans le sens de la pente : une partie est semée de la variété de sorgho Kapelga et l’autre de la variété de niébé KVX 456 4-5-2D. Chaque principal traitement est développé sur une parcelle de 352 mètres carrés, soit 22 mètres – dans le sens de la pente – sur 16 mètres – dans le sens perpendiculaire à la pente. Les semis sont effectués aux écartements de 0,80 mètre entre les lignes et 0,40 mètre entre les poquets. Les plants sont démariés (arracher certains pieds pour éclaircir le semis) à 2 plantes par poquet.
Encadré 2
• Split-plot • Témoin absolu • Témoin azote et potassium (NK) • 100 % phosphate soluble • 75 % phosphate soluble + 25 % phosphate naturel • 50 % phosphate soluble + 50 % phosphate naturel • 25 % phosphate soluble + 75 % phosphate naturel • 100 % phosphate naturel + azote et potassium (NK) • 100 % phosphate naturel • 4 répétitions Ils ont réalisé les traitements secondaires sur le sorgho et le niébé. Sur la production de céréales uniquement, ils sont restés dans les limites de la dose de phosphore recommandée qui est de 52.6 kilos de P2O5 par hectare, en prenant en compte la correction en carence de phosphore et les besoins de la céréale. Tout comme ils se sont servis des engrais que sont NPK (14-23-14), l’urée à 46 % de N, le TSP à 46 % de P2O5 et le KCl à 60% de K2O. En milieu paysan, les tests d’adaptation et de diffusion des technologies, qu’ils ont effectués, ont abouti à des résultats probants quant aux effets du phosphate naturel associé au zaï sur les rendements du sorgho et du niébé. Concernant les effets sur la production de grains de sorgho (voir tableau 1), ils ont obtenu, avec la pratique paysanne du semi direct avec NPK, de faibles rendements moyens. Par contre, le rendement plus élevé est atteint avec l’apport de PS ayant donné un rendement de 1 077 kilos de grains à l’hectare, ce qui équivaut à une augmentation de plus de 300 % par rapport à la pratique paysanne. Ce traitement est suivi de celui, combinant 75 % de PN et 25 % de PS, qui enregistre un rendement moyen de 926 kilos de grains à l’hectare, soit un accroissement de 274 %. Ferme la marche l’apport de 100 % de PN qui donne, néanmoins, des rendements meilleurs par rapport à la pratique paysanne.
Encadré 1
• Témoin paysan : semi-direct + apport de NPK • Zaï ou demi-lune + 5 tonnes fumier par hectare + NPK en micro-dose (moins de 4 grammes par poquet) • Zaï ou demi-lune + 5 tonnes fumier par hectare + 200 kilos phosphate naturel par hectare • Zaï ou demi-lune + 5 tonnes fumier par hectare + 150 kilos phosphate naturel par hectare (75 %) + 60 kilos NPK par hectare (25 % phosphate soluble).
Tableau 1 : rendements de grains de sorgho dans la technique du zaï
Des expérimentations en station de recherche ou en milieu paysan, gérées par les chercheurs et utilisables comme champs de démonstration aux producteurs, leur ont servi de baromètre pour déterminer la combinaison optimale entre phosphates naturels (PN) et phosphate soluble (PS). Les rendements, enregistrés avec le zaï, sont significativement supérieurs…
Au Burkina Faso, les chercheurs visaient, à travers cet essai, la détermination de la combinaison optimale du PN de Kodjari et du PS à l’eau, en vue d’atteindre une meilleure production du sorgho et du niébé. Ils installèrent alors le dispositif expérimental (4 répétitions) de la façon suivante : un split-plot comportant 8 principaux CORAF ACTION N° 59
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PN = phosphate naturel, PS = phosphate soluble, FO = fumure organique
E CHOS Concernant les effets sur les rendements de grains de niébé (voir tableau 2), ils ont réalisé, avec la pratique paysanne, de faibles rendements moyens avec moins de 200 kilos de grains par hectare. L’apport de PS a donné les rendements les plus élevés qui correspondent à un accroissement de plus de 200 % par rapport à la pratique paysanne. L’apport, combiné de 75 % de PN et de 25 % de PS, permet d’atteindre un rendement moyen de grains de près de 500 kilos par hectare, soit une augmentation de 160 %.
200 kilos à l’hectare. Les rendements les plus élevés sont obtenus avec l’apport de PS et correspondent à une augmentation de plus de 150 % par rapport à la pratique paysanne. L’apport, combiné de 75 % de PN et de 25 % de PS, permet d’atteindre un rendement moyen en grains de près de 500 kilos à l’hectare, soit un accroissement de 95 %. Tableau 4 : rendements de grains de niébé dans la technique de demi-lune
Tableau 2 : rendements de grains du niébé dans la technique du zaï
PN = phosphate naturel, PS = phosphate soluble, DL = demi-lune, FO = fumure organique
PN = phosphate naturel, PS = phosphate soluble, FO = fumure organique
A Kodjari, les meilleurs rendements sont enregistrés avec les traitements combinant le zaï ou la demi-lune aux apports de fertilisants minéraux et organiques. L’apport de 100 % PS enregistre le plus fort rendement suivi respectivement de l’apport de 75 % de PN avec 25 % de PS et de l’apport de 100% de PN. Cependant, les rendements, enregistrés avec le zaï, sont significativement supérieurs à ceux obtenus avec la demi-lune. Ces tendances sont identiques à celles observées, chaque année.
Les chercheurs ont également étudié les effets du phosphate naturel associé à la technique demi-lune sur les rendements de sorgho et de niébé. En ce qui se rapporte aux effets sur les rendements de grains de sorgho, le tableau 3 indique clairement que ces meilleurs rendements moyens sont observés au moyen de l’apport de PS, avec un rendement en grains de 760 kilos par hectare équivalant à une augmentation de plus de 200 % par rapport à la pratique paysanne. Ce traitement est suivi de celui, combinant 75 % de PN et 25 % de PS, qui enregistre un rendement moyen de 681 kilos par hectare, soit une augmentation de 186 %. L’apport de 100 % de PN donne des rendements meilleurs par rapport à la pratique paysanne.
Une formation de 106 producteurs agricoles de 5 groupements de 4 villages
Tableau 3 : rendements de grains du sorgho dans la technique de la demi-lune
Chaque donnée est la moyenne de 11 paysans. PN = phosphate naturel, PS = phosphate soluble, DL = demi-lune, FO = fumure organique
En ce qui se rapporte aux effets sur les rendements de niébé, le tableau 4 montre que des faibles rendements moyens sont obtenus du fait de la pratique paysanne qui donne moins de
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Les chercheurs concluent alors que les apports du PN de Kodjari doivent être complétés par le PS. « Aussi, l’efficacité du Burkina phosphate dépendrait des pratiques culturales, des apports de matières organiques et surtout des techniques de CES/DRS [conservation des eaux et des sols et défense et restauration des sols]. », achèvent-ils de dire. Arrivant aux expérimentations touchant les effets des différentes sources de phosphore sur la production du sorgho, les chercheurs aboutissent aux résultats suivants. Présentés dans le tableau 5, ils révèlent qu’à l’exception de la fumure à 100 % PN qui donne un rendement moyen de grains de 514 kilos à l’hectare inférieur à celui du témoin absolu, les autres fumures phosphatées enregistrent des rendements supérieurs. Par rapport à la fumure à 100 % PS, ils montrent également qu’en combinant le PS avec du phosphate non soluble, on peut aller jusqu’à 50 % de mélange et améliorer la réponse du sorgho de 8 à 16 %. Le mélange, allant jusqu’à 75 % de PN, donne des rendements moyens un peu inférieurs de 7 % environ par rapport au traitement de PS et passant à 50 % lorsque le PN est apporté seul. CORAF ACTION N° 59
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Tableau 5 : effets des traitements sur les rendements de grains de sorgho
valent (CAP) de Matourkou. Les formations étaient relatives à la pédologie, à l’étude comparée de l’effet du travail manuel et mécanique de récupération des terres dégradées — zaï, demi-lune et travail du sol en traction motorisée — : cas des villages de Pelliga et de Bougou, dans le Namentenga ; à l’évaluation participative en milieu paysan des éléments nutritifs et des techniques de collecte de l’eau : cas du village de Piliga, dans la province du Nementenga. Contact : Harold Roy-Macauley CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : h.roy-macauley@coraf.org
PN = phosphate naturel, PS = phosphate soluble
Mil et niébé : phosphates naturels et engrais minéraux partout meilleurs aux rendements
Examinant, maintenant, les effets des différentes sources de phosphore sur la production de niébé, ils ont abouti à d’intéressants résultats présentés dans le tableau 6. Les fumures à 100% PS, à 25 % PN avec 75 % de PS, à 50 % PN avec 50 % de PS, à75 % PN avec 25 % de PS et à 100 % PN avec NK, ont permis d’obtenir des rendements nettement supérieurs à ceux de la fumure à 100 % de PN qui ne diffère pas du témoin sans engrais. Par rapport à la fumure à 100 % PS, les résultats montrent qu’en combinant le PS au phosphate non soluble, on peut aller jusqu’à 50 % de mélange et améliorer la réponse du sorgho 20 % environ. Le mélange, allant jusqu’à 75 % de PN, donne des rendements moyens un peu inférieurs de 6 % par rapport au traitement de PS, ce qui passe à près de 40 % lorsque le PN est apporté seul.
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NIGER, LES CHERCHEURS DU PROJET « PROMOTION DE l’utilisation des phosphates naturels pour la recapitalisation des terres dans le Sahel » n’ont pas lésiné sur les moyens. Des tests d’adaptation et de diffusion des technologies, basées sur l’utilisation des phosphates naturels pour la production du mil et du niébé en en milieu paysan, ont été effectués. Des expérimentations de techniques culturales innovantes ont été réalisées. Des résultats satisfaisants ont été atteints. Tout ceci a été rendu possible, au Niger, de 2005 à 2007, grâce au financement de la Banque africaine de développement (BAD), à travers le Fond compétitif régional du CORAF/WECARD. A l’étape des tests en milieu paysan nigérien, les chercheurs ont utilisé comme engrais le NPK (azote, phosphore, potassium) ou 15-15-15, le PNT (phosphate naturel de Tahoua) et l’urée et comme matériel végétal la variété de mil HKP. Les tests, qui comportent 4 traitements appliqués, chez les mêmes producteurs, sur les parcelles élémentaires de 500 mètres carrés chacune. Les traitements, représentant différentes combinaisons comparées par les paysans, sont les suivants. U
Tableau 6 : effets des traitements sur les rendements de grains du niébé
PN = phosphate naturel, PS = phosphate soluble
Ce travail de recherche intense, en station de recherche comme en champ paysan, le Projet l’a complété par les activités de formation et de valorisation de ses résultats obtenus. Une formation sur les techniques de production de la fumure organique améliorée, portant sur le compostage des résidus bio-dégradables et des phosphates naturels, a été organisée à l’intention de 106 producteurs agricoles de 5 groupements de 4 villages. Des techniciens d’agriculture, formés pour assurer la vulgarisation des technologies de gestion intégrée de la fertilité des sols, ont été encadrés. Ils venaient du Centre agricole polyCORAF ACTION N° 59
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Encadré 1
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• T0 = pratique paysanne (sans aucune fumure) • T1= NPk, 60 kilos par hectare + urée, 10 kilos par hectare • T2 = PNT, 130 kilos par hectare + urée, 10 kilos par hectare • T3 = PNT ( 97,5 kilos par hectare) + 1/4 NPk, 15 kilos par hectare + urée, 10 kilos par hectare
E CHOS Le PNT a été appliqué à la volée, puis enfoui. Pendant le premier sarclage, le NPK a été appliqué au poquet, à chaque pied de mil. Pour une meilleure consommation en phosphore des plantes, ils mettent, pour chaque traitement, y compris le témoin, 1 gramme d’urée par poquet, au tallage. Ils ont fini par récolter le mil sur des carrés de rendements de 100 mètres carrés (10 x 10 mètres), et après séchage des récoltes, par battre les épis et par peser les grains.
Encadré 4 • Témoin absolu (aucun phosphore) • PSS (phosphate super simple), 13 kilos phosphate par hectare, à la volée • PSS, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + PSS, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet
Les tests d’adaptation et de diffusion de technologies ont convaincu plus d’un
• PSS, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet
C’est après qu’ils procèdent aux analyses statistiques de l’ensemble des données de rendements obtenus sur chaque site, à Karabedji et à Gaya, au seuil de 5 %, durant les 3 années de test. De même, ils font des évaluations paysannes de tests comparant différentes technologies de restauration de la fertilité des sols (voir encadré 2).
• NPK, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée • NPK, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + NPK, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet • NPK, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet • PNT (phosphate naturel de Tahoua), 13 kilos phosphate par hectare, à la volée
Encadré 2
• PNT, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + PSS, 13 kilos phosphate par hectare, au poquet
• Pratique paysanne • NPK, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet • DAP (phosphate diammonique), 4 kilos phosphate par hectare, au poquet • PNT, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + NPK, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet
• PNT, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + NPK, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet • PNK (phosphate naturel de Kodjari), 3 kilos phosphate par hectare, à la volée • PNK, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + PSS, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet
A l’étape des expérimentations en station de recherche ou en milieu paysan, les chercheurs cherchaient à déterminer la combinaison optimale entre phosphates naturels (PN) et phosphate soluble (PS) et à faire qu’elles servent de champs démonstration aux producteurs. C’est ainsi que sur les sites de Karabedji, de Banizoumbou, de Sadoré et de Gaya, ils ont étudié les effets combinés des phosphates naturels et des engrais minéraux sur la production du mil et du niébé, au travers des traitements ci-après.
• PNK, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + NPK, à raison de 4 kilos phosphate par hectare, au poquet Sur les sites de Sadoré, de Karabedji et de Gaya, l’étude d’évaluation des technologies de systèmes de culture et d’engrais minéraux ont été faite sur les traitements suivants. Encadré 5 • Témoin
Encadré 3
- NPK, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet + PRT, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + culture associée
• Témoin absolu • Azote, 30 kilos par hectare • P N, 12 kilos phosphore par hectare • P N, 12 kilos phosphore par hectare + 30 kilos azote par hectare • P N, 9 kilos phosphore par hectare + PS, 3 kilos phosphore par hectare + azote, 30 kilos par hectare • P N, 6 kilos phosphore par hectare + PS, 6 kilos phosphore par hectare + azote, 30 kilos par hectare • P N, 3 kilos phosphore par hectare + PS, 9 kilos phosphore par hectare + azote, 30 kilos par hectare • PS, 12 kilos phosphore par hectare (phosphate soluble) + azote, 30 kilos par hectare Ils ont également cherché à déterminer les effets de la localisation du phosphore sur son utilisation efficiente. Aussi, à Karabedji, ont-ils abouti à l’usage sur le mil et le niébé des traitements comparés, tels que les montre l’encadré 4.
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- NPK, 4 kilos phosphate par hectare, au poquet + PRT, 13 kilos phosphate par hectare, à la volée + culture pure En milieu paysan, les tests d’adaptation et de diffusion des technologies à base de phosphates naturels ont convaincu plus d’un. En effet, à Fada Zéno, chercheurs et producteurs ont atteint des résultats satisfaisants, même si le nombre de ces derniers n’était que de 10. Des rendements de mil et de niébé 2 à 3 fois plus élevés que ceux du témoin
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Le seul PNT, qu’ils ont apporté, a augmenté les rendements du témoin de 62 %. Ils ont également fait des rendements correspondant à 76 % de ceux obtenus au moyen de la fumure recommandée (15-15-15) et de la formule mixte (PNT CORAF ACTION N° 59
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+ formule recommandée) et à 89 % des rendements obtenus grâce à la formule recommandée seule (voir tableau 1).
notoire entre le témoin et tous les autres traitements, et ce, pour les rendements d’épis et de grains (voir tableau 4). Ainsi, les rendements du PNT représentent 79 % de ceux de la formule vulgarisée.
Tableau 1 : moyenne des rendements du mil des trois années, à Fada Zéno (kilo/ ha)
Tableau 4 : moyenne des rendements du mil des trois années, à Doguérawa (kilo/ ha)
A Konkorindo, avec le même nombre de producteurs, ils ont obtenu des rendements en mil (épis et grains) significativement non différents (voir tableau 2). Cependant, ceux en grains obtenus avec le PNT représentent 73 % de ceux avec la fumure vulgarisée. Avec la formule mixte, ceux en grains obtenus correspondent à 84 % de ceux de la formule vulgarisée.
Toujours en milieu paysan, plus exactement à Karabedji et à Gaya, il a été procédé à l’évaluation des sources et doses de phosphate appliquées, à la volée et au poquet, sur les rendements par kilo à l’hectare de mil. A Karabedji, les calculs, faits par les chercheurs des rendements moyens triennaux, ne montrent, sur le tableau 5, aucune différence significative entre les applications localisées du NPK et du DAP. « On peut, par contre, noter la bonne performance de la technologie consistant en une application de fond du PNT à la dose de 13 kilos à l’hectare, suivie de celle au poquet du NPK à la dose de 4 kilos à l’hectare. Cette option procure un surplus de rendement en grain de 221 kilos à l’hectare par rapport au NPK appliqué au poquet et de 246 kilos à l’hectare par rapport au DAP appliqué au poquet. », affirment-ils.
Tableau 2 : moyenne des rendements du mil des trois années, à Konkorindo (kg/ ha)
Tableau 5 : évaluation en milieu paysan des sources et doses de phosphore appliquées à la volée et au poquet sur les rendements du mil, à Karabedji (kg/ ha)
Dans la localité de Guidan Ider, avec 12 à 10 producteurs, les chercheurs ont enregistré la meilleure réponse grâce au PNT, en réalisant un gain en grains avec l’apport de plus de 200 kilos à l’hectare sur le témoin (voir tableau 3). Tableau 3 : moyenne des rendements du mil des trois années, à Guidan Ider (kilo/ ha)
De plus, l’utilisation du PNT leur a permis d’obtenir 77 % des rendements obtenus avec le 15-15-15, tandis que l’usage de la formule mixte leur a donné des proportions pratiquement équivalente à la formule vulgarisée. Dans la localité de Doguérawa, avec un peu plus de producteurs, par contre, l’apport de PNT a introduit une différence CORAF ACTION N° 59
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NPK : 15-15-15. DAP : phosphate diammonique. PNT: phosphates naturels de Tahoua. MST : matière sèche totale
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Tableau 8 : effets combinés des phosphates naturels et des engrais minéraux sur la production de fanes de niébé (kg/ ha)
Tableau 6 : évaluation en milieu paysan des sources et doses de phosphore appliquées à la volée et au poquet sur les rendements du mil, à Gaya (kg/ ha)
PN : phosphate naturel
Concernant les effets de la localisation du phosphore, on peut dire que son efficience d’utilisation est meilleure avec l’application localisée au poquet, et ce, quelle que soit la source — PS, PSS ou PNK. En effet, elle passe, en moyenne, de 21,7 kilos de grains par kilo avec le PSS appliqué à raison de 13 kilos à l’hectare, à la volée, à 86,7 kilos à raison de 13 kilos à l’hectare, à la volée, et de 4 kilos à l’hectare, au poquet. Avec le PNK, l’efficience d’utilisation passe de 31 kilos de grains par kilo de phosphore, à la volée, à 117 kilos de grains par kilo de phosphore, au poquet (voir tableau 9). Et les chercheurs de préciser que « les mêmes conclusions sont valables pour le niébé. » En tout état de fait, ils observent que l’efficience d’utilisation du PNT et du PNK (Burkina Faso) est améliorée, lorsqu’ils sont combinés au PSS ou au PNK, la meilleure combinaison étant avec ce dernier.
DAP : phosphate diammonique. PRT : phosphate naturel de Tahoua. MST : matière sèche totale
Abordant les résultats des expérimentations, tels les effets combinés des phosphates naturels et des engrais minéraux sur la production du mil (voir tableau 7) et du niébé (voir tableau 8), ils établissent qu’il y a un intérêt certain à considérer aussi bien les rendements de gains de mil que de fanes de niébé.
Tableau 9 : effets de la localisation du phosphore sur son efficience d’utilisation par le mil (kg grain/ kg phosphore) et le niébé (kg fanes /kg phosphore)
Tableau 7 : effets combinés des phosphates naturels et des engrais minéraux sur la production du mil (grain kg/ ha)
PN : phosphate naturel
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PNT : phosphate naturel de Tahoua. PNK : phosphate naturel de Kodjari. Po : 4 kilos de phosphate par hectare, au poquet. Vo : 13 kilos de phosphate par hectare, à la volée CORAF ACTION N° 59
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Enfin, en évaluant les technologies des systèmes de culture et d’engrais minéraux sur les rendements du mil et du niébé, ils ont pu noter que l’utilisation combinée de PNK à la dose de 4 kilos à l’hectare épandus à la volée et de 13 kilos au poquet permet d’obtenir des rendements de mil et de niébé 2 à 3 fois plus élevés que ceux du témoin, selon qu’on est en culture pure ou en culture associée.
Ils ont établi, par la suite, le dispositif expérimental en blocs aléatoires complets répétés 9 fois, selon les quatre traitements suivants. Encadré 1 • T0 = témoin absolu sans apport
Tableau 10 : évaluation de technologies de systèmes de culture et d’engrais minéraux sur les rendements en grains de mil et en fanes de niébé (kg/ ha)
• T1 = PSS (phosphore soluble) et NPK (azote, phosphore, potassium), pratique recommandée selon la culture • T2 = PN (phosphate naturel), 400 kilos par hectare, sans azote et chlorure de potassium • T3 = PN (phosphate naturel), 400 kilos par hectare + 1/4 dose NPK recommandée
PNT : phosphate naturel de Tahoua. Po : application de 4 kilos de phosphate par hectare, au poquet. Vo : application de 13 kilos de phosphate par hectare, à la volée
Contact : Issoufou Kollo CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : issoufoukollo@coraf.org
Pouvoir suivre le développement de la culture
Bassin arachidier sénégalais
Phosphate naturel seul ou combiné à engrais minéral, une solution à la fertilité relevée des sols
A
SÉNÉGAL, RIEN N’EST LAISSÉ AU HASARD PAR LES chercheurs du Projet « Promotion de l’utilisation des phosphates naturels pour la recapitalisation des terres dans le Sahel ». Des tests en milieu paysan sur le matériel végétal, le dispositif expérimental et les conditions de cultures et les techniques culturales, les tests d’adaptation et de diffusion des technologies, tous basés sur l’utilisation des phosphates naturels et appliqués à la production du mil, du maïs, de l’arachide et du sésame, ont été effectués. Des expérimentations de techniques culturales innovantes ont été réalisées. Des résultats satisfaisants ont été atteints. Tout ceci est rendu possible, de 2005 à 2007, grâce au financement de la Banque africaine de développement (BAD), à travers le Fond compétitif régional du CORAF/WECARD. A l’étape des tests en milieu paysan sénégalais, les chercheurs ont laissé les producteurs choisir leur propre culture parmi les quatre spéculations que sont le mil, le maïs, l’arachide et le sésame. U
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Ils ont appliqué chacun ces traitements, sans répétition, sur une parcelle unitaire de 500 mètres carrés (25 x 20 mètres), l’espace compris entre elles étant de 2 mètres. Les producteurs ont réalisé les actions de sarclage, de binage et de traitement phytosanitaire. Ensemble, ils ont suivi la date de semis, de levée, de montaison, d’épiaison, de formation des noeuds et des boutons floraux, de floraison femelle et mâle, de formation capsulaire, laiteuse et pâteuse des grains, de maturité, en somme, toutes les étapes caractéristiques de la phénologie. Avant le semis et ausssi à la récolte, ils ont également prélevé des échantillons de sol, dans chaque parcelle, pour analyser leur teneur en azote et en phosphore. A la récolte, sur 3 placettes de 12,91 mètres carrés (3,6 x 3,6 métres), ils ont bien estimé le rendement final en grain et la biomasse aérienne, relevé la pluviométrie à partir des stations de Nganda et de Ndoffane et testé les différences entre les traitements. En milieu paysan comme en station de recherche, des expérimentations ont été conduites, dans le but de déterminer la combinaison optimale entre PN et PS et de servir de champs de démonstration aux producteurs. Les chercheurs ont comparé, à Bambey, dans la région de Diourbel, au contre du pays, les technologies à base de phosphates naturels. Pour ce faire, ils ont prélevé des échantillons de sol, au niveau de chaque bloc pour les horizons de 0-10 et de 10-20 centimètres, pour les caractériser physico-chimiquement, avant d’installer les parcelles de culture. Ils se sont alors servis du mil, plus particulièrement de la variété Souna III. Ils ont effectué un labour humide pour lui assurer un bon lit de semis, fait en sorte que le semis soit superficiel (1 à 2 centimètres de profondeur), dans des parcelles de 86,48 mètres carrés (10,8 x 8,1 mètres) espacées de 1,5 mètre, effectué le démariage, près de 10 jours avant le semis et envisagé des opérations de sarclage, de binage et de traitements phytosanitaires, en fonction de la pression de l’enherbement et des insectes. Ainsi, le dispositif, constitué de blocs complets choisis au hasard et comportant 8 niveaux de fertilisation minérale et 4 répétitions, est mis en place.
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Témoin absolu
l
Témoin NK (azote et potassium)
l
Phosphate soluble (PS) à 100 %
l
Phosphate naturel (PN) à 25 % + PS à 75 %
l
PS à 50 % + PN à 50 %
l
PS à 25 % + PN à 75 %
l
PN à 100 %
l
NPK (azote, phosphore, potassium)
Dans chaque parcelle, ils ont délimité un carré de 2,7 x 1,8 mètres, afin de pouvoir mesurer les paramètres de rendement, relevé les paramètres climatiques — la température, la durée d’insolation, la vitesse du vent, l’humidité relative et la pluviométrie —, depuis la station météorologique de Bambey. Ils ont aussi mesuré, grâce à l’Index de la surface foliaire (LAI) 2000 utilisant la différence entre le flux quantique mesuré audessus de la canopée et celui mesuré en différents points et sous plusieurs angles en-dessous de la canopée (sommet de la forêt humide suspendue abritant la majorité des espèces vivantes), l’indice foliaire qui est le rapport de la surface foliaire à l’unité de surface de sol. Le but visé est de pouvoir suivre le développement de la culture. Ils répètent, par conséquent, 3 fois, sur chacune parcelle, 1 mesure au-dessus du couvert et 4 mesures en-dessous. A la récolte, ils mesurent, dans le carré de rendement, les composantes de ce dernier que sont le poids sec des grains, la biomasse aérienne totale, le poids des épis, le poids des 1 000 grains. Cependant, il s’est posé que l’indisponibilité à temps des phosphates locaux a conduit à une mise en place tardive des expérimentations, durant la première année. A Latmingue, le meilleur traitement a donné…
Toujours, en milieu paysan, les tests d’adaptation et de diffusion des technologies, basées sur les phosphates naturels, ont porté sur l’arachide. En 2005, les chercheurs ont procédé à l’analyse de variance qui ne montre aucune différence significative, au seuil de 5 %, entre les différents niveaux de fertilisation appliqués sur les deux sites. Cependant, Ils ont observé qu’en ce qui concerne les fanes, la formule de fertilisation du PS (premier traitement), donne le meilleur rendement, à Latmingué avec 1 200 kilos de gousses à l’hectare et à Nguer avec 1 000 kilos à l’hectare ; la formule de fertilisation mixte, utilisant 400 kilos à l’hectare de PN et 1/4 de la fertilisation recommandée, permet d’obtenir des rendements de 1 046 kilos à l’hectare à Latmingué et 935 kilos à l’hectare à Nguer. Ces rendements correspondent à 87 % à Latmingué et à 94 % à Nguer de ceux obtenus avec la formule recommandée. Quant aux rendements obtenus avec la fertilisation de PN seul (deuxième traitement), ils oscillent entre 600 et 800 kilos à l’hectare. En 2006, à Nguer, le premier traitement a été plus productif avec 715 kilos à l’hectare, suivi de très près des 3 autres traitements. Le troisième de 400 kilos à l’hectare, qui a été
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seulement appliquée durant la première année, a eu un bon niveau de rendement, vu que les autres traitements ont bénéficié d’une nouvelle application d’engrais. A Latmingué, les 4 traitements ont produit en moyenne 1 000 kilos par hectare. Le traitement sans engrais est le plus faiblement productif, avec 775 kilos par hectare. Les deuxième et troisième traitements ont été les plus productifs, avec respectivement 1 041 et 1053 kilos à l’hectare. Et les chercheurs de noter que « la différence entre les traitements est significative, au seuil de 5 % ». Ainsi, en faisant un rendement très inférieur à celui des traitements au phosphate naturel ou à l’engrais minéral avec le témoin sans engrais, ils prouvent que les sols de Latmingué sont carents en éléments fertilisants, dont probablement le phosphore. La parcelle, ayant reçu du PN seul, durant la première année, a donné, en deuxième année, un rendement supérieur à 1 000 kilos de gousses par hectare. N’est-ce pas, peut être là, la preuve que le PN, seul ou combiné à 1/4 de dose d’engrais minéral vulgarisé, peut constituer une solution pour le relèvement du niveau de fertilité des sols, dans la zone centre du bassin arachidier du Sénégal ?
En 2007, à Nguer, ils n’ont pas constaté une différence significative de poids entre les gousses, les graines et les fanes. Le rendement en graines est faible, puisqu’inférieur à 500 kilos à l’hectare, celui des gousses à 800 kilos à l’hectare, celui des fanes entre 1 629 et 1 326 kilos à l’hectare. Les traitements de fertilisation, eux, pratiqués chez tous les paysans, ne sont pas très différents. « Cependant, constatent les chercheurs, l’écart entre le traitement témoin sans engrais et les autres est important. » Donc, les meilleurs sont le premier traitement ayant reçu la dose recommandée d’engrais minéral et le troisième ayant combiné le PN avec l’engrais minéral. Par contre, le deuxième, qui n’a reçu que 400 kilos à l’hectare de PN, durant la première année, a eu des rendements en gousses et en graines inférieurs aux autres traitements. A Latmingué, le meilleur traitement a donné un rendement inférieur à 300 et à 200 kilos de graines à l’hectare. Raisons sont à chercher du côté de la différence entre paysans, mais aussi…
Quant aux essais sur le mil, il faut dire, d’ores et déjà, qu’à la première année de démonstration et à cause de l’installation tardive des cultures, les épis produits ont tous avorté. C’est
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pourquoi, les chercheurs n’ont pu qu’évaluer la biomasse aérienne totale. A Latmingué, ils ont montré une différence significative entre les niveaux de fertilisation : au seuil de 5 %, la formule de fertilisation recommandée de PS, le premier traitement, est à 5 302 kilos à l’hectare, un rendement supérieur à celui des autres traitements, y compris le témoin qui est à 3 090 kilos à l’hectare. Il en est de même pour celui du troisième trai-tement aux phosphates naturels et à 1/4 de la formule recommandée qui est à 2 468 kilos à l’hectare, du deuxième traitement aux seuls phosphates naturels qui est à 2 236 kilos à l’hectare. A Nguer, par contre, ils n’ont mis en évidence aucune différence significative. Le premier traitement fait le même score de 3 000 kilos à l’hectare, suivi du troisième de 2 500 kilos à l’hectare, du deuxième de 1 443 kilos à l’hectare et du témoin de 1 064 kilos à l’hectare. A l’issue de la deuxième année d’expérimentation à Nguer, les essais ont permis aux producteurs de rcolter, de manière satisfaisante, 929 kilos à l’hectare en moyenne, mais sans qu’aucune importante différence entre les différentes technologies testées n’aient été mise en évidence. Cependant, le premier traitement a eu le second meilleur rendement avec 1 026 kilos à l’hectare, après le troisième avec 1 322 kilos à l’hectare. En tout les cas, le mil, contrairement à l’arachide, a souffert plus du faible niveau de fertilité des sols, puisque le trai-tement témoin a eu le plus faible rendement en grains. Enfin, les chercheurs ont remarqué que l’écart entre le traitement témoin et le troisième est de 700 kilos à l’hectare. De la différence entre le témoin sans apport d’engrais et les autres, ils peuvent affirmer que « le mil semble bien répondre à la fumure minérale et à la fumure phosphatée. ».
A la troisième année, le rendement global a été faible comparé à celui de 2006. Les raisons sont à chercher du côté de la différence entre paysans, mais aussi de celui de la différence pluviométrique. Au niveau du témoin, les producteurs expérimentateurs ont obtenu 459 kilos de grain à l’hectare en moyenne, alors qu’à ceux du premier traitement, ils ont atteint CORAF ACTION N° 59
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910 kilos de grain à l’hectare, et du deuxième, ils ont réalisé 771 kilos de grain à l’hectare. « Au vu de ces résultats, il semble que l’utilisation du phosphate naturel comme élément fertilisant peut contribuer, d’une manière significative, à relever la production du mil. », finissent-ils par dire. La production globale moyenne de la variété de sésame 32-15 a été faible
Pour en arriver au sésame, les résultats obtenus ont porté sur ce qui le caractérise agro-morphologiquement, ses rendements et ses composantes. L’analyse statistique, à laquelle les chercheurs se sont exercés, révèle qu’au seuil de 5 %, de la hauteur maximale des plantes à la récolte, il y a une impor-
tante différence. Le premier traitement de fertilisation recommandée et le deuxième de PN seul donnent à la plante les tailles les plus hautes, 131 et 127 centimètres contre 116,9 centimètres pour le troisième à formule mixte et 111,2 centimètres pour le témoin absolu. Quant au degré de ramification, c’est tout le même effet qui se produit, car au seuil de 5 %, ils on souligné une importante différence. Les troisième et premier traitements donnent des plantes plus ramifiées, soit respectivement 3,97 et 3,82 rameaux, que le témoin et le deuxième, soit respectivement 3,12 et 2,9 rameaux. Dans l’ensemble, pour tous ces traitements, ils remarquent quand même « que la ramification est faible. ». En analysant le nombre de capsules par pied, ils font voir une importante différence, au seuil de 5 %, entre les différents traitements. Le premier en produit, en effet, un nombre par plante plus important, c’est-à-dire 106,8, que le troisième qui est à 87,8, le témoin à 74,1 et le deuxième à 70,7. Alors qu’en analysant le nombre de graines par capsule, ils ne découvrent aucune différence importante entre les traitements. Toutefois, ils notent que le premier et le deuxième en font un score de 65,9 graines, là où le témoin est à 64 et le troisième à 63,2. En procédant à l’analyse statistique de la biomasse aérienne totale, les chercheurs indiquent une importante différence entre les traitements. Le premier et le deuxième permettent d’obtenir les meilleurs rendements, avec respectivement
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jusqu’à la floraison ; ensuite, il commence à diminuer, à la période correspondante à la phase de remplissage jusqu’à la sénescence (délai avant récolte). En abordant la phase terminale de leur travail, qui est l’analyse de la fertilisation sur les composantes du rendement portant essentiellement sur la matière sèche totale aérienne, les grains et le poids de 1 000 grains, seul ce dernier a présenté une nette différence, au seuil de 5 %.
Le niveau de rendement reste acceptable, sauf pour le sixième traitement
Pour revenir à la station de recherche et appréhender les résultats de l’étude comparative des technologies à base de phosphates naturels, ils se sont sérieusement penchés sur l’équation des effets de la fertilisation sur le développement de la culture. L’analyse de variance, qu’ils ont effectuée sur les moyennes des LAI au cours du cycle, a permis de mettre en évidence un effet significatif, au seuil de 5 %, de la fertilisation sur le développement foliaire, au 51e et au 84e jours après le semis. Le test de Newman-Keuls a permis de distinguer des groupes homogènes. Ainsi le traitement à l’azote et au potassium a un meilleur LAI de 2,16 contre celui compris entre 1,6 et 1,8 pour PS à 100 %, PS à 75 % plus PN à 25 %, NPK, PS 50 % plus PN à 50 %, PS à 25 % plus PN à 75 %, PN à 100 % avec un LAI de 1,3 et témoin avec un LAI de 1,11. De manière globale, l’indice foliaire croît à son maximum
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Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles
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NOTES
DE LECTURE
Le même test a permis de distinguer des groupes homogènes parmi les traitements. Ainsi NK et PS à 25 % plus PN à 75 % ont donné les poids de 1 000 graines les plus élevés, soit un poids moyen de 7,33 grammes, par rapport au témoin, au PS à 100 %, au NPK, au PS à 75 % plus PN à 25 %, au PS à 50 % plus PN à 50 % avec un poids compris entre 6,4 et 6,8 grammes, au PN à 100 % avec 5,50 grammes en moyenne. Quant aux rendements en grains et en paille, l’analyse a montré que ces paramètres sont peu sensibles aux différents niveaux de fertilisation appliqués. Par contre, la tendance des courbes montre que la dose de PS à 25 % + PN à 75 % a les meilleurs rendements en fanes, en épis, en grains, tandis que NPK et PN à 100 % ont donné les plus faibles rendements. En 2006, ils n’ont analysé que le rendement en grains du sésame qui, par ordre décroissant, se classe de la manière suivante : le troisième traitement de 100 % de PS, le cinquième de 50 % de PS plus 50 % de PN et le huitième de NPK et d’urée. Dans tous les cas, le niveau de rendement reste acceptable, sauf pour le sixième traitement. Ces résultats montrent que l’utilisation du PS seul ou mélangé au PN peut être aussi intéressante que celle de l’engrais ternaire (3 éléments) recommandé pour la culture du sésame.
Contact : Ousmane Ndoye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : ousmane.ndoye@coraf.org Internet : www.coraf.org CORAF ACTION N° 59
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Programme gestion des connaissances et renforcement des capacités de la Direction des programmes du CORAF/WECARD. Par Sidi Sanyang, gestionnaire de programmes, de Gambie.
Le Programme gestion des connaissances s’articule autour de l’ambition stratégique du CORAF/WECARD d’accéder à l’information et aux données, de les traiter et d’e les organiser sous forme de connaissances. Le but visé : faire en sorte qu’elles aient un grand impact potentiel sur les conditions d’existence des populations de la sous-région Afrique de l’Ouest et du Centre.
En font partie les recherches pour le développement offrant des innovations et des entreprenariats, réalisant l’évaluation et la promotion des outils et approches, telles les plateformes d’innovation, les canaux de dissémination, les approches participatives, les méthodologies, l’apprentissage et le « réseautage » au travers d’une solide implication et appropriation. Autant de choses ancrées, d’une part, dans l’intégration des systèmes, les technologies et les bonnes pratiques agricoles et, d’autre part, dans les cheminements institutionnels, les principes de la recherche agricole intégrée pour le développement (RAID), en tant que faisant partie des larges systèmes d’innovation.
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Le Programme renforcement des capacités et les processus de gestion du changement cible les approches alternatives suivantes : l’approche de transformation et l’approche transactionnelle du modèle de gestion du changement proposées par Warner Burke et George Litwin. L’approche transformationnelle, qui vise le leadership, la culture institutionnelle et l’environnement externe par le truchement de l’apprentissage et le partage systémiques, développe les compétences et aptitudes des gestionnaires et du personnel administratif dirigeant, en vue de mieux les perfectionner. L’approche transactionnelle vise les faiblesses techniques et organisationnelles qui, pour fournir une recherche agricole de qualité, passe, à court et long terme, par la formation et le développement des gestionnaires et du personnel administratif.
L’objectif recherché est d’influencer, fondamentalement, le changement institutionnel, en soutenant à bras le corps le développement et le fonctionnement globaux des Systèmes nationaux de recherche agricoles (SNRA). De même, sont indispensables les améliorations de la qualité du leadership des organisations qui veulent se perfectionner, la culture institutionnelle favorable à l’impulsion collective de cette performance, la relation et l’interaction fructueuses parmi les diverses acteurs sociaux appartenant à l’environnement extérieur, les distinctions et récompenses, tout comme l’apprentissage par les pairs et le « réseautage ».
Dans le domaine du renforcement des capacités, ont obtenu leur diplôme de Master 25 étudiants, dont 11 % de femmes, du Mali, du Congo, de la Gambie et du Ghana, à l’Université de Dschang au Cameroun, au Kwame Nkrumah University of Science and Technology (KNUST) et à l’University of Ghana, à Legon, au Ghana, l’Université d’Abomey-Calavi au Benin, l’University of Greenwich au Royaume-Uni. Pour compléter ce cycle de formation, un processus d’intégration a été enclenché, afin qu’ils soient pleinement associés à leurs SNRA. Environ 164 personnes des SNRA ont vu leurs aptitudes renforcées en rédaction scientifique et de projet, en gestion de la lutte intégrée contre les ravageurs
et en maintenance des équipements de technologie de l’information et de la communication et de laboratoire.
De même, les aptitudes managériales de près de 227 gestionnaires de la recherche et scientifiques senior et cadres moyens, parmi lesquels 18 % de femmes, sont aussi développées.
De plus, 23 agents des SNRA, dont 58 % de femmes, ont été formés sur sur la prise en compte des questions de genre dans les organisations et programmes africoles. Des Plans d’action sur le genre ont été élaborés par le Council for Scientific and Industrial Research (CSIR) — CRI (Crops Research Institute), CSIR — Savannah Agricultural Re-search Institute (SARI), l’University of Development Studies (UDS) et le KNUST du Ghana. Au Mali, au Ghana et en Gambie, les employeurs rapportent que 4-14 % des diplômées en agriculture sont des femmes.
Un Plan marketing sur les produits et services, offerts par le CSIR-CRI et un Plan de plaidoyer et marketing de l’institut d’économie rurale (IER) du Mali sont élaborés. Des films vidéos ont été réalisés sur les processus de gestion du changement dans le cadre du SCARDA, au CSIR-CRI et au National Agricultural Research Institute (NARI) de Gambie, et consultables à www.coraf.org et à www.ruforum.org/scain Le tracer study a montré que les principales disciplines, recherchées par les employeurs et qui ne sont pas suffisamment prises en compte par les institutions de formation, sont, entre autres : l’ingénierie agricole et la machinerie paysanne, l’agroéconomie — gestion des exploitations paysannes, systèmes d’innova-
tion et chaîne des valeurs —, la communication comprenant la rédaction de rapport et les aptitudes en TIC, les bonnes aptitudes relationnelles; les technologies participatives de développement et de diffusion et les contextes socioculturels.
L’analyse des capacités de la Plate forme d’innovation (PI) le long de la chaîne des valeurs du maïs, réalisée au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, en Sierra Leone et au Togo, a révélé les faiblesses des points focaux et de leurs organisations dans la facilitation, la formation, le « coaching
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» et le mentorat des acteurs, dans des processus multiacteurs et de chaîne des valeurs. Il en est de même pour d’autres pays impliqués dans la recherche agricole intégrée pour le développement et les systèmes d’innovation. A présent, plus de 100 chercheurs et agents de développement y ont été sensibilisés et (ou) formés ainsi que dans l’application de la PI, en vue d’améliorer la performance des secteurs agricoles et de contribuer à la transformation de l’agriculture. A l’heure du bilan du volet gestion des connaissances, près de 110 PI de la chaîne des valeurs du maïs et du manioc sont installées et fonctionnelles, dans les 14 pays que sont le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, la Guinée, le Togo et la Gambie (pour le maïs), la Côte d’Ivoire, le Congo, le Ghana, la Sierra-Leone, le Liberia et le Tchad (pour le manioc), le Sénégal et le Cameroun (pour le maïs et le manioc). Plus de 2 000 hectares de maïs ont été cultivés, dans 7 pays, et seuls a 87,5 hectares de manioc le sont, dans 5 pays. Le plus faible rendement moyen de maïs de 1,5 tonne à l’hectare a été obtenu, au Bénin, et le rendement moyen le plu élevé de 6,5 tonnes à l’hectare, en Guinée. Quant au manioc, les rendements moyens de 1533 tonnes à l’hectare ont été réalisés, en Côte d’Ivoire, enregistrant ainsi les rendements les plus bas et élevés. La situation au Cameroun, au Tchad et au Sénégal est moins claire. Plus de 17 000 acteurs de PI impliqués sont à 66,9 % des hommes et à 33,1 % des femmes.
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En 2011, près de 11 579 tonnes de grains de maïs sont produits par les Organisations de producteurs de la Fédération nian zwè (FNZ) et le FEPASSI du Burkina Faso, sur 1 800 hectares, dont 110 pour la production de semences de maïs. De cette production, 2 500 tonnes de grains sont vendues sur contrat à 150 francs CFA le kilo à la Société nationale de gestion des stocks de sécurité (SONAGESS), à l’Association des aviculteurs de Ouagadougou et à l’ATCB.
Environ 50 tonnes ont été transformées en farine. Deux cent vingt tonnes de semences certifiées ont été produites par la FNZ et vendues
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formés à partir de 8 750 kilos de tubercules de manioc et vendus en Sierra-Leone. Les 152 tonnes de grains de maïs, produits au Togo, n’ont pas encore été vendues. Parmi ces quelques produits transformés, il y a de la farine
à 500 francs CFA. La commercialisation de ces semences a rapporté 485 millions de francs CFA.
dans le cadre du SCARDA, a conduit à la décision ministérielle de créer un système de recherche unifié en agriculture et en foresterie.
Le changement positif de comportement au niveau de la gestion des SNRA du Congo et de la Gambie, en partie dû au SCARDA, a permis, d’une part, aux jeunes diplômés d’obtenir de leurs SNRA plus de possibilités et, d’autre part, d’établir des collaborations, au sein et hors de leurs pays, avec les autres acteurs. Certains titulaires congolais et gambiens de Mastère du SCARDA dirigent actuellement des programmes ou des unités de recherche, dans leurs SNRA.
Un des SCARDA, du CRICSIR du Ghana, a remporté le 5e Prix du jeune scientifique
Près de 23 tonnes de grains sont vendues en Gambie, dont 2 tonnes supplémentaires transformées et 1,3 tonne destinée à la consommation des ménages. Environ 175 sacs de « foofou » sont trans-
et des granulés de maïs, du « gari », du foofou, du « placali », etc., faits à base de manioc. Environ 1 175 kilos de semences hybrides de maïs ont été vendus, au Cameroun. Le portail www.coraf.org/ technology sur les résultats de recherche de tous les pays de la sous-région CORAF, à l’exception de la GuinéeBissau, du Cap-Vert et de la République démocratique du Congo, a été réalisé.
Quant au processus de facilitation du Plan stratégique de la Direction générale de la recherche scientifiques et technique (DGRST) du Congo,
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en Afrique sub-saharienne. Au vu de cela, le gouvernement ghanéen, à travers le Ministry of Environment Science and Technology, lui a décerné, la Médaille de bronze du jeune scientifique de l’année 2011.
SCARDA a facilité le processus de planification stratégique du Congo aboutissant à l’adoption d’une loi du parlement portant création de deux instituts de recherche agronomique et forestière. Les signes de changement ; opéré par le point focal DONATA de l’IER du Mali, peut être noté à travers son effort d’impliquer des agroindustries de transformation, tels le Grand Moulin and Les Moulins du Sahel, dans la PI du maïs.
Au Burkina Faso, le principal effet de la PI phare a été l’arrêté ministériel adressé aux autorités de l’INERA et du Ministère de l’agriculture consistant à institutionnaliser les PI. A l’endroit de l’INERA, l’instruction a été donnée d’utiliser, dans les 5 régions du secteur agricole,les PI dans la génération et la diffusion des technologies agricoles.