Banana and Plantain R&D e-Newsletter for WCA Numéro n°4, avril - juin 2015 / Issue n°4; April-June 2015
Etat des lieux et perspectives Les bio-agresseurs telluriques (charançons et nématodes); la Maladie des Raies Noires (MRN) ou cercosporiose noire, la Maladie du bout de cigare (MBC), la Maladie du Bunchy Top (BBTD), etc., continuent d’être une menace pour la production des bananiers dans toutes les zones de production en Afrique Centrale et Occidentale (AOC), où ces cultures occupent une place importante dans les activités agricoles. En plus de enquêtes-diagnostics réalisées dans les différents pays pour déterminer l'incidence de ces maladies dans les exploitations familiales, les actions de formation et de renforcement des capacités menées jusqu'ici par le CARBAP au niveau régional ont contribué dans une certaine mesure à développer une prise de conscience chez les différents acteurs dans les zones d'intervention, et leur ont en même temps permis d'être mieux outillés pour diagnostiquer et lutter efficacement contre ces fléaux. Ces actions ont été mises en œuvre ces dernières années à travers divers projets nationaux et régionaux notamment : FSTP-UE1-Plateformes Multi-acteurs (20092012); ATF (nématodes; MRN), CORAF-plantain (2010-2013); Projet CORUS-Nématode. Ces actions ont jusqu'ici généré des résultats encourageants, car on note chez les producteurs vivant dans les zones d'intervention des projets suscités une plus grande prise de conscience quant à l'incidence de ces maladies sur les Ce bulletin est publié productions bananières. Cependant, au vu de la complexité de la tâche et de l'immensité des dans le cadre zones de production (toutes les pays et toutes les zones de production à l'intérieur d'un pays INNOVATE Plantain, la Plateforme d’innovation bénéficiaire ne pouvant être couvertes) et des ressources financières limitées, il y a lieu de sur le bananier plantain développer un partenariat régional et mobiliser d'avantage des ressources financières pour en Afrique Centrale et poursuivre les actions de formation et de renforcement des capacités à l'échelle régionale, afin Occidentale d'optimiser la productivité des exploitations familiales. Les informations recueillies lors des enquêtes diagnostic sur les filières banane et plantain réalisées dans la sous région AOC depuis de 2009 ainsi que lors des formations offertes aux différents acteurs depuis plusieurs années ont permis d'évaluer la perception globale que ces derniers ont des bioagresseurs des bananiers.
De façon générale, les acteurs, et plus particulièrement les producteurs, sont très peu informés sur les maladies et ravageurs des bananiers et sont très peu outillés pour déployer les stratégies de lutte appropriées. On a relevé des cas spécifiques où certains producteurs, désarmés face aux dégâts causés dans leurs exploitations, croient que ce phénomène est du à la sorcellerie provenant d'un ennemi qui leur en veut particulièrement et qui aurait jeté un mauvais sort sur leurs exploitations. Cette théorie a été rapidement balayée lors des séances pratiques en champ quant ces derniers ont observé par eux-mêmes les dégâts causées par les nématodes et les charançons sur leurs cultures (galeries et larves de charançons et nécroses dues aux nématodes).
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Les nématodes ravageurs des bananiers sont généralement peu connus des producteurs. D'une façon générale, peu d'entre eux reconnaissent en avoir entendu parler, alors que la majorité reconnaissent généralement être moins informée sur les types de dégât causés par ces nématodes et les moyens de lutte pour réduire leur incidence.
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Le charançon noir (adulte) Cosmopolites Sordidus est généralement connu par la majorité des producteurs qui l'observent très souvent. En revanche les dégâts dus aux larves ainsi que les techniques de lutte sont encore ignorées par la plupart. Cette situation semble expliquer la forte présence des galeries de larves et adultes du charançon dans les es parcelles où se déroulent déroule très souvent la phase pratique lors des formation fo sur le terrain, étant donné qu'aucune méthode de lutte n'est généralement appliquée dans les parcelles de production pour réduire la population. La maladie des Raies Noires N (MRN) n'est généralement connue que par très peu pe de producteurs et les producteurs, symptômes sont parfois confondus avec les effets d’autres facteurs qui causent le jaunissement des feuilles. Par ailleurs, les techniques de lutte culturales telle que l’effeuillage sont globalement encore ignorées.
La maladie du bout de cigare et la maladie de la pourriture des couronnes sont généralement peu ou pas connus des participants avant la formation; formation il en est de même des stratégies de lutte. Les cochenilles farineuse ses quant à elles semblent être un problème important dans les bananeraies en saison sèche,, plus particulièrement les bananeraies industrielles.. Elles provoquent généralement un jaunissement précoce des feuilles. Comme la plupart des maladies, les stratégies de lutte sont inexistantes. La Maladie du Bunchy Top est souvent signalée par certains participants dans certains pays. D'une façon globale, par manque de sensibilisation et de formation, la majorité ignorent ce que c'est et n'en perçoivent pas la gravité, jusqu'à ce que les dégâts sévères commencent à se manifester. manife
Le cas de la Plateforme Congo Suite aux formations sur les bio agresseurs réalisées dans les pays bénéficiaires du projet FSTP-UE Plateformes d'Innovation (20092012); des missions d'évaluation ont été dépêchées sur le terrain en vue de faire le point sur le niveau de connaissance des producteurs des bio agresseurs et les stratégies qu'ils mettent en œuvre pour lutter contre ces nuisibles, en tenant compte des enseignements reçus lors desdites formations.
parlerons ici du cas spécifique de la mission d'évaluation réalisée dans la Plateforme CONGO. Les missions réalisées dans les localités de Tchitanzi, Diosso, Tandou-Binzenzé et la ceinture verte de Pointe-Noire ont permis de mesurer globalement l'impact de ces formations réalisées par le CARBAP.
Pour réaliser ces évaluations, les expert du CARBAP ont procédé par des visites sur le terrain dans les champs et les jardins de case dans quelques villages sélectionnées et des entretiens directifs et semi directifs avec les producteurs ayant bénéficié de ces formations, sur la base d'un questionnaire très simple. Nous
Les personnes ayant directement bénéficié des formations réalisées par le CARBAP reconnaissent facilement les symptômes de certaines maladies (viroses, maladies foliaires) ; elles peuvent faire le piégeage des charançons et procéder au diagnostic de
Evaluation du niveau de connaissance des bioagresseurs par les producteurs du Congo (Bzv)
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l’infestation tation des bananiers par le charançon noir et les Nématodes. S’agissant des personnes qui n’ont pas directement reçu cet enseignement, le niveau de perception est globalement mitigé, car dans certains groupements les formateurs ont tardé à relayer aux autres autr membres les enseignement reçus. Pour le charançon noir par exemple, certains paysans continuent inuent d'affirmer d' n’avoir jamais entendu parler de cet insecte;; elles considèrent que les galeries observées sur le bulbe sont l’œuvre des fourmis ou des asticots de certaines mouches. S’agissant du niveau de connaissances sur les nématodes, bien que leurs nécroses sur les 2
racines soient facilement observables, leur taille microscopique qui ne permet pas de les voir à l’œil nu fait de ces ravageurs des ennemis invisibles difficiles à cerner par les non connaisseurs même pour la plupart de ceux qui ont reçu la formation.
choix de ces typologies sont guidés par les contraintes de terre, la pénibilité du travail qui ne permet pas de défricher de grandes étendues, la demande du marché, qui les amène à privilégier les produits qui offrent une marge bénéficiaire assez significative.
Stratégies de lutte contre les bios agresseurs
Jachère: Dans la conduite des jachères, il y a un manque de rigueur; en effet, on a observé que les plantations plus ou moins abandonnées et portant encore des pieds de bananiers sont à nouveau utilisées pour accueillir les nouvelles plantations.
Association culturale: Le respect des associations culturales reste une chose difficile à appliquer par presque tous les producteurs. Par exemple, on a constaté dans la plupart des exploitations familiales visitées que les bananiers sont associés avec des cultures telles que le manioc, le macabo, le taro, l'aubergine et le piment. Ceci s'explique en grande partie par le fait que la plupart de ces exploitations avaient été plantées quelques temps avant les formations - d'où le non respect des associations culturales. Toutefois, on a noté que les producteurs restent réticents à l'idée de se débarrasser des typologies culturales basées sur les associations de cultures. Les
Points Positifs Malgré ces lacunes, les producteurs restent tous disposés à appliquer les mesures prophylactiques (parage, destruction des plants attaqués par les viroses et par les charançons) pour éviter la propagation des ravageurs et assainir les sols. Sur ce sujet, une productrice nous a déclaré que 'quelques semaines après la formation sur les bio agresseurs, elle a inspecté son champ et s’est rendu compte que
la mortalité des plants était due aux attaques des charançons et non au mauvais sort comme elle le pensait'.. Pour ce faire elle a donc procédé procéd à l’arrachage de tous les plants attaqués. Un autre producteur pr d’une soixantaine d’années a déclaré ce qui suit : « si ce n’était pas le CARBAP, j'aurai pu mourir sans jamais savoir que, comme chez les palmiers, les bulbes des bananiers sont aussi attaqués par des larves de charançons». charançons Conclusion et perspectives Il ressort de cette mission d’évaluation qu’il faut continuer à renforcer les capacités des acteurs pour les sensibiliser d’avantage sur les méthodes de lutte contre les bio-agresseurs, agresseurs, notamment à travers les formations formatio pratiques et des démonstrations sur des parcelles expérimentales qui sont les véritables laboratoires d’apprentissage. La mise en œuvre d'un projet régional ayant pour but le renforcement des capacités des producteurs sur la lutte contre les nuisibles des d bananiers doit être sérieusement une envisagée. envisag
Une menace pour les productions bananières en Afrique Centrale et Occidentale La Maladie du Bunchy Top ou (BBTD) constitue désormais une sérieuse menace pour les productions bananières en Afrique Centrale et Occidentale (AOC), au même titre que la Maladie du Flétrissement Bactérien (MFB) (Banana Xanthomonas Wilt Disease ou BXW) qui sévit en Afrique de l'Est depuis plus d'une dizaine d'années. D'où la mobilisation des différents partenaires, pour mettre en œuvre une stratégie régionale en vue de contrer urgemment l'avancée de cette épidémie désormais considérée comme une maladie émergente émerg (pandémie). Pour faire face à la Maladie du Bunchy Top, les partenaires ont adopté une stratégie commune dont la définition et la mise en œuvre a servi de prétexte à plusieurs ateliers régionaux et internationaux, à l'instar de l’Atelier de réflexion et d’échanges qui s’est tenu à Cotonou au Bénin, du 20 au 22 novembre 2012 sous la houlette du CORAF/WECARD et du CARBAP, ainsi que d'autres rencontres qui y ont fait suite en 2013 et 2014.
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Symptômes typiques de la Maladie du Bunchy Top du bananier Les plantes attaquées par le virus du Bunchy Top (BBTV) présentent un aspect nanisant fortement marqué, avec une concentration des feuilles en haut du plant en forme de rosette. Les feuilles étroites, érigées et cassantes, présentent de fortes chloroses marginales. rginales. Le symptôme caractéristique reste l’apparition de traits discontinus vert foncé le long du pseudo-tronc, tronc, de la nervure principale et des nervures secondaires. Lorsque le pied mère est atteint, tous les rejets sont infectés. La Maladie du Bunchy Top T du bananier est réputée être une affection difficile à contrôler ou à éradiquer. La FAO, en collaboration avec les partenaires nationaux, vise surtout à renforcer les capacités des pays affectés par cette 3
maladie, notamment dans l’identification, le contrôle et la prévention de la propagation des variétés d'élite.
stratégie à développer pour éradiquer la MRB. L’atelier de Cotonou (20 au 22 novembre 2012) constituait à cet effet l’un des aboutissements de cette démarche. émarche. Cette rencontre a permis, entre autres, de : • faire le point sur la situation da la MRB au Benin; • développer un système de surveillance et des options de gestion de la maladie; • mettre au point des stratégies efficaces de prévention et de contrôle dans les pays déjà infectés, et; • définir une stratégie de contrôle dans les pays infectés.
Feuilles euilles présentent de fortes chloroses marginales. Sur le pétiole des feuilles, on observe des marbrures
A gauche: Plantes âgées portant la maladie, donnant des rejets malades. A droite: Rejet impropre à la consommation
Y avaient pris part les représentants des systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) des neuf pays suivants : Bénin, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Nigéria, RDC et Togo. Cette rencontre s’était tenue sous la houlette du CORAF/WECARD et du CARBAP, avec l’implication de l’IITA. La rencontre se tenait dans le cadre du Projet CORAF-Plantain Plantain intitulé ‘’Promotion ‘’ de technologies de gestion intégrée de la culture de plantain pour améliorer la productivité des exploitations’’ (2010-2013) 2013) exécuté dans les six pays participants, et dont la coordination régionale était assurée par le CARBAP. La stratégie régionale adoptée à l’issue de cette rencontre se résume en trois points : 1. sensibilisation et formation des acteurs (scientifiques, décideurs politiques, producteurs, vulgarisateurs, PTF) sur la menace du BBTD; 2. mise en place d’un système de surveillance et vulgarisation des options de gestion de la maladie;
A gauche: Marbrures sur l'inflorescence d'un plant attaqué. A droite: coupe transversale du faux tronc présentation une coloration noire
3. mise en œuvre d’une stratégie 1. efficace de prévention, et de contrôle et éradication de la maladie dans les pays déjà infectés. Étant donné le caractère important importa que revêt la sensibilisation, la surveillance, la prévention et le contrôle de la maladie du BBTD, les acteurs lancent vibrant appel pour que :
Le puceron responsable de la transmission du virus du BBTD vit généralement ment dans les gaines des jeunes feuilles du bananier ou du plantain ou à la base du pseudo-tronc. pseudo
Stratégie pour éradiquer la Maladie du Bunchy Top en AOC
les décideurs et les partenaires de développement et bailleurs de fonds s’impliquent pleinement pour empêcher l’avancée de cette terrible maladie qui constitue une menace certaine pour la sécurité alimentaire en AOC ; le CORAF, le CARBAP et autres partenaires stratégiques intègrent dans leur plan d’action les recommandations formulées pour donner une impulsion à la gestion globale de contrôle du BBTD et de son vecteur dans tous les pays concernés.
En réaction aux préoccupations sus-évoquées, sus les acteurs des filières bananières en AOC, à qui se sont associés les membres de la communauté scientifique se sont plusieurs fois réunis pour discuter de la
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Épidémiologie et incidence économique de la maladie du Bunchy Top du bananier en Afrique Centrale et Occidentale La Maladie du Bunchy Top (MBT) MBT) a déjà été mise mis en évidence dans plusieurs zones de production au monde (33 pays), dont la quasi totalité des pays d’Afrique rique Centrale. De ce fait la MBT a une incidence économique majeure sur les populations qui tirent une grandee partie de leurs revenus de la production des bananiers, et constitue une menace pour plus de 250 millions d’habitants. Lors des enquêtes, on a noté que lorsque cette maladie envahit une région donnée, elle attaque systématiquement toutes les bananeraies se trouvant dans sa zone d’infestation, empêche le développement des régimes ou rend les régimes développés impropres à la consommation et la commercialisation. En raison de son fort potentiel de destruction, ce virus est classé par les experts parmi les 100 00 pires espèces invasives au monde, et la Convention internationale pour la protection des végétaux le considère comme un pathogène devant faire l’objet d’une quarantaine rigoureuse. Le Virus de la Maladie du Bunchy Top (BBTV) est présent en République Centrafricaine (RCA) depuis 1993, et des tests réalisés suite aux inspections du CARBAP dans ce pays en 2009 ont reconfirmé sa présence. En République Démocratique du Congo (RDC), elle est présente depuis 1957, et des tests et prospections spections réalisés en 2007 ont également reconfirmé sa présence dans ce pays. Au Congo (Brazzaville), cette maladie a été observée dans les zones frontalières avec la RDC et à Brazzaville où elle a été reconnue et rapportée par les producteurs des zones concernées.
Les pucerons P. nigronervosa sont présents dans tous les bassins de production au Congo et constituent de ce fait une menace potentielle dans la dispersion du VRB (virus virus du rabougrissement du bananier) bananier (Banana Bunchy Top op Virus (BBTV). Jusqu’à un passé très récent, le Cameroun semblait être le dernier pays atteint par cette maladie en AOC. Les acteurs des filières banane et plantain en AOC sont d’autant plus inquiets dee la Maladie du Bunchy Top du bananier que son front de progression va de l’Afrique que Orientale et Australe vers l’Afrique Centrale et Occidentale, et qu’on l’a déjà identifiée au Bénin où les symptômes de la maladie ont été observés en septembre 2011 dans la région d’Ouémé. Des enquêtes complémentaires et des analyses moléculaires ont permis de confirmer sa présence dans les communes d’Avrankou, Dangbo, AkproAkpro Missérété et Porto-Novo, Novo, ce qui confirme son extension vers l’Afrique de l’Ouest jusque-là jusque épargnée.
La Maladie du Bunchy Top du bananier fut évoquée comme une contrainte émergente des bananiers en AOC pour la première fois en 2009, lors Forum régional de consultation sur les filières Banane et Plantain en Afrique du Centre et de l’Ouest. Cette rencontra marqua la création d’une Plateforme d’innovation sur la filière plantain en Afrique ique Centrale et Occidentale (aujourd'hui appelée INNOVATE Plantain). La rencontre fut conjointement organisée par le CARBAP et Bioversity, sous la houlette du CORAF/WECARD. Les représentants de la FAO, du CIRAD et de l'IITA prirent part aux travaux.
1. État des lieux de la Maladie du Bunchy Top du bananier en République Démocratique du Congo (RDC) Par G.H. VANGU PAKA, Responsable du programme bananier; INERA-MVuazi, INERA RDC
Historique La maladie du Bunchy Top du bananier (BBTD) ou Maladie du rabougrissement du bananier, a été observée en République Démocratique du Congo (RDC) pour la première fois à Yangambi (zone équatoriale) en 1958. Les symptômes liés à cette maladie sont apparus dans la province du Bas-Congo et sont devenus de plus en plus sévères au fil du temps. Ce n’est qu’en mars et avril 2007 qu’une enquête financée par Bioversity International (ex. INIBAP/IPGRI) a été réalisée pour
identifier et déterminer l’incidence de la maladie dans cette province. Les résultats de l’enquête ont révélé que le BBTD est présent dans les trois districts administratifs de la province du Bas-Congo. Sur l’ensemble de la province, l’incidence de l’infection est de 7,01 %. Elle est respectivement de 5,94 % ; 9,74 % et 5,92 % dans les districts administratifs du Bas-fleuve (zone forestière), des Cataractes et de la Lukaya. En général, l’incidence de l’infestation de la MRB est plus élevée sur la banane dessert (10,19 %), faible sur la banane à cuire
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(5,51 %) et sur la banane plantain
Engorgement des feuilles en forme de bouquet dû au BBTV sur plantain en RDC
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1. Atelier scientifique sur le BBTD en RDC
Inspection d'une plantation infectée par le BBTV en RDC (© Vangu PAKA, INERAMVuazi)
(4,30 %). Mais, dans le District du Bas fleuve, le taux d’infestation le plus élevé a été observé sur la banane à cuire (13,24 %). Les axes Gombe Sud (18,20 %) et Gombe Matadi (18,07 %), dans le District des Cataractes et l’axe Ngufu (10,53 %) dans le District de la Lukaya sont caractérisés par des taux d’infestation élevés. Les variétés de banane dessert MVuasi zoba (58,46 %) et Tiba (27,32 %) et à cuire FHIA 25 (16,48 %) ont manifesté des incidences plus élevées. Par contre, les variétés de banane à cuire Bita-3 et Cardaba, desserts FHIA 23, Mposa et plantains Bubi et FHIA 21 n’ont pas manifesté des symptômes de l’infection par le BBTD. Le BBTD existe aussi dans le Maniema, le Bandundu, l’Équateur, les deux Kasaï ainsi que le Nord Katanga. Donc, en RDC, elle existe partout où l’on cultive surtout les bananiers plantains.
Mesures prises pour lutter contre la maladie
Un atelier scientifique impliquant les Ministères de la recherche et de l’agriculture a été organisé en juin 2007 pour définir la stratégie de lutte contre ce fléau. À la suite de cette rencontre, un comité de pilotage a été constitué sous la coordination de l’Université de Kinshasa. En 2008, ce comité avait rédigé et déposé un projet pour l’éradication du BBTD au Ministère de l’agriculture, mais le projet est resté sans suite.
l'agriculture interdit l’échange et le mouvement du matériel de plantation jusqu’à nouvel ordre. 4. Perspectives Le véritable défi reste pour les autorités compétentes de veiller à l’application effective de cette note sur la quarantaine.
2. Projets réalisés Bioversity International, en collaboration avec l’INERA de Mvuazi et la coopération Belgoflamande et le CIAT (TSBF/CIAT) a mis en œuvre un projet portant sur l’identification des cultivars indemnes de BBTD par des tests de laboratoire (test ELISA) et multiplication en masse du matériel de plantation à diffuser dans les milieux de production les plus affectés dans les districts de Cataractes, Lukaya et Bas-Fleuve. Un autre projet impliquant plus de quatre pays a été initié, mais n’a pas été financé.
Bananier Cavendish planté sous forme de rejets déjà infesté en RDC (© Vangu PAKA, INERA-MVuazi)
3. Campagnes de sensibilisation En marge de ce projet, il y a eu des opérations de sensibilisation des populations des zones infectées et des autorités politico administratives, suivie de l’arrachage des plantes malades. En plus, une note administrative émise par les services de quarantaine du Ministère de
Bananier Cavendish infecté en cours de croissance ((© Vangu PAKA, INERAMVuazi)
2. Situation de la Maladie du Bunchy Top du bananier au Gabon Par Dr Moïse KWA, Chef Unité de Recherche Systèmes de Production Durables (SYSPROD); CARBAP La Mission de prospection variétale effectuée en République du Gabon, dans le cadre du Projet Biodiversité Musa en AOC (FSTP-UE, 2013-2015), a permis d'évaluer le statut de la Maladie du Bunchy Top du bananier (BBTD en anglais) dans les zones de production bananière. Des poches de développement du
BBTD ont été repérées pratiquement dans tous les axes explorés pendant cette prospection.
•Axe Libreville – Kango : présence du Bunchy Top à Evinayon, avant Kango, notamment sur du Fougamou.
•Axe Libreville –Ntoum : présence du Bunchy Top, notamment sur la bretelle qui qui va de la nationale vers Ntoum. Certains jardins de case sont fortement attaqués.
•Axe Kango Lambaréné : Présence du Bunchy Top à Lambaréné et environs, observé sur plantain.
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•Axe Bifoun – Ndjollé : présence d’un certain nombre de points d’infestation de Bunchy 6
Top observés sur Atoran (une banane dessert du groupe Gros Michel.
Plant de bananier plantain touché par le Bunchy Top au Gabon (© Kwa M., 2013)
•Axe Bifoun – Kango : présence de plusieurs points d’infestation de Bunchy Top (nous n’avons pas identifié les variétés touchées) •Axe Bitam – Melo : présence de Bunchy Top sur différentes variétés (nous n’avons pas eu le temps de les identifier formellement). La photo ci-dessus a été prise dans la ville de Lambaréné, dans un champ de bananiers situé près de la poste et non loin du Palais de Justice. Tout le champ présente plusieurs pieds attaqués. Le véritable problème, c’est la plupart des personnes qui le subissent ne sont pas conscientes des dangers encourus. Dans le cas d’espèce, les bananiers attaqués semblent entretenues au même titre que les autres qui sont encore apparemment sains. Il est temps qu’une grande campagne de
nsibilisation commence avant sensibilisation qu’il ne soit trop tard Rec Recommandation Ces observations interpellent la communauté scientifique car la répartition spatiale observée sur le déploiement du Bunchy Top permet de supposer que le déclenchement d’une épidémie de cette maladie peut affecter à très court terme toute la bananeraie aneraie Gabonaise et hypothéquer les actions du CARBAP dans cette partie de la sous-région. région. Cette alerte devrait être prise au sérieux pour que dans les actions de lobbying, ce problème soit discuté au premier plan avec nos partenaires pour éviter un drame régional. Il est temps qu’une grande campagne de sensibilisation soit engagée, avant qu’il ne soit trop tard.
3. Progression de la a Maladie du Bunchy au Congo (Bzv) ( Dr PM LOUBANA, Nématologiste, DGRST/CARBAP DGRST/ La Maladie du Bunchy Top du bananier (BBTD) a été observée pour la première fois dans les zones frontalières avec la RDC et à
Plantation infestée par le BBTV à Iloupanga au Congo (© Loubana, DGRST/CARBAP, 2014)
Brazzaville. Elle est aujourd'hui reconnue et rapportée par les producteurs des zones concernées. Le pucerons P. nigronervosa, qui est le principal vecteur de cette maladie, est présent dans tous les bassins de production du Congo, constituant dès lors un facteur potentiel de dispersion du virus du Bunchy top dans tous le pays et les pays voisins.
deuxième étape de la phase pratique.
Les observations faites dans les bananeraies en marge de l'atelier de formation sur les bioagresseurs au Congo, du 08 au 12 octobre 2013, révèlent que cette maladie progresse rapidement à l'intérieur du Congo. Elle est quasiment endémique dans le village de Iloupanga où a eu lieu la
Une visite guidée dans les jardins de case pour apprécier l’ampleur de la maladie et un documentaire sur le BBTV a été projeté pour montrer aux populations que ce qu'ils considèrent comme un mauvais sort est bel et bien une maladie connue dans d’autres pays.
En effet, cette maladie a pratiquement décimé toutes les plantations des bananiers à Iloupanga, au point où cette culture est abandonnée par les producteurs au profit d’autres spéculations.
4. État des lieux Maladie du Bunchy Top du bananier au Bénin Dr Ir. Rachidatou SIKIROU; Laboratoire de Défense des Cultures; INRAB-Bénin INRAB La présence de la Maladie du rabougrissement du bananier (Maladie du Bunchy Top (BBTD) au Bénin est confirmée par plusieurs sources (ex. Lokossou et al., 2012). Des études parallèles
réalisées par le Laboratoire de Défense des Cultures (LDC)/INRAB et le Département de Virologie du Centre de Culture de Microorganismes et de Tissus de plant (DSMB) en Allemagne
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fournissent des preuves scientifiques de sa présence invasive au Bénin. Des extraits de l’ADN obtenus de 15 échantillons issus de 9 localités étaient soumis au PCR en utilisant les primers 7
spécifiques pour BBTV coat protein. L'analyse de séquence de quelques produits de PCR (Gene Bank accession NN) a montré invariablement de fortes ressemblance (98-100%) entre les souches Béninoises de BBTV et les souches Indiennes et du grand lac de l’Afrique de l’Est.
2. Commune d’Avrankou (Kouti, Avrankou centre, Sèkanmey Gbozoumè, Sèligon) 3. Commune de Missérété (Missérété centre, Katagon) 4. Commune de Dangbo (Dangbo centre, Asowlissè) 5. Commune d’Abomey Calavi (Allègléta)
Foyers d'infestation au Bénin Cinq grands foyers d’infestation ont été identifiés:
Incidence économique et sociale de la maladie au Bénin
1. Porto-Novo
plus, cette maladie peut détruire toute une plantation de bananier causant ainsi 100% de perte de rendement. D’autre part, on note de plus en plus la non disponibilité de feuilles de bananier utilisées par les femmes dans la préparation de l’akassa, surtout dans les départements de l’Ouémé et du Plateau, ainsi que la rareté et cherté de banane fruit et plantain sur le marché béninois.
Les plants fortement attaqués ne produisent pas de régimes. Bien
5. État des lieux Maladie du Bunchy top en Centrafrique Etienne ZIKI, Responsable du Programme Bananier de l’ICRA, Bangui-RCA La Maladie du Bunchy Top du bananier constitue l’affection virale la plus grave des bananiers et des bananiers plantains en République centrafricaine (RCA). Cette maladie représente une contrainte majeure pour la production dans les zones de production.
L'étude réalisée en 2009 dans un rayon de 200 km autour de Bangui par Dr Mouliom Pefoura ALASSA a confirmé l’installation de cette maladie au pays.
Le BBTV a été observé pour la première fois en RCA en 1994 lors d'une mission effectuée par Dr Eric FOURE et Dr Moïse KWA du CARBAP. À l'époque, cette maladie occupait un rayon de quarante kilomètres autour de Bangui.
Stratégie de lutte La stratégie que l’Institut Centrafricain de la Recherche Agronomique (ICRA) a mise en place pour faire face à la progression de la maladie est d’abord le renforcement de
Actuellement, la culture des bananiers dans ce pays connait des difficultés dues à la propagation très rapide de la maladie.
capacité des agents de la police phytosanitaire dans l’identification de cette maladie, en passant par la mise en place de la quarantaine de tout matériel végétal en provenance des pays frontaliers et à l’intérieur du pays, d’une zone productrice à une autre; et enfin par des actions dites participatives où chercheurs et producteurs se mettent d’accord autour d’un thème pour la lutte contre cette maladie. Aussi, l’identification et la création des variétés résistantes par le CARBAP seraient un atout pour l’éradication de cette maladie.
Projet d’appui à la prévention et à la gestion de la Maladie du Bunchy Top La Maladie du Bunchy Top (BBTD) a fait l’objet de la signature, le 21 mai 2015 à Libreville au Gabon, d’un projet entre le gouvernement gabonais et l’Organisation des nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ce projet d’appui à la prévention et à la gestion de cette maladie est la résultante d’une requête formulée par le Cameroun, la Guinée-équatoriale et le Gabon. Ces trois pays d’Afrique centrale vont bénéficier d’un financement de 128 millions de francs sur deux ans. Selon Mr Luc Oyoubi, Ministre l’Agriculture du Gabon, pour répondre à la demande des Etats bénéficiaires, la FAO a soutenu ce projet d’appui qui aura pour effet d’améliorer la gestion et la prévention de la maladie par la mise en œuvre de stratégies d’atténuation. Pour le coordonnateur du bureau sousrégional du FAO, la culture du bananier en Afrique centrale est souvent entravée par un certain nombre de maladies dont la Maladie du Bunchy Top. "Cette maladie étant réputée être une affection difficile à contrôler ou éradiquer, à travers ce projet, la FAO, en collaboration avec les partenaires nationaux, va renforcer les capacités des pays bénéficiaires dans l’identification, le contrôle et la prévention de la propagation», a confié Dan Rugabira. COMITE ÉDITORIAL Directeur de Rédaction: Dr Michel NDOUMBE NKENG (Directeur du CARBAP) Comité Scientifique: Dr P. M. LOUBANA (Coordonnateur Scientifique); Dr KWA Moïse (Agronome/Physiologiste; Chef Unité de Recherche SYSPROD); Dr NGOH NEWILAH Gérard (Technologue alimentaire, Chef Unité de Recherche ATV); Mr IBOBONDJI Lucien (Conservateur des ressources génétiques); Dr OKOLLE N. Justin (Entomologiste); Dr NGANDO O. Josué; Phytopathologiste); Mr FONBAH Cletus (Agronome, chargé de la valorisation et développement) Secrétariat à la rédaction, édition: Josué TETANG T. (Responsable de l'information et de la communication) Bulletin R&D Banane et Plantain en AOC; Numéro n°4, avril - juin 2015
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