Genèse et évolution LE CORAF/WECARD :
Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles
La publication de cette brochure est rendue possible gr창ce au soutien financier du
Sommaire
Liste des sigles Avant-propos
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5
18
Les forces et les faiblesses de la recherche agricole
Naissance et envol de la CORAF
Introduction
Le contexte et la justification de l’étude Les Objectifs de l’étude
L’approche méthodologique
Phase pré-CORAF
Le Contexte des années 80
13
14
12
Les programmes de recherche en place
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21
Les faits majeurs de cette phase Les principaux acteurs
22
Les organes et modes de fonctionnement La gestion scientifique
24
23
Les mécanismes et modes de financement
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L’organisation de la recherche agricole dans les pays d’Afrique francophone
Le rappel du contexte
Les modes et mécanismes de financement des programmes de recherche
Les raisons et le processus de création de la CORAF
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25 Les Principales leçons tirées 26 Les forces et les faiblesses
Africanisation de la CORAF Les faits majeurs
28
La gouvernance et la gestion scientifique
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Les forces et les faiblesses Les principales leçons
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
3
Globalisation des recherches agricoles Les faits saillants
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36 37
Les forces et les faiblesses Les principales leçons
Organisation du développement agricole
38
Le nouvel environnement du CORAF/WECARD
Les faits majeurs La gouvernance
39 40
41 Les mécanismes de financement 42 La gestion des programmes Les forces et les faiblesses Principales leçons
43
Conclusion générale
47
Chronologie évènementielle
4
47
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Liste des sigles
A
AAFT, African Agriculture Technology Foundation AARINENA, Association des institutions de recherche agricole du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
AARINENA, Association of Agricultural Research Institutions in the Near East and North Africa AfricaRice, Centre du riz pour l’Afrique AfricaRice, Africa Rice Center
AISA, Association ivoirienne des sciences agronomiques
CARBAP, Centre africain de recherches sur bananiers et plantains
CARBAP, African Research Centre for Bananas and Plantains CMA/AOC, Conférence des ministres de l’agriculture de l‘Afrique de l’Ouest et du Centre CMA/WCA, Conference of Ministers of Agriculture in West and Central Africa
CEE, Communauté économique européenne EEC, Economic European Commission
CEDEAO, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
APAARI, Association des institutions de recherche agricole d’Asie et du Pacifique
ECOWAS, Economic Community of West African States
ASARECA, Association for Strenghtening Agricultural Research in Eastern and Central Africa
ECCAS, Economic Community of Central Africa States
APAARI, Asia and Pacific Association of Agricultural Research Institutions
B
BASIC, Building African Capacity
BAD, Banque africaine pour le développement ADB, African Development Bank
C
CACAARI, Association des institutions de recherche agricole d’Asie Centrale et de Caucase CACAARI, Central Asia and Caucasus Association of Agricultural Research
CAMES, Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
CEEAC, Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale
CEMAC, Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale CER, Communauté économique régionale REC, Regional Economic Community
CERAAS, Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse CILSS, Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel
CIRA, Centre international de recherche agronomique IARC, International Agricultural Research Center CIRAD, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement CIRDES, Centre international de recherchedéveloppement sur l’élevage en zone sub-humide CNRA, Centre national de recherche agronomique
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CNRST, Centre national de recherche scienti-fique et technique
CORAF/WECARD, Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles
CORAF/WECARD, West and Central African Council for Agricultural Research and Development CSIR, Council for Scientific and Industrial Research
CRA ou AGRHYMET, Centre régional de formation et d’application en agrométéorologie et en hydrologie opérationnelle CNRADA, Centre national de recherche agronomique et de développement agricole CST, Comité scientifique et technique
STC, Scientific and Technical Committee
CTA, Centre technique de coopération agricole et rurale
CTA, Technical Centre for Agricultural and Rural Co-operation
D
DAS, Department of Agricultural Science, Federal Ministry of Agricultural Research Development
DFID, Department for International Development DGRST, Direction générale de la recherche scientifique et technique DONATA, Dissémination des nouvelles technologies agricoles en Afrique
DONATA, Dissemination of New Agricultural Technologies in Africa
E
EFARD, Forum européen de recherche agricole pour le développement
F
FAAP, Cadre pour la productivité agricole en Afrique FAAP, Framework for African Agricultural Productivity
FAO, Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture
FAO, Food and Agriculture Organization of the United Nations FARA, Forum pour la recherche agricole en Afrique
FARA, Forum for Agricultural Research in Africa
FOFIFA, Centre national de recherche appliquée au développement rural FAC, Fonds d’aide et de coopération
FORAGRO, Forum pour la recherche agricole et le développement de technologies en Amériques FORAGRO, Forum for the Americas on Agricultural Research and Technology
FIDA, Fonds international pour le développement agricole IFAD, International Fund for Agricultural Development
FIS, Fondation internationale pour la science FCR, Fonds compétitif régional
CRF, Competitive Regional Fund
G
GCRAI, Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale CGIAR, Consultative Group on International Agricultural Research
GFAR, Global Forum for Agricultural Research
EFARD, European Forum for Agricultural Research for Development
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Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
I
ICRAF, World Agroforestry Centre
ICRISAT, International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics IER, Institut d’économie rurale
IFAP, Fédération internationale des producteurs agricoles
N
NEPAD, Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique NEPAD, New Partnership for Africa’s Development
O
IFAP, International Federation of Agricultural Producers
OCDE, Organisation de coopération et de développement économiques
IITA, International Institute for Tropical Agriculture
OSR, Organisation sous-régionale
IFPRI, International Food Policy Research Institute
ILRI, International Livestock Research Institute INERA, Institut de l’environnement et des recherches agricoles
INRA, Institut national de recherche agricole
NARI, National Agricultural Research Institute INRA, Institut national de recherche agronomique
INRAN, Institut national de recherche agronomique du Niger
ITC, International Trypanotolerance Center INSAH, Institut du Sahel
OCEDC, Organization for Economic Co-operation and Development SRO, Sub-regional Organization
ONG, Organisation non gouvernementale NGO, non-Governmental Organization OMD, Objectifs du millénaire pour le développement
MDG, millennium development Goals OP, Organisation des producteurs PO, Producers’ Organization
P
IRD, Institut de recherche pour le développement
PAC, Politique agricole commune
INERA, Institut national pour l’étude et la recherche agronomiques
PAU, Politique agricole de l’UEMOA
ISRA, Institut sénégalais de recherches agricoles INIDA, Instituto National de Investigação e Desenvolvimento Agrário
INPA, Instituto National de Pesquisa Agraria
CAP, Common Agricultural Policy UAP, UEMOA agricultural Policy
PDDAA, Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique
CAADP, comprehensive African agricultural development Programme
PNIA, Programme national d’investissement agricole
NAIP, national agricultural investment Program
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
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PPAAC, Programme de productivité agricole en Afrique Centrale CAPP, Central African productivity Programme
PPAAO, Programme de productivité agricole en Afrque de l’Ouest
WAAPP, West African agricultural productivity Programme PRASAC, Pôle régional de recherche appliquée au développement des savanes d’Afrique Centrale PRIA, Programme régional d’investissement agricole
RAIP, regional agricultural investment Program PROCORDEL, Programme concerté de recherche-développement sur l’élevage en Afrique de l’Ouest
PSI, Pôle régional de recherche sur les systèmes irrigués en zone soudano-sahélienne
S
SACCAR, South African Centre for Cooperation in Agricultural Research and Training SADC, Southern African Development Community
SAFGRAD, Promotion de la recherche et du développement agricoles dans les zones semi arides d’Afrique
SAFGRAD, Promotion of Agricultural Research and Development in Semi-Arid Zones in Africa
SNRA, Système national de recherche agricole NARS, National Agricultural Research System
UA, Union africaine
U
AU, African Union
UE, Union européenne EU, European Union
USAID, United States Agency for International Development
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Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Avant-propos
A
24 ans révolus en 2011, le CORAF/WECARD (Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles), né le 27 mars 1987, a dépassé l’âge de la maturité civile. C’est donc dire à quel point il est conscient des lourdes attentes en matière d’accompagnement des politiques sectorielles agricoles des pays de cette vaste sous-région de 22 SNRA (Systèmes nationaux de recherche agricole), mais aussi de sa place prépondérante, en tant que l’Organisation sous-régionale (OSR) de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, dans l’instance faîtière continentale qu’est le FARA (Forum pour le recherche agricole en Afrique).
En 2003, les chefs d’Etat africains, à travers le sommet de Maputo, au Mozambique, ont décidé, en faveur de l’agriculture, de la toute première importance à accorder au rôle de la recherche, car elle peut et doit aider les différents pays à atteindre les objectifs de croissance agricole fixés. Cette prise de conscience et cette légitimité méritée ont amené le CORAF/WECARD à s’interroger sur la meilleure manière d’y jouer sa partition. Sur une période de deux ans, 2006-2007, il s’est alors doté, avec la participation active et assidue de toutes les parties prenantes, d’une nouvelle vision, d’une nouvelle mission, de nouveaux objectifs, d’un nouveau Plan stratégique 2007-2016, d’un premier plan opérationnel à moyen terme 2008-2013 et d’un Plan de changement institutionnel. Ainsi, la mise en œuvre des huit programmes de recherche, nés de cette nouvelle dynamique, a vraiment besoin que l’ensemble des acteurs agricoles de la sous-région ait le même recul vers le passé et le même regard vers l’avenir, car « aller de l’avant est gagé du regard jeté derrière soi ». D’où la décision des instances dirigeantes du CORAF/WECARD de faire éditer cette belle brochure sur son histoire de 1987 à 2007, pleine d’enseignements.
Or retracer le parcours d’une telle organisation agricole de coordination et de coopération scientifiques n’est guère aisée, tant est fort son façonnement par les hommes et les évènements. Les différents hommes, qui ont présidé à sa destinée, lui ont laissée, en effet, sur la peau, des empreintes indélébiles comme gages de leur œuvre d’imagination et d’abnégation sans pareil. Les nombreuses mutations politiques et socioéconomiques, survenues partout dans le monde, ne l’ont point épargnée non plus, dans ses dynamiques internes et externes, en prenant la forme de nouveaux acteurs apparus sur la scène du développement agricole, d’une globalisation des systèmes de recherche agricole, d’une multitude d’initiatives sur les nouvelles technologies, etc.
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
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C’est pourquoi, il nous plaît, d’abord, de rendre un vibrant hommage aux pionniers que sont M. Hervé Buchat, ancien directeur général du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), et ses collaborateurs, M. Bernard Bachelier, premier secrétaire exécutif (1987-1990) de la CORAF (Conférence des responsables de recherche agronomique africains et français), l’ancêtre du CORAF/WECARD, les différents délégués en Afrique du CIRAD, tel M. Rolland Guis, qui n’ont ménagé ni leurs efforts ni les moyens de leur institution pour financer les réunions préliminaires, accueillir le Secrétariat exécutif et animer les Réseaux associatifs de recherche, les Bases-centres et les Pôles régionaux de recherche. Il nous plaît de rendre le même hommage aux correspondants des Réseaux de recherche opérant dans la sous-région, aux directeurs généraux des INRA (Instituts nationaux de recherche agricole) africains, notamment Dr Dognenena Coulibaly, directeur de la recherche au Ministère de la recherche scientifique (MRS) de Côte d’Ivoire, M. Mamadou Fatogoma Traoré, ancien directeur général de l’IER (Institut d’économie rurale) du Mali, Dr Jean Nya NGatchou, alors conseiller technique numéro 1 au Ministère de la recherche scientifique et technique (MINREST) du Cameroun, Dr Jacques Eckæebil, directeur de l’ex-Institut de recherche agronomique (IRA) du Cameroun, Dr Michel P. Sedogo, directeur général de l’ex-Institut d’études et de recherches agricoles du Burkina Faso, Dr Charles Razafindrakoto, ancien directeur général du Centre national de recherche appliquée au développement rural (FOFIFA) de Madagascar, etc. Ils ont aidé ou facilité le transfert du Secrétariat exécutif de Paris, en France, à Dakar, au Sénégal, en 1990, ainsi que la mise en place des outils de coopération scientifique. Nous y associons les personnalités et institutions de coopération et de développement, telles que Mme Thérèse Pujole de la Coopération française qui avait soutenu, dès le départ, l’esprit et les principes de l’Initiative et M. Alain d’Arthenuc de la CEE (Commission économique européenne) de l’UE (Union européenne) qui avait contribué, de la manière la plus déterminante, à la tenue des différentes Réunions plénières.
Il nous est très agréable, ensuite, d’adresser de vifs remerciements aux SNRA membres, au travers de leurs représentants au sein des instances de l’OSR, aux Partenaires scientifiques et techniques, aux Partenaires financiers anciens ou nouveaux, dont le constant appui a grandement contribué, au fil des années, à sa consolidation et à son envol.
Nous y joignons les membres du Secrétariat exécutif, notamment Dr Ndiaga M’baye, le premier secrétaire exécutif (1990-2003), qui l’a mis en place, à Dakar, a négocié et signé l’accord de siège de l’institution avec les autorités sénégalaises, a obtenu sa reconnaissance politique et sa légitimité institutionnelle et Mme Binetou Niasse Ndir, sa fidèle assistante, appelée affectueusement « maman CORAF », devenue, aujourd’hui, la « mémoire vivante de la maison ». Nous remercions Dr Michel Sédogo, directeur de recherche à l’INERA (devenu Institut de l’environnement et des recherches agricoles) du CNRST (Centre national de recherche scientifique et technique) du Burkina Faso et, par ailleurs, ex-président du CST (Comité scientifique et technique)
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Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
du CORAF/WECARD, témoin privilégié et acteur de son évolution, pour sa contribution remarquable à la conduite et à la coordination de cette présente étude.
Ils vont également à plusieurs personnalités, pour avoir été disponibles, avoir témoigné et donné leurs avis ayant permis la « traçabilité » cohérente des paroles, faits et gestes et montré l’ampleur du chemin parcouru. Nous pouvons en citer Dr Moctar Touré, président du Conseil d’administration d’Africa Harvest et ancien secrétaire exécutif di Special Program for Agricultual Research in !africa (SPAAR) , Dr Jean Sibiri Zoundi, administrateur principal au Secrétariat du Club du Sahel de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique) et Dr Yo Tiémoko, directeur général du CNRA (Centre national de recherche agronomique) de Côte d’Ivoire.
Enfin, il nous échoit le suprême devoir et l’insigne honneur de dédier ce travail à la mémoire de nos très chers Pr Maurice Onanga, président de notre institution de 1992 à 1998 et ancien directeur général de la DGRST (Direction générale de la recherche scientifique et technique) du Congo, Dr Koffi Sié, président de 2002 à 2005 et ancien directeur général du CNRA de Côte d’ivoire, décédés pendant l’exercice de leur fonction, le premier, le 28 mars 1998, et le second, le 28 mars 2005, M. Mamadou Fatogoma Traoré, membre fondateur et ancien directeur général de l’IER du Mali, décédé en juin 2007. Ils ont, tous les trois, joué des rôles mémorables, à des moments critiques de l’histoire du CORAF/WECARD.
Pr Abubacar Yusuf Président du Conseil d’administration
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Dr Paco Sérémé Directeur exécutif
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Introduction
Le contexte et la justification de l’étude
D
u 28 au 31 mai 2007, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le CORAF/WECARD (Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles) fêtait son vingtième anniversaire. A cette solennelle occasion, l’Assemblée générale extraordinaire, qui s’y est tenue, a adopté le nouveau Plan stratégique pour la période 2007-2016 et, pour sa mise en œuvre, le premier Plan opérationnel à moyen terme 2008-2013.
Le processus de planification, ayant conduit, de 2006 à 2007, à l’élaboration de ces deux plans, y a intégré les orientations données par le PDDAA (Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique) du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) et de l’UA (Union africaine), les objectifs des PAC (Politiques agricoles communes) des CER (Communautés économiques régionales) ainsi que les principes du FAAP (Cadre pour la productivité agricole en Afrique) piloté par le FARA (Forum pour le recherche agricole en Afrique).
Il s’est achevé par une révision des textes organiques de l’OSR (Organisation sous-régionale) par la prise en compte des nouveaux mécanismes de gestion adoptés et du rôle désormais dévolu aux différents acteurs agricoles de cette sous-région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Aujourd’hui, la base du CORAF/WECARD s’est de nouveau agrandie à 22 SNRA (Systèmes nationaux de recherche agricole) qui ont nécessairement besoin, dans un élan de « commun vouloir de vie commune », de faire le même retour dans leur passé commun pour regarder de l’avant vers le même futur. C’est pourquoi, nous espérons que cette brochure, remontant l’histoire du CORAF/WECARD, y aidera.
Les Objectifs de l’étude L’étude s’est vu assigner deux principaux objectifs. Le premier est de retracer l’histoire du CORAF/ WECARD, afin d’en tirer les leçons riches de connaissances et d’expériences. Il s’agit, par conséquent, de retracer ses principales phases, de 1987 à 2007, et d’identifier les principaux acteurs les ayant marquées, les orientations stratégiques, les mécanismes et modes de financement des programmes de recherche, les mécanismes leur servant de support, les insuffisances et les acquis. Le second est d’établir le lien entre ces phases et les principales évolutions intervenues sur le plan politique, économique et institutionnel, aussi bien dans le monde qu’en Afrique, en particulier en Afrique de l’Ouest et du Centre.
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Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
L’approche méthodologique
La méthode d’étude utilisée se base sur la recherche documentaire, l’interview des différents acteurs agricoles ayant une bonne connaissance du CORAF/WECARD et de son histoire et le questionnaire adressé à des acteurs agricoles-clés.
La recherche documentaire a consisté à collecter et à analyser tous les documents pertinents produits au niveau du Secrétariat exécutif, de l’INERA du Burkina Faso, du Secrétariat exécutif du CILSS (Comité interEtats de lutte contre la sécheresse au Sahel), de l’INSAH (Institut du Sahel) à Bamako, de l’antenne de SYNGENTA (compagnie d’agro-industrie en semences et en protection phytosanitaire) et de l’IER (Institut d’économie rurale) du Mali, du CNRA (Centre national de recherche agronomique) de Côte d’Ivoire, de l’ISRA (Institut sénégalais de recherches agricoles) et des diverses personnes ressources. Les interviews, ciblées sur les différents acteurs agricoles ayant une bonne connaissance du CORAF/ WECARD et de son histoire, sont réalisées, avec les personnes représentant ou non les structures visitées. Le questionnaire est adressé à des acteurs agricoles-clés, comme les anciens membres du Comité exécutif, les secrétaires exécutifs, les ex-coordonnateurs ou ex-animateurs des Unités opérationnelles.
Les informations collectées ont permis de distinguer les cinq principales phases constitutives de l’histoire de l’institution. La phase pré-CORAF fait l’état des lieux antérieurs de la recherche agricole dans la sousrégion. La phase de naissance et d’envol montre les péripéties jalonnant la période de la création de l’institution, dans un contexte socioéconomique difficile. La phase d’africanisation de la CORAF marque l’arrivée des responsables africains à sa tête et surtout la recherche d’une légitimité auprès des autorités politiques africaines. La dernière phase retrace l’implication de la CORAF, puis le CORAF/WECARD au processus de globalisation et d’intégration des systèmes de recherche, à l’échelle nationale, sous-régionale, régionale, continentale et internationale.
Michel Papaoba Sedogo Auteur de l’étude
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
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Phase pré-Coraf
Le Contexte des années 80
A
partir des années 70, plusieurs pays africains ont été confrontés à des crises alimentaires et environnementales. Ceux de la frange sahélienne (voir premier encadré) ont particulièrement affronté les cycles de sécheresse qui n’ont pas fait de quartiers ni aux populations, ni aux animaux, ni à l’environnement : famines endémiques, importants flux migratoires internes et transfrontaliers des zones sèches vers les plus favorables, forte dégradation de l’environnement sous la forme d’une accentuation de la désertification et d’une importante perte de la biodiversité. Ceux d’Afrique Centrale (voir premier encadré) ont buté sur les mêmes problèmes, dans la partie nord de la sous-région, dont la manifestation la plus expressive est la forte dégradation du massif forestier du Bassin du Congo, considéré comme « le deuxième poumon du monde ».
Comme on pouvait s’y attendre, cette dramatique situation a le plus affecté les populations les plus démunies, constituées, pour la plupart, des petits producteurs, des femmes et des enfants.
En ces moments, dans la plupart des pays, les économies étaient très tributaires de l’agriculture qui, elle-même, dépendait des aléas climatiques. Quoi de plus normal d’assister alors à ce que les fréquentes sècheresses successives aient des répercutions catastrophiques sur les productions agricoles, au-devant desquelles les productions vivrières. Il ne pouvait également en être autrement que d’assister à la forte mobilisation des énergies, au véritable branle-bas de combat ayant fait front à la calamité, sur tous les échiquiers, y compris sur celui de la recherche agricole.
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Ainsi, l’agriculture a connu diverses initiatives de relance par le truchement de la diffusion de nouvelles techniques agricoles. Parmi celles d’intégration régionale, comptons la création, en 1975, de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui vise à promouvoir, dans les 15 Etats membres (voir premier encadré) la coopération régionale et le développement économique, dont celui de l’agriculture et de la gestion des ressources naturelles. Comptons-y également la CEEAC (Communauté économique des Etats d’Afrique Centrale) créée, en octobre 1983, par 11 Etats voulant promouvoir la coopération régionale (voir premier encadré).
Quant aux initiatives de coordination et de renforcement des capacités de recherche régionale, elles comprennent le CILSS qui, depuis sa création en 1973, s’investit, en outre, dans la sécurité alimentaire. L’objectif visé est d’assurer, dans les 9 pays qui le composent (voir premier encadré), un nouvel équilibre écologique, notamment, au Tchad, au nord du Cameroun et de la République Centrafricaine, grâce à l’INSAH chargé de la coordination de la recherche agricole au Sahel et le CRA ou AGRHYMET (Centre régional de formation et d’application en agrométéorologie et en hydrologie opérationnelle). Elles comprennent également le SAFGRAD (Promotion de la recherche et du développement agricoles dans les zones semi-arides d’Afrique)
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
qui promeut, depuis sa création, en 1975, par 27 pays d’Afrique sub-saharienne (voir premier encadré), cette activité au travers d’un partenariat entre les CIRA (Cntres internationaux de recherche agronomique) et les INRA (Instituts nationaux de recherche agricole), soutenu en cela par l’USAID (United States Agency for International Development).
Elles se composent aussi de l’ADRAO (Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest), mise en place, en 1971, rebaptisée plus tard AfricaRice (Centre du riz pour l’Afrique), et constitué d’un regroupement initial de 11 pays devenus 24 (voir premier encadré) qui en ont fait un des membres du GCRAI (Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale). Elles se composent, enfin, du CIRDES (Centre international de recherche-développement sur l’élevage en zone sub-humide) qui contribue, depuis sa création, en 1991, à résoudre les problèmes de santé du bétail, dans les 7 pays membres (voir premier encadré).
L’Organisation de la recherche agricole dans les pays d’Afrique francophone Au lendemain des indépendances de 1960, la plupart des pays d’Afrique francophone ont confié à la France, faute de compétences scien-
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
tifiques nationales, la gestion de leur système de recherche agricole, au travers d’une kyrielle d’accords de coopération.
C’est la raison pour laquelle, les programmes de recherche étaient conçus et mis en place par les instituts français de recherche d’alors : l’IRAT (Institut de recherches agronomiques tropicales et des cultures vivrières), l’IRCT (Institut de recherche du coton et des textiles exotiques), IRHO (Institut de recherches pour les huiles et les oléagineux), l’IRFA (Institut de recherches sur les fruits et agrumes), le CTFT (Centre technique forestier tropical), l’IEMVT (Institut d‘élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux) regroupés, par la suite, dans le GERDAT (Groupement d’études et de réflexion sur le développement de l’agriculture tropicale), l’ORSTOM (Office de recherche scientifique des territoires d’Outre-Mer, puis Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération qui s’est encore mué, bien plus tard, en IRD (Institut de recherche pour le développement). Dix ans après, à partir de 1970, certains pays vont mettre en place leurs propres structures de recherche. C’est le cas du Sénégal avec l’ISRA (Institut sénégalais de recherche agricole), de la Côte d’Ivoire avec l’IDESSA (Institut des savanes) et l’IDEFOR (Institut de recherches des forêts), du Cameroun avec l’IRA (Institut de recherche agronomique), du Mali avec l’IER. Mais, elles servaient plus comme réceptacles, dans la mesure où la plupart des chercheurs étaient français. Aussi, pour ne prendre que l’exemple de la Côte d’Ivoire, du Cameroun et du Sénégal, environ 120 chercheurs du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), étaient en poste, dans chacun de ces pays, en
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1986. Dans les autres, leur effectif était supérieur à celui des chercheurs nationaux. Graduelle fut donc la prise en main de la gestion de la recherche agricole par les structures nationales. Et elle a été rendue possible, dans bien de ces pays, grâce non seulement à la formation et au recrutement des chercheurs nationaux, mais aussi aux investissements soutenus de la Banque mondiale, venant en appui aux Plans stratégiques de recherche élaborés et à l’assistance fournie par l’ex-ISNAR (International Service for National Agricultural Research), tels au Sénégal ou au Burkina Faso. S’y ajoute, ne l’oublions pas, le changement de statut juridique du GERDAT.
L’actuel CIRAD né en 1984, en France, en remplacement du GERDAT, arborait le statut juridique d’Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), ci qui l’obligeait, d’ores et déjà, à générer 40 % des ressources de son budget. Cette nouvelle donne allait aussi changer ses rapports de partenariat, puisque ses chercheurs seront en partie ou mutés, à Montpellier, ou redéployés, dans des zones de concentration et sur des thèmes jugés prioritaires. Dès lors, tout était fin prêt, pour que le CIRAD passe d’un « partenariat de substitution » à un « partenariat de raison » basé sur des choix stratégiques et des priorités. L’émergence des INRA fut également favorisée, sans nul doute, par la mise en place de nouveaux programmes visant à renforcer les capacités des pays en matière de recherche sur les cultures vivrières et de lutte contre les effets de la sécheresse, au sein du CILSS et de l’INSAH, tels le Projet mil, sorgho, niébé et maïs, financé par la CEE (Communauté économique euro-
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péenne) et la création, en 1986, du Réseau R3S (Réseau de recherche sur la résistance à la sécheresse), sous l’égide de l’INSAH. De même, les nouveaux programmes du SAFGRAD allaient consolider cette dynamique et leur conférer une plus grande marge de manœuvre.
Y ont, enfin, contribué d’autres programmes sur le mil, l’arachide, le sorgho, le renforcement des capacités nationales à la faveur des partenariats avec des Universités américaines et surtout avec des CIRA, de l’implantation de l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture) à Ibadan, au Nigeria, de l’installation de l’ICRISAT (International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics) à Sadore, au Niger, à Kamboinse, au Burkina Faso, à Samanko, au Mali, et à Zaria, au Nigéria, et de l’appui de l’ISNAR.
Pourtant, tous ces INRA n’en vivaient pas moins mal les difficultés de croissance, l’étroitesse des dimensions des États pour la communauté scientifique due à la « balkanisation politique et administrative » héritée de la décolonisation, leur faible positionnement auprès des gouvernements et des bailleurs de fonds surtout pendant la cruciale période des politiques d’ajustement structurel. A cela, s’ajoute l’insatiable besoin de la nouvelle génération de chercheurs à travailler dans un cadre d’expression, de carrière et d’unanimité autour de l’idée de penser la recherche agricole à l’échelle régionale.
Les programmes de recherche en place
A l’époque, étaient en vigueur deux types de programmes de recherche. La mise en œuvre des Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
premiers, gérés à la fois par les INRA ou les services des ministères de développement rural et les Instituts de recherche agronomique français, obéissait à des schémas définis de commun accord, généralement sous les auspices d’un Comité national de la recherche agronomique qui définissait les orientations et axes de recherche. Celle des seconds, émanant à la fois des initiatives ou des CIRA, se faisait avec l’implication de chercheurs désignés par leurs instituts mais dont la gestion échappait à la coordination.
D’approche disciplinaire des activités, la plupart d’entre ces programmes de recherche portaient sur les productions vivrières, telles la sélection variétale, l’agronomie, la défense des cultures. L’adoption de cette approche classique se justifiait, en partie, par les succès de la révolution verte qui venait de s’opérer, en Asie, où la dissémination de variétés performantes a permis d’éradiquer la faim qui sévissait. Ce faisant, beaucoup ambitionnaient de diffuser des variétés « miracles pour booster » la production alimentaire en Afrique, en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire dans les pays.
Les modes et mécanismes de financement des programmes de recherche Selon les termes des accords de coopération, les financements des activités se faisaient de façon paritaire. Les Etats africains mettaient à la disposition de leurs INRA les ressources nécessaires pour leur fonctionnement courant. La Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
France, à travers ses instituts spécialisés, assurait le salaire et l’habillage de ses chercheurs.
Faisaient partie de ce dispositif les conventions spécifiques, tels les Projets du FAC (Fonds d’aide et de coopération) permettant d’appuyer, sur une durée de plusieurs années, les programmes d’intérêt commun.
Quant aux initiatives, elles disposaient de financements spécifiques, de la part de la CEE, à travers la DG8 (direction générale huit) ou la DG12 (direction générale douze), pour ceux du CILSS ; de l’USAID, pour ceux du SAFGRAD et du CILSS ; des CIRA et du FAC pour les projets de recherche du Réseau R3S.
Les raisons et le processus de création de la CORAF Il ressort de ce qui précède que les instituts spécialisés français disposaient d’une masse critique de chercheurs, échangeaient du matériel génétique, des informations et même des chercheurs avec les pays d’Afrique francophone.
Cependant, pour plusieurs raisons, à la fois propres aux Africains et aux Français, ce système de partenariat ne pouvait plus perdurer. En effet, la création du CIRAD, en tant qu’établissement public français, ne permettait plus de donner une place suffisante aux partenaires africains, dans
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ses instances dirigeantes, alors que les Conseils d’administration des instituts du GERDAT comportaient des représentants des États étrangers. Du coup, il fallut trouver de nouvelles instances de dialogue.
De surcroît, le statut d’EPIC du CIRAD allait sans doute l’amener à revoir son dispositif opérationnel et ses priorités en Afrique. A priori, la Coopération française, de son côté, ne souhaitait pas non plus continuer à gérer structurellement la recherche des Etats africains. De même, ces derniers n’étaient pas restés les bras croisés. Ils ont progressivement mis en place des INRA, mais ne disposaient guère de capacités suffisantes pour prendre en main leur gestion ainsi que celle de leurs programmes. Même ceux, en plein essor, avaient aussi besoin de revoir leur mode de coopération avec la France, en passant d’un partenariat de substitution unipolaire à un partenariat plus ouvert assorti des règles consensuelles et en tissant des partenariats entre les Etats, vu le caractère transfrontalier de certaines questions auxquels ils étaient confrontés.
En conséquence, des concertations, soutenues par le CIRAD et encouragées par le Ministère de la coopération de France, ont été engagées. Pour sa part, le CIRAD réunit, à Paris, en mars 1986, les responsables de recherche agronomique des pays d’Afrique francophones et de Madagascar pour échanger sur les priorités de recherche propres à chaque INRA (voir deuxième encadré).
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A cette occasion, plusieurs décisions furent prises. Tous les participants adoptèrent la liste des priorités de recherche communes sur le riz, le maïs, le manioc et l’arachide ainsi que l’« approche réseau » pouvant permettre la résolution de ces problèmes d’intérêt régional. Enfin, réunis seuls en session à huis-clos, les représentants des INRA recommandèrent l’institutionnalisation de cette rencontre, dans une déclaration solennelle. Non sans coup férir, sept mois plus tard, ils tinrent une seconde rencontre, sur le même lieu, en octobre 1986, et jetèrent les bases de la création d’un cadre formel de coopération entre eux.
Ce qui fut fait, un an, mois pour mois, dès la troisième concertation, tenue du 23 au 27 mars 1987, à Abidjan, en Côte d’ivoire, qui porta, sur les fonds baptismaux, la Conférence des responsables de la recherche agronomique africains et français (CORAF).
Les forces et les faiblesses de la recherche agricole Comme nous venons de le voir, la jeunesse prédisposait une telle recherche agricole à comporter des faiblesses, mais aussi des forces. Leurs forces se traduisaient par l’existence d’un vaste réseau expérimental couvrant toutes les situations agroécologiques et permettant une mobilité des chercheurs, des échanges de matériel génétique et des informations, une harmonisation des approches, un fort soutien de la Coopération française au dispositif d’animation scientifique, Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
l’existence de nombreuses initiatives visant à renforcer les capacités nationales.
Les faiblesses, quant à elles, sont relatives à leur faible niveau d’organisation, à leur faible potentiel scientifique en termes de personnel, d’infrastructure et d’équipement, à l’absence de mécanismes de
+
Premier Encadré
coordination et de mise en synergie des initiatives, à la faiblesse des financements fortement tributaires, qui plus est, des bailleurs de fonds, principalement de la France et à la forte présence de ses instituts spécialisés dans les pays et dans la sous-région.
Les pays du CILSS
Ils sont au nombre de 9 : Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad. Les pays de la CEDEAO
Ils sont au nombre de 15 : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra-Leone, Togo. Les pays de la CEEAC
Ils étaient au nombre de 11 réduits à 9 : Angola, Burundi, Cameroun, République Centrafricaine, République du Congo, République Démocratique du Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Rwanda, Sao Tomé et Principe et Tchad, avec le retrait du Burundi et du Rwanda qui, actuellement, font partie de la zone de l’Afrique de l’Est.
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Les pays du SAFGRAD
Ils sont au nombre de 27 en Afrique sub-saharienne : Bénin, Burkina Faso, Botswana, Cameroun, Cap-Vert, République Centrafricaine, Tchad, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Erythrée, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Kenya, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, SierraLeone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Togo, Ouganda et Zambie. Les pays d’AfricaRice (ex-ADRAO)
Ils sont au nombre de 24 : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Égypte, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Ouganda, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Congo, Sénégal, SierraLeone, Tchad et Togo. Les pays du CIRDES
Ils sont au nombre de 7 : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger et Togo.
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+
Deuxième encadré
Grandes priorités des recherches sur les cultures vivrières (établies en 1986) : point de vue des structures de recherche africaines
Maïs
Sénégal Mali Burkina Niger Tchad Côte Togo Cameroun Gabon Congo Madagascar Faso d’Ivoire XXX
XX
XXX
XX
XX
XXX
XXX
XXX
X
XX
XXX
XX
XXX
XX
XX
XX
XX
XXX
XX
XX
*
Riz ** pluvial **XX
XXX
* XXX
XXX
Sorgho
XXX
XXX
XXX XXX
XX
XXX
XXX XXX
*
Blé
Arachide XXX Soja
Sesame
* *
XX
Légumineuses Poids d’Angol Niébé
Haricot
Manioc
Igname
XXX X
XX
X
XX
XX
X
XX
Coton S.G.X
X
X
Cultures Maraîcheres X
X
XX
Canne à sucre
X
Banane plantain Pomme de terre
Palmier Dattier
*
*
Fruitier : Agrumes *
20
X
X XXX
X
Tubercules diverses
X
XX
X
*
X
X
X
X
X
XX
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X XXX
X
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XXX
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XX
XX
XX X
* XX X
X
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X
X X
XXX
XXX
XXX
XXX
XXX
X
X
XX
XX
XX
XXX XX
X
XX
X
xxx priorités r/d – xx – x /** grand intérêt – * intérêt Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Naissance Phase et envol pré-Coraf de la Coraf
Le rappel du contexte
L
a création de la CORAF est survenue, comme on vient de le voir, à un moment de grave crise alimentaire et d’ajustement des secteurs agricoles, en Afrique de l’Ouest et du Centre. Or la plupart des INRA étaient inorganisés et faibles ; une ribambelle d’acteurs, sans liens les uns aux autres, essaimaient les secteurs ; des liens formels avec les CIRA étaient absents. Les seuls programmes d’ajustement ont eu pour effets le démantèlement des structures classiques d’appui conseil au monde rural, la mise en place des projets de recherche agricoles multi-bailleurs – avec la Banque mondiale comme chef de file –, le développement des nouvelles approches systèmes, formation et visite, etc. Par conséquent, la création de la CORAF doit être considérée comme une réponse originale opposée à la crise de la recherche agricole en Afrique francophone d’alors. La CORAF, en effet, était, sans ambages, la démonstration concrète d’une volonté de briser le cloisonnement s’opérant entre pays suite aux indépendances et d’apporter, par eux-mêmes et pour eux-mêmes, une réponse originale et pertinente aux défis de l’heure. Et cette volonté était aussi à l’actif des INRA qui, bien qu’étant en construction, disposaient d’une certaine spécificité avérée, celle d’occuper une position primordiale sur la scène agronomique africaine, provenant de leur enracinement dans le terrain et étant, à la fois, l’origine des ques-
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
tions et la cible des réponses de l’action commune meublant l’évolution de l’espace rural. Il s’agit de celle des responsables nationaux des politiques de développement, des institutions de recherche nationales ou internationales non africaines de développement ou non, des acteurs nationaux publics, privés, associatifs « clients » de la recherche, des bailleurs de fonds bilatéraux ou multilatéraux…
De cette spécificité découle aussi cette originalité d’une démarche ascendante, basée sur le regroupement de chercheurs des programmes nationaux autour de thématiques prioritaires adoptés, dans le cadre d’objectifs communs et de la mise en œuvre de projets de recherche communs (voir troisième encadré). De sorte que la CORAF s’est vu assigner par ses promoteurs la mission de renforcer les programmes nationaux de recherche agronomique au moyen de la meilleure concertation possible susceptible de développer une véritable « communauté scientifique africaine » appelée à en être l’instrument de son renforcement et de son enracinement dans son milieu, au travers d’un espace africain de recherche collaborative.
Les faits majeurs de cette phase Depuis sa création jusqu’à son envol, le chemin parcouru par la CORAF est parsemé de réalisations concrètes. Le Comité de suivi, l’instance
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suprême de décision et d’orientation, fut mise en place par la première Réunion plénière, tenue les 29 et 30 novembre 1987, à Yaoundé, au Cameroun, qui a décidé de l’élargissement de ses activités, par la reconnaissance du Réseau R3S jusqu’ici sous les services de l’INSAH et du CILSS.
Dès cette époque, les réflexions, soulevées pour l’africanisation de la CORAF, lui donnaient un caractère africain marqué par le transfert du Secrétariat exécutif et l’ouverture vers les pays anglophones et lusophones furent amorcées par la deuxième Réunion plénière de Dakar, au Sénégal, ayant eu lieu, du 20 au 24 mars 1989, et poursuivies à Antananarivo, à Madagascar, du 20 au 24 mars 1990. Elles furent suivies par la codification des mécanismes régissant la vie de l’institution, par le biais des textes portant règlement intérieur du Comité de suivi et charte des Réseaux associatifs de recherche et Bases-centres adoptés par cette troisième Réunion plénière d’Antananarivo, ainsi que par celui de l’instauration du principe des exposés scientifiques devant les futures Réunions plénières.
Tout comme arrivent l’instant cruciale de l’élaboration et de l’adoption du premier Plan stratégique sur le projet scientifique, la formation et l’information, son adoption par l’instance habilitée, la reconnaissance politique internationale et l’approbation de la politique scientifique et technique. C’était respectivement à l’occasion de la
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quatrième Réunion plénière de Yaoundé, organisée du 24 au 28 juin 1991, au Cameroun ; de la cinquième, organisée du 20 au 23 mars 1992, à Dakar, au Sénégal ; de la Conférence des ministres chargés de la recherche agronomique en Afrique de l’Ouest, du Centre et à Madagascar, tenue presque en même temps, du 16 au 19 mars ; la septième Réunion plénière qui a eu lieu, à Banjul, en Gambie, du 17 au 19 mars 1994 ; de l’atelier sur la régionalisation de la recherche agronomique en Afrique Occidentale et Centrale organisé, en 1994, avec le concours du SPAAR et de l’USAID (United States Agency for International Development).
Enfin, arrivent les concertations rapprochant la CORAF à l’IITA pour le pilotage du Réseau Ouest et Centre africain de recherche sur le maïs (WECAMAN) et du Réseau manioc, créés en 1987, les négociations avec le SAFGRAD pour la répartition des tâches en matière de recherche sur le maïs, la tutelle commune du Réseau R3S avec l’INSAH et les discussions avec l’ADRAO, l’ILCA (International Livestock Center for Africa, actuel ILRI (International Livestock Research Intitute), l’ICRAF (International Centre for Agroforestry Research, actuel World Agroforestry Centre) pour une meilleure connaissance des activités respectives.
Les principaux acteurs Pour la création de la CORAF, étaient à l’avantgarde les responsables des 14 INRA (voir quatrième encadré), les membres associés composés du CIRAD, de l’INRA et de l’ORSTOM, les acteurs des diverses initiatives que sont l’INSAH, le CILSS, le SAFGRAD, l’ADRAO, etc., les bailLe Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
leurs de fonds que sont les Etats, la Banque mondiale, la Coopération française, la CEE, l’USAID.
Les organes et modes de fonctionnement A ses débuts, la CORAF fonctionnait de façon informelle, un peu à la façon d’un club de responsables de recherche agronomique africains. Il ne leur avait pas paru utile de lui donner un statut bien défini, ni de lui chercher une reconnaissance ou une légitimité politiques.
Une telle situation avait des avantages certains, mais aussi des inconvénients, notamment, lorsqu’il s’agissait de jouer un rôle sur la scène internationale. Aussi la troisième Réunion plénière d’Antananarivo avait-t-elle adopté le principe de l’organisation d’une Conférence des ministres chargés de la recherche agronomique, avec comme objectif de donner à la CORAF un caractère un peu plus formel et une caution politique. A cette fin, l’élaboration d’un ensemble de textes, régissant l’organisation et le fonctionnement de l’association, était envisagée. Le CIRAD s’était proposé d’accueillir le Secrétariat exécutif et avait nommé un de ses cadres, Bernard Bachelier, comme secrétaire exécutif. Ce qui fut fait, à Paris, sous son cadre juridique. Mais avec les événements, que vous connaissez déjà, la CORAF avait grandement besoin d’un cadre juridique propre et adéquat lui permettant d’être opérationnelle à partir d’Afrique. C’est ainsi qu’en s’inspirant des expériences malheureuses de structures similaires, Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
lui fut doté le statut d’association d’institutions nationales de recherche agricole susceptible de lui conférer une grande souplesse de fonctionnement, de lui permettre d’éviter le régime des frais généraux élevés et les procédures bureaucratiques, de même que de lui faciliter l’intervention des agences d’aide qui préféraient de plus en plus intervenir dans de telles organisations. Aussi l’ont-ils dotée de quatre organes.
La Réunion plénière, instance suprême de décision et d’orientation, se composait des directeurs des INRA membres et des partenaires comme membres associés. Elle tenait une session ordinaire, une fois par an, en principe dans la troisième semaine de mars, et une session extraordinaire, en cas de nécessité, dans un pays africain.
Le Comité de suivi, instance de suivi et d’évaluation entre deux Réunions plénières, qui était composée de 10 membres, dont 6 directeurs issus des INRA et 4 directeurs des institutions associées, élus pour trois ans par la Réunion plénière, se réunissait trois fois par an, avant, pendant et après cette dernière. Le Secrétariat exécutif exécute, sous la direction du secrétaire exécutif et la supervision du Comité de suivi, les décisions et résolutions de la Réunion plénière, suit les activités scientifiques et organise les réunions, pour lesquelles il officie comme rapporteur.
Les Réseaux associatifs de recherche, qui animaient la vie scientifique, par le truchement de la
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mise en œuvre des projets de recherche sur les domaines jugés prioritaires, étaient dirigés par un coordonnateur désigné dans une structure africaine et un correspondant dans une institution française.
La gestion scientifique L’originalité de la démarche de la CORAF résidait dans le fait de chercher à développer des synergies, d’une part, entre les institutions de recherche africaines et, d’autre part, entre cellesci et leurs partenaires français ou européens. Une de ses préoccupations a donc été d’identifier les domaines prioritaires et d’y concentrer tous les efforts : en mars 1986, les priorités nationales ont été définies et leur synthèse avait permis de dégager celles qui sont de portée régionale.
De cette manière, tous les pays ont exprimé un intérêt pour les cultures vivrières de base — maïs, riz, arachide, manioc —, pour la culture du coton et pour la résistance à la sécheresse. Pour la circonstance, les Réseaux, créés pour prendre en charge chacun de ces thèmes, avaient pour ambition de renforcer et de dynamiser les SNRA pour leur insuffler une dimension régionale et internationale, de promouvoir l’acquisition des connaissances scientifiques et l’utilisation des résultats, de favoriser les échanges entre les différentes équipes de recherche nationales et la
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concertation avec les CIRA et les organisations régionales, de préparer et de soumettre des projets de recherche aux financements extérieurs et, enfin, d’encourager la constitution d’équipes pluridisciplinaires, la formation et l’encadrement des chercheurs.
Pour ce faire, un Réseau pouvait disposer d’une ou de plusieurs Bases-centres qui, abritées par une institution nationale de recherche (ou plusieurs) ouverte à la coopération régionale et internationale réunissant les moyens humains, financiers et matériels suffisants, étaient conçues comme des centres d’excellence ou des pôles de recherche agronomique aux résultats applicables ou adoptables à d’autres pays ayant des préoccupations de développement analogues. C’est ainsi que fut érigé, au sein de l’ISRA, le CERAAS (Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse) piloté par le Réseau R3S.
Selon leur charte, un Réseau est un groupement de chercheurs œuvrant ensemble sur un thème de recherche reconnu prioritaire par la CORAF. Ses organes sont l’Assemblée générale, le Comité directeur, la Coordination, le Correspondant extérieur, les Correspondants nationaux. C’était le cas du Réseau Ouest et centre africain de recherche sur le sorgho (ROCARS) créé en 1984, du Réseau R3S en 1985, du Réseau arachide, du Réseau Coton, du WECAMAN, du Réseau riz (devenu Réseau Ouest et Centre africain de recherche sur le riz) et du Réseau manioc en 1987, du Réseau élevage en 1989, etc. Les résultats générés étaient publiées, dans la Lettre d’information de chaque Réseau, dans le but de les faire connaître, de garantir la qualité des recherches menées et de donner une crédibilité à la CORAF. A cet égard, il Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
avait été envisagé des évaluations administratives, financières et scientifiques des Réseaux.
De surcroît, la CORAF s’est attaquée à un autre font, celui de la définition des grandes orientations de la coordination régionale. Ses principaux axes furent pensés pour servir de guide à l’élaboration de plans à moyen terme, lesquels devaient, à leur tour, donner naissance à des programmes de recherche annuels. Elle détermine ainsi trois principaux axes, où il paraissait évident que les actions, menées à une échelle régionale, auront un rapport coût-efficacité nettement plus favorable que les mêmes menées au niveau national : la définition et la mise en œuvre conjointes des projets scientifiques ; la formation des chercheurs, des techniciens et des gestionnaires de la recherche ; la diffusion de l’information scientifique et technique dans les institutions membres. Ainsi démarra, en 1989, le processus d’élaboration du premier Plan stratégique, avec comme objectif de le faire valider par les ministres chargés de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Les mécanismes et modes de financement En ce moment, Les sources de financement de la CORAF se limitaient aux Etats qui, par le biais des INRA, assuraient une partie des coûts liés au fonctionnement des Réseaux ; au CIRAD qui assurait celui du Secrétariat exécutif, des activités des correspondants et des Réseaux ; à la Coopération française qui se chargeait de celui Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
des Réseaux et des réunions statutaires ; à la CEE qui s’occupait des Réseaux et de leur coordination ; à la Banque mondiale qui soutenait les INRA au travers de leurs Projets de recherche agricole sur le renforcement des capacités de formation, d’équipement, d’infrastructure, de reforme institutionnelle, etc. ; à l’USAID qui appuyait les activités des diverses Initiatives de concert avec les INRA.
Les forces et les faiblesses Dans un tel parcours, la CORAF a engrangé des acquis mais aussi accusé des lacunes.
On a assisté à la naissance d’une véritable dynamique scientifique impulsée par les activités des Réseaux, à l’appropriation par les responsables des INRA de l’Initiative, au développement d’un vif intérêt pour la politique d’ouverture matérialisée par les contacts noués et entretenus par le Comité de suivi avec des organismes de recherche évoluant sur les continents africain et européen et à l’obtention de financements remportés suite à des appels d’offres à projets de recherche lancés surtout par des agences d’aide européennes. De même, la CORAF souffrait de plusieurs maux, à savoir le manque de cadres des INRA, leur excessive mobilité aussi bien au niveau des instances dirigeantes que des équipes de recherche à la base, le défaut de moyens propres, tel un budget permanent autonome, l’ab-
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sence de procédures d’évaluation des activités des Unités opérationnelles, la perception tronquée ou extravertie de l’image de club d’institutions nationales sans Statuts, ni mandat clairement défini, encore moins sans caution politique et l’opinion négative d’être considérée comme un appendice de la recherche française.
Les principales leçons tirées Il était indéniable que les INRA avaient grandement besoin d’un espace d’activité, de dialogue et de concertation. Cependant, dès les premiè-
+
Troisième encadré
Témoignage du Dr Bernard Bachelier, premier secrétaire exécutif de la CORAF
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Faso, Dr Charles Razafindrakoto, alors directeur général du Centre national de recherche appliquée au dévelop-pement rural (FOFIFA) de Madagascar, etc. Ils ont aidé ou facilité le transfert du Secrétariat exécutif de Paris, en France, à Dakar, au Sénégal, en 1990, ainsi que la mise en place des outils de coopération scientifique. Du côté français, j’assurais la représentation du CIRAD. La représentation de l’ORSTOM était assurée par Harry Palmier. C’est ce groupe qui a élaboré les éléments de base de la CORAF :
Quatrième encadré
+
Nous étions un petit groupe de 15 responsables de recherche agronomique qui ont conçu la CORAF. Je peux en citer quelques-uns : Dr Dognenena Coulibaly, directeur de la recherche au Ministère de recherche scientifique (MRS) de Côte-d’Ivoire, M. Fatogoma Traoré, ancien directeur général de l’Institut d’économie rurale (IER) du Mali, Dr Jean Nya NGatchou, alors conseiller technique numéro 1 au Ministère de la recherche scientifique et technique (MINREST) du Cameroun, Dr Jacques Eckebil, directeur de l’ex-Institut de recherche agronomique (IRA) du Cameroun, Dr Michel P. Sedogo, ancien directeur général de l’Institut d’é-tudes et de recherches agricoles (INERA) devenu Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA) toujours sous tutelle du Centre national de recherche scientifique et technique (CNRST) du Burkina
Les représentants des INRA africa
Ils étaient originaires de 14 pays : Bénin, Haute Volta (actuel B Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Madagascar, Mali, Niger, Sénégal,
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
res années, sont apparues de sérieuses limites stratégiques. On ne pouvait pas, en effet, piloter une Initiative africaine à partir de Paris, avec des financements uniquement français et en l’absence de toute caution des autorités politiques africaines. On ne pouvait non plus la promouvoir, sans accomplir l’impérieuse néces-
sité de son ouverture aux autres communautés anglophone et lusophone de la sous-région, ni capitaliser les diverses autres Initiatives qui y avaient en cours.
Statuts, logo, principes de fonctionnement, stratégie, animation des réunions. Il y avait entre nous beaucoup de confiance et de liberté de discussion qui reposaient sur des convictions partagées. Du côté français, Dr Jacques Poly, qui était président de l’INRA et du CIRAD, a beaucoup soutenu et encouragé cette Initiative. Il en a compris le sens. Il a été présent aux réunions, jusqu’en 1990. Il m’a apporté son soutien et a fait profiter les responsables de la CORAF de son expérience, de sa vision et de sa chaleur humaine. Dr Hervé Bichat, le directeur général du CIRAD, a soutenue aussi ce projet. Il nous a fait confiance. Il a fait comprendre les enjeux. Dr René Billaz, le direc-
teur scientifique du CIRAD, a contribué à l’organisation scientifique de la CORAF. Il faut aussi citer dans les Ministères français impliqués, Emmanuel Salmon Legagneur et surtout Thérèse Pujolle. Pour accompagner la création de la CORAF, j’avais obtenu la mise à disposition d’un financement venant du Ministère chargé de la recherche et du Ministère chargé de la coopération. Ce financement a joué un rôle essentiel, puisqu’il a permis de soutenir les Réseaux et surtout de lancer des projets coopératifs, au sein des Réseaux proposés par des équipes de plusieurs pays. Le montage financier a été décisif. Il a fallu faire comprendre aux bailleurs de fonds français qu’il fallait financer des projets de recherche, mais aussi le fonctionnement de la structure, le soutien de base des Réseaux et des Bases-centres, ce que les bailleurs de fonds n’aimaient guère. J’ai réussi à faire accepter ces principes qui ont assuré le démarrage de la CORAF dans de bonnes conditions.
fricains précurseurs de la CORAF
el Burkina Faso), Cameroun, République Centrafricaine, Congo, gal, Tchad et Togo.
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
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Africanisation Phase Phase pré-Coraf pré-Coraf de la Coraf
Les faits majeurs
L
e chemin de la période 1990-1996, qui marque le début du processus d’africanisation, de la large ouverture vers les autres aires linguistiques et de la recherche d’une légitimité politique de la CORAF, est ficelé de péripéties majeures.
C’est lors de sa deuxième Réunion plénière, tenue à Dakar, au Sénégal, du 20 au 24 mars 1989, que la CORAF a décidé du transfert du Secrétariat exécutif et de la nomination d’un cadre supérieur africain à sa tête. Ce faisant, le siège, transféré de Paris, en France, sera basé dans un pays africain déterminé par la Réunion plénière sur proposition du Comité de suivi.
Ce que fit ce dernier en direction de la troisième Réunion plénière d’Antananarivo, tenue l’année suivante, qui décida de la constitution d’un comité de sélection de trois membres, composé du Dr Koffi Goli, directeur général de l’Institut des savanes (IDESSA) de Côte d’ivoire, du Dr Mouhamadou El Habib Ly, directeur général de l’ISRA du Sénégal et du Dr Bernard Bachelier, délégué Afrique du CIRAD de France, disposant du pouvoir de procéder au recrutement d’un secrétaire exécutif permanent. Le comité de sélection lança un appel d’offres à candidatures auprès des pays de la région couverts par la CORAF. Les diverses réponses, parvenues au Secrétariat exécutif à Paris, se décomposaient comme suit : réponses venant de 3 pays accompagnées de 5 candidatures ; réponses venant de 7 pays non accompagnées de candidatures ; non-réponses de la part de 5 pays (voir cinquième encadré).
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Dossiers au point, les membres du comité de sélection se réunirent, à Dakar, au Sénégal, les 27 et 28 février 1990, un mois avant Antananarivo, adoptèrent un système d’évaluation des candidats et définissent les termes de référence. Ces derniers étaient liés, d’une part, à la localisation du Secrétariat exécutif et, d’autre part, au recrutement des candidats.
La localisation du Secrétariat exécutif devait, notamment, satisfaire à l’engagement du pays hôte de l’abriter, en lui offrant des facilités d’installation et des moyens logistiques adéquats, à la prise en charge par son institution d’origine du salaire de base du secrétaire exécutif, à l’accès facile du pays et à l’offre de facilités de communication et de services culturels, hospitaliers et éducatifs. Les critères liés au recrutement des candidats leur ont permis d’élaborer une grille de notation pour eux. Après avoir dépouillé les dossiers sur la base des critères définis, le comité de sélection a retenu la candidature du docteur Ndiaga Mbaye, chercheur à l’ISRA du Sénégal. A cet effet, l’ISRA s’engagea derechef à assurer le salaire de base en question, ce qui a prévalu jusqu’au départ du
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
premier secrétaire exécutif, en juin 2003, à mettre à sa disposition une secrétaire de direction devenue son assistante, à assurer le paiement d’une partie de leur salaire, à octroyer à l’institution des infrastructures tenant lieu de siège.
Cette ultime étape franchie, la troisième Réunion plénière d’Antananarivo avait exprimé le désir ardent d’ouvrir la CORAF aux autres aires linguistiques et géographiques. Et cela eut pour conséquences l’adhésion de l’Institut national pour l’étude et la recherche agronomique (INERA) du Zaïre (actuelle RDC), en 1990 ; celle de l’Instituto National de Pesquisa Agraria (INPA) de la GuinéeBissau et de l’Instituto National de Investigação e Desenvolvimento Agrário (INIDA) du Cap Vert, en 1991 ; celle du National Agricultural Research Institute (NARI) de Gambie, en 1992 ; celle du Council for Scientific and Industrial Research (CSIR) du Ghana, en 1994 ; l’obtention du statut d’observateur du Department of Agricultural Science (DAS) du Federal Ministry of Agricultural Research du Nigeria, en 1994, transformé en poste de membre à part entière, en 1997 ; et la suppression du statut de membres associés conféré aux structures françaises de recherche. Ainsi, fut mis fin à cette perception de la communauté anglophone, en particulier, de la CORAF comme étant une « affaire des Français », qui retardait son adhésion ainsi qu’aux réserves de certains autres Partenaires financiers ayant l’impression de « financer la recherche française », indirectement. A ce délicat sujet, se racontaient de « succulentes » anecdotes ayant soulevé d’intenses discussions passionnées, dont une rapportée ici (voir sixième encadré).
Bien plus tard, en 1996, plus exactement du 18 au 22 mars, la neuvième Réunion plénière de Brazzaville mit également un terme à la qualité de Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
correspondant de Réseau, juste après que la Réunion plénière extraordinaire de Saly Portudal, au Sénégal, eut créé, dans la même foulée, le Forum des partenaires scientifiques, le Club des donateurs et le Comité scientifique et technique, à l’issue de ses délibérations les 21, 22 et 23 novembre 1995.
A partir de ce moment, le Comité de suivi était uniquement composé de membres africains et les Réseaux pilotés par des chercheurs des INRA. Alors quoi de plus naturel et logique que survint le changement de nom, de la Conférence des responsables de recherche agronomique africains et français (CORAF) à la Conférence des responsables de recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre (CORAF), opéré par cette Réunion plénière extraordinaire.
Dans la même période, d’autres faits majeurs avaient contribué à cette évolution sans précédent. D’abord, la sixième Réunion plénière de Ouagadougou, au Burkina Faso, tenue du 15 au 20 mars 1993, qui avait été essentiellement dominée par une quadruple réflexion vitale : comment faire passer progressivement les recherches d’une approche par filières à une approche par système de production. Comment organiser l’évolution institutionnelle et scientifique des SNRA et de la nouvelle CORAF, en vue de renforcer les capacités, d’améliorer la gestion des projets, de mettre en œuvre de nouvelles formes de coopération régionale et de renforcer les partenariats. Comment obtenir le statut d’association internationale de droit sénégalais pour la CORAF de même que l’accord de siège à établir avec le Sénégal. C’était dans un contexte particulier, secoué par les
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réflexions suscitées par le CGIAR soucieux de la mise en place d’un système de recherche agricole international et marqué par les reformes entamées par la Banque mondiale dans les pays concernés. Ensuite, la huitième Réunion plénière de Cotonou, au Bénin, tenue du 14 au 18 mars 1995, qui adopta le premier Plan d’action sur l’information scientifique et technique et porta le nombre de Réseaux à 9.
Enfin, la neuvième Réunion plénière de Brazzaville qui avait invité les SNRA à prendre progressivement en charge le financement des activités de la CORAF, à qui elle avait demandé de se rapprocher du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), seule à même de l’aider à disposer d’un statut des chercheurs et surtout à élaborer des critères spécifiques et harmonisés de leur évaluation, dont l’application était confiée au CNRST du Burkina Faso.
La gouvernance et la gestion scientifique Avec la suppression du statut de membre associé, rappelons-le, le Comité de suivi était finalement composé de 10 membres africains, les Unités opérationnelles, structures d’animation scintifique, étaient exclusivement chargées de la conception et de l’exécution des programmes et projets de recherche fédérateurs. Par contre, sans être encore fonctionnel, le CST, habilité à juger de la qualité scientifique de ces derniers, comportait
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encore des Partenaires scientifiques non africains parmi ses 8 membres.
Les forces et les faiblesses Durant cette période, la CORAF obtenait la reconnaissance officielle de la part des autorités sénégalaises qui lui octroya le statut d’association internationale de droit sénégalais, des ministres en charge de la recherche agricole et de la Conférence des ministres de l’agriculture de l‘Afrique de l’Ouest et du Centre (CMA/AOC) qui la désignait comme leur agence d’exécution en matière de recherche agricole ; l’élargissement de sa base aux pays anglophones et lusophones ; la diversification et la participation des INRA au financement des activités ; une plus grande audience sur la scène internationale.
Il se pouvait que ces acquis auraient été plus fournis, si la CORAF n’avait pas buté sur l’absence de mécanismes durables de financement des activités et de financement des Réseaux de première génération et sur les faibles retombées de cette Conférence des ministres en charge de la recherche agricole par rapport à ses attentes.
Les principales leçons Le fait pour l’ISRA d’avoir doté l’institution d’un siège et d’un personnel cadre et d’appui est la parfaite illustration de cette volonté résolue des SNRA africains de s’approprier effectivement la CORAF. Il en était de même en ce qui concerne le transfert du Secrétariat exécutif à Dakar et de la décision Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
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Cinquième encadré
Réponses avec candidatures Cameroun : 1 candidat Congo : 2 candidats Sénégal : 2 candidats
Réponses sans candidatures Bénin Côte d’Ivoire
Guinée Madagascar Mali République Centrafricaine Tchad
Mauritanie Niger Togo
Pas de réponse Burkina Faso Gabon
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Sixième encadré
L’anecdote du moment Dr Maurice Onanga, président du Comité de suivi, disait, au cours de la Réunion plénière de Cotonou de 1995, à peu près ceci : « Vous — les partenaires des institutions des associées — devez nous comprendre. Aujourd’hui, la situation peut être imagée comme celle d’un maître de maison avec son chien, un ami fidèle. Dans le quartier, tout le monde reconnaît que la maison est bien gardée. Mais les amis ont peur de lui rendre visite, tant le chien est réputé féroce. » « Pour que les amis viennent, il faut attacher le chien dans l’arrière-cour. Nous avons besoin de vous. Mais nous souhaitons aussi que d’autres amis se joignent à nous. »
courageuse, quoique mal négociée, de la suppression du statut de membre associé conféré initialement aux institutions françaises de recherche. L’impréparation de ce « décrochage » avait été, sur le coup, fatale au fonctionnement des Réseaux de première génération, puisque dépendant des Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
départements spécialisés sur le riz, le maïs, le coton, l’arachide du CIRAD. Mais, en tout état de faits, cette africanisation de la CORAF l’a largement ouverte pour grossir ses rangs et se rendre crédible !
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Globalisation des recherches agricoles
Les faits saillants
A
morcées dès les années 90, les réflexions, mentionnées antérieurement et impulsées par le GCRAI, la Banque mondiale et le SPAAR allaient entraîner de profondes mutations incarnées par la globalisation progressive de la recherche agricole, à partir de 1995, avec comme ultime dessein le renforcement du partenariat à tous les échelons, notamment entre le GCRAI et les SNRA et la mise en place d’un parapluie mondial, en la personne morale du Global Forum for Agricultural Research (GFAR), au sein du Secrétariat de la FAO, à Rome, en Italie.
Conçu comme un cadre d’interaction entre les CIRA, les INRA, les Organisations non gouvernementales (ONG), le Secteur privé et les fora régionaux, le GFAR est géré par un Comité de pilotage structuré à l’échelle des régions, des organisations et des institutions. A la tête de la région Afrique, se trouvait le FARA, de la région Amérique Latine, le Forum pour la recherche agricole et le développement de technologies en Amériques (FORAGRO), de la région Asie et Pacifique, l’Association des institutions de recherche agricole d’Asie et du Pacifique (APAARI), de la région Asie Centrale et Caucase, l’Association des institutions de recherche agricole d’Asie Centrale et de Caucase (CACAARI), de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, l’Association des institutions de recherche agricole d’Afrique du Nord et Moyen-Orient (AARINENA) et de la région Europe, le Forum européen de recherche agricole pour le développement (EFARD).
Fédération internationale des producteurs agricoles (IFAP), les CIRA, tels ceux du GCRAI, les ONG, le Secteur privé, les donateurs, les agences de développement, les agences de facilitation, tels que la FAO et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA). Mue par une seule vision de coopération mondiale embrassant le développement d’un système de partage de savoirs, la promotion du partenariat scientifique, passant par la gestion des ressources naturelles, la promotion de l’agroécologie et l’organisation des grandes filières animales, végétales et forestières, et le renforcement des capacités institutionnelles des SNRA et des fora régionaux et sous-régionaux.
Bien entendu, pour donner une cohérence d’ensemble à ce nouveau dispositif, toutes ces entités ont enclenché un processus d’élaboration de stratégies régionales, en l’occurrence celles opérées de concert avec les 3 OSR d’Afrique subsaharienne — CORAF, South African Centre for Cooperation in Agricultural Research and Training (SACCAR), et Association for Strenghtening Agricultural Research in Eastern and Central Africa (ASARECA). Ces efforts avaient été organisés sous l’égide du SPAAR qui, depuis sa création en 1985, à Tokyo, au Japon, par les principaux bailleurs de fonds impliqués dans le financement de la recherche et du développement agricoles en
Les organisations et institutions, elles, regroupent les Organisations de Producteurs (OP), telles la
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Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Afrique, coordonnait leurs appuis et crédits des synergies de mise en place de cadres d’action régionaux au niveau des SNRA.
En Afrique de l’Ouest et du Centre, cette dynamique, insufflée par le SPAAR, a porté, à la fois, sur le Sahel, par le biais de l’Initiative INSAHSPAAR pour « la revitalisation des recherches agricoles au Sahel », et par celui de l’ensemble de la CORAF.
En Afrique sub-saharienne, les quatre sousrégions concernées sont le Sahel, l’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’Afrique de l’Est et l’Afrique Australe. Les multiples échanges variés entre les différents acteurs leur ont permis de franchir de remarquables étapes. Ainsi, en 1996, l’idée de la création d’un Forum pour fédérer toute la recherche des régions d’Afrique fut lancée. En Afrique de l’Ouest et du Centre, la question posée était de savoir qui d’entre la CORAF et l’INSAH devait être considéré comme l’Organisation sousrégionale. Lors de la 17e Session plénière du SPAAR, tenue à Bamako, du 17 au 21 février 1997, la concertation, qui a eu lieu entre les INRA, le CILSS et la CORAF, a abouti à la désignation de cette dernière comme telle pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’INSAH devenant, par conséquent, une sous-entité agroécologique (voir septième encadré).
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Ainsi naquit, à Bamako, le FARA, avec comme premier président Maurice Onanga (le poste étant rotatif entre les OSR) et avec pour mission de coordonner les activités des OSR que sont la CORAF, l’ASARECA et le SACCAR.
Dans un premier temps, le Secrétariat du SPAAR avait servi de cadre de mise en place du FARA, à Washington, puis à Rome, au sein de la FAO. Le recrutement du secrétaire exécutif eut lieu, en 2002 ; le Secrétariat exécutif a, d’abord, été abrité par le bureau régional de la FAO à Accra, au Ghana, avant d’intégrer ses propres locaux accordés par le gouvernement ghanéen, en vertu de l’accord de siège les liant. Ces récentes dispositions institutionnelles allaient avoir des répercussions sur les dynamiques ultérieures rythmant la marche des OSR. L’implication des nouveaux acteurs ont inexorablement conduit à ce que la gestion de la recherche agricole ne soit plus perçue telle une « affaire de l’Etat, de ses chercheurs et de ses directeurs d’instituts », mais telle une « affaire de tous ».
Cependant, leur arrivée sur scène, dont celle du Secteur privé longtemps absent des mécanismes de concertation avec la recherche scientifique, et de plus en plus influent dans les orientations stratégiques, le financement et dans la valorisation des résultats de la recherche, ne s’est pas passée sans difficultés. En effet, les directeurs des INRA étaient réticents, se sentant dépossédés de leur « chose ». Les bailleurs de fonds exerçaient de fortes pressions pour une accélération du processus. Les nouveaux acteurs montraient des signes d’impatience, conscients de leurs faiblesses organisationnelles et pressés qu’ils étaient de bénéficier des retombées favorables au renforcement de leurs capacités.
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+
Septième encadré
Les Réseaux associatifs de recherche
Outre la gestion de ses propres Réseaux, la CORAF se voit de plus en plus confier celle des réseaux d’autres instances comme le SAFGRAD et les CIRA. C’était à la suite de l’évaluation de ces derniers, effectuée en 1998, par l’USAID. Des discussions ont été initiées, à cet effet, avec l’ADRAO concernant le ROCARIZ, l’ICRISAT concernant le ROCAFREMI et le ROCAR et le SAFGRAD concernant le Projet protection écologiquement durable du niébé (PEDUNE).
Quels étaient les Pôles régionaux de recherche ? Le Pôle régional de recherche sur les systèmes irrigués en zone soudano-sahélienne (PSI), est créé en 1995, après la signature de la convention de financement, en juillet de la même année, par le Ministère de la coopération de la France et la CORAF. Il a travaillé sur quatre thèmes : celui de la lutte contre la dégradation des sols irrigués abrité par l’IER au Mali ; celui de la diversification des cultures irriguées animé par l’ISRA au Sénégal ; celui de l’intensification de la riziculture irriguée piloté par le Centre national de recherche agronomique et de développement agricole (CNRADA) de Mauritanie ; celui de la gestion sociale et foncière de l’irrigation abrité par l’INRAN au Niger. Le Pôle régional de recherche appliquée au développement des savanes d’Afrique Centrale (PRASAC) est une initiative de mise en réseau des chercheurs des institutions scientifiques et de formation des acteurs des pays d’Afrique Centrale que sont le Cameroun, la République Centrafricaine, le Tchad. Des institutions du Nord, comme le CIRAD et l’IRD, y sont associées. Une convention de financement entre la Coopération française et le CORAF, signée, en 1997, à N’djamena, a permis le démarrage des activités du PRASAC. Quels étaient les projets régionaux de recherche ? Le Projet régional sur l’amélioration et la gestion de la jachère en Afrique de l’Ouest, initié en 1994, par le CNRST du Burkina Faso, le CIRAD et l’IRD, concernait le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal. Le Projet complémentaire sur le raccourcissement et le développement du temps de jachère, le développement durable en Afrique de l’Ouest et du Centre, qui lui était adjoint, touchait le Mali, le Cameroun et le Sénégal. Le financement lui venait de l’UE, dès 1994. Quels en étaient les modes et mécanismes de financement ? Les Etats africains financent les activités de terrain des Réseaux, Pôles et Projets régionaux de recherche. Le CIRAD continuait, dans sa lancée, à appuyer le Secrétariat exécutif. La Coopération française, elle, appuyait le PSI, le CERAAS et les Réseaux.
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Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
De cela, Mme Gisèle Lopez d’Almeida, présidente d’Interface, tenait, à cette mémorable Session, à peu près ces propos d’une pertinence égalant son sens élevé de l’humour : « La situation ressemble à celle d’une nuit de noce, où la mariée est prête, attend derrière la porte, et on continue de la faire attendre. L’époux manque de courtoisie. »
Forte d’un tel statut, la CORAF percevait nettement la nécessité de se restructurer, afin de s’adapter au nouveau contexte. D’où la poursuite de ces réflexions par la dixième Réunion plénière de N’Djamena, au Tchad, organisée du 17 au 22 mars 1997, puis par la onzième Réunion plénière d’Accra, au Ghana, tenue du 20 au 25 avril 1998, qui avait pris la résolution de l’élaboration du Plan stratégique de coopération pour la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre. Ce dernier visait à identifier les priorités de recherche, à déterminer les cadres de négociation et de dialogue entre les acteurs et à proposer un mécanisme de financement. Dans cette optique, l’ambition recherchée était de faire émerger une véritable communauté scientifique africaine au service du développement agricole et surtout de faire consolider le leadership de la CORAF pour la sous-région.
Et la cascade des changements institutionnels opérés se succédèrent au niveau interne et financier. La douzième Réunion plénière, organisée du 6 au 12 juillet 1999, à Bangui, en République Centrafrique, instruisit l’application des résultats de l’étude institutionnelle commanditée, dont le changement de nom de la CORAF en Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricole (CORAF/WECARD), de la Réunion plénière en Assemblée générale (AG), du Comité de suivi en Comité exécutif (CE), le renforcement du Secrétariat exécutif (SE), la représentation des pays par les SNRA et non plus par les INRA, l’ouverture envisagée du CORAF/WECARD aux SNRA du Libéria, de Sao Tomé et Principe et de la Guinée Equatoriale, la finalisation du document de ce Plan stratégique pour le faire valider par la prochaine et première AG du genre, la prise en charge par les SNRA des frais de participation de leurs délégués aux réunions statutaires. Ainsi, l’Assemblée générale, l’organe suprême d’orientation et de décision qui nomme le président, les membres du CE et le secrétaire exécutif, approuve les programmes et budgets et valide les propositions et priorités, était composée des représentants des SNRA, des institutions régionales et internationales de recherche agricole opérant dans la sous-région, des partenaires au développement, ces deux derniers ne disposant pas de voie délibérative.
Tous les deux ans, elle se réunit en session ordinaire et peut se retrouver en session extraordinaire en cas de besoin. Pour diverses raisons, cependant, cette règle n’a pu être appliquée qu’à partir de 2006. Le Comité exécutif, l’organe de contrôle et de suivi des décisions de l’AG, qui lui propose la
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
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Leur mandat dure deux ans. Il est renouvelable une fois pour les représentants des SNRA qui voient leur effectif changer à 50 %, à chaque session ordinaire de l’AG. Il est non renouvelable pour les autres représentants. Il se réunit deux fois par an en session ordinaire et peut tenir des sessions extraordinaires en cas de besoin.
Les forces et les faiblesses Ces mutations institutionnelles comportaient à la fois des atouts et des limites. Parmi les premiers, comptons la construction d’un espace scientifique agricole sous-régional, la génération de technologies de croissance agricole et de gestion durable des ressources naturelles, la création de conditions favorables à la diffusion des connaissances et des acquis entre les INRA, dont le recrutement d’un gestionnaire de l’information et de la communication et l’élaboration d’une politique de communication avec l’appui du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), la création et la restructuration d’autres OSR, tels l’ASARECA, créée en 1993,
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selon le Plan d’action pour la recherche agricole en Afrique de l’Est et du Centre ; et le SACCAR, créé en 1984, par les Etats de la SADC, avec l’appui du SPAAR. S’y ajoute la création du
Huitième encadré
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candidature au poste de secrétaire exécutif, qui nomme les cadres du SE sur proposition de ce dernier, assure le suivi-évaluation du SE, examine et approuve les programmes et budgets annuels, le rapport ainsi que le bilan annuels, est composé de 6 représentants des SNRA élus par l’AG, 1 représentant des Partenaires au développement, 2 représentants des institutions régionales et internationales opérant dans la région, 1 représentant du Secteur privé, 1 représentant des ONG et 1 représentant des OP.
SPAAR : voici la teneur de la déclaration publiée lors de la 17e Session
Nous, directeurs des INRA dans les SNRA membres de la CORAF et du CILSS,
considérant que l’INSAH est une institution spécialisée émanant de la volonté politique des Etats membres du CILSS, considérant que la CORAF est une association née de la volonté des directeurs de SNRA d’Afrique de l’Ouest et du Centre pour la mise en place d’un mécanisme de concertation des activités de recherche agricole,
considérant la globalisation de plus en plus effective des systèmes de recherche agricole,
déclarons ce qui suit : l’INSAH, correspondant à l’écorégion du Sahel avec des objectifs bien spécifiques, ne couvre pas l’ensemble des préoccupations des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, par conséquent, l’Afrique sub-saharienne comprendra, dans le cadre de cette globalisation, trois Organisations sous-régionales que sont la CORAF, le SACCAR et l’ASARECA. Fait à Bamako, le 18 février 1997.
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Parmi les faiblesses, citons les difficultés de mobilisation des ressources aux fins du fonctionnement des Réseaux et des Bases-centres, en l’occurrence les Réseaux de première génération, les problèmes liés à la coordination des Initiatives sous-régionales, dont celles des CIRA, les difficultés associées à la faible appropriation par les INRA de la CORAF avec pour cause le changement rapide de leurs dirigeants, son assimilation à son Secrétariat exécutif et le nombre très réduit de son personnel, la compréhension peu partagée de la notion de SNRA et la faible place qui y est faite aux Universités et Services de vulgarisation, l’omniprésence d’un seul Partenaire financier, en l’occurrence la Commission européenne.
Les principales leçons Le fait, que la CORAF se soit impliquée successivement dans les réflexions des fora internationaux, lui a inéluctablement conféré une stature et une reconnaissance internationales. Tout comme les mutations, qui en ont découlé, ont pour résultats l’association des acteurs de la Société civile dans le processus de gestion et de pilotage de la recherche agricole, l’émergence de la notion de SNRA, la reconnaissance de la CORAF comme le leader sous-régional de la coordination aussi bien par les SNRA, les Ministres en charge de la recherche, la CMA/AOC et la Communauté internationale.
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Neuvième encadré
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FARA par ses 3 OSR, soutenues par leurs Partenaires au développement, dont le SPAAR à leur tête.
Douzième Réunion plénière de Bangui
En voici la résolution des directeurs généraux des SNRA
Les représentants des SNRA membres de la CORAF, réunis en Assemblée générale, à Bangui, du 5 au 12 Juillet 1999,
ont décidé de faire observer que la CORAF n’est plus composée des institutions nationales de recherche agricole « leader », mais plutôt des Systèmes nationaux de recherche agricole des pays couverts. Toutefois, pour les pays qui n’ont pas encore constitué leur SNRA, les représentants de la CORAF souhaitent vivement qu’ils s’attellent à cette tâche et continuent à se faire représenter par l’institut de recherche agricole jusqu’ici impliqué dans les activités de la CORAF. ont demandé que les responsables des parties prenantes des SNRA apprécient, en conséquence, leur participation aux activités de la CORAF et les obligations qui s’y attachent. demandent que le Comité exécutif et le Secrétariat exécutif ne ménagent aucun effort pour appuyer les responsables de SNRA dans la sensibilisation des autorités politiques par rapport à l’importance de la CORAF et à la nécessité de la soutenir fortement pour consolider son appropriation.
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OrganisationPhase du développement pré-Coraf agricole
Le nouvel environnement du CORAF/WECARD
A
u cours des dix dernières années de 1999-2007, s’il a existé un changement ayant le plus marqué l’Afrique, c’est bien la mutation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en une Union africaine (UA). Cette approche « radicale », les chefs d’Etats africains l’ont fondée sur leur volonté de relever les défis du 21e siècle, les enjeux de la mondialisation, la définition de principes de base des actions — la valeur ajoutée, l’impact et la subsidiarité —, la mise en œuvre des politiques et programmes de développement à travers les Organisations économiques régionales (OER). Baptisée le 25 mai 2002, l’Union africaine a mis en place, le 23 octobre 2003, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), traduisant ainsi la volonté des chefs d’Etat d’aborder les problèmes de développement au travers des mécanismes basés sur la coopération et la synergie des moyens. Pour cela, le NEPAD a défini des priorités et des programmes, dont la mise en œuvre doit s’appuyer sur les CER. Le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) en est la matérialisation, en tant qu’il est l’outil censé accroître la productivité et la production, pour le taux de croissance moyen de 6 % exigé pour atteindre la réduction de la pauvreté et l’éradication de la faim par les Objectifs du millénaire
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pour le développement (OMD). Parmi les quatre piliers majeurs qui composent le PDDAA, la mise en œuvre du pilier 4, réservé à l’amélioration de la recherche et au système de recherche agricole pour une meilleure diffusion des nouvelles techniques appropriées, est dévolue, par conséquent, aux SRO. Pour ce faire, l’organisation faîtière, le FARA, a élaboré le Cadre d’action pour la productivité agricole en Afrique (FAAP) guidé par des principes directeurs fondant l’application des programmes à l’échelle du continent. En Afrique de l’Ouest et du Centre, existent la Politique agricole de l’UEMOA (PAU), adoptée en 2001, la PAC de la CEDEAO adoptée, le 19 janvier 2005, le Projet de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) du CORAF/WECARD. Pour sa mise en œuvre, celui-ci a été décliné en Programmes nationaux d’investissement agricole (PNIA) et en Programme régional d’investissement agricole (PRIA) couvrant la période 2009-2015. Existe également la Stratégie agricole commune de la CEMAC adoptée, en 2003, par le Conseil des ministres, censée permettre l’amélioration des conditions de vie des producteurs et l’accroissement de leurs revenus, l’augmentation des budgets nationaux alloués au secteur agricole, l’accroissement de la productivité de l’agriculture dans un contexte de forte urbanisation, le développement des infrastructures pour l’accès aux marchés et la négociation d’accords internationaux stimulants et bénéfiques pour le secteur agricole.
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Les faits majeurs Dans cet espace de temps, le rythme de vie du CORAF/WECARD ne s’est point ralenti et est donc très riche d’enseignement. Les tenues des Assemblées générales se sont succédées, sans relâche : la première, du 17 au 21 juillet 2000, à Dakar, au Sénégal ; la deuxième, du 16 au 19 juin 2001, à Libreville, au Gabon ; la troisième, du 23 au 28 juillet 2002, à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire ; la quatrième, du 24 au 27 mars 2003, à Bamako, au Mali ; la cinquième, du 13 au 16 mars 2004, à Brazzaville, au Congo ; la sixième, du 18 au 21 mai 2005, encore à Dakar ; la septième, du 25 au 28 avril 2006, à Banjul, en Gambie ; l’AG extraordinaire du 27 mai 2007, à Abidjan, à la veille de la célébration du 20e anniversaire déroulé du 28 au 31 mai 2007.
Etape par étape, elles ont successivement favorisé l’exécution du Plan stratégique 2000-2014, la mise en cohérence des activités sur le terrain, la mise en place de mécanismes de mobilisation de financements durables, une plus grande implication des différents acteurs à la vie de l’OSR, sa meilleure visibilité au travers des études d’impact, la consolidation des SNRA par le truchement des mécanismes d’information, de communication et de renforcement des capacités, son plus grand rayonnement par le biais du lobbying et de la diversification du partenariat. De même, elles ont favorisé le recrutement sélectif d’un nouveau secrétaire exécutif, en juin 2003, Dr Paco Sérémé de l’INERA du CNRST du Burkina Faso, l’audit financier des différents exercices budgétaires, le renforcement de la gestion financière avec le recrutement d’un directeur administratif et financier, en novembre 2004, le fonctionnement en 2004 du CST et Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
l’élargissement du nombre de ses membres de 8 à 12, la sélection de la revue nationale de l’Association ivoirienne des sciences agronomiques (AISA) à devenir effectivement la revue agronomique régionale.
Elles ont également encouragé la mise en place, en 2001, du FCR appuyé par le Programme d’appui à la recherche agricole en Afrique de l’Ouest (PARAO) de l’UE et par la Banque africaine de développement (BAD), faisant suite à la décision des ministres des finances, du développement rural, de la science et de la technologie réunis, en avril 1998, à Abidjan, par la BAD, le SPAAR et la CORAF. Enfin, elles ont favorisé une douzaine de projets de recherche pluridisciplinaires et pluri-institutionnels sélectionnés et menés à terme sur le terrain, le financement du Programme concerté de recherche-développement sur l’élevage en Afrique de l’Ouest (PROCORDEL), l’évaluation des Unités opérationnelles (voire dixième encadré), etc.
Cette évaluation, réalisée, en 2006, sous la supervision du CST et avec l’appui de l’USAID, a permis d’effectuer le diagnostic de la situation d’ensemble et de formuler des propositions de redynamisation. C’était une véritable réflexion prospective qui visait singulièrement à fusionner les Réseaux sorgho, mil, maïs et riz gérés par le CORAF/WECARD et les CIRA, ce qui a permis d’adopter l’approche de la chaîne de valeurs prise en compte, bien plus tard, dans la révision du Plan stratégique. A l’échelle continentale, le démarrage des activités du FARA, suite au transfert à lui des compé-
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tences du SPAAR, en 2001, le recrutement du secrétaire exécutif et l’installation du siège à Accra, au Ghana, allaient consolider le processus de globalisation de la recherche agricole en Afrique. Les principes directeurs du FAAP vont servir aux SRO d’outils de révision de leur approche appelée à être en phase avec le nouvel environnement institutionnel et les orientations définies par le NEPAD.
C’est ainsi que le CORAF/WECARD est maître d’œuvre de la mise en œuvre du Challenge Programme expérimenté à Kano et à Katsina, au Nigeria et à Maradi, au Niger, a participé aux différentes rencontres d’intégration des programmes développés au sein du CGIAR, en l’occurrence celles initiées pour l’élaboration des Plans à moyen terme (MTP) des CIRA, coordonnées par l’ex-ADRAO et l’ex-CORAF en Afrique de l’Ouest et du Centre. La coopération scientifique, technique et financière s’est intensifiée avec la Fondation internationale pour la science (FIS) en vue du développement des programmes en faveur des jeunes chercheurs ; avec le CTA dans le domaine de la communication et de l’information ; avec de nouveaux Partenaires financiers, notamment le Department for International Development (DFID) de Grande-Bretagne ayant soutenu la mise en œuvre des projets de recherche financés par le FCR, la révision du Plan stratégique, l’élaboration et la mise en œuvre du Plan opérationnel 2008-2013. Vu ce qui précède ainsi que les dysfonctionnements constatés dans la marche des Unités opérationnelles, la relecture du Plan stratégique devait s’appuyer sur de nouvelles bases. A cet
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effet, une étude a été confiée à l’International Food policy Research Institue (IFPRI) sur « la quantification économique et l’analyse spatiale des priorités existantes, l’analyse des priorités d’investissement par discipline scientifique, spéculation agricole, zone et pays, de la projection jusqu’en 2015 de l’impact économique potentiel et de l’indice d’information sur les conditions de vie dans chaque zone prioritaire, de l’identification des activités de recherche à mener pour simuler une croissance économique, de la détermination de la manière de renforcer la coopération et l’intégration sous-régionales en Afrique de l’Ouest et du Centre ». Présentée, au premier atelier du processus de planification, tenu du 14 au 15 novembre 2006, à Saly Portudal, au Sénégal, l’étude a montré que la recherche produisait un impact sur la croissance agricole, ouvrant ainsi au CORAF/WECARD la voie de la définition des axes prioritaires de son intervention planifiée.
La gouvernance
Jusqu’à l’adoption de ce nouveau Plan stratégique par l’AG extraordinaire d’Abidjan, le CORAF/WECARD était régi par les Statuts adoptés par la 2e AG de Libreville et modifiés, en 2005, par la 6e AG de Dakar. La nouvelle organisation institutionnelle, introduite par l’adoption du Plan opérationnel, le premier du genre, a opéré de véritables changements. L’AG et le CA demeurent souverains. Cependant, la composition et les responsabilités de ce dernier ont changé et augmenté. Le CSDT a aussi pris du galon, en jouant pleinement le rôle de son bras technique. Le Secrétariat exécutif, désormais dirigé par un directeur exécutif, a vu son potentiel scientifique et technique véritablement renLe Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
forcé, à la faveur de la mise en place des 8 programmes (voir onzième encadré). Autour de lui, il y a maintenant le directeur des programmes appuyé par des gestionnaires de programme, le directeur administratif et financier, le gestionnaire de l’information et de la communication.
La gestion des programmes
Après l’évaluation des Unités opérationnelles qui a mené à la révision de la charte des Réseaux et des Bases-centres, la révision de l’ancien Plan stratégique qui a abouti à l’élaboration du nouveau pour la période 2007-2016 assorti du premier plan opérationnel, l’ensemble des acteurs agricoles ont, à l’issue des 7 ateliers marathons, fait subir au CORAF/WECARD de profondes innovations structurelles.
Il s’agit, pour la première innovation structurelle, de la nouvelle vision qui ambitionne d’ « une réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et une amélioration durable des principaux aspects du système de recherche agricole ».
Il s’agit, pour la seconde, de la mission qui entend apporter « des améliorations durables de la compétitivité, de la productivité et des marchés agricoles en Afrique de l’Ouest et du Centre par la satisfaction des demandes principales adressées au système de recherche de la sous-région par les groupes cibles. »
Il s’agit, pour la troisième, de l’objectif global qui vise « une croissance durable des secteurs agricoles en Afrique de l’Ouest et du Centre induite par l’implication équitable de ses acteurs ». Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Il s’agit, pour la cinquième, de l’objectif spécifique qui vise « la croissance durable de la productivité, de la compétitivité et des marchés agricoles, induite par l’implication de tous les acteurs est améliorée en Afrique de l’Ouest et du Centre ».
Il s’agit, pour la cinquième, des résultats attendus qui obligent à ce que des technologies et des innovations appropriées soient élaborées, des options stratégiques de prise de décision pour les politiques, les institutions et les marchés élaborées, le système de recherche agricole sous-régional soit renforcé et coordonné, la demande pour le système d’innovation agricole provenant des groupes cibles facilitée et satisfaite. Il s’agit, pour la sixième, de la nouvelle dynamique scientifique que la nouvelle direction des programmes doit impulser. Chaque programme est géré par un gestionnaire de programmes et dispose d’un Comité de pilotage ou d’un Groupe consultatif technique chargé de son suivi transparent. Ce Comité est composé des représentants des parties prenantes et des membres du CST. Leur mise en œuvre s’effectue par le truchement des projets de recherche. Ces derniers sont exécutés au niveau des SNRA.
La nouvelle dynamique doit aussi être soutenue par un certain nombre de principes et de fondements. D’abord, le nouveau paradigme « l’approche programme » qui remplace « l’approche réseau » est choisie pour garantir une recherche intégrée prenant en compte toute la chaîne de production et ciblée sur une stratégie sous-régionale clairement articulée et classée selon les
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priorités, pour offrir d‘excellentes opportunités d’interaction entre ces programmes, une meilleure planification des activités, plus d’efficacité dans le suivi-évaluation et l’apprentissage, une simplification des canaux de savoir et d’information, un renforcement de la cohésion, une attention soutenue sur la mobilisation des Partenaires au développement et des ressources.
Ensuite, les nouveaux outils appropriés de coopération et de partenariat, qui complètent le dispositif institutionnel, ont été identifiés sur la base d’un choix stratégique novateur garantissant une approche plus générale et plus intégrée des activités, pour une coordination et une collaboration efficaces avec les CER, les SNRA, les pouvoirs publics, le FARA, les Partenaires financiers, les CER, les OP et le Secteur privé. Quant au nouveau dispositif régional de recherche, l’approche programme, sur laquelle repose sa stratégie, est complétée par le dispositif de réseautage comprenant essentiellement les Réseaux de recherche, les Centres régionaux d’excellence et les Pôles de recherche. Les Centres d’excellence, établis sur un accord cadre entre la CORAF/WECARD et les institutions de tutelle, ont pour vocation de mener des recherches commanditées sur une problématique d’intérêt régional. Pour y parvenir, ils sont en mesure de participer, sur la base d’une mobilisation des compétences disponibles dans la sous-région, aux appels d’offres à financement des FCR et d’être labellisés dans un processus déjà envisagé.
Enfin, le FCR, servant à financer les projets de recherche, sélectionnés sur une base concurrentielle, permet, en définitive, d’orienter les activités vers la demande sociale, de contribuer, par ricochet, à améliorer leur qualité et à assurer la promotion de l’excellence.
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Les mécanismes de financement Au cours de cette période, les ressources du CORAF/WECARD avaient pour provenance les mécanismes de financement que sont les contributions annuelles des INRA représentant les SNRA, les fonds régionaux de l’UE, les financements de la BAD, de l’USAID, du DFID qui a pris le relais de l’UE suite à l’arrêt du PARAO.
Les forces et les faiblesses D’importants acquis ont été engrangés, parmi lesquels il y a lieu de citer la mobilisation des fonds du PARAO pour une valeur de 12 millions d’euros ayant permis d’accroître considérablement les compétences du Secrétariat exécutif en matière de gestion administrative et financière, l’émergence d’un nouveau mode de financement par les pays à travers le PPAAO, le démarrage du FCR qui a bénéficié à plusieurs pays, tels le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Mali, pour ne citer qu’eux, lesquels ont, chemin faisant, créé des Fonds nationaux d’appui à la recherche agricole et agroalimentaire (FNRAA).
S’y ajoutent le renforcement du Secrétariat exécutif, l’appropriation du concept de SNRA par les membres, la création d’autres Réseaux, la reconnaissance comme Bases-centres, au service du Réseau élevage, de l’International Trypanotolérance Center (ITC), basé à Banjul, en Gambie, et du CIRDES, basé à BoboDioulasso, au Burkina Faso, l’évaluation des Unités opérationnelles et les réformes internes
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après 1999, la recherche et l’obtention de la reconnaissance politique des CER, telles l’UEMOA, la CEDEAO, la CEMAC et la CEEAC. Dans cette lancée, deux candidats à la qualité de Base-centre, en l’occurrence le laboratoire de recherches vétérinaires et zootechniques de Farcha (LRVZ) de l’Institut tchadien de recherche agricole pour le développement (ITRAD) et le Centre africain de recherche pour bananiers et plantains (CARBAP), basé à Njombe, au Cameroun, frappent à la porte d’entrée.
Principales leçons
L’alignement de la stratégie sur les priorités des deux zones économiques Ouest et Centre africaines, basé sur les principes du FAAP et du PDDAA, a hissé le CORAF/WECARD au rang de bras technique de leurs CER en matière de recherche agricole. Cette situation lui permet, en effet, de mobiliser tout le potentiel technique et financier nécessaire à la mise en œuvre des nouveaux programmes du premier Plan opérationnel. Ainsi son caractère régional s’en est consolidé à travers la diversité nationale et technique du personnel ; la signature de l’accord de coopération sur la mise en œuvre de recherches innovantes dans les domaines de l’agriculture et de l’agroalimentaire avec la CEDEAO, le 21 novembre 2005, à Abuja ; de l’accord de coopération sur la mise en œuvre de recherches innovantes
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Dizième encadré
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En revanche, constituaient des points faibles le fait que 90 % des ressources financières ne dépendaient que du seul PARAO, le financement soit à caractère non durable, l’implication de l’Afrique Centrale dans la dynamique soit faible, etc.
dans les domaines de l’agriculture et de l’agroalimentaire et la contribution à la réalisation des OMD avec l’UEMOA, le 18 février 2006, à Ouagadougou ; en dernier ressort, l’accord de coopération sur la mise en œuvre de recherches innovantes dans les domaines de l’agriculture et de l’agroalimentaire, la réalisation et la satisfaction des besoins alimentaires des populations et le développement économique et social, la réduction de la pauvreté dans la sous-région avec la CEMAC, le 20 juillet 2007, à Bangui. La recherche technique Approche intégrée basée sur les systèmes et les spéculations qui emploient de nouvelles méthodologies holistiques et participatives, elle englobe les 5 programmes ci-après : élevage, pêche et aquaculture ; cultures vivrières ; cultures non vivrières ; gestion des ressources naturelles ; biotechnologie et biosécurité.
L’approche recherche sur les politiques Servant à identifier et à répondre aux enjeux empêchant la réussite des systèmes de marchés améliorés, la compétitivité et la productivité à travers la recherche, un nouveau domaine d’engagement du CORAF/WECARD, elle regroupe le programme suivant : politique, marchés, commerce, institutions et socioéconomie. L’approche production effective des résultats de la recherche Concernée par l’amélioration de l’information, de l’accès et de la gestion des connaissances au moyen aussi de la recherche dans les mécanismes et les méthodologies, elle réunit les 2 programmes ci-devant : gestion des connaissances ; renforcement des capacités et coordination.
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Onzième encadré
Réseau Réseau Réseau Réseau 1999 Réseau Réseau Réseau Réseau Réseau Réseau Réseau Réseau Réseau Réseau Réseau
Les Réseaux associatifs de recherche Ouest et Centre africain de recherche sur le sorgho (ROCARS), 1984 de recherche sur la résistance à la sécheresse (R3S), 1985 Ouest et Centre africain de recherche sur le mil (ROCAFREMI), 1986 riz, 1987, devenu Réseau Ouest et Centre africain de recherche sur le riz (ROCARIZ), Ouest et Centre africain de recherche sur le maïs (WECAMAN), 1987 arachide, 1987 manioc, 1987 coton, 1987 élevage, 1989 cultures maraîchères, 1994 forêt et agroforesterie, 1995 bananes et plantains (MUSACO), 1997 des ressources génétiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (GRENEWECA), 1998 racines et tubercules, 1998 Ouest et Centre africain sur les semences et matériels de plantation (WASNET), 2001
Les Pôles régionaux de recherche Pôle régional de recherche sur les systèmes irrigués en zone soudano- sahélienne (PSI), 1996 Pôle régional de recherche appliquée au développement des savanes d’Afrique centrale (PRASAC), 1998 Les Projets régionaux de recherche Projet régional d’amélioration et de gestion de la jachère en Afrique de l’Ouest, 1994 Projet igname, 1995 Projet ressources phylogénétiques de l’arachide ou groundnut germplasm Project (GGP), 1997
Les Bases-centres International Trypanotolerance Center (ITC), 1982 Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (CERAAS), 1989 Centre international de recherche-développement sur l’élevage en zone sub-humide (CIRDES), 1991
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Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Conclusion générale
A
vant la création de la CORAF, le 27 mars 1987, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, la recherche agricole, dans les ex-colonies françaises, était essetiellement pilotée par les instituts français. Les accords de coopération signés permettaient à la France, par ce biais, de suppléer au manque de cadres des pays africains nouvellement indépendants. Présent dans tous les pays, le CIRAD, par exemple, avait mis en place de véritables équipes travaillant en réseau.
Mais l’évolution de ce contexte, principalement caractérisé par la création des INRA, le changement de statut du CIRAD et de ses modes d’intervention, les Initiatives, tels l’INSAH du CILSS et le SAFGRAD, ainsi que les activités des CIRA dans la sous-région allaient emmener les responsables de recherche agricole africains et français à chercher à se doter d’un cadre d’expression et d’échange, s’appuyant en cela surtout sur leur identité linguistique. C’est cette volonté commune qui a donné naissance à la CORAF. Tout au début, la CORAF, dont le Secrétariat exécutif était abrité par le CIRAD, à Paris, a mis en place la première génération de Réseaux associatifs de recherche, en se basant sur les priorités communément définies. La CORAF était alors perçue comme un club de directeurs sous obédience de la France, alors que le souci premier de ces pionniers était de se doter d’un cadre d’échange et de concertation pouvant servir de levier au développement agricole mutuel des entités qui la composaient. Cette période cruciale est suivie de celle, où la CORAF s’anime du souci de s’ouvrir aux autres aires anglophone et lusophone et de rechercher une légitimité institutionnelle et politique auprès des institutions représentant les Etats des pays de l’A-frique de l’Ouest et du Centre, telle la
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CMA/AOC qui en fera son agence d’exécution en matière de recherche agricole. Et cela avait un prix qu’elle a payé, en supprimant le statut de membres associés conféré aux instituts français et en changeant à nouveau d’appellation : Conférence des responsables de recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, tout en gardant le sigle.
Pendant ce temps, faisait son petit bonhomme de chemin la globalisation rampante de la recherche agricole, que la CORAF a vite rattrapée, en accueillant, en son sein, les nouveaux acteurs de la Société civile et en s’associant aux deux autres SRO sœurs pour fonder, en 1997, le FARA, parapluie continental. Dans un tel contexte fait de tels nouveaux enjeux, comme le NEPAD et son programme dénommé PDDAA, elle était condamnée à s’adapter. Ainsi démarra toute une batterie d’activités ayant abouti à l’élaboration du Plan stratégique 2000-2014, au deuxième changement de nom avec, cette fois, un nouveau sigle, CORAF/WECARD, à sa consécration de SRO d’Afrique de l’Ouest et du Centre et de son rôle de bras technique des CER. à la révision, à partir de 2006, de ce Plan stratégique donnant naissance au nouveau Plan stratégique 2007-2016 et son premier Plan opérationnel à moyen terme 2008-2013.
En vingt ans, le CORAF/WECARD a beaucoup gagné en maturité, légitimant son rôle d’outil privilégié de coopération scientifique agricole sous-régionale. De la CORAF des INRA, il est devenu le CORAF/WECARD des SNRA qui met « les producteurs et les utilisateurs au centre de la recherche agricole ». Son organisation actuelle augure de sa capacité à contribuer à l’atteinte de l’objectif du PDDAA, à condition qu’il mobilise à temps les ressources nécessaires à la mise en œuvre de ses Plans opérationnels et qu’il développe une ultime stratégie mobilisatrice des acteurs de l’Afrique Centrale, à l’instar de ceux de l’Afrique de l’Ouest.
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Chronologie Chronologie événementielle événementielle
1987 (27 mars), la création de la Conférence des responsables de recherche agronomique africains et français (CORAF), à Abidjan, en Côte d’Ivoire, par les directeurs de 14 institutions de recherche agricole d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de Madagascar et les responsables des institutions de recherche agronomique françaises — CIOCIRAD-INRA-ORSTOM (actuel IRD). Création de 4 Réseaux associatifs de recherche arachide, maïs, manioc et riz.
M. Dognenena Coulibaly de la Côte d’Ivoire devient le premier président de la CORAF (1987-1988).
1988 (29-30 novembre), la première Réunion plénière de Yaoundé : met en place le comité de suivi ; accorde la qualité de membre au Réseau R3S de l’Institut du Sahel ; enregistre l’engagement de la Coopération française à soutenir la CORAF. M. Mamadou Fatogoma Traoré du Mali devient le deuxième président (1988-1989).
1989 (20-24 mars), la deuxième Réunion plénière de Dakar : décide de l’élaboration des premiers textes organiques — Statuts, règlement Intérieur du Comité de suivi et Charte des réseaux et des Bases-centres — ; instaure le principe des exposés scientifiques par les Réseaux devant la Réunion plénière ; crée le Réseau coton. M. Charles Razafindraokoto de Madagascar devient le troisième président (1989-1990).
1990 (20-24 mars), la troisième Réunion plénière d’Antananarivo : accueille favorablement le transfert du siège, de Paris à Dakar, le recrutement d’un cadre africain comme nouveau secrétaire exécutif, en la personne du Dr Ndiaga Mbaye, en rempla-
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cement du premier, Dr Bernard Bachelier du CIRAD (1987-1990) ; décide de l’ouverture vers les pays anglophones et lusophones ; admet l’INERA représentant le SNRA du Zaïre, actuelle RDC, faisant ainsi passer les membres de 15 à 16.
M. Jean Nya-Ngatchou du Cameroun) devient le quatrième président de la CORAF (1990-1993).
1991 (24-28 juin), la quatrième Réunion plénière de Yaoundé : concrétise la politique d’ouverture en admettant l’INIDA et l’INPA représentant respectivement les SNRA des pays lusophones du CapVert et de la Guinée-Bissau ; adopte le Plan stratégique sur le Projet scientifique, la formation et l’information. 1992 (20-24 mars), la cinquième Réunion plénière de Dakar : admet le NARI représentant le SNRA du pays anglophone de Gambie ; enregistre la reconnaissance politique de la CORAF ainsi que l’adoption de son Plan stratégique par la Conférence des ministres chargés de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre et à Madagascar (16-19 mars 1992, à Dakar).
1993 (15-20 mars), la sixième Réunion plénière de Ouagadougou : est dominée par une double réflexion : comment faire passer progressivement les recherches d’une approche par filière de production à une approche par système de production ? Comment organiser l’évolution scientifique et institutionnelle des SNRA et de la CORAF, en vue d’améliorer la gestion des projets, de mettre en œuvre de nouvelles formes de coopération régionale et de développer les partenariats ?
M. Maurice Onanga devient le cinquième président (1993-1998). 1994 (17-19 mars), la septième Réunion Plénière de Banjul : approuve le document de Politique scientifique et technique et salue la reconnais-
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sance internationale de la CORAF, obtenue à travers l’organisation, en 1994, de l’atelier sur la régionalisation de la recherche agricole en Afrique Occidentale et Centrale, avec le concours du SPAAR et de l’USAID.
1995 (17-19 mars), la huitième Réunion Plénière de Cotonou : adopte le Plan d’action sur l’information scientifique et technique ; supprime le statut de membre associé, ce qui rend désormais le Comité de suivi uniquement composé de membres africains ; décide de réformer les Statuts ; admet comme membre à part entière le CSIR représentant le SNRA du Ghana (1994) et le DAS représentant le SNRA du Nigéria comme observateur ; augmente le nombre des Réseaux à 9. 1995 (21-23 novembre), la Réunion plénière extraordinaire de Saly Portudal, au Sénégal : transforme la CORAF en une institution exclusivement africaine désormais dotée d’un Forum des partenaires scientifiques et d’un Club des donateurs ; décide de la création d’un cinquième organe, le CST ; enregistre la reconnaissance de la CORAF en tant qu’Association internationale de droit sénégalais par les autorités du pays hôte ; adopte les Statuts modifiés et l’ébauche d’évolution scientifique en zones agroécologiques ; identifie les thématiques prioritaires de coopération ; change le nom de la CORAF qui devient la Conférence des responsables de recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre (toujours la CORAF).
1996 (18-22 mars), la neuvième Réunion plénière de Brazzaville : invite les SNRA à prendre progressivement en charge le financement des activités ; recommande le rapprochement avec le CAMES capable d’aider à l’élaboration d’un statut des chercheurs ; adopte les textes portant organisation des Unités opérationnelles avec suppression du statut de correspondant de Réseau.
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1997 (17-18 février), la dix-septième Session plénière du SPAAR de Bamako : la CORAF, l’ASARECA et le SACCAR adoptent le protocole de création du FARA, élisent son président et son Comité exécutif.
Maurice Onanga, le troisième président de la CORAF devient le premier président (février 1997mars 1998).
1997 (17-22 mars), la dixième Réunion plénière de NDjamena : enregistre la participation, pour la première fois, des Organisations professionnelles des producteurs et des productrices agricoles ; exhorte les chercheurs à travailler plus étroitement avec elles pour trouver les meilleures réponses à leurs problèmes ; prend acte de la signature conjointe de l’accord de siège par les autorités sénégalaises et la CORAF, le 13 mars 1997 ; admet comme membre à part entière le DAS représentant le SNRA du Nigeria ; entérine le recrutement du coordonnateur scientifique ; décide de la mise en place du CST ; décide de l’installation d’un mécanisme de validation des programmes et projets régionaux et de l’élaboration d’un Plan d’action sur la gestion de la recherche ; adopte le protocole de création du FARA. 1998 (20-25 avril), la onzième Réunion plénière d’Accra : s’engage à s’approprier pleinement la CORAF ; enregistre l’engagement des Partenaires financiers à poursuivre leur appui ; adopte le Plan d’action sur la réforme institutionnelle et la planification stratégique ; propose une nouvelle formulation ; engage la CORAF dans une nouvelle réflexion stratégique, particulièrement sur le projet de restructuration (en vue d’un Plan d’action), sur
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la diversification des sources de financement, sur le renforcement des capacités des SNRA, afin qu’ils s’approprient pleinement la CORAF, sur les Organisations sous-régionales, le FARA et leur contribution à la construction du GFAR. M. Moïse Houssou du Bénin devient le quatrième président de la CORAF (1998-1999), suite au décès du Pr Maurice Onanga (18 mars 1998).
1999 (6-12 juillet), la douzième et dernière Réunion plénière de Bangui : adopte le Plan stratégique et les recommandations de l’étude institutionnelle ; adopte la vision sur la recherche agricole de l’Afrique au Sud du Sahara ; change le nom de la CORAF qui devient le Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF/WECARD). M. Adama Traoré du Mali devient le cinquième président (1999-2002).
2000 (17-21 juillet), la première Assemblée générale de Dakar : adopte un Plan stratégique et un Plan d’action et recommande l’élaboration de nouveaux Statuts. 2001 (16-19 juin), la deuxième Assemblée générale de Libreville : consacre l’ouverture du CORAF/WECARD aux représentants des Organisations professionnels des producteurs, des ONG et du Secteur privé. 2001 (avril), la réunion du FARA d’Addis-Abeba, en Ethiopie : relance l’organisation continentale.
2001 (septembre), la première Assemblée générale du FARA de Maputo, au Mozambique.
M. Joseph Mukibi de l’ASARECA reconduit président du FARA. 2002, l’établissement du Secrétariat exécutif du FARA à Accra au sein du bureau régional de la Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
FAO pour l’Afrique et le recrutement du Dr Patrick Monty Jones comme secrétaire exécutif.
2002 (23-28 juillet), la troisième Assemblée générale de Yamoussoukro : renouvelle le Comité exécutif sur la base des nouveaux Statuts. M. Sié Koffi devient le sixième président du CORAF/ WECARD (2002-2005).
2003 (24-27 mai), la quatrième Assemblée générale de Bamako : entérine la sélection du Dr Paco Sérémé comme secrétaire exécutif et renouvelle le mandat du coordonateur scientifique. 2004 (janvier), l’installation du CST, la sélection des premiers projets de recherche sur la base du FCR et l’audit financier du CORAF/WECARD avec l’appui de l’USAID. 2004 (13-16 mars), la cinquième Assemblée générale de Brazzaville : demande l’amélioration des appels à propositions de projets de recherche adressées au FCR et la poursuite des négociations avec la FIS pour la mise en place du fonds de recherche pour les jeunes chercheurs de la sous-région ; recommande d’instituer l’audit financier avant chaque AG et l’audit institutionnel tous les quatre ou cinq ans, de fournir un budget à miparcours au Comité exécutif, de réviser et d’appliquer le Manuel des procédures financières et comptables ; demande le recrutement d’un directeur administratif et financier de haut niveau et d’étudier le recrutement d’un nouveau personnel en tenant compte des difficultés financières ; instruit d’entreprendre toute démarche auprès des Partenaires financiers pouvant garantir l’assainissement de la situation financière difficile, de faire
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passer de 8 à 12 les membres du CST, de le doter d’un Règlement intérieur, un Manuel des procédures d’évaluation de ses propositions, de lui permettre de soumettre à chaque AG un rapport sur ses activités ; instruit de doter l’OSR d’un Règlement intérieur, de réviser ses Statuts et de tenir le premier atelier sur le renforcement des capacités des SNRA en situation de post-conflit armé.
2005 (18-21 mai), la cinquième Assemblée générale de Dakar : adopte le Programme sur la biotechnologie et la biosécurité en Afrique de l’Ouest et du Centre ; se félicite de sa reconnaissance par la CEDEAO et exhorte les autres Organisations intergouvernementales à suivre l’exemple de cette dernière ; se réjouit de l’élaboration du Plan d’action pour la mise en œuvre du PDDAA du NEPAD ; encourage la poursuite et le développement du partenariat avec la CEEAC et la CEMAC pour obtenir que les SNRA d’Afrique Centrale participent davantage à ses activités ; approuve les initiatives sur la gestion des ressources génétiques, l’analyse des connaissances stratégiques et l’appui pour la vulgarisation des stratégies de développement, le Challenge Programme, le Programme dissémination des nouvelles technologies agricoles en Afrique (DONATA), le Programme de biotechnologie et de biodiversité (MAPP), le Programme Building African Capacity (BASIC), etc. ; instruit de renforcer le dialogue entre opérateurs privés, chercheurs, décideurs et utilisateurs pour une recherche pilotée par la demande sociale, de renforcer le partenariat au sein des SNRA et entre eux et les systèmes d’information des pays du Nord pour l’application de la feuille de
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route ; adopte les nouveaux Statuts et le Règlement intérieur ; encourage le développement d’un partenariat avec l’African Agriculture Technology Foundation (AAFT) ; se réjouit de l’engagement de la Banque mondiale à mobiliser des fonds de soutien au MAPP. M. Emmanuel Owusu-Bennoah devient le septième président (2005-2008).
2006 (25-28 avril), la sixième Assemblée générale de Banjul : apprécie les orientations prises pour l’élaboration du PPAAO et du Programme de productivité agricole en Afrique Centrale (CAPP) ; charge la CORAF de tout mettre en œuvre pour assurer la connexion à l’Internet de tous les SNRA ; approuve l’initiative de faire évaluer le CA, le CST et le Secrétariat exécutif, s’inscrivant dans le processus de renforcement de la transparence et de l’excellence ; approuve et recommande la mise en œuvre des propositions issues des études et analyses relatives à la mise en place des Centres nodaux d’excellence pour les ressources génétiques ; demande la poursuite de l’étude de faisabilité de la création d’une Fondation de financement de la recherche en Afrique de l’Ouest et du Centre ; confie au CA l’examen de la requête de l’INRAB de voir ériger son centre de recherche sur les cultures pérennes en Centre nodal d’excellence ; décide de la célébration du 20e anniversaire à Abidjan même, en 2007 ; accueille favorablement les réflexions et encouragements des Partenaires pour les progrès réalisés et l’amélioration de la qualité scientifique des activités ; demande à maintenir le dialogue avec l’UE, les CER et autres acteurs, en vue d’harmoniser les actions. 2007 (28-31 mai), la célébration du 20e anniversaire abritant la tenue de l’Assemblée générale extraordinaire d’Abidjan (27 mai) qui adopte les nouveaux Plans stratégique et opérationnel.
Le Coraf/Wecard : Genèse et Évolution
Auteur de l’étude
Michel P. Sédogo Ex-président du Comité scientifique et technique du CORAF/WECARD Réviseur et éditeur de la brochure
Armand Faye Journaliste scientifique, rédacteur en chef de Coraf Action Novembre 2011 Commanditaire
CORAF/WECARD
Version anglaise disponible
Secrétariat exécutif BP 48 Dakar RP, CP 18523 Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : secoraf@coraf.org Internet : www.coraf.org
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Crédits photo : CORAF/WECARD
International Standard Book Number Le Coraf/Wecard : Genèse etISBN Évolution 2-916111-08-5
Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le DĂŠveloppement Agricoles
West and Central African Council for Agricultural Research and Development