Politique et stratégie Genre du CORAF – 23 octobre 2013
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TABLE DES MATIÈRES Abréviations .................................................................................................................4 Avant-propos ...............................................................................................................5 1. Introduction ........................................................................................................6 2. État des lieux de la situation Genre dans l’espace CORAF/WECARD ..........7 2.1 Éléments contextuels liés au CORAF/WECARD et au secteur agricole dans la région de l’AOC ........................................................................................7 2.2 La faible reconnaissance des contributions différentes des femmes et des hommes dans le secteur agricole : un manque à gagner! ...............................8
3. Raison d’être de la politique genre du CORAF/WECARD .............................14 4. Principes directeurs de la Politique Genre du CORAF/WECARD ..................17 4.1 Assurer une cohérence entre la Politique Genre et la vision, la mission et les résultats institutionnels du CORAF/WECARD .......17 4.2 Reconnaître que les institutions comme le CORAF ont un rôle de premier plan à jouer dans la réduction des inégalités et les disparités entre les femmes et les hommes ...............................................17 4.3 Conjuguer les approches intégrées et ciblées pour maximiser les résultats en matière de réduction des disparités hommes-femmes ...........18 4.4 Miser sur une approche inclusive et sur un partenariat entre les femmes et les hommes pour réduire les inégalités des genres .........19 4.5 Mettre en place une chaîne de redevabilité à tous les niveaux et allouer des ressources humaines et financières pour faire progresser et mesurer les résultats en matière d’égalité de genres au CORAF ................19
5. Résultats escomptés par la Politique Genre du CORAF.................................20 5.1 Résultat ultime .........................................................................................................20 5.2 Résultats intermédiaires..........................................................................................20
6. Stratégie de mise en œuvre de la Politique genre du CORAF/WECARD .....21 6.1 Approche axée sur l’institutionnalisation du genre ............................................21 6.2 Axes d’intervention et mesures préconisées par la Politique Genre................22 6.3 Cadre de mise en œuvre de la Politique Genre ................................................24 6.4 Cadre de responsabilisation..................................................................................26 6.5 Suivi et évaluation de la Politique Genre du CORAF/WECARD........................29
Bibliographie ..............................................................................................................30
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ABRÉVIATIONS ACDI Agence Canadienne de Développement International AOC Afrique de l’Ouest et du Centre CA Conseil d’administration CEA Commission Économique pour l’Afrique CEEAC Communauté Économique des États en Afrique Centrale CEDEF
Convention sur l’Élimination de toutes les Formes de Discrimination à l’égard des femmes.
CER Communautés Économiques Régionales CIRA Centres Internationaux de Recherches Agricoles Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le CORAF/WECARD Développement Agricoles/West and Central African Council for Agricultural Research and Development CST Comité scientifique et technique DFID Département du Développement International (UK) FAAP (CPPA) Cadre pour la Productivité Agricole en Afrique Organisation des Nations – Unies pour l’Alimentation et FA0 l’Agriculture FARA Forum pour la Recherche Agricole en Afrique FIDA Fonds International pour le Développement Agricole GAR Gestion Axée sur les Résultats GCRAI Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale GED Genre et Développement GRH Gestion des ressources humaines IFPRI Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires MTDF Multi donor trust fund grant NEPAD Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement ONG Organisation Non Gouvernementale OSR Organisations sous-régionales Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en PDDAA Afrique PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement POMT Plan opérationnel à moyen terme RAIPD (IAR4D) Recherche Agricole Intégrée pour le Développement SNRA Système National de Recherche Agricole UA Union Africaine UCTF Unité de Coordination Technique et Financière
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1. Introduction La présente politique Genre a pour objet de fournir un cadre précisant les engagements que le CORAF/WECARD entend concrétiser en vue d’accélérer la croissance de la productivité agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre par le biais de la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes dans l’accès et le contrôle des innovations et des facteurs de production. Le document présente tout d’abord un état des lieux de la situation des inégalités entre les femmes et les hommes dans le secteur de la production agricole. Les sections 3, 4 et 5 exposent la raison d’être, les principes directeurs de la politique Genre et les résultats escomptés. Les dernières sections ont trait à la stratégie de mise en œuvre de la politique, laquelle décrit les mesures et les axes d’intervention, le cadre de responsabilisation et le suivi-évaluation.
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Avant propos Le Centre Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement agricoles/West and Central African Council for Agricultural Research and Development (CORAF/WECARD) a été crée en 1987, et comprend 23 pays a savoir Benin, Burkina Faso, Cameroun, Cape Vert, La République d’Afrique Centrale, Tchad, Congo, Cote d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Sao Tome et Principe, et le Togo. La zone d’intervention du CORAF/WECARD s’étend sur une superficie de 12.3 million KM2, avec une population de 433 millions d’habitants, dont 74% sont engagés dans l’agriculture. Le CORAF/WECARD est une organisation à but non lucratif dont la mission est de contribuer efficacement à des améliorations durables à la productivité et aux marchés du système agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC) en répondant aux besoins essentiels du système de recherche sous-régional exprimé par les groupes cibles. Cette mission est un engagement pour une réduction durable de la pauvreté et l'insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre par une augmentation de la croissance économique tirée par l'agriculture et l'amélioration durable des principaux aspects du système de recherche agricole. Le Plan Stratégique et le Plan Opérationnel du CORAF/WECARD sont cohérents avec le Programme de Productivité Détaillé de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) qui traduit la vision des Chefs d’Etat de l’Afrique, ainsi qu’avec les principes du Cadre pour la Productivité Agricole Africain (FAAP), développés par le Forum Africain de Recherche Agricole (FARA) et ses partenaires. Le FAAP sert de document de guide pour la mise en œuvre du Pilier IV du PDDAA, qui adresse les questions de la recherche agricole, ainsi que de la génération, la diffusion et l’adoption de technologies. Le PDDAA et le FAAP qui sont les documents de politique et cadres qui ont servi de guide pour le développement des Plans Stratégique et Opérationnel du CORAF/WECARD, articulent clairement l’importance du genre comme une question transversale dans le cadre de la recherche agricole, dans la génération, la diffusion et l’adoption de technologies et innovations agricoles. Sur la base de ses engagements avec le FAAP, le CORAF/WECARD a conduit depuis 2006, des initiatives visant l’intégration de l’égalité des genres dans son organisation. Cela s’est traduit par la prise en compte de cette dimension dans son Plan stratégique 2007-2016, l’adoption d’une politique et stratégie Genre en 2010, le recrutement d’une conseillère Genre au sein de la direction exécutive, l’appui à la désignation de points focaux dans les Systèmes Nationaux de Recherche Agricole (SNRA) ainsi que dans les Unités de Coordination Technique et Financière (UCTF) du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP), la mise au point d’un Plan d’Actions triennal Genre en novembre 2012, la définition d’une démarche d’institutionnalisation du genre entamée depuis décembre 2012.
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Avant propos Bien que ces initiatives soient pertinentes, le CORA/WECARD considère qu’elles gagneraient en portée et en retombée, si elles s’inscrivaient dans un cadre cohérent qui tienne compte des approches actualisées d’institutionnalisation du genre, avec des résultats mesurables et une feuille de route opérationnelle. C’est dans ce contexte que la présente politique Genre du CORAF tire son bien-fondé. Le CORAF/WECARD reste convaincu qu’une répartition plus équitable entre les femmes et les hommes des ressources et des facteurs de production (au niveau des ménages ruraux ainsi que des femmes et jeunes chefs de ménage), contribuerait de manière significative à augmenter la productivité agricole, ce qui aurait un impact direct sur la croissance de la production agricole, sur la sécurité alimentaire et sur la réduction de la pauvreté. La Politique Genre du CORAF/WECARD vise à faciliter la prise en compte systématique du genre dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques, projets et programmes de recherche et développement agricoles. Elle met l’accent sur le renforcement de l’égalité des sexes dans l’accès aux ressources, aux opportunités et aux bénéfices de la Recherche Agricole. Elle favorise la participation des hommes et des femmes, particulièrement des groupes vulnérables tels que les femmes et les jeunes,dans les instances de décision de la recherche et du développement agricoles et leur accorde des opportunités égales. La politique Genre du CORAF/WECARD entend inculquer une expertise institutionnelle du genre au CORAF/WECARD et dans lesSystèmes Nationaux de Recherche Agricole qui sont ses constituants, convaincu que l’autonomisation socio-économique des populations dans son espace passera par des politiques et interventions de recherche et développement agricoles qui sont genre sensibles, condition indispensable à l’émergence de la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre. Directeur Executif du CORAF/WECARD
État des lieux de la situation Genre dans l’espace CORAF/WECARD
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2. État des lieux de la situation Genre dans l’espace CORAF/WECARD 2.1 Éléments contextuels liés au CORAF/WECARD et au secteur agricole dans la région de l’AOC Le CORAF/WECARD compte 23 États membres de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC) qui sont parmi les plus pauvres au monde et qui représentent plus de 318 millions d’habitants dont 70% sont engagés dans l’agriculture. La croissance économique de la région de l’AOC dépend fortement du secteur agricole qui contribue à plus de 35% du produit intérieur brut (PIB) et représente 40% des exportations. De par la mission qui lui est dévolue et ses engagements dans la concrétisation du PDDAA, inscrits à son Plan Stratégique 2007-2016, le CORAF/WECARD doit contribuer à atteindre un taux de croissance annuel moyen de 6% de la productivité agricole d’ici 2015 en vue d’améliorer les conditions de vie des populations dépendant de l’agriculture. L’objectif lié à l’accroissement de la productivité agricole implique une série de contraintes à surmonter telles que : l’insécurité alimentaire qui se traduit par la non satisfaction des besoins alimentaires d’une population en augmentation constante, les contraintes biophysiques liées à la sécheresse et l’épuisement des sols, les changements climatiques, des situations de conflits et de post conflits, des politiques sous régionales agricoles inefficaces et les difficultés inhérentes à la coordination régionale de la recherche agricole. Dans ce contexte, des transformations structurelles et une augmentation de la productivité agricole sont nécessaires pour améliorer la croissance économique et la sécurité alimentaire. Le secteur est caractérisé par la prédominance de petites exploitations agricoles dont la rentabilité et la compétitivité se trouvent généralement limitées en raison des systèmes traditionnels de production et d’un accès limité aux marchés. 2.2 La faible reconnaissance des contributions différentes des femmes et des hommes dans le secteur agricole : un manque à gagner ! 2.2.1 Des inégalités dans les rôles, l’accès aux ressources et la prise de décision dans l’agriculture, l’élevage et les ressources halieutiques Dans la région de l’Afrique subsaharienne, la part de la population active travaillant dans l’agriculture en 2010 (Source-FAO) est de 58,4%, soit 46,4% en Afrique de l’Ouest et 57,7% en Afrique Centrale. La proportion de femmes dans la population active travaillant dans ce secteur est de 43,3% en Afrique de l’Ouest et de 50,8% en Afrique Centrale. On constate toutefois de fortes variations selon les pays. Les plus faibles
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proportions de femmes dans le secteur agricole se retrouvent en Côte d’Ivoire, au Niger, au Nigéria, au Bénin (de 36,6% à 39,9%) alors que les plus élevées concernent la Sierra Leone, la Mauritanie, la Gambie, le Congo, la RDC et le Burkina Faso (de 61,7% à 47,7%). En Afrique subsaharienne, la proportion de femmes dans la population active travaillant en agriculture tend à augmenter depuis 1980 passant ainsi de 46% à 48,7%, avec une augmentation de 2,6% en Afrique de l’Ouest et de 1,2% en Afrique Centrale. Les migrations masculines, l’urbanisation, les décès causés par le VIH/SIDA et les conflits sont autant de facteurs qui ont influé sur les rôles et la contribution des hommes et des femmes dans le secteur agricole. Alors que la part de la population rurale diminue en Afrique de l’Ouest et du Centre en raison de l’urbanisation, la proportion de femmes actives dans le secteur agricole est en augmentation ainsi que le nombre de femmes chefs de ménage en milieu rural. Entre 1980 et 2010, le pourcentage de la population vivant en milieu rural est passé de 72,8% à 55,4% en Afrique de l’Ouest et de 71% à 56,9% en Afrique Centrale. La part des ménages ruraux dirigés par des femmes a aussi augmenté atteignant en 2010, 19,2% en Afrique de l’Ouest et 21,6% en Afrique Centrale pour une moyenne de 26,2% en ASS. Le secteur agricole et l’économie rurale connaissent inévitablement des transformations sous la pression de forces économiques et sociales à l’échelle locale, nationale et internationale. Le besoin de rendre le secteur plus compétitif implique des changements dans la gestion des exploitations agricoles par l’introduction de nouvelles technologies, d’intrants plus performants et la maîtrise de connaissances plus élaborées. De plus, les opportunités d’emploi dans le secteur tendent à se diversifier et à se spécialiser avec la modernisation des filières, le développement de nouvelles spéculations, l’agriculture commerciale et le développement d’entreprises agricoles. Cette évolution a un impact qui se fait sentir sur l’organisation de l’exploitation agricole, sur la répartition des rôles et contributions des femmes et des hommes dans le secteur et sur la gestion des ménages ruraux. Les femmes chefs de ménage se voient confier de nouvelles responsabilités et de nouveaux rôles sans qu’elles y aient été préparées et sans bénéficier d’un soutien adéquat pour améliorer la productivité et la rentabilité de leur travail. Les femmes travailleuses non rémunérées dans les exploitations familiales dirigées le plus souvent par le mari, doivent conjuguer de multiples rôles dans la production agricole, la culture vivrière et de rente, l’élevage, la pisciculture, la transformation agroalimentaire et la commercialisation à petite échelle. Les femmes et jeunes filles désireuses de participer au marché du travail du secteur se buttent à des difficultés liées à leur faible niveau d’instruction et se voient confiner dans des emplois temporaires et moins rémunérés que ceux des hommes. Qu’elles soient agricultrices, travailleuses ou entrepreneures agricoles, les femmes sont aux prises avec des difficultés plus grandes que les hommes pour accéder aux ressources productives, aux marchés et aux services. De plus, leur emploi du temps est surchargé en raison de la triple tâche d’entretien du ménage et des enfants, d’approvisionnement en eau et en bois et de conduite d’activités productives.
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Le temps que les femmes consacrent à l’agriculture varie selon la culture concernée, et la phase du cycle de production. On estime qu’en Afrique les femmes consacrent aux travaux agricoles un pourcentage de leur temps qui va, selon les estimations de 30 pour cent en Gambie à 68-80 pour cent dans différentes zones du Cameroun.1 En dépit des exigences de ces multiples rôles, les femmes s’impliquent autant que les hommes dans la plupart des spéculations, mais les superficies exploitées par les hommes sont en général de plus grande taille avec un rendement plus élevé. On retrouve toutefois selon les régions géographiques et les types de culture, une prédominance féminine dans diverses productions comme l’arachide, le sésame, le fonio et le soja. La contribution des femmes à la culture des oléagineux et des légumineuses assure une diversification de la production agricole et contribue à la croissance progressive de la production. Cependant, n’étant pas considérées comme chefs d’exploitations agricoles, les femmes se trouvent le plus souvent exclues des cultures commerciales qui constituent les principales sources de croissance du secteur agricole, telles que le coton, les plantations pérennes comme le palmier à l’huile et l’hévéa, le café, le thé et autres productions maraîchères, arboricoles et fruitières. Considérées comme une main d’œuvre familiale dans ce type de cultures, dont une proportion significative est destinée au marché d’exportation, les femmes ont peu de contrôle sur les décisions et sur le partage et l’affectation des revenus qui y sont générés. Pour ce qui concerne l’élevage, le bétail constitue une source de revenus et d’accumulation de richesses. En outre, dans bien des régions, les animaux de trait constituent la principale force motrice employée pour le labourage, le défrichage et le transport. Bien que les situations peuvent varier en fonction du contexte et des facteurs culturels, de manière générale il revient aux hommes de s’occuper du gros bétail (bovins, chevaux, ânes, chameaux) et de les vendre tandis que les femmes ont la charge de s’occuper d’animaux du petit élevage le plus souvent à l’échelle domestique (volaille, chèvres,). Les ménages dirigés par les hommes possèdent davantage de bétail que ceux dirigés par des femmes. Dans des pays comme le Ghana et le Nigéria, cette inégalité est particulièrement prononcée puisque les hommes y détiennent des actifs plus de trois fois supérieures à ceux des femmes.2 L’exploitation des ressources halieutiques reste encore dans une large mesure l’apanage des hommes au niveau des pêches de capture commerciale. Le rôle dévolu aux femmes tant pour la pêche industrielle qu’artisanale se situe aux stades de la transformation et de la commercialisation où elles sont très actives dans toute la région de l’AOC. Bien que les données soient insuffisantes pour mesurer la progression des femmes dans le secteur, on constate dans certains pays que les femmes détiennent des entreprises de transformation du poisson et qu’elles jouent un rôle dans la coordination des filières du poisson de la production à la vente (ex : Mauritanie et les «mamans poissons» en Afrique de l’Ouest).
1 FAO, La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, Le rôle des femmes dans l’agriculture, 2010-2011, page 11. 2 Ibid, FAO, page 27.
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2.2.2 Des inégalités dans l’accès aux ressources productives et aux services de vulgarisation agricole L’augmentation de la proportion de femmes actives dans le secteur agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre ne semble pas produire d’effets sur la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Bien au contraire, les ménages ruraux dirigés par les femmes sont en augmentation et figurent parmi les plus pauvres et disposent de moins d’actifs (terre, main d’œuvre, cheptel) que ceux dirigés par les hommes. Les femmes actives dans le secteur productif rural opèrent dans des activités à faible valeur ajoutée. La plupart des femmes exercent leurs activités à un niveau familial avec des technologies peu performantes et à petite échelle, que ce soit dans le maillon de la production, de la transformation et de la commercialisation. La faible productivité et rentabilité du travail des femmes en agriculture est causée par des inégalités d’accès aux ressources productives et un manque de reconnaissance de leur contribution essentielle. L’inégalité d’accès à la terre entre les hommes et les femmes constitue une contrainte sévère au développement d’activités productives rentables. N’ayant pas le statut d’exploitant agricole, les femmes ont moins d’opportunités d’exploiter une parcelle agricole et moins de chances d’accéder à des terres sous forme de location. Leur accès se limite le plus souvent à des parcelles de moindre qualité, plus petites et plus éloignées de leur domicile. Ces disparités profondes font que les femmes représentent en moyenne 15% de l’ensemble des détenteurs d’actifs fonciers en Afrique subsaharienne avec de fortes variations allant de moins de 5% au Mali et à plus de 30% au Cap Vert.3 Les réformes agraire et foncière qui consacrent l’égalité d’accès à la terre, semble avoir peu d’effet sur la situation réelle des femmes.4 Les disparités entre les femmes et les hommes dans l’accès aux services financiers font que les femmes doivent surmonter davantage d’obstacles que les hommes pour obtenir du crédit. Dans certains pays, il existe des barrières juridiques qui interdisent aux femmes d’être détentrices d’un compte bancaire ou de passer directement des contrats d’ordre financier (ex : RDC). De manière générale, les femmes ont un accès plus limité aux services de la micro finance (épargne, crédit et assurance) en raison des cautions exigées (parcelle de terre, propriété) et des produits financiers qui ne sont pas adaptés à leurs besoins. Bien qu’elles soient nombreuses à titre de membres des institutions de micro finance, elles demeurent faiblement représentées dans les instances dirigeantes et dans les emplois de ce secteur. Les femmes ont un accès plus limité que les hommes à la main d’œuvre, aux technologies et aux services de vulgarisation agricole ce qui constitue un frein au
3 Ibid, page 26. 4 L’insécurité foncière se pose également avec acuité au niveau des jeunes et des migrants.
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développement et à la productivité de leurs activités dans ce secteur. Les inégalités se reflètent par un accès réduit des femmes à la machinerie et aux outils, aux variétés améliorées de semences, d’engrais, aux intrants commerciaux, aux techniques de conservation, au transport, etc. Les différences d’accès des femmes et des hommes aux technologies et aux intrants commerciaux s’expliquent par différents facteurs, dont l’accès limité des femmes à la terre, au crédit, à la main-d’œuvre et à des niveaux d’instruction inférieurs. Les ménages dirigés par des hommes utilisent plus d’engrais que ceux dirigés par les femmes. Au Ghana, on a constaté que 39 pour cent seulement des exploitantes agricoles optaient pour des variétés améliorées de plantes cultivées, contre 50 pour cent des opérateurs en raison de leur accès plus limité à la terre, à la main-d’œuvre familiale et aux services de vulgarisation (Doss et Morris 2001). Sur le plan de l’accès aux services d’information et de formation techniques, des efforts sont faits pour rejoindre les femmes par le truchement de groupements féminins. En revanche, la participation des femmes aux associations de producteurs et aux organisations paysannes à l’échelle locale, nationale et régionale et aux instances de prise de décision est encore trop faible pour représenter une force de changement réel. Enfin, des programmes d’information adaptés à la situation des femmes rurales semblent produire des résultats encourageants (ex. DIMITRA). 2.2.3 Des inégalités induites par la recherche et le développement agricoles et la faible présence des femmes dans ce secteur Le domaine de la recherche agricole induit d’une certaine façon des inégalités entre les femmes et les hommes en accordant les priorités de recherche aux cultures pratiquées par les hommes à titre d’exploitants agricoles sans pour autant analyser les contributions différenciées des femmes et des hommes. Les cultures à prédominance féminine semblent moins faire l’objet de recherche et de développement alors qu’elles contribuent à la diversification agricole et à la sécurité alimentaire (ex : légumineuses et oléagineux). Fait encourageant, l’enquête réalisée en 2008 par le programme ASTI et AWARD dans 15 pays d’Afrique subsaharienne a révélé que le nombre de femmes occupant un poste de cadre professionnel avait augmenté entre 2000/2001 et 2007/2008 passant de 18 à 21% avec des variations considérables selon les pays. Ce nombre avait même doublé dans 4 pays : Botswana, Nigéria, Sénégal et Zambie. Alors que la participation des femmes à la recherche et à l’enseignement supérieur en sciences agricoles était particulièrement élevée en Afrique du Sud (41%), au Mozambique (35 %) et au Botswana (32%), on retrouve toujours une faible proportion au Togo (9%), au Niger (10%) et au Burkina Faso (12%). On constate que le nombre de filles inscrites dans l’enseignement supérieur est en augmentation au niveau de la licence. Le défi est de lever les obstacles qui les empêchent d’accéder aux niveaux maîtrise et doctorat et de favoriser leur insertion dans les emplois du domaine de la recherche agricole et dans les postes décisionnels. Les femmes détiennent seulement 14% des postes de gestion du secteur agricole sur le continent africain.
Raison d’être de la politique genre du CORAF/ WECARD
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3. Raison d’être de la politique genre du CORAF/WECARD La politique Genre du CORAF/WECARD traduit la volonté de l’institution de contribuer aux engagements internationaux et nationaux pris par ses États membres à travers : la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), le Programme d’action de Beijing, la Déclaration de l’Union Africaine sur l’égalité et la parité et sa politique genre, les Objectifs du Millénaire pour le Développement5 et les politiques nationales genre mises en place dans la plupart des pays membres du CORAF. Le CORAF/WECARD est étroitement lié aux engagements pris par le Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NÉPAD), qui est l’une des institutions majeures pour l’intégration africaine. Le NEPAD reconnait que l’agriculture est le secteur le plus important pour assurer une croissance économique rapide de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre et que l’égalité des genres est un levier pour atteindre un développement économique durable et réduire la pauvreté. Cet engagement du NEPAD est pris en compte dans le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA), qui traduit la vision des Chefs d’États africains pour le développement de l’agriculture et se veut une contribution à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement6. Ce programme comprend un important pilier axé sur la recherche agricole (Pilier IV) qui a été confié à une organisation continentale, le Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA), qui a décliné le pilier IV du PDDAA en Cadre pour la productivité agricole en Afrique (FAAP). La mise en œuvre de ce Cadre relève de la responsabilité du CORAF pour ce qui a trait à la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. La prise en compte du genre figure parmi les principes directeurs pour réaliser la vision africaine de 6% de croissance annuelle de la production agricole et se décrit comme suit dans le Cadre pour la productivité agricole en Afrique : «L’intégration des considérations de genre à tous les niveaux, y compris les producteurs et les organisations de producteurs, le secteur privé, les institutions publiques, les chercheurs et le personnel de vulgarisation». Sur la base de ses engagements avec le FAAP, le CORAF/WECARD a conduit depuis 2006, des initiatives visant l’intégration de l’égalité des genres dans son organisation. Cela s’est traduit par la prise en compte de cette dimension dans son Plan stratégique 2007-2016, l’adoption d’une politique et stratégie Genre en 2010, le recrutement d’une conseillère Genre au sein de la direction exécutive, l’appui à la désignation de points focaux dans les SNRA ainsi que dans les Unités de Coordination Technique et Financière (UCTF) du Programme de Productivité 5 OMD 1 et OMD 3 6 NEPAD, 2003.
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Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP), la mise au point d’un plan d’action triennal genre en novembre 2012, la définition d’une démarche d’institutionnalisation du genre en décembre 20127 et des actions de formation et d’élaboration de plans d’action genre dans les SNRA et les UCTF. Bien que ces initiatives soient pertinentes, le CORAF considère qu’elles gagneraient en portée et en retombée, si elles s’inscrivaient dans un cadre cohérent qui tienne compte des approches actualisées d’institutionnalisation du genre, avec des résultats mesurables et une feuille de route opérationnelle. C’est dans ce contexte que la présente politique Genre du CORAF tire son bien-fondé. Le CORAF/WECARD est convaincu qu’une répartition plus équitable entre les femmes et les hommes des ressources et des facteurs de production (au niveau des ménages ruraux et des femmes chefs de ménage), contribuerait de manière significative à augmenter la productivité agricole des exploitations, ce qui aurait un impact direct sur la croissance annuelle de la production agricole, sur la sécurité alimentaire et sur la réduction de la pauvreté. D’ailleurs, la prise en compte à tous les niveaux, des préoccupations liées notamment à la réduction de la pauvreté et à l’équité entre les hommes et les femmes figure parmi l’un des quatre résultats du Plan stratégique 2007-2016 du CORAF/WECARD8. Qui plus est, les études réalisées démontrent que les agriculteurs obtiennent des rendements plus élevés que les agricultrices. Les disparités de rendement se situent de 20 à 30 pour cent pour une moyenne de 25 pour cent. L’une des études faisant le plus autorité concerne le Burkina Faso9, et a démontré que le rendement des femmes était inférieur à celui des hommes pour toute une gamme de cultures, et notamment de 20 pour cent pour les légumes et de 40 pour cent pour le sorgho, et cette différence s’expliquait par une moindre utilisation des intrants productifs et d’accès aux services de vulgarisation, elle-même attribuable aux normes sociales régissant les relations entre les deux sexes et aux politiques et programmes non adaptés aux besoins des femmes. Si les agricultrices étaient en mesure d’atteindre les mêmes rendements que ceux des hommes, cela se traduirait par des gains de production substantiels. Les études les plus récentes10 au Bénin, Cameroun et Côte d’Ivoire confirment cette assertion selon laquelle l’écart de rendement entre les exploitations féminines et les exploitations masculines est dû principalement aux différences d’accès aux ressources et aux services de vulgarisation.
7 La définition de la définition de démarche d’institutionnalisation du genre a été appuyée par le Programme régional de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (PRACO) de l’ACDI. 8 Réf. : Plan stratégique 2007-2016 du CORAF page, viii. 9 Udrey et divers collaborateurs ,1995. 10 Bénin (Kinkingninhoun-Mêdagbé et divers collaborateurs, 2010). Cameroun, (Kumase, Bisselua et Klasen, 2008 et Côte d’Ivoire (Adesina et Djato, 1997).
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Ajoutons à cela que lorsque les femmes ont une plus grande influence sur les décisions économiques et les dépenses du ménage, on constate que leurs familles affectent une part accrue de revenus à la nourriture, à la santé, à l’instruction des enfants dont les filles, ce qui contribue à les sortir graduellement de la pauvreté. Toutes ces considérations militent en faveur d’un engagement affirmé, soutenu et conséquent du CORAF/WECARD pour la réduction des inégalités de genre pour l’atteinte de ses résultats institutionnels mais surtout pour le mieux être de toute la société rurale, et des femmes et des hommes qui œuvrent dans le secteur agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Principes directeurs de la Politique Genre du CORAF/WECARD
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4. Principes directeurs de la Politique Genre du CORAF/WECARD 4.1 Assurer une cohérence entre la Politique Genre et la vision, la mission et les résultats institutionnels du CORAF/WECARD Le premier principe clé de la Politique Genre est celui de la cohérence interne entre la Politique Genre et les cadres structurants du CORAF, à savoir sa vision, sa mission et ses instruments de programmation et de gestion. À ce titre, la Politique Genre s’inscrit dans la vision du CORAF/WECARD qui est : « D’assurer une réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire en AOC par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et une amélioration durable des principaux aspects du système de recherche agricole». La politique Genre se situe également en droite ligne avec la mission du CORAF qui «consiste à assurer des améliorations durables de la productivité, de la compétitivité, et des marchés agricoles en Afrique de l’Ouest et du Centre par la satisfaction des demandes principales adressées au système de recherche de la sous région par les groupes cibles». Enfin, ce principe de cohérence se retrouve également au niveau du Plan stratégique 2007-2016, puisque la Politique Genre du CORAF constitue un instrument cadre pour préciser et traduire les intentions et les résultats qui y sont annoncés en la matière. Cette cohérence dans les orientations, les approches programmes, les groupes cibles, les résultats et priorités d’actions, devra être encore mieux traduite dans l’élaboration du prochain Plan stratégique du CORAF (2018-2016) et dans les autres instruments cadres de programmation et de suivi-évaluation du CORAF (plan opérationnel, Plan de travail annuel, etc.). 4.2 Reconnaître que les institutions comme le CORAF ont un rôle de premier plan à jouer dans la réduction des inégalités et les disparités entre les femmes et les hommes Les inégalités et les disparités entre les femmes et les hommes, les filles et les garçons sont apprises par le biais de la socialisation des filles et des garçons au sein des familles et elles se répercutent dans les écoles, dans les exploitations familiales, dans le milieu de travail et dans les lois et institutions de gouvernance des sociétés. Les institutions ont un rôle de premier plan à jouer pour implanter des changements parce qu’elles disposent des leviers pour le faire (politique, programmes, ressources et influence). Cela suppose plus d’engagement de leur part pour atténuer les pesanteurs socioculturelles qui ont un impact significatif sur la productivité et la croissance agricoles et la sécurité alimentaire des ménages. Dans cette optique, le CORAF/WECARD, en tant qu’institution chargée de la coordination de la recherche et du développement agricoles en AOC, reconnait qu’il a un rôle proactif à jouer pour s’attaquer aux inégalités entre les genres qui freinent le rendement agricole
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en proposant des solutions innovantes en matière de recherche et de développement agricoles qui permettent de réduire le fossé hommes-femmes dans l’accès et le contrôle des ressources productives. 4.3 Conjuguer les approches intégrées et ciblées pour maximiser les résultats en matière de réduction des disparités hommes-femmes Les approches intégrées dites transversales garantissent l’inclusion des questions d’égalité des genres dans toutes les sphères d’une organisation : la programmation, la gestion, la structure, les ressources humaines, les politiques et programmes, la budgétisation. Elles garantissent par exemple que les projets de recherche agricole prennent en compte l’analyse des rôles différents des femmes et des hommes dans une filière en vue de proposer des solutions adaptées pour répondre de manière équitable à leurs besoins. Cette approche implique que l’égalité des genres est un but à atteindre qui fait partie intégrante de toutes les politiques, programmes, projets, services, procédures et budgets du CORAF/WECARD. Les approches ciblées doivent être utilisées dans les cas où le fossé entre hommes et femmes est si grand que les femmes n’ont pas accès aux opportunités disponibles en raison de discriminations fondées sur le genre et héritées du passé. Des mesures légales ou institutionnelles incitatives s’avèrent alors justifiées pour lever les obstacles qui empêchent par exemple les femmes d’accéder à la terre et aux intrants agricoles, d’ouvrir un compte bancaire, d’accéder à un niveau supérieur d’éducation, ou de participer aux postes et instances de décision. Des actions spécifiques sont à concevoir dans le but notamment de renforcer l’autonomisation des femmes et de leur assurer une représentation équitable dans les instances de décision et de gestion du CORAF/WECARD. Ces deux approches complémentaires (intégrées et spécifiques) doivent guider les mesures à prendre au CORAF/WECARD pour faire progresser l’égalité des genres et obtenir de meilleurs résultats aux plans développemental et organisationnel. 4.4 Miser sur une approche inclusive et sur un partenariat entre les femmes et les hommes pour réduire les inégalités des genres La réduction des inégalités entre les femmes et les hommes en vue de rendre les exploitations et les activités agricoles plus productives et de réduire la pauvreté en Afrique de l’Ouest et du Centre ne peut être que du seul ressort des femmes. L’enjeu de la croissance économique par une amélioration de la productivité agricole est un enjeu de société et un levier pour dompter la pauvreté qui affecte particulièrement les zones rurales et les femmes, tout en se posant avec plus d’acuité pour les femmes chefs de ménages ruraux. Le CORAF/WECARD reconnaît le principe de la pertinence d’opter pour une approche basée sur un partenariat hommes-femmes à tous les niveaux et incluant toutes les composantes de la société et les catégories d’acteurs dans le cadre de ses politiques, programmes de recherche et de ses interventions.
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4.5 Mettre en place une chaîne de redevabilité à tous les niveaux et allouer des ressources humaines et financières pour faire progresser et mesurer les résultats en matière d’égalité de genres au CORAF Bon nombre de politiques en matière de genre ne franchissent pas le niveau opérationnel ou atteignent peu de résultats concrets et mesurables. Le plus souvent, la responsabilité de la mise en œuvre incombe à une ressource avec un réseau de points focaux Genre avec des moyens financiers insuffisants pour conduire les actions planifiées. Les politiques Genre se conduisent en marge des stratégies et opérations des institutions et ne font pas partie des résultats corporatifs des organisations. À travers la présente Politique, le CORAF/WECARD souscrit au principe de redevabilité qui établie une chaîne de responsabilité dans les résultats corporatifs à atteindre en matière d’égalité des genres entre les instances de décision, les dirigeants, le personnel professionnel et les responsables des structures nationales de recherche agricole. Cela implique que les attributions, les fiches de poste et les mandats incluent une exigence de résultats en matière d’égalité des genres qui soit évaluée annuellement. Au titre de ce même principe de redevabilité, le CORAF s’engage à allouer les ressources humaines, matérielles et financières conséquentes pour atteindre les résultats escomptés par la présente Politique Genre. Ainsi, une proportion des fonds alloués pour les projets commissionnés de recherche agricole, correspondant à 20%, devrait être affectée aux productions agricoles à forte prédominance féminine.
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5. Résultats escomptés par la Politique Genre du CORAF 5.1 Résultat ultime Le résultat ultime de la Politique Genre du CORAF/WECARD est : un cadre fédérateur mobilisant tous les acteurs des SNRA membres du CORAF/WECARD en vue de réaliser la vision africaine de 6% de croissance annuelle de la production agricole par le biais d’une progression significative de l’égalité des genres dans l’accès équitable aux facteurs de production et aux services, à la prise de décision et aux retombées de la recherche et du développement agricoles. 5.2 Résultats intermédiaires Les résultats intermédiaires de la Politique Genre du CORAF sont d’ordre développemental et institutionnel et se déclinent comme suit : • Les femmes et les hommes bénéficient de façon équitable des produits et des innovations de la recherche et du développement agricoles et augmentent ainsi le rendement et les revenus de leurs activités dans ce secteur ; • Une représentativité équilibrée des femmes et des hommes dans les fonctions de recherche agricole, dans les emplois, les postes de responsabilité et les instances de décision régionales et nationales, favorise une meilleure prise en compte des préoccupations concrètes et différentes des agriculteurs et des agricultrices dans le domaine de la recherche et du développement agricoles; • Le CORAF/WECARD améliore sa performance organisationnelle en intégrant une approche d’institutionnalisation du Genre au sein de son organisation dans ses politiques, sa structure, ses résultats corporatifs, ses procédures, ses pratiques managériales et ses budgets; • Les structures nationales de recherche agricoles sont habilitées à promouvoir et à réaliser des programmes de recherche agricole qui permettent d’augmenter la productivité par une réduction des disparités d’accès et de contrôle des facteurs de production par les femmes et les hommes ; • Les avancées et les progrès réalisés en matière d’égalité des genres dans le secteur de la recherche et du développement agricoles permettent de bâtir un corpus de connaissances et de dégager et diffuser des bonnes pratiques servant à éclairer les décideurs et à améliorer l’efficacité des politiques de recherche et de développement agricoles en Afrique de l’Ouest et du Centre.
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6. Stratégie de mise en œuvre de la Politique genre du CORAF/WECARD 6.1 Approche axée sur l’institutionnalisation du genre L’approche préconisée pour la réalisation de la Politique Genre du CORAF/WECARD est axée sur l’institutionnalisation de l’égalité des genres. Cette approche vise l’égalité des femmes et des hommes comme une finalité (à long terme), l’institutionnalisation comme une stratégie (à court et à moyen terme) et l’analyse selon le Genre comme une méthode à intégrer dans la gouvernance. Le concept d’institutionnalisation ou d’intégration de l’approche Genre a été clairement désigné comme stratégie universelle pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes dans la Plate-forme d’Action adoptée lors de la Quatrième Conférence Mondiale sur les femmes à Beijing en 1995. Cette notion soulignait la nécessité de s’assurer que l’égalité entre les femmes et les hommes était une priorité dans tous les domaines de développement social et économique. En 1999, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution où elle fait appel aux États membres pour développer et promouvoir des méthodes pour intégrer la perspective Genre, dans tous les aspects de la prise de décision y compris la décision économique. Le Conseil Économique et Social des Nations Unies (ECOSOC) a défini le concept de l’institutionnalisation du Genre comme suit : «La démarche d’institutionnalisation du Genre ou Gender Mainstreaming (en anglais) consiste à évaluer les implications des femmes et des hommes dans toute action planifiée comprenant la législation, les procédures ou les programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux. Cette stratégie permet d’intégrer les préoccupations et les expériences des femmes et des hommes à la conception, à la mise en œuvre, au contrôle et à l’évaluation des procédures et des programmes dans toutes les sphères politiques, économiques et sociétales pour qu’ils en bénéficient de manière égale et que l’inégalité actuelle ne soit pas perpétuée. Le but ultime est d’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes». L’institutionnalisation du Genre se définit comme la prise en charge systématique des préoccupations de l’égalité et de l’équité entre hommes et femmes au niveau de la formulation des politiques, de l’identification, de la formulation et de la mise en œuvre de programmes de développement, ainsi qu’au niveau de la gestion administrative et financière des organisations : • L’institutionnalisation implique l’utilisation systématique de la méthodologie d’analyse selon le Genre en amont des politiques et programmes afin de prendre en compte les différents rôles dévolus par la société aux hommes et aux femmes dans le but de mieux comprendre ce que ces derniers font, les ressources dont ils disposent, leurs intérêts, leurs besoins et leurs responsabilités afin de déterminer les actions et mesures à envisager pour s’assurer que les
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interventions projetées contribuent à réduire les inégalités tout en étant aussi avantageuses pour les femmes que pour les hommes, pour les filles et les garçons. • L’institutionnalisation implique également la reconnaissance de la nécessité de mettre en œuvre des mesures particulières de renforcement quand cela est opportun afin de surmonter les obstacles ou déficits spécifiques que les femmes (ou dans une moindre mesure, les hommes) rencontrent, ceci dans le but de favoriser leur participation pleine et entière. • La démarche implique enfin un travail sur l’institution elle-même, sa structure, sa culture organisationnelle, ses méthodes et pratiques, ses ressources, ainsi que sur les partenariats qu’elle établit. 6.2 Axes d’intervention et mesures préconisées par la Politique Genre La Politique Genre englobe une série de mesures ou de normes minimales à mettre en place en vue d’implanter des changements concrets et durables et d’atteindre les résultats escomptés. Ces mesures qui sont regroupées autour de trois (3) axes d’intervention constituent les engagements institutionnels du CORAF/WECARD en vue d’assurer la mise en œuvre de sa Politique Genre. Axe 1 : Institutionnalisation du Genre au sein du CORAF/WECARD Cet axe englobe les seize (16) mesures suivantes à mettre en place : 1) Adoption et diffusion de la Politique Genre; 2) Mise en place d’une stratégie et de produits de communication pour diffuser la politique Genre; 3) Officialisation et appui au fonctionnement des mécanismes chargés de coordonner et de suivre la Politique Genre (ex : Conseil Genre du CORAF/WECARD); 4) Intégration des résultats de la Politique Genre dans les cadres de planification de l’organisation (Plan opérationnel, Plan annuel, Plan stratégique 2017-2026) selon l’approche programme et la gestion axée sur les résultats; 5) Révision des descriptifs de postes des responsables et des directions pour y inclure une exigence en matière de genre qui doit faire partie de l’évaluation annuelle des performances du personnel cadre et professionnel; 6) Développement d’un programme institutionnalisé de formation obligatoire en genre pour les responsables, le personnel professionnel et les instances décisionnelles (CA et CST) du CORAF/WECARD; 7) Rehaussement progressif et significatif (au moins à 30%) de la représentation des femmes dans les instances de décision, dans les emplois, les postes de responsabilité du CORAF/WECARD et les fonctions de recherche; 8) Revue des appels à proposition de projets de recherche sous fonds compétitifs, pour y inclure l’obligation de prendre en compte la politique Genre dans les exigences requises et revue des grilles d’évaluation des projets; 9) Révision des procédures d’acquisition de services en vue d’intégrer des exigences en matière de genre dans les termes de référence et d’assurer la présence équilibrée femmes/hommes dans la composition d’équipes de consultation tout en veillant à garantir la compétence;
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10) Production et reportage des données désagrégées par sexe dans les politiques et programmes du CORAF/WECARD et analyse genre en amont dans le développement des politiques et programmes; 11) Conduite d’études et d’analyses sur la situation des disparités hommesfemmes dans les programmes de recherche agricole appuyées par le CORAF/WECARD. 12) Allocation de 20% du budget des projets commissionnés pour financer des recherches sur les productions agricoles à prédominance féminine; 13) Mise au point d’un système de marqueur genre pour les programmes, projets et interventions du CORAF/WECARD; 14) Intégration du genre et prise en compte des résultats escomptés de la politique genre, dans les évaluations de programmes et de projets; 15) Élaboration, mise en œuvre et suivi d’un programme de renforcement des capacités des SNRA et des points focaux Genre en vue de les habiliter à contribuer à la mise en œuvre de la Politique genre et à la traduire dans leurs pratiques de travail et programmes de recherche; 16) Production, adoption et diffusion d’un rapport annuel des résultats de la mise en œuvre de la Politique Genre. Axe 2 : Intégration du genre dans les SNRA Cet axe englobe les six (6) mesures suivantes à mettre en place : 1) Appui à la mise en place des points focaux genre dans les SNRA; 2) Accompagnement pour l’élaboration, le suivi et l’évaluation des plans d’actions genre découlant de la politique du CORAF/WECARD; 3) Mise en place d’un système d’information pour documenter les problématiques nationales et locales reliées aux programmes et aux domaines de recherche soutenus par le CORAF/WECARD; 4) Élaboration et mise en place d’un programme de sensibilisation à l’intention des décideurs des SNRA et de formation destiné aux points focaux genre; 5) Développement, diffusion et appropriation de guides, d’instruments et d’outils d’analyse comparative entre les sexes à utiliser dans le cadre de l’élaboration, la réalisation, le suivi et l’évaluation des projets de recherche et de développement agricoles; 6) Mobilisation et allocation des ressources pour assurer la réalisation des plans d’action genre des SNRA et le fonctionnement des points focaux Genre. Axe 3 : Capitalisation des acquis, gestion et diffusion des connaissances et des bonnes pratiques. Cet axe englobe les quatre (4) mesures suivantes à mettre en place : 1) Identification annuelle et réinvestissement des leçons apprises dans la programmation ; 2) Recueil et publication des expériences réussies en matière de prise en compte du Genre dans les programmes et interventions du CORAF/WECARD et les SNRA ;
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3) Réseautage actif et partage d’expériences entre les points focaux Genre des SNRA ; 4) Identification et diffusion des bonnes pratiques en matière de prise en compte du genre dans les programmes de recherche et leurs retombées sur la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes dans le secteur agricole. 6.3 Cadre de mise en œuvre de la Politique Genre 6.3.1 Instruments de planification La mise en œuvre de la Politique Genre se fera à partir d’un cadre unifié des résultats escomptés et travers les instruments suivants : Un plan d’action triennal qui sera architecturé à partir des cinq (5) résultats énoncés de la Politique (réf. section 5) et des mesures préconisées (réf. section 6.2). Ce plan exposera les résultats escomptés (développementaux, opérationnels et immédiats), les extrants, les activités, les indicateurs, les modalités de réalisation, les risques et mesures d’atténuation, un calendrier d’exécution et un budget. Un plan de travail annuel concis et concret sous forme de tableau de bord incluant les résultats immédiats, les activités, un calendrier et un budget. Tout en constituant des instruments en soi, le plan d’action triennal et le plan de travail annuel de la Politique Genre seront intégrés dans les Plans opérationnels triennaux et les plans annuels du CORAF/WECARD. Les SNRA produiront à leur niveau, un plan d’action triennal et un plan de travail annuel s’inscrivant dans la mise en œuvre de la politique Genre du CORAF/WECARD. 6.3.2 Stratégie et produits de communication En raison de la multiplicité des partenaires impliqués dans le CORAF/WECARD, de la nécessité de sensibiliser en vue de s’assurer d’une bonne compréhension de la Politique Genre et de susciter la plus large adhésion possible, une stratégie de communication sera élaborée pour diffuser et échanger les informations à l’interne et au niveau public. Des produits promotionnels seront conçus et diffusés, tels que dépliants, pochettes d’information, ainsi qu’un logo marquant l’identité visuelle du domaine genre tout en étant rattaché au logo du CORAF/WECARD. La politique Genre, les ressources, les outils les événements et actualités qui y sont reliés, seront pris en compte sur le site WEB du CORAF/WECARD. 6.3.3 Dialogue politique Les actions de dialogue politiques seront essentielles pour actionner les leviers de changement, inclure tous les partenaires gouvernementaux et de la société civile de même que les partenaires techniques et financiers. Le dialogue politique constitue également un canal important pour assurer que les SNRA prennent en compte la mise en œuvre de la Politique genre dans leurs cadres de
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programmation, de dépenses et de mobilisation des ressources. Le dialogue politique est un instrument efficace pour que des correctifs soient apportés lorsque des partenaires ou des programmes tendent à négliger la prise en compte de la Politique Genre du CORAF/WECARD. 6.3.4 Réseautage et partenariat Le CORAF/WECARD favorisera la collaboration, le réseautage et le partenariat avec les divers partenaires qui le composent en vue de recueillir des informations sur les dynamiques et réalités entourant l’égalité des genres sur le terrain dans le secteur agricole. Le premier réseau à implanter et à rendre opérationnel sera celui des points focaux Genre des SNRA. Le réseautage est un bon outil pour échanger les expériences, dégager les leçons apprises et les bonnes pratiques qui en découlent. 6.3.5 Mobilisation de ressources humains et financières La mise en œuvre de la Politique Genre sera financée par les ressources du CORAF/WECARD à travers l’approche programme et les contributions des Partenaires techniques et financiers (PTF). La mise en place des mesures envisagées exige la mobilisation de tout un pan varié de connaissances et d’expertises. Des ressources externes de consultation seront nécessaires pour appuyer la Conseillère genre dans la mise en œuvre des mesures préconisées dans le cadre de la Politique Genre. 6.4 Cadre de responsabilisation Le succès de la mise en œuvre de la Politique Genre du CORAF/WECARD dépend en grande partie de la responsabilité et du leadership des hauts responsables et des instances décisionnelles de l’organisation. Les leçons apprises dans la mise en place de processus d’institutionnalisation du genre soulignent ce facteur déterminant.11 La responsabilité globale de la mise en œuvre de la présente politique genre, incombera ultimement au Conseil d’administration du CORAF/WECARD. Cette instance sera appuyée par la Direction exécutive du CORAF/WECARD qui mettra en place un dispositif genre adapté à son mandat et à son envergure tout en mobilisant son personnel de direction et ses ressources professionnelles et financières. Le dispositif chargé du genre au CORAF/WECARD comprend un Conseil Genre à mettre en place, la Conseillère Genre déjà en poste à la Direction exécutive et un réseau de points focaux Genre dans les SNRA. Le Conseil d’administration du CORAF/WECARD Le Conseil d’administration (CA) du CORAF/WECARD a un rôle majeur à jouer pour l’adoption de la Politique Genre, des plans d’actions triennaux, des rapports annuels des résultats de la mise en œuvre de la Politique Genre, des ressources 11 BAfD (2011) Intégration de l’égalité des genres: Une voie vers des résultats ou une voie vers nulle part? Synthèses d’évaluation. Addis-Abeba.
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budgétaires à allouer, des recommandations et avis soumis par le Conseil Genre du CORAF et par les évaluations externes de la politique. Le CA est imputable au regard des résultats institutionnels de la mise en œuvre de la Politique Genre. Le Conseil Genre du CORAF/WECARD Le Conseil Genre du CORAF/WECARD est une instance consultative de haut niveau qui est redevable devant le conseil d’administration. Ce Conseil qui est à créer, devra être composé d’une représentation équilibrée d’instances gouvernementales du secteur agricole des pays de l’AOC, de fédérations nationales/régionales œuvrant dans la production agricole et l’économie rurale, de groupes régionaux/nationaux de plaidoyer en faveur de l’organisation paysanne et de l’autonomisation des femmes, de chercheurs, de jeunes et de personnes ressources ad hoc. La Direction exécutive du CORAF/WECARD sera représentée au Conseil genre par deux responsables provenant de ses directions clés. Le secrétariat de cette instance sera assuré par la Conseillère Genre du CORAF/WECARD. En plus de ces critères, le Conseil Genre devra être composé d’une représentativité équilibrée hommes-femmes en garantissant une représentation équitable entre les deux régions de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le mandat principal du Conseil Genre du CORAF/WECARD est de fournir des avis stratégiques sur les orientations en matière de genre, de suivre et de rapporter annuellement au CA les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Politique Genre, de faire entendre les préoccupations, les problématiques et les enjeux émergents reliés aux inégalités de genre dans le milieu rural et dans la production agricole, de formuler des avis documentés et de soumettre des recommandations sur les approches et les moyens les plus appropriés pour corriger les inégalités entre hommes et femmes qui freinent le développement et la productivité agricoles. La Direction Exécutive du CORAF/WECARD La Direction exécutive se voit confier un rôle stratégique et technique de la mise en œuvre et du suivi de la Politique Genre du CORAF/WECARD. En vue de mener à bien ce mandat, la Direction exécutive peut compter sur l’appui technique de la Conseillère Genre, sur l’implication des responsables de direction et sur ces diverses instances dont le Comité Scientifique et Technique (CST). La direction exécutive est responsable de la diffusion de la Politique Genre, de sa déclinaison en plans opérationnels, de la production, du suivi et du rapportage de ses résultats, de la coordination des efforts des divers partenaires et des SNRA et du renforcement de leurs capacités, de la mobilisation et de l’allocation des ressources humaines et financières (internes et externes) et du dialogue politique avec les partenaires nationaux et internationaux. Il est du ressort de la Direction exécutive de rendre compte des progrès et des résultats atteints par la Politique Genre et de formuler toute recommandation au CA pour en améliorer les effets et la performance. Les descriptifs de postes des responsables de la Direction exécutive et de l’ensemble du personnel affecté à l’élaboration et à la gestion des programmes, seront modifiés pour y inclure une exigence relative à la prise en compte du genre dans l’esprit de la politique adoptée à cet égard et l’évaluation annuelle de leur performance tiendra compte de ce critère.
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Les structures nationales de recherche agricole (SNRA) Les SNRA ont la responsabilité d’élaborer et de mettre en œuvre des plans d’action genre pour concrétiser à leur niveau les orientations et les résultats de la Politique Genre du CORAF/WECARD. La mise en place de mécanismes institutionnels tels que les points focaux Genre et toute autre disposition requise pour faire progresser le genre au niveau national dans la recherche et le développement agricoles, est de leur ressort. Les SNRA ont la responsabilité de concevoir, de soumettre et de réaliser des projets de recherche qui intègrent des analyses et proposent des solutions pour mieux desservir les besoins différents des femmes et des hommes dans la production agricole et l’économie rurale. Les SNRA ont également la responsabilité de mobiliser et de coordonner les ressources au niveau national pour faciliter la mise en œuvre de la Politique Genre du CORAF. En outre, leur rôle consiste à participer aux instances et aux travaux de la Direction exécutive en ce qui a trait à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation de la Politique Genre du CORAF/WECARD. Enfin, les SNRA ont l’obligation de rendre compte annuellement des résultats obtenus et des défis à relever, au regard de la mise en œuvre de la politique Genre du CORAF/WECARD. 6.5 Suivi et évaluation de la Politique Genre du CORAF/WECARD Le suivi de la mise en œuvre de la Politique Genre fera l’objet d’un cadre de suivi et d’évaluation établi sous forme de tableau de bord incluant les résultats escomptés, les mesures à mettre en place et les indicateurs de performance. Le système de suivi implique la constitution d’une base de référence (la base zéro) sur la situation des disparités hommes-femmes au sein du CORAF/WECARD, dans les SNRA et dans les programmes de recherche. Suite à l’adoption officielle de la Politique Genre, la base zéro sera établie pour documenter chacune des mesures qui y sont comprises. Le suivi sera documenté sur une base annuelle à travers l’appréciation du rendement du plan annuel. Un rapport annuel de progression des résultats de la Politique genre sera produit au niveau de la Direction exécutive par la Conseillère Genre. Il sera ensuite validé par le Conseil Genre du CORAF/WECARD et soumis à l’adoption du CA du CORAF/WECARD. Une revue mi-parcours de la Politique Genre sera réalisée en 2016 en vue de mesurer les progrès atteints, les effets positifs et négatifs et d’y apporter les correctifs requis. Les recommandations de la revue à mi-parcours seront prises en compte dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan Opérationnel 2. L’évaluation de la Politique Genre interviendra après cinq (5) années de sa mise en œuvre de consultation. La revue mi-parcours et l’évaluation de la Politique seront conduits par des ressources externes qualifiées en la matière.
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