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MEMOIRE Architecturer la mer entre prospective et réalité
ADELINE SAMSON Mémoire _ Camondo 2011
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« Qui sait si la terre ne sera pas trop petite un jour pour ses habitants, dont le nombre doit atteindre six milliards en 2072… Et ne faudra-t-il pas bâtir sur la mer alors que les continents seront encombrés ? »
Jules Verne, 1885
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// Sommaire INTRODUCTION / Architecturer la mer
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1. HABITER LA MER : L’ARCHITECTURE DES OCEANS
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1.1 Vers une architecture , un urbanisme spécifique à la mer
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1.2 Une architecture spécifque : La technique des scénarios
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2. VIVRE AUTREMENT : LA PROSPECTION DU FUTUR
63
2.1 Architecture experimentale
64
2.2 Passage de l’utopie à la prospective
80
2.3 nouvelle manière de concevoir l’architecure
83
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BIBLIOGRAPHIE / ICONOGRAPHIE
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ARCHITECTURER LA MER ENTRE PROSPECTIVE ET REALITE
Introduction du sujet à partir d’une citation de Jules Vernes:« qui sait si la Terre ne sera pas trop
petite un jour pour ses habitants dont le nombre doit atteindre six milliard en 2072... Et ne faudra-t-il pas bâtir sur la mer, alors que les continents seront encombrés? » pour ramener son propos à des projets qui furent concrétisés et des projets qui restèrent prospectifs. Permettant ainsi un questionnement sur la prospective .
1. HABITER LA MER : L’ARCHITECTURE DES OCEANS
1.1 JACQUES ROUGERIE : Vers une architecture, un urbanisme spécifiques à la mer.w
U
ne présentation des quelques projets de Jacques Rougerie autour du sujet « Habiter l’eau » / « architecturer la mer « de ses débuts à aujourd’hui » . Dans un premier temps, une biographie retrace le parcours de ses recherches avec Edith Vignes puis le C.A.M. Présentation de quelques-uns de ces projets par des explications assez brêves afin d’engager dans la deuxieme partie une analyse plus approfondie de son système de représentation:
. Thalassopolis 1 [ village lacustre destiné à l’Aquaculture en Indonésie ] - 1971 . Galathée [ habitat laboratoire semi-mobile ] -1977 . Aquabulle [ mini observatoire scientifique ] - 1978 . Aquascope [ trimaran d’observation sous-marine ] -1979 . Hippocampe [ habitat sous-marin ] - 1981 . Aquaspace « oeil des mers » [ observatoire ] - 1982 . Sea space [ maison sous-marine ] - 2005 . SeaOrbiter [station de recherche] - 2011 8
// Plan détaillé 1.2 UNE ARCHITECTURE SPÉCIFIQUE : La technique des scénarios
Analyse des stratégies et des techniques de représentation
et de communication. De l’île flottante « Thalassa » de Paul Maymont aux « Thalassapolis » de Jacques Rougerie, on mesure mieux le chemin parcouru entre les deux générations. Exemple avec Maymont où l’architecture marine surgissait par intuition; tandis qu’avec Rougerie, elle constitue déjà presque une réalité. Comment cette réalité est donnée au projet? Image, maquette, scénario du futur. Par quel(s) moyen(s) ces projets prospectivistes paraissent-ils ou peuvent-ils paraître réalisables? La réprésentation comme action d’interprétation.
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// Plan détaillé VIVRE AUTREMENT : LA PROSPECTION DU FUTUR
.2
2.1 ARCHITECTURE EXPÉRIMENTALE : analyse et comparaison des projets d’architecture entre réalité et imposture.
L
ecture et analyse des écrits de Marie-Ange Brayer dans le livre « architecture expérimentale » . Analyse aussi des discours et des actions du G.I.A.P ( Yona Friedman / W. Jonas / G. Patrix / P. Maimont / Michel Ragon / L. Schein / N. Shöffer ).Avec les années 1960 se développe l’idée d’un monde nouveau, d’un monde où tout est possible, conforté par la conquête de l’espace. Des villes sur l’eau, des villes suspendues, des villes en l’air, des villes mobiles, des villes démontables sont imaginées par des architectes comme Archigram ,Architecture Principe, Utopie, Superstudio, Archizoom ou encore le G.I.A.P ( Groupe International d’Architecture Prospective ).Que faut-il entendre par “architecture expérimentale” ?
2.2 PASSAGE DE L’UTOPIE A LA PROSPECTIVE
D
éfinition de l’utopie et mise en comparaison entre un projet prospectif et utopique. Citation de HERMANN OBRIST et analyse des propos de Michel Ragon dans son livre « Prospective et Futurologie ».Montrer que l’utopie est un scénario de l’impossible, on se situe réellement dans l’imaginaire. Contrairement au scénario prospectif qui est présenté comme un ‘’scénario du possible’’, il est fait pour être lu, déchiffré et combattu. La différence entre utopie et prospective, c’est que l’utopie situe son devenir dans l’imaginaire alors que la prospective donne des lieux, des dates. L’utopie est poétique, la prospective se veut scientifique alors que la dose d’utopie qu’elle contient est peut-être son meilleur atout.
2.3
NOUVELLE MANIÈRE DE CONCEVOIR L’ARCHITECURE : conclusion 11
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1. H A B I T E R L A ME R L ’ A R CHITECT UR E DES O CE A NS
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Jacques Rougerie
1.1 A
Océanographique de Paris en 1970 et intègre dans le même temps l’Université d’Urbanisme de Vincennes ainsi que l’École des Arts et Métiers sous la direction de Jean Prouvé. Menant de front ses deux passions, la mer et l’architecture, il parcourt le monde sur les traces des peuples de la mer pour en étudier les traditions ethno-sociologiques et visite les pays les plus avancés dans les technologies offshore . Devenu architecte, il fonde en 1974 le Centre d’Architecture de la Mer (C.A.M.) et de l’Espace qui servira de creuset à ses nombreux projets et réalisations basés sur une recherche bionique et sur la philosophie « Habiter la mer ». Parallèlement, il enseigne dans différentes écoles d’architecture parisiennes, et fait, depuis 1971, de nombreuses conférences et expositions dans le monde entier sur les thèmes de l’architecture et de la mer. Inspiré par la mer, il est un architecte du monde sous-marin qui se définit lui-même
rchitecte visionnaire, né en 1945 d’une mère professeur de mathématique et d’un père biogéographe, compagnon de Théodore Monod, Jacques Rougerie a vécu jusqu’à 11 ans en Afrique, en Côte d’Ivoire.Il explique que cette période a sans aucun doute façonné son imaginaire.Chaque lever du jour était pour lui comme une nouvelle naissance du monde. Chaque matin, comme envoûté, il contemplait sans se lasser l’océan. Il puisait dans ces vastes espaces africains une connaissance et un respect sans borne pour la nature et ses créatures. Il exprime que « peut- être étaitil déjà prédestiné à cette rencontre avec l’océan dont l’immensité s’offrait à lui chaque jour comme un véritable appel à la découverte, à l’évasion, à la conquète. Comme tant d’autres hommes de la mer, il estime être un homme entier, dont la passion prend souvent le pas sur le reste. Il entre aux BeauxArts en 1964 dans l’atelier dirigé par Paul Maymont. Passionné par l’aventure de Cousteau et les premières maisons sous-marines, il entreprend un cycle d’études à l’Institut 14
// Habiter la mer comme un « merrien ». L’eau, les océans mais aussi l’espace, les galaxies, la bionique nourrissent des rêves qu’il concrétise :c’est un bâtisseur, un explorateur du XXI e siècle, un plongeur en terre humaine Passionné d’aventure et d’exploration,il crée des constructions adaptées à des milieux très spécifiques, tels que les mondes de la mer et de l’espace. Avec son agence d’architecture, il répond aussi sur des projets d’aménagement portuaire, des logements médicalisés, des aéroports ou des bâtiments industriels. L’originalité de son parcours, sa double formation d’océanographe et d’architecte l’ont conduit à s’intéresser à l’habitat sous-marin dans les années 1970, une époque déjà marquée par l’écologie. De ses passions nées dans l’enfance, de ses rencontres avec le commandant Jacques-Yves Cousteau ou Théodore Monod que connaissait son père, il a gardé le goût d’inscrire ses créations dans une perspective de réconciliation de l’homme avec son milieu originel. Ces rencontres primordiales l’ont éveillé aux expéditions lointaines et à un respect profond de la nature. Il construit. Et il séjourne dans ses 15
1.1 propres maisons sous-marines. Il effectue la traversée de l’Atlantique dans la nacelle transparente et sous-marine de l’Aquaspace, et participe, en 1992, au record du monde de 70 jours sous la mer. Il participe enfin, chaque année depuis 2003, au programme Neemo d’entraînement des astronautes de la Nasa dans un habitat sous-marin au large de la Floride.
En 2009, il crée la Fondation Jacques Rougerie Génération Espace Mer Institut de France, qui a pour but de favoriser la réflexion et l’innovation dans les domaines de la préservation du milieu marin et des relations futures de l’homme avec la mer, l’eau douce et l’espace.
Cet architecte d’aujourd’hui, est aussi et surtout un explorateur des temps modernes, un « prospecteur d’avenir ». Initié à ces mondes d’aventures par des hommes d’exception qui réalisaient leurs rêves pour faire avancer les hommes de petits pas en petits pas, Jacques Rougerie donne, comme il dit, toute la puissance de son imaginaire pour donner un brin de réponse pour les générations futures, persuadé qu’il faut accompagner l’imaginaire des hommes. Tous ses travaux ont valu à Jacques Rougerie de recevoir de nombreuses distinctions, et d’être nommé, entre autres, membre de l’Académie Française d’Architecture (1999) et de l’Institut Académie des Beaux Arts (2008). 16
Biographie
// Habiter la mer
. École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris. . École des Arts et Métiers de Paris. Jean Prouvé – . Techniques de construction . Université de Vincennes, études d’urbanisme . Institut d’Océanographie de Paris, séminaire d’océanographie . Soutenance d’une thèse d’architecture et d’urbanisme. . Architecte DPLG ( urbaniste ) . Directeur fondateur du C.A.M ( Centre d’Architecture de la Mer)
. Président fondateur de l’association « Espace Mer » . Professeur à l’École Spéciale d’Architecture de Paris . Professeur à l’Université d’Architecture de Paris Tolbiac . Professeur à l’École Paris La Seine. . Prix de l’Académie d’Architecture . Prix de l’Union Internationale des Architectes . Chevalier de l’Ordre du Mérite Maritime . Officier de l’Ordre du Mérite Maritime . Membre de l’Académie Française d’Architecture 17
1.1
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Voyages
// Habiter la mer
1971: Tokyo / 1973 : New-York – Hawaï 1975 : Rio ( Brésil ) - Santiago ( Chili )- Sydney-
1989: Buenos Aires ( Argentine) / 1990 : Ho-Chi-Minh – Hanoï (Vietnam)- Tanana
Melbourne ( Australie) – Okinawa(Japon)
1979 : Barcelone ( Espagne) – St Domingue –
rive ( Madagascar )
1991 : Barcelone ( Espagne ) / 1992 : Miami (Etat Unis ) - Québec ( Canada ) -
Stuttgart ( Allemagne)
1981: Varsovie (Pologne) / Jeddah
1993: Rio ( Brésil )- Tokyo (Japon) / 1994 : Phoenix ( État- Unis)- la Havane ( Cuba] -
( Arabie Saoudite)-Tokyo ( Japon)
1982 : Venise (Italie)- Osaka ( Japon) 1983: Cancun ( Mexique) Miami ( Etats-Unis ) 1986 : Port-Louis ( Île Maurice) – Provinden
Martinique
Tokyo ( Japon) –- Shangai ( Chine ) - Monaco
1996 : Nouméa ( Nouvelle- Calédonie )- Hous
ciales ( Îles Turks et Caïcos ) -
Vancouver (Canada)
1997: Singapour – Bangkok ( Thaïlande ) 1998 : Houston ( Etat-Unis ) - Rio ( Brésil ) -
1987 : Montréal ( Canada ) / 1988: Bisbane
(Australie) – Port-Louis (Île Maurice)
19
ton ( Etat- Unis ) - Tokyo ( Japon ) /
Djakarta (Indonésie) – Lisbonne (Portugal)
Jacques Rougerie et le Centre d’Architecture de la Mer
1.1 L
leur voyage en Indonésie où ils présentent un dossier d’étude au gouvernement indonésien et séjournent 5 mois sur place pour analyser et observer plus particulièrement la vie des populations de pêcheurs dans la zone qui les intéresse:aux confins de la Nouvelle-Guinée. De retour en France, ils soutiennent leur diplôme d’architecture en collaboration avec l’ingénieur Jacques Hirou, sur le thème des « villes de la mer » au large des côtes « centres internationaux de recherche, de gestion et de contrôle du patrimoine marin ».
e C.A.M ( Centre d’Architecture de la Mer ) doit sa création à des recherches d’architecture marine élaborées à l’origine pas Jacques Rougerie ( né en 1945) qui projeta dès 1967, des habitats sous-marins dits « fermes de la mer ». En 1971, avec son épouse Edith Vignes , également étudiante comme lui à l’UP7 de l’École des Beaux-Arts de Paris( où enseigne Paul maymont), il se rend au japon où ils étudient les recherches sur le milieu marin à la Faculté des Pêches de Tokyo. Ils poursuivent
20
// Habiter la mer
les contraintes du marché, introduise une relation homme-nature entièrement nouvelle appelant elle-même à un rapport Hommehomme également nouveau.
Leur projet est d’envisager une politique nouvelle:
.
Défendre et développer les ressources naturelles par une aquaculture contrôlée, maintenant l’équilibre de l’ensemble vivant et répondant aux problèmes nutritionnels.
.
Intégrer des hommes à mentalité de paysans de la mer assurant la gestion du patrimoine commun , nouveau territoire représentant 71% de la surface du globe.
.
Intéresser à cette entreprise l’ensemble de l’humanité; D’une part en frappant son imagination, d’autre part en se plaçant sous l’égide d’un organisme international.
.
Prévoir la mutation qu’entraînera pour l’homme son insertion en milieu marin.
.
Assurer l’opération par une économie fondée sur l’écologie qui, sans méconnaître
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1.1 Ayant posé ces points à la fois comme principes de base et comme finalité de leur projet, Jacques Rougerie et le C.A.M. proposent des réalisations aussi nombreuses que variées. Leur premier projet de « ville de la mer »appelé aussi « Thalassopolis », étudié en 1971 pour le compte de l’ U.N.E.S.C.O., répond à un problème nutritionnel. En effet , il doit se situer dans le Sud-Est asiatique, très fortement peuplé , en mer de Banda, Indonésie. Un des soucis majeurs est de maintenir l’équilibre entre le cadre choisi et la population,mais aussi de permettre à celle-ci de mieux gérer son milieu par une aquaculture contrôlée. Le but recherché est d’intégrer les populations de pécheurs à la ville de la mer en respectant l’originalité de leur civilisation qui réside à la fois dans des structures sociales particulières et un habitat déjà construit en mer. Par ailleurs, le C.A.M a mis au point des projets de développement de l’élévage en pleine mer. En effet, l’avenir de l’aqua-culture va dans le sens d’une adaptation complète de l’homme au milieu marin par sa présence
au sein de ce même milieu. Jacques Rougerie écrit dans l’article «aménagement du sixième continent» que les représentants mondiaux et les hommes directement touchés par le problème devront envisager la création d’une administration et d’un statut de caractère inédit et de type international qui donnera corps à une nation nouvelle «une nation de la mer» constituée par un « peuple de la mer » qui prenne ses distances avec les nations de type traditionnel.
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// Habiter la mer Thalassopolis 1 ( 1971): village lacustre destiné à l’Aquaculture en Indonésie L
déterminé à partir d’une étude sur le climat, la dynamique de la mer ainsi qu’à l’aide d’une comparaison des fond marins entre eux. Le retentissement d’une telle opération sur l’environnement humain a également déterminé leur choix. En effet, les pays du Sud-Est asiatique représentent un foyer humain de près de 300 millions d’Individus. Rougerie explique dans son article « Urbanisme et architecture de la mer », publié dans la revue ‘’Architecture d’aujourd’hui’’ n°175, que le but recherché est d’intégrer les populations des pêcheurs à « la ville de la mer », tout en respectant l’originalité de leur civilisation qui réside à la fois dans la structure sociale particulière à un habitat déjà construit en mer. Le souci premier étant de maintenir l’équilibre qui existe entre le milieu choisi et la population, et de permettre à celle-ci de mieux gérer son milieu grâce à une
es projets Thalassopolis 1 & 2 ont été réalisés pour son diplôme d’étude mené sous la directive de Paul Maymont, et parrainé par l’institut de l’Environnement. Aidé de Edith Vignes et Jacques Hiroux, Jacques Rougerie a, dans un premier temps, organisé le programme qui serait nécessaire à la mise en place des pionniers de la mer , sous forme de besoins et sous forme d’images architecturales. Se plaçant tout d’abord dans la première génération des besoins, c’est à dire l’aquaculture, il conçoit Thalassopolis 1, vaste village de pêcheurs situé dans la mer de Banda, sur un plateau continental particulièrement fécond et attractif lui-même situé sur la ligne Wallace, c’est à dire à la rencontre de deux mondes marins différents: celui de l’Asie et celui de l’Australie. Le choix de l’implantation en mer Banda, mer indonésienne, a été 23
1.1 aquaculture adaptée. C’est pourquoi d’ailleurs, dans son projet, il est prévu de conserver le village local comme structure de base, mais en le dotant d’équipements nouveaux et en refusant de reproduire les structures urbaines propres aux pays à haute technicité. Il s’agit là d’un cas particulier de ville construite sur pilotis, principalement dans les matériaux locaux ( bois, bambou, paille de riz) sur les haut fonds corailliens de – 6 m environ.
qui s’implanteront dans leurs futurs secteurs d’activité. Les divers quartiers se développeront de manière organique autour d’un point central duquel rayonneront les principaux axes de circulation. Le long de ces axes, la ville, à son tour, se développera de façon concentrique. Ces réseaux donneront sa structure à la ville et seront les traits les plus marquants de son urbanisation.
Dans son organigramme, on peut lire que la ville qu’il projette se divisera en cinq quartiers, chacun spécialisé dans une activité particulière (crustacés, coquillages, algues, poissons …). Chaque quartier comprendra trois unités de voisinage qui correspondront à la population d’un village local, soit 3000 habitants. La ville sera constituée au total de 15 villages. Par suite la démarche écologique suivie, il lui semble souhaitable que la population de l’agglomération se situe autour de 45 000 habitants. Selon Rougerie, à sa création, la ville comportera 5 quartiers à l’état embryonnaire 24
// Habiter la mer Il explique que ces villages formeront des groupes d’importance numérique variable qui se repartiront sur un domaine suivant les richesses du milieu et dans la perspective de gérer une zone rurale. Un centre océanographique, contrôlant l’ensemble de l’espace rural, tiendra une « position centrale » par rapport aux groupes de villages ainsi contitués. L’ensemble de ces centres fixes, complémentaires d’un centre mobile se déplaçant en surface pour la surveillance de l’espace océanique concerné, aura pour mission d’être un élement moteur des domaines sous-marins à aménager et dont ils seront les premiers germes.
Rougerie prévoit toutefois que certains villages pourront s’isoler à de plus grandes distances; s’ils exploitent des richesses minérales telles que gisements pétroliers ou miniers. L’implantation des villages se fera essentiellement dans les zones peu profondes allant de 0 à -60 m.
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1.1 En effet la survie en mer d’un individu étant étroitement liée à la communication constante avec autrui , il semble indispensable de rejeter une société basée sur l’individualisme. Jacques Rougerie préconise dans Thalassopolis1 une vie sociale ‘’villageoise’’ de type communautaire, spécifique de l’environnement marin et fondée sur la mise en commun des biens et des ressources. Il va même jusqu’à penser que le lancement de constructions marines peut prendre une telle valeur symbolique et devenir une telle puissance de choc psychologique qu’il oblige le gouvernement à prendre position dans une affaire qui engage un avenir commun. C’est à dire que, selon lui, le projet se situe au niveau politique le plus élévé et qu’il est bien à la mesure d’un problème mondial dont l’urgente solution requiert la convergence de tous les efforts mobilisables. Il raconte aussi que pour ce projet il est important de souligner que ces villages pourront avoir une ou plusieurs vocations: soit, simplement, la recherche, au niveau fondamental, expérimental et appliqué; soit, égale-
ment, l’exploitation des ressources marines fondées sur l’aquaculture contrôlée et, enfin, le tourisme qui doit s’intégrer ou seulement se rattacher à la vie d’un village, constituant alors un ensemble autonome. Ainsi il prévoit que ces espaces construits seront aménagés et structurés en fonction d’une vie sousmarine permanente et d’une vie sous-marine temporaire. Dans son programme il prévoit l’ensemble avec ambition et soucis du détail, allant jusqu’à réfléchir un système de permanence qui devra être assurée par les chercheurs et aquaculteurs. C’est pourquoi, dans son projet, il dessine leurs habitations propres ainsi que leurs services-centres de recherches et de formation à proximité des champs d’expérimentation et des lieux de récolte, ces derniers constituant la zone rurale.Il pense aussi à la mise en place d’un systême hôtelier car, selon lui, « les touristes pouvant séjourner dans un voisinage proche formeront la population temporaire. Une part importante sera réservée aux structures d’accueil, à la fois pour
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// Habiter la mer l’hébergement , les loisirs; les sports et les jeux marins . L’hôtellerie, bar, restaurant, centre de plongée... Il s’agira là de favoriser les possibilités de contact d’un grand nombre d’individus avec le milieu aquatique et de permettre le développement d’une culture et d’un art marin. » Afin de satisfaire à la mission culturelle et éducative souhaitée sont prévus aussi, dans Thalassopolis, des salles de séminaire et un musée de la mer. Les loisirs et les sports nautiques s’organisent depuis le centre de plongée ou depuis des sites de jeux et des zones réservées à cet effet. Pour l’ensemble des villages, des zones de circulation sous-marines séparent les différents champs d’activité par des sortes de couloirs balisés et parsemés de refuges afin d’offrir une plus grande sécurité dans les déplacement sous l’eau.
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1.1 Au niveau de chaque village, Rougerie a prévu une liaison avec le monde extérieur, au moyen d’installations en surface, signalétiques portuaires,..etc. Cette relation avec l’extérieur existe aussi en surface d’une façon plus importante au niveau d’un domaine marin dans son ensemble par l’intermédiaire du centre océanique fixe. Les centres mobiles, se déplaçant d’un domaine vers un autre, constitueront également une liaison avec le monde extérieur.
niveau de la recherche appliquée et théorique qui se concrétisera par des stages et le choix de sujets de thèses personnelles. Il explique dans ses écrits qu’en ce qui concerne l’équilibre de la vie à bord des centres mobiles, il ne souhaite pas retrouver le confort des espaces minimum ou des espaces critiques faisant alterner couloir et cellules des navires de recherches actuels. Pour ce projet, il désire créer des espaces internes diversifiés et harmonieux, propices à une vie intérieure agréable, en réunissant autour d’un cratère central animé, l’habitat individuel et semi-collectif de même que toutes les activités de détente et de repos. Ceci à la fois pour contrebalancer l’ennui qu’engendre à la longue la monotonie du milieu marin, mais aussi pour oublier la sujétion imposée par les travaux et les exploitations effectuées à l’extérieur. Ainsi, le profil du centre mobile est le reflet d’un fonctionnalisme lié aux exigences du milieu marin mais aussi de la nouvelle organisation spatiale de l’intérieur prévue quant au bien-être de la vie des hommes.
Thalassopolis 2 O
utre sa vocation de banque de données de la mer, Jacques Rougerie explique que ce projet est chargé de déterminer la nécessité et l’emplacement des futurs centres fixes et d’assurer ensuite leur coordination au niveau des informations. Parallèlement aux universités océanographiques terrestres, selon lui, leur ensemble constituera une université internationale permettant la formation au
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// Habiter la mer
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1.1
Vers une architecture spécifique à la mer
la recherche scientifique , vaisseaux ludiques dotés d’un oeil grand ouvert sur l’univers subaquatique, tous parfaitement intégrés à cet élément
D
ans l’ordre d’apparition, sur l’écran noir de nombreuses nuits blanches passées à imaginer le monde de demain, voici le village subaquatique des Mériens, le Laboratoire Pulmo, la maison sous-marine Galathée ou encore Aquascope. Petit trimaran semi-submersible doté d’un ventre transparent et de grands hublots translucides propices à la découverte de l’univers marin, l’Aquascope souhaitait contribuer par là même à un changement de regard. Ces «yeux sous la mer»deviendront très rapidement la marque de l’architecte. Capable de transporter une dizaine de personnes, l’Aquascope sera fabriqué à une trentaine d’exemplaires à travers le monde. Bientôt surgiront des profondeurs la maison sous-marine SeaSpace ou le vaisseau SeaOrbiter...Autant de «projet marins qui transcendent les valeurs d’harmonie et de connaissance de l’homme replacé dans le milieu aquatique originel». Habitats immergés pensés pour l’éveil et l’éducation à l’environnement marin, laboratoires flottants dédiés à
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// Habiter la mer
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1.1
Galathée [habitat laboratoire semi-mobile] – 1977
M
Cet habitat laboratoire semi-mobile, pesant 56 tonnes, est prévu pour accueillir des programmes de recherches scientifiques et techniques et se distingue par sa mobilité verticale. Le lest variable permettant un ancrage en suspension à différentes profondeurs ( de 9 à 60 mètres de fond), sans impact sur l’écosystème marin, ainsi que sa mise en oeuvre facile, en constituent les grandes innovations. La forme oblongue de sa coupe en acier de 7 mètres de long est percée de larges dômes en méthacrylate de 2,2 mètres de diamètre, véritables balcons ouverts sur le monde sousmarin. L’ensemble pouvant accueillir de 4 à 5 personnes pendant un à trois mois est stabilisé par un système de ballasts souples en tissus Néoprène. Pour la première fois, un habitat de ce type propose un design et un aménagement intérieurs qui s’adaptent spécifiquement à la vie subaquatique. Galathée est conçue pour permettre à ses résidents de vivre véritablement en harmonie avec le milieu, tous les matériaux utilisés et l’organisation de l’espace
ise à l’eau le 4 août 1977 au large des côtes normandes devant Ouistreham, cette base de vie sous-marine est la première réalisation de maison subaquatique de Jacques Rougerie. Son nom évoque à la fois la déesse de la mer et un curieux petit crustacé présent dans toutes les mers du globe, à toutes les profondeurs, la galathée. Cette maison semi-mobile est l’aboutissement de 10 ans de recherches menées avec Jacques Hirou et toute une équipe de biologistes, d’ingénieurs, de physiologistes spécialistes du comportement humain mais aussi d’ergonomes qui s’intéressent aux aménagement en milieux confiné. La véritable rupture réside dans la capacité de Galathée à être remorquée, déplacée et installée sur le site de l’étude envisagée. Sa mobilité autorise un large éventail de missions, qu’il s’agisse de biologie marine, d’océanographie ou d’archéologie. Cette polyvalence lui permet donc d’accueillir dans son giron des professionnels de la mer ou des visiteurs occasionnels. 32
intérieur répondent aux exigences particulières de la vie subaquatique. Avant sa construction, les maisons sous la mer ressemblaient à des bidons, des cylindres, des sphères, plus qu’à l’idée que l’on se fait d’une habitation. Pour la première fois, une maison sous-marine n’est pas posée sur le fond et s’intègre parfaitement à un environnement en trois dimensions. De plus, elle offre à ces hommes et à ces femmes appelés à travailler sous la mer un cadre de vie spécifique, créant une osmose entre l’extérieur et l’intérieur. Conçue comme un refuge de montagne, Galathée comporte en effet une partie «habitat» intégrant un carré, lieu de détente et de réunion, une zone de travail, des cabines de couchage pour quatre «aquanautes», un coin cuisine, une salle de bain et un sas permettant aux aquanautes d’aller et venir sous la mer à leur guise. 33
1.1
Galathée est aujourd’hui exposée dans le port d’Osaka (Japon), au sein du «pavillon de la mer» également dessiné par Jacques Rougerie pour l’exposition universelle de Kobe en 1981. Elle a ouvert la voie à d’autres réalisation comme les habitats sous-marins Aquabulle ( 1978), Hippocampe ( 1981) , Aqualab ( 1986) ou encore Seaspace en cours d’étude depuis 2007. Toute la méthodologie et l’approche technologique d’une architecture adaptée au monde sous-marin mises en oeuvre dans les créations qui suivirent résultent de cette aventure. Galathée a surtout contribué à démontrer qu’il est possible de concilier séjour subaquatique et qualité de vie. Soucieux de ne pas rêver sa propre existence, mais bien de vivre ses rêves et de prouver qu’un séjour prolongé sous les flots figure parmis les multiples possibilités offertes à l’homme.
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AQUAbulle [ mini observatoire scientifique] - 1978
M
is à l’eau pour la première fois en mars 1978, cet abri sous-marin, à la fois cellule de décompression pour professionnels et mini observatoire scientifique, est constitué d’une sphère en méthacrylate maintenue par une armature en aluminium reliée à un bloc technique. L’Aquabulle se positionne entre 0 et 60 mètres. D’une hauteur de 2,8 mètres pour 2,5 mètres de diamètre, elle peut grâce à sa réserve d’air permanente, abriter 3 personnes pendant quelques heures. De par sa simplicité de mise en oeuvre et de déplacement , L’Aquabulle constitue aussi le refuge sous-marin idéal pour les promeneurs subaquatiques.
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1.1
AQUASCOPE [trimaran d’observation sous-marine ] – 1979 R
éalisé à l’origine pour le Club Méditérranée, l’Aquascope fut pour la première fois mis à l’eau en 1979. Ce trimaran d’observation sous-marine, semi-submersible, fonctionne sur le principe de flottabilité variable qui lui offre la possibilité de s’enfoncer sous l’eau une fois ses passagers à bord. Il leur permet alors de mieux se sentir immergés dans le grand bleu pour une incomparable découverte de vie subaquatique en zone littorale. De forme très bionique, son design totalement innovant a séduit de nombreux opérateurs dans le domaine du tourisme maritime à travers le monde et ses différentes versions ( A8 – 8 passagers et A10 – 10 passagers ) ont été fabriquées à plus de trente exemplaires, dont certains sont toujours en activité, notamment dans les eaux d’un Parc National, les flotteurs quant à eux jouant le rôle de stabilisateurs et de ballasts ( réservoirs sur les bateaux permettant de changer l’immersion ou l’équilibre ).C’est en observant la pureté des formes de la raie manta que Jacques Rougerie développa le design bionique de l’Aquascope. 36
// Habiter la mer
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1.1 Hippocampe [habitat sous-marin] – 1981 M
is à l’eau au large de Marseille en décembre 1981 , sur le même site que la première maison sous-marine Précontinent I du commandant Cousteau en 1962, Hippocampe I a été expérimenté par Jacques Rougerie et le physiologiste de la Comex, Bernard Cardette, lors d’une opération de démonstration sous marine sur le thème de l’industrie off-shore. Suspendue entre deux eaux suivant le principe de Galathée, la structure d’aluminium possède de larges baies en méthacrylate ouvertes sous la mer, enserrées dans un ensemble en aluminium qui pouvait accueillir 2 personnes en saturation à moins de 12 mètres pour des durées de 7 à 15 jours. Après cette première expérimentation, Hippocampe 1 a rejoint le Yucatan mexicain, sous la houlette de Armando Ferrat qui a poursuivi les expériences de vie subaquatique au large de Cancùn, à Isla Mujeres, où l’habitat se trouve toujours exposé.
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AQUAspace « oeil des mers » [observatoire] – 1982 L
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e 26 juin 1982, Jacques Rougerie et son équipage (au total 7 personnes) embarquent à bord de l’Aquaspace; un trimaran de 20 m de long, 8,50 m de large,muni d’une coque en aluminium, avec une coque centrale transparente en polycarbonate et spécialement initié et conçu par l’architecte en 1978, puis construit au chantier naval de Biot suivant ses plans. Jacque Rougerie explique dans une interview donnée en 2007, «Au service de missions scientifiques d’observation, cet « oeil des mers » est né pour répondre au projet de recherches de l’équipage: dériver en même temps que les baleines, suivre leur trajectoire, pouvoir les étudier jour et nuit. Avec le lait de baleine (500L par jour), précise Jacques Rougerie, on peut réflechir à la création de nouveaux produits cosmétiques étonnants, à la création d’une
1.1 ferme naviguante.» Il explique que lui et son équipe ont navigué d’Antibes à Port-Cros, puis Gibraltar, Saint-Malo; les Îles Chausey, La Rochelle...De là ils ont réussi, depuis 1985, la première traversée de l’Atlantique, les yeux grands ouverts, 24h/24. Une première mondiale dans cette catégorie. «Un réel bonheur , un émerveillement quotidien, observer la migration des baleines mais aussi des tortues, des méduses...La nuit, assister à la luminescence du plancton qui crée un ciel étoilé sous l’eau...silence...de grandes émotions.» Dans les années 80, l’Aquaspace était un outil très performant, exceptionnel au service de la recherche, du cinéma, du tourisme. Il a ouvert la voie, grâce à sa nacelle transparente, à une nouvelle conception de la pénétration de l’univers sub-aquatique, Aujourd’hui, l’Aquaspace navigue (à voile ou à moteur) en mer Caraïbe. Son propriétaire, un américain, l’utilise essentiellement pour la plongée sous marine.
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SEA space [ maison sous-marine ] – 2005
S
easpace est un projet en collaboration avec Bill Todd, le responsable du groupe NEEMO (Nasa Extreme Environnement Mission Opération ) qui prépare, sous l’eau, les futurs voyages des astronautes de l’espace. Le projet Seaspace répond à une nouvelle maison sous-marine dans le programme NEEMO; elle remplacerait les structures du laboratoire sous-marin Aquarius, situé à 4,5 Km des côtes de Key Largo en Floride, à près de 20 m sous la surface de l’océan Atlantique. Actuellement le laboratoire permet à 6 astronautes de se préparer aux futures missions lunaires. À l’intérieur, ils étudient, ils observent, ils effectuent des recherches sur les comportements humains, les réactions, ou encore les faiblesses qui pourraient affecter les astronautes dans ces conditions de vie extrêmes. Le projet de Rougerie, Seaspace, offrira à 8 ou 10 personnes une capacité de vie pendant 6 mois, sans avoir à remonter à la surface. Les médecins et experts de la physiologie de l’espace iraient les visiter. L’avantage de la longue durée permet de tester l’adaptation phy41
1.1 siologique et psychologique du corps humain dans des milieux très particuliers, extrêmes. Seaspace sera alimentée en oxygène et en eau par un ‘’cordon ombilical’’ relié à une installation flottante à la surface, sur une grosse bouée. Énergie solaire, éolienne et capteur de houle seront couplés pour fournir toutes les énergies nécessaires. Le concept de Seaspace est issu de l’esprit de Galathée, réalisée en 1976. Habitat-Laboratoire / base sous-marine semi-mobile conçue avec de très grandes ouvertures transparentes en polycarbonate. « Des yeux grands ouverts sous l’eau » . Le lest posé au fond de l’eau s’apparente à une ancre gigantesque. Le traitement des déchets s’opère dans ce lest . Les eaux usées, non consommables , sont recyclées en circuit fermé, après traitement. Cette maison sous-marin de 27m de long pour 9m de large peut être positionnée à dif-
férentes profondeur en fonction des utilisations souhaitées. L’entrée se fait par l’intermédiaire d’un sas situé sous la structure, qui permet une mise à l’eau directe. Selon Rougerie «un jour les colonies sur la Lune, sur Mars et sous la mer deviendront des réalités.» Ce n’est selon lui pas de la science-fiction mais de la prospective.
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// Habiter la mer SEA Orbiter [station de recherche] – 2011 I
l s’agit d’une plateforme scientifique, vaisseau d’exploration qui dérivera au cœur des océans en suivant les courants marins à partir de 2012. Le Sea Orbiter est la suite logique des maisons sous-marines déjà réalisées. C’est un outil de travail nomade: le principe du Sea Orbiter est de dériver dans les grands courants océaniques tels que le Golfe Stream avec dix-huit membres d’équipage triés sur le volet qui auront l’opportunité de vivre au cœur même du monde sous-marin. Le vaisseau permettra à cette poignée de privilégiés d’être en osmose avec la nature, grâce à de grandes surfaces vitrées. Le capitaine Némo dans le Nautilus n’a qu’à bien se tenir, la relève est assurée! L’équipage étudiera notamment le phénomène d’agrégation des poissons qui se fera autour du Sea Orbiter, où la chaîne alimentaire 43
1.1 va se développer. Les scientifiques vont pouvoir ainsi étudier pendant longtemps les différentes espèces et leur comportement. Le Sea Orbiter est comparable à une station orbitale. Au même titre que les cosmonautes sortent de la station pour aller dans l’espace (sortie extra- véhiculaire), l’équipage sortira pour faire un certain nombre de travaux et de manipulations sous l’eau. Le Sea Orbiter surprend car il ne ressemble à rien d’autre. La forme d’un bateau, si moderne soit-il, en coque transparente, ne d’adaptait pas au programme d’études souhaitées. Le challenge de Jacques Rougerie fut donc de créer un outil 100 % adapté à ses missions. D’un point de vue technique il s’agit d’une grande bouée, accompagnée d’un flotteur qui permet une grande stabilité, même par forte tempête. Il peut se laisser dériver au gré des courants ou se maintenir à la même position géographique
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// Habiter la mer grâce à des moteurs électriques. Cette sorte de bateau vertical est plus haut (51 mètres) que long (10,35 mètres), pour une largeur de 6,12 mètres. La plus grande partie (sur une hauteur de 31 m) est immergée. L’engin ne dépasse donc de la surface de l’eau ‘’que’’ de 20 mètres. Sous l’eau, une plate-forme discoïdale de stabilisation contient les ballasts et les réserves de carburant et d’eau. Selon Jacques Rougerie, le Sea Orbiter n’est pas si grand. Il équivaut à un gros chalutier de 50 mètres. La coque comporte huit étages, dont cinq se trouvent sous la surface. Une des originalités du projet est que les deux niveaux les plus bas sont entièrement pressurisés. Les plongeurs peuvent donc y résider en permanence et aller et venir entre l’extérieur et leur lieu de vie. Au-dessus, l’équipe du projet promet des surfaces transparentes panoramiques pour admirer et étudier le monde sous-marin. À plus de cinq mètres de hauteur, le pont 45
1.1 supérieur, élargi, abrite notamment la salle des machines, pour la mettre à l’abri des vagues. La coque, profilée, se prolonge encore vers le haut et supporte un poste de vigie à plus de treize mètres au-dessus de l’eau. Dix-huit personnes pourront vivre dans cet espace un peu hors du monde, dont huit « aquanautes » dans le secteur pressurisé. Une maquette au 15ème a été testée durant six mois au centre Marintek en Norvège, pour vérifier la tenue du Sea Orbiter dans les vagues. Les tests draconiens prennent en compte la houle, les vagues, les creux, les vents, les tempêtes. Les pires conditions climatiques sont reconstituées pour vérifier sa résistance. À ce jour, tous les tests ont été concluants.
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// Habiter la mer
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CALENDRIER POUR LA MISE EN FONCTION
1.1
. 2010 : début de la construction du Sea Orbiter
. 2011 : Fin de la construction . Début 2011 : essai en mer pendant 6 mois.
. Milieu 2012 : 1ère opération en Méditerranée.
. 2013 : études dans le Gulf Stream qui est un courant du bord Ouest de la Gyre subtropicale. C’est un courant intense transportant des eaux chaudes depuis le Golfe du Mexique jusqu’à l’Atlantique central, en longeant les côtes du Sud des USA.
L
a grande idée est de faire une étude des océans et du climat grandeur nature à l’échelle de la planète. Dans cette optique, le futur idéal consisterait à avoir dans chaque océan un Sea Orbiter à la dérive pour constituer un véritable réseau. Les scientifiques doivent s’efforcer de connaître la planète bleue dans sa globalité et non zone par zone !
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// Habiter la mer . UN PROGRAMME ÉDUCATIF Jacques Rougerie tient à ce que le Sea Orbiter soit en liaison avec tous les aquariums du monde, via une convention. Le Sea Orbiter s’adresse au monde de l’éducation au sens le plus large et le plus généreux. En ce sens il a pour vocation d’être une plateforme de communication privilégiée pour souligner les maux dont souffre notre planète, auprès des plus jeunes notamment
. UN OUTIL PARMI TANT D’AUTRES Le Sea Orbiter est un outil indispensable, au même titre que les bouées dérivantes robotisées, les bateaux océanographiques, les satellites ou les AUV sous marins (AUV : Unmanned Aerial Vehicle, un drône sous-marin autonome), pour étudier les abysses. Il faut une multitude d’outils adaptés à chaque problématique. Donc, le Sea Orbiter ne prend en compte qu’une infime partie de l’étude des océans, mais pas sa totalité; il doit donc travailler en lien avec les outils déjà existants.
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. L’EQUIPAGE Les membres d’équipage seront au nombre de 18, avec des invités tel qu’un journaliste par exemple pour assurer la promotion et la communication de ce nouvel outil. Il y aura également des astronautes de la Nasa pour mener à bien un programme d’entrainement sous la mer à bord du Sea Orbiter. La vie à bord du Sea Orbiter n’a rien à voir avec la vie sur un bateau. Cette plateforme artificielle en plein océan évoluera en milieu très hostile, ce qui implique que tous les membres d’équipage, même le simple invité soit formé physiquement et psychologiquement. Pour exemple, chaque personne devra être un plongeur certifié.
1.2
La Technique des Scénarios
Les projets de Jacques Rougerie frap-
sont souvent des successions d’images qui donnent vie à son projet. Il n’est pas uniquement dans la communication d’un espace ou d’une architecture, il est dans un discours sur un mode de vie. Tel un scénariste il décrit et suggère par des représentations visuelles accompagnées de descriptifs. On peut définir sa méthode de scénario comme une démarche synthétique qui, d’une part, simule
pent par cette effet d’évidences mais s’agit-il pour autant d’utopie? Rougerie fait plutôt de la prospective . Avant d’aborder la prospective , il s’agit d’étudier les stratégies d’existence de cette prospective qui passe par cette question de la représentation. Rougerie crée des vaisseaux futuristes et souhaite que l’humanité tisse de nouveaux liens avec le milieu naturel. Passionné par la mer, il conçoit des projets originaux, habités par une idée forte qui guide son inspiration : développer un cadre de vie qui intègre les formes naturelles et offre une dimension de durabilité et de responsabilité envers les générations futures. Il s’appuie la plupart du temps sur la parfaite image d’adaptation au milieu qu’offre l’observation de la flore et de la faune marines, ce qui leur donne un caractère esthétique résolument nouveau. Il dessine sous la même forme qu’un scénariste de bande dessinée. Ses images
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1.2 étape par étape, telle une trame narrative, d’une manière plausible et cohérente, une suite d’événements conduisant un système à une situation future, et qui, d’autre part, présente une image d’ensemble de celle-ci. Il n’est pas du tout dans un champ utilitariste , mais dans une pensée prospective avec des stratégies de représentations et des dispositifs d’argumentation particuliers. Sa méthode de représentation comporte un ensemble de principes et de règles réflexives, critiques et rétroactives. Jacques Rougerie construit donc ses images qui reposent sur des tensions dialectiques tout en laissant apparaître cette part de rêve. Il procède donc par représentation, et de trois façons conjointes: il imagine des scénarios et scénarise des images ( représentations analogiques); il génère des visions et tente de les faire partager (représentations collectives);et il est aussi en quête de représentants (représentation sociale et institutionnelle), en résumé il prospecte. 52
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1.2
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// Habiter la mer Un language graphique particulier
S
i la représentation peut désigner une idée que l’on se fait sur le monde, elle exprime aussi le fait de la placer devant les yeux de l’autre . Pour ce faire, il existe plusieurs modes de représentation et il est intéressant d’analyser la particularité du language graphique de Jacques Rougerie. Dans les planches de présentation des projets «module d’observation sous-marin», «Tour d’observation sous-marine» , «refuge sous-marin» ou encore «pavillon d’exposition flottant», dessinés par Jacques Rougerie et le C.A.M , le language graphique noir et blanc et la technique de représentation sont toujours identiques et facilement identifiables. Le projet est à chaque fois représenté selon plusieurs vues dont la disposition relative respecte certaines conventions: plan masse, plan côté, vue en coupe, perspective inté55
rieure et mise en situation. L’organisation des images raconte une histoire qui est facilement compréhensible, les plans comme les coupes ne sont pas forcément très détaillés, mais permettent une lisibilité rapide du projet et de l’organisation spatiale. Il fabrique l’imaginaire, par des images situées entre la bande dessinée et le surréalisme de la science-fiction où il met en relation le système technique et l’organisation sociale . Sur chaque planche figure un titre en caractère gras lisible de loin indiquant le type du projet ainsi que sa situation géographique. On remarque très peu d’écrits, juste le minimum servant à la compréhension des intentions du projet . Ses planches reflète sa vision ‘’Jules Vernienne’’ , il nous emmène dans son univers, les visuels monochromes dessinés à la main traduisent sa passion pour la « bionique marine »
1.2 et cet aspect narratif expliqué précedemment. Dans le dossier de presse de l’exposition archi & BD, «la ville dessinée», Jean marc Thevenet, le co-comissaire souligne cette idée selon laquelle les travaux de Jacques Rougerie sont comme un véritable album de bande dessinée inspiré de Jules Vernes. Il explique que l’architecte, dans son livre « Architecturer la mer» utilise la BD pour raconter une histoire, fictionnelle, fantastique, un monde sous-marin à explorer. Cette exposition met en avant le fait que la bande dessinée est en apparence, un support populaire mais, malgrè tout, le média idéal de la médiation auprès du public grâce à sa très grande souplesse narrative qui est un véritable atout. Tel un auteur de bande dessinée Jacques Rougerie raconte des histoires, dessine sa vision fantastique . Une écriture, un language graphique qui reflètent tout à fait les années 1960 où se développe l’idée d’un monde nouveau, d’un monde où tout est possible, conforté par la conquète de l’espace.
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// Habiter la mer
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1.2 L’utilisation de la maquette comme instrument de communication. Si on prend l’exemple de la maquette du «village sous-marin» de 1973, c’est une transposition directe de l’image dessinée en modèle réduit en trois dimensions. Mêmes couleurs, mêmes formes, en soit, elle n’apporte pas plus d’informations, mais elle permet de naviguer visuellement autour et à l’intérieur des espaces. La maquette crée un rapport direct plus familier,et offre un aspect plus concret au territoire prospectif. C’est un support de visualisation, d’exploration mais aussi de réflexion. La maquette est appréhendée aussi comme un modèle, certes réduit, mais qui permet d’affirmer une identité structurelle, de mettre en évidence les résistances constructives . En créant la maquette, qui n’est que reproduction de la représentation, Jacques
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// Habiter la mer
Rougerie veut mettre en évidence que les hypothèses formelles, structurelles et fonctionnelles sont vérifiées. La modélisation est à la fois une stratégie créative mais aussi cognitive. D’autre part certaines maquettes, comme celle du projet «Sea Orbiter» sont un outil pour la mise au point du système constructif. Un modèle à l’échelle 1/15° a été construit et testé dans un bassin en Norvège. Cette maquette a permis d’affiner le design initial, notamment la taille et la forme du disque stabilisateur, ou encore l’insertion dans celui-ci d’hydroliennes horizontales permettant de transformer l’énergie de la houle en électricité. La maquette n’est plus, dans ce cas, un outil de communication mais un outil de vérification et d’amélioration avant la réalisation finale. 59
1.2 Evolution de la représentation D
e «Pulmo», son projet de laboratoire sous marin mobile dessiné en 1972, qui fut la couverture de «Architecture d’aujourd’hui» n°175, aux images du projet «Sea Orbiter»(2005/2010), l’évolution est immense. Nous ne somme plus dans la même façon de communiquer le projet non plus. Même s’ils restent contraints par la puissance de l’unité centrale, les capacités des cartes graphiques et la précision des données nécessaires, les rendus paysagers numériques sont de plus en plus détaillés et réalistes au sens commun du terme: ils donnent un sentiment de réalité de plus en plus fort. Le soucis du détail. On se demande même si le projet est réalisé tellement les images sont réalistes. L’image de synthèse est utilisée à tous les stades du développement de ces projets. Les présenter avec des perspectives permet dans un premier temps de communiquer plus
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// Habiter la mer efficacement mais aussi de donner tout de suite une réalité au projet. Avec la conception 3D , Jacques Rougerie ancre ses projets dans le réel de façon plus instantanée; il n’est plus dans le registre de la prospective mais plutôt dans celui de la perspective.
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2. V I V R E A U T R EMEN T L A PROSPECTION D U FU T UR
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2.1
Architecture expérimentale
Que faut-il entendre par “architecture ex-
génération à de nouveaux modes de vie. En rupture avec les préceptes du modernisme et avec l’idée d’une architecture fixe et pérenne, certains architectes abordent le projet, non plus sous l’angle de l’objet construit, mais sous l’angle d’un champ d’expériences possibles remettant en cause le conformisme de l’architecture et de ses usages Avec les années 1960 se développe l’idée d’un monde nouveau, d’un monde où tout est possible, conforté par la conquête de l’espace. Des villes sur l’eau, des villes suspendues, des villes en l’air, des villes mobiles, des villes démontables sont imaginées par des architectes comme Archigram ,Architecture Principe, Utopie, Superstudio, Archizoom ou encore le G.I.A.P ( Groupe International d’Architecture Prospective ).
périmentale” ?
Si l’on considère que les termes “expérience” et “expérimentation” sont issus de l’experentia latine,cela signifie à la fois enrichissement de la connaissance par la pratique et par l’épreuve, essai, provocation d’un phénomène pour l’étudier, et si l’on tient compte que le terme est aussi utilisé pour la pratique artistique, on doit admettre que les architectes peuvent légitimement nommer “expérience” leur simple recherche de solutions nouvelles. C’est dans les années 1960 que se développe une architecture expérimentale prenant en compte l’aspiration de toute une
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2.1 le GIAP : Groupe International d’Architecture Prospective Yoan Friedman, Paul Maymont, Georges Patrix, Michel Ragon et Nicolas Schöffer se réunissent en mars 1965 pour fonder le Groupe International d’Architecture Prospective (GIAP) qui se propose de rassembler toutes les personnes préoccupées de recherches prospectives d’architecture et d’urbanisme. Le but du GIAP est de rassembler les techniciens divers : sociologues, économistes, urbanistes, architectes, ingénieurs, artistes de disciplines diverses, préoccupés de «prospective» architecturale. L’idée est de promouvoir cette nouvelle architecture, la faire connaître par le biais de colloques, conférences, films, livres, expositions, etc. Les membres du G.I.A.P, qui ne sont pas des rêveurs, sont bien décidés à faire entrer leurs recherches dans le domaine des réalisations. La «prospective» est pour eux une science de la prévision à long terme, qui a été
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// prospective définie et préconisée par Gaston Berger et son équipe. L’urbanisme et l’architecture doivent être animés par un esprit prospectif s’ils ne veulent pas être dépassés avant l’exécution des plans. Selon eux «Construire pour aujourd’hui, c’est aboutir à construire pour hier... il faut apprendre à construire pour demain.». Dans leur manifeste signé à Paris en mai 1965 par Yoan Friedman, Walter Jonas, Paul Maymont, Georges Patrix, Michel Ragon, Ionel Schein et Nicolas Schöffer, ils expriment qu’ils sont « contre une architecture rétrospective mais pour une architecture prospective ». Selon eux, «l’explosion démographique, l’accélération spectaculaire des progrès techniques et scientifiques, l’augmentation constante du niveau de vie, la socialisation du temps, de l’espace et de l’art, l’importance croissante des loisirs, l’importance des facteurs temps et vitesse dans les notions de communications, font éclater les structures traditionnelles de 67
2.1
la société. Nos villes, notre territoire ne sont plus adaptés à ces transformations. Il devient urgent de prévoir et d’organiser l’avenir au lieu de le subir.». Le GIAP a pour but de rassembler tous ceux, techniciens, artistes, sociologues et spécialistes divers qui recherchent des solutions urbanistiques et architecturales nouvelle. Le GIAP veut être un lien entre les chercheurs de tous les pays, même si leurs thèses sont parfois opposées. Le GIAP n’a donc d’autre doctrine que la prospective architecturale. Michel Ragon a mené dix conférencesdébats sur la recherche architecturale,au Musée des Arts Décoratifs, Palais du Louvre et Pavillon de Marsan entre décembre 1965 et avril 1966 sur des thématiques à chaque fois différentes tel que Structures dynamiques , Structures spatiales , Comment vivrons-nous demain ? , Architecture mobile , L’urbanisme coloré et l’architecture sculpture...
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2.1
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// prospective Architecture expérimentale du FRAC A
ujourd’hui la plupart de ces projets sont collectés au FRAC centre. La collection du FRAC s’est construite autour des notions d’utopie et d’expérimentation en architecture, et réunit aujourd’hui des projets emblématique de l’architecture radicale des années 60 à la création la plus actuelle. Par sa dimension prospective, elle se donne aussi comme un réservoir d’idée sur l’architecture de demain, un domaine de réflexion ouvert qui interroge les procédures de conception de l’architecture. La collection du FRAC implique une architecture au champs de référence étendu, engagée dans une remise en question permanente de sa pratique, tout à la fois créatrice et critique. Cette volonté et venue sous l’impulsion d’un nouveau conseiller aux arts plastique à la DRAC en 1991: Fréderic Migayrou; il est aujourd’hui conservateur en chef de l’architecture et du design ( MNAM-CCI) au centre Pompidou à Paris. Migayrou a contribué à mettre en place, à la DRAC, une collection qui n’a pas
pour objectif de recueillir, comme un dépôt inerte, la mémoire de l’architecture contemporaine, ni d’en dresser un inventaire sans âme, mais de s’intéresser à l’architecture comme expérimentation, utopie et recherche. L’utopie ne signifiant pas ici un déni de la réalité, mais dans la crise de l’ordre rationnel qu’elle implique, une échappée critique vers la création et sa dimension parfois visionnaire. Michel Ragon , qui défendit en France cette Architecture « prospective » des années 60, écrivit à son propos: «contrairement à celles du passé, les «utopies» présentes sont presque toutes immédiatement réalisables». Au début vers 1991-92, la collection se tourne vers la déconstruction, consacrée en 1988 au MoMA de New York, et se dote alors de projets internationaux. Autour du philosophe français Jacques Derrida, des architectes américains et européens, parmi lesquels Frank O. Gehry, Rem Koolhaas, Peter Eisenman, Zaha Hadid , Bernard Tschumi et Daniel Libeskind avaient mis en exergue l’activi73
2.1 té théorique et la dimension conceptuelle du projet. Ainsi pour Peter Eisenman, il est plus urgent de « penser » l’architecture que de la réaliser. A ce titre, la Guardiola House ( 1986/88) d’Eisenman interroge une architecture « textuelle », qui emprunte à la linguistique comme à la psychanalyse. En 1982, le projet de l’Open House de Coop Himmelblau détache l’architecture de tout programme puisqu’il est généré par l’inconscient: un dessin les yeux fermé, telle une écriture automatique, sera le « psychogramme » du projet, sa matière brute, d’où partiront les autres étapes. Un projet qui deviendra emblématique de la déconstruction. Ce qui est intéressant dans la collection du FRAC, c’est qu’au lieu d’acquérir isolément des « Objets », le FRAC s’attache à réunir un projet dans sa complétude, des premières esquisses à la maquette finale, afin de retracer les différentes phases, de l’élaboration du parcours du processus de conception de l’architecte. La notion de « processus » est ainsi au coeur de cette collection.
Un projet symbolique, par exemple, du FRAC, est le projet de Claude Parent et Paul Virilio, « l’Eglise Ste Bernadette-du-Banlay »,construite à Nevers en 1966. Jusque là il s’agissait d’un projet qui fut peu considéré,et lorsque ce bunker de béton brut, monolithe fracturé, est entré dans la collection, les propos de l’architecte et son processus furent reconsidérés et mis en avant. La fracture du plan, qui détermine la fonction oblique, permet de repenser, dans une même tension, l’unité dans la discontinuité de l’espace. Claude Parent défend dès cette époque une approche topologique de l’architecture basée sur la notion de « surface » qu’explorent aujourd’hui tous les architectes ayant recours aux outils numériques. Ces collections procèdent ainsi par « rebond historique » qui sont sources de réflexion et de questionnement. La question de mobilité, d’une architecture sans inscription, est une utopie qui traverse la collection, des villes spatiales de Yona 74
// prospective Friedman à l’architecture gonflable . Pascal Haüsermann, Chanéac, développent dès le début des années 60 une architecture tout à la fois organique et modulaire, constituée d’agglomération de cellules
Métropole itinérante D
ans les contextes du Pop Art et de la conquête spatiale, l’idée d’une architecture qui se donne dans l’instant naît dans les projets du groupe britannique Archigram. Le principe fondateur de la pensée de Peter Cook (1936) et du groupe Archigram (1961-1968) est en effet l’idée d’une architecture conçue comme lieu d’expérience qui doit créer des « situations». Son projet de ville nomade, Instant City (1968-69), développe l’idée d’une « métropole itinérante » qui suit le flux des événements, une ville qui se nourrit de l’intensité des informations de la nouvelle société de 75
2.1
consommation. Matérialisée non plus par des espaces mais par des objets et des projections, l’architecture de Peter Cook remet en cause l’attachement au sol et la permanence au profit d’une architecture immatérielle, gonflable, légère qui permet de repenser nos façons d’habiter. «Instant city est une ville instantanée, conçue et imaginée par Archigramm. Inspirée par la culture populaire voir également tous
ce qui relève de la science fiction de la bande dessinée et de la découverte de l’espace. une architecture de papier;. Instant city c’est l’incarnation de cette projection utopique d’une ville flottante, d’une ville aérienne. A cette période il y à une tendance de l’architecture gonflable. Ce projet se developpe comme une sorte de scénario surgit de nulle part, qui ensuite arrive sur une villed d’où l’apparition de montgolfière,
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// prospective qui tiennent des tentes suspendues d’où vont se dérouler des écrans sur lesquels ont va projeter des images et des mots. Instant city s’infiltre dans cette ville en y créant toute une série d’évenements des spectacles des théatres, ainsi que des programmes educatifs. Ce projet allie à la fois le divertissement et l’information. Il va venir créer l’evenement par le rassemblement, et c’est ce qui créer l’architecture. Derriere ce projet il y a aussi la critique de ses auteur vis à vis de la société qui les entoures. En commencant par la société de consommation qui prend son essor à cette époque. Toute les communications naissantes et toute cette technologie qui se met en place qu’ils tournent en dérision à travers cette ville très précaire et éphémere. Mais instant city laisse une trace après sont passages, et au fur et à mesure les villes vont se connecter entre elles, et forment ce que l’on appelle une architecture de réseaux.Ce qui est très contemporain, parceque on peut donc
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2.1
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// prospective dire que instant city serai la préconfiguration du premier village global. Ce village où la terre entière pourrait être en communication. Archigramme posait une question provocatrice à cette époque qui était « les villes sontelles encore nécéssaire? À -t-on encore véritablement besoin de construire?» et donc à la construction batit il voulait substitué une architecture de la communication, une architecture de l’evenement.»
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2.2
Passage de l’utopie à la prospective L
’utopie c’est étymologiquement , on le sait , la terre de nulle part. Depuis Platon, les utopistes succombent néanmoins à l’envie stupide de vouloir, malgrè tout, situer ce lieu quelque part. Grand nombre de projets de mégastructures (de Parent , Xenakis, Sarger...) telles que la « vague » dessinée par Claude Parent, ou les autre projets de ces villes qui s’attirent et se rejoignent, ces résidences secondaires qui deviennent résidences principales, cette campagne morcelée, intégrée parfois à la ville qui la dépasse, cette suppression en certaines régions de la notion de ville et de campagne, ne nous mènent-elles pas à la transformation de la Terre en une ville unique? Nous sommes dans un scénario de l’impossible, on se situe réellement dans l’imaginaire. Contrairement au scénario prospectif qui est présenté comme un « scénario du possible», fait pour être lu, déchiffré et combattu.
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au XVI° siècle, repris en philosohie par Gaston Berger). Ensemble des recherches concernant l’évolution future de l’humanité, en particulier sur le plan social et économique...et permettant de dégager des éléments de prévision » La technique des scénarios, d’où découlent toutes les méthodes de prospectives opératives, est née aux États-Unis vers 1960. La prospective, contrairement à la futurologie, ne comporte qu’une prévision dont le long terme ne dépasse pas une génération. Vingtcinq ans pour une prospective à long terme, dix ans pour un moyen terme. 3 à 5 ans, les démographes appellent cela du court terme, et cela relève donc plus de la perspective que de la prospective. Par contre la futurologie - comme nous l’explique Michel Ragon dans son livre «Prospective et futurologie», publié en 1978 par Casterman - se hasarde dans des lointains où la marge d’erreur ou d’affabula-
La prospective est considérée comme un néologisme dont la formulation aurait été faite pour la première fois par Gaston Berger en 1957. Néologisme formé à partir de « prospecter », ce qui signifie rechercher, examiner avec méthode, étudier les possibilités futures. Le dictionnaire Le Petit Robert situe fort bien l’historique du mot prospective: « adj. ( science prospective, « optique » en 1444); de prospect (XV°, XIX° siècle) ; tiré du latin prospectus ( l’anglais prospective est lui-même tiré du français et du latin),prospective ( « optique,
81
2.2 tion est grande. Bertrand Jouvenel, lui, dénonçait la vanité d’une « science future ». Comme toutes les sciences humaines, la futurologie ( et la prospective) sont en effet plus humaines que scientifiques. d’où la grande part d’aléatoire qui fait de la technique des scénarios, en réalité, plus un art qu’une science. Et c’est bien dans cette perspective qu’il faut prendre les « scénarios du futur » que nous proposent
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// prospective
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2.2
architectes et urbaniste. Dans son petit livre: « La Prospective », André-Clément Decouflé précise bien qu’il ne faut pas confondre prospective et anticipation, la prospective étant faite de « technique de projections, de prévisions probabilistes, de modèles de scénarios », « la projection, ajoute A.-C. Decouflé, désigne l’exercice qui consiste à prolonger des tendances statistiquement observables » . Elle comporte une « notion d’invariant dans le changement ». Si toute prévision est sujette à des déviations dues à des phénomènes de blocages ou de freinages », il ne faut pas, dit encore A.C. Decouflé, « négliger une prospective des permanences, aussi légitime et nécessaire qu’une prospective des changements ». La prospective est représentation. Plus exactement elle procède par représentation, et de trois façons conjointes: elle imagine des scénarios et scénarise des images ( représen-
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// prospective tations analogiques); elle génère des visions et tente de les faire partager (représentations collectives);elle est aussi en quête de représentants (représentation sociale et institutionnelle), représentants d’un commerce dont la valeur d’échange est la capacité d’anticipation .Inlassablement une prospective chasse l’autre – elle travaille le champ des représentations. La prospective, c’est aussi, et peut‐être surtout, construire collectivement des capacités de se projeter dans un futur qui aura bien lieu : incertain, soit, mais déjà en train de produire le théâtre de son avènement. Et c’est pourquoi la prospective, particulièrement la prospective architecturale et territoriale, est affaire de représentations, dans tous les sens du terme. La nuance entre l’utopie et la prospective, c’est donc que l’utopie situe son devenir dans l’imaginaire alors que la prospective donne des lieux, des dates. L’utopie est poétique, la prospective se veut scientifique alors que la dose d’utopie qu’elle contient est peut être sont meilleur atout. 87
2.2
88
89
2.3
Nouvelle manière de concevoir
T
ous ces projets « prospectivistes » des années soixante nous l’avons vu demandent, pour passer au réel, un concours, une époque d’études et surtout d’énormes crédits. Certaine propositions demandent un tels changement dans l’approche de la partition de la ville ou encore d’un point de vue du pouvoir qu’elle paraissent totalement irréalisable.. Elles impliquent aussi que l’on accepte d’admettre que le prix d’une ville n’est pas son prix de construction mais son coût réel à moyen et long terme. Mais certaines de ces prospectives , se sont vu aboutir certes sous une autre formes , non pas réellement comme elles étaient dessinées ou pensées mais elles ont été tout de même source d’idée novatrice pour les générations qui ont succédées. De l’île à l’hélice de Jules Vernes, en passant par les réalisations architecturales de Jacques Rougerie, au complexe hôtelier de Dubaï la graine 90
de l’idée à bien poussée. La fonction oblique de Claude Parent est devenu de plus en plus d’actualité au fur et à mesure des années. On peut donc dire que certains bâtiments sont les enfants naturels d’architectures de papier et qu’il est intéressant, d’observer, de lire, de se cultiver de toute ses pensées architecturales qui ont pu être dessinées, gribouillées, scénarisées ou encore mises en volume par maquettes. D’autre part il est possible de pensée que la prospective est prometteuse, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que la société dans son ensemble est en cours de mutation profonde. Les contraintes, de plus en plus fortes, nous obligent à changer de façon de penser notre façon de vivre. Cet état de fait impose aux architectes de reconsidérer leur façon d’agir et bien qu’il ait toujours été principalement associé à la pratique opérationnelle (bâtir), le métier d’architecte est désormais
lui-même en pleine mutation. Mais la recherche prospective doit, pour être identifiable, utile, efficace, fiable et crédible, échapper, autant que possible, à l’arbitraire projectuel. Elle doit soumettre ses résultats à l’analyse scientifique. Cette dernière complète les recherches-actions en en évaluant les résultats. Cette nouvelle ‘évaluation de sécurité’ permet, entre autres, d’accéder 91
2.3 à un dispositif de»recherche expérimentale scientifiquement évaluée». La conséquence est la production, a posteriori, de connaissances fiables sur les savoir-faire projectuels et sur leur valeur prospective. Ainsi, la recherche prospective peut tout à fait s’inscrire dans un dispositif d’évaluation. Dans ce cas, le projet, la démarche de projet, le bien-fondé d’une démarche prospective, peuvent s’évaluer sur des bases un peu plus objectives. La recherche expérimentale ouvre évidemment à tous les transferts méthodiques contemporains, en provenance de tous les domaines et cela à destination de l’architecture comme des domaines de l’aménagement en général. Se produit, en conséquence un enrichissement pour chacun d’entre eux. La recherche expérimentale ouvre enfin aux études comparatives portant sur la mise en évidence de phénomènes similaires repérés à différentes époques de l’histoire. Il en résulte une évaluation plus fiable des processus contemporains, au regard des
constantes historiques. Au bilan, en accumulant les modes d’analyse et d’évaluation, la recherche prospective peut espérer échapper aux accusations d’arbitraire et aux moquerie des « technophobes » et autres « historicistes » intégristes. Toutes ses utopies servent de prospectives, qui sont considérées comme des investissements pour l’avenir. Maintenant, un autre stade a été franchi et ce travail et considéré voir mëme valorisé. A partir du moment où l’on dessine , on est dans le dessein et donc il est question de projet , Le projet d’architecture est une recherche et à ce titre il faut être conscient qu’il existe des architectes qui comptent pour leurs architectures imaginaires avec des projets qui naissent et n’existent que « par l’envie de mettre sur le papier ces recherches » . Mais l’ensemble nous rappelle que l’architecture est aussi une façon de questionner le monde pour y trouver sa place et que le rôle de l’architecte peut être aussi « énorme que dérisoire ».
92
93
Je tiens à remercier tout particulièrement AurÊlien Lemonnier pour son soutient et ses conseils.
94
AdĂŠline Samson Camondo 2011
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105
ADELINE SAMSON Mémoire _ Camondo 2011