De moi à toi
Anne Michel
De moi à toi
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Profite bien de cette attention !
Bon anniversaire
Deux ans, déjà, que John et Emma vivaient ensemble. Deux ans sans l’ombre d’un nuage, sans que rien ne vienne troubler leur bonheur. Bien sûr, comme tout un chacun, ils avaient leurs humeurs et leur relation connaissait des hauts et des bas. Mais l’amour qui les liait était solide et leur permettait de franchir tous les obstacles sans difficulté apparente. Ils s’étaient rencontrés chez des amis et leur attirance avait été réciproque. Depuis, ils ne faisaient qu’y répondre. Le goût que tous deux avaient pour le shopping les avait encore rapprochés. Ils allaient à des concerts, au cinéma, dès qu’ils en avaient la possibilité. Et le week-end, très régulièrement, ils partaient faire les boutiques. Le dimanche, ils réservaient leur matinée au marché. Ils rentraient les bras chargés de fruits frais et de légumes de saison et se mettaient à la cuisine en écoutant Coldplay. Ce temps partagé était doux. La journée se terminait souvent devant un bon film à la télévision, sauf quand l’envie les prenait de se rendre au cinéma. Leur routine était apaisante, source de joie et non d’ennui. Leur vie, tout simplement, leur plaisait. La date anniversaire de leur premier baiser approchait. Emma tenait vraiment à offrir quelque chose de spécial à John, quelque
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chose qui ferait de cette fête un moment inoubliable. D’autant qu’elle se souvenait encore avec émotion de ce premier baiser, échangé sur le pas de sa porte. Ils s’étaient lentement rapprochés et le cœur de John s’était mis à battre violemment. Allait-il l’embrasser ? Son regard lui brûlait la peau. Elle s’était abandonnée dans ses bras. Le baiser avait été proprement magique. Alors, que pourrait-elle offrir à John qui serait à la hauteur des sentiments qu’il avait su faire naître ? Lors d’un déjeuner avec Sarah, sa meilleure amie, elle lui fit part de son désir. « Tu sais, j’ai beau tourner la question en tous sens, je ne trouve pas d’idée sensationnelle. J’ai le sentiment que rien ne peut vraiment être original en ce domaine. » Sarah l’écoutait en opinant. Emma avait bien raison. Être original, de nos jours, était un vrai défi ! Offrir un livre, un CD, un DVD ? Cela n’avait rien d’inoubliable, loin s’en fallait ! Un restaurant chic et cher, un week-end en amoureux en relais château, un voyage à Prague ou Rome ? Ruineux, et toujours pas original. Un vêtement, une cravate, un maillot de bain ? On aurait dit un cadeau de fête des pères. « Il faudrait un truc lié au sexe en fait » finit par faire remarquer Sarah en riant. Emma se mit à rire à son tour. « Un truc lié au sexe ! Tu ne veux quand même pas que je lui offre une call-girl pour notre anniversaire ! Ou un sex toy ? - Une chose est sûre : il devrait vraiment trouver cela inoubliable ! » Et les deux femmes de repartir dans un fou rire incontrôlable en imaginant la tête de John, ouvrant la porte à une call-girl blonde et siliconée à la poitrine imposante et à la robe proportionnellement courte. En matière de sex-toys, en revanche, elles n’avaient aucune idée de ce qui pouvait s’offrir à un homme,
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une fois sorti de la fameuse poupée gonflable. Sarah, qui n’était jamais à court d’anecdotes, en profita pour faire remarquer qu’un ami d’une amie d’une collègue, avait un jour expliqué à cette dernière que certains vagins de plastique pourvus de faux poils dont quelques messieurs trouvaient la compagnie sympathique, représentaient en fait un vrai danger pour la santé car ils étaient assemblés en Chine avec des matériaux qui ne répondaient en rien aux normes européennes. Leur hilarité fut alors portée à son comble : elles imaginèrent avec un sadisme tout féminin ce qui pourrait advenir de la virilité d’un homme si elle se retrouvait en contact prolongé avec ces matériaux défectueux. Puis, la conversation se fit de nouveau plus sérieuse et dériva sur les caprices de la météo, la dernière grève en date des transports et les problèmes d’emploi qui semblaient toucher tout le monde, ou presque. Mais Sarah, avec son idée complètement déplacée de call-girl, avait malgré tout lancé Emma dans une direction que cette dernière n’aurait jamais crue possible de prendre. Et cette idée, petit à petit, faisait son chemin, grandissait, ouvrait de nouvelles perspectives qui poussaient Emma à la découverte de fantasmes qu’elle ne se savait même pas nourrir. Ainsi, elle s’imagina offrir un gâteau géant à John, gâteau d’où sortirait une femme presque nue. Les premiers jours où elle nourrit cette fantaisie, elle n’arrivait à se représenter ni la suite des événements ni même le visage de cette femme. Mais au fil du temps, son fantasme se fit plus précis. La femme était grande, mince, brune. Elle ne portait qu’un petit string que ses fesses musclées mettaient parfaitement bien en valeur. Sa poitrine, superbement dessinée, était ferme et de bonne taille. Le visage était avenant et la fille souriante. Elle semblait surtout très à l’aise dans sa presque nudité, comme s’il était
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absolument normal d’apparaître ainsi dans le salon d’inconnus. John serait bouche bée. Ce serait donc Emma qui avancerait vers la jeune femme pour lui tendre la main et l’aider à sortir de son enveloppe sucrée. Cette dernière la remercierait d’un gracieux mouvement de tête et, s’appuyant légèrement sur la maîtresse de maison, enjamberait la paroi du gâteau, dévoilant des jambes parfaites, montées sur des talons d’une hauteur impressionnante. John sortirait alors de son hébétude. « Mais… Mais… Emma ? » Emma, tenant toujours leur nouvelle amie par la main, approcherait de son compagnon. « Bon anniversaire, mon chéri. » Et d’un geste, elle inviterait l’effeuilleuse à rejoindre John. Ses pensées, à partir de là, prenaient des tournures différentes selon les lieux, les jours, les heures. Parfois, elle imaginait cette superbe créature – que, dans son imagination, elle avait baptisée Linda – s’avançant vers son mari. Elle s’agenouillerait alors devant lui et sans un mot, ouvrirait son pantalon. John n’offrirait aucune résistance lorsque Linda le prendrait dans sa bouche. Dans cette version de l’histoire, Emma se contentait d’être spectatrice du plaisir que son mari prenait avec une inconnue. A d’autres moments, elle se voyait face à John, en train de découvrir du bout des doigts et de la langue le corps superbe de Linda. Pendant un long moment, les deux femmes se caresseraient, se toucheraient, s’embrasseraient, laissant le désir les submerger, avant de se tourner enfin vers le seul homme présent. Ce dernier, les sens en éveil, serait déjà prêt à tout pour les satisfaire. D’un même pas, les deux femmes avanceraient vers lui, le tireraient de son fauteuil et l’entraîneraient à leur suite dans la chambre du couple. Tout, ensuite, devenait possible. Le plaisir serait leur seul guide, leur seul but. Emma était troublée par les images que cette idée ô combien peu
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conventionnelle faisait naître en elle. Mais si elle était honnête avec elle-même, elle reconnaissait bien volontiers que de la fiction à la réalité, il y avait un pas qu’elle n’était pas sûre de vouloir – ou de pouvoir – franchir. Imaginer John en train de faire l’amour à une autre femme était une chose, le voir toucher et pénétrer l'une d'entre elles en était une autre. Les gestes qu’il avait pour elle, Emma, les mots tendres, les caresses si personnelles et douces… aurait-il les mêmes avec une inconnue ? Et elle, serait-elle capable de trouver excitant et normal la vision de son mari en train d’embrasser une autre femme devant elle ? Non, plus elle y pensait, plus elle devait reconnaître que si le fantasme était agréable, il y avait peu de chance pour que le passage à l’acte le soit. Elle repartit donc à la chasse aux idées. Offrir un livre personnalisé ? C’était de la dernière mode et tout le monde ne parlait que de ça. Évidemment, c’était très original et absolument personnel. Mais John lisait peu. Prendrait-il le temps de découvrir au fil des pages un nouveau héros – lui-même – prêt à bien des choses pour l’héroïne – que, bien sûr, elle se ferait une joie d’interpréter ? L’idée était à retenir, donc, mais Emma tenait vraiment à trouver quelque chose de spécial pour John. Quelque chose pour son plaisir à lui. Mais quelque chose qui prouverait son amour à elle. Dieu que c’était compliqué ! D’autant que John, lui, n’évoquait jamais l’approche de cette date anniversaire. Ce qui commençait à faire sacrément fulminer sa compagne, qui, elle, en perdait presque le sommeil. Après avoir passé une énième nuit à se tourner et se retourner dans tous les sens sans pouvoir dormir, Emma décida que tout cela allait vraiment trop loin. « Trop, c’est trop ! » déclara-t-elle à son propre reflet ce matin-là
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dans la glace. Elle avait les traits tirés, les yeux cernés et si elle continuait comme cela, John finirait par la quitter car elle ne ressemblerait plus à rien. Après tout, elle n’avait qu’à adopter le flegmatisme de son compagnon : il ne s’agissait que d’une date parmi d’autres, voilà ! C’est donc d’un pas guerrier qu’elle quitta l’appartement, bien décidée à passer à autre chose. Mais une fois arrivée au supermarché, ses pensées reprirent d’elles-mêmes le chemin qu’elles empruntaient jour après jour depuis maintenant des semaines. Impossible d’y échapper : il lui fallait faire quelque chose pour John, voilà tout. « Et zut ! Trouvons une call-girl ! » Ce n’est que devant l’air surpris et rébarbatif de son voisin de caisse qu’elle réalisa avoir parlé à voix haute. Elle rougit et plongea la tête dans son sac à mains pour dissimuler sa gêne. Il fallait vraiment qu’elle se ressaisisse avant que tout cela ne lui fasse définitivement perdre la tête ! Emma allait vite se rendre compte qu’il était plus facile de s’exprimer à voix haute dans un supermarché sur son envie de rencontrer une call-girl que de réellement faire connaissance avec l’une d’entre elles. Elle n’avait aucune idée de comment s’y prendre. Sarah, une fois encore, fut mise à contribution. « Ecoute, je te conseille ou les sites web ou les peep show ! Je ne vois que ça ! » Cela tombait sous le sens. Emma choisit de se concentrer dans un premier temps sur les sites web. Cela lui semblait plus facile que d’entrer dans un peep show et de demander de but en blanc à l’une des danseuses ce qu’elle avait prévu de faire le deux septembre. Bien sûr, ce jour-là, il faudrait bien prendre un peu sur soi et participer à cette folle nuit de débauche, mais d’ici là, Emma préférait faire les choses à son rythme.
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La surprise qui l’attendait lorsqu’elle tapa « escort girl » sur son moteur de recherche habituel était de taille : les sites pullulaient, les filles osaient les photos dénudées, les services s’offraient sans dissimulation. Et même si tous ces sites précisaient expressément que, si relation sexuelle il y avait, cela n’avait rien à voir avec la prestation chiffrée mais tenait de la relation entre adultes consentants, tout cela sentait quand même la prostitution non déguisée. De clics en clics, Emma passait des photos de Krystie à celles de Noémie, des seins de Patricia à ceux de Laurie, du sourire de Vanessa au petit bout de langue de Karen. Elle en avait le tournis. Certaines photos étaient si explicites que les services offerts par « l’accompagnatrice de charme » ne faisaient vraiment aucun doute. Les tarifs semblaient être à la hauteur des prestations. Jusqu’à 2 000 euros la nuit ! « A ce tarif-là » grommela Emma, « je ferais aussi bien de nous offrir un week-end à Venise ! » Mais elle savait bien qu’elle n’en ferait rien. Elle n’arrivait déjà plus à quitter son ordinateur et ces listes sans fin de femmes plus belles les unes que les autres. Il y avait Louna, 29 ans, à la poitrine naturellement généreuse et qui aimait Maupassant. Il y avait Amber, dont les cheveux blonds descendaient jusqu’à couvrir ses fesses et qui avait beaucoup voyagé en Inde et en Asie. Il y avait Célia, brune au regard de braise et prête « à tout ce qu’il vous plaira pour donner du plaisir. » Et il y en avait tellement d’autres ! Emma découvrait avec surprise qu’elle aurait aimé toucher la peau de certaines d’entre elles, et que oui, les caresser lui faisait envie. Elle était aussi étonnée par les âges affichés. Elle avait cru jusque-là que ne s’offraient, ne se vendaient, que les corps jeunes, à la peau douce, que les ans n’avaient pas marquée. Il n’en était rien. Elle pouvait donner à John, à son couple, un homme ou une femme de plus de cinquante ans si tel était son désir.
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Elle passa ainsi de nombreuses heures à plonger dans l’intimité factice de femmes qu’elle ne rencontrerait probablement jamais. Elle joua avec l’idée de s’offrir un rendez-vous, un seul, en tête-àtête, afin de vérifier si la femme choisie était bien celle qu'il lui faudrait le deux septembre. Elle imagina la rencontre avec Ashley, de toutes sa préférée. Elle avait un air réservé et un sourire coquin, de courts cheveux roux et une poitrine qu’on avait envie de prendre dans ses mains. Elle précisait sur sa fiche qu’elle avait grandi à Paris mais qu’elle avait choisi un temps de vivre aux Etats-Unis où elle avait poursuivi une formation en danse contemporaine à la Julliard de New York, une école si prestigieuse qu'Emma avait toujours pensé qu’elle n’existait peutêtre même pas pour de vrai ! Emma se voyait dans une chambre anonyme d’un palace parisien, attendant Ashley, entre impatience et crainte. On frapperait à la porte. Elle irait ouvrir. Ashley serait là, dans un strict tailleur bleu nuit qui cacherait le porte-jarretelles de soie et elle entrerait en lui serrant la main d’une manière toute protocolaire. « Bonjour, vous devez être Emma ? - Oui, entrez, je vous en prie. » A l’aise, Ashley s’installerait dans un fauteuil et croiserait ses longues jambes recouvertes de bas noirs. « Dites-moi tout, Emma, je suis là pour ça. » Alors, Emma expliquerait son désir à Ashley, en faisant les cent pas devant elle. Lorsqu’elle aurait fini, Ashley se lèverait et viendrait à elle. « Je crois que vous avez besoin d’être rassurée sur la qualité de mes prestations. Venez-là. » D’un geste, elle attirerait Emma à elle. Leurs bouches se mêleraient. Celle d'Ashley serait douce et chaude. L’escort-girl prendrait Emma dans ses bras et commencerait tout doucement à lui caresser le dos, les fesses. Emma se collerait un peu plus à Ashley, gémissant de désir. Alors, Ashley l’entraînerait à sa suite sur le lit, où elles se déshabilleraient, maladroites, tout en continuant de s’embrasser. Puis, Ashley roulerait sur le dos. 15
« Regardez-moi bien Emma. Pensez-vous que mon corps plairait à votre homme ? » Emma se plongerait alors dans la contemplation de ce corps de femme, parfait. La taille bien dessinée, la courbe du ventre, l’arrondi de la cuisse, les seins aux pointes tendues… Tout, chez Ashley, appelait au plaisir des sens. Emma ne téléphona jamais à Ashley. Elle lui préféra Vanessa. Car si Ashley lui plaisait, elle savait que Vanessa était exactement le type de femme qui ferait chavirer John. Une femme de papier glacé, blonde, la bouche un peu refaite, la forte poitrine, une femme comme celles que les hommes regardent jouer dans les pornos américains, qu’ils rêvent de prendre un jour eux aussi mais qu’ils ne rencontrent jamais dans la vraie vie. Pour une nuit de rêve, il fallait une femme de cinéma, cela ne faisait pas de doute. Emma appela donc Vanessa. La voix était rauque de trop de cigarettes, de trop de nuits blanches. Cela plut à Emma. Cela renforçait ce côté mauvaise fille qui l’avait attirée sur le site web de l’escort-girl. « Bonjour, je vous appelle car je tenais à organiser quelque chose de spécial pour mon homme, pour notre anniversaire de rencontre. » Seule une toux sans élégance lui répondit. Emma tenta de ne pas perdre pied. « Voilà… Heu… En fait… Comment dire… » Soudainement, elle se rappelait que le site de Vanessa ne parlait que de dîners accompagnés et qu’il était tout à fait possible que cette escort-girl là ne fasse rien de plus que de manger. « Vous voulez un truc à trois, c’est ça ? » Emma se sentait rougir. Une vraie cruche, pensa-t-elle. « Eh bien oui, enfin, je veux dire… - C’est 400 euros l’heure. Et je ne couche jamais la première. »
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Devant tant de certitude, Emma se rebella. Quoi, jamais la première ? Cette Vanessa s’imaginait-elle que John et elle-même étaient si repoussants qu’une heure de mise en route serait nécessaire ? « C’est une habitude ou une règle d’or ? » s’entendit-elle répondre. « L’expérience, ma petite, l’expérience… » lui déclara dans un rire de gorge la blonde artificielle. « Très bien, nous verrons une fois sur place ! » Et elle lui donna rendez-vous dans la chambre d’hôtel qu’elle avait réservée pour l’occasion. Lieusaint, le deux septembre Elle avait demandé à John de venir la rejoindre chez Big Fernand, restaurant qu’ils aimaient bien, où ils avaient leurs habitudes. Elle avait pris soin de revêtir une guêpière La Perla qui mettait particulièrement en valeur ses seins. Elle se sentait belle et désirable et la soirée qui s’annonçait était pleine de promesses. Bien sûr, elle avait un peu peur. Mais le plaisir qu’elle attendait de la nuit avait pris le pas sur tous ses autres sentiments. Ses talons hauts claquaient sur le pavé gris. Lorsqu’elle poussa la porte du bar, il lui sembla que tout le monde se retourna pour la regarder et que tous les hommes la désiraient. Elle se sentait comme nue sous leurs regards. John était là et lui souriait. Elle s’approcha. « Tu es superbe. - Toi aussi. » Il portait un complet sombre sur une chemise rayée. L’ensemble était élégant, empreint d’une classe qui n’avait jamais laissé Emma indifférente. « On dîne ? - Non, je te kidnappe ! » déclara Emma en agrippant la main de son compagnon. Il se laissa faire en riant.
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« D’accord ! Mais je meurs de faim ! » Emma avait tout prévu. Vanessa les attendait dans la chambre, vêtue comme une soubrette. Elle allait leur servir à dîner. Et se faire tentatrice à chaque passage de plat. Le scénario n’était pas le plus original du monde, non, mais Emma comptait bien sur le fait qu’il reste inoubliable. Il était même convenu que John aurait les yeux bandés et que les deux hôtes, à tour de rôle, le nourriraient. Qu'il devrait, de la langue, venir chercher sa substance à leurs lèvres. Emma sourit en se demandant si son compagnon serait capable de deviner quelle bouche le rassasiait. Elle l’avait imaginé, mal à l’aise au départ, puis excité ensuite par les caresses de ces quatre mains sur ses cuisses, sur son buste, sur ses joues. Elle avait hâte de le sentir en elle, dur. Elle était impatiente, aussi, de découvrir Vanessa, dont elle n’avait vu que les photos. Elle se la représentait, jambes écartées, accrochée à la table du dîner, pendant que John la pilonnait et qu’elle-même faisait courir ses doigts sur leurs deux corps unis par le sexe de son homme. Lorsqu’ils poussèrent la porte de la chambre, Vanessa était déjà là, dans sa tenue de soubrette, véritable invitation au plaisir. Sa poitrine tentait de s’échapper de son bustier étroit à chacun de ses gestes. Elle portait une courte jupe bleu marine et des chaussures à hauts talons, mais rien de démesuré : il fallait bien qu’elle puisse porter les plats sans encombre. Tout son corps, son maintien, étaient une invitation à la luxure, à la débauche de sens. Rien qu’à la voir ainsi, le champagne dans une main et le sourire aux lèvres, on avait envie de l’embrasser et de la toucher. Partout. John était entré et s’était figé devant la belle plante. Emma s’amusa de la perplexité, de la surprise, de l’étonnement qui se jouaient sur ses traits. Elle s’approcha de lui, se dressa sur la pointe des pieds et l’embrassa doucement, ses lèvres effleurant à peine celles de son compagnon.
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« Bon anniversaire mon chéri. -… C’est notre anniversaire ? Mais, mais… Je croyais que c’était dans deux jours ! Moi aussi j’ai prévu une surprise ! » Et John l’attira dans ses bras… « J’ai invité Paolo à nous servir un dîner… » Emma éclata de rire. « Nous aurons donc droit à deux festins le même mois ! En attendant mon chéri, je t’invite à profiter de celui-là… » Vanessa s’approcha alors : « Donnez-moi votre manteau et votre pantalon, Monsieur, je vais vous débarrasser. » John s’inclina, le sourire aux lèvres. « Mais avec grand plaisir ! » Et il s’exécuta, sans aucune gêne, prêt à se livrer à toutes les fantaisies que sa femme aurait imaginées pour lui. Il était déjà comblé : Vanessa était la représentation vivante de ses fantasmes les plus fous. Il était impatient de la voir toucher Emma, impatient de goûter à sa peau, impatient de sentir sa bouche sur son corps. Oui, cet anniversaire serait inoubliable, cela ne faisait pas de doute.
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Le voyage
Le soleil brillait de cet éclat qu’il n’y a que dans les Caraïbes. La lumière brûlait les yeux de John alors que pieds nus dans le sable, il regardait un catamaran s’éloigner de la côte. Torse nu, pieds nus, cheveux au vent… Il n’avait plus rien du sérieux cadre en assurances qu’il était dans la vraie vie, lorsqu’il n’était pas en vacances sur une île paradisiaque. Il sourit. Quelle idée merveilleuse avaient-ils eue avec Emma de venir passer Noël au soleil. Loin du froid, des chutes de neige, des conflits sociaux, et même, loin des cadeaux à foison, des repas sans fin, des fêtes de famille ! C’était là un Noël hors du temps, une parenthèse bienvenue dont ils profitaient pleinement. En cette saison, ils n’étaient pas les seuls à rêver de quitter la grisaille et l’hiver européen pour une semaine ou deux dans l’hémisphère sud. John avait tout de même le sentiment d’être vraiment privilégié en ayant réussi à faire de ce rêve une réalité. Ils avaient choisi la destination avec soin : des plages et du soleil certes, mais rien non plus de trop tape-à-l’œil. Ils n’avaient pas envie de se retrouver dans une sorte de club où tout était organisé à l’avance et qui leur semblerait idéal pour le tournage des Bronzés 4 ! Ils voulaient de l’intimité, une chambre avec un grand 20
ventilateur au plafond qui ferait frémir la moustiquaire entourant le lit, un service parfait mais discret, du monde mais pas trop… Bref, ils cherchaient leur petit coin de paradis à eux. On leur conseilla la Thaïlande pour les bas prix des séjours, Bali pour l’animation et les soirées festives, les Caraïbes pour le rhum et les plages. En riant, Hugo, un de leurs amis les plus proches, avait fait remarquer : « Franchement, si vous ne voulez pas être dépaysés, choisissez les Antilles françaises ! Vous tomberez forcément au milieu d’un mouvement de grève, ça ne vous changera pas. » Ils avaient souri, l’avaient remercié et avaient bien pris note de ne s’envoler que pour l’étranger. La France, le temps de ces vacances de rêve, ils tenaient à la quitter. Ils hésitèrent un long moment entre Cuba et la République dominicaine. Mais ils n’avaient aucune envie d’être parqués dans des zones conçues spécialement pour les touristes, ce qu’ils craignaient particulièrement à Cuba, et ils renoncèrent à la République dominicaine après la diffusion d’un reportage où l’on expliquait que la plupart des guides sur place ne rêvaient que d’une chose : tomber sur une Blanche qui succomberait à leurs charmes et subviendrait ainsi à leurs besoins. Ils finirent par se décider pour la Barbade, un peu par hasard. Le fait que l’île ait été britannique et qu’on y parle anglais favorisa leur choix. Et puis, d’après les divers blogs et sites Internet qu’ils consultèrent, la Barbade offrait aux touristes quatre côtes très différentes les unes des autres et il était donc impensable de ne pas y trouver son bonheur. Entre les plages de surf de la côte est, la nature à l’état brut de la pointe nord, le confort et le luxe de l’ouest et le tourisme plus populaire du sud, il y avait le choix. « Et si nous n’en faisions aucun ? » demanda un soir Emma, après qu’ils eurent pris leurs billets et fêté ça lors d’une soirée mémorable où ils finirent par faire l’amour dans la baignoire, l’eau débordant copieusement à chaque coup de reins. Emma avait joui dans un cri et son plaisir avait provoqué celui de John. 21
Ils avaient quitté le champ de bataille sans un regard en arrière, ivre de vin et de bonheur, et laissant aux lendemains qui chantaient rarement le soin de tout remettre en ordre. Cette nuit-là, donc, Emma avait suggéré qu’ils passent d’une côte à l’autre, d’un lieu à l’autre, plutôt que de se poser pour la semaine dans un hôtel dont ils ne sortiraient probablement pas. Car, avait-elle fait remarquer fort judicieusement, s’il s’agissait juste de s’enfermer dans une chambre pour y faire l’amour, ils pouvaient tout aussi bien rester chez eux ! John approuva son idée avec enthousiasme. Il avait toujours aimé découvrir de nouveaux lieux, faire de nouvelles rencontres, comme lors de leurs dernières vacances en Bretagne. Et voilà comment, ce vingt-cinq décembre au matin, John s’était réveillé à six heures et était sorti sans bruit de leur chambre pour aller faire quelques pas sur la plage de Bathsheba, où ils se trouvaient alors. Le père Noël l’avait vraiment gâté cette année-là, il devait bien le reconnaître... Le couple était arrivé à la Barbade le 15 décembre et s’était immédiatement félicité pour son choix. La gentillesse des habitants, la douceur du climat, la beauté de l’île, tout, vraiment tout, les poussait au dépaysement. Pourtant, les premiers jours avaient été un peu décevants. La côte sud était très touristique, trop à leur goût, et les bars qui déversaient de la musique fort tard dans la nuit ou offraient moult écrans géants avec vue sur football américain ne leur avaient pas plu. Cette débauche sans élégance, ces corps trop rosis par le soleil, ces regards rendus vitreux par la Banks, bière locale, tout les avait poussés à fuir plus vers l’ouest. Là, l’ambiance était autre, plus luxueuse. On ne voyait que de minces jeunes filles à la peau blanche et de jeunes garçons en teeshirts de polo, des stars et starlettes ravis d’être photographiés par des paparazzis qui se cachaient à peine. Les plages étaient
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superbes, certes, mais l’ambiance, une fois encore, n’était pas celle que recherchaient John et Emma. Ils voulaient quelque chose de plus pur, de moins abîmé. Ils voulaient quelque chose de fort et de sauvage. Et c’est donc sur la côte est, battue par l’Atlantique, qu’ils trouvèrent leur bonheur. Là, des surfeurs de tous les horizons louaient de petites cases aux couleurs lavées par le sel de la mer. Cette dernière rugissait, ses vagues se brisaient sur des rochers aux contours étranges et le silence, jamais, ne se faisait entendre. John et Emma dégotèrent une petite chambre dans une de ces maisons de surfeurs, s’y installèrent et n’en partirent plus. Ils se laissaient glisser dans cette atmosphère hors du temps, et tout comme leurs compagnons de vacances, ne vivaient qu’au rythme des vagues et des marées. Ils faisaient l’amour comme on ne le fait qu’en vacances, lorsque le corps et l’esprit sont à l’abandon et qu’on s’offre et s’ouvre à l’autre sans crainte, sans retenue. C’était une merveille de se retrouver ainsi, de prendre le temps de longs et doux préliminaires, de goûter des heures durant à la peau de l’autre, gorgée de soleil et du sel de la mer. Emma osait des gestes, des mots. John tentait de nouvelles positions. Ils étaient heureux et vivaient un peu comme des Robinson, enfilant jour après jour le même tee-shirt, la même robe avant de quitter leur petite chambre pour se joindre aux autres pour le petit déjeuner. Il y avait là Ralph, un Australien à la peau tannée par le soleil et aux cheveux blondis par la mer ; Maria, une Italienne au regard de feu et au corps souple comme une liane ; Brad, un Britannique d’une trentaine d’années qui avait fait ses études à Oxford et tout quitté pour le surf et Rick, un Américain de 19 ans, taciturne et renfermé, qui ne souriait qu’à la mer et encore, pas tous les jours. Tous s’étaient rencontrés autour de leur passion commune pour le surf. Avant leur première vague de la journée, ils parlaient peu,
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n’échangeant que des informations essentielles comme la force du vent ou le coefficient de marée. John et Emma s’étaient adaptés à ce mode de vie et respectaient les usages en cours dans la maison. Ainsi, ils n’avaient pas tardé à constater que Maria passait d’un lit à l’autre sans que personne ne semble vraiment s’en formaliser. Cela les avait amusés, choqués aussi un peu, malgré tout. Puis, ils avaient essayé de comprendre comment fonctionnait la maisonnée autour de ce libre amour. Maria était-elle celle qui choisissait son amant de la nuit à venir ? Y avait-il des tours aussi bien organisés que la marée elle-même ? Maria était-elle une récompense pour celui qui avait le mieux surfé ce jour-là ? Si ces questions les avaient d’abord fait rire alors qu’ils se balançaient nonchalamment dans le hamac attaché aux cocotiers échevelés qui entouraient la maison, John et Emma ne tardèrent pas à se rendre compte qu’ils trouvaient la situation excitante. De plus, les murs de la petite case n’étaient pas assez épais pour préserver l’intimité de tous, et lorsque Maria se donnait à l’un ou l’autre de ses compagnons, il était difficile de prétendre ne rien entendre. La première fois, Emma rougit en évitant de regarder John. Elle continua de l’embrasser comme si de rien n’était, avant de descendre le long de son corps pour éviter de croiser son regard. Ce fut lui qui l’interrompit d’un geste. « Tu entends ? » Il était absolument impossible de prétendre le contraire ! Emma opina donc. « Oui. - Viens là » lui intima John d’une voix douce, en la prenant dans ses bras de manière à ce qu’elle se place tout naturellement sur son sexe dressé. C’est sans même s’en rendre compte qu’ils adoptèrent le rythme de Maria et de son amant. Les soupirs des deux couples en vinrent à se mêler et les deux femmes se laissèrent emporter par le plaisir en même temps. Emma en était encore à tenter de reprendre son souffle que la 24
porte de la maison claquait. Maria partait chevaucher un autre genre de vague. Ils ne réussirent jamais à savoir qui avait été avec elle cet aprèsmidi-là. Les jours coulaient donc doucement et tendrement, entre balades à la plage toute proche, baisers échangés fougueusement dans les vagues et caresses plus ou moins poussées à tout instant. John et Emma se sentaient en permanence excités. John n’avait de cesse de toucher les seins de sa compagne à la moindre occasion, ce qui ne manquait pas de la précipiter dans ses bras pour le dévorer de baisers. Il savait qu’elle aimait particulièrement lorsque ses doigts ne faisaient qu’effleurer sa peau et il ne perdait pas une occasion de se livrer à ce petit jeu. Il effleurait son dos, la chute de ses reins, la naissance de son cou, pianotait délicatement sur ses fesses, parfaites, remontait vite sur un bras, redescendait sur l’autre, et c’était comme si s’allumait à son passage sous la peau de sa compagne des milliers de petites lumières douces. Emma, quant à elle, n’hésitait pas sous un prétexte ou sous un autre à souffler légèrement dans l’oreille de son amant, ce qui l’avait toujours rendu fou de désir. John, alors, saisissait sa main pour la porter sur son sexe dur, lui prouvant ainsi combien il appréciait son geste. Elle gémissait en le touchant, souhaitant, une fois encore, le sentir en elle. Le couple, lorsqu’il ne faisait pas l’amour, ne rêvait donc qu’à une seule chose : se livrer à de nouvelles joutes amoureuses. Le soir, les surfeurs rentraient dès le coucher du soleil. On écoutait de la musique sur un vieux poste abîmé, du reggae le plus souvent, en ouvrant des bières, encore et encore. Ils racontaient les vagues et en parlaient comme de vieilles connaissances, des amies sympas mais parfois capricieuses. Il arrivait que l’un d’eux effleure la hanche ou les fesses de Maria qui semblait ne rien remarquer et ne s’en offusquait jamais.
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Puis, chacun leur tour, ils allaient prendre leur douche pendant que John lançait le barbecue. Un soir où Emma était à son tour rentrée dans la maisonnette pour y chercher un gilet, elle n’avait pu faire autrement que de voir Maria et Brad en train de faire l’amour sous la douche. Ils avaient laissé la porte ouverte et Emma se figea devant le spectacle qu’offraient leurs corps nus. Maria avait noué ses jambes autour des hanches de son partenaire qui semblait la maintenir en lévitation sans difficulté. L’eau ruisselait sur leur peau où le bronzage avait inscrit une marque nette et franche. Brad pilonnait sa compagne, la tête renversée en arrière, les yeux clos. Elle, semblait reposer légèrement dans ses bras et seul le tremblement qui agitait son corps témoignait de son plaisir. Emma n’arrivait pas à détacher son regard du corps de Brad. Il était parfait, absolument parfait. Un corps comme on en voit à la télé, dans des pubs et sur des images qu’on pense être retouchées. Elle avait envie de s’approcher et de le caresser, ne serait-ce que pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. Le claquement de la moustiquaire dans son dos la tira de sa contemplation et elle se précipita dans sa chambre à la recherche de son pull, soucieuse de ne pas être surprise en flagrant délit de voyeurisme. Lorsqu’elle ressortit quelques instants plus tard, la porte de la salle de bain était fermée. La vision du corps de Brad l’avait vraiment troublée. Cette nuit-là, elle ne résista pas à l’envie d’en parler à John, sans pour autant aborder le sujet directement. « Tu la trouves comment, toi, Maria ? » John répondit sans avoir besoin d’y réfléchir trop longtemps. « Bandante. » Emma se souleva sur un coude, dans l’espoir de pouvoir déchiffrer l’expression du visage de son amant dans le clairobscur.
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John reposait sur le dos, les yeux fermés. Une esquisse de sourire flottait sur ses lèvres. Emma se pencha pour l’embrasser. De doux et tendre, leur baiser se fit vite passionné. Le désir, encore, les reprenait. C’était comme si cette île était enchantée, comme si y faire l’amour, être offert à l’autre, était un état normal, permanent. John était déjà dur lorsqu'Emma le prit dans sa bouche. Il gémit. « Doucement, doucement, tu vas me faire jouir. » Elle releva la tête. « Imagine Maria en train de te sucer », chuchota-t-elle. Le sexe de John se fit plus dur encore et Emma sourit en baissant de nouveau la tête. Vingt minutes plus tard, ils discutaient à voix basse entre deux baisers. John, comme à son habitude, avait allumé une cigarette. « Dis donc coquine, qu’est-ce qui t’a pris de parler de Maria ? C’est cochon comme tout cette idée ! Et toi, d’ailleurs, il y a un garçon qui te plaît plus que les autres dans la troupe ? » La vision du corps de Brad s’imposa à Emma. Un soupir de désir s’échappa de sa poitrine. « Brad… je crois. - Tiens, c’est rigolo, j’aurais cru que Rick était plus ton genre. Il a tout du surfeur d’une pub pour Quicksilver ! - Oui, c’est vrai… » reconnut Emma. « Mais Brad a quelque chose… de bestial en lui. » John sentit le désir renaître une fois encore en lui en imaginant celui que sa femme pourrait provoquer chez son colocataire. « Ah ouais ? Et si Brad était avec toi, dans ce lit, tu aimerais qu’il te fasse quoi ? » Emma se colla un peu plus à John. « Hum… Je crois que pour commencer, j’aimerais qu’il caresse doucement tout mon corps. » John s’empressa de caresser sa femme, doucement comme elle le souhaitait, du bout des doigts. Emma ferma les yeux et poursuivit
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dans un murmure : « J’étais sûre que Brad caressait bien… J’aimerais qu’il m’embrasse sur les seins, le ventre et qu’il me goûte du bout de sa langue… Et puis, je me mettrais à quatre pattes, comme ça » ditelle en joignant le geste à la parole, « et j’attendrais qu’il me prenne. » Le plaisir qu’ils eurent de cette petite mise en scène fut immense. Le fait de pouvoir partager l’attraction qu’ils éprouvaient pour un autre était grisant. Elle ne remettait pas leur relation en cause, c’était comme de dire « je donnerais tout pour une nuit avec Johnny Depp », il n’y avait là qu’un fantasme, un rêve, l’idée que cet homme ou cette femme que l’on trouvait attirant saurait nous combler de désir aussi bien que notre partenaire, qui nous connaissait parfaitement. Mais dès le lendemain, John alla plus loin. Il n’aurait pas pensé demander cela un jour à Emma, cela lui aurait semblé insensé n’importe où ailleurs que sur cette île, et pourtant, il s’entendit lui dire après le petit déjeuner alors qu’ils avaient rejoint leur chambre : « Et si nous le faisions vraiment ? » Emma le regarda sans comprendre. « Faire quoi vraiment ? - Si nous faisions vraiment l’amour ensemble mais avec eux ? » Elle secoua la tête. « Je ne comprends pas ce que tu veux dire. » « Emma, voyons ! Si nous demandions à Maria et Brad de nous rejoindre dans notre lit ? » Emma rougit, sourit, ses jolis yeux verts et bruns s’éclairant d’un nouvel éclat. « Tu plaisantes ? » John rougit à son tour. « Ben non… Enfin, je veux dire, je ne sais pas, je n’ai jamais eu une idée pareille avant, mais là, je ne sais pas… Ça doit être la
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bière locale qui me donne des idées bizarres ou le vent ! Enfin, oublie ça. - Ah mais non ! Pas question ! » s’emporta Emma dans un éclat de rire. « Je reconnais bien volontiers que cette île développe une magie qui lui est propre et ton idée me semble… intéressante ! » John se redressa. « Vraiment ? - Je n’y aurais peut-être pas pensé moi-même, je dois bien le reconnaître, mais puisque tu en parles, l’idée de faire ça » et elle embrassa le téton droit de John, « et ça » et elle passa au gauche, « et puis encore ça » sa main descendit sur le sexe de son compagnon « à un autre que toi pendant que tu regardes… ou participes, me semble très très excitante. » John rit, l’embrassa fougueusement et la renversa une nouvelle fois sur le lit. Emma ne tenait pas à réfléchir aux conséquences que la réalisation de leurs fantasmes pouvait entraîner. Elle se sentait autre, différente, sur cette côte de la Barbade qui lui donnait le sentiment d’être arrivée au bout du monde. Elle se disait qu’il serait bien temps de réfléchir une fois rentrée dans le quotidien glacé d’un mois de janvier à Paris. John partageait son opinion. Ils étaient en vacances, c’était le moment de faire ce qui leur plaisait, quand cela leur plaisait. Même les choses les plus folles. Ils passèrent l’après-midi à inventer les scénarios les plus farfelus pour convaincre leurs futures conquêtes, en eurent des fous rires mémorables et firent l’amour, encore et encore. Le soir venu, ce fut John qui prit les devants. C’était la veille de Noël. Du vin de piètre qualité avait remplacé la bière. John et Emma avaient fait le marché, se fournissant auprès des pêcheurs pour que king fish, flying fish et mahi-mahi, espèces locales des plus savoureuses, ornent leur table de réveillon.
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John, comme tous les soirs, s’activait près du barbecue. Mais dès que Maria passa près de lui, il la retint par le bras. « Tu pourrais m’aider ? » Elle lui sourit gentiment. Elle était plus belle que jamais dans une robe blanche toute simple qui mettait son bronzage en valeur. D’un geste naturel, elle lui caressa le bras. « Bien sûr, John. » Il en profita pour lui retourner la caresse comme si de rien n’était. « Merci, bon, tu peux surveiller la cuisson ? Je vais chercher les citrons verts à l’intérieur. - Comme ça ? » Pour lui montrer le geste juste, John passa derrière elle et prit chacune de ses mains dans les siennes. « Non… Tu vois, plutôt comme ceci… » Il était maintenant collé à elle et sentait l’odeur si particulière du beurre de karité dont elle s’enduisait généreusement le corps à chaque retour de la plage. La belle Italienne se laissait aller contre le corps de John, naturellement. Puis, elle tourna la tête vers lui, ses lèvres venant effleurer les siennes. « Et ta femme ? Elle n’aime pas faire la cuisine ? » John ferma à demi les yeux, luttant contre le désir que Maria faisait naître en lui. Il aurait été prêt à la saisir, à lui arracher sa robe et à la prendre, là, tout de suite, contre le premier cocotier venu. « Ma femme est à la recherche de nouveaux ingrédients elle aussi et ne devrait pas tarder à nous rejoindre. » Maria embrassa légèrement John, dans un sourire. « Alors, cette soirée promet d’être particulièrement épicée. » Le dîner avait été étrange. Brad et Emma se caressaient du bout des orteils sous la table pendant que John et Maria s’effleuraient, se frottaient, se touchaient légèrement, comme par inadvertance mais avec naturel.
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Très vite, Rick avait quitté les lieux, annonçant qu’il avait été invité à une soirée dans une case, là-bas, plus loin. Ralph avait alors allumé une cigarette, une lueur amusée dans le regard. Il se demandait bien comment les choses allaient tourner entre les quatre autres. Il n’eut pas longtemps à attendre. A peine Rick eut-il tourné les talons que, sans plus se soucier de la moindre convenance, Emma disparut sous la table. De son côté, John avait baissé les bretelles de la robe de Maria, dévoilant sa petite poitrine ferme qui brillait sous l’éclat de la lune. L’Italienne renversa la tête en arrière, ses longs cheveux venant couvrir ses épaules comme une étole de prix. John se pencha vers elle et prit un téton dans sa bouche, délicatement. Maria frémit et sa main vint se perdre dans les cheveux de son amant. Aucun des couples nouvellement formés ne tenait visiblement à rejoindre le confort de son lit. Maria fut la première à noter la présence de Ralph. Elle chevauchait alors John, qui n’avait toujours pas bougé de sa chaise. Elle lui sourit et d’un signe de la main, l’invita à les rejoindre. Le surfeur ne se le fit pas dire deux fois. Tout en embrassant John, Maria caressait le sexe de Ralph à travers la toile du jean. Emma de son côté, était appuyée sur la table pendant que, comme dans son fantasme, Brad la pilonnait par derrière. Elle regardait John et Maria, et leur plaisir décuplait son excitation. Elle savait que la jouissance ne se ferait plus attendre longtemps. John fut le premier à venir, lorsqu’il vit la langue de Maria s’enrouler autour du sexe de Ralph. Sa jouissance entraîna celle de sa partenaire. Elle cria. Ralph éjacula alors dans les mains de l’Italienne, qui offrit au gland australien un dernier petit coup de langue. De son côté, Emma était au nirvana, et le gémissement qui s’échappa de sa poitrine ne laissa aucun doute sur l’étendue de son plaisir. Brad donna un dernier coup de reins avant de se retirer d’elle et d’éjaculer. Son foutre se mit à ruisseler sur les reins de la 31
Française, qui n’avait pas changé de position. Ce fut John qui vint vers elle et l’embrassa amoureusement. Ils s’accrochèrent l’un à l’autre, comme deux naufragés. Cette histoire, cette nuit si spéciale n’appartenaient qu’à eux seuls. A l’aube de ce vingt-cinq décembre, John avait donc quitté un lit où s’enchevêtraient les corps, pour une marche solitaire le long de la plage. Tout était comme la veille à la même heure. Et pourtant, rien n’était plus pareil. Il sourit, écouta encore un moment le bruit des vagues venant se casser sur les rochers, puis fit demi-tour pour rejoindre la case. Il n’avait qu’une envie : emmener sa femme pour un déjeuner de réveillon dans un restaurant chic de l’île. Il avait réservé la table pour 13 heures, lui préparant la surprise. Ensuite, ils reviendraient faire la sieste. Ses pensées se tournèrent alors vers la semaine qui les attendait. Le 31, ils fêteraient la nouvelle année dans l’avion qui les ramènerait vers la France. « Qui sait, » se dit-il, « la nuit à bord y sera peut-être aussi mouvementée que celle que nous venons de passer… » Devant lui se dressait la case. Sur le seuil, Emma le regardait avancer vers elle, souriante. C’est en courant qu’il franchit les derniers mètres qui le séparaient d’elle.
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La Saint-Valentin
John paressait sur le divan du salon. Il regardait un grand prix de Formule 1 à la télévision, son coupé. La vitesse des bolides le fascinait. Dans une semaine, on fêterait la Saint-Valentin. Le temps filait trop vite. Hier, Noël, demain, déjà, la fête des amoureux. Ce qui, bien évidemment, l’amena à penser à "Ma Douce", Emma. Leur relation semblait si douce, si naturelle. C’était tout bonnement merveilleux d’être avec une femme pareille. Il n’aurait pas cru cela possible. Chaque journée qui passait les rapprochait encore un peu plus l’un de l’autre. Et si la vie quotidienne était agréable, le sexe, lui, était… incroyable. Leurs corps étaient faits l’un pour l’autre, se reconnaissaient, s’aimaient, s’emboîtaient, leur procurant un plaisir intense qui ne faiblissait pas au fil du temps. Au contraire. Il se souvenait parfaitement bien de leur première nuit, de la découverte de son corps. Ses seins fermes ; ses hanches, si douces sous ses caresses ; la courbe de ses reins, ses fesses parfaites… Ils s’étaient beaucoup embrassés, beaucoup touchés, passant d’un état de veille à celui de somnolence jusqu’à ce que le désir les pousse de nouveau l’un contre l’autre. Puis, dans les premières heures du jour, John n’y avait plus tenu et s’était introduit en elle. Il y avait un seul mot pour décrire ce qu’il avait alors éprouvé :
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magique. Chaque millimètre de sa peau au contact de celle d'Emma semblait s’enflammer. Il voyait des étoiles, un feu d’artifice, et dans toute cette lumière, le sourire d'Emma, un sourire heureux. Leur plaisir avait été intense. Ils s’étaient alors endormis pour quelques heures avant que, de nouveau, leurs corps aspirent à se rencontrer, à s’épouser. Cela faisait maintenant Deux ans qu’ils vivaient leur histoire, et ce désir était toujours là, intact. John se leva, éteignit la télévision sans un dernier regard pour la course automobile, et se dirigea vers la cuisine. Il mit la bouilloire en route. Il avait envie de boire un café bien chaud. Il faisait définitivement trop froid, cette année. C’était insupportable. Il n’aimait pas vraiment l’hiver. Il préférait le printemps, l’été, quand les gens retrouvaient le sourire et les femmes des robes plus courtes. Il les regardait passer, fières, les jambes nues et le bas de leurs jupettes fouettant leurs cuisses bronzées. Des amazones, voilà ce qu’elles devenaient alors. Mais l’hiver… On ne devinait que des yeux fatigués et des traits tirés sous le maquillage, derrière le bonnet ou l’écharpe, les cols de manteaux relevés. On sentait comme une inquiétude dans l’air. Les femmes se renfermaient sur leurs soucis du quotidien, arriver à l’heure à l’école, au bureau, s’assurer que les radiateurs fonctionnaient bien, qu’il y aurait assez de couvertures à la maison si l’électricité venait à défaillir. Elles courbaient les épaules, comme si le poids de la neige venait à s’y poser. Elles regardaient au sol, leurs chaussures abîmées par la neige, la pluie. Elles n’étaient plus disponibles. La bouilloire fit entendre son sifflement caractéristique, le sortant de sa rêverie. John passait beaucoup de temps à observer les femmes, dans la rue, les magasins, les transports en commun. Mais toutes n’étaient en réalité, à ses yeux, que des clones
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de Emma. C’était elle, partout, qu’il croyait voir. Si une belle brune marchait devant lui, il ne pouvait s’empêcher de se dire « tiens, cette coiffure irait bien à Emma » par exemple, ou « tiens, Emma aimerait beaucoup cette écharpe ». Il ne s’en rendait même pas compte et si on le lui avait fait remarquer, il aurait probablement ri en haussant les épaules. Il mit deux cuillères de Nescafé dans sa tasse, versa l’eau chaude et se mit à touiller le tout en regardant pensivement par la fenêtre. Il portait ce jour-là un épais pull à col roulé bleu marine qui lui allait particulièrement bien et qu'Emma adorait. Son jean avait connu des jours meilleurs, mais on était dimanche et son seul programme du jour était de traîner à la maison. Il frissonna légèrement. Dehors, le temps avait l’air, une fois de plus, de tourner à la neige. Vraiment, il n’y avait rien d’autre à faire que de rester douillettement chez soi. John rejoignit le salon, sa tasse toujours à la main. Il alluma la chaîne stéréo et mit à jouer un disque de jazz. Le blues s’adaptait parfaitement à la vacuité de ce dimanche d’hiver. Emma lui manquait. Elle était partie pour le week-end à l’enterrement de vie de jeune fille d’une amie et ne rentrerait pas avant tard le soir. Il se sentait un peu vide, désœuvré, alors qu’il s’était promis tant de plaisirs de ce week-end en célibataire. Mais finalement, rien ne s’était déroulé comme il l’avait initialement prévu. Hugo avait dû annuler la partie de tennis qu’ils avaient programmée : sa voiture avait encore des difficultés. Pierre, Enzo et Amaury avaient eux aussi laissé tomber John pour leur partie de tarot mensuelle. L’un pour raisons professionnelles, l’autre pour cause de scène de ménage et le troisième parce qu’il s’était retrouvé coincé en Angleterre par la neige et qu’il y attendait patiemment un avion. John avait donc passé un week-end bien plus solitaire qu’il ne l’aurait cru. Et il n’en avait plus vraiment l’habitude. Il se demandait bien, d’ailleurs, à quoi il occupait ses journées avant de connaître Emma et de souvent faire les boutiques avec elle le
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week-end. Il n’arrivait pas à s’en souvenir. Il avait quand même profité de son absence pour penser à cette Saint-Valentin qui se profilait à l’horizon. Que pourrait-il bien prévoir qui lui ferait plaisir ? L’année passée, il avait emmenée au restaurant et avait fait livrer un magnifique bouquet de roses à son bureau. Elle avait été très touchée par le geste. Mais cette année, il lui fallait faire encore mieux ! Il s’assit à la table de la salle à manger, agrippa un stylo et une feuille de papier et se mit à faire une liste des choses sympas, agréables, douces, qu’il pourrait proposer à sa moitié pour cette fête des amoureux. 1 – Une croisière dans les Caraïbes… L’embrasser doucement sur la paume de la main… 2 – Un voyage en montgolfière… L’embrasser à la naissance du cou 3 – Une nuit en relais château… Baiser du bout des lèvres la courbe de ses hanches 4 – Un dîner romantique sur un bateau mouche… Lui flatter la croupe du bout des doigts 5 – S’introduire en elle délicatement 6 – Presser ses seins dans ma bouche 7 – Couvrir son corps du mien 8 – Accélérer le… Il s’arrêta d’écrire, relut ce qu’il avait déjà noté et éclata de rire. Non, vraiment, ce n’était pas sérieux ! Il se comportait comme un ado amoureux et rougissant qui rêvait de posséder enfin le corps de sa première petite amie ! Décidément, ce temps gris ne lui valait rien. Quant à ses idées de cadeaux… Tout cela était très tentant, bien sûr, mais il ne voyait pas trop comment caser dans leur emploi du temps une croisière dans les Caraïbes, sans même parler de
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l’aspect financier de la chose ! Il s’appliqua à raturer ligne par ligne cette liste qui ne servait à rien, but son café maintenant tiède et repartit s’installer devant la télévision tout en laissant jouer son CD de jazz. Il zappa, le son toujours coupé, sans s’arrêter sur aucun programme bien précis. Ses pensées semblaient voltiger comme des flocons de neige dans la tourmente et se dissoudre, insaisissables, avant même qu’il n’arrive à s’y intéresser vraiment. Il essaya alors d’imaginer ce que pouvait bien faire Emma à la même heure. Les filles avaient sûrement dû se coucher très tard la veille au soir. Elles avaient probablement bu plus que de raison. Il se représenta une douzaine de minettes, toutes dans des tenues légères et vaporeuses, en train de partager de grandes tranches de pain de campagne sur une table en bois. Il ne mettait pas de visages sur ces corps, qui, au fil des minutes, ressemblaient de plus en plus à ceux de playmates américaines, bouches pulpeuses et seins imposants, décolletés pigeonnants et mini-culottes. Les filles jouaient avec leurs cheveux, légèrement ondulés et blonds, dans des ralentis suggestifs, s’effleurant les mains en se passant le beurre, léchant avec concupiscence un de leurs doigts qui se serait égaré dans le pot de confiture. Elles gloussaient un peu, cachant le rouge qui leur montait aux joues derrière une épaule à l’arrondi parfait. Il se secoua. « Vraiment n’importe quoi ! » marmonna-t-il. Mais, les yeux toujours dans le vague, il se replongea dans une rêverie tout aussi agréable. Cette fois-ci, Emma rentrait enfin de son week-end entre filles. « Bonsoir, chéri ! » Il serait déjà couché, en train de lire un roman de Paul Auster, un de ses auteurs préférés. Seule la douce lumière de sa lampe de chevet éclairerait leur chambre.
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« Ma Douce ! » Elle s’approcherait en déboutonnant son manteau pour se pencher vers lui et l’embrasser. « Ouh… tu es toute fraîche ! - Et toi, tout chaud… » Elle porterait l’odeur du froid et de la neige sur son petit nez, ses joues rosies. Elle n’aurait pas mis ses gants et introduirait une main glacée sous les couvertures, pour le caresser. Il en frissonnerait. Les doigts d'Emma s’arrêteraient sur sa poitrine, s’amuseraient à titiller la pointe de ses tétons. « Mais, tu cherches à me rendre fou ou quoi ! » Sa bouche sur celle de John, elle opinerait, en mordillant ses lèvres. « Tu as deviné mon cœur… Tu m’as trop manqué ce week-end. » D’un geste, elle retirerait son manteau. Elle ne porterait rien dessous, rien qu’un petit panty couleur ivoire et un soutien-gorge pigeonnant assorti. Sans plus de façons, elle enverrait valdinguer la couette à l’autre bout du lit et grimperait sur lui, à califourchon, ses talons aiguilles toujours aux pieds. Elle empoignerait son sexe à travers le pyjama. D’un air gourmand, elle commenterait : « Hummm, mais on est déjà dur, on dirait ? » Et elle sortirait le sexe tendu de John pour s’asseoir dessus, comme ça, d’un coup d’un seul. S’appuyant des deux mains au torse de son amant, la tête renversée en arrière, elle se laisserait aller à des mouvements de reins de plus en plus rapides, à la recherche égoïste de son propre plaisir, sans se soucier le moins du monde de celui de son compagnon. Emma ne serait plus à ce moment-là que son sex-toy, son objet, une bite dressée pour la faire jouir. Rôle qu’il n’accepterait pas pendant très longtemps sans réagir. Il agripperait brusquement ses poignets pour la renverser sur le lit, et, à son tour, la dominer. 38
Le plaisir les prendrait en même temps. Il quitta le canapé d’un bond. « Bon, bon, bon… tout ça ne me dit pas ce que je vais bien pouvoir organiser pour la Saint-Valentin ! » De son côté, Emma était le nez plongé dans un verre d'eau, deux Doliprane dans une main, un Ibuprofène dans l’autre. « Arghhh, les filles ! Mais qu’est-ce que vous avez bien pu mettre dans ces mojitos ? » Si John les avait vues… Elles ne ressemblaient en rien aux charmantes playmates de son fantasme ! Elles avaient toutes l’air particulièrement fatigué de celles qui ont passé une nuit trop courte et qui ont trop bu. La future mariée, qui n’avait pas pris le temps de se démaquiller avant d’aller se coucher, avait du mascara étalé jusqu’au milieu des joues. Sa demoiselle d’honneur, une jolie rousse aux grands yeux verts, dormait encore, à moitié avachie sur la table de la cuisine, un sein coquin s’était échappé de sa chemise de nuit. Emma n’arrivait d’ailleurs pas à détacher son regard de ce téton dressé au milieu d’un champ de taches de rousseur. Ce fut Sarah, sa meilleure amie, qui la tira de sa contemplation. « Et quand tu penses que samedi prochain c’est la SaintValentin… » Cette simple évocation fit l’effet d’une décharge électrique sur Emma. « Oh mon dieu ! Et moi qui n’ai encore rien préparé ! - Tu ferais bien de t’y mettre ! Et pour commencer, tu devrais aller prendre une douche, tu vas finir par rater ton train… » et elle cria en direction du dos d'Emma qui s’éloignait déjà : « N’oublie pas non plus de te laver les dents ! » avant d’éclater de rire. Lorsqu’elle ouvrit la porte de l’appartement, tard le même soir, cette dernière prit garde de ne faire aucun bruit. Elle savait
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que John commençait à travailler tôt le lendemain matin et elle ne tenait pas à le réveiller. Elle posa son sac dans l’entrée, retira ses baskets et son blouson et avança sur la pointe des pieds. Au bout du couloir, la lumière brillait encore dans la chambre. John s’était assoupi, son livre avait glissé par terre. Elle s’assit délicatement sur le bord du lit pour le regarder dormir. Son visage ressemblait alors à celui d’un enfant, les traits détendus, apaisés. Il s’était mis en boule et serrait fort son oreiller contre lui. Elle ne résista pas à l’envie de lui passer la main sur le visage, doucement. Il frémit légèrement sous la caresse, puis un sourire vint effleurer ses lèvres alors qu’il reconnaissait dans son sommeil la douceur du toucher de sa femme. Il sortit une main de sous la couette et lui attrapa le poignet. « Alors, c’est à cette heure-là qu’on rentre ? » Elle se baissa pour enfouir son nez dans son cou. « Ne dis rien… Je sais… - Viens vite te coucher, je t’attends » et il fit glisser la main d'Emma sous les draps, sous son pyjama où son sexe se dressait déjà. Ils firent l’amour doucement, tendrement, dans ce demi-sommeil qui autorise tous les mots du sexe et tous ceux du cœur. Ils s’endormirent, John encore en Emma, abandonnés. Puis la fuite des jours reprit, éperdue. Et la Saint-Valentin approchait inexorablement. Le jeudi soir, Emma décida d’en parler ouvertement avec John plutôt que de chercher à organiser une surprise qui pourrait ne pas lui plaire. « Je cherche, je cherche, et rien de bien excitant ne me vient à l’esprit. En fait, j’ai juste envie d’être avec toi, à la maison, tranquillement, et de couper le téléphone. J’ai envie… de baiser
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pendant tout le week-end ! » finit-elle par avouer dans un éclat de rire, les joues légèrement rougies par l’aveu de son désir. John lui lança un regard intéressé. « Ah ouais, vraiment ? Petite coquine ! Mais dis-moi, je crois qu’on doit pouvoir organiser ça… si tu le souhaites vraiment. » Emma commença à se tortiller sur sa chaise. « Ne me tente pas ! » Le vendredi soir arriva. A minuit et une minute, ils coupèrent leurs téléphones. Leur célébration de la Saint-Valentin commença donc à l’heure exacte. A minuit et deux minutes, Emma fermait les grands rideaux des fenêtres, éteignait la lumière et allumait des bougies. John s’installait confortablement dans leur canapé. A minuit cinq, Emma commençait un lent strip-tease sur Joe Cocker, une chanson chaude et lancinante. Elle se déhanchait lascivement, cambrée, offerte. Puis, d’un mouvement brusque, s’éloigna au moment même où John, mains tendues dans sa direction, pensait l’avoir enfin atteinte. Elle commença par lui jeter au visage son chemisier dont elle avait ouvert les boutons lentement, un à un. Puis ce fut sa courte jupe, ses bas, son soutien-gorge. Elle dansait devant lui, dans son petit shorty de dentelles, relevant ses cheveux, les laissant retomber en cascade sur ses épaules. Et John n’avait envie que d’une chose : la toucher, poser enfin ses mains sur son corps gracieux qui n’en finissait plus de lui échapper. Elle finit par avancer jusqu’à lui. Elle se pencha, posa ses lèvres sur les siennes et ce faisant, déboutonna son jean. John n’avait pas enfilé de caleçon. Son sexe se dressa, comme à la recherche des mains, de la bouche d'Emma. Cette dernière sourit, caressa d’un doigt la bite de son mari avant de s’agenouiller et de la prendre dans sa bouche. Il gémit et se cambra pour qu'Emma l’avale complètement,
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totalement. Elle comprit et se soumit de bonne grâce à la volonté de son amant. D’une main, elle lui caressait les bourses, de l’autre, le torse, titillant la pointe de ses tétons. John gémit de nouveau. « Tu me rends fou. Viens là. » Il la fit remonter le long de son corps, l’assit sur sa queue. Il se leva alors. « Ma Valentine…. » et il la transporta ainsi, unie à lui, jusqu’à la table de la cuisine où il l’assit. « J’ai toujours rêvé de te prendre sur cette table. » Elle s’échappa. « J’ai le même fantasme… Mais pas comme ça. » Et elle se retourna, lui offrant son cul. Il y mit un doigt, puis deux, tout en se branlant. Elle écarta un peu plus les jambes. Alors, très vite, il fut en elle. Les seins d'Emma frottaient sur la table à chacun des coups de reins de John, en excitant la pointe. Elle se tendait, encore et encore, sur la bite dure de son homme, prête, déjà, à exploser. « Non… pas tout de suite… » Il se retira, la laissant au bord de l’orgasme, perdue. « Mais…. » Elle arrivait à peine à retrouver son souffle. John sourit, passa tendrement la main dans ses cheveux. « Retourne-toi. » Elle s’assit sur la table, jambes serrées, les mains sur les genoux, tremblante de désir, de plaisir. John se mit à genoux devant elle. Il lui écarta les jambes délicatement et commença à la lécher, tout doucement, du bout de la langue. Elle se laissa tomber en arrière. « Oh oui… » Il savait exactement comment doser la pression de sa bouche sur son sexe pour lui donner le maximum de bonheur. Il sourit, la main sur les cuisses de sa Valentine. Emma laissa glisser ses fesses jusqu’au bord de la table. Le plaisir irradiait tout son corps, du bout de ses orteils à la pointe de ses 42
cheveux. Elle ne pouvait se retenir de gémir, de se caresser les seins, attentive au passage de la langue de John sur sa chatte. Une fois encore, il la laissa au bord de l’orgasme, se relevant sans préavis. « Noon…. » Elle était incapable du moindre mouvement. Il la prit dans ses bras et la porta jusqu’à leur chambre. « Viens sur moi. » Elle ne se le fit pas dire deux fois. Au moment même où elle sentit le sexe de John en elle, elle commença de jouir, incapable de se contrôler plus longtemps. John était tellement dur que ç’en était presque douloureux. Il l’occupait pleinement, augmentant son plaisir à chacun de ses mouvements. Emma se laissa glisser à ses côtés, comblée. « Et quand je pense que la nuit ne fait que commencer… » John sourit, l’embrassa tendrement sur la bouche et confirma : « Oui, ma douce, la nuit ne fait que commencer. » Emma lui rendit son baiser avant de descendre le long de son corps pour attraper son sexe dans sa bouche. John se laissa faire, heureux. Lorsqu’un pâle soleil d’hiver s’infiltra le lendemain matin dans l’interstice des rideaux, il découvrit un salon dévasté, une chambre sens dessus dessous, une maison qui ne se ressemblait pas. Une coupe de champagne gisait, renversée, sur le tapis crème. Les bougies avaient fini de se consumer, laissant des traces de cire un peu partout sur les meubles où elles avaient été posées. Les vêtements de John et Emma s’étalaient, enlacés, d’un bout à l’autre du salon. Dans la chambre, le spectacle était le même. Draps, oreillers, couvertures étaient renversés, mêlés, épars.
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Sur le lit, étroitement embrassés, John et Emma dormaient. On aurait dit un tableau. La couleur de leur peau sur le blanc des draps, la courbe de la main d' Emma, de son poignet, ouvert, la cuisse de John, ferme, repliée sur la hanche de sa femme… Ils étaient beaux, abandonnés, amoureux. Ce fut Emma qui bougea la première. Elle s’étira paresseusement, sentit le poids du corps de son amant contre le sien et sourit avant même d’ouvrir les yeux. Les souvenirs de la nuit passée s’imposèrent à son esprit. Dans un geste inconscient, elle tendit la main à la recherche de la queue de John. Cette dernière sommeillait encore mais ne tarda pas à reprendre vie sous les doigts d'Emma. John paraissait dormir lorsqu’elle l’introduisit en elle. « Joyeuse Saint-Valentin, mon cœur, » lui chuchota-t-elle à l’oreille, accélérant déjà le mouvement.
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