La nécessité d’une plus grande inclusion dans l’enquête sur les Personnes autochtones disparues

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FONDATION CANADIENNE DES RELATIONS RACIALES

LA NÉCESSITÉ D’UNE PLUS GRANDE INCLUSION DANS L’ENQUÊTE SUR LES PERSONNES AUTOCHTONES DISPARUES ET ASSASSINÉES AU CANADA (ENPADA) M. John G. Hansen l’Université de la Saskatchewan Décembre 2020


La nécessité d’une plus grande inclusion dans l’enquête sur les Personnes autochtones disparues et assassinées au Canada (ENPADA) M. John G. Hansen

RÉSUMÉ L’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) a attiré l’attention sur les préoccupations des peuples autochtones quant à la surreprésentation des femmes autochtones chez les personnes disparues et assassinées au Canada. Elle a également fait prendre conscience du racisme et du sexisme systémiques vécus par les populations autochtones du Canada ainsi que de leurs mauvaises conditions sociales et économiques. Bien que les hommes autochtones disparus et assassinés soient inclus dans l’enquête, ils n’y sont pas aussi bien représentés que les femmes. Toutefois, en ce qui les concerne, le discours politique reste cohérent et les stratégies déployées par le gouvernement sont encadrées par des procédures strictes. Cet article traite de ces stratégies et de la façon dont elles ont été conçues dans le contexte de l’ENFFADA. Cependant, notre analyse va plus loin. Nous tentons de comprendre comment les méthodes employées dans le cadre de l’ENFFADA et les discours d’inclusion et d’exclusion limitent les interprétations possibles des problèmes vécus par les peuples autochtones, en particulier lorsque les hommes qui forment une partie importante de la population autochtone en sont exclus. Nous faisons appel à la perception des Autochtones et nous analysons les normes sociales et les stéréotypes associés aux personnes autochtones disparues et assassinées au Canada afin de mieux comprendre les divergences et les contradictions. En conclusion, nous examinons les contributions de l’enquête afin de renforcer l’idée que l’on devrait inclure les hommes dans le cadre d’une enquête plus poussée.


INTRODUCTION Cet article est né du besoin de poser un regard critique au problème des personnes autochtones disparues et assassinées au Canada, une question des plus cruciales pour les peuples autochtones du Canada. Nous y parlons de la nécessité d’élargir le champ d’investigation de l’ENFFADA afin d’y inclure les hommes autochtones. Après une brève description du contexte de l’ENFFADA, un résumé de l’article et une explication des raisons qui ont motivé sa rédaction, nous expliquons qu’en raison de l’insuffisance des connaissances, il est nécessaire de mener une enquête plus poussée. Dans les faits, les hommes autochtones sont ceux qui courent le plus grand risque d’être victimes d’homicide (Miladinovic et Mulligan, 2015) et ce point mérite d’être débattu. Le but de cet article est d’inciter à inclure les hommes dans le cadre de l’enquête, comme demandé par la communauté autochtone (Paterson, 2016). Mais jusqu’ici, toutes les demandes en ce sens ont été rejetées. En fait, si l’on devait inclure les hommes dans l’enquête, ce ne serait que pour évaluer si les circonstances d’un incident ont pu contribuer à la vulnérabilité des femmes et des filles autochtones (Galloway, 2017). Selon une déclaration de principe de la commissaire en chef de l’ENFFADA, la juge Marion Buller de ColombieBritannique, « dans le cadre de l’enquête, nous recueillons les témoignages d’hommes et de garçons de manière sûre, respectueuse et efficace, dans la mesure où ces informations peuvent être pertinentes au mandat global de l’enquête qui consiste à examiner les causes systémiques de la violence, y compris la violence sexuelle, faite aux femmes et aux filles autochtones. » (Talaga, 2017). Cet article s’attaque au problème des personnes autochtones disparues et assassinées en se basant sur des données obtenues à partir de diverses sources documentaires. Selon les


conclusions des recherches, les hommes autochtones sont ceux qui sont les plus susceptibles d’être assassinés au Canada (Mulligan, 2016), et si la communauté autochtone souhaite qu’ils soient inclus dans l’enquête, c’est qu’il existe certaines similitudes, excluant le sexisme, entre leurs cas et ceux des femmes autochtones disparues et assassinées. Ainsi, il y a contradiction. Le manque de préoccupation pour les hommes autochtones, y compris en ce qui a trait à leur catégorisation en tant que criminels, hommes violents, ivrognes et gangsters, s’explique par des facteurs uniques liés à des stéréotypes (Adams, 2000; Blaut, 1993; Champagne, 2015; Comack; 2012; Charlton et Hansen, 2017; Hansen, 2015; RCAP, 1996; TRC, 2015). Ces stéréotypes négatifs semblent justifier le peu de préoccupation donnée aux hommes autochtones dans le cadre de l’enquête. Compris de cette façon, nous proposons une réflexion sur ce manque perçu de préoccupation pour les hommes autochtones. Nous soutenons qu’il est nécessaire d’élargir le champ d’investigation de l’enquête afin d’y inclure les hommes autochtones disparus et assassinés, car cela ouvrirait de nouvelles pistes et apporterait un nouvel éclairage au problème des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. Inclure les hommes autochtones à l’enquête impliquerait d’intégrer des approches relationnelles à des méthodes de recherche collaborative où coopéreraient des hommes et des femmes autochtones ainsi que leurs communautés. Selon nous, une enquête plus globale, tenant compte de l’avis des communautés autochtones, est essentielle à une véritable enquête sur les personnes autochtones disparues et assassinées au Canada.

CONTEXTE


L’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées au Canada résulte des efforts fournis par les femmes autochtones pour tenter de retrouver leurs sœurs disparues et assassinées. Cependant, il y a un manque d’intérêt pour le nombre disproportionné d’hommes autochtones assassinés ou portés disparus dans leurs communautés. Ce manque d’intérêt est actuel, mais se retrouve aussi dans l’histoire. Les hommes autochtones sont perçus comme étant les « agresseurs des femmes autochtones » (Dickson-Gilmore et Laprairie, 2005). Dans les relations entre les forces de l’ordre et les communautés autochtones, les policiers perçoivent souvent les hommes autochtones comme étant des criminels, des hommes violents, des gangsters et des trafiquants de drogue, tandis que les femmes autochtones sont étiquetées comme prostituées (Aboriginal Justice Inquiry, 1999; Comack, 2012; Hansen et Antsanen, 2015; Charlton et Hansen, 2016; TRC 2015). L’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a progressé très lentement (Galloway, 2017), et ce sont les femmes autochtones qui par leurs efforts, ont insufflé un sentiment d’urgence à l’enquête (Kirkup, 2017). Ce combat mené par les femmes reflète l’oppression que subissent les peuples autochtones dans une société coloniale. Mais il est également la preuve que ce sont les femmes qui mènent véritablement l’enquête autochtone, en accord avec les coutumes autochtones qui valorisent une société matriarcale (Champagne, 2015; Hansen et Antsanen, 2017; TRC, 2015). De nombreux Autochtones se sont cependant prononcés dans les médias en faveur de l’inclusion dans l’enquête des hommes autochtones disparus et assassinés (Oliver, 2017; Paterson, 2016; Sweetgrass, 2014). Comme le déclare Bernadette Lahtail, directrice administrative de Creating Hope Society : « Je ne souhaite pas continuer, mais il le faut.


Personne ne s’occupe de nos hommes et nos garçons. Et le Créateur l’a dit, c’est votre devoir de le faire. Alors, même quand j’aurai retrouvé mon fils, je continuerai… Le plus triste dans tout cela, c’est que beaucoup de nos hommes et de nos garçons sont portés disparus sans que personne en parle, sans que personne le sache » (Sweetgrass, 2014). De même, April Eve Wiberg, dont l’organisation Stolen Sisters Awareness March a contribué à faire prendre conscience du grand nombre de femmes et de filles autochtones assassinées et disparues, a déclaré : « Il n’y a pas assez de sensibilisation sur cette question (sur les hommes autochtones assassinés) même si cela fait partie du plus grand problème qui est celui de nos personnes autochtones disparues et assassinées » (Sweetgrass, 2014). Inclure les hommes dans l’enquête ferait augmenter la probabilité que l’on recueille suffisamment de données pour aborder efficacement le problème des personnes autochtones disparues et assassinées. Il y a donc un appel marginal pour que l’enquête se globalise en intégrant les hommes autochtones. Un débat sur cet enjeu vise à faire admettre qu’afin de régler le problème des personnes autochtones disparues et assassinées, l’enquête doit être plus globale. Actuellement, les actions concernant l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées au Canada sont menées par des mouvements populaires dirigés par des femmes autochtones, comme « Walking with our Sisters ». Ces mouvements autochtones cherchent à évaluer de manière critique certains problèmes sociaux afin de prévenir toute nouvelle violence à l’endroit des femmes autochtones. Ces projets d’intervention autochtones visent à développer la conscience communautaire et à activer le processus de guérison. Culturellement, ils ont une riche signification et révèlent toute l’importance donnée par les communautés autochtones à l’ENFFADA. Les peuples autochtones sont la population qui


croît le plus rapidement dans les provinces des Prairies (Kirkup, 2017; Paperny, 2017; Turner, Crompton et Langlois, 2013), et une société plus viable au Canada ne peut être envisagée sans que l’on investisse dans l’avenir de ces peuples. Un rapport de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) souligne que les femmes autochtones sont plus susceptibles d’être portées disparues dans les zones urbaines et « sont presque trois fois plus susceptibles d’être tuées par un étranger que les femmes non autochtones ». L’AFAC (2008) observe : « Dans les cas de prostitution, les femmes sont extrêmement vulnérables et subissent de graves violences. L’AFAC n’a recueilli des données sur la prostitution que dans un petit nombre de cas. Parmi ces cas, environ la moitié concernaient des femmes qui ne se livraient pas à la prostitution, et l’autre moitié concernaient des femmes qui se livraient à la prostitution ou étaient soupçonnées de s’y livrer » (p.1). Le nombre de femmes autochtones disparues et assassinées au Canada continue de croître et afin de le réduire, le système de justice pénale souhaite travailler avec les communautés autochtones. Cependant, de nombreuses communautés autochtones croient que la police fait partie du problème (Linden 2016; CFNMP, 2004; Green, 1998; Hansen, 2013; Hansen et Hetzel, 2018, Ross, 1996). Outre quelques études sur le sujet, les communautés autochtones estiment qu’on ne fait pas suffisamment de recherches dans le cadre de l’ENFFADA (AFAC, 2008). Il est bien documenté que les peuples autochtones souffrent encore des effets du colonialisme et de discrimination systémique. La violence contre les peuples autochtones ne cesse d’augmenter, et, bien que l’on espère que les forces de l’ordre soient en mesure d’assurer leur sécurité, il faut admettre qu’elles n’ont pas permis de réduire le nombre de personnes autochtones disparues et assassinées de façon significative. Selon la Commission on First Nations and Métis People (2004, p. 1-61), « de jeunes Autochtones, hommes et femmes, ont été battus,


ont disparu et sont décédés lors d’un contact avec la police ou peu de temps après. » Ce genre de disparitions et de décès en lien avec des contacts policiers sont suspects. Par exemple, en 2001, « deux policiers de la Saskatchewan ont été reconnus coupables d’avoir abandonné des hommes autochtones à l’extérieur de Saskatoon, en plein hiver, sans vêtements appropriés » (Siegel et McCormick, 2012, p. 319). L’une des façons d’attirer l’attention sur la surreprésentation des personnes autochtones en tant que victimes d’homicide est d’appréhender la réalité sociale d’un point de vue autochtone. Ici, il est important de noter que les peuples autochtones ont souvent de bonnes raisons de ne pas faire confiance à la police (Cao, 2014; Chrismas, 2012; Cotter, 2015). L’idée n’est pas de déterminer si un tel point de vue autochtone est acceptable ou non, mais d’approfondir les connaissances afin de mieux comprendre la dynamique en jeu dans les relations entre les peuples autochtones, la police et le système de justice pénale pour faire progresser l’enquête sur les personnes autochtones disparues et assassinées en l’abordant sous de nouveaux angles.

SURREPRÉSENTATION La surreprésentation des Autochtones dans le nombre de victimes disparues et assassinées est d’une importance cruciale pour les communautés autochtones. Il suffit d’examiner les chiffres concernant les personnes autochtones disparues et assassinées au Canada pour comprendre que ce problème est généralisé et qu’il faut tenter de le résoudre. Ainsi, nous consacrons une part importante de cette étude à nos sœurs autochtones disparues et assassinées au Canada.


En 2015, 148 des 604 victimes d’homicide, soit 25 %, déclarées par la police étaient Autochtones. Le taux d’Autochtones victimes d’homicide était environ sept fois plus élevé que celui des personnes non autochtones, soit 8,77 victimes pour 100 000 Autochtones contre 1,31 pour 100 000 personnes non autochtones. Les hommes autochtones couraient le plus de risque d’être victimes d’homicide (Statistique Canada, 2015). En 2015, ils étaient sept fois plus susceptibles d’être victimes d’un homicide que les hommes non autochtones (12,85 pour 100 000 habitants contre 1,87). Ils étaient également trois fois plus susceptibles d’être victimes d’homicide que les femmes autochtones (4,80 pour 100 000) (Statistique Canada, 2015). Le taux d’homicide chez les femmes autochtones était six fois plus élevé que chez leurs homologues non autochtones (4,80 pour 100 000 contre 0,77). Le taux d’Autochtones accusés d’homicide au Canada était près de 10 fois supérieur à celui des personnes non autochtones, avec 10,13 Autochtones accusés pour 100 000 habitants, comparativement à 1,10 pour 100 000 chez les personnes non autochtones. En 2015, les femmes autochtones représentaient 61 % des femmes accusées d’homicide et les hommes autochtones 29 % des hommes accusés d’homicide (Statistique Canada, 2015). Les hommes autochtones sont donc plus susceptibles que tout autre groupe non autochtone d’être reconnus coupables de meurtre. Ils sont également beaucoup plus susceptibles que tout autre groupe non autochtone d’être reconnus coupables du meurtre d’hommes autochtones. Cependant, on ne connait pas le nombre exact de femmes autochtones assassinées par des hommes autochtones, les meurtres étant trop nombreux. Il est très probable que des hommes autochtones aient assassiné la majorité des hommes autochtones victimes de meurtre et il faut admettre que si de nombreux hommes autochtones ont été des victimes, d’autres ont été des agresseurs (beaucoup ont été les deux). Avec une telle violence latérale


dans la communauté autochtone, il nous faut inclure les hommes dans le débat, qu’il s’agisse de victimes ou d’agresseurs. La violence dans laquelle les femmes et les hommes autochtones sont impliqués est si similaire qu’elle justifie l’importance d’inclure les hommes autochtones plutôt que de les exclure. De plus, les conclusions de l’enquête menée par la GRC ne nous apprennent que très peu de choses et ne donnent pas le nombre exact d’hommes autochtones disparus et assassinés. Le rapport de la GRC porte sur le taux d’homicides et le taux d’élucidation qui concernent les femmes autochtones et non les hommes (Jones, 2015 1), ce qui rend plus impératif l’élargissement des statistiques sur les hommes autochtones. Étudier l’ENFFADA sert à mettre en avant l’interprétation que font les Autochtones du sujet et améliore notre compréhension de la violence faite aux femmes autochtones; elle permet d’effectuer une analyse critique des témoignages, des expériences de vie et des connaissances des Autochtones. Dans le cadre de l’ENFFADA, l’Association des femmes autochtones du Canada se préoccupe également du fait que les femmes autochtones sont plus susceptibles que les femmes non autochtones d’être assassinées par des étrangers, et que l’assassinat d’une femme autochtone est moins susceptible d’être élucidé que celui d’une femme non autochtone. « Les femmes autochtones sont plus susceptibles que les femmes non autochtones d’être assassinées par un étranger. La plupart des femmes autochtones portées disparues ou qui sont ou ont été assassinées ont moins de 31 ans, et plus des deux tiers résidaient en milieu urbain. Près de la moitié des meurtres de femmes autochtones n’ont toujours pas été élucidés, comparativement à un taux d’élucidation de 84 % pour les meurtres de femmes non autochtones » (Siegel, Brown, Hoffman, 2013, p. 209).  Nous tenons à préciser que nous n’avons pas l’intention de fonder nos arguments sur les conclusions d’Adam Jones. Nous n’avons utilisé que les faits et les citations fournis dans l'article éditorial du National Post écrit par Adam Jones. Nous tenons à déclarer sans équivoque que nous n’acceptons pas les conclusions d’Adam Jones ou de tout militant de la MRA (Men Rights Activists).

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Comme l’a démontré l’Association des femmes autochtones du Canada, si l’on veut aborder l’enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées d’un point de vue autochtone, il est nécessaire d’élargir le champ d’investigation de l’enquête et de l’aborder dans un contexte plus général. Cette étude tente d’interpréter l’incroyable violence faite aux femmes autochtones en tenant compte des différences culturelles. Nous espérons ainsi contribuer à faire connaitre les expériences et les aspirations des peuples autochtones du Canada afin de bâtir un avenir commun plus radieux. Pour l’Association des femmes autochtones du Canada, il est nécessaire d’approfondir l’enquête sur le sujet en tenant compte des différences culturelles. Pourtant, le Parlement a tout récemment minimisé la surreprésentation des femmes autochtones disparues et assassinées au Canada et ne semble pas estimer qu’une enquête soit nécessaire. Ce type de convictions affirmées et ces actes se reflètent dans la théorie des conflits. Comme le notent Siegel et McCormick, (2012), « les théoriciens des conflits ont démontré que le système de justice pénale était prompt à agir lorsque la victime d’un crime était un homme riche et de type caucasien, mais se désintéressait d’un crime lorsque la victime était une femme pauvre et membre d’un groupe minoritaire, ce qui indique à quel point la justice réagit facilement aux rapports de force » (p. 321). Bien que l’ENFFADA soit une question cruciale pour les communautés autochtones du Canada, l’ancien premier ministre Stephen Harper a déclaré dans une interview avec Peter Mansbridge aux nouvelles nationales que les femmes autochtones disparues et assassinées au Canada n’étaient « pas une priorité du gouvernement » (Kappo, 2014). Face à cette réalité décevante, force est de reconnaître que l’ENFFADA sort du cadre exclusif des forces de l’ordre et


que si le problème persiste, c’est que l’impact de la domination coloniale sur les peuples autochtones englobe tout, dépassant même la portée du système canadien de justice pénale. Malgré cela, enquêter sur les inégalités sociales en ce qui a trait aux femmes autochtones portées disparues et assassinées au Canada est un besoin primordial qui est admis par les groupes communautaires. (Charlton et Hansen, 2017; Hansen et Antsanen, 2015). Au Canada, des Autochtones sont régulièrement portés disparus et très peu de mesures sont prises pour régler le problème. Dans leur analyse sur les femmes disparues et assassinées à Vancouver, Schmalleger et Volk (2014) ont établi un parallèle entre les femmes autochtones victimes et le manque d’efforts de la police. « En 2007, Robert Pickton a été reconnu coupable du meurtre de six femmes et accusé de la mort de vingt autres (accusations abandonnées en 2010), dont beaucoup étaient des prostituées et des toxicomanes. Dans le rapport de la Commission d’enquête sur les femmes disparues, créée en 2010 par le lieutenant-gouverneur de ColombieBritannique, on reconnaissait que si Pickton avait échappé à son arrestation pendant tant d’années, c’était en raison du préjugé systémique au sein des forces policières contre les femmes pauvres et vulnérables du Downtown Eastside de Vancouver » (Schmalleger et Volk, 2014, p. 33). Cet extrait démontre bien le manque de préoccupation pour les victimes d’actes criminels issues de communautés autochtones marginalisées. Cela laisse également entendre que les relations entre la police et les peuples autochtones sont malsaines. Les études montrent que par manque de confiance envers la police, les membres des populations autochtones sont moins susceptibles de se déclarer victimes d’un crime (Cao, 2014; Chrismas, 2012; Comack, 2012; Cotter, 2015; Hansen, 2015; TRC, 2015). Ces relations tendues entre les peuples autochtones et la police remontent à l’époque coloniale du Canada. À cette époque, c’est la Police montée du Nord-Ouest (aujourd’hui la GRC) qui a exécuté la loi forçant les enfants autochtones à


fréquenter les pensionnats autochtones, arrêtant leurs parents s’ils refusaient, et arrêtant également les Autochtones qui tentaient de quitter leur réserve sans laissez-passer (Adams, 1975; Comack, 2012; Hansen et Antsanen, 2015; TRC, 2015). De nos jours, les données de Statistique Canada (2012) révèlent que les jeunes Autochtones sont surreprésentés dans les établissements de détention : « En 2010-2011, parmi les jeunes entrant dans le système correctionnel, on remarquait un nombre disproportionné d’Autochtones… Cette disproportion était particulièrement criante chez les femmes. En 2010-2011, les jeunes femmes autochtones représentaient 34 % de toutes les jeunes filles présentes dans le système correctionnel » (2012, p. 7). Au-delà de l’incarcération excessive, les Autochtones sont également surreprésentés en tant que victimes de crimes, y compris les victimes de violence non conjugale. Perreault (2011) note que : « Les Autochtones sont plus susceptibles que les non-Autochtones d’être victimes de violence non conjugale. En 2009, 12 % des Autochtones ont déclaré avoir été victimes d’au moins un crime de violence non conjugale, soit plus du double de la proportion de personnes non autochtones (5 %). Au total, les Autochtones ont rapporté 173 600 incidents violents non conjugaux, ce qui représente un taux de 198 incidents violents pour 1 000 Autochtones » (2011, p. 7).  Les recherches sociologiques laissent à penser que les femmes autochtones victimes d’actes criminels sont considérées comme des victimes moins importantes. Aucune raison valable n’explique que les femmes non autochtones, victimes d’homicide, soient considérées comme des victimes plus importantes, impliquant un taux d’élucidation plus élevé, que les femmes autochtones assassinées ou portées disparues. Près de la moitié des meurtres de femmes autochtones n’ont toujours pas été élucidés, comparativement à un taux d’élucidation


de 84 % pour les meurtres de femmes non autochtones » (Siegel, Brown, Hoffman, 2013, p.209). La conception autochtone de la justice vise le renforcement communautaire dans le cadre d’un processus de guérison de la communauté, un modèle de justice qui nous semble plus prometteur.

Les solutions envisagées pour prévenir les meurtres de femmes autochtones devraient également s’appliquer aux hommes autochtones. Bien que la violence subie par les femmes et les hommes autochtones se manifeste différemment, les causes sont probablement très similaires. Dans le cadre de l’ENFFADA, les commissaires formuleront probablement des recommandations à l’intention des femmes autochtones, comme la nécessité d’augmenter et de maintenir le financement pour le soutien aux survivantes de violence et les refuges pour femmes, mais il est également probable que des recommandations soient formulées à l’intention des hommes, car la plupart du temps, la violence envers les femmes est commise par des hommes. Étant donné que de nombreuses femmes autochtones sont victimes de violence de la part d’hommes autochtones, des recommandations seront vraisemblablement formulées à l’intention des hommes autochtones. Étant donné que, pour les communautés autochtones, la justice valorise le rétablissement de l’équilibre, la réparation des préjudices et la guérison des victimes, des délinquants et des communautés, peut-être s’agira-t-il de programmes de justice réparatrice autochtones axés sur un processus de guérison des victimes, des délinquants et des collectivités. (CFNMP, 2004; Hansen et Hetzel, 2018, Hansen, 2013; TRC, 2015).


HOMMES AUTOCHTONES PORTÉS DISPARUS ET ASSASSINÉS AU CANADA ET PROBLÈMES MASCULINS D’un point de vue autochtone, une enquête sur les personnes autochtones portées disparues et assassinées doit nécessairement élargir son champ d’investigation en y incluant les hommes. Cet article porte sur une dimension plus vaste du discours sur les Autochtones portés disparus et assassinés, des facteurs structurels ayant été associés dans l’objet de la recherche sur leurs expériences en tant que victimes autochtones. Cependant, notre argumentation aurait été plus convaincante si les hommes avaient été inclus dans l’enquête il y a 10 ou 15 ans. Il est également important de noter que les femmes autochtones ont pris position sur cette question depuis au moins aussi longtemps, alors que la majorité des hommes autochtones ont gardé le silence non seulement sur la violence subie par les femmes autochtones, mais aussi sur celle à laquelle ils doivent faire face. Nous espérons toutefois que cette étude permettra d’élargir le débat sur les personnes autochtones portées disparues et assassinées. Elle aura néanmoins contribué à repositionner le problème des Autochtones portés disparus et assassinés comme n’étant pas réservé aux femmes. Les données de Statistique Canada démontrent que la plupart des hommes sont beaucoup moins susceptibles que les femmes de signaler à des amis ou à la police leurs expériences en tant que victime (Dutton et White, 2014; Dim et Patience – Idemudia, 2017; Ibrahim et Burczycka, 2016; Nagesh, 2016; Robertson et Murachver, 2009) parce qu’ils estiment que leurs expériences en tant que victimes ne méritent pas d’être signalées. Actuellement, les hommes sont exclus de l’ENFFADA. Pourtant, les données de Statistique Canada montrent que 70 % des Autochtones victimes d’homicide au Canada sont des hommes


(de 1982 à 2011) (Jones, 2015). En ce qui concerne les Autochtones portés disparus, selon les documents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), environ 105 femmes autochtones ont été portées disparues en 2014, mais la GRC a refusé de compiler des statistiques sur les hommes autochtones disparus (Jones, 2015). Le rapport de la GRC révèle qu’environ 1 017 femmes autochtones ont été assassinées depuis 1980 (Andrew-Gee, 2014). On note également dans le rapport que le taux d’élucidation des meurtres impliquant des femmes autochtones est similaire à celui des femmes non autochtones, soit respectivement 88 et 89 pour cent. Cependant, le rapport ne portait pas sur les hommes victimes de meurtre. Interrogé sur l’élargissement du champ d’investigation afin d’inclure tous les Autochtones à l’enquête plutôt que les seules femmes, Greg Cox, porte-parole de la GRC, a déclaré : « La GRC n’a pas l’intention d’élargir les directives générales de l’opération nationale concernant les femmes et les filles autochtones portées disparues et assassinées afin d’y inclure tous les Autochtones ». (Andrew-Gee, 2014). Comme l’exprime dédaigneusement M. Mônijâw, un blogueur traitant de ces questions : « Comparativement à tous les autres groupes, les hommes autochtones sont assassinés beaucoup plus souvent, et ces homicides sont plus rarement résolus, mais personne ne s’en soucie réellement. En tant que représentant de la police, vous pouvez même dire publiquement que vous ne vous en souciez pas, parce que vous savez que personne ne s’en soucie » (Jones, 2015). En d’autres termes, la vie des hommes autochtones n’est pas indispensable. D’autre part, les arguments des militants du MRA (Men Rights Activists) qui sont en faveur de l’inclusion de ces revendications à l’enquête pourraient nuire au point de vue autochtone. Adams Jones, par exemple, semble rejeter sur les féministes autochtones la responsabilité de l’exclusion des hommes autochtones dans l’enquête. Une telle théorie ne tient pas compte des interprétations


sociales et culturelles au sein des communautés autochtones. Ainsi, la plupart des femmes autochtones qui ont soutenu l’enquête ne se sont jamais considérées comme féministes, probablement parce que les féministes occidentales, bien que reconnues comme des alliées, ne parlent pas au nom de la communauté autochtone (Hookimaw-Witt, 2010; Hansen et Antsanen, 2015). Bien que les arguments de la MRA soulèvent des questions importantes, comme le suicide chez les hommes, les décès liés au travail, les problèmes sociaux, etc., ils blâment généralement les féministes pour le peu d’attention donnée à ces problèmes. Il faut toutefois garder à l’esprit que les féministes ne contrôlent pas ce dont les hommes peuvent parler. En fait, les hommes ne parlent généralement pas des problèmes auxquels ils sont confrontés, ni des causes réelles de la violence masculine ou des comportements destructeurs auxquels ils peuvent se livrer. Ainsi, le fait de négliger les hommes autochtones disparus et assassinés se situe dans un contexte plus large de problèmes sociaux vécus par les hommes, un contexte que l’on sousestime et auquel on porte moins attention (Kay, 2015; Urback, 2015). Compte tenu de la stigmatisation sociale résultant du manque perçu de machisme et d’autres dénigrements de masculinité que doivent subir les hommes ayant vécu une expérience de victimisation, ceux-ci hésitent à en parler (Dim & Ogunye, 2017; Lupri et Grandin, 2004; Migliaccio, 2001). Cela vient s’ajouter à l’habituel discours selon lequel les problèmes des hommes sont négligeables, y compris ceux des hommes autochtones. Statistique Canada a révélé en outre qu’en 2009, les hommes étaient trois fois plus susceptibles de commettre un suicide que les femmes (17,9 décès par 100 000 hommes; 5,3 par 100 000 femmes) (Navaneelan, 2015). Le taux de suicide chez les hommes autochtones est plus élevé que celui de l’ensemble de la population. Dans le


rapport 2008-2010 du Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations, le taux de suicide chez les hommes autochtones était de 12 pour 100 000 habitants (Shulman et Tahirali, 2016). Au Canada, les hommes sont victimes de plus de 97 % de tous les décès au travail (Todd, 2011). Selon l’Enquête sur la population active (2016), parmi les personnes de 25 à 24 ans, 8,5 % des hommes abandonnaient leurs études au niveau du secondaire contre 5,4 % des femmes (Uppal, 2017). De plus, 20,1 % des jeunes garçons autochtones avaient abandonné leurs études au niveau du secondaire, le taux le plus élevé dans cette catégorie. De même, le taux de diplomation universitaire était de 29,6 % chez les hommes et de 41,8 % chez les femmes (Uppal, 2017). Dans le cas des hommes autochtones, ce taux n’était que de 9,1 %, le taux le plus bas dans cette catégorie. Les hommes représentaient 85 % des personnes admises dans les services correctionnels provinciaux et territoriaux (programme des services correctionnels, 2015). En revanche, selon le Centre canadien de la statistique juridique en 2008 (Kerr, 2016), les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’être reconnues coupables de crimes et plus susceptibles de recevoir des peines plus légères pour les mêmes accusations. De plus, environ 63 % de la population de sans-abri sont des hommes (Gaertz, et al. 2013) et des études ont démontré un lien entre l’itinérance et l’incarcération (Walsh et al.2011, Metraux et al.2007). Étant donné que la plupart des sans-abri sont des hommes autochtones (Patrick, 2014), cela explique en partie le taux d’incarcération disproportionnellement élevé chez les hommes autochtones.


Les hommes sont également plus susceptibles d’être victimes d’agression physique, d’agression physique dans un lieu public et d’homicide que les femmes (Vaillancourt, 2010) 2. Au Canada, des groupes de sensibilisation aux problèmes des hommes et au refus de certification ont été créés (Urback, 2015). Cette étude peut être à la source d’échanges intellectuels favorisant une analyse critique plus approfondie des problèmes auxquels les hommes sont confrontés dans la société canadienne et dans le monde en général. Selon le Justice Center for Constitutional Freedoms (JCCF), il y a eu des refus de certification provenant d’un groupe de sensibilisation aux problèmes des hommes à l’Université de Toronto (en 2012), à l’Université Queens (en 2014) et à l’Université Ryerson (en 2013 et 2015) (Urback, 2015). Il est important de noter que le fait de souligner ces problèmes n’indique en aucun cas que les femmes ne sont pas confrontées à des défis dans la société. Cependant, cette étude vise à promouvoir une approche moins discriminatoire envers les hommes dans le discours commun sur la condition humaine, et en particulier en ce qui a trait aux personnes autochtones disparues et assassinées.

CONCLUSION Il est essentiel de s’attaquer aux problèmes des personnes autochtones disparues et assassinées au Canada. En effet, il est nécessaire de comprendre comment les forces sociales œuvrant en dehors des services policiers influencent les problèmes de violence contre les peuples

Pour être clair, la présentation des faits ci-dessus ne vise en aucun cas à rejeter le blâme sur les féministes quant aux problèmes auxquels les hommes sont confrontés dans la société canadienne. Ce document cherche à amorcer le débat sur la nécessité d'inclure les hommes autochtones disparus et assassinés dans l'enquête, dans le contexte plus large des problèmes sociaux auxquels les hommes sont confrontés au Canada. On dit que les hommes parlent rarement de ces questions et cet article cherche à ouvrir le débat sans jeter le blâme sur aucun groupe, aucune idéologie ou sur quiconque.

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autochtones. Le besoin le plus important en ce moment est peut-être d’étudier les forces sociales qui ont créé le schéma généralisé que l’on retrouve dans le cas des personnes autochtones disparues et assassinées au Canada. Par exemple, le racisme, le sexisme, les formes historiques et actuelles de colonisation, les disparités sociales et économiques, la discrimination systémique, etc. Une étude des personnes autochtones disparues et assassinées au Canada doit souligner la nécessité d’un changement social à travers lequel il faudra analyser l’influence, entre autres, de l’inégalité raciale, de la pauvreté, des effets du colonialisme, des effets intergénérationnels causés par les pensionnats indiens et de l’exclusion sociale, sur la violence subie par les peuples autochtones. Ces forces sont collectives et interconnectées, tant dans l’histoire qu’à notre époque. Elles ont une profonde connotation sociale et en révèlent énormément sur l’importance de faire une étude sur les personnes autochtones disparues et assassinées au Canada. La complexité évoquée dans cet article ne peut être résolue qu’en adoptant un point de vue autochtone qui nécessite d’inclure les victimes de sexe masculin.

RECOMMANDATIONS Dans le cadre de cette étude, nous recommandons que les projets axés sur un processus de guérison autochtone et conçus pour lutter contre la violence latérale dans les communautés autochtones soient mieux soutenus par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Plus précisément, le processus de guérison autochtone nécessite un financement accru afin de donner des résultats efficaces et culturellement adaptés. Nous recommandons de faire preuve de plus de justice sociale et d’augmenter les programmes éducatifs conçus pour répondre aux problèmes économiques et culturels vécus par les


communautés autochtones. Sans ces soutiens, les peuples autochtones continueront d’être marginalisés, de subir la discrimination raciale et l’exclusion sociale et de souffrir d’un manque de débouchés dans la société canadienne. Enfin, nous recommandons que les gouvernements étudient et augmentent le financement des programmes de lutte contre la violence commise et subie par les hommes autochtones, en particulier les programmes qui ont donné des résultats positifs dans les communautés autochtones.


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FONDATION CANADIENNE DES RELATIONS RACIALES


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