À l’intérieur 2
Coup d’œil sur l’économie
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Orientations économiques
Le taux de chômage des jeunes travailleurs ne s’améliore pas
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Les critiques à l’égard de la rémunération des travailleurs du secteur public sont fausses
Les entreprises ne paient pas leur juste part : moins de revenus pour les canadiens
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Nouvelle tendance politique favorable à l’équité fiscale
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Les budgets provinciaux présentent des similitudes
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Indice des prix à la consommation
Les augmentations salariales du secteur public inférieures à celles du secteur privé
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Travailler de neuf à ??? les Canadiens sont débordés
Hors des sentiers battus
Vous méritez vraiment des vacances plus longues page 8
Tendances Emploi
Les jeunes travailleurs perdent au change Les jeunes travailleurs y goûtent. Ils sont les plus touchés par les mesures d’austérité, la faiblesse de l’emploi attribuable à la récession et l’inégalité croissante dans notre société. Le chômage chez les jeunes est supérieur à 50 % en Espagne, en Grèce, en Croatie et atteint presque 2013 est l’année des nouveaux 40 % au Portugal et en Italie. et jeunes travailleurs Les jeunes Canadiens s’en tirent Informez-vous sur la Session de stratégie mieux, mais leur situation n’est pas pour les jeunes travailleurs du 19 au 21 août, au rose pour autant. Au Canada, le taux scfp.ca/jeunestravailleurs de chômage chez les jeunes s’établit maintenant à 14,5 %. Cette proportion Compte tenu du coût à long terme est deux fois et demie plus élevée que le d’un taux de chômage si élevé chez les taux de chômage chez les travailleurs jeunes, c’est une tragédie. De plus, les de 25 ans et plus. C’est du jamais vu. derniers budgets qui ont fait si peu pour Selon la banque TD, le coût du s’attaquer à cette crise constituent autant chômage chez les jeunes au Canada est d’occasions manquées. de plus de 23 milliards de dollars ou La Suède et d’autres pays nordiques 1,3 % du PIB. Les jeunes sont aussi de ont réussi à garantir aux jeunes un plus en plus contraints d’accepter de emploi, une formation ou des services moins bons salaires, des régimes de d’éducation et d’employabilité. Le pension et d’avantages sociaux moins Danemark et l’Allemagne ont tous deux généreux que ceux dont bénéficient leurs adopté une approche intégrée, leur collègues plus expérimentés, des stages système d’éducation offrant la possibilité et de l’apprentissage non-rémunérés – d’effectuer des stages et de la formation ce qui est illégal – ainsi que du travail en cours d’emploi. à contrat et du travail temporaire. Les Avec la vague de retraite qui point à jeunes sont aussi écrasés sous des niveaux l’horizon, l’occasion est belle d’inciter les record de dettes (prêts hypothécaire et jeunes Canadiens à occuper des emplois étudiant), en plus d’hériter d’un passif dans le secteur public ou ailleurs. Le coût environnemental croissant. de ces programmes est modique comparativement au coût croissant à long terme que représentent les jeunes sans emploi Consultez Plein feux sur l’emploi ou sous-employés. des jeunes à la page 3.
L’Économie au travail Été 2013
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Coup d’œil sur l’économie Pleins feux sur les récentes études et développements économiques
Écart hommes-femmes Élimination en…2240! Au rythme actuel, l’écart entre les hommes et les femmes au Canada ne sera pas comblé avant l’année 2240, selon une étude réalisée par Kate McInturff du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA). Bien que le Canada fasse bonne figure au chapitre de la santé et de la réussite académique, le portrait est moins reluisant pour ce qui est de la participation à l’économie et la conversion des possibilités économiques. Nous faisons aussi mauvaise figure pour ce qui est de l’implication des femmes en politique. Comment peut-on réaliser des progrès plus rapides? L’affiliation à un syndicat améliore de façon notable les conditions économiques des femmes. Et tout ce qu’il faut pour accroître le nombre de femmes en politique, c’est une élection!
Austérité Une étude clé discréditée par un diplômé Un diplômé vient tout juste de changer le cours de l’histoire. Thomas Herndon, un étudiant en économie de l’Université du Massachusetts, a relevé des erreurs fondamentales dans une étude influente
qui prétend que la croissance économique se consolide lorsque la dette du gouver nement dépasse 90 % du PIB d’un pays. Ironiquement, sa critique a été publiée le même jour où les ministres des Finances se sont réunis au Fonds monétaire international (FMI) à Washington pour discu ter d’une proposition visant à maintenir les ratios d’endettement à un niveau inférieur à 90 %. Les politiques d’austérité ont entraîné une dévastation économique dans bon nombre de pays. Au Canada, le premier ministre Stephen Harper a imposé son propre train de mesures d’austérité fiscale depuis 2010.
TravaiL Les syndicats sont essentiels à des économies fortes Selon un rapport publié par l’Institut Broadbent, les syndicats sont essentiels à un développement social et économique sain. Non seulement les syndicats ont-ils réussi à jouer un rôle clé pour maintenir des salaires décents et réduire les iniquités, leur action politique a aussi contribué à l’obtention d’avantages sociaux et de droits qui profitent à tous les Canadiens. Parmi ces gains, notons les droits et les normes en matière d’emploi, les règlements concernant la santé et la sécurité, les régimes de retraite et le système de santé.
Garderies Les employeurs doivent répondre aux besoins des parents Les employeurs ont le devoir de se soucier des besoins de leurs employés en matière de services de garde. C’est ce qu’a déterminé la Cour fédérale du Canada après étude d’une cause impliquant l’Agence des services frontaliers du Canada. En accord avec le Tribunal canadien des droits de la personne, la Cour a reconnu que les employés doivent déployer des efforts raisonnables pour se prévaloir de services de garde. Cepen dant, si ceux-ci ne portent pas fruits, les employeurs doivent répondre aux besoins des travailleurs en offrant des horaires appropriés ou en prenant d’autres mesures, pour autant que celles-ci ne causent pas un préjudice indu à l’employeur. L’Alliance de la fonction publique du Canada a appuyé cette cause. Les observateurs s’attendent à ce que des décisions semblables s’appliquent dans le cas des services offerts aux personnes âgées.
L’Économie au travail est publiée sur une base trimestrielle par le Syndicat canadien de la fonction publique pour offrir aux travailleurs et à leurs représentants de l’information accessible, des analyses éloquentes des tendances économiques et des outils pour faciliter les négociations. L’Économie au travail remplace la publication antérieure du SCFP, Le climat économique pour les négociations. Découvrez les éditions de l’Économie au travail en ligne à scfp.ca/economieautravail. Accédez aussi à d’autres liens utiles. Pour s’abonner par courriel ou par courrier à l’Économie au travail, allez à scfp.ca/abonnement. À moins d’indications contraires, tout le contenu a été rédigé par Toby Sanger. Wes Payne et Philippe Gagnon sont les rédacteurs en chef. La mise en page a été réalisée par Jocelyn Renaud. Veuillez communiquer par courriel (tsanger@cupe.ca) pour toute correction, question, suggestion ou contribution.
2 ÉtÉ 2013 L’Économie au travail
SEPB491
Orientations économiques
Coup d’œil sur les plus récentes tendances économiques Croissance économique
Le produit intérieur brut (PIB) réel devrait chuter à aussi peu que 1,5 % en 2013 puis augmenter à 2,5 % en 2014. Aucune reprise à pleine capacité n’est prévue avant 2015.
Emploi
La croissance de l’emploi sera à nouveau lente et s’établira à 1,2 % en 2013, peinant à suivre le rythme de la croissance de la population active. Le taux de chômage moyen devrait être de plus de 7 % de nouveau cette année puis ralentir à 6,8 % en 2014.
Inflation
Le taux d’inflation moyen devrait atteindre 1,3 % en 2013 et près de 2 % en 2014 (voir Indice des prix à la consommation, page 7).
Salaires
En raison des gels salariaux dans le secteur public, les augmentations de salaire moyennes dans les conventions collectives pourraient être les plus basses enregistrées depuis plusieurs années. Néanmoins, les salaires devraient augmenter dans le secteur privé.
Taux d’intérêt
Comme l’inflation est apathique, la Banque du Canada ne risque pas de hausser son taux avant la fin de 2014. Le marché à plus long terme et les taux hypothécaires augmenteront légèrement auparavant. Les taux d’intérêt réels ont maintenant atteint des creux historiques pour les entreprises. C’est presque le cas également pour les ménages.
Pleins feux sur l’emploi des jeunes Le taux de chômage des jeunes travailleurs ne s’améliore pas Le taux de chômage chez les jeunes travailleurs âgés de 15 à 24 ans s’est accru au cours des quatre premiers mois de 2013. Il a même atteint 14,5 % en avril dernier. Ce chiffre est deux fois et demie plus élevé que le taux de chômage de 5,9 % qui
prévalait à la même période chez les travailleurs de 25 ans et plus. Ce n’est pas le pire taux de chômage global que les jeunes canadiens ont connu, mais toute proportion gardée, il est de loin supérieur au taux de chômage chez
les 25 ans et plus. Il n’y a pas eu d’augmentation nette des niveaux d’emploi chez les plus jeunes travailleurs depuis le creux de la récession. Le taux de chômage des jeunes a aussi diminué à une cadence plus lente que celui des travailleurs de plus de 25 ans. Par ailleurs, comme il y a moins d’oppor tunités d’emploi, le taux de participation des jeunes à la population active est bas. Ils ont tout simplement quitté le marché du travail, étudient ou ne se donnent pas la peine de chercher un emploi. De plus en plus de jeunes travaillent à contrat ou occupent des postes temporaires sans sécurité d’emploi. À l’échelle provinciale, le taux de chômage a toujours été plus élevé à Terre-Neuve et Labrador que dans les provinces du Centre et de l’Ouest du Canada. Mais comme le montre notre tableau, pour la première fois depuis que l’on compile des données en cette matière, le triste honneur d’avoir le taux de chômage chez les jeunes le plus élevé revient aux autres provinces de l’Atlantique, soit l’Îledu-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et le Nouvelle-Écosse. L’Économie au travail Été 2013
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Déboulonner les mythes Salaires
Les critiques à l’égard de la rémunération des travailleurs du secteur public sont fausses L’Institut Fraser prétend que la rému nération des travailleurs du secteur public est en moyenne 12 % supérieure à celle de leurs homologues du secteur privé. Cette information erronée apporte de l’eau au moulin du gouvernement Harper qui souhaite que les salaires dans le secteur public se rapprochent de ceux dans le secteur privé. Bien que cette conclusion ait été rap portée comme vraie par bon nombre de médias, l’étude de l’Institut Fraser n’a aucune crédibilité. Voici pourquoi : • L’étude ne tient pas compte de la nature des postes, le facteur le plus important lié à la rémunération. • L’étude est fondée sur des données de l’Enquête sur la population active (EPA) couvrant uniquement une période d’un mois, ce qui n’est pas considéré fiable. • Elle utilise une technique qui peut facilement biaiser les résultats et ne fait pas état des niveaux de rémuné ration réels.
Le SCFP a effectué une analyse de la question en utilisant des données de recensement beaucoup plus fiables et détaillées. Nous avons comparé les salaires par profession et avons rapporté les niveaux de rémunération réels. Cette analyse a révélé des résultats qui reflètent la réalité des marchés du travail et des négociations collectives. Les salaires du secteur public sont supérieurs dans le cas des professions moins bien rémunérées comme celles des commis, des préposés à l’entretien ou des cuisiniers, mais inférieurs dans le cas des professions mieux rémunérées comme celles d’avocat, comptable, ingénieur et scientifique. Il y a également un plus petit écart de rémunération pour les femmes dans le secteur public grâce aux lois relatives à l’équité salariale et aux protections syndicales. Dans l’ensemble, les salaires moyens sont très semblables. Dans le secteur
public, on observe cependant une égalité salariale beaucoup plus importante selon la profession, le sexe, l’âge et la région. Or de tels résultats déplaisent aux organisations comme l’Institut Fraser ainsi qu’à leurs amis politiques. Si l’effet positif des salaires du secteur public est éliminé, le salaire des travailleurs dans le secteur privé s’abaissera davantage, alors que les profits augmenteront au bénéfice des dirigeants d’entreprises.
lire La lutte des salaires du SCFP à l’adresse suivante : scfp.ca/salaires
Fortune des entreprises Paradis fiscaux
Les entreprises ne paient pas leur juste part : moins de revenus pour les Canadiens Les entreprises canadiennes ont envoyé plus de 170 mil liards de dollars dans les paradis fiscaux en 2012. Un sommet! Ce chiffre « officiel » équivaut à un quart de l’investisse ment étranger direct effectué par les entreprises canadiennes et à 10 % de la production économique annuelle du Canada. Toutefois, les véritables montants sont évidemment supérieurs. Les chiffres dans le cas de nombreux paradis fiscaux ne sont pas disponibles ou ne sont pas déclarés pour des raisons de confidentialité. On estime que jusqu’à 38 bil lions de dollars sont conservés dans des paradis fiscaux partout dans le monde, ce qui équivaut à la moitié de la production économique annuelle mondiale. Les entreprises et les riches particuliers utilisent les
4 ÉtÉ 2013 L’Économie au travail
paradis fiscaux – ils offrent de faibles taux d’imposition ou des taux nuls – ainsi que les règles relatives au secret bancaire pour éviter de payer des impôts et mettre leurs actifs à l’abri des autorités, des créanciers et d’ex-conjoints. Les paradis fiscaux sont aussi largement utilisés par les criminels pour dissimuler ou blanchir de l’argent. La divulgation inadéquate, la faiblesse des règles fiscales et la mollesse de leur mise en application font en sorte que l’utilisation des paradis fiscaux ne pourra que s’accroître. Les pays riches et leur secteur financier qui en profitent allégrement ont été les complices de l’utilisation croissante des paradis fiscaux. Les grandes banques, les sociétés d’exploitation minière et autres grandes entreprises comme
Services publics Taxes
Nouvelle tendance politique favorable à l’équité fiscale Pendant trop longtemps, les Conservateurs ont réussi à ternir le mot impôt. Il s’en est suivi une inégalité crois sante et une diminution des services publics. Mais après des décennies de dogmes anti-impôts, bon nombre de provinces changent leur fusil d’épaule et renouent avec les hausses d’impôt. Afin d’obtenir l’appui du NPD pour leur budget de 2011, les libéraux de l’Ontario ont créé une nouvelle tranche d’imposition applicable aux revenus de plus de 500 000 $. Le Québec a suivi en introduisant une nouvelle tranche d’imposition applicable aux revenus supérieurs. Dans leur budget de 2013, les libéraux de la ColombieBritannique et les conservateurs du Nouveau-Brunswick ont aussi rehaussé
les impôts sur les revenus supérieurs. Les réductions de l’impôt sur le revenu des sociétés sont aussi reportées. Le Nouveau-Brunswick et la ColombieBritannique ont même fait marche arrière. Bon nombre de provinces ont également rehaussé les taxes sur l’alcool et le tabac. Pour leur part, les taxes de vente provinciales ont soit été augmentées, réduites ou modifiées. Certaines provinces jouissent d’une grande marge de manœuvre pour rendre leur système d’imposition plus équitable. Les taux d’imposition globaux du revenu des sociétés à l’échelle provinciale varient de 10 % jusqu’à 16 % et de 0 % à 8 % dans le cas des petites entreprises. Le taux d’imposition provinciale des revenus supé rieurs varie de 10 % en Alberta à 21 % en Nouvelle-Écosse. Mais il y a des limites à l’efficacité des augmentations des taux d’imposition provinciaux. Le régime fiscal fédéral continue en effet à offrir de nombreuses échappatoires fiscales régressives et coûteuses. Non seulement la déduction associée à une option d’achat d’actions
coûte au gouvernement fédéral un milliard de dollars par année, mais les systèmes d’imposition provinciaux qui utilisent la base fédérale perdent ainsi environ 500 millions de dollars chaque année. Vient ensuite la déduction sur le gain en capital qui coûte au gouvernement fédéral plus de 4 milliards de dollars chaque année et 2 milliards de dollars aux provinces. Le peu de poursuites du gouvernement fédéral en cas d’évasion fiscale et l’utilisation des paradis fiscaux internationaux érodent également les assiettes fiscales provinciales et fédérales. En raison de la mobilité interprovinciale, la trop grande variation des taux d’imposition à l’échelle provinciale entraîne des pertes de revenus et une concurrence non productive au chapitre des taux d’imposition. Les provinces peuvent quand même accomplir encore beaucoup pour rendre leur régime d’imposition plus juste, mais elles ont besoin d’un gouvernement fédéral déterminé à mettre en place un régime fiscal plus juste et progressif.
Actifs des entreprises canadiennes dans des paradis fiscaux Barbades Îles Caïmans Luxembourg Irlande Bermudes
59,3 milliards $ 30,2 milliards $ 19,7 milliards $ 15,8 milliards $ 11,8 milliards $
Source : Statistique Canada, Investissements directs canadiens à l’étranger, tableau Cansim 376-0051.
Starbucks, Amazon, Apple, Microsoft, Google et General Electric exploitent les faiblesses des règles fiscales pour transférer leur profit dans ces paradis afin d’éviter de payer des impôts. Ces pratiques érodent les revenus publics et désavantagent de façon importante les petites et moyennes entreprises du pays. Les accords d’échange d’information fiscale automatique, les accords internationaux sur des taux d’imposition
minimaux et une application plus stricte des règles existantes réduiraient le problème. Une retenue fiscale de seulement 1 % sur les actifs canadiens détenus dans les paradis fiscaux permettrait de générer plus de 1,7 milliard de dollars chaque année. Les Canadiens méritent mieux! Voir taxfairness.ca/fr pour obtenir plus de renseignements.
L’Économie au travail Été 2013
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Tendances Finances publiques
Les budgets provinciaux présentent des similitudes Le printemps est aussi la saison des budgets. La récolte 2013 des budgets provinciaux comporte bon nombre d’éléments et de thèmes communs. En voici quelques exemples : Toutes les provinces ont tenu compte de prévisions de croissance économique plus lentes pour l’année en cours. La croissance économique réelle est inférieure d’un point de pourcentage à ce qu’avait prévu le gouvernement fédéral pour 2012 et 2013 il y a tout juste deux ans. On a clairement mal évalué les répercussions économiques néga tives des mesures de réduction des dépenses gouvernementales qui continueront de ralentir la croissance dans les deux prochaines années. Les bas taux d’intérêt, recon duits pour alléger l’impact négatif d’une croissance économique infé rieure à la normale, ont aussi permis aux gouvernements de réaliser des épargnes notables sur les inté rêts payés sur leur dette publique. Par exemple, l’Ontario a épargné 250 millions de dollars supplémen taires l’année dernière et les écono mies pourraient atteindre 1,9 milliard de dollars d’ici 2015-2016. De nom breuses provinces empruntent en prévision des dépenses futures. Aucune ne rencontre de problèmes financiers ou d’obstacles à l’emprunt sur les marchés financiers.
En dépit des faibles taux d’intérêt et de conditions économiques plus difficiles causées en partie par les réductions des dépenses publiques, toutes les provinces continuent de limiter et de comprimer les dépenses publiques. Dans plusieurs cas, les provinces prévoient stabiliser ou réduire les dépenses publiques en dollars réels. Les provinces qui surfent sur le boom du pétrole et du gaz ont connu un réveil brutal lorsqu’elles ont constaté que la diminution des recettes provenant de l’exploitation des ressources grugeait leur budget. L’Alberta, dont le quart des revenus provient des ressources, a obtenu 1,6 milliard de dollars de moins que prévu. Par conséquent, la province est maintenant dans le rouge. Le Québec, le Manitoba et la Saskatchewan ont augmenté le financement pour créer des places supplémentaires en garderie. Les mesures de soutien sont absentes dans d’autres provinces. Bon nombre de provinces désirent réduire les effectifs de la fonction publique. La ColombieBritannique réduit ses équivalents temps plein dans la fonction publique de 5 %, surtout au moyen de mesures d’attrition. La Saskatchewan prévoit réduire ses effectifs de 15 % au cours des quatre prochaines années. L’Ontario, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve et Labrador prévoient tous des réductions de 5 %. À TerreNeuve, les réductions d’emploi réelles ont été encore plus importantes alors que 2 000 postes ont été éliminés.
Les transferts aux universités et à d’autres établissements d’enseigne ment postsecondaire sont réduits dans certaines provinces ce qui contraint les écoles à réduire leurs dépenses ou à générer des revenus à partir d’autres sources. Les plafonds imposés aux augmentations des droits de scolarité sont rehaussés dans certaines provinces. Les droits sont gelés à Terre-Neuve et Labrador. Au Québec, ils sont indexés à la croissance du revenu disponible par personne. En Ontario, la hausse maximale annuelle est fixé à 3 %. L’hystérie du déficit! Certaines provinces comme l’Alberta, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve et Labrador se sont montrées alarmistes à l’égard des déficits. Certaines n’ont eu aucune difficulté à augmenter leurs cibles de réduction du déficit alors que d’autres ont dû réduire leur déficit un peu moins que prévu. Les investissements dans les infrastructures se poursuivent. L’emphase est toutefois mise sur l’énergie, le réseau électri que et le transport en commun. À la suite des récents scandales ayant touchés les partenariats public-privé (PPP), le Québec a affirmé qu’il n’aurait plus recours aux PPP pour les hôpitaux. Malheureusement, la Saskatchewan, l’Alberta et l’Ontario vont de l’avant avec des partenariats public-privé, notamment dans les secteurs du transport en commun et du traitement des eaux.
Il ne s’agit là que de quelques exemples. Vous pouvez en apprendre davantage sur notre site Web : scfp.ca/economie
6 ÉtÉ 2013 L’Économie au travail
Indice des prix à la consommation
L’inflation demeure faible dans la plupart des provinces La faiblesse des prix de l’essence et la lenteur de la croissance économique exercent une pression déflationniste dans la plupart des provinces. L’indice du prix à la consommation était d’un peu plus de 0,9 % au cours des trois premiers mois de l’année. Comparativement à l’année précédente, l’inflation a chuté dans toutes les provinces sauf au Manitoba où le prix plus élevé de l’essence a exercé une pression à la hausse sur l’inflation. Compte tenu de l’économie apathique et du recul du prix des maisons, la Banque du Canada prévoit que l’inflation demeurera aux alentours de 1 % au cours de la première moitié de l’année, puis augmentera à 1,6 % d’ici la fin de 2013. Elle ne prévoit pas que l’inflation atteigne le taux cible de 2 % avant 2015. La moyenne des prévisions relatives à l’inflation des banques s’établit à 1,3 % en 2013 et 1,9 % en 2014. Le retour de la taxe de vente au détail en Colombie-Britannique, après l’expérience de la TVH – réduira les prix dans cette province. L’inflation devrait y chuter à 0,8 % cette année. Dans d’autres pro vinces, on prévoit que le taux moyen sera de 1,5 % en 2013. La crois sance économique plus forte en 2014 permet de prévoir une hausse de l’inflation de 2 % dans l’ensemble des provinces et d’un peu plus en Saskatchewan, en Alberta et à Terre-Neuve et Labrador.
Inflation des prix à la consommation
Actuelle Prévision Prévision 2012 2013 2014
Canada
1,5 %
1,3 %
1,9 %
Terre-Neuve et Labrador
2,1 %
1,7 %
2,1 %
Île-du-Prince-Édouard
2,0 %
1,6 %
1,8 %
Nouvelle-Écosse
2,0 %
1,6 %
1,9 %
Nouveau-Brunswick
1,7 %
1,4 %
1,8 %
Québec
2,1 %
1,5 %
1,8 %
Ontario
1,4 %
1,3 %
1,9 %
Manitoba
1,6 %
1,6 %
1,9 %
Saskatchewan
1,6 %
1,6 %
2,3 %
Alberta
1,1 %
1,4 %
2,1 %
Colombie-Britannique
1,1 %
0,8 %
1,8 %
Sources : Statistique Canada, Tableau Cansim 326-0020 et prévisions récentes des banques TD, RBC, CIBC et BMO.
Salaires Qui obtient quoi
Les augmentations salariales du secteur public inférieures à celles du secteur privé Les règlements salariaux dans le secteur public sont moins généreux que ceux du secteur privé. Les conventions collectives signées au cours des deux premiers mois de 2013 prévoyaient une augmentation salariale moyenne annuelle de seulement 0,3 % pour les travailleurs du secteur public comparativement à 2,3 % dans le secteur privé. Les deux années de gel salarial touchant près de 250 000 travailleurs du secteur public en Ontario en étaient la principale cause. Les augmentations salariales moyennes du secteur privé ont toutefois dépassé celles du secteur public dans d’autres provinces également. Depuis 1990, les règlements salariaux cumulatifs du secteur public sont de 10 % inférieurs à ceux du secteur privé, en raison des importantes pertes salariales enregistrées dans la foulée de la récession de 19901991. La plus importante différence entre la rémunération dans le secteur public et le secteur privé, soit 16%, s’observe au Québec où les règlements dans le secteur
public ont été inférieurs à 2 % pour la plus grande partie de la dernière décennie. La Colombie-Britannique arrive au deuxième rang à 15 % de moins que dans le secteur privé, les réductions et gels salariaux applicables à bon nombre de travailleurs du secteur public ayant contribué à maintenir les augmentations moyennes à un faible niveau. Le fossé entre les règlements salariaux des secteurs public et privé devrait continuer de se creuser au cours des prochaines années, car les gouvernements de l’Ontario et de l’Alberta exhortent tous deux les travail leurs du secteur public à accepter des gels salariaux pluriannuels.
Augmentation de salaires moyennes dans les principales conventions Par secteur Jan.-Fév. 2012 2013 Total national
1,7 %
0,3 %
Public
1,7 %
0,3 %
Privé
1,6 %
2,3 %
Terre-Neuve et Labrador
5,0 %
–
Île-du-Prince-Édouard
2,0 %
–
Nouvelle-Écosse
2,3 %
2,5 %
Nouveau-Brunswick
2,0 %
1,0 %
Québec
2,1 %
1,6 %
1,1 %
0,0 %
2,8 %
1,4 %
Par province
Ontario Manitoba Saskatchewan
1,2 %
–
Alberta
2,8 %
3,5 %
Colombie-Britannique
1,2 %
1,6 %
Source : Données sur les négociations collectives de Travail Canada.
L’Économie au travail Été 2013
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Hors des sentiers battus Vacances
Vous méritez vraiment des vacances plus longues La belle température estivale signifie que c’est le temps de prendre des vacances! Mais malheureusement, pas trop longtemps! Les lois canadiennes prévoient en effet un nombre minimum de congés payés inférieur à la plupart des autres grands pays industrialisés. Seuls les travailleurs des États-Unis ont droit à moins de congés payés que les Canadiens. Les travailleurs canadiens obtiennent un minimum de 10 jours de congé annuel après un an de travail, sauf en Saskatchewan où le minimum est de trois semaines. Les jours fériés permettent aux travailleurs d’obtenir cinq à onze congés rémunérés supplémentaires au cours de l’année, selon la province ou le territoire. La Nouvelle-Écosse ferme la marche avec cinq jours alors que le Nunavut en offre onze. D’autres pays sont beaucoup plus généreux. Les travailleurs de l’Autriche, de la France, du Danemark et de la Suède ont tous droit à cinq semaines de congés garantis par année. Tous les autres pays de l’Union européenne offrent au moins quatre semaines de congé annuel et un nombre équivalent ou supérieur de jours fériés rémunérés. Et il n’y a pas que l’Europe qui devance le Canada. L’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et nombre d’autres pays offrent aussi de meilleures garanties pour ce qui est du nombre de congés minimum. Chacun a besoin de congés pour se reposer et recharger les batteries. Et c’est d’autant plus vrai de nos jours alors que la conciliation travail-famille devient un défi de plus en plus difficile à relever. L’augmentation des congés rémunérés obligatoires n’a pas pour autant ralenti le progrès économique. Ce serait aussi très populaire au plan politique. Le Canada n’a fait que trop peu de progrès dans ce domaine. Il faut accélérer la cadence.
Tendances Charge de travail
Travailler de neuf à ??? Les Canadiens sont débordés
Les familles canadiennes deviennent de plus en plus débordées et stressées en raison des demandes croissantes au travail qui s’ajoutent aux tâches familiales, selon une étude fouillée. Linda Duxbury, professeure à l’Université Carleton, a examiné la situation de plus de 25 000 Canadiens et a constaté que 60 % d’entre eux travaillent plus de 45 heures par semaine. Il s’agit d’une importante augmentation comparativement aux enquêtes précédentes. Les exigences familiales, de même que les responsabilités relatives aux soins des enfants et des parents âgés, viennent ajouter à la charge de travail. Cela rend plus difficile la conciliation travailfamille, génère plus de stress et entraîne des niveaux de satisfaction inférieurs. L’un des résultats en est l’absentéisme : 45 % des personnes interrogées ont déclaré avoir manqué au moins une journée de travail au cours des six mois précédents en raison d’une fatigue émotionnelle, mentale ou physique. SIGNE DES TEMPS : La nouvelle disposition la plus populaire ajoutée aux conven tions collectives du SCFP au cours de la dernière année? Le congé de deuil.
* Aux États-Unis, les employeurs n’ont aucune obligations d’offrir des congés payés en vertu du code du travail américain. Sources : Base de données de l’OCDE sur la famille, bases de données de l’Union européenne sur les congés et lescongés payés, raisingtheglobalfloor.org, étude « No Vacation Nation Revisited and specific country provisions » du Centre de recherche sur les politiques économiques (CEPR).
8 ÉtÉ 2013 L’Économie au travail
Avec l’appui des gestionnaires et en exerçant un meilleur contrôle des heures de travail, il est possible de réduire le stress et d’autres effets négatifs en établissant une culture organisationnelle positive au travail. Malheureusement, la plupart des personnes interrogées ont déclaré que la flexibilité offerte en ce qui a trait au temps de travail augmente peu.