Nyc, soon its feet under water?

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New York City,

Bientôt les pieds sous l’eau?

Le littoral de Manhattan: planification d’un futur résilient face aux inondations

Cylène Streichenberger Faculté La Cambre-Horta - ULB 1


À mon père,

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NEW YORK CITY, BIENTÔT LES PIEDS SOUS L’EAU? Le littoral de Manhattan: Planification d’un futur résilient face aux inondations

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NEW YORK CITY, BIENTÔT LES PIEDS SOUS L’EAU? Le littoral de Manhattan: Planification d’un futur résilient face aux inondations

Cylène Streichenberger

Travail de fin d’études Réalisé sous la direction de Geoffrey Grulois, en vue de l’obtention du Master en architecture de la Faculté d’architecture La Cambre-Horta, de l’Université Libre de Bruxelles, durant l’année scolaire 2015-2016.

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1.Madelon Vriesendorp, Freud Unlimited, 1975 Courtesy Architectural Association

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Sommaire

Sommaire ........................................................................................... 9 Remerciements ................................................................................. 11 Avant-propos .................................................................................... 13 Introduction ...................................................................................... 17 Méthodologie .................................................................................... 21 1. La Résilience urbaine .................................................................... 25 1.1. Définition

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1.2. Enjeux

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1.3. La vulnérabilité de l’île

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1.3.1. Un peu d’histoire : La ville et l’eau 1.3.2. Le changement climatique

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2. La Catastrophe ............................................................................. 49 2.1. L’ouragan Sandy

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2.2. New York dans tous ses états

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2.3. Sandy et ses lendemains

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3. Objectifs et stratégies de résilience à l’échelle de la ville ................ 69 3.1.Plan NYC 2030 , une vision pour l’avenir.

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«Greener and Greater New York» 3.1.1. Plan Vision 2020: Rendre les rivages accessibles

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3.1.2. One NYC: Stratégies de résilience à l’échelle de la ville. « The plan for a strong and just city »

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3.2. Recherches et projets pour un rivage résilient 3.2.1 Rising Currents 3.2.2 Rebuild by Design.

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4. Un nouveau visage pour le rivage de Manhattan .......................... 107 4.1.

Méthodologie du projet

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4.2.2.

Description du projet

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4 .2.3.

En quoi le projet est-il résilient?

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4.2.4.

Pourquoi l’équipe de BIG a-t-elle gagné le concours?

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4.2.5.

BIG U, vers un phénomène de gentrification caché?

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Conclusion ..................................................................................... 145 Après-propos ................................................................................. 149 Bibliographie .................................................................................. 150 Sitographie ................................................................................... 154 Illustrations .................................................................................... 156

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Remerciements

À mon promoteur Geoffrey Grulois, d’avoir été présent et disponible durant la réalisation de ce mémoire et pour tous ses conseils avisés. À mon lecteur externe Olivia Adamski ainsi qu’aux autres membres du jury. À Judith Lemaire, qui m’a soutenue et encouragée dans l’ensemble de mes démarches. À Jean-Louis Cohen, David Graham Shane, Daniel Payne, Guy Nordenson, Rob Freudenberg et Jeremy Alain Siegel, d’avoir gentiment accepté de me rencontrer lors de mon séjour à New York. À Caroline, de m’avoir suivi dans cette folle aventure new-yorkaise! À ma famille, qui a cru en moi tout au long de mon parcours. À mes amis Martin et Babette, qui m’ont été d’un soutien sans égal.

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Avant-propos

Diplômée en 2011 d’un baccalauréat scientifique, j’ai quitté la belle région Gersoise pour venir étudier à Bruxelles. À travers ces belles années d’apprentissage, j’ai rarement eu affaire à des exercices de rédaction ou réflexion personnelle. J’ai donc perçu l’écriture de ce mémoire comme un challenge personnel, une opportunité unique de découvrir un nouveau domaine et de développer mon esprit critique sur un thème précis. En effet, après de longues hésitations sur l’objet d’étude de ce mémoire, j’ai choisi de travailler sur un sujet touchant à l’urbanisme, une branche de l’architecture qui m’a toujours intéressée. À part des cours théoriques suivis en bachelier et quelques notions de cartographies vues lors de mon Erasmus à Grenade, mes connaissances en la matière étaient toutefois limitées. J’ai décidé de mettre en relation cette discipline avec les catastrophes naturelles afin d’étudier leur impact sur la ville et la manière dont celle-ci peut se relever d’un tel traumatisme. Ces phénomènes persistent et s’aggravent, ils touchent à présent des villes qui n’étaient à l’époque pas confrontées à de tels dangers. Cela en fait donc un sujet d’actualité à prendre très au sérieux. J’ai choisi la ville de New York comme cas d’étude car j’ai toujours été fascinée par le dynamisme et la démesure de cette mégapole américaine. Partie avec peu de bagages au début de cette aventure, ils débordent à présent de nouveaux outils et savoirs, reflétant un réel investissement et engouement pour ce travail, qui clôturera ces cinq belles années d’études consacrées à l’architecture. 13


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NEW YORK CITY

Bronx

Manhattan

Queens x

Brooklyn

Staten Island

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Introduction

Le 29 octobre 2012, la moitié de New York se retrouve plongée dans le noir, les pieds dans l’eau. Après avoir touché les côtes Cubaines, la Jamaïque, les Bahamas... le cyclone Sandy s’abat sur la Côte Est des Etats-Unis, frappant la ville de plein fouet. L’océan est monté bien plus haut que la normale, envahissant le littoral, s’engouffrant dans les petits ports et rivières, inondant les zones basses vulnérables, submergeant tout. Le lendemain de la catastrophe, les habitants découvrent l’étendue des dégâts. Certains ont vu leur maison s’envoler ou englouties par les eaux boueuses de l’onde de tempête, emportant dans les décombres leurs souvenirs et biens les plus précieux, des pertes qui ne pourront jamais êtres remplacées. Sandy a fait cinquante-trois morts et a laissé derrière elle près de dix-neuf milliards de dégâts dans le seul État de New York. Alors qu’ils se croyaient protégés, les newyorkais découvrent que leur riche et puissante métropole est en réalité un fragile château de carte. Il va donc falloir reconstruire mais surtout comprendre. Voilà une des préoccupations majeure le lendemain de la catastrophe. Ce nouveau cataclysme aura fait que confirmer la vulnérabilité des mégapoles côtières face aux ondes de tempête et aux inondations. Les villes les plus menacées sont majoritairement situées sur des deltas. On définit rapidement plusieurs causes à l’origine de ces catastrophes : le réchauffement climatique, la montée du niveau des océans mais aussi la soif démesurée de croissance de l’homme, qui font s’enfoncer ces villes plus vite qu’ailleurs. Cependant, malgré les signaux menaçants que nous envoie la nature, la boulimie urbaine continue. 17


Aujourd’hui, plus de la moitié des habitants vivent en ville et selon une étude, 22% de la population mondiale vivrait dans les grandes villes côtières en 2050.1 Depuis quelques décennies, ces villes assistent impuissantes à ce phénomène d’exode rural. Afin de s’adapter à cette tendance, elles construisent de plus en plus d’infrastructures sur ces zones fragiles et bien souvent, ce développement se fait sans tenir compte des risques d’inondations. Le Changement climatique est un des plus gros challenge face auquel les villes côtières doivent répondre mais représente également une réelle opportunité de repenser nos systèmes urbains et de composer avec celui-ci. L’ouragan a mis en évidence le fait qu’il va falloir non seulement reconstruire les quartiers dévastés mais aussi, ressortir plus fort de cet évènement en rendant la ville plus résistante. Pas seulement être prêt à accueillir un prochain Sandy mais aussi, se préparer à faire face à un futur composant avec les grands bouleversements du 21e siècle. Lorsque l’ouragan Katrina a ravagé la Nouvelle-Orléans en 2005, beaucoup de gens ont tout perdu et ont décidé de quitter la ville, du jour au lendemain, par peur qu’un nouvel évènement de ce genre se réédite. À New York, l’enjeu est de taille car la donne est différente:“Ici, les gens restent et c’est un défi pour nous” nous confie l’ancien maire de la ville, Michaël Bloomberg. Sandy n’aura apparemment pas réussi à faire fuir les new-yorkais, fermement attachés à leur terre. Dès lors, certains questionnements se posent: Comment peut-on anticiper et réagir face à ces catastrophes aux répercussions humaines et économiques chaotiques ? 18

1. MANDY, Marie, Inondation : Une menace planétaire, ARTE, 2015, 92 min


Introduction

Seront-nous un jour forcés d’abandonner ces grandes métropoles qui sombrent à petit feu ? Pour tenter de résoudre ces interrogations, architectes, ingénieurs, urbanistes et paysagistes réfléchissent ensemble au devenir de la capitale des États-Unis face à l’augmentation des risques majoritairement liés à la montée des eaux et à l’accroissement des tempêtes. Ils s’accordent tous sur un point, il faut repenser l’urbanisme et vivre avec l’eau plutôt que de la combattre : c’est ici qu’intervient la notion de résilience urbaine.

2. Photo aérienne montrant l’ampleur des dégats à Breezy Point La petite ville du quartier du Queens, après un feu déclenché par l’ouragan le 30 octobre 2012 ©Mike Groll/AP

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On a tendance à oublier que les grandes métropoles, aussi puissantes soient elles, sont tout autant exposées aux risques d’inondations que des villes plus pauvres et moins industrialisées, telles que Manille ou encore Haïti, situées dans des Pays en voie de développement. De plus, ce ne sont pas les mieux préparées au choc contrairement à ce que l’on peu croire car elles sont généralement moins habituées à ces phénomènes. J’ai choisi de focaliser mon étude sur l’aménagement du littoral sud de Manhattan, la pointe de l’île étant plus vulnérable aux inondations que le reste de la ville. Et oui, même si elle n’est plus si sauvage qu’à l’époque, Manhattan reste une île, un long banc de terre entouré d’eau, en quelque sorte. Ce sont ces aspects qui m’ont interpellée et orientée dans le choix du sujet. En effet, je me suis interrogée sur le fait qu’une métropole aussi influente que Manhattan, classée comme première ville mondiale devant Londres et Paris, peut être aussi vulnérable et peu préparée à la venue d’une catastrophe naturelle, si on en regarde le bilan. On va donc s’intéresser à comment la ville a-t-elle surmonté le choc et se prépare-t-elle au risque d’accueillir d’autres catastrophes dévastatrices. Parmi ses futurs objectifs, la notion de résilience urbaine revient souvent sur le tapis. Quels moyens va-t-elle mettre en oeuvre pour devenir plus résiliente ? Est-ce que toutes les dimensions, économique, écologique et sociale, seront prises en compte à part égale dans l’élaboration des nouveaux projets urbains? C’est ce que l’on va tenter de voir à travers ce travail. 20


Introduction

Méthodologie

Mes recherches se sont divisées en deux temps. Fin janvier je me suis rendue à Manhattan, quoi de mieux que d’être directement sur place pour entamer mon investigation? J’ai donc profiter de l’occasion pour organiser diverses rencontres avec les principaux intéressés. J’ai rencontré dans un premier temps quelques-uns des architectes, urbanistes et ingénieurs ayant travaillé sur le projet The Big U, remporté par l’équipe de BIG (Bjarke Ingels Group) lors du concours Rebuild by Design, visant à redonner un nouveau visage au rivage sud de Manhattan tout en protégeant la ville de futures inondations. La première interview m’a été accordée par Daniel Payne, consultant chez AEA et membre de l’équipe de BIG. J’ai ensuite rencontré Rob Freudenberg, directeur du Regional Plan Association et Guy Nordenson, qui a participé au programme Rising Currents pour le MoMA. Tous les deux sont urbanistes et ont également travaillé sur ce projet. À la fin du séjour, j’ai eu l’incroyable opportunité d’arpenter les bureaux de BIG afin d’y rencontrer le chef de projet Jeremy Alain Siegel. J’ai également eu la chance d’aller boire un thé avec le grand historien David Grahame Shane, un des premiers à avoir parlé d’Urban Design à New York. De part ces échanges j’ai pu récolter des informations fructueuses sur l’histoire de la ville en rapport avec le littoral. Enfin, je me suis entretenue avec l’architecte et historien Jean-Louis Cohen, auteur du livre New York, Réguler pour innover, les années Bloomberg, qui m’a servi d’excellent support pour le rédaction de ce mémoire, de part la clarté et la pertinence de son contenu. 21


Il arrivera que j’utilise des extraits de ces interviews pour illustrer mes propos, j’ai fait le choix de les laisser dans leur langue originelle afin de ne pas en perdre le sens, qui peu parfois être altéré lors de la traduction. Je me suis rendue également à la NYPublic Library ainsi qu’à la bibliothèque d’architecture de Colombia, Avery Library afin de poursuivre mes recherches dans les livres d’histoire et feuilleter de vieilles cartes de Manhattan. Entre deux rendez-vous, je partais sillonner la ville, traversant les espaces publics, les parcs, longeant les littoraux afin de m’imprégner pleinement de l’ambiance urbaine et de voir comment les gens s’approprient ces différents espaces.

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Introduction

Comme le suggère le titre, « New York City, bientôt les pieds sous l’eau ? », la menace est belle et bien présente. La catastrophe Sandy a servi de « wake-up call »2 pour la ville de New York, c’est à ce moment qu’elle a pris sérieusement conscience de sa vulnérabilité. Dès lors, elle a commencé à mettre en place de nouvelles stratégies à travers de nouvelles politiques et des projets d’aménagement du rivage, situé en première ligne face aux inondations.

2. Terme désignant un cas de «prise de conscience.» 3. Abréviation du concours Rebuil By Design.

Dans une première partie, nous allons donc tenter de définir ce qu’est la résilience urbaine et comprendre pourquoi cette notion est au cœur des discutions aujourd’hui. Dans un second temps, nous allons voir comment la ville a-t-elle vécu le passage de l’Ouragan Sandy. Était-elle suffisamment préparée au choc ? Comment l’a-t-elle surmonté ? Ensuite, nous allons observer les différentes stratégies lancées par la ville pour la rendre plus résiliente à travers le Plan NYC 2030. Une partie sera concentrée sur le détail et l’analyse d’une série de projets qui se sont développés sur base de ces réflexions, notamment à travers les concours internationaux Rising Currents et Rebuild By Design. Tous portent un intérêt à réinterroger la place de la ville moderne face à ses vulnérabilités . Le cas d’étude que j’ai choisi pour illustrer ces propos sera un des lauréats du concours RBD3. Je prendrai le soin de l’analyser en détail afin de voir de quelle manière ils abordent la résilience et intègrent les dimensions économiques, écologiques, politiques ou sociales dans le processus d’élaboration du projet. 23


« La résilience, ça ne se limite pas à construire des murs de protection, c’est aussi changer les mentalités des citoyens, et la façon dont les gouvernements et les gens qui gèrent la ville, envisagent l’avenir. » 4 _ Ashvin Dayal.

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1. La Résilience urbaine

Face à ces phénomènes désastreux et de plus en plus récurrents, les mégalopoles côtières sont à un tournant important de leur histoire. Si elles ne se réveillent pas, elles pourraient entraîner dans leur naufrage, un bout de nos vies. Ne faudrait donc-t-il pas s’interroger sur la manière parfois paradoxale dont nous construisons nos sociétés? La nature disparaît petit à petit sous le bitume et nous démolissons sa résilience originelle. Nous demandons à présent aux villes de devenir résilientes à la place de leurs écosystèmes naturels. N’est-ce pas le monde à l’envers ? Il est temps de prendre les choses en main et de se tourner vers un nouveau modèle de ville, qui laisserait la nature reprendre doucement son territoire tout en réduisant à la fois les impacts du changement climatique. 4. Ashvin Dayal, directeur géneral de la Rockefeller Foundation, dans le reportage de Marie MANDY, Inondation : une menace planétaire, 2015.

Nous allons donc dans ce chapitre, tenter de définir la notion de résilience urbaine comme on l’entend aujourd’hui puis essayer de comprendre ce qui a emmené la ville de New York à ce tourner vers ce modèle de ville.

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Résilience urbaine

3. Vue sur Manhattan depuis l’Empire State Building, Février 2016 ©Photo personnelle

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Résilience urbaine

1.1. Définition

Tout d’abord, essayons de comprendre d’où vient cette notion. Le mot résilience voit le jour à la fin du XXe siècle, il a été utilisé pour la première fois dans le domaine de la mécanique, exprimant «la capacité d’un corps à retrouver son état initial après un choc ou une perturbation». Il a ensuite été repris par d’autres disciplines telles que l’écologie ou encore la sociologie, qui l’ont défini comme « la mesure de la persistance d’un système et ses capacités à absorber des perturbations et à maintenir les mêmes relations entre les populations ou les différents états du système ».5 La notion de résilience urbaine est assez récente et présente encore quelques contours flous, c’est pourquoi de nombreuses recherches sont en cours sur le sujet. Elle représente une nouvelle manière de repenser le système urbain et ses perturbations.

5. HOLLING, C.S., Resilience and Stability of Ecological Systems, Annual Review of Ecology and Systematics, Vol. 4 ,1973, p 23. 6. Résilience urbaine, Développement durable et territoire, vol. 3, n°1, mai 2012, https://developpementdurable.revues. org/9208, page consultée en mars 2016.

Appliquée à la ville, elle peut être définie comme « la capacité d’un système urbain à absorber une perturbation et à retrouver ses fonctions à la suite de cette dernière.»6 C’est donc la capacité d’une ville à non seulement rebondir, mais aussi continuer à se développer et prospérer. Le but n’est pas de récupérer et de se retrouver au même stade qu’avant le choc. Il faut faire face aux impacts du changement climatique et menaces qui pèsent sur le XXIe siècle et en sortir encore plus forte. C’est deux aspects conjugués. La ville résiliente doit donc avoir une capacité d’adaptation face aux perturbations qu’elle peut rencontrer, une capacité de résistance pour limiter les impacts et 29


une capacité de récupération afin de retrouver son état initial rapidement. Tout un panel d’aptitudes nécessaires pour réduire les impacts économiques, écologiques et sociaux des crises sur l’ensemble de la ville. La résilience ne concerne pas que les infrastructures et les bâtiments, elle parle aussi de l’être humain, c’est vraiment un processus culturel, social et physique. C’est ce qui en fait un concept si global et complexe en vue de répondre aux futurs risques. Les villes peuvent être confrontées à des épisodes aigus que l’on appelle « choc », ou à des tensions chroniques, que l’on appelle « stress ».7 On entend par tensions chroniques, des problèmes qui affaiblissent le tissu d’une ville que ce soit au quotidien ou de manière périodique. Par exemple, le taux élevé du chômage, un système de transport en commun inefficace, un manque chronique alimentaire ou d’eau… Les chocs font référence à des évènements soudains tels que des tremblements de terre, des inondations, des épidémies ou encore des attaques terroristes, certaines encore marquées dans nos esprits. Malgré les débats en cours, la résilience est aujourd’hui au cœur des réflexions. Préoccupée par l’avenir incertain de certaines cités, la Rockefeller Foundation s’est lancée en 2013 dans un vaste projet réunissant des villes des quatre coins du monde appellé,100 Resilient Cites. Un réseau de cent villes partageant leurs solutions pour mieux intégrer les facteurs environnementaux mais aussi économiques et sociaux.

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7.100 Resilient cities, http://www.100resilientcities.org , page consultée le 9 mai


Résilience urbaine

Il faut penser et anticiper le fait que dans quelques années, les villes accueilleront parfois le double de leur population actuelle, cela veut dire que la planification des quartiers, l’occupation des sols, les choix d’infrastructures qu’elles font aujourd’hui, devront pouvoir s’adapter dans le futur. Ce projet peut donc leur apporter les connaissances nécessaires en matière de résilience afin de faire les meilleurs choix possibles pour leur avenir. Je trouve cette initiative très intéressante et prometteuse si elle peut permettre aux villes de changer de modèle rapidement. Qu’elles soient riches ou pauvres, grandes ou petites, elles ont besoin de penser leur système d’une nouvelle manière. Pas seulement répondre aux bouleversements climatiques mais aussi, aux chocs économiques qui ne sont pas négligeables en période de crise. Cependant, les solutions ne sont pas identiques partout car elles doivent être adaptées spécifiquement à la ville. Il est important qu’elles s’accordent ensemble sur la définition qu’elles ont de la résilience car en effet, cela serait risqué que toutes s’engagent sur cette voie alors qu’elles ne mettent pas la même chose derrière ce mot. « We can’t predict the next disruption or catastrophe. But we can control how we respond to these challenges. We can adapt to the shocks and stresses of our world and transform them into opportunities for growth. » 8

8. Ibid

Là sont les enjeux d’une ville qui s’engage dans ce « nouveau » modèle de ville basé sur la résilience.

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« As usual in New York, everything is torn down before you have had time to care for it. » _James Merrill.9

4. Carte de Manhattan, 1776 En rouge, les zones dévastées par l’incendie source: Wikipedia

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Résilience urbaine

1.2. Enjeux

Au cours de l’histoire, les villes ont subi toutes sortes de destructions. Brûlées, bombardées, inondées, elles se sont pour la majorité, relevées plus fortes et plus robustes qu’avant. La résistance de la vie urbaine a inspiré l’un des poèmes les plus connu de Rudyard Kipling, Cities and Thrones and Powers duquel j’ai choisi un extrait pour illustrer le chapitre qui va suivre:

« Cities and Thrones and Powers Stand in Time’s eye, Almost as long as flowers, Which daily die: But, as new buds put forth To glad new men, Out of the spent and unconsidered Earth, The Cities rise again. »

Les villes font partie des artefacts10 les plus durables de l’humanité, soumises à toutes sortes de chocs elles sont toujours debout, du moins aucune n’a disparu de manière permanente au fil des derniers siècles. 9. James Merill, extrait du poème An Urban Convalescence, 1962. 10. Produit ayant subi une transformation, même minime, par l’homme, et qui se distingue ainsi d’un autre provoqué par un phénomène naturel. (Larousse)

New York est une ville particulièrement fragile de part les divers évènements tragiques qu’elle a traversé : le grand incendie de 1776 ravageant près d’un tiers de la ville (cf. figure 4), un autre en 1835 qui fut encore plus dévastateur avec 675 immeubles détruits dans le Sud de Manhattan , les attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001, l’ouragan Katrina en 2005, Irene en 2011 et puis Sandy en 2012… 33


En effet, la ville n’a cessé d’être détruite puis reconstruite au cours des temps. L’auteur James Merrill et l’architecte franco-suisse Le Corbusier, parlent de New York comme une ville provisoire, qui ne cesse de changer. Malgré trente ans d’écart, leur vision se rejoint: « New York is, and has been, a provisional city…defined by a dreadful chill of change » _James Merill. « New York, is nothing more than a provisional city. A city which will be replaced by another city.» _Le Corbusier.11 En effet, aujourd’hui il est impossible de marcher dans la ville sans voir des bâtiments en construction, j’en ai fait l’expérience. Quelles sont les enjeux de la métropole face aux risques naturels ? À New York, près d’un demi-million de citoyens sont sur le chemin des ouragans et pas moins de six-cent millions de gens vivent à moins d’un mètre du niveau de la mer. Ce n’est pas une ville comme les autres, elle est le lieu de concentration des pouvoirs de la mondialisation. Si il y a une perturbation, ça aura inéluctablement des conséquences sur de nombreux autres territoires qui sont liés à ce centre de commandement. Les enjeux économiques sont considérables: New York est le centre du monde et Manhattan, le coeur du coeur. Elle est le berceau de la mixité ethnique, une diversité qui se ressent également dans l’architecture : des bungalows de Red Hook aux immenses buildings qui se disputent le ciel, il y en a pour tous les goûts. 34

11. Citations tirées du livre de Lawrence VALE, Thomas J. CAMPANELLA, The resilient city, How modern cities recover from disaster, Oxford university press, 2005


Résilience urbaine

Dans les générations à venir, la ville attend près d’un million d’habitants en plus. Le challenge est de taille. Comment l’urbanisme peut-il répondre à ces enjeux? Aujourd’hui, l’enjeu majeur est de rendre les villes plus résistantes, c’est un fait, mais aussi plus adaptables à l’incertitude, que ce soit au niveau du bâti ou plus largement, de l’aménagement du territoire. On pense que le modèle de ville résiliente serait adéquate face à ce futur incertain.

12. Magali REGHEZZA-ZITT, maître de conférences en géographie et spécialiste dans les risques naturels et la vulnérabilité urbaine et métropolitaine, Interview pour l’OBS, 2012.

« Il y a deux options possibles, qui peuvent se combiner mais qui relèvent de deux logiques : adapter les sociétés par la technique ou changer radicalement de comportement. On essaie par exemple de combiner des solutions techniques (urbanisme de zones inondables, ouvrages de défense, systèmes d’alerte, prévision) à des solutions sociétales (solutions juridique de contrôle de l’urbanisation, développement de la culture du risque, réflexion sur l’organisation des secours et la gestion de l’urgence, configuration de l’évacuation, etc.) On peut aussi essayer de changer nos modes de vie, notre rapport à la nature ou encore à la société de consommation. C’est un changement plus profond et plus radical. Dans les deux cas, cela suppose aussi un changement dans le rapport des sociétés contemporaines face aux dangers. La volonté du zéro risque, zéro dommage pose problème : chacun veut prendre des risques mais personne n’est prêt à en payer le prix. Chacun exige une sécurité maximale dans le même temps, mais personne ne veut en payer les contraintes. La récurrence des catastrophes dans les grandes métropoles des pays développés nous met face à nos contradictions... » 12 35


La volonté de rendre la ville plus résistante aux chocs est forte cependant, de part la puissance et le développement croissant que connaît New York, il risque d’être difficile de se mettre rapidement sur la voie de la résilience mais je pense, pas impossible.

5. Vue sur la pointe de l’île depuis l’Empire State Building, Février 2016 ©Photo personnelle

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Résilience urbaine

1.3. La vulnérabilité de l’île 1.3.1. Un peu d’histoire : La ville et l’eau

La ville de New York s’est construite à fleur d’eau, elle est aujourd’hui définie comme un archipel avec 5 quartiers reliés par des ponts : Manhattan, Brooklyn, Queens, Bronx et Staten Island. Elle détient la plus grande surface côtière de toutes les mégacités.13 Au nom de sa croissance, elle a détruit ses immenses forêts et contribue donc généreusement au réchauffement climatique. New York, comme beaucoup d’autres villes côtières, a commis trop d’erreurs contre nature et aujourd’hui, elle paye cash le prix de tous ses excès. Le « Maître du monde » a les pieds sous l’eau et la colère des éléments naturels ne fait que commencer. Depuis ces cinq dernières années, la météo s’emballe (tornades, ouragans, inondations) et la ville prend l’eau de toute part. Le risque est bel est bien présent : l’élément qui l’a crée pourrait discrètement l’anéantir. Afin de comprendre comment la ville en est arrivée là, il va falloir faire un saut dans le passé et tenter de voir de manière globale, quel rapport elle entretient avec l’eau depuis sa création à aujourd’hui.

13.Très grande agglomération, beaucoup plus grande que les grandes villes classiques. (Wikipedia)

Lors de mon escapade à New York j’en ai profité pour faire des recherches à la bibliothèque d’architecture Avery de Colombia et la NY Public Library. J’y ai trouvé toute une panoplie de cartes d’époque, des gravures, de vieux essais entassés sous une fine couche de poussière, contant la vie qui s’y déroulait à l’époque. Tous ces documents m’ont permis de retracer l’histoire de l’île, de voir comment cette dernière a évolué et pris du terrain sur l’eau. Comment l’île a-t-elle vécu cette transition accélérée d’un paysage vallonné vers une mégacité de plus de huit millions d’habitants ? En quoi cela a-t-il accentué sa vulnérabilité face aux inondations? 37


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6. The Castello Plan of New Amsterdam in 1660, Jacques Cortelyou. source: Wikipedia

Afin de trouver des réponses à ces questions, je me suis appuyée sur la documentation dénichée dans les bibliothèques new-yorkaises et sur le livre de Guy Nordenson, One the Water, Palisade Bay.14 La ville et l’eau A l’époque, Manhattan était connue sous le nom de l’île aux nombreuses collines, Manna-hata en Indien. Il y a plus de quatre siècles, l’île constituait un écosystème complet. Ours, hommes, baleines…tous vivaient en parfaite harmonie, formant d’incroyables écosystèmes qu’on ne trouve plus nulle part dans le monde.

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14. Guy NORDENSON, On the Water, palisade bay, Hatje Caniz, 2010


7. Birds Eye View NYC, John Bachmann 1865. source: Wikimedia commons

Résilience urbaine

8. Le damier du plan des commissaires de 1811. Version gravée en 1832 du plan de New York, faisant apparaître le système des îlots réguliers de Simeone deWitt, la décision de créer Central Park viendra plus tard. source: http://www.davidrumsey.com

Au profit de l’homme, la ville moderne a rasé ses trentecinq collines et s’est agrandie sur ses propres remblais, s’offrant aveuglement aux inondations. Après l’expédition de Giovanni da Verrazano en 1524 et d’Henry Hudson en 1609, un petit groupe de colons hollandais colonise les terres. En 1626, Peter Minuit achète le terrain aux Amérindiens présents sur l’île et crée la Nouvelle Amsterdam. Une quarantaine d’année plus tard, les Pays-Bas cèdent le terrain aux britanniques qui la rebaptiseront sous le nom qu’on connaît aujourd’hui: New York. (cf. figure 6) La nouvelle colonie prend racine dans une topographie complexe entre la terre, le fleuve et l’océan qui est en réalité vu comme un estuaire15. L’environnement de ce dernier est riche en faune, malgré qu’elle doit s’adapter à un changement d’équilibre constant entre eaux douces et eaux salées. Actuellement, plus de 330 espèces d’oiseaux et 170 types différents de poissons vivent dans l’estuaire. Pourtant, ces zones humides écologiquement riches à proximité du littoral, ont été fortement endommagées depuis la colonisation de l’espèce humaine, contraintes aujourd’hui d’être réduites à plus de 80 % de leur surface initiale.

15. Portion de l’embouchure d’un fleuve où l’effet de la mer ou de l’océan dans lequel il se jette est perceptible. (Wikipédia).

À la fin du 18e siècle, on assiste au développement du commerce maritime qui permet de relancer notablement l’économie de la ville: des dizaines de jetées s’additionnent le long des rives, changeant rapidement le visage du littoral new-yorkais. Les grands estuaires et petits cours d’eau seront par la suite drainés et remblayés afin de laisser place à des infrastructures routières.

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En 1811, le Plan des commissaires est proposé par l’Assemblée Législative de l’État de New York pour le développement de Manhattan. Une grille uniforme de rues perpendiculaires est mise en œuvre entre la 14th Street et Washington Heights, encore une fois sans réellement tenir compte de la topographie existante de l’île. Cette déconnexion entre la topographie réelle et l’abstraction de la grille conduit l’ingénieur civil Egbert L. Viele à enquêter et produire une carte intitulée Sanitary and Topographical Map of the City and Island of New York en 1859 (cf. figure 9) représentant Manhattan ceinturée par un mur encore inachevé et qui fixe la frontière absolue entre la terre et l’eau nécessaire à l’accostage des navires. Egalement fort préoccupé par la croissance des maladies liées à l’eau, il utilisera cette carte pour indiquer les endroits où le drainage des eaux usées est mauvais. À la suite des tragiques épidémies de choléra de 1832 et 1866, la municipalité décide de se concentrer sur les infrastructures d’adduction de l’eau et le système d’égouts, qui verra le jour en 1849. Comme le commerce maritime prospère (cf. figure 7) et la population de la région augmente à petit feu, les eaux se retrouvent pas mal polluées, les industries jetant leurs eaux usées directement dans les rivières, sans les filtrer.

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Résilience urbaine

9. Egbert L. Viele, Sanitary and Topographical Map of the City and Island of New York,1859. source: http://www.davidrumsey. com

Le problème des eaux usées devenant extrême, il a pour conséquence d’affecter l’habitat et la santé des crustacés vivant dans l’estuaire. Les huîtres locales et les palourdes étaient à l’époque des produits prenant une part importante dans l’économie du commerce mercantile. De plus, ces huîtres et autres mollusques servaient à l’estuaire comme système efficace de filtration naturelle. Les effets des eaux usées sur la qualité de l’eau ont malheureusement conduit à la perte de milliers de tonnes d’huîtres au début du XXe siècle. En 1972, les politiques réagissent à ces problèmes persistants et font adopter une première loi concertant la pollution de l’eau. Mais la ville n’est toujours pas conforme aux normes de cette loi, principalement en raison de l’évacuation direct des eaux usées brutes dans certains cours d’eau et des débordement des eaux usées combinées (système d’égouts mis en place au XIXe siècle, qui recueille à la fois les eaux usées et des eaux pluviales dans les mêmes tuyaux), lors de grosses tempêtes ou jours de fortes pluies. Le plan de drainage actuel de New York City repose encore sur ce système. Aussi peu que 2mm de pluie par heure peut submerger cette infrastructure obsolète et provoquer d’importants débordements.

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Pour résoudre ces problèmes, PlaNYC 2030 aborde la question par le biais d’une stratégie de «meilleures pratiques de gestion». L’idée serait d’exploiter des stratégies naturelles telles que la mise en œuvre de sols perméables, des puits, et des toits verts qui, en conservant, stockant, ou traitant l’eau, aiderait à prévenir la pénétration des eaux pluviales dans le système d’égouts et donc, limiterait d’importants débordements. Le littoral Dans son livre New York, réguler pour innover, les années Bloomberg, l’historien et architecte Jean-Louis Cohen nous fait une courte analyse du littoral et nous explique qu’on a tendance à imaginer ce dernier comme étant un surface linéaire mais qui en fait, est un espace à voir plus dans son intégralité: « La réflexion a commencé avec l’analyse du littoral, considéré comme un espace se déployant en profondeur et non plus comme une ligne, ce que les données combinées de la topographie et de la bathymétrie ont confirmé. L’eau est alors pensée moins comme un milieu superficiel qui peut être déplacé mais comme un volume dont la configuration peut être modifié en cohérence avec celle du sol au dessus et au dessous. »16 Si on jette un coup d’œil sur les cartes, on remarquera que le littoral n’a cessé de se modifier au fil du temps à cause des changements d’activités du rivage. À l’époque, la ville était beaucoup plus connectée à l’eau qu’aujourd’hui. C’est à dire que les activités commerciales donnaient un certain dynamisme à la côte et servaient de lien entre ces deux entités. Dans le cas où le niveau de la rivière haussait, l’eau entrait dans la ville par des cales et était 42

16. Jean-Louis COHEN, Ariella MASBOUNGI, New York, réguler pour innover, les années Bloomberg, Parenthèses, 2014.


Résilience urbaine

contenue par les jetées. Plus tard, la plupart de ces jetées seront supprimées car le port connaîtra un déclin après la Seconde Guerre Mondiale et perdra donc de son attractivité. Pour cause, l’essor du commerce sur la côte Pacifique et la révélation des transports aériens. Au début des années soixante il se retrouvera contraint de laisser sa place de premier port mondial à Rotterdam. Aujourd’hui, l’activité principale qui anime l’ancien port de New York est le transport maritime, des bateaux-taxis qui font des allers-retours entre les différents quartiers de la ville et dont les principaux utilisateurs sont des gens qui viennent à Manhattan pour travailler ou bien tout simplement des touristes. La croissance de la ville Sur le même principe, si on regarde les cartes chronologiquement on peut voire que la ville n’a cessée de se densifier au cours du temps et quand le manque de place se fait ressentir, on n’hésite pas à construire de plus en plus haut et à gagner du territoire sur les anciens estuaires qui ont été recouverts. Seulement, les sols à ces endroits ne sont pas très stables ce qui rend les littoraux fragiles, les faisant sombrer plus rapidement en même temps que les océans montent. Cette densification liée à l’industrialisation des villes et la croissance démographique, n’a laissé que peu de place à la nature, à part quelques parcs d’exceptions tels que Central Park, Battery Park… Aujourd’hui, on essaye d’inverser la tendance avec le concept de « Ville verte » - on y reviendra par la suite. 43


De part tous ces bouleversements, la ville de Manhattan est devenue plus vulnérable qu’avant. L’urbaniste et géographe français, Josselin Thonnelier, parvient en quelques mots à résumer la situation: « L’accélération des processus d’artificalisation des sols liés à la métropolisation des territoires côtiers a largement précipité la vulnérabilité des villes comme New York. La technique, l’essor des moyens de gestion et de contrôle de l’eau (digues, pompes, canalisations, etc.) concomitants à une dynamique de croissance économique, ont peu à peu confiné à l’oubli les risques, en offrant à ses territoires côtiers, la possibilité de dissocier leur développement de certaines contraintes liées aux milieux. » 17

10. Dessin de Pierre Kroll Pour une justice climatique, 2012. source: http://www.cncd.be/-kroll-

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17. Josselin THONNELIER, New York les pieds sous l’eau, pour le pire et pour le meilleur, article, urbanews, 2013. https:// www.urbanews., page consultée en juillet 2016.


Résilience urbaine

1.3.2. Le changement climatique

Avec ses 835 km de littoral, la ville de New York est exposée au risque depuis sa création. Son développement a engendré des modifications considérables qui ont fortement contribué à l’augmentation des risques de tempêtes. Maintenant, s’ajoutent aux risques météorologiques ceux du changement climatique. New York fait face à un risque important de fortes inondations dans les années à venir. Les principales causes de cette situation ? Le réchauffement climatique engendré par les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines et la fréquence des tempêtes qui n’a cessé de s’accélérer au cours de ces derniers siècles. Les prévisions Le nouveau maire de la ville, Bill de Blasio18 a indiqué que d’ici 2050, pas loin de 800.000 new-yorkais vivront dans des zones inondables, représentant quasiment un quart de la ville. Les scientifiques estiment que les eaux pourraient monter de 10 à 20 cm d’ici 2020, et de 30 à 50 cm d’ici 2050. Ainsi, certaines zones de New York seraient régulièrement inondées rien que par la marée.

18. Bill de Blasio, Maire de la ville de New York depuis 2013. 19. POUCHARD Alexandre, Climat, Le Monde, décembre 2014.www.lemonde. fr, page consultée le 9 mars 2016.

« Selon un rapport annuel sur le changement climatique, la température de la ‘‘Grosse Pomme’’ pourrait grimper de 7 degrés d’ici la fin du siècle si rien n’est fait. D’après le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat en 2013, en 2080, il fera aussi chaud à New-York qu’à Norfolk (Virginie), située pourtant 580 kilomètres plus au sud. »19 La situation est inquiétante. 45


Quels sont les facteurs de ce réchauffement climatique ? Dans le reportage de Marie Mandy, Inondation : Une menace planétaire dont on a fait référence précédemment, l’océanographe Stephan Rahamstorf, spécialiste du climat nous explique les causes de la hausse du niveau de la mer et nous fait part de ses inquiétudes vis à vis de ce phénomène. « La hausse des océans est sous-estimée et aura un impact colossal sur les villes côtières. Pourquoi la mer monte-t-elle ? D’abord, à cause du réchauffement climatique la mer se dilate parce que l’eau chaude occupe plus d’espace. Deuxièmement, la glace qui se trouve sur le continent fond et fait monter le niveau de l’océan en proportion. Subsidence et montée du niveau de la mer aggravent la situation. Donc même si on arrive à résoudre la question de l’énergie du réchauffement climatique, on aura toujours le problème des sols. Ces deux phénomènes ont des causes certes liées à l’homme, mais sans rapport entre elles » 20 L’homme contribue également à ces perturbations. Même si les gazes à effet de serre sont invisibles, ils sont bien présents. Ils sont le produit de l’activité fulgurante de la vie urbaine qui va de paire avec la croissance démographique. En effet, « Vous ne pouvez pas vous balader dans New York sans voir un bâtiment en construction. » 21 Les nouvelles constructions utilisent beaucoup moins d’énergies que les constructions des années 1920 ou de la fin du XXe siècle, elles émettent peut-être un tiers des gazes à effet de serre que ce que les anciennes produisaient. Pour être plus précis, dans son livre The nature of urban design, a New York perspective on resilience, 46

20. MARIE MANDY, Inondation : Une menace planétaire, Arte, 2015, 92 min 21; Alexandros ASHBURN, The nature of urban design, a New York perspective on resilience, Island Express Edition, 2013, 261p. 22. Ibid


Résilience urbaine

Alexandros Washburn nous donne quelques chiffres: « À New York City, 78 % des émissions totales de la ville viennent à la suite de la combustion du carburants des transports ou bien pour chauffer, refroidir, éclairer, et alimenter nos bâtiments (…) Nous pourrions facilement atteindre notre cible de 30 % de réduction du carbone en reconstruisant dans les normes modernes. Malheureusement, en moyenne générale, les nouveaux bâtiments et les rénovations importantes sont encore en minorité comparés aux anciennes constructions. Bien qu'il semble qu'il y ait toujours une grue en vue qui est active, 80 % des bâtiments que nous occuperons en 2030 ont déjà été construits. » 22 En plus des problèmes liés au réchauffement climatique, l’homme a consommé trop de ressources naturelles et surtout, les a consommées n’importe comment. Les côtes ont été anéanties au profit de la croissance économique de la ville et le résultat est là. Il est évident que si l’on respectait un peu plus la nature, les dommages ne seraient pas si graves, pas si rapides. La nature n’est donc pas la seule cause de ce réchauffement climatique, l’homme joue un rôle important dans la situation actuelle de notre planète et dans l’augmentation des risques. Il va donc falloir changer son comportement si l’on veut avoir un impact favorable au changement climatique.

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11. Vue aérienne des ravages dans l’état de New York (Beimar) “Understanding what really is at stake and what source: www.rebuildbydesign.org happened during Hurricane Sandy informs a path forward that can reconnect the social, the economy, and the ecology. Design can bridge these gaps and marry science and politics, the real world with imagination. Rebuild by Design is not about making a plan, but about changing a culture.” — Above: Pictured are homes in Belmar, New Jersey, where the storm surge rose to Henk Ovink, Principal, Rebuild by Design and more than six feet during Hurricane Sandy. Special Advisor to Secretary Shaun Donovan, Following Spread: Darkness engulfed much of Chair of Hurricane Sandy Rebuilding Task Force Lower Manhattan after Hurricane Sandy’s storm surge crippled a power station in the East Village.

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The Storm & The Response


2. La catastrophe

Irène en 2011, Sandy en 2013, sans mentionner les nombreuses inondations dues à de fortes tempêtes, la ville de New York n’a pas été épargnée. Depuis le 11 septembre 2001, elle se savait vulnérable face aux hommes, elle se sait maintenant vulnérable face à la nature. À chaque nouvelle catastrophe, une question demeure : quand aura lieu la prochaine ? Avec le changement climatique, le prochain cataclysme sera sûrement une tempête centennale. Ça ne veut pas dire que l’on va attendre 100 ans avant la prochaine tempête mais qu’il y a une chance sur cent que cela se reproduise. Ça ne semble pas beaucoup mais cependant, si vous êtes dans un avion et que le pilote vous dit qu’il y a une chance sur cent que l’avion se crash, vous quitterai probablement l’avion sans attendre. Le risque est en effet assez élevé. J’ai regardé quelques témoignages des autorités newyorkaises qui, quelques mois après la catastrophe disaient: « Oh, c’était un phénomène rare, cela ne se reproduira pas ». Les citoyens n’étaient donc pas préparés, du moins psychologiquement, à ce que cela se reproduise. Les catastrophes climatiques sont de plus en plus fréquentes et intenses. D’année en année, la vulnérabilité des villes augmente inexorablement. Alors que faire ? Comment se protéger contre cette nature en furie ? Il ne faut pas attendre une catastrophe pour agir, au contraire il faut se préparer à accepter l’imprévisible, anticiper le choc. 49


12. La pointe de Manhattan plongÊe dans le noir Le 29 octobre 2012. ŠIwan Baan pour le magasine National Geographic

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La catastrophe

2.1. L’ouragan Sandy

Après avoir passé une semaine à ravager les côtes de Cuba, de la Jamaïque ou encore des Antilles, l’ouragan de catégorie 3 atteins la Côte Est des ÉtatsUnis le 29 octobre 2012, endommageant sévèrement les côtes new-yorkaises avec des vents de185 km/h et une pression de 940 hPa.25

23. Élévation du niveau de mer produit par des systèmes de pression marins très intenses et très bas. source: http://www. securitepublique. gc.ca 24. Vagues océaniques immenses (10 m et plus), produites par des phénomènes sous-marins comme des séismes, des glissements de terrain ou des éruptions volcaniques. source: http://www. securitepublique. gc.ca 25. Lucas ROXO, Un an après l’ouragan Sandy, la ville se reconstruit, France info,octobre 2013, http://www.franceinfo. fr, page consultée le 9 mars 2016. 26. Ibid

En s’engouffrant dans les rues, l’onde de tempête 23 - à ne pas confondre avec un Tsunami 24 - provoque plus de dégâts que l’ouragan lui même. L’eau vient submerger les rues, saccageant les maisons, inondant les tunnels et métros, provoquant des incendies dévastateurs dus à des court-circuits dans les systèmes électriques...La centrale située au Sud de Manhattan explose et plonge les habitants dans le noir pendant plus d’une semaine. (cf. figure 12) La ville se retrouve paralysée pendant plusieurs jours avec plus de 17% de son territoire inondé.26 Le choc est violent et le bilan est lourd. Le point sur le Bilan Le bilan évalué à ce jour s’élève à 210 morts, 131 aux États-Unis et 53 à New York, une vingtaine de disparus et pour les États-Unis, un coût de plus de 50 milliards de dollars de dommages, dont 19 milliards dans le seul état de New York. Les entreprises ont perdu des millions de dollars et près de 90.000 bâtiments ont été endommagés. Plus de 8 millions de foyers se sont retrouvés privés de courant, 12000 vols intérieurs et internationaux ont été annulés, une dizaine de tunnels et bouches de métro inondés, les réseaux de communications suspendus ... Le National Weather Service classera l’ouragan Sandy 51


comme le deuxième plus coûteux à avoir frappé les États-Unis, derrière l’ouragan Katrina de 2005. 27 L’ouragan sera surnommé par les médias « Frankenstorm » ou encore « Monsterstorm », en référence à la fête d’Halloween qui devait avoir lieux quelques jours plus tard. Le quartier de RedHook, les Rockways ou encore Coney Island, font partie des zones les plus touchées par la catastrophe en terme de dégâts matériels et les plus préoccupés par la question du relogement. En effet, les maisons dans ces quartiers plus pauvres, ont été construites avec des matériaux moins coûteux et donc peu résistant à ce type de choc. La plupart ont été détruites sur le champ ou bien se sont écroulées dans les mois qui ont suivi la catastrophe. À Manhattan, les dégâts matériels sont moins impressionnants, les berges et quelques immeubles ont étés endommagés ou partiellement détruits (cf. figure 14) mais ne se sont pas effondrés. Il suffit de regarder ci-contre les photos prises après l’ouragan, on remarque que les zones un peu moins favorisées telles que le New Jersey, ont eu des dégâts nettement plus importants. Cependant, l’absence d’électricité et la suspension des réseaux de communications dans les quartiers dynamiques ont contraint la ville à se mettre sur pause un long et douloureux moment, ce qui a engendré des conséquences économiques considérables.

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27. Ouragan Sandy, wikipédia, https:// fr.wikipedia.org/wiki/ Ouragan_Sandy, page consultée le 9 mars 2016.


La catastrophe

13. Impacts de l’Ouragan Sandy Ortley Beach, New Jersey. source: Rebuilbydesign.org 14. Berges de l’Hudson river après Sandy source: wikipédia

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2.2. New York dans tous ses états

Comment se préparer à accueillir la catastrophe? Pour répondre à l’état d’urgence, les autorités newyorkaises ont fait fermer tous les lieux publics, les aéroports et les métros. Le maire de la ville Michael Bloomberg a ordonné l’évacuation de 370 000 personnes situées en zones inondables pour qu’elles soient mises en sécurité. Une soixantaine de centres d’hébergements ont été aménagés dans des écoles publiques avec tout le personnel et les fournitures nécessaires pour faire face à Sandy. Les services publics de la ville et les hôpitaux ont reçu préalablement les consignes à appliquer en cas d’urgence. Près de 45 000 soldats étaient prêts à intervenir dans les septs états menacés par l’ouragan, pas loin de 500 travailleurs de la FEMA (Federal Emergency Management Agency) se sont mobilisés et ont mis au point des mesures de sécurité et près de 4000 volontaires les ont rejoint pour porter secours aux sinistrés.28 Comment protéger la ville? La ville n’a pas de défenses côtières spécialement conçues pour faire face aux inondations puisque les caractéristiques morphologiques des côtes sont censées occuper naturellement cette fonction. Par exemple, les plages publiques fournissent une protection pour les habitations qui les bordent et les zones humides servent de zones tampon pour les quartiers plus à l’intérieur des terres. Cependant, ces défenses naturelles manquent de robustesse et ne s’adaptent pas aux nouvelles recommandations dues au changement climatique. 54

28. Ibid


La catastrophe

La ville de New York tente donc tant bien que mal de protéger les habitations situées en première ligne face aux inondations par quelques interventions dites douces. En effet, des digues de sable d’un ou deux mètres (cf. figure 18) faisant office de barrière avec l’océan sont crées en prévention des inondations, dans les zones les plus vulnérables telles que Coney Island, Rockaways,… De plus, des piles de sacs de sables d’une cinquantaine de centimètre (cf.figure 16) sont disposées le long des littoraux de Manhattan, devant les bouches de métros, devant les bâtiments importants comme ceux du quartier de Wall Street, afin de limiter les dégâts. Des ouvriers sont également chargés de couvrir l’ensemble des bouches d’aérations de métros pour éviter qu’ils soient complètement inondés. Les habitants prennent aussi les choses en main pour protéger leurs biens: certain se rendent à la plage pour remplir des sacs de sables à disposer devant leur rezde-chaussée, d’autres barricadent les fenêtre de leur maison ou commerce, afin d’être prêt au maximum à accueillir l’événement (cf figure 15, 19). Tout le monde, habitants et autorités politiques, se sont remarquablement investis dans cette lourde tâche de protéger la ville. Cela fait preuve d’une belle cohésion sociale et c’est un atout primordiale avant une catastrophe. Les new-yorkais semblaient pourtant prêts à accueillir l’événement mais ils ne s’attendaient visiblement pas à de tels ravages. Les précautions mises en place étaientelles insuffisantes face à l’arrivée de Sandy? C’est ce que nous allons voir dans la partie qui suit.

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Les New-yorkais en plein prĂŠparatifs pour accueillir Sandy.

15a

16. Message des habitants du quartier des Rockways

15b

15-17-19. source: http://darkroom.baltimoresun.com/2012/10/feeling-the-effects-of-hurricane-sandy/

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La catastrophe

18

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17. Construction de digues de sable, crées pour ralentir les vagues 19. Habitant barricadant les ouvertures susceptibles de faire rentrer l’eau

15a. Habitants remplissant des sacs de sables pour protéger leur maison 15b. Des murs de sacs de sable en guise de protection, Battery Park 18. Centre d’hébergement installé dans un gymnase

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« Ici les gens restent, et c'est un défi pour nous. » _ Micheal Bloomberg. 29

20. Les victimes du passage de Sandy se batte contre la FEMA et leur compagnie d’assurance. Deux ans après la catastrophe, octobre 2015 ©Lili Holzer-Glier pour Vogue

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La catastrophe

2.3. Sandy et ses lendemains

Après Sandy, beaucoup de lieux qui n’avaient jamais étés inondés le furent. Du jour au lendemain, beaucoup de familles se sont retrouvées sans toit. Le challenge n’était donc pas seulement de reconstruire ce qui avait été détruit mais aussi de reloger les familles qui se sont retrouvées sans rien. De nombreux refuges ont étés mis à disposition pour accueillir temporairement les sinistrés et la FEMA30 a ensuite envoyé des maisons mobiles pour loger ceux dont la demeure était devenue complètement inhabitable car souvent, à cause du froid et de l’absence d’électricité, elles ne pouvaient pas être chauffées. Il était donc difficile d’assurer un confort viable. Michael Bloomberg insiste quant à lui sur "le défi" représenté par le relogement de dizaines de milliers de sinistrés, comparant la situation à celle du passage de l'ouragan Katrina, qui avait ravagé La Nouvelle-Orléans en 2005. Mais pour Katrina, beaucoup de gens avaient quitté la ville pour ne pas revenir, "Ici les gens restent, et c'est un défi pour nous", souligne-t-il. Il a donc fallu réagir rapidement, près de 30 000 à 40 000 New-yorkais ont dû être relogés, parfois à près de 300 km de leur lieu d'origine.31 29. Micheal Bloomberg Maire de la ville de New York de 2002 à 2013. 30. Federal Emergency Managment Agency 31. Ouragan Sandy, wikipédia, https:// fr.wikipedia.org/wiki/ Ouragan_Sandy, page consultée le 9 mars 2016.

Alors, que faut-il faire après Sandy, rester ou battre en retraite ? Reconstruire comme avant ou bien trouver de nouvelles formes de construction résilientes aux futures inondations ? Nous allons voir à présent pour quelles options les habitant des quartiers les plus touchés ont opté et à quel stade en est leur reconversion quelques mois, années après. 59


Breezy Point, Rockaways - Queens Les habitants du quartier des Rockaways, une longue et étroite péninsule au sud de l’aéroport JFK (Queens) et dont 20% de la population vie en dessous du seuil de pauvreté,32 ont décidés de rester et de résister malgré qu’il ne reste plus beaucoup de construction encore sur pieds, des milliers de maisons ayant étés inondées, détruites ou encore, brûlées. Elles avaient été, pour la plupart, construites avec des matériaux peu coûteux, peu résistants à l’eau et assez léger pour s’envoler lors de forte tempêtes. Un an plus tard, les habitants peinent à se relever et la reconstruction prend du temps. Ils reprochent à certains programmes de reconstructions tels que ceux lancés par la FEMA et ou encore Build-it-back, de préférer les infrastructures aux habitants (cf. figure 20), et donc de les abandonner, en quelque sorte. De nouvelles constructions de type bungalows sont venues remplacer les parcelles vides au nord du quartier. Par précautions en cas de futures inondations, elles sont surélevées par des fondations en béton dépassant largement le niveau de la mer. Les maisons encore debout ont été rénovées : toitures, sols et peintures ont été remplacées afin de redonner un peu de vie et couleurs aux quartiers. En revanche, ces maisons n’ont pas été rehaussées, elles courent donc toujours un risque d’être inondées si un prochain évènement de ce genre venait à survenir. Ainsi, par mesures de précaution,la ville a construit un immense mur de béton d'environ 1m60 de haut,, pour protéger les maisons donnant sur l'Océan. Des tonnes de sable ont également été ajoutées pour 60

32. Sandy: un an après, 20 minutes, http://www.20minutes. fr/planete/124199120131027-20131026sandy-an-apres-rockaways-peinent-encore-a-relever, page consultée le 9 juillet 2016.


La catastrophe

Avant. Louise McCarthy tire un chariot contenant les biens qu'elle a sauvés, dans le quartier dévasté de Breezy Point, le 14 novembre 2012.

Après. La même allée entourée de nouvelles maisons, deux ans après. Octobre 2014. 21. Reconversion du quarty Breezy Point, Rockaways ©Mark Lennihan/AP/SIPA

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22. Maison séverement endomagée dans les Rockaways ©Lili Holzer-Glier pour Vogue

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créer une dune faisant office de barrière avec la mer. Par ailleurs, la promenade favorite des personnes âgées située en bord de mer, n’a toujours pas été réparée. » 33 C’est leur manière à eux d’être résilient mais pour combien de temps? D’un point de vue rationnel, je ne pense pas qu’on puisse parler de résilience quand ont répond à la menace avec un mur de béton le long du rivage. C’est une vision un peu dépassée et pas très novatrice à mes yeux, elle consiste à vouloir combattre la nature au lieu de travailler avec elle. Pourtant, il suffit d’observer des villes comme Singapour ou encore Hambourg en Allemagne, pour voir comment un lieu autant exposé aux risques d’inondations a décidé au contraire d’accepter l’eau, la laisser rentrer dans la ville afin de la rejeter en douceur, sans pour autant créer de barrière visuelle.

Contrairement aux communautés des Rockaways qui ont décidé de rester soudées et de rester chez “elles”, les habitants d’Ocean Breeze ont choisi de battre en retraite et d’abandonner le lieu dans lequel la plupart ont toujours vécu.

33. Battre en retraite après Sandy : le quartier d’Ocean Breeze à Staten Island, Wiklimat, http://wiklimat. developpement-durable.gouv.fr/index. php/Battre_en_retraite_après_Sandy_:_ le_quartier_d’Ocean_ Breeze_à_Staten_Island, page consultée le 9 juillet 2016.

Andrew Cuomo, gouverneur de l’état de New York avait proposé un programme de rachat en février ennonçant le discours suivant: "Il y a certaines terres qui appartiennent à la Nature. Elle ne vient peut-être pas rendre visite pendant des années, mais le terrain lui appartient, et quand elle vient, elle visite vraiment", avait-il dit à l'époque. 34 En même temps, si le quartier est autant vulnérable,

34. New York: un quartier décide de disparaître après l’ouragan Sandy, l’Obs, octobre 2013, http://tempsreel. nouvelobs.com/ societe/20131027. AFP0203/new-yorkun-quartier-decidede-disparaitre-apresl-ouragan-sandy.html, page consultée le 25 juillet 2016.

Ocean Breeze - Staten Island.

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c’est que de « mauvaises » décisions ont été prises auparavant, souvent liées à des profits économiques. En effet, de part leur changement d’affectation les terres dont été fragilisées, augmentant considérablement le risque d’inondation. Par exemple, les ruisseaux qui sillonnaient l’île, ont été comblé pour accueillir de nouveaux équipements publics tels que l’hôpital de Staten Island, ne laissant plus l’eau rentrer et s’évacuer naturellement. C’est pour cela qu’ils veulent en faire aujourd’hui une zone tampon afin de protéger l'intérieur de l'île. Ils y a donc plusieurs manières de réagir à la catastrophe. Ceux qui font le choix de rester dans des zones à risques sont courageux et veulent se battre. Cependant, les réponses apportées sont parfois insuffisantes. Je ne suis pas certaine que le mur de béton installé a Breezy Point par exemple, protège indéfiniment les maisons qui sont toujours sous le niveau de la mer. Etre résilient c’est aussi penser à long terme. Si on doit reconstruire les protections à chaque événement ça ne marchera jamais. En revanche, le choix de partir n’est pas toujours la voie de la facilité. Les habitants sont souvent très attachés à leurs biens et environnement, ils ne prennent pas une décision facile en décidant de quitter leur maison, ou du moins, ce qu’il en reste. Cependant, la topographie de New York offre pas mal de possibilités de construire ailleurs, des terres agricoles et des terrains constructibles à l’interieur des terres, en marge des zones vulnérables du bord de mer. Alors, pourquoi ne pas rendre le littoral à la nature et partir habiter ailleurs ? Pour mettre en place un système de prévention face aux inondations, La FEMA qui est chargée d’intervenir 65


dans la reconstruction des quartiers, a dessiné et mis en place des Cartes des Zones inondables (cf figure 23), classées en fonctions de leur vulnérabilité et l’importance du danger encourru. Elle appelle donc à modifier les constructions qui n’étaient à l’époque pas exposées aux risques et qui maintenant, doivent être transformées ou surélevées pour s’adapter aux nouvelles conditions de vies. La FEMA a surtout un impact sur les assurances, par exemple c’est moins cher de construire au dessus du niveau potentiel de la mer car le danger est diminué. Prendre connaissance de ces documents permet aux habitants d’être informé des risques et de pouvoir adopter plus facilement les procédures à suivre en cas d’urgence et donc de réagir plus rapidement. Réduction des impacts et reprises rapides. Là sont les grands enjeux de la résilience.

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abutting the Atlantic coast, regardless of inundation. the highest life-threatening The immediate beach areas in this zone are also vulnerableFaces to destructive surfrisk andofcoastal erosion. tidal inundation. The immediate beach areas in this zone are also vulnerable to destructive surf and coastal erosion. Zone B: Encompasses all Category 2 inundation areas. These areas are at risk from damaging inland storm B: from Encompasses Category 2 inundation areas. These areas are at risk from damaging inland storm surge,Zone but not destructiveallsurf. surge, but not from destructive surf. Zone C: Encompasses all Category 3 and 4 inundation areas. These areas, though farthest from the pounding Zone C:are Encompasses coastal surf, still at risk. all Category 3 and 4 inundation areas. These areas, though farthest from the pounding coastal surf, are still at risk.

23. Carte des zones à risque à évacuer en cas d’ouragan Source: Document otiginal du NYC Office Emergency Managment Document modifié

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« Cette ville est un lieu où le monde entier se retrouve. En ce sens, elle est un peu le miroir du monde, c’est pour ça que l’ouragan Sandy a été un évènement aussi important (…) nous devons veiller à ce que la reconstruction de New York soit un exemple pour le Monde . » _Barack Obama.35

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3. Objectifs et stratégies de résilience à l’échelle de la ville.

La mégapole figure sur la liste des 136 villes36 les plus vulnérables aux inondations. Ses huit millions et demi d’habitants sont littéralement assis sur l’océan et ne sont pas protégés. On ne peut évidement pas imaginer de réhausser toute la ville de New York sur pilotis, c’est insensé. Pourtant, il va bien falloir trouver une solution. Après le passage de l’Ouragan Sandy en 2012, les Etats-Unis ont lancé un programme de protection novateur : Plan NYC 2030, sous la direction d’Henk Ovink, spécialiste de l’eau. En effet, si New York veut aller de l’avant, elle va devoir changer de comportement. Mais par où commencer ? Doit-elle utiliser Irène, Sandy comme référence ? Si elle veut innover, elle va devoir utiliser le futur comme référence afin de capter de nouvelles idées, de repenser, réinventer et reconstruire cette région. 35. Barack Obama, Le président des Etats-Unis a tenu un discours très prometteur à propos du PlanNYC 2030. 36. Marie MANDY, Inondation : Une menace planétaire, documentaire, 2015, 92 min.

Maintenant que nous venons de voir les raisons pour lesquelles New York doit trouver un nouveau modèle urbain, nous allons voir à présent les différentes solutions que la ville met en place afin de devenir plus résiliente. Des nouvelles politiques mises en place en passant par de nouvelles propositions d’aménagements urbains.

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24. Les Dix objectifs du PlaNYC 2030 source: http://www.nyc.gov

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Objectifs et stratégies de résilience

3.1.Plan NYC 2030 , une vision pour l’avenir. «Greener and Greater New York»

Dans son livre, New York, Réguler pour innover, les années Bloomberg, Jean Louis Cohen dédit un chapitre sur les ambitions et objectifs du PlaNYC 2030. En voici un extrait résumant bien l’idée de ce plan. « Lors de la célébration du Jour de la Terre en avril 2007, le Maire Michael Bloomberg a dévoilé PlaNYC 2030, un plan pour faire de New York la première ville durable d’Amérique. Il associe des orientations précises, des moyens financiers et des programmes sectoriels stratégiques et implique la participation de la population. Dès lors, PlanNYC a été la ligne de conduite de toutes les administrations de la Ville – notamment celle des parcs, de l’urbanisme et de la protection de l’environnement – pour transformer les infrastructures et l’urbanisme de la ville dans une perspective durable et résiliente. La ville de New York, dont la superficie est de 800 km2, compte en 2012 8,3 millions d’habitants et en attend un million de plus d’ici 2030, alors que les transports, les logements, les réseaux d’énergie et même les parcs sont vieillissants. Face à ce défi , PlanNYC a rassemblé 127 initiatives tendant à répondre à l’objectif d’améliorer les infrastructures, l’environnement et la qualité de vie à New York, en agissant dans six domaines conditionnant l’avenir de la ville : l’utilisation du sol, l’eau, les transports, l’énergie, l’air et le changement climatique. »37

37.Jean-Louis COHEN, Ariella MASBOUNGI, New York, réguler pour innover, les années Bloomberg, Parenthèses, 2014.

Les principaux axes ont clairement été formulés en 2007 et sont régulièrement révisés, ils se déclinent en une dizaine d’initiatives d’échelle et de complexité variable, dont les objectifs sont présentés ci-contre (cf. figure 24). Plan Vision 2020 et One NYC sont deux plans qui découlent de PlaNYC et qui abordent principalement l’aménagement des rivages et la question de la résilience. 71


3.1.1. Plan Vision 2020: Rendre les rivages accessibles

En 2011, le Department of City Planning a lancé le plan Vision 2020, inscrit dans Plan NYC 2030, qui a pour objectif premier de rendre public la majorité des 840 km de rivages de la ville. Ce plan vise à développer des activités économiques et de loisirs aux bénéfices des riverains ainsi que de restaurer les zones naturelles et améliorer la qualité de l’eau. Des stratégies mises en places en vue d’augmenter la résilience du rivage face au changement climatique et à la montée prévisible des eaux. La redécouverte du rivage new-yorkais Rendre la ville pus verte est un des éléments clés de ce plan, c’est une des missions de la résilience écologique. Dans le reportage de Bernard Guerrini et Matthias Schmitt, Naturopolis New York, la révolution verte, Adrien Benepe, vice président et directeur du City Park Development pour le Trust for Public Land, nous explique sa vision quand a l’évolution de la ville pour devenir une Ville Verte digne de ce nom. « Nous assistons peut être à une des plus grande période d’expansion de développement des parcs dans l’histoire de la ville. La première époque remonte au 19e siècle avec le paysage romantique des paysagistes Olmstead et Vaux. Au 20e siècle, les rivages commencent à intéresser les grands architectes et urbanistes de l’époque qui veulent commencer à les rendre agréables et accessibles au public.» 38 Robert Moses sera le premier urbaniste chargé par la ville de créer de grands espaces verts de loisirs le long du littoral. 72

38. GUERRINI Bernard, SCHMITT Matthias, Naturopolis New York, la révolution verte, documentaire, ARTE, 2013.


Objectifs et stratégies de résilience

39. Riverside Park, Wikipedia, https:// fr.wikipedia.org/wiki/ Riverside_Park, page consultée le 25 juillet 2016.

L’exemple qui me paraît le plus illustratif de cette reconversion est le Riverside park situé le long de l’Hudson River. C’est une étroite bande de verdure de 100 à 200 m de largeur qui s’étend sur environ 6km. La construction du parc débute vers la fin des années 1870 sur les plans d’Olmsted (également concepteur de Central Park). Le parc sera longtemps laissé à l’abandon avant que le jeune Robert Moses décide de prendre les choses en main. Cet endroit, qu’il décrivait comme une « masse sale et boueuse », polluée par l’épaisse fumée des trains en direction des abattoirs de Manhattan, il le transformera dans les années 1980 en un grand parc de loisirs. On y trouve encore aujourd’hui des terrains de sports divers: tennis, basket-ball, volley-ball, football ... ainsi qu’une piste pour les skateboards. Il y a également un petit port de plaisance aménagé avec une base de kayaks.39

25 .Riverside Park - Hudson River Source: skycamusa.com

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De l’infrastructure au paysage accessible Le désenclavement des infrastructures est un enjeu aussi important que celui de la redécouverte des rivages de New York. Au départ, les rivages étaient abandonnés, inaccessibles ou formaient des esplanades que personne ne fréquentait car elles étaient dépourvues d’équipements de loisirs et donc sans grand intérêt pour les riverains. Au fil des années, le zoning d’ensemble pour les rivages a été modifié et a commencé à attirer du monde.40 (cf figure 28, 29) Récemment, en plus de l’aménagement des berges en parcs et espaces de loisirs (Battery Park, East River Park, Harlem River Park…), les jetées « Piers » se sont vus également prendre un nouveau visage (espaces verts, zone de repos, promenade pour faire son jogging, piste cyclable…). Ces nouveaux aménagements sont un des fleurons du plan NYC 2030. Un véritable maillage vert dans la ville qui permet aux new-yorkais de se reconnecter avec la nature, de redynamiser les littoraux, de rendre la ville plus résiliente au niveau écologique et à la fois de la défendre contre les inondations. Le problème est que pour le moment, ces infrastructures ne sont pas réellement résistantes face aux inondations. C’est pourquoi la ville a réuni divers architectes, ingénieurs et urbanistes autour de divers programmes et concours, afin de trouver des solutions à ce niveau là.

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40. COHEN JeanLouis, MASBOUNGI Ariella, New York, Réguler pour innover, Edition Parenthèses, 2014


Objectifs et stratégies de résilience

26. Mobilier urbain Les bancs sont conçus dans des matériaux résistants à l’eau et intègrent dans leur design, des sortes de rainures permettant que l’eau ne stagne pas et s’écoule plus facilement. Ce nouveau mobilier urbain a été mis en place sous le plan NYC 2030 il y a trois ans. ©Photo personelle

27. Pier 46, Hudson River ©Photo personelle

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Publicly Accessible Waterfront Spaces Under Private Ownership Waterfront Public Parks

LONG ISLAND SOUND

Major Upland Park Waterfront Public Parks With No Access

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Figure 1: Publicly Accessible Waterfront Spaces on Public and Private Land. 0

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28. Carte des espaces du littoral accessible au public Source: Document original de la NYC Department of City Planning, Document modifié

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NYC Department of City Planning

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Objectifs et stratégies de résilience

Residential Zoning Districts Mixed-Use Zoning Districts Allowing Residential Commercial Zoning Districts Allowing Residential

LONG ISLAND SOUND

Significant Maritime and Industrial Areas Airports Parks

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NYC Department of City Planning

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Figure 1: Shoreline Zoning (within 2,000 feet of the water). Residential zoning is dominant, but significant portions of the waterfront are also devoted to parks, airports, and industrial uses. 29. Carte du zonage le long des littoraux de New York Le zonage résidentiel est dominant et une grande partie du littoral est consacrée aux parcs, aéroports et pour les industries Source: Document original de la NYC Department of City Planning, Document modifié

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Lors de mon séjour à New York, j’avais planifié un petit itinéraire qui longeait le littoral de Manhattan et une partie des rives voisines. J’ai pu remarquer qu’à Brooklyn par exemple, les habitants s’approprient pleinement les infrastructures publiques comme on peut le voir sur la figure 32: structure d’un ancien marché abritant aujourd’hui des terrains de sport pour les jeunes du quartier. Je n’ai pas ressenti cette même dynamique dans le Sud de Manhattan, les espaces publics sont plutôt dédiés aux joggers, à se balader ou se poser. Par exemple, l’aire de jeux à Battery Park (cf figure 30) n’est pas du tout exploitée et animée. C’est peut être un signe que cet espace de loisir n’a pas sa place ici. Situé juste à côté des embarcadères du Ferry, c’est une zone qui est fréquentée principalement par les touristes ou encore ceux qui travaillent dans le quartier financier (Wall Street).

30. Aire de jeux, Battery Park ©Photo personelle

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Objectifs et stratégies de résilience

31. John finley Walk, Queensboro Bridge ©Photo personelle

32. Brooklyn Bridge Park Pier 2 Terrains multisports aménagés sur les jetées à Brooklyn ©Photo personelle

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3.1.2. One NYC: Stratégies de résilience à l’échelle de la ville « The plan for a strong and just city »

Pour mettre à bien le projet et les objectifs de résilience du Plan NYC 2030, le nouveau maire de la ville Bill de Blasio, élu en novembre 2013, compte bien poursuivre les politiques entreprises par son prédécesseur Micheal Bloomberg et lance en 2015 le plan One New York City, mené par The Office of Recovery and Resiliency (ORR). La ville met donc en place programme de résilience de 20 milliards de dollars afin de renforcer les défenses côtières, rénover et mettre aux normes les bâtiments, protéger les infrastructures et services critiques mais aussi pour rendre les quartiers plus sûrs et plus vivants. Le maire a tenu à exprimer quelques mots à ce sujet: « Avec le lancement de One New York : Un plan pour une ville forte et juste, nous nous basons sur le leadership mondial de New York lorsqu'il s'agit de la croissance, la durabilité, la capacité de résilience et mettons l'équité au centre de ce travail. C'est un plan de New York que nous voulons que nos enfants héritent. Les actions que nous prenons maintenant assureront que nous avons une économie dynamique, incluse, un environnement plus sain, un logement plus abordable et une infrastructure plus fiable et résistante. Avec ce travail, nous serons préparés pour les chocs et les tensions à venir et aurons la capacité de rebondir plus fort. Nous sommes engagés à construire une ville plus forte, durable, résiliente et équitable. » 41 Nous allons voir à présent les différents objectifs énoncés dans le plan OneNYC pour rendre la ville plus résiliente. Ces diverses intentions sont décrites plus en détail sur le site internet du gouvernement, j’en exposerai purement les grandes lignes. 80

41. Emile de BLASIO, pour le lancement de One NYC, http://www1.nyc.gov/ html/onenyc/visions/ resilience.html, page consultée en avril 2016.


Objectifs et stratégies de résilience

1. La résilience communautaire, sociale et économique Les habitants et les institutions locales stimulent et enclenchent le processus de reconversion des quartiers. Ceux qui sont malheureusement touchés par une catastrophe doivent être capable de participer à la reconversion de leur quartier. Pour mener à bien ce processus, la communication entre le gouvernement et les intervenants communautaires doit être efficace, que ce soit en amont ou en avale d’une catastrophe. En établissant des liens de communication, services d’appels d’urgence, programme de rétablissement immédiat pour les communautés, habitants et entreprises ainsi qu’un accès sécurisé aux sites d’hébergements de secours, ils peuvent être mieux préparés. Plusieurs initiatives sont donc mises en place pour renforcer les organisations locales, améliorer la planification et la préparation à l’urgence, soutenir les petites entreprises et commerces locaux. 2. Adapter les bâtiments de la ville contre les impacts dus au changement climatique Il va donc falloir adapter les constructions pour qu’elles puissent résister et se remettre rapidement des événements météorologiques extrêmes et autres dangers qui pourraient survenir à l’avenir. Les constructions neuves à NYC sont conçues pour respecter les nouvelles normes qui promeuvent la sécurité et le rendement énergétique. Cependant, la majorité des constructions - maisons, écoles, entreprises, espaces de travail et lieux de culte – 81


ont été construites bien avant que les normes modernes se mettent en place et ne sont donc pas résistantes face aux impacts du changement climatique. Des programmes tels que Build it Back ont vu le jour dans le but d’aider les propriétaires touchés par Sandy. Ceux qui sont situés dans des zones à risque auront le choix de réparer, reconstruire ou vendre leur bien. Comme ces zones s’étendent continuellement, il va falloir régulièrement s’adapter aux nouvelles cartes et s’assurer que les primes d’assurance inondation restent abordables à tous. 3. Adaptation des infrastructures afin de maintenir des services continus en cas de perturbation Les infrastructures de la ville vieillissent et sont par la force des choses , de moins en moins résistantes. Comme pour les bâtiments, la ville à pour but d’adapter ces systèmes d’infrastructures pour résister aux impacts du changement climatique et aussi d’assurer la continuité des services critiques en cas d’urgence. Que ce soit aux niveaux des réseaux de transports, de l’eau, des égouts, des déchets, des réseaux de distribution d'énergie souterrains et aériens, des infrastructures sociales, toutes sont à risque ! C’est pour cela qu’il est important d’en négliger aucun. Leur manque de résistance s’est clairement confirmé lorsque la centrale électrique a explosé lors de l’ouragan Sandy, plongeant le sud de Manhattan dans le noir pendant plus d’une semaine et bloquant ainsi la plupart des réseaux de communications.

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Objectifs et stratégies de résilience

4. Le renforcement des défenses côtières contre les inondations L’ouragan Sandy a démontré une fois de plus la vulnérabilité de la ville face aux tempêtes côtières. Le niveau de la mer a augmenté de 35cm depuis 1900 et les prévisions actuelles montre que cette hausse va passer à 70cm en 2050 et 140cm en 2100. Etant donné ces faits, les zones inondables vont s’agrandir et la fréquence et intensité des inondations dans les zones vulnérables vont augmenter. Malgré les prévisions actuelles du niveau de la mer, aussi alarmantes soient-elles, aucune réelle action n’a encore été entreprise pour atténuer les risques mais en revanche, des appels à projets ont été lancés pour tanter d’apporter des solutions. Les initiatives menées pour ce dernier objectif sont donc de renforcer la protection du littoral de la ville à travers des projets résilients, qu’on détaillera dans le prochain chapitre. À travers le Plan One NYC qui s’applique à grande échelle, la ville tente d’imposer de nouvelles stratégies afin d’être résilient sur tous les fronts, pas seulement au niveau des bâtiments et autres infrastructures mais aussi et surtout, au niveau des communautés. Ces stratégies devraient permettre de pouvoir être mieux préparé à un futur événement et de rebondir plus vite. C’est ce qu’on leur souhaite en tout cas.

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« New York doit être en osmose avec l’eau, former un seul et même organisme » _ Adam Yarinski.42

33. Vue aérienne du rivage Sud de Manhattan septembre 2011 source: http://regulus-starnotes.blogspot.be

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Objectifs et stratégies de résilience

3.2. Recherches et projets pour un rivage résilient

‘« La menace est le sujet et non le problème. Les projets urbains s’en ressentent, leur complexité aussi, car s’ajoutent à leurs enjeux ceux de la durabilité, des déchets, de la logistique, de l’agriculture, etc. Cette complexité est à résoudre avec synthèse et élégance. Par exemple, un toit vert a plusieurs fonctions : rafraîchir l’air, lutter contre la pollution, offrir de nouveaux usages et une meilleur gestion des eaux, etc. New York démontre que l’opportunité peut faire le projet, à l’image de l’immense parc de 880 ha réalisé sur l’ancienne plus grande décharge d’ordure du monde, à Fresh Kills, à Staten Island. La résilience est de mise. » 43 Précédant les réflexions engagées dans l’urgence, plusieurs initiatives ont été lancées afin d’esquisser des stratégies et de formuler des projets expérimentaux pour répondre à cette menace. C’est ce que nous allons voir à travers ce chapitre..

42. GUERRINI Bernard, SCHMITT Matthias, Naturopolis New York, la révolution verte, documentaire, ARTE, 2013. 43. MASBOUNGI, Ariella, COHEN, Jean-Louis, New York, Réguler pour innover, Les années Bloomberg, Edition Parethèses, 2014, 223p.

Certaines seront présentées à travers le programme Rising Currents, lancé en 2009 à l’initiative du MOMA, avant l’ouragan Sandy. À ce moment là, les gens avaient conscience des risques mais ne voyaient pas la menace si forte, si présente. Cela se fera ressentir par l’originalité et l’utopie de certaines propositions qui n’en sont pas moins intéressantes. Par la suite, j’exposerai les différents projets qui ont fait l’objet du concours Rebuild by Design, lancé par la ville de New York en 2013. Après avoir détaillé les propositions des finalistes, je prendrai en cas d’étude et analyserai plus en profondeur un des projets lauréat: The BIG U, proposant un aménagement résilient pour le rivage de Manhattan.

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34. Master Plan des cinq zones à projet du programme Rising Currents Réalisé par Guy Nordenson & associates source: http://www.moma.org/risingcurrents

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Objectifs et stratégies de résilience

3.2.1 Rising Currents

À l’automne 2009, le MOMA (Museum of Modern Art de New York) et PS1 Contemporary Art Center ont réunis les plus grands architectes dans le groupe Rising Currents : Projects for New York’s Waterfront. Ils s’accordent tous sur un point : pour survivre, New York doit se réconcilier avec la nature et arrêter de voir cette dernière comme un ennemi à tenir à distance. Il faut donc accepter la contrainte pour mieux la surmonter et créer une nouvelle alliance avec l’eau. Ce programme à été inspiré par la recherche On the water / Palisade Bay entreprise par Guy Nordenson Associates, Catherine Seavitt Studio et Architecture Research Office (ARO), un travail qui est devenu le point de départ de Rising Currents. Ensemble, ils ont imaginé une baie qui puisse à la fois atténuer les dégâts liés aux tempêtes mais aussi, offrir de nouveaux sols dédiés aux loisirs, à l’agriculture, l’écologie et au développement urbain. Le changement climatique et la hausse du niveau de la mer ont servi de base pour cette recherche. En effet, à partir d’une analyse en profondeur de la baie et des systèmes dynamiques, ils ont pensé à de nouvelles ‘‘infrastructures douces’’ par le biais de récifs artificiels, turbines à vent et à eau, de parcs à huîtres, d’îles artificielles, de cales et de jetées flottantes… Des systèmes qui enrichiraient l’écologie des estuaires urbains et redonneraient vie à ces espaces. Ils envisagent aussi de développer le transport maritime à travers la baie, mais c’est un point qui ne sera finalement pas développé. Les équipes se sont donc réparties les cinq zones du rivage new-yorkais (cf figure 34), chacune relevant un thème dominant. Cette partie consistera donc à analyser chacune de ces propositions afin de comprendre leur propre vision de la résilience. 87


Le contenu du programme Rising Currents m’a été expliqué en détail par l’ingénieur et architecte Guy Nordenson, que j’ai eu l’occasion d’interviewer lors de mon séjour à New York. Les sources majeures de cette partie seront donc cette interview et la publication On the Water / Palisade Bay 44 ainsi que celle du programme. 45 Zone 0 : New Urban Ground Lower Manhattan ARO : Stephen Cassell and Adam Yarinski, Susannah Drake et Dlandstudio. Cette équipe a travaillé sur la zone sud de Manhattan, un secteur très vulnérable aux inondations car il n’y a pas d’espace tampon entre les bâtiments et l’eau. « Les îles que nous projetons de créer, serviront de zone tampon, elles amortirai la force de cette vague. On s’inspire de la résilience de la nature. » 46 Leur idée est de fabriquer des récifs qui ralentiraient les vagues, ouvrir des estuaires urbains qui laisseraient rentrer l’eau à des endroits stratégiques de Manhattan. Pour stopper les inondations, les architectes rêveraient de recréer un écosystème naturel. Ils proposent donc un « nouveau sol urbain » sur base d’infrastructures écologiques. Il s’agit de rendre le sol perméable en remplaçant l’espace public actuel par des « rues vertes » aux sols poreux (cf figure 36), plantées de végétaux tolérant à l’eau de mer et pouvant être inondées sans dommage en cas de montée des eaux. Grâce à un système de contrôle des eaux de pluies sous-jacent, ces dernières pourraient stocker l’eau en l’absorbant comme une éponge et en la rejetant le plus tard possible, comme le ferait un sol naturel (référence à la résilience naturelle). 88

44. NORDENSON, Guy, SEAVITT, Catherine, YARINSKY, Adam, On the Water : Palisade Bay, MOMA, 2010. 45. BERGDOLL Barry, Rising Currents: Projects for New York’s Waterfront, 112 p, MOMA, 2012. 46. Adam Yarinsky, dans le reportage de GUERRINI Bernard, SCHMITT Matthias, Naturopolis New York, la révolution verte, documentaire, ARTE, 2013.


Objectifs et stratégies de résilience

35. New Urban Ground source: http://www.dlandstudio.com/projects_ moma.html

36. Nouveau sol urbain Rue verte avec système de drainage sous-jacent source: http://architectsandartisans.com

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Zone 1 : Water Proving Ground Liberty State Park (New Jersey) LTL Architects : Paul Lewis, Marc Tsurumaki, David J. Lewis En intégrant l’eau comme un composant essentiel dans la conception du projet, l’équipe propose un paysage amphibien aux formes dynamiques, vivant au rythme des marées. La rive est donc vue comme une zone tampon, résistante aux ondes de tempêtes et inondations, mais aussi comme un estran avec de nouvelles utilisations basées sur la dynamique des échanges entre la terre et la mer. Ce nouveau paysage est crée à partir d’une série de boîtes de Pétri permettant à la mer de monter jusqu’à 60cm. Le plan intègre une diversité de programmes: eco-hôtel, équipement pour l’aquaculture et un marché dédiés aux fermiers. Ces solutions architecturales sont spécifique à ce site mais pourraient très bien être transposées à Venise par exemple.

37. Water Proving Ground Croquis pour le MOMA

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Objectifs et stratégies de résilience

38. Intégration de la hausse du niveau de la mer dans le projet Prévision pour 2012 et 2080 (illustration ci-dessous) Figure 37,38. souce: http://ltlarchitects.com/water-proving-ground/

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Zone 2: Working Waterline Kill Van Kull and Bayonne Matthew Baird Architects Contrairement à LTL Architects, la proposition de Matthew Baird et son équipe est une réaction inventive et locale face au changement climatique. Ils se sont replongés dans l’histoire du commerce portuaire pour proposer un rivage ouvert aux activités, en prenant comme ligne directrice le canal Kill Van Kull. Dû au passé post industriel du site, la terre est contaminée et doit absolument être protégée des inondations afin de ne pas polluer les eaux. L’idée est de reconvertir les 600 réservoirs à mazout désaffectés qui ornent le paysage de Bayonne dans le New Jersey et de les utiliser pour créer des biocarburants à partir des algues présentes dans les eaux usées. De plus, l’équipe imagine s’en servir aussi pour recycler les déchets et produire des récifs à base de verres recyclés dans le but d’atténuer les vagues, en particulier durant les ondes tempêtes. Les déchets industriels sont également réutilisés pour créer de nouveaux habitats pour la vie marine. Les nouvelles usines de recyclage sont implantées le long de la ‘‘ligne des déchets’’, les gens pourraient venir s’y balader afin d’explorer le processus de transformation de ce derniers et traverser ce beau paysage post-industriel remis en activité.

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Objectifs et stratégies de résilience

39. structure en verre recyclé créant un récif, atténuant le mouvement des vagues et créant un nouvel habitat pour la végétation et la vie aquatique.

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Zone 3: New Aqueous City: A Zoning Ordinance for a Regional Metropolis Sunset Park, Bay Ridge and Staten Island N-Architects: Eric Bunge, Mimi Hoang La proposition de N-Architects est une des plus utopiques avec celle de Kate Orff, que nous allons voir prochainement. L’idée ici est de créer un modèle de «Nouvelle ville aquatique» avec un zonage générant des habitations amphibies. Des infrastructures douces, telles que de nouveaux quais, des îles, des arrêts de ferry, des barrières gonflables, des jetées, des quartiers résidentiels surélevés....font partie du plan pour créer une sorte d’extension progressive de la vie urbaine de la terre jusqu’à l'eau, à travers des couches d’infrastructures diverses et progressives. Les petites infrastructures d’îles, situées dans les zones peu profondes de l'estuaire, créent ensemble un archipel d’habitats marins. En cas d'une onde de tempête, elles se connectent entre elles via des barrières gonflables, des sortes «d’airbags urbains» agissant comme brise-lames d’urgence afin de protéger le nouveau rivage de la ville. (cf. figure 41)

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Objectifs et stratégies de résilience

40. New Aqueous City

41. Système de brise-lames Infrastructures douces installées comme barrière gonflables

Figures 40,41. source:http://narchitects.com/work/moma-rising-currents/

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Zone 4: Oyster-Tecture Gowanus Canal and Buttermilk Channel SCAPE / LANDSCAPE ARCHITECTURE PLLC: Kate Orff D’autres visionnaires vont encore beaucoup plus loin! Cette proposition est celle qui m’a le plus fascinée et intriguée, c’est pourquoi j’irai plus dans le détail. Commençons par les quelques mots de l’architecte exprimant sa volonté de changement: « Je ne veux plus voir de murs dans le paysage, je ne veux plus voir les gens coupés de la nature, ça fait 200 ans que l’on fait ça. Nous avons besoin d’une idéologie d’engagement avec la nature qui soit différente, qu’on ne soit pas dans le contrôle, ou dans le blocage, mais dans un accroissement de la perception, dans un engagement plus actif et fondamentalement dans une vrai gestion du paysage »47 La paysagiste Kate Orff veut utiliser le plus humble des animaux pour sauver New York des inondations : l’huître. L’huître comme un agent de transformation du paysage urbain... utopie ou réalité ? L’objectif est d’exploiter les capacités et le processus biologique de l’huître, non seulement pour créer un tissu urbain d’un nouveau genre mais aussi pour remettre les new-yorkais en relation avec le port de Red Hook (Brooklyn) et Gowanus Canal. Kate Orff et son équipe ont donc imaginé une architecture huîtrière : une sorte d’armature crée par un ensemble de poteaux sous marins reliés par des filets enchevêtrés. Ce nouveau système d’huître permet d’aborder les problèmes de pollution de l’eau grâce à la bio-filtration 96

47.MANDY, Marie, Inondation : Une menace planétaire, documentaire, ARTE, 2015, 92 min.


Objectifs et stratégies de résilience

qu’elle pratique. Il est également conçu afin de gérer les très fortes vagues car les mollusques peuvent s’accumuler sur des structures ressemblant a des récifs et ainsi atténuer la puissance des vagues par leur rôle de briselame naturel. En effet, «plutôt que de reconstruire un brise lame de manière très traditionnel en empilant des blocs de pierre identiques, nous avons ce que nous appelons des rues de récifs. Elles sont bordées par ces structures crénelées recouvertes de béton écologique à bas Ph et conçues spécifiquement pour servir d’habitat aux poissons, créant ainsi un nouvel écosystème ».48

48. BERGDOLL ,Barry, Rising Currents: Projects for New York's Waterfront, MoMA, 2011,112p

Le problème de l’augmentation du niveau de l’océan est aussi un paramètre pris en compte dans ce processus car en rendant l’eau plus propre, elle s’écoule plus lentement. Tout est lié!

42. Schéma du sytème d’attenuation des vagues source: http://www.scapestudio.com/projects

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Il faut savoir que les huîtres avaient déjà à l’époque investie les rives. En effet, au 19e siècle New York était connu sous le nom d’Oyster City, et ce n’est pas pour rien. Le journal Le Monde nous éclaire un peu plus sur cette époque souvent méconnu du grand public. « New York fut, jusqu'au XIXe siècle, un des grands centres mondiaux de production d'huîtres. La ville comptais jusqu'à 260 000 hectares de parcs et produisait pas loin de 700 millions de tonnes d'huîtres par an. Le fleuve Hudson pu nourrir les familles new-yorkaises pendant près de deux siècles. Et avant même l'arrivée des explorateurs, les Indiens en mangeaient déjà. Cependant, la pêche trop intensive, l’épidémie de fièvre typhoïde, l'industrialisation et la pollution finirent par décimer l'espèce et la baie aujourd’hui n'est plus que boue. »49

43. Oyster-Tecture source: http://www.scapestudio.com/projects/oyster-tecture/

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49. LANDRIN Sophie, Les huîtres renaissent dans la baie de New York, décembre 2012, http://www. lemonde.fr/planete/ article/2012/12/29/ les-huitres-renaissentdans-la-baie-de-newyork_1811375_3244. html, page consultée en avril 2016. york_1811375_3244. html, page consultée en avril 2016.


Objectifs et stratégies de résilience

Chacun à sa manière a donc imaginé un nouveau paysage urbain intégrant les prévisions de la montée des eaux et du changement climatique. Un nouveau rivage qui deviendrait le lieu d’un échange entre la terre et l’eau, en utilisant au plus possible l’existant pour créer des espaces innovants. Tous se sont inspirés de la résilience de la nature, comme s’ils ressentaient un besoin de «retour aux sources», proposant une combinaison de systèmes naturels et d’infrastructures douces, qui par leurs caractéristiques, sont capable de résister et d’atténuer en même temps le choc. Ils ont tenté de démontrer que mettre un mur entre l’eau et la ville n’est certainement pas la meilleure solution à adopter. Dans le futur, les inondations seront inévitables et l’eau devra pouvoir entrer naturellement dans la ville sans altérer cette dernière.

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ÂŤ Understanding what really is at stake and what happened during Hurricane Sandy informs a path forward that can reconnect the social, the economy, and the ecology. Design can bridge these gaps and marry science and politics, the real world with imagination. Rebuild by Design is not about making a plan, but about changing a culture. Âť 50 _Henk Ovink.

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Objectifs et stratégies de résilience

3.2.2 Rebuild by Design.

À New York, la philosophie de rendre la ville plus résiliente s’est incarnée dans le concours Rebuild by design. Si on traduit littéralement, cela signifie de reconstruire la ville en la redessinant. Lancé en novembre 2013 sous la direction d’Henk Ovink - envoyé spécial dans les affaires internationales liées à l’eau - il s’agit du plus grand concours international d’urbanisme jamais organisé aux Etats-Unis, celui-ci en réponse à l’ouragan Sandy.

50. Henk Ovink Directeur du concours Rebuild by Design et conseillé spécial de Shaun Donovan, fait également parti du siège de l’Hurricane Sandy Rebuilding Task Force. 51. Rebuild by Design, http://www. rebuildbydesign.org, page consultée en avril 2016. 52. BISKER Josh, Rebuild by design, pdf du concours, 2015, 252p.

Afin de trouver un nouveau visage au littoral new-yorkais, Henk Ovink a mis tout le monde autour de la table : personnalités politiques, architectes, urbanistes, ingénieurs, spécialistes des réseaux électriques et bien sûr, les habitants qui sont les premiers concernés. Ce concours a demandé un grand travail de préparation : des mois de collaboration avec des centaines d’organisations, des milliers de personnes mobilisées, une dizaine d’équipes de chercheurs allant sur le terrain pour étudier la vulnérabilité de la région, recueillir des témoignages des gens durement touchés par Sandy… Tous ces mois de recherche ont fait émerger une réelle compréhension régionale qui leur a permis de se diriger vers une approche plus globale. Au final, près de 150 projets seront proposés avec la participation d’une douzaine de pays. Parmis eux, les six meilleurs ont été sélectionnés et ont obtenu un financement d’un milliard de dollars, une grande partie versée par The Rockefeller Fondation. Nous allons donc voir à présent brièvement les trois propositions lauréates concernant la région de New York City. Je me suis nourrie principalement des informations présentes sur le site de la compétition51 ainsi que celles de la publication associée52 pour rédiger ce chapitre. 101


BIG U BIG TEAM New York, New York $335M Le projet concerne l’île de Manhattan, appelé The DryLine, ou plus connu sous le nom du BIG U, de par sa forme qui épouse le sud de l’île sous forme de U. Il promet d’être un véritable « mur invisible » de 16km de long. L’idée du BIG U imaginé par l’équipe de BIG – Bjarke Ingels Group – et associés, est de proposer une protection contre les inondations dans le sud de Manhattan, une sorte d’immense Caméléon urbain , qui changerait d’apparence et de caractère en fonction du quartier qu’il traverse. Parfois, il passe sous la voie rapide puis se transforme en pavillon ou plateforme inclinée, d’autrefois on dirait presque un banc géant. Et en même temps, il participe à la surélévation du paysage sous forme de berme, isolant le parc situé au bord de l’eau du bruit de la voie rapide, tout en protégeant la ville des inondations. J’y reviendrai plus en détail prochainement car ce projet fera l’objet d’un cas d’étude plus approfondi. Living Breakwaters SCAPE / Landscape Architecture Staten Island, New York $60M Ce projet est dirigé par Kate Orff, du bureau SCAPE / Lansdcape Architecture Pllc, on l’a découvert précédemment à travers le programme Rising Currents. (Cf. 3.2.1. zone 4: Oyster-Tecture ). 102


Objectifs et stratégies de résilience

Cette équipe propose donc un système de résilience écologique avec des moyens de défense qui s’appuieraient sur la création d’écosystèmes protecteurs à partir de l’introduction de près d’un milliard d’huîtres dans les eaux new-yorkaises. What-else? Hunts Point Lifelines PennDesign / OLIN Bronx, New York $20M Cette équipe prend très au sérieux la dimension sociale dans le projet urbain. Le quartier d’Hunts Points situé dans le Bronx, est le centre majeur de l’approvisionnement en nourriture pour New York et une grande partie du New Jersey. Mais c’est aussi là que vivent les habitants les plus pauvres de l’état de New York. Ici, les travaux de protection doivent également servir pour lutter contre le chômage et améliorer la qualité de vie de cette communauté dont les enfants ont un taux d’asme élevé, à cause du passage incessant des camions frigorifiques. Kelly Terry, directrice de The Point, un programme dédié au développement des jeunes et à la revitalisation culturelle et économique de Hunts Point, nous explique un autre problème qui survient dans le Bronx : « Nous sommes très vulnérables et un projet comme Hunts Point Lifelines, nous permet non seulement de répondre aux inondations par des protections structurelles mais aussi de nous attaquer à d’autres problèmes comme la pauvreté, en les reliant à la création d’emploi assurant des salaires de subsistance et à des 103


carrières associées à la résilience. » 53 Elle ajoute quelques mots de plus sur l’importance de la participation des habitants dans le projet : « Si les gens qui sont les plus affectés ne participent pas à la discussion sur la façon dont on doit se préparer et répondre, en tant que communauté dans une société, alors les solutions vont venir d’en haut et ça ne marchera pas. » On a donc ici un projet plutôt axé sur la résilience sociale, qui tente de créer une cohésion entre les différentes communautés afin de trouver des solutions ensemble, il s’agit d’une perspective de Bottum-up.

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53 .MANDY, Marie, Inondation : Une menace planétaire, ARTE, 2015, 92 min.


Objectifs et stratégies de résilience

Des murs invisibles transformés en lieu de récréation, des protections basées sur les qualités intrinsèques de la nature...Tous ces projets sont peu à peu entrain de voir le jour : c’est une nouvelle vision de la préservation des villes qui est entrain d’émerger. Le projet qui m’a le plus intriguée et parue intéressant à développer, de par son ampleur et la diversité de sa proposition, est le BIG U. Dans le chapitre qui suit, je vais donc tenter de décortiquer cet immense « Caméléon urbain », des intentions globales aux stratégies de résilience, de la dimension participative à la constitution du projet, afin d’essayer de comprendre ce qui a conduit cette équipe à faire partie des six finalistes et décrocher le plus gros budget.

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44. Vue aĂŠrienne du projet The Big U source: http://www.rebuildbydesign.org/project/big-team-final-proposal/

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4. Un nouveau visage pour le rivage de Manhattan: The Big U

Au départ, le sujet du mémoire s’était focalisé sur ce projet du BIG U, avant de s’élargir au fur et à mesure de la recherche. Les informations récoltées lors de mon séjour à New York concernent principalement ce projet là et son rapport à la résilience. J’ai donc organisé des interviews (cf. Annexes) avec différents intervenants du projet. - Daniel Payne, consultant chez AEA Consulting, a pris le temps de m’expliquer en détail la composition du projet, d’y exposer sa vision personnelle ainsi que celle de son équipe. - Rob Freudenberg, directeur du Regional Plan Association de New York et son associée Lucrecia Montemayor ont présenté les objectifs du concours Rebuild by Design et ont par la suite expliqué les différentes interventions de la proposition, insistant sur le rôle participatif des habitants dans le projet. - Jeremy Alain Siegel, le chef de projet du BIG U, s’est plutôt focalisé sur la démarche, le processus et les intentions du projet afin de comprendre ce qui les as menés à décrocher la première place du concours.

54. The BIG “U”, Rebuild by design, BIG TEAM, 2013, http:// www.rebuildbydesign.org/wordpress/ wp-content/uploads/ briefing/BIG__IP_Briefing_Book.pdf

Je leur ai posé à tous relativement les mêmes questions, parfois de manière plus spécifique selon l’intervenant et c’est en écoutant les interviews que j’ai pu relevé une vision commune à tous. Ils s’accordent tous sur les intentions réelles du projet et ont également les mêmes inquiétudes vis à vis de ce dernier. Le signe d’une collaboration qui a fonctionné. Ces précieuses interviews, le site internet du concours Rebuild by design ainsi que le pdf de la proposition54, seront les sources principales pour la rédaction de ce chapitre.

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The BIG U

4.1. Méthodologie du projet

L’équipe de BIG est composée de plusieurs agences, de compétences diverses mais qui n’en sont pas moins complémentaires. Le bureau de BIG (Bjarke Ingels Group), nommé comme chef de file, travail aux côtés de One architecture (urbanisme), Starr Whitehouse (paysage), Buro Happolg (ingénieur en stabilité), AEA Consulting (Aménagements culturels), Level Infrastructure (ingénieur), Arcadis (ingénieur spécialiste de l’eau), James Lima Planning and Development (Economie), Green Shield Ecology (Ecologie), Project Projects (Graphisme) et quelques membres de la nouvelle école de design Parsons, The School of Constructed Environments. La première étape de réflexion pour l’équipe de BIG fût d’analyser la région New-yorkaise ainsi que les régions alentours telles que Redhook, New Jersey ou encore le Connecticut. De quelle manière? En observant la géomorphologie des littoraux, l’activité qu’ils suscitent, la mobilité qui en découle et en discutant avec les populations voisines pour tenter de mieux comprendre la situation. Sur base de ces premières recherches, ils décidèrent de se focaliser sur la zone vulnérable au Sud de Manhattan. Une fois le champ d’action délimité - West 54th Street à East 40th Street - ils choisirent de scinder le littoral en plusieurs parties afin de travailler localement, pièce par pièce, pour réfléchir au type d’interventions qui pourrait investir les rives - infrastructures douces ou lourdes - en fonction du lieu et des besoins différents des communautés bordant le littoral. Leur intention est clair, ils souhaitent créer une infrastructure qui puisse à la fois protéger des inondations mais aussi, offrir des avantages aux habitants. 109


Comment ont-ils décidé du type d’infrastructures à adopter? À partir d’une carte désignant les zones à risques, ils ont élaboré deux cartes: une proposant des infrastructures de protection et l’autre avec des infrastructures répondants aux besoins des quartiers, des réclamations soumises par les communautés lors des meetings organisés. Rencontre avec les communautés L’idée était de rassembler les organisateurs, participants et habitants autour d’une même table afin de trouver une solution commune à tous. J’entends par communautés, les habitants des quartiers alentours mais aussi les associations telles que LESReady (Lower East Side Ready), qui envoyaient à chaque meeting un groupe de gens les représenter afin que leur voix puisse se faire entendre. Pour réussir à captiver l’attention des habitants et afin qu’ils puissent communiquer aisément sur le projet, l’équipe de BIG à utiliser une méthode simple et fidèle à leurs habitudes, comme nous l’explique le chef de projet Jeremy Alain Siegel: « So, we basically did what we do in the office. When we start a project, we do a bunch of research, we figure out what the basic parameters are and then we start making models to test different things. Then, we put all the models on the table and we talk about it. » ’55 Le fait de travailler sur base de maquettes et de présenter la proposition aux habitants sous cette forme, permet un langage commun à tous et donc de communiquer plus facilement afin de trouver des solutions ensemble. 110

55. Extrait de l’interview avec Jeremy Alain Siegel, Chef de projet du BIG U, dans les bureaux de BIG, New York, 5 février 2016.


La rencontre avec les communautés s’est donc faite sur base de réunions ou plutôt de « workshops », qui se sont organisés en deux phases. (cf. figure 46). Une première série de réunions a été mise en place pour exposer aux communautés le type d’infrastructures qu’ils ont imaginé afin de déterminer ensemble, lesquelles conviendraient le mieux à tel ou tel quartier en fonction des besoins et volontés des habitants. Une deuxième phase a été organisée tout juste deux semaines plus tard pour montrer aux habitants les diverses propositions d’aménagements réalisées résultants de ces premiers échanges et afin de choisir ensemble la proposition la mieux adaptée à chaque quartiers. Il n’a pas toujours été évident de convaincre les populations des bonnes intentions du projet. Certains y voyaient par là, un moyen pour la ville ou propriétaires privés d’augmenter le prix des logements et donc de ‘‘déplacer’’ les pauvres de ces quartiers afin d’y installer une population plus aisée. En effet, les prix des loyers sont toujours à risque d’enfler avec l’arriver de tels projets, certains habitants ne peuvent parfois plus assumer le loyer et doivent être contraints de quitter la ville. On appelle ce phénomène la gentrification, on en parlera plus en détail dans un ultime chapitre. Il a donc fallu rassurer les populations au fait qu’elle ne seraient, normalement, pas contraintes de quitter les lieux par l’arriver de ce projet. Rob Freudenberg, directeur du Regional Plan Association de la ville de New York, a évoqué quelques mots au sujet du déroulement de ces réunions lors de notre entretien, en voici un extrait: « One of the things that was very difficult to work with the community was that they although want a pro111


tection but they are scared that if they are protected, the land price will go up and then they would be displaced. So it was a very interesting conversation with the team saying: ‘‘we’re trying to do this for your community and for you to enjoy - versus - we’re trying to do this to have more housing or more commercial space’’. So, I think one of the interesting things is that they had like this big models that they took to each community meeting and said like: ‘‘ we could put a park here or we could do a basketball court or maybe here it’s where we could have these curtains that come up and down and we have like a market ” and so the people of the community were able to see and choose what makes more sense to have a park here, or it makes more sense to have a wall here. Because there is a lot of public housing in the area, it was really interesting to hear their perspective like: “don’t put a wall there because it becomes like a safety issue, if we can’t see throught the wall then there’s going to be more violence, more insecurity... so why don’t you put a park here instead of a wall? And over here there’s a lot of traffic, so why would you put a park here instead of a wall? And then there will be less traffic”... that type of thing. So I think that was a really interesting component of the project... » 56 En est donc ressorti une de proposition générale: à l’Est, des infrastructures douces et encrées au paysage, des espaces publics plus « spectaculaires » au Sud de l’île ainsi que des infrastructures lourdes à l’Ouest. L’équipe avait dans un premier temps l’objectif de développer que la côte Est mais la ville de New York, satisfaite de leur première proposition d’aménagement des rives, leur a demandé de développer leur idée jusqu’à la pointe de Manhattan. 112

56. Extrait de l’interview avec Lucrecia Montemayor, associée de Rob Freudenberg, Directeur du Regional Plan Association de la ville de New York, dans les bureaux du RPA, New York, le 2 février 2016.


Au final, leur proposition s’étendra jusque la côte Ouest mais ne sera pas autant aboutie. Une fois le concours en poche, ils ont donc reçu 335 millions de dollars pour mettre en œuvre le projet en commençant par la rive Est. D’après David Payne, les Designtravaux Process débuteront en 2017 et cela devrait prendre 5 ans pour construire la première partie du BIG U. Le reste devra attendre entre vingt et cinquante ans, tout dépendra du budget mis à disposition. The communities of the Lower East Side have participated in seven separate waterfront-planning processes over the past decade. Before engaging residents in yet another dialogue, the team reviewed these earlier plans to better understand local needs and desires. On the Lower East Side, the team worked intensively with LES Ready!, an umbrella organization of 26 community groups focused on coordinating emergency response and preparedness. With LES Ready! and Rebuild by Design’s support, the team held a series of 45.inMaquettes du BIG workshops at various locations the neighborhood.

During the first workshops, the community debated the merits of various flood protection approaches using the team’s models of different prototypical solutions. In the second series of workshops, the results of those discussions were incorporated into two possible design solutions for each compartment. These designs were also discussed by community members, whose feedback was used to refine the final proposal. Over 150 community members attended these workshops, and many returned to join the team for a celebration at Uthe end of the process.

Pavillon du Danmark, Biennale de Venise, Juillet 2016 ©Photo personelle

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46. Réunion avec le chef de projet Jeremy Alain Siegel et les communautés du LES ©Rebuild by design 81

Rebuild by Design

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« We like to think of it as the love-child of Robert Moses and Jane Jacobs. Our project must have Moses’ scale of ambition, but be able to work at the fine-grain scale of the neighbourhoods. » _Bjarke Ingels.

West 54th Street

East 40th Street

C1

Montgomery St.

C2 Battery Park

C3

Brooklyn Bridge

C1 47. Activités le long du BIG U et quartiers ciblées. source: Rebuild by design competition Document modifié

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The BIG U

4.2. Description du projet

On peut décrire le projet comme étant une ceinture géante d’une douzaine de kilomètres encerclant les zones vulnérables au sud de l’île de Manhattan. Elle débute de la West 54th Street, en passant par The Battery et s’étend jusque la East 40th Street. Le système propose à la fois une protection contre les inondations mais aussi des avantages sociaux et environnementaux pour les communautés et la ville. Comme ont l’a expliqué précédemment, le projet a été sectionné en trois parties afin de trouver des solutions locales avec les communautés de l’East Side, Lower Manhattan et West Side. À première vue, on pourrait croire que la réponse de BIG est unique pour l’ensemble du littoral, de part l’homogénéité de sa proposition et son nom the BIG U . Pourtant, chaque compartiment a reçu un traitement unique en fonction des besoins des habitants, de leur vulnérabilité face aux inondations et autres paramètres. Tous ces compartiments travaillent néanmoins ensemble pour protéger et améliorer le rivage cependant, chacun d’eux est autonome pour qu’en cas de catastrophe, on puisse régler localement le problème sans que cela affecte l’ensemble du projet.

57. The BIG “U”, Rebuild by design, BIG TEAM, 2013, http:// www.rebuildbydesign.org/wordpress/ wp-content/uploads/ briefing/BIG__IP_Briefing_Book.pdf

En raison de l’étendue importante des zones inondables et la vulnérabilité des habitants et infrastructures dans le Lower East Side, la ville a demandé à l’équipe de BIG de se focaliser sur cette portion du littoral, qui s’étend de la East 42nd St. au quartier de Battery Park. Elle est ainsi divisée en trois compartiments. Nous allons détailler à présent le contenu de ces divers compartiments. J’ai récolté la majorité des informations dans les interviews menées à New York et dans le pdf de la proposition remis lors du concours RBD.57 115


Eastside 42nd Street – Brooklyn Bridge

48. FDR Drive, East Side ©Photo personnelle 49. John finley Walk Queensboro Bridge ©Photo personnelle

Situation Durant l’ouragan Sandy, de nombreux hôpitaux situés au Nord de ce segment ont du être évacués en urgence, ce sont des équipements vulnérables qui devront à l’avenir être protéger en priorité. Plus au Sud, la centrale thermique de ConEdison qui a plongé des milliers d’habitants dans le noir pendant des jours a entraîné des pertes économiques considérable pour les entreprises. La résistance de l'ensemble du BIG U se joue sur le bon fonctionnement de cette centrale, il faudra donc impérativement éviter que cela se reproduise. Le quartier du Lower East Side concentre une majorité de population d’immigrés, de personnes âgées, de familles à faible-revenues et d’étrangers ne parlant peu ou pas la langue du pays. 116

58. Extrait d’interview avec David PAYNE, Consultant chez AEA Consulting, BIG TEAM, café Budin, Brooklyn, 27 janvier 2016.


The BIG U

Tous contribuent à la diversité de la ville, les rendant socialement et physiquement vulnérables. Les plus vulnérables sont ceux qui vivent dans les logements sociaux au bord de l’East River. En effet, la plupart de ces bâtiments sont en mauvais état et quand ils se sont vu privés d’électricité pendant l’ouragan, les habitants se sont retrouvés coincés dans ces hautes tours sans ascenseurs, sans eau et sans chauffage pendant plusieurs jours. Des conditions de vies difficiles, rendues plus compliquées par le fait que ces quartiers sont souvent loin des infrastructures sociales nécessaire à la vie de tous les jours (pharmacies, supermarchés…) D’où l’urgence de vouloir s’en occuper en priorité.

C1: L.E.S. North - East River Park East 23rd St. - Montgomery St.

C1

« One of the challenges of the neighbourhood there, when you talk to the people is that most of the residents feel like they’ve been cut off from that park, they can only access it at specific points. » _ David Payne 58 Situation Ce compartiment protège une zone à risque d’inondations élevé à côté de la voie express FDR (Franklin D. Roosvelt Drive) qui la sépare de l’East River Park. 117


Un parc, qui de part la présence de cette voie rapide, se retrouve complètement déconnecté du reste du quartier. La solution adoptée ici est celle d’une berme, pouvant atteindre près de quatres mètres d’altitude, qui servira de protection face aux futures inondations. (cf. figure 50). Cette berme offre aussi d’agréables promenades à travers le parc, ponctuée d’espaces pour se poser, profiter de la vue sur l’East River, rencontrer des gens. Elle a également été dessinée de façon à garder les terrains de sports existants. Des systèmes de rampes ou d’escaliers mènent à des passerelles traversant la voir rapide dans le but de connecter le parc au reste de la ville. La végétation imaginée pour ces lieux est variée et surtout, résistante au sel afin de ne pas subir trop de dégâts lors d’un futur contact avec l’eau de mer. On peut y voir ici une forme de résilience. Un peu plus au Nord, du côté de Peter Cooper Village, la voie rapide est surélevée. Il est donc prévu d’installer dessous cette dernière une série de pavillons en tout genre. Du côté « sec », ils ont pensé plutôt à des fonctions commerciales ou autre équipement manquant aux communautés environnantes; du côté « humide », plutôt des équipements de loisirs. Entre les pavillons de la zone sèche et humide, des panneaux déployables pourraient être abaissés en cas d’inondations, protégeant ainsi l’intérieur de la ville. Tout au Nord de ce segment de littoral, on retrouve Hospital Row, un lieu très vulnérable aux inondations étant donné sa fonction. La largeur du rivage ne permettant pas d’y installer une berme, des panneaux déployables seront installés pour protéger ce dernier. 118


The BIG U

Ce type d’infrastructure représenterait un faible coût par rapport à d’autres types de protections et sa structure serait très fiable. Ce système a un ratio « coût-bénéfice » de 2,08, il protégerait l’East River Park de près de 780 000 000 de dollars de dommages potentiels.

50. Coupe du système de la berme ©Rebuild by design

51. 10th Street Harbor Bath ©Rebuild by design

52. The Bridging Berm ©Rebuild by design

119


C2

C2: Two Bridges Montgomery St. - Brooklyn Bridge « One of the big things that people found in that neighbourhood was that a lot of the power generation or heating was on the lower levels or in the basement level, so when the water came in and knocked out electricity, the people who were on the twelfth floor, and were reliant on elevators going up and down, were now stuck on the twelfth floor in their apartment. Some of these people are senior citizens who aren’t going to climb up and down twelve floors to get in and out of their apartments so they’re effectively stuck there for days and weeks. » _ David Payne 59 Situation Ici, le manque d’espace entre la zone résidentielle et le rivage a fait émerger une stratégie de protection complexe, focalisée sur la protection des logements sociaux à l’intérieur des terres. Entre Manhattan Bridge et Pier 36, des panneaux déployables son installés en dessous de la route FDR (cf. figure 53), prêts à s’abaisser en cas d’inondations. Ces panneaux font également l’objet d’un projet artistique, ils seront décorés par des artistes locaux. Une fois la nuit tombée, ils s’allument afin de rendre l’endroit plus sécuritaire car plus vivant. L’hiver, ils peuvent s’abaisser à la verticale afin de créer un marché couvert. En face des Smith Houses, situées entre les deux ponts, le système de protection cède sa place à un système 120

59. Ibid


The BIG U

BIG TEAM

de banc sinueux, skateparks, plateformes de tai-chi et même une piscine, intégrée dans un pavillon en verre. FLIP-DOWN BARRIERS Ce1. système de DEPLOYABLE protection permet d’animer le littoral en -STORED ON THE UNDERSIDE OF F.D.R. TS ILLUSTRATED: TWO BRIDGES -MAINTAINS CLEAR VIEWS FOR SECURITY offrant des équipement de loisirs au public.

LE WALLS

BERM

+9’ FOOT SPLASH ALLOWANCE +8’ FEMA 2050 100 YEAR FLOODPLAN +5’ SANDY +4’ FEMA 2050 50 YEAR FLOOD PLAN

-6’ SEA LEVEL

Flip-down a series of deployable panels creates 53. Walls: Coupe dans le système des panneaux déployables a ‘ceiling’ below the FDR vibrant with and lighting. Enart dessous de la FDR by design During storms the panels flip down to©Rebuild form surge barriers. Panels can also be used to create activity spaces below the highway in winter. BIG TEAM Une stratégie de résilience pour les bâtiments et rési2. THE MEANDERING BENCH HUD - Rebuild by Design -USES RIGHT OF WAY UNDER FDR dents, ‘wet feet’ – ouAGAINST waterproofed -4’ HEIGHTappelée MAINTAINS VIEWS WHILE PROTECTING 50-YEAR STORM buildings TO ENCLOSE SPACES FOR DIFFERENT PROGRAMS – -WIGGLES est également mise en place afin que les communautés puissent faire face à la prochaine catastrophe. Les services publics sont déplacés, les fondations sont renforcées et les rez-de-chaussées sont remplacés par des équipements tels que des boutiques, laveries, des espaces qui seraient destinés aux communautés, afin qu’ils puissent être submergés sans grand impact. Des matériaux résistants à l’eau seront privilégiés, tel que du mobilier en plastic par exemple, qui pourrait flotter et qui retrouverai les pieds sur terre sans être ruiné par l’eau. De nouveaux logements sur base du même système Bench: afin a 4 foot high bench winds the FDR, seront Big construit de compenser ceux below qui ont été évincreating program spaces and protecting from low-level cés par les fonctions publiques qui prendront place aux storms. BIG TEAM Rez-de-chaussés des immeubles.

BIG TEAM

+4’ FEMA 2050 50 YEAR FLOOD PLAN

-6’ SEA LEVEL

HUD - Rebuild by Design

WET FEET GROUND FLOOR APARTMENTS ARE THREATENED BY FLOODS GROUND FLOOR

BIG TEAM

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Ce système a un ratio « coût-bénéfice » pas très élevé de 1,02 étant donné l’ampleur du projet, il protégerait tout de même ce quartier de 237,000,000 de dollars de dommages potentiels, ce qui n’est pas négligeable.

54. Activités sous la FDR ©Rebuild by design

55. Panneaux déployables baissés en cas d’inondations. ©Rebuild by design

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The BIG U

Lower Manhattan Brooklyn Bridge - Battery Park o

56. Battery Park Au loin on aperçoit le Financial District ©Photo personnelle

Ici, près de la moitié des terres a été créée par l’homme, formant une vaste zone à risque qui a été inondée pendant le passage de Sandy, endommageant sévèrement les biens immobiliers et les infrastructures de transports en communs. Les routes sont devenues en un rien de temps des rivières, les bâtiments de Wall street ont été rendus inaccessibles, la nouvelle esplanade de l’East River a été ravagée par l’eau… Les activités de ce quartier financier qui regroupe les plus grandes entreprises du monde, ont du être stoppées durant un long moment, engendrant des pertes économiques astronomiques. L’intention de protéger ce quartier et de l’améliorer est donc commune à tous. 123


C3

C3: Battery-Financial District Brooklyn Bridge - Battery Park L’objectif dans ce quartier est d’améliorer les infrastructures dites « touristiques », concentrées sur la pointe de Manhattan. Une séquence d’espaces urbains a donc été dessinée afin de protéger la ville tout en offrant des espaces agréables, au service des milliers de touristes et travailleurs du coin. Les portes d’entrées aux inondations se situent aux extrémités du parc, il est donc primordial de créer des protections solides en ces lieux. De part un système similaire à celui proposé pour l’East River Park, le Financial District sera protégé par une berme sillonnant le Battery Park. Le long de cette berme, on y trouvera des pistes cyclables, une série de buttes où les gens viendraient se poser pour manger, bronzer, lire un livre… À la place du bâtiment de la Garde Côtière, situé en front de mer, il est prévu d’y implanter un musée maritime et des équipements liés à l’éducation. Un bâtiment signature du bureau, nommé le Reverse Aquarium , prendra place sur la pointe de l’île et permettra aux touristes de connaître l’histoire du port, d’observer les variations du niveau de la mer, d’admirer la vie sous-marine, tout en servant à la fois de bouclier face aux inondations.

57. Reverse Aquarium ©Rebuild by design

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The BIG U

Le système a un ratio « coût-bénéfice » très élevé de 5,0, il protégerait le quartier des finances de près de 1,900,000,000 de dollars de dommages potentiels.

58. Système de berme devant le Financial District ©Rebuild by design

59. Système de berme devant le Financial District en cas d’inondation ©Rebuild by design

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West Side Battery Park – West 57th Street Malgré que l’équipe ne se soient pas focalisée sur cette portion du Big U, ils ont quand même réfléchi à quelques actions qui pourraient être entreprises dans cette zone ci, entre West 57th Street et Battery Park et ont opté principalement pour des infrastructures lourdes dissimulées sous formes d’œuvre d’arts. Le système de protection est varié, d’un mur d’inondation sculpturale sur le modèle des œuvres de Richard Serra du côté de Chelsea à une série de jardins vallonnés tolérants au sel, qui protégeraient le West Village. Du côté de la NY State Route 9A , une rangée d’arbres est imaginée dans l’axe de la voirie afin de donner une touche de vert à cette infrastructure qui est aujourd’hui majoritairement minérale. En créant une nouvelle topographie de parcs vallonnés et sculptures protectrices, l’Hudson River Park peut être exploité pour protéger les quartiers de SoHo et Tribeca.

60. West Side project ©Rebuild by design

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The BIG U

Nous avons donc ici un projet qui a pour but à la fois de protéger la ville des inondations, mais aussi qui offre à ses habitants des espaces verts de qualité, des activités diverses dissimulées sous formes de pavillons, des équipements nécessaires aux quartiers, des services de proximité...On retrouve l’unité de la proposition dans l’harmonie des paysages dessinés malgré que chaque compartiment fonctionne de façon autonome. C’est un projet qui a un objectif réel de redonner vie à un littoral pour le moment inexploité ou du moins très peu, en espérant que le nouveau zoning porte ses fruits après son élaboration.

127


4.3. En quoi le projet est-il résilient?

Le projet s’est développé à partir d’une recherche menée sur l’histoire de l’aménagement urbain et la question de la résilience dans l’état de New York et les états voisins, tels que le New Jersey et le Connecticut. Cependant, il s’est avéré que les stratégies de résilience qui avaient pris la ville existante comme modèle, ont échouées à assurer la croissance de la nature et la mutation des communautés. En réponse à cette question, l’équipe de BIG choisi de prendre le futur comme référence afin de résoudre les problèmes existants et prévenir des nouveaux. Pour pouvoir parler de résilience dans l’aménagement du littoral, le projet se doit d’appliquer cette notion à différents domaines: social, écologique et économique. Nous allons donc voir à présent les différents moyens mis en place pour en faire un projet résilient. Architecture + Culture La façon dont le projet a été pensé et conçu implique une forme de résilience. « It’s not just putting up a big brick wall and saying “this will repel the flood”, it’s using natural ways to fluctuate water, breaking the water surge before it gets to land. » 60 Au lieu de construire un mur continu qui viendrait rompre le rapport entre la vie urbaine et l’eau, ils parviennent à créer une sorte de « Dryline », d’une géométrie et hauteur similaire à un mur de protection mais avec différents profils : elle revêtirait parfois la forme d’un banc, d’une berme paysagère, d’autres fois elle se transformerait en plaines de jeux ou en pavillons abritant des loisirs ou bien des services de proximité. 128

60. Ibid


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Ces installations ont plusieurs bénéfices tels que stopper les inondations, fournir des équipements aux communautés, protéger les logements situés au bord du rivage ainsi que le Financial district, protéger le système de transports en commun, le réseaux de communications… Ecologie Les infrastructures vertes imaginées dans les trois compartiments serviraient à la fois à protéger des inondations et à offrir les équipements sociaux manquants aux communautés voisines. À propos du changement climatique, les prévisions sont inquiétantes: des pluies de plus en plus fortes et à une fréquence plus élevée, provoquant des inondations et des débordements d’égouts plus importants. Un des autres éléments alarmants est le réchauffement climatique qui n’évolue pas non plus du bon côté de la pente. Le Big U prévoit donc pour réduire les effets de ces dérèglements climatiques: des bassins biologiques, des jardins de pluie et des rues vertes afin d’absorber et filtrer l’eau de pluie, refroidir la ville, réduire la pollution de l’air, améliorer les équipements de loisirs ainsi que la santé mentale des communautés et en bénéfice, créer des emplois verts (entretient des infrastructures vertes…). Infrastructures Les infrastructures, de part leur forme, matérialité et localisation, doivent être pensées pour résister au choc et retrouver leur état initial après ce dernier. L’équipe à donc travaillé avec les habitants sur le type d’infrastructure qui pourrait investir tel ou tel zone. 129


Ils ont donc pris le soin d’installer les éléments dit fragiles, c’est à dire ne pouvant pas supporter l’eau salée (salle de sport, piscine), dans la partie « sèche ». Tandis que les éléments moins vulnérables (terrasses de café, terrains de jeux) sont placés dans la partie « humide » du rivage. Les matériaux imaginés pour ces infrastructures ne sont pas sensibles à la corrosion, cela permet d’éviter qu’on les retrouves rouillées au bout de quelques mois. La pierre ou encore le béton sont des possibilités. De même, les végétaux sont privilégiés de sorte qu’ils soient résistant à l’eau salée car l’eau des estuaires tels que l’East River, a un taux de sel très élevé et donc menace d’endommager sérieusement les espaces verts. Social La résilience sociale est engagée dès le départ dans le processus d’élaboration du projet ainsi que dans l’occupation de ce dernier. Comme souligné précédemment, le projet a été conçu en collaboration avec les communautés (cf. figure 61)

61. Dessin réalisé par un des résidents de Manhattan lors d’un meeting avec les communautés du Lower East Side source: Rebuil by design

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Un sociologue travaillant pour Rebuild by design a fait une étude concernant l’effet de la cohésion sociale sur le changement climatique. Les conclusions qu’il en a tiré ne sont pas si anodines, Jeremy Alain Siegel nous en parle dans ce court extrait d’interview: « And finally, by introducing all these natural areas and areas for gathering and so on, I think it will strengthening public space in an area that doesn’t have a very strong idea of public space. I mean, you can argue that there is a social resiliency that’s also built. There is a sociologist attached to the Rebuilt by Design competition who wrote a book about the heat waves in Chicago. There were these heat waves in Chicago in the early 2000s, and basically what he found was that the areas of the city that had the most social cohesion, had the best response to heat waves in the sense that there were more deaths in places where people didn’t know their neighbours while there were less deaths in the areas where people knew their neighbours and could cared about each other and so on. » 61 De plus, la réalisation du projet permettra également de produire de l’emploi, c’est quelque part une forme de résilience sociale. Economie

61. Extrait d’interview avec Jeremy Alain SIEGEL, Chef de projet du Big U, agence de Bjarke Ingels Group, New York, 5 février 2016.

Pour que l’on puisse parler de résilience économique, il faut que le projet soit rentable. C’est à dire, qu’il puisse limiter les coûts directs tels que les dégâts matériels et indirects, tels que les pertes d’exploitations d’activités, des réseaux…Cela se joue sur la capacité des infrastructures à résister aux chocs de part leur stratégie d’implantation, robustesse, choix des 131


matériaux employés… Comme on l’a détaillé précédemment, les ratios « coût-bénéfice » sont plus que positifs pour la majorité des quartiers. Le quartier financier de Wall Street est un des plus vulnérables en terme de dégâts économiques et pourtant il a un ratio de 5.0, ce qui est excellent. De plus, le flux touristique risque probablement d’augmenter de par l’arrivée de toutes ces nouvelles infrastructures et permettra donc de rentabiliser plus rapidement le projet. Les mesures mises en places paraissent tenir la route. Cependant, certains architectes et urbanistes restent septiques face à la réalisation de ce grand projet, qui risque de changer à tout jamais le visage du rivage newyorkais. Un d’eux à déclaré « When it’s done, it’s just going to be a big dumb wall. » 62 L’auteur américain Jeff Goodell a fait part de son doute lors d’une interview avec Kai-Uwe Bergmann, ingénieur chez BIG. Il lui a demandé pourquoi, selon certaines théories et études faites sur le sujet, les infrastructures seraient uniquement conçues pour combattre un autre Sandy, mais pas plus. L’ingénieur lui a répondu: « Because it’s infinitely more expensive. » 63 En effet, si les matériaux utilisés ne sont pas de très bonne qualité à cause d’un manque de budget, ils risquent d’être moins résistants et finalement, de faillir à la question de la résilience des infrastructures. Il est donc possible que le Big U ne soit pas si BIG que son nom peut le prétendre après tout...à voir si les promesses seront tenues. 132

62. WALKER Alissa, NYC's Elegant Storm-Proofing Proposal Will Probably End Up Being a 'Big Dumb Wall', Gizmodo, mai 2016, page consultée le 13 juillet 2016. http://gizmodo.com/ nycs-elegant-stormproofing-proposal-will-probablyend-1783165966 63. Ibid


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4.4. Pourquoi l’équipe de BIG a-t-elle gagné le concours?

Il est clair que ce mur invisible d’une douzaine de kilomètres a été conçu principalement pour protéger Wall Street et ses biens. Cependant, d’après les prévisions du changement climatique, les quartiers tels que Red Hook, situé sur le littoral de Brooklyn, subiraient des conséquences plus graves lors de la prochaine catastrophe. Il est donc légitime de se demander pourquoi l’équipe de BIG a-t-elle remportée reçu la plus grande partie du budget, la plaçant donc sur le podium du concours, alors que l’île de Manhattan est nettement moins en danger que ces communautés là ? On va tenter de faire quelques hypothèses sur la raison de leur victoire. Le combo BBB: BIG U designed by BIG for the BIG Apple Les talents de l’architecte danois Bjarke Ingels ne sont pas inconnus pour la ville de New York et sont même très appréciés Des projets de logement en passant par l’aménagement d’espaces publics, ce n’est pas la première fois que la ville a affaire à lui et lui accorde sa confiance. Pour cause, des projets gigantesques au service des communautés, revêtant parfois une double fonction pour faire profiter ces dernières (ex: Power Plant Ski slope project à Copenhague). L’agence BIG est déjà intervenue sur le littoral de Manhattan avec le projet W57 sur la West 57th St., un projet de logement avec un rez-de-chaussée public, dont j’ai pu admirer la fin des travaux lors de mon escapade à New York. C’est un projet aux formes et au concept audacieux, cependant je n’y ai pas ressenti d’interaction spécifique avec le littoral de part la présence d’une voie rapide séparant le bâti de l’eau. 133


Le projet proposé pour Rebuild by Design est le plus ambitieux parmi toutes les autres propositions. « The federal Rebuild by Design competition was the first phase that we won. I think, the strength of the proposal was that we were taking something that was very much doom & gloom and very challenging, and making it to something that would benefit everyone, so we took a challenge and made it into an opportunity. I think, fundamentally that’s probably the most attractive thing about what we’re doing. » 64 Il faut en effet être audacieux pour s’attaquer à un littoral tel que celui de Manhattan, c’est d’ailleurs une des seules équipe à s’être attelée à cette tâche complexe. Bjarke Ingels l’a dit lui même: « It was a bit like going to a big dance, no one picks the prettiest girl because they’re to shy. » 65 Un challenge qu’ils ont relevé car près d’un demi milliards de dollars seront investi pour débuter les travaux. The Big U : The DryLine versus the HighLine « In another way, by illustrating the problem to people with a very clear geography and a very clear name for that thing, The Big U , that somehow clicked with us and with everyone we explained it to. So people were able to quickly understand it. » 66 Le nom de la DryLine fait directement référence à la High Line, une ancienne voie de chemin de fer transformée aujourd’hui en promenade verte à l’ouest de la ville. Elle offre de nouvelles perspectives sur New York et réunit pas loin de six millions de touristes par an, un vrai succès. 134

64. Extrait d’interview avec David PAYNE, Consultant chez AEA Consulting, BIG TEAM, café Budin, Brooklyn, 27 janvier 2016. 65. WAINWRIGHT, Oliver, interview avec Bjarke Ingels, Bjarke Ingels on the New York Dryline: 'We think of it as the love-child of Robert Moses and Jane Jacobs', The Guardian, mars 2015, page consultée le 15 juillet. 66. Extrait d’interview avec Jeremy Alain SIEGEL, Chef de projet du Big U, agence de Bjarke Ingels Group, New York, 5 février 2016.


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En donnant le nom de DryLine à leur projet, les gens se réfèrent inconsciemment à la HighLine sachant que c’est un projet qui fonctionne très bien. C’est une bonne stratégie marketing qui permet aux gens d’accepter le projet plus facilement je pense, mais ce n’est pas la seule. Initiés à Barcelone et reprises par d’autres villes européennes, notamment Gênes et Lille, de nouvelles méthodes d’aménagement urbain apparaissent. Elles bouleversent les méthodes utilisées jusque là en mélangent les projets urbains au marketing urbain. Tout d’abord, définissons ce qu’est le marketing urbain. Cette notion est définie par Marc Dumont et Laurent Devisme comme « toutes les pratiques de communication territoriales qui consistent à s’appuyer sur des matières spatiales existantes ou en construction, en vue de les promouvoir, de les faire exister, de les rendre attrayantes et d’inciter à les pratiquer, à y investir son temps, ses loisirs ou son capital. » 67

67. DUMONT, Marc, DEVISME, Laurent, "Les métamorphoses du marketing urbain.",EspacesTemps. net, 2006, http://www. espacestemps.net/ articles/les-metamorphoses-du-marketing-urbain/, page consultée le 2 août 2016.

Il est également appelé marketing territorial ou city-branding défini comme « l’image de marque de la ville. » Ces deux auteurs français développent ici l’idée selon laquelle le marketing urbain est un outil essentiel au développement d’une ville. Il permet d’adapter cette dernière a une logique de marchés concurrentiels dont les habitants, touristes, investisseurs publics ou privés, sont des cibles de communication. Ainsi, le projet urbain doit pouvoir adapter son offre en fonction des publics visés. Il profite également aux hommes politiques de recevoir un certaine reconnaissance du publique pour les projets accomplis sous mandat: « La politisation de l’aménagement urbain a amené les acteurs à communiquer sur 135


les aménagements effectués dans le but de donner une image positive des politiques et des projets qu’ils ont menés durant leur mandat. » 68 La communication du projet permet de créer un lien entre les autorités publiques qui s’occupent du projet et les habitants. J’ai pu remarqué lors de mon escapade à New York qu’aucune pub n’a été faite en amont afin de promouvoir le projet. Je m’attendais à voir quelques affiches placées stratégiquement dans la ville telles que c’est le cas pour les projets en cours mais il n’en est rien. C’est peut être parce que les travaux n’ont pas encore commencés. Cependant, j’imagine qu’une fois que les travaux auront débuté, le projet risquera d’être fortement médiatiser, ce qui permettra de pouvoir exporter l’image de la ville à l’international, afin d’attirer les populations à venir se balader sur ce nouveau littoral attractif. Le marketing urbain est donc un outil très important pour une capitale symbolique et capitaliste telle que New York City. Projet participatif Parmi toutes le interviews, le sujet qui est le plus ressorti est la dimension participative du projet. Le fait d’avoir travaillé en collaboration intensive avec les habitants leur a permis de décrocher leur place en final. C’est pourtant pas une chose évidente à réaliser, cela nécessite une coordination sur tous les plans : des organisations gouvernementales les plus hautes placées aux résidents des plus pauvres quartiers. David Payne nous a donné son point de vue sur la dimension participative et je pense qu’il a entièrement 136

68. DERYCKERE, F, Communication et projet, le marketing urbain comme outil du développement territorial, Mémoire d’architecture La Cambre, 2014.


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raison : « That is something the BIG team and everybody involved in the competition took very seriously. You had to go out and talk to people, and build up support at the community level. I think that’s a very important thing and probably one of the key takeaways, these things can’t work if they’re just imposed from above. » 69 C’est ce que l’on appelle la résilience sociale, point de départ et certainement la clé de la résilience urbaine. Si les habitants ne sont pas d’accord avec ce que vous proposez cela ne pourra pas fonctionner, il faut donc travailler ensemble. Le fait d’aller à la rencontre de la population pour parler du projet est une forme de pédagogie. Ça dans un premier temps aux communautés de comprendre les politiques urbaines menées et qu’elles expriment plus facilement leur consentement face au projet proposé. Ainsi, on a un consensus sur l’intérêt général de l’aménagement de la ville. Cette démarche favorise aussi la cohésion sociale. Il est important que les habitants adhèrent au projet qui leur est proposé car ils en font partie intégrante.

69. Extrait d’interview avec David Payne, Consultant chez AEA Consulting, BIG TEAM, café Budin, Brooklyn, 27 janvier 2016.

Le dialogue avec les collectivités territoriales doit être instauré dans le processus de création du projet. C’est une démarche complexe qui nécessite des moyens et des outils propres. En effet, la population ne doit pas être considérée comme une masse homogène mais plutôt comme un ensemble d’individus appartenant à des classes sociales, des tranches d’âge, des groupes ethniques et des cultures différentes. Des quotidiens, des volontés et des raisons variés. 137


C’est pour ces raisons que l’équipe de BIG a organisé des réunions avec les différentes communautés ciblées afin de trouver ensemble, des solutions bénéfiques à tous. De cibles, elles deviennent un acteur fondamental de l’élaboration du projet urbain.

62. Dessin de Manhattan La définition de la résilience selon Moss. source: http://moss-design.com/blog/

À mon sens, tout est dit en quelques coups de crayons. 138


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4.5.

BIG U, vers un phénomène de gentrification caché?

« A dazzling park comes in, the low-income locals go out. » _ Jennifer Wolch.70

Le phénomène de gentrification « Le terme gentrification (ou embourgeoisement) est devenu familier aux Etats-Unis au cours des années 1970 et 1980 car en s’accompagnant systématiquement d’un phénomène de relégation des pauvres (relégation aussi bien économique, géographique que sociale) dans les quartiers urbains rénovés, la gentrification fut au cœur de discordes et d’injustices flagrantes. La notion de gentrification a fait l’objet de nombreux travaux et discussions dans la sociologie urbaine depuis les années soixante. Le terme gentry désigne, en anglais, la petite noblesse. Par extension, le terme gentrification désigne un processus d’embourgeoisement par lequel le profil sociologique et social d’un quartier se transforme au profit d’une couche sociale supérieure. » 71

70. Jennifer WOLCH, Doyenne du College of Environmental Design de l’UC Berkeley. 71. Christine DUALE, La gentrification de Harlem (New York City) : malheur ou bénédiction ?, Thèse, HAL , 2010.

En effet, ce phénomène a un côté fataliste à mon sens. Lorsque qu’un quartier commence à prendre de la valeur de part l’arrivée d’un projet urbain ou autre modification majeure, il attire soudainement du monde. Les plus riches, souvent des propriétaires privées, saisissent l’occasion pour augmenter leurs loyers et fatalement, cela contraint les habitants d’aller habiter ailleurs, ne pouvant plus payer les loyers devenus parfois exorbitants. Cependant, il est nécessaire qu’il y ai une balance entre les populations à faibles revenus et les populations plus aisées car elles ont besoin l’une de l’autre. Elles participent à l’équilibre des quartiers. C’est essentiel pour le maintien d’une ville. 139


La vision de Robert Moses La gentrification est un sujet sensible qui ne date pas d’aujourd’hui. Robert Moses, l’un des architectes les plus controversés de la ville de New York, est décrit par l’écrivain Robert Caro72 comme étant un «Power Broker» qui préférait la voiture aux individus. En fait, il lui a été reproché d'avoir détruit des quartiers entiers, en construisant treize autoroutes au sein de la ville de New York et en mettant en place des projets de renouveau urbain de grande envergure avec peu d'égard pour le tissu urbain et l’humain. Il a également conçu et mis en route la plus grande slum clearance (élimination des taudis) de l’époque, ne laissant plus d’autres choix aux populations pauvres que de partir et de laisser la place a une population plus aisée, capable de parvenir à payer le loyer dans les nouveaux logements construits à la place.73 Robert Moses abordait la métropole comme un tout plutôt que comme une série de quartiers distincts, chacun avec son histoire, comme le conçoit plutôt Bjarke Ingels. De part ces faits, nous pouvons nous permettre d’avoir quelques doutes sur le sort des habitants du Lower East Side, en espérant qu’ils ne subissent pas le même sort que ceux des quartiers attenant à la High Line tels que Chelsea. Après de nombreuses recherches sur le sujet mes doutes se sont quelques peu dissipés mais restent néanmoins présent, du fait que le projet BIG U ne soit pas encore construit. Nous allons voir pourquoi.

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72. CARO, Robert A., The power broker, 1974. 73. Hillary BALLON, Kenneth T. JACKSON, Robert Moses and the moderne city, the transformation of New York, 2007.


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63. The High Line Février 2016 ©Photo personnelle

Les quartiers du Lower East-Side, futures cibles de la gentrification ?

74. Eric JAFFE, How Parks Gentrify Neighborhoods, And How To Stop It, octobre 2014, Fastcodesign, http:// www.fastcodesign. com/3037135/ evidence/how-parksgentrify-neighborhoods-and-howto-stop-it, oage consultée le 2 août 2016.

En effet, l’arrivée de cette nouvelle ceinture verte suscite quelques craintes de gentrification, surtout parmi les communautés « vulnérables » du Lower East Side (un quartier concentrant en majorité une population à faible revenu). Des craintes survenues après avoir vu l’effet de la High Line sur le quartier Meat-Packing à l’ouest de Manhattan. En effet, elle a attiré plus de 2 milliards d’investissements74 privés depuis son ouverture en 2009 et a fait doubler le prix des logements entre 2003 et 2011, ce qui n’est pas négligeable. Ce bouleversement a poussé une partie des résidents à quitter la ville, ne pouvant plus payer le loyer devenu trop cher. Les habitants du LES (Lower East side) sont inquiets à l’idée de devoir quitter les lieux de part l’arriver de cet immense projet urbain et la possibilité qu’un autre « genre » de population s’intéresse au quartier. Il faut savoir que la majorité de la population de ce quartier est à faible revenu, une grande partie vie sous le 141


seuil de pauvreté et un nombre important de personnes âgées y vivent. De plus, pas loin de 8000 unités de logements sociaux ont disparu entre 1900 et 2000. Le résultat étant qu’au fil des années, les habitants les plus pauvres ont été déplacés laissant place à des familles au revenu moyen, qui malgré cela, tentent tant bien que mal de payer leur loyer chaque fin de mois. Le fossé entre les ‘‘riches’’ et les ‘‘pauvres’’ s’agrandit petit à petit, marginalisant de plus en plus la population de ces communautés. D’où l’inquiétude. Cependant, une étude récente à montré que le problème de ces déplacements de population venaient aussi d’autre part. Les communautés à faible revenu souffriraient du problème inverse. Le déclin de la population et la hausse de la pauvreté. En effet, les trois quarts des quartiers avec un taux de pauvreté deux fois supérieur à la moyenne nationale en 1970 avaient encore un niveau très élevé de pauvreté en 2010, et avaient perdu une moyenne, pas loin de 40% de leur population. Cela représente un plus grand nombre de personnes qui ont été déplacées par manque d’opportunités ou de bonne qualité des services publics, que ceux qui ont été déplacés par la gentrification.75 Le côté rassurant ici, c’est que la plupart des logements sociaux qui bordent le littoral new-yorkais appartiennent à la NYCHA (New York Housing Authority), les habitants ne peuvent donc pas être expulsés. Plusieurs acteurs sont présents pour la préservation et protection de ces quartiers: le Two Bridges Neighborhood Council (TBNC), le plus grand promoteur de logements abordables essaye de préserver les unités de 142

75. Jesse SINGAL, Is everyone focusing too much on gentrification?, avril 2016, http://nymag.com/ scienceofus/2016/04/ is-everyone-focuingtoo-much-on-gentrification.html, page consultée le 2 août 2016. 76. Oliver Wainwright, Bjarke ingels about the DryLine, The Guardian, mars 2015, https://www.theguardian.com/cities/2015/ mar/09/bjarke-ingelsnew-york-dryline-parkflood-hurricane-sandy, page consultée le 4 août.


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logements sociaux restantes et de restaurer celles qui ont été perdues après le 11 septembre. De plus, il pense à construire du logement social à la place des « trous urbains » du LES, comme le Seward Park Urban Renewal Area par exemple. Les zones ciblées dans le projet du BIG U, sont composées en majorité de logements sociaux appartenant à la NYCHA (NYC Housing Authority). De plus, Bjarke Ingels a essayé tout au long de rassurer les communautés afin que leur ‘‘peur de gentrification’’ ne puisse faire entrave à la conception du projet. Il a souligné dans une interview: « It would be terrible if people were against their own interests from this kind of gentrifying fear. » 76 Ces peurs se sont dissipée au fur et à mesure des réunions organisées avec les communautés mais restent encore présentes pour quelques uns. Cette peur de gentrification découlant de la volonté de rendre la ville plus verte, plus écologique et surtout plus résiliente a travers des projets urbains de grande ampleur, paraît inévitable à chaque fois qu’un nouveau projet de parc se met en place mais elle ne devrait pas avoir lieu. L’enjeu est de réussir à trouver un équilibre entre la durabilité et l’équité. Il est important de préserver ces quartiers pauvres et surtout, de les protéger des inondations afin qu’ils ne soient pas contraint de partir à cause de cela. Mais comment offrir des espaces publics de qualité aux habitants, sans déclencher ce changement de propriété des biens immobiliers qui chamboulent complètement une communauté ? Voilà un des enjeux important du BIG U. 143


Resilience, what does it mean to you? « Wet feet can be ok if you are prepared. »

1. Dessin réalisé par un des résidents du Lower East Side Lors des réunions, les communautés étaient encouragées à faire des croquis pour illustrer leur expèrience ou ce qu’ils imaginent du futur. source: Rebuil by design

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Conclusion

Il paraît que le « Vert » redevient à la mode ces temps ci. La Grosse Pomme, avec son statut de Capitale symbolique, est un modèle pour le monde entier et elle à tout intérêt à suivre la tendance si elle veut éviter les Fashion Faux-pas ! Au cours de ces dernières années, tout un tas de dispositifs ont étés mis en place afin de rendre la ville plus verte et de réduire les impacts du changement climatique. Dans le but également de la rendre plus attrayante, cela va souvent de paire. En effet, de grands projets d’aménagement urbain voient peu à peu le jour, on peut citer par exemple la High Line qui attire des millions de visiteurs chaque années. Plus récemment encore, le projet d'une « Low Line » a été imaginé, il reflète l’idée d’un immense parc public souterrain qui prendrait la place d’une ancienne station de bus, abandonnée depuis les années cinquante. La volonté de rendre la ville plus verte, plus écologique, est plus présente que jamais. Pourtant, à l’époque les politiques ne tenaient pas le même discours (politique du logement social des années 1990, politique culturelle des années 2000...). À chaque année sa tendance et ses besoins. New York City n’est plus la ville inhumaine et minérale qu’on dépeignait dans les comics américains des années 1950. Aujourd’hui, les intérêts de la grande métropole ont changés, par la force des choses. En effet, nous avons détruit la formidable résilience de la nature de part notre soif de croissance excessive. À présent, nous lui demandons de reprendre petit à petit sa place afin de réparer les dégâts. La ville essaye d’apprendre de ses erreurs et tente de 145


trouver un nouveau modèle adapté aux bouleversements que connaît le 21e siècle. Le changement climatique, la montée des océans et l’augmentation de la fréquence des ouragans sont des paramètres menaçant pour cette grande métropole qui est susceptible de ne pas résister à une prochaine catastrophe. Ce nouveau modèle de ville se tourne vers la résilience. Un ville qui serait capable d’anticiper un choc, d’y résister et de rebondir plus vite et plus forte qu’avant. Pour qu’une ville soit résiliente face aux inondations,on a vu qu’il fallait qu’elle agisse à l’échelle de la ville mais aussi à l’échelle des communautés. Il faut aussi qu’elle le soit dans les domaines suivants: - l’écologie, en rendant la ville plus verte et plus intelligente, de part des infrastructures vertes ayant une double fonction, à la fois de protéger la ville et d’accueillir des espaces publics, des activités...nécessaires aux communautés. - l’économie, il faut qu’elle puisse réduire les coûts directs et indirects d’une catastrophe. Le fait de réagir vite et de se remettre rapidement d’un choc réduit automatiquement ces coûts. - les infrastructures urbaines doivent être résistantes, construites dans des matériaux de bonne qualité pour qu’ils puissent perdurer dans le temps et qu’on ne soit pas contraint de les changer entièrement après une catastrophe… - le social, c’est un des aspects les plus importants. La population doit être préparée au choc, elle doit pouvoir anticiper et savoir agir dans l’état d’urgence. La résilience sociale est fondamentale quand on élabore un nouveau projet urbain. Il faut que les populations puissent donner leur avis afin que les décisions ne 146


Conclusion

viennent pas d’au-dessus, on parle ici de Bottom-up. Les objectifs de la résilience urbaine sont donc de réduire l’ensemble de ces impacts économiques, sociaux et écologiques. Pour cela, il faut intervenir le plus rapidement possible sur les zones vulnérables tels que les littoraux, placés au premier rang face aux inondations. C’est ce qu’a tenté de faire l’équipe de BIG avec leur proposition du BIG U. Seulement, le chapitre dédié à l’analyse du projet a fait relever en moi quelques doutes et craintes sur les ambitions peut être un peu trop « big » du projet. Les nouvelles activités du littoral vont engendrer fatalement un nouveau zoning qui risque peut être d’attirer des classes plus aisées en vue du type d’infrastructure publique proposé. Il faudrait pas que cela sépare encore plus les classes ‘‘populaires’’ du rivage. Il ne faudrait pas non plus qu’un phénomène de gentrification se mette en route. Etant donné que le projet ne se situe pas au cœur de la ville comme c’est le cas de la High Line mais le long du littoral, il y a moins de chance que ce phénomène se produise. De plus, on n’est pas assurés que les infrastructures soient très résistantes en vue des futures inondations, car il paraîtrait que par manque de moyen, le projet sera construit avec des matériaux de moins bonne qualité que prévu initialement. Seulement si ces structures s’effondrent ou ne perdurent pas dans le temps, cela coûtera encore plus cher à la ville en terme de dégâts et il faudra repartir à zéro. Un acheminement contraire à une ville résiliente.

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De part l’ampleur de la proposition, il se peut que la ville seule n’ai pas les moyens d’entretenir et maintenir le projet une fois terminé. Il va donc falloir trouver des investisseurs privés, comme le fait Central Park par exemple. Enfin, je suis un peu perplexe en ce qui concerne les arguments à propos du design du projet. Certes Bjarke ingels n’a pas mis un « mur » le long du littoral, mais en créant ces bermes de 4m de haut, il crée littéralement une barrière verte - même s’il l’appelle autrement - entre la ville et le rivage, du moins visuellement. La question qu’on se pose à présent, c’est à quoi va réellement ressembler le projet une fois terminé? Sera-til à la hauteur de ses ambitions? Ou cela va-t-il devenir un « Big Dumb Wall » comme certains scientifiques s’amusent à le dire? On se donne rendez vous dans quelques années afin de voir si toutes ces belles promesses ont été tenues.

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Après-propos

Ce mémoire aura permis d’avancer ma curiosité dans une branche de l’architecture qui m’était auparavant méconnue et dans laquelle je me suis épanouie tout au long de cette aventure. L’urbanisme est une discipline qui combine de multiples domaines. C’est cette complexité qui m’a d’abord attirée. Le fait de passer par des questionnements relatifs à l’économie, l’écologie, la dimension sociale, l’infrastructure et en l’occurrence par la notion de résilience qui est actuellement au cœur des réflexions, m’a permis de comprendre plus en profondeur comment un projet d’urbanisme pouvait s’élaborer, avec tous les paramètres qu’une ville doit prendre en compte aujourd’hui. Ce sont des notions qu’on aborde pas nécessairement en atelier mais qui cependant apportent tous leur sens et leur force dans le projet d’architecture. J’y voyais aussi l’excitation de travailler à une plus grande échelle que d’habitude. Cela donne une toute autre dimension à l’architecture. En plus de m’avoir apporté de plus amples connaissances en la matière, ce mémoire m’a permis de m’exercer à l’écriture, art auquel je me suis étonnamment laissée aller au cours cet exercice. Ce mémoire restera finalement une très belle expérience à mon sens, parsemée de voyages et de belles rencontres qui ont fait que confirmer le réel intérêt et enthousiasme que je porte à cette discipline qu’est l’architecture.

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Bibliographie

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Illustrations

Figure 1. Madelon Vriesendorp, Freud Unlimited, 1975. source: Courtesy Architectural Association Figure 2. Photo aérienne montrant l’ampleur des dégâts à Breezy Point La petite ville du quartier du Queens, après un feu déclenché par l’ouragan le 30 octobre 2012 ©Mike Groll/AP Figure 3. Vue de Manhattan depuis l’Empire State Building, Février 2016 ©Photo personnelle Figure 4. Carte de Manhattan en 1776 En rouge, les zones incendiées. source: Wikipedia Figure 5.Vue sur la pointe de l’île depuis l’Empire State Building, Février 2016 ©Photo personnelle Figure 6. The Castello Plan of New Amsterdam in 1660, Jacques Cortelyou. source: Wikipedia Figure 7. Birds Eye View NYC, John Bachmann 1865. source: Wikimedia commons Figure 8. Le damier du plan des commissaires de 1811. Version gravée en 1832 du plan de New York, faisant apparaître le système des îlots réguliers de Simeone deWitt, la décision de créer Central Park viendra plus tard. source: http://www.davidrumsey.com Figure 19. Egbert L. Viele, Sanitary and Topographical Map of the City and Island of New York,1859. source: http://www.davidrumsey.com Figure 10. Dessin de Pierre Kroll Pour une justice climatique, 2012. source: http://www.cncd.be/-kroll-

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Illustrations

Figure 11. Vue aérienne des ravages dans l’état de New York (Beimar) source: www.rebuildbydesign.org Figure 12. La pointe de Manhattan plongée dans le noir. Le 29 octobre 2012. ©Iwan Baan pour le magasine National Geographic Figure 13. Impacts de l’Ouragan Sandy, Ortley Beach, New Jersey. source: Rebuilbydesign.org Figure 14. Berges de l’Hudson river après Sandy source: wikipédia Figure 15-19. source: http://darkroom.baltimoresun.com/2012/10/feeling-the-effects-of-hurricane-sandy/ Figure 16. Message des habitants du quartier des Rockways Figure 15a. Habitants remplissant des sacs de sables censée protéger leur rez-de-chaussée. Figure 15b. Des murs de sacs de sables en guise de protection, Battery Park Figure 17. Construction de digues de sables, crées pour ralentir les vagues. Figure 18. Centre d’hébergement installé dans un gymnase Figure 19. Habitant barricadant les ouvertures susceptibles de faire rentrer l’eau Figure 20. Les victimes du passage de Sandy se batte contre la FEMA et leur compagnie d’assurance. ©Lili Holzer-Glier pour Vogue Figure 21. Reconversion du quarty Breezy Point, Rockaways ©Mark Lennihan/AP/SIPA

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Figure 22. Maison sévèrement endommagée dans les Rockaways ©Lili Holzer-Glier pour Vogue Figure 23. Carte des zones à risque à évacuer en cas d’ouragan Source: Document otiginal du NYC Office Emergency Managment Document modifié Figure 24. Objectifs du PlaNYC 2030 source: http://www.nyc.gov Figure 25 .Riverside Park - Hudson River Source: skycamusa.com Figure 26. Mobilier urbain ©Photo personelle Figure 27. Pier 46, Hudson River ©Photo personelle Figure 28. Carte des espaces du littoral accessible au public Source: Document original de la NYC Department of City Planning, Document modifié Figure 29. Carte du zonage le long des littoraux de New York Source: Document original de la NYC Department of City Planning, Document modifié Figure 30. Aire de jeux, Battery Park ©Photo personelle Figure 31. John finley Walk, Queensboro Bridge ©Photo personelle Figure 32. Brooklyn Bridge Park Pier 2 Terrains multisports aménagés sur les jetées à Brooklyn ©Photo personelle

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Illustrations

Figure 33. Vue aérienne du rivage Sud de Manhattan septembre 2011 source: http://regulus-starnotes.blogspot.be Figure 34. Master Plan des cinq zones à projet du programme Rising Currents Réalisé par Guy Nordenson & associates source: http://www.moma.org/risingcurrents Figure 35. New Urban Ground source: http://www.dlandstudio.com/projects_moma.html Figure 36. Nouveau sol urbain source: http://architectsandartisans.com Figure 37. Water Proving Ground Croquis pour le MOMA Figure 37,38. souce: http://ltlarchitects.com/water-proving-ground/ Figure 38. Intégration de la hausse du niveau de la mer dans le projet Prévision pour 2012 et 2080 Figure 39. structure en verre recyclé créant un récif, atténuant le mouvement des vagues et créant un nouvel habitat pour la végétation et la vie aquatique. Figure 40. New Aqueous City Figure 41. Système de brise-lames Infrastructures douces installées comme barrière gonflables. Figures 40,41. source:http://narchitects.com/work/moma-rising-currents/ Figure 42. Schéma du sytème d’attenuation des vagues source: http://www.scapestudio.com/projects

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Figure 43. Oyster-Tecture source: http://www.scapestudio.com/projects/oyster-tecture/ Figure 44. Vue aérienne du projet The Big U source: http://www.rebuildbydesign.org/project/big-team-final-proposal/ Figure 45. Maquettes du BIG U Pavillon du Danmark, Biennale de Venise , juillet 2016 ©Photo personelle Figure 46. Réunion avec le chef de projet Jeremy Alain Siegel et les communautés duLES ©Rebuild by design Figure 47. Activités le long du BIG U et quartiers ciblées. source: Rebuild by design competition Document modifié Figure 48. FDR Drive, East Side ©Photo personnelle Figure 49. John finley Walk Queensboro Bridge ©Photo personnelle Figure 50. Coupe du système de la berme ©Rebuild by design Figure 51. 10th Street Harbor Bath ©Rebuild by design Figure 52. The Bridging Berm ©Rebuild by design Figure 53. Coupe dans le système des panneaux déployables ©Rebuild by design Figure 54. Activités sous la FDR ©Rebuild by design

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Illustrations

Figure 55. Panneaux déployables baissés en cas d’inondations. ©Rebuild by design Figure 56. Battery Park Au loin le Financial District ©Photo personnelle Figure 57. Reverse Aquarium ©Rebuild by design Figure 58. Système de berme devant le Financial District ©Rebuild by design Figure 59. Système de berme devant le Financial District en cas d’inondation ©Rebuild by design Figure 60. West side project ©Rebuild by design Figure 61. Dessin réalisé par un des résidents de Manhattan source: Rebuil by design Figure 62. Dessin de Manhattan La définition de la résilience selon Moss. source: http://moss-design.com/blog/ Figure 63. The High Line Février 2016 ©Photo personnelle Figure 61. Dessin réalisé par un des résidents du Lower East Side source: Rebuil by design

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AJM Bruxelles, Février 2016 2017

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