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Equinix, cette plateforme globale et interconnectée - Régis Castagné
by DCmag
Equinix France a reçu Datacenter Magazine pour une interview exclusive avec Régis Castagné, son Directeur général depuis 2014.
Datacenter Magazine - Régis Castagné, merci de nous accueillir au siège dʼEquinix France. Quelle est lʼactualité dʼEquinix sur le marché des datacenters ?
Régis Castagné - Nous venons d'annoncer nos résultats annuels, qui continuent de profiter de tous les vents de la digitalisation, de la numérisation de l'économie, et en particulier de l'intelligence artificielle. Nous avons réalisé sept milliards et demi (dollars) de chiffre d'affaires. Et nous avons désormais 21 ans de croissance consécutive. Notre valorisation boursière nous positionne numéro dix sur l'échelle du CAC 40. C'est une très belle histoire qui aujourd'hui a 25 ans dans le monde et qui a commencé en France il y a une quinzaine d'années, pour aujourd'hui aboutir à onze datacenters et 368 sa- lariés au 1ᵉʳ janvier. 83 % du CAC 40 est hébergé dans nos datacenters. Notre implantation est majoritairement sur Paris. Mais nous avons également réalisé une ouverture récente sur Bordeaux avec le câble Amitié, cet énorme câble transatlantique qui atterrit dans notre datacenter bordelais. Voilà une belle actualité.
Equinix a toujours occupé une position de leader. On peut discuter sur le nombre de datacenters. Mais on aime aussi parler du chiffre d'affaires et de la valeur d'actionnariat que représente Equinix...
Notre monde est extrêmement intensif en Capex. Pour rappel, Equinix a investi 36 milliards de dollars dans notre plateforme depuis que nous sommes créés, et a investi un très gros milliard déjà en France. Et nous avons annoncé à Choose France au mois de juin investir un autre milliard dans les cinq prochaines années, dont à peu près 800 millions sont déjà engagés. Le datacenter est une industrie qui a besoin de capitaux, et dans ce monde là, Equinix est de très loin le numéro un avec actuellement à peu près trois milliards de cash devant nous, une grosse capacité d'investissement. Et puis, des résultats comme ceux qui viennent dʼêtre an- noncés hier nous supportent et nous permettent de continuer à investir. Cette année, nous allons investir à peu près trois milliards et demi juste dans nos datacenters qu'on appellera Retail, plus des investissements dans les datacenters hyperscale. Donc voilà une grosse actualité financière.
Et dans le même temps votre actualité porte sur les produits et services, avec entre autres des engagements vers l'intelligence artificielle et sur les interconnexions, où là aussi vous vous positionnez comme le leader mondial de la gestion des flux.
Effectivement. Je pense qu'il y a deux éléments qui sont à retenir. Le premier, c'est cette plateforme globale. Aujourd'hui, nous couvrons 83 % du PIB mondial. Donc partout où il y a une économie, normalement il y a un datacenter Equinix. Cʼest la particularité que nous avons. Et là dessus, je sais que nous sommes assez exceptionnels dans le sens où ça n'existe pas ailleurs sur le marché, nous sommes capables de proposer le même contrat, le même service, les mêmes SLA, le même portail, exactement la même chose partout sur la planète. Et ça, c'est ce qui fait qu'aujourd'hui 86 % de nos clients sont à minima dans deux pays avec Equinix. C'est une première particularité.
La deuxième particularité, c'est l'interconnexion. Là aussi, si on prend simplement la masse de l'interconnexion que l'on génère, et les chiffres que nous avons annoncés hier le prouvent, nous avons autant d'interconnexions dans nos datacenters. Ou plus précisément, nous avons créé autant d'interconnexions dans nos datacenters au cours du dernier trimestre que la somme de nos dix premiers concurrents. Donc, très clairement, nous pouvons parler de leadership et questionner le leadership sur beaucoup de points de vue. Mais d'un point de vue financier, d'un point de vue plateforme globale et d'un point de vue interconnexions, on peut dire qu'Equinix a effectivement une très belle position. En restant humble, on peut toujours faire mieux. Et il faut toujours rester humble sur ces sujets, mais nous occupons quand même une très belle position au niveau mondial.
Vous venez de sortir votre rapport annuel sur les interconnexions. Equinix propose une véritable plateforme mondiale, qui permet d'avoir une vision des grands hubs, dont Paris, mais aussi celle d'une forme de Edge. Sauf que chez Equinix, le Edge correspond plutôt aux hubs secondaires.
Oui, effectivement, Equinix voit le Edge à l'échelle de la planète. En fin de compte, cʼest ce que l'on propose. Prenons un exemple récent. Nous avons annoncé quʼAlice & Bob, une des pépites françaises dans le domaine du quantique, allait proposer son offre de Quantum Compute-as-a-Services à travers notre plateforme. Qu'est ce que ça veut dire? Un fournisseur de services qui a une offre assez exceptionnelle et avec, je l'espère, un très bel avenir, va proposer à l'ensemble de nos 10000 clients dans le monde de pouvoir accéder à leur offre Quantum Compute-as-a-Service. Et c'est ça cette notion de plateforme, comment l'alliance d'un industriel global qui est un peu le sous-jacent de toutes ces tendances et de tous ces Service Providers, permet à des sociétés comme Alice & Bob de pouvoir jouer à l'échelle de la planète. Et donc, quand on parle de edge computing chez Equinix, effectivement on parle à l'échelle de la planète.
Equinix a acquis une start up qui développe du bare metal. Or, il se trouve quʼaujourdʼhui ce type de développement sʼexerce également au travers des offres d'IA que vous allez pouvoir proposer à vos clients. Mais vos clients sont-ils en attente de services ou d'infrastructure dʼIA ailleurs que dans leurs propres infrastructures ?
Là, ce n'est pas moi qui vais parler, c'est Nvidia, qui s'est exprimé récemment à nos côtés lors de l'Analyse Day où nous avons positionné nos résultats financiers. Et nous avions un des patrons de Nvidia qui a clairement expliqué que quand on parle d'intelligence artificielle, on parle d'algorithmes et de bases de données. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que déjà il faut héberger, donc il faut bien avoir une plateforme d'hébergement pour cet ensemble. Et deuxième chose, ça veut dire qu'il faut bien interconnecter les deux. Un algorithme sans base de données, ça ne fonctionne pas. Et donc là où Equinix est idéalement positionné, c'est parce que l'on a justement cette capacité globale d'hébergement, mais également ces capacités globales d'interconnexions. Et d'ailleurs, nous avons annoncé un partenariat exclusif avec Nvidia où leur offre DGX, une offre de consommation d'IA privée qui déborde dans le cloud de
Nvidia, et potentiellement également dans tous les autres Cloud Service Provider, est disponible désormais exclusivement chez Equinix. Voilà donc une belle preuve, celle de l'alliance avec le numéro un mondial Nvidia, qui a à peu près 80 % du marché de l'intelligence artificielle.
Je pense que lʼalliance entre Nvidia et le leader mondial du datacenter a pour objectif de faciliter l'accès à l'intelligence artificielle pour nos clients. Donc, pour revenir à la question, l'intelligence artificielle pour nos clients s'est énormément développée, bien sûr aux Etats-Unis, et bien sûr avec les hyperscalers. La vague que l'on voit aujourd'hui, c'est également celle que l'on décrit dans notre rapport d'interconnectivité mondiale. C'est une vague où nous sommes sur de l'intelligence artificielle privée, donc là où les entreprises vont aller travailler sur leurs bases de données avec des algorithmes qui sont disponibles. Elles vont pouvoir exploiter ces bases de données grâce à la puissance de l'IA. Et ça, pour éviter que cela aille et que cela crée des problèmes de souveraineté et de territorialité, entre autres, et bien ça va se passer dans des datacenters localisés. Donc en l'occurrence ici en France.
Parlons supply chain. Nous constatons aujourd'hui que les projets d'IA vont affronter trois années difficiles à cause de la production des puces qui a du mal à suivre face à une demande extrêmement forte. Dans le même temps, se pose la question des compétences qui ne sont pas forcément acquises pour tout le monde. Et puis, dernier point, l'adaptation des lieux, en particulier le refroidissement liquid cooling, qui nʼest pas forcément dans les pratiques des gens qui font de l'hyperscale ou du datacenter de haut niveau. Comment Equinix répond à ces questions?
Alors, là encore, je citerais Nvidia, parce que je pense que c'est quand même l'expert en la matière, qui dʼailleurs si vous allez le rencontrer vous dira la même chose. Il vous dira : n'essayez pas de construire votre IA privée dans votre datacenter, parce que les capacités de votre datacenter ne sont pas compatibles avec les exigences de l'IA. On parle de puissances électriques par rack qui sont extrêmement importantes. Là où l'air cooling n'est plus suffisant, on est obligé de passer à des stratégies de liquid cooling que l'on a mis en place.
D'ailleurs, nous en avons de disponibles, en particulier dans le dernier né de nos datacenters à Saint-Denis. Ceci n'est pas faisable dans un datacenter on va dire dʼancienne génération. Donc, une des raisons pour lesquelles Nvidia a conclu cette alliance avec Equinix, c'est que nous sommes capables de déployer cela partout dans le monde, dans tous nos datacenters de dernière génération. Nous avons annoncé récemment que nous avons aujourd'hui dans le monde 100 datacenters qui sont prêts à accueillir du liquid cooling. Donc l'intérêt de Nvidia, c'est de se dire voilà, si je veux développer ces projets et les développer rapidement, nous allons avec ceux qui ont le plus de capacités de liquid cooling sur la planète.
Revenons sur les interconnexions. Equinix vient de sortir son rapport d'interconnectivité, toujours intéressant car il donne les tendances sur les flux. Quelles sont justement les tendances de cette nouvelle édition ?
Il y a une chose qui est une tendance constante, c'est l'accroissement de l'interconnexion versus l'Internet. La notion d'interconnexion entre un client et son fournisseur versus la croissance de la bande passante sur Internet. On voit une croissance qui est deux fois supérieure dans nos datacenters. Mais on voit également d'autres tendances, en particulier celle qui amène toutes les entreprises, et en particulier les grandes entreprises, à devenir des digital providers. Dans notre rapport, nous disons qu'en 2026, 90 % des entreprises du Global 2000, donc les plus grandes entreprises mondiales, deviendront également non pas uniquement des consommateurs de digital, mais des fournisseurs de digital. Nous avons également analysé les Fortune 500, donc les cinq cents plus grandes entreprises mondiales, et nous voyons la même chose en 2026, et chacune de ces entreprises sera connectée à minimum à quatre hyperscalers. Donc, nous sommes vraiment sur le multi-cloud et sur le cloud hybride. Et nous continuons toujours sur cette même tendance également chez plus de 30 SaaS providers, nous voyons vraiment ce développement de la consommation as-a-Service. Et celle-ci nécessite d'avoir une interconnexion entre l'entreprise et le service provider. Cʼest pour cela que les interconnexions continuent de croître de manière très importante. Et puis après, peut être à noter également mais que lʼon ne voyait pas encore beaucoup, mais qui aujourd'hui devient un véritable critère de sélection pour toutes les entreprises, la notion de développement durable.
On constate une augmentation de la bande passante ou des outils qui permettent d'avoir des vitesses plus rapides ou des quantités plus élevées de data qui circulent. Allons-nous assister à lʼémergence de nouveaux types de réseaux, comme on le voit par exemple sur les câbles sous-marins ?
Cʼest l'exemple du câble Amitié, avec ses 320 terabytes, qui arrive à Bordeaux sur un câble qui, si vous avez l'occasion de le voir, a l'épaisseur du doigt, c'est vraiment impressionnant. Et ces câbles de nouvelle génération ont des capacités qui sont colossales. Pour rappel, le premier câble, c'est Orange qui nous disait cela récemment, date des années 1850, et à l'époque on était à quatre méga octets par minute. Aujourd'hui, avec ces 320 terabytes, on est capable d'inonder des milliers et des millions de foyers avec des vidéos.
Là aussi, c'est un des enseignements de notre rapport, la croissance de la consommation as-a-Service. De moins en moins de Capex sur le métier des infrastructures, de plus en plus de consommation as-a-Service. Et ça, c'est un domaine dans lequel nous avons investi il y a maintenant à peu près trois ans. Vous lʼavez mentionné tout à l'heure, l'acquisition de la société Packet sur le bare metal. Cʼest ce qui en fin de compte nous offre cette capacité d'avoir un Data Center as-a-Service. Mais dans les datacenters Equinix, avec la qualité et l'excellence opérationnelle auxquelles nous nous attachons tous les jours, c'est la notion de data center. Ensuite, il y a la notion d'interconnexion. Là, nous sommes sur la base du SDN (Software-defined networking), donc des interconnexions que lʼon peut créer au bout d'une console, en quelques minutes. Là, nous sommes vraiment également sur la consommation as-a-Service, et vous pouvez la consommer à toute heure de la journée, sans avoir cette obligation d'investir lourdement. Et puis après, il y a les points de présence réseaux. Nous avons annoncé par exemple avec Orange un accord où Orange a positionné ses VPOP, ses POP virtuels sur des machines bare metal dans les datacenters Equinix. Donc tout ceci est en forte croissance et on voit vraiment de plus en plus ces entreprises aller vers cette consommation as-a-Service.
Nous sommes ici au siège parisien d'Equinix, devant un très beau fond végétalisé. C'est assez étonnant, mais cela donne aussi une indication sur les réflexions et les priorités du groupe. Également ici nous ne sommes pas dans un data center, mais il y a des équipes qui travaillent, c'est bien le rappel que derrière un datacenter, il y a du monde. 368 salariés Equinix en France...
Nous avons fait fréquemment des statistiques sur les entrées et sorties dans nos datacenters. Il y a une entrée et sortie dans nos datacenters toutes les minutes et demie. Donc, nous sommes vraiment sur des centres de vie, des centres d'échange. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'un datacenter ça vit. D'ailleurs, c'est un des enseignements de notre étude, c'est qu'on voit un accroissement, non, plutôt une multiplication par deux de la diminution de la durée de vie des équipements et donc du refresh technologique. Et cela va se poursuivre avec, entre autres, les sujets autour de l'intelligence artificielle. Bien évidemment, quand il y a refresh technologique, il faut aller dans le datacenter, il faut aller récupérer les anciens serveurs pour en mettre des nouveaux. Donc, effectivement, nos datacenters sont des vrais centres de vie et d'activité.
Ce qui est assez étonnant puisqu'un des objectifs de la durabilité est d'augmenter la durée de vie des produits dans les datacenters. Mais dans le même temps, le constat est que la technologie évolue, et quʼil faut la renouveler régulièrement.
Tout à fait, et qu'il y a un besoin de performance, et que effectivement, quand on passe sur des technologies de liquid cooling, on peut diminuer de manière très importante le PUE et du coup on a aussi un impact environnemental positif. C'est ce que je dis toujours, les impacts environnementaux, ce nʼest pas juste un bout de la chaîne, ça doit être calculé sur l'intégralité de la chaîne.
Parlons des femmes et des hommes dʼEquinix...
Et de l'engagement de nos collaborateurs. Les femmes sont 26% chez nous, et ça augmente. Nous en sommes très heureux.
Equinix est devenu une entreprise à mission.
Alors ça, c'est un vrai engagement ! Pour la petite histoire, cʼest lié à la loi PACTE (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises). Le gouvernement a voulu que les entreprises s'engagent non pas uniquement sur des résultats financiers, mais sur des résultats extra financiers. Un peu la même idée que la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui oblige désormais à avoir un reporting extra financier, principalement sur les sujets environnementaux, mais pas que, également sur la gouvernance et l'impact sociétal. Et bien, l'Entreprise à Mission, c'est ça. C'est-àdire quʼon lʼinscrit dans nos statuts, donc c'est visible pour l'ensemble de ceux qui souhaitent le constater. C'est dans notre Kbis, la mission que nous avons définie, et on embarque l'ensemble de l'entreprise dans cette mission. Donc la mission, c'est quoi pour Equinix ? C'est d'être la plateforme. On revient sur cette notion de plateforme où le monde se rassemble. On est vraiment sur cette idée d'écosystème pour favoriser les innovations qui transforment notre travail, notre vie et notre planète. Ça, c'est la mission dʼEquinix. C'est notre raison d'être, telle qu'on l'a inscrite dans nos statuts et qui se décline en trois objectifs. Il y a un objectif que vous voyez ici, effectivement, c'est la notion de développement durable, mais appliquée au digital. Comment on favorise le développement d'un digital durable. La deuxième mission est autour de nos talents, en particulier des notions d'inclusion et de diversité qui sont très chères au cœur dʼEquinix et que lʼon développe dans l'ensemble de nos activités dans le monde. Et le troisième sujet, c'est l'inclusion digitale. Nous avons lancé une fondation il y a maintenant à peu près un an et demi, et apporté cinquante millions de dollars dans cette fondation pour lutter contre l'exclusion, le fléau de l'exclusion digitale. Et donc nous, Equinix France, avons décidé de nous engager encore plus en amont. Nous le faisons aujourd'hui déjà avec Emmaüs Connect, à Bordeaux, en mécène solidaire. Et nous allons continuer, grâce à ce statut d'entreprise à mission, à avancer sur ces sujets.
Est-ce que vous avez dʼautres exemples concrets de cet engagement à nous apporter ?
Sur le sujet du développement durable, nous avons ʻfresquéʼ l'ensemble de nos salariés. Donc les 368 salariés sont passés par un outil qu'on appelle la ʻFresque du Climatʼ, qui est un workshop qui permet d'éduquer les collaborateurs d'une manière générale, d'éduquer n'importe quelle personne sur les enjeux climatiques. Quelles sont les causes et les conséquences de ces transformations qui sont en train de se passer ? Partant du principe que si on est éduqué sur les enjeux climatiques, l'impact carbone que nous avons, nous, en tant qu'individus, diminue en moyenne de 30 %. Nous avons cet objectif de faire en sorte que chaque collaborateur, et les familles également, soient plus respectueux de l'environnement. Ce deuxième objectif a rejoint tous nos objectifs à nous Equinix en matière de dévelop- pement durable. Et nous avons vu une véritable accélération. C'est ça qui est fabuleux. Grâce à l'engagement des collaborateurs sur le nombre de projets que nous avons autour du développement durable, et qui ne touche pas que la notion de PUE et d'efficacité énergétique, qui touche tous les compartiments de la vie de l'entreprise. Et ça, c'est, je pense, une belle réalisation.
Une question en aparté, est ce que vous avez obtenu de placer le logo Equinix au fond de la piscine des jeux Olympiques de Paris 2024 ?
Non, malheureusement, j'en ai bien rêvé... Mais c'est une bonne question, effectivement, puisque notre datacenter PA10 alimente entre autres la piscine olympique, mais également 1600 logements autour de la piscine. L'inauguration va avoir lieu dans deux mois approximativement. Cʼest un point sur lequel je voudrais insister : nous allons fournir gracieusement, pendant les 20 prochaines années, la chaleur de nos datacenters, donc la chaleur de la consommation des usages numériques qui sont dans nos datacenters. Ce n'est pas juste un geste citoyen, mais c'est également un geste pour l'efficacité énergétique du datacenter. Quand je fournis ma chaleur au nageur qui est dans la piscine, ce nageur va absorber une partie de cette chaleur et va me restituer de l'eau moins chaude que celle que je lui ai en- voyée. Et donc j'ai moins besoin de réfrigération et j'améliore mon PUE. Vous voyez, c'est ce que j'aime toujours, c'est quand l'écologie rencontre l'économie. On a vraiment quelque chose d'extrêmement vertueux.
Et puis il y a les PPA. Equinix France est le premier consommateur de PPA.
Nous sommes le premier signataire de PPA, effectivement, et c'est le plus gros PPA éolien qui ait jamais été réalisé en France, avec quatre fermes éoliennes en région NouvelleAquitaine, deux dans les Pays de la Loire et une dans les hauts de France, qui nous permet de fournir à peu près 100 mégawatts d'énergie. Pour donner un équivalent, ça correspond à 664000 logements qui vont être désormais alimentés par ces nouvelles sources que nous créons. Donc, nous étions déjà à 100 % d'énergie verte dans nos datacentres, nous achetions des garanties d'origine, mais avec des sources d'énergie vertes qui étaient déjà existantes. Et là, nous avons voulu aller plus loin. A savoir dʼêtre contributifs au réseau et donc au verdissement du mix énergétique français, qui pour rappel est un des meilleurs en Europe. Le mix énergétique français est 5,4 fois meilleur que le mix énergétique allemand par exemple. Nous avons vraiment un gros avantage compétitif ici. Et l'engagement dʼEquinix est de poursuivre sur cet avantage compétitif et d'aller créer des nouvelles sources d'énergie pour alimenter le réseau français.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est un PPA ?
Le PPA, c'est ce qu'on appelle un power purchase agreement. Ça veut dire que nous, en tant que gros consommateur d'énergie, nous sommes capables de nous engager sur des délais très longs, sur 20 ans, à acheter une certaine quantité d'énergie à un certain prix. C'est cet engagement que nous prenons qui permet aux créateurs de sources d'énergie d'aller se financer à moindre coût, et donc de pouvoir financer leurs projets. En fin de compte, nous nʼopérons pas, bien évidemment, ce n'est pas notre métier. Par contre, nous rendons possibles ces projets grâce à notre engagement. Et cela, nous en sommes très fiers. C'est un projet sur lequel nous avons commencé à travailler il y a maintenant trois ans. C'est long, c'est compliqué à mettre en œuvre, mais nous sommes effectivement très fiers d'avoir réussi à le faire aujourd'hui en France. Et j'en profite aussi pour rappeler que nous le faisons à l'échelle de la planète. Nous avons un engagement d'avoir 100 % d'énergie verte dans l'ensemble de nos datacenters à l'horizon 2030. Nous en sommes déjà à 96 % à l'échelle mondiale. Il nous man- quait un petit 4 % qui venait principalement d'Australie et nous avons aussi annoncé il y a maintenant une semaine 151 mégawatts d'énergie qui vont être produits en Australie. Et donc nous sommes maintenant on track pour atteindre notre objectif de 100 % d'énergie renouvelable en 2030.
Il y a énormément de projets qui sont en train d'émerger en France. Est-ce que, quand on est opérateur, et un des plus importants, il n'y a pas une inquiétude à voir toute cette concurrence qui se crée et qui va consommer de l'énergie ?
C'est un vrai sujet. Et si on le rapproche du sujet du PPA, je ne vais pas aller tirer sur des sources déjà existantes, puisque je crée mes propres sources d'énergie. Donc nous sommes vraiment dans ce mouvement, et je serai ravi de partager notre exemple et notre expérience autour du PPA pour tous les grands consommateurs d'énergie et pas uniquement les opérateurs de datacenters. Parce que je pense qu'une des solutions face à ce mur énergétique qui est face à nous, c'est que nous, les gros industriels qui avons cette capacité, mettons nos moyens en œuvre pour aller créer ces sources d'énergie qui risquent effectivement de nous manquer. Mais c'est un très gros sujet et ça peut freiner pas juste l'expansion des datacenters, mais d'une manière générale, l'économie numérique. Numeum a sorti récemment ses prévisions en matière de croissance du PIB liée au numérique. Nous sommes aux alentours de 5,6 %. La croissance prévue pour la France cette année est inférieure à 1 %. Donc on voit bien que le numérique tire la croissance française. Il ne faut pas qu'on soit bloqués parce que les datacenters ne pourraient pas se déployer. Emmanuel Macron l'a rappelé dans son discours de Toulouse mi décembre, si on veut développer, en l'occurrence il parlait de l'intelligence artificielle, il faut que l'on ait les pépites de l'intelligence artificielle. Mais le corollaire, il était très clair dans son propos, ce sont les datacenters. Nous devons être une terre de datacenters. Autrement, le numérique ne se développera pas et nous ne pourrons pas continuer sur la très belle lancée que nous avons aujourd'hui, en particulier sur l'intelligence artificielle.
Avez-vous des réflexions sur d'autres sources? On parle d'hydrogène, du gaz, on va parler de Microsoft par exemple qui a mis en route une réflexion autour du nucléaire sur des petites centrales qui seraient dans leurs datacenters. Est-ce quʼEquinix a ce type de réflexion ?
Des réflexions qui sont assez avancées. Nous avons ce qu'on appelle des Innovation Centers. Nous en avons deux, en l'occurrence aux EtatsUnis où lʼon travaille avec différents partenaires pour créer, entre autres, ce datacenter du futur, et en particulier travailler sur les sujets de lʼénergie. Cʼest bien évidemment clé dans notre développement. Et ça pourra faire l'objet d'une autre discussion, parce que tous ces sujets, le sujet par exemple du nucléaire 4.0 que l'on peut utiliser à l'échelle d'un data- center, sont encore des sujets assez embryonnaires. Nous imaginons que cette technologie devrait être à peu près mature dans les dix prochaines années, mais il est important de s'engager maintenant, comme le fait Microsoft.
Une dernière question : la France a toujours occupé une position à part, peut être liée à un environnement réglementaire qui est spécifique, qui fait qu'on ne construit pas un datacenter en France comme on le construit dans dʼautres pays. Malgré cela, on sent quʼils arrivent, les hypescalers. Est-ce que de clients de la colocation ils ne vont pas devenir concurrents ?
Non, je pense que l'hyperscale est complémentaire de la colocation. Et d'ailleurs, on le voit aujourd'hui chez nos clients. Ils sont hybrides par nature, ils ont leur informatique, ce qu'on appelle on premise, dans nos datacenters. Ils ont leur informatique chez différents fournisseurs de cloud. Et d'ailleurs, on voit aujourd'hui une troisième brique qui émerge. On revient sur cette notion de Data Center as-a-Service puisque quelque part on peut créer son cloud privé chez Equinix avec cette offre bare metal. Et donc en fin de compte, suivant la criticité de la donnée, suivant l'importance du système d'information, nous allons être plutôt ʻon premʼ, plutôt dans le cloud, plutôt dans le cloud privé. Et je pense que ce qui est important pour les entreprises, c'est de créer, de se mettre en position, grâce aux infrastructures, de pouvoir avoir cette hybridation du système d'information. Et ça, c'est vraiment capital. Ce genre de chose, vous ne pourrez pas le faire dans votre datacenter propriétaire quelque part en province, ça doit être dans les datacenters où sont tous les opérateurs, tout l'écosystème.
Merci Régis Castagné.
Equinix et wpd concluent l’un des plus importants contrats PPA d’achat d’électricité verte en France
Equinix et wpd, producteur dʼénergies renouvelables, ont signé sept contrats dʼachat dʼélectricité (PPA) issue dʼénergies renouvelables dʼune durée de 20 ans. Ces accords correspondent à une capacité installée de plus de 100 MW et la production de plus de 300 GWh dʼénergie verte chaque année en France.
Ce contrat dʼachat dʼélectricité verte sur le long terme (PPA), lʼun des plus importants jamais signés en France, a été facilité par Schneider Electric et comprend quatre projets de parcs éoliens en Nouvelle-Aquitaine, deux dans les Hauts-de France et un site situé dans les Pays de la Loire.
Lʼaccord apportera un financement à long terme qui favorisera le déploiement des énergies renouvelables en France tout en contribuant plus largement à la décarbonation du réseau. Ce PPA réaffirme également lʼengagement dʼEquinix en matière de développement durable, dans la continuité de son objectif de neutralité carbone à lʼéchelle mondiale dʼici 2030.
Les PPA de cette nature jouent un rôle crucial dans lʼatteinte des objectifs de neutralité carbone pour la France et ses entreprises, et démontrent la maturité des PPAs dans lʼHexagone. Pour wpd, les PPA permettent de diversifier ses options de financement pour les projets dʼénergie éolienne en cours de développement.
Les contrats entreront en vigueur au plus tard en 2025 et soutiendront donc la production dʼénergies renouvelables en France jusquʼen 2045. Les garanties dʼorigine (GO) générées par le projet seront attribuées aux 11 sites de datacentres quʼEquinix exploite en France.
Il sʼagit du vingtième contrat dʼachat dʼélectricité verte sur le long terme pour Equinix dans le monde. Il vient dʼajouter à une capacité totale de 912 MW via des accords similaires aux Etats-Unis, en France, en Finlande, en Espagne, au Portugal et en Suède alors que lʼentreprise continue dʼaugmenter considérablement ses investissements dans les énergies renouvelables à lʼinternational.