6 minute read
Le mainframe, 60 ans, et pas de retraite en vue…
by DCmag
Le 7 avril dernier, le mainframe a fêté ses 60 ans. Cet anniversaire nʼest pas seulement un clin d'œil au rôle historique quʼa joué le mainframe, cʼest également le témoignage de la robustesse, de lʼadaptabilité et de la pertinence de ce vénérable outil informatique qui continue de miser sur lʼavenir.
Cʼest le 7 avril 1964 quʼIBM a introduit le premier mainframe commercial, le System/360 (photos), une plateforme qui a unifié une famille dʼordinateurs sous une architecture unique. Il sʼest appelé « mainframe » en référence à la grande armoire qui abritait ses circuits imprimés. Le modèle 30 était livré avec 8 à 64 Ko de mémoire, les modèles haut de gamme pouvaient embarquer jusqu'à 8 Mo. Mais plus que le matériel, cʼest la portabilité du logiciel, via le langage COBOL, qui a créé la révolution dans une informatique encore naissante : le code écrit sur une machine peut sʼexécuter sur toutes les autres, et cela jusquʼà aujourdʼhui.
Bien sûr, la boîte où sʼexécute le code, lʼinfrastructure sous-jacente a bien changé au fil des décennies. Mais ce code qui sʼexécutait il y a soixante ans est toujours utilisable. Reconnaissons à IBM et ses partenaires la capacité de faire évoluer le matériel du mainframe, jusquʼau system Z dʼaujourdʼhui (lʼactualité est au Z16 sorti il y a 2 ans) rendu plus rapide, plus puissant, plus agile, et même plus séduisant.
Certes, lʼattention sʼest tournée au fil des années vers les infrastructures de serveurs x86, mais le mainframe a su évoluer au même rythme et sʼadapter aux attentes nouvelles de ses utilisateurs et des DSI. Même le cloud, qui continue de grignoter des parts de marché, jusquʼà près de 40%, est encore loin de lʼavoir dévoré ! Selon Gartner, la moitié des applications critiques résideront en dehors du cloud public dʼici 2027. Et si un client exploite un mainframe, à presque 100% les tâches les plus critiques continueront de sʼexécuter sur le mainframe. Voilà pourquoi, selon Forrester, 54% des entreprises qui utilisent un mainframe s'attendent à augmenter leur utilisation au cours des prochaines années,
Constructeurs, éditeurs et intégrateurs jouent la carte de lʼinteropérabilité entre cloud et mainframe, et misent sur une approche hybride. Le mainframe sait parler Linux (depuis 1999), bases de données, ERP, CRM, big data, analytiques, et même IA générative. Et il parle efficacité énergétique largement au-dessus de tous ses concurrents (à ressources égales, un mainframe consomme 60% dʼénergie en moins que des serveurs x86), de même que sécurité. Et nʼoublions pas la roadmap dʼIBM sur le system Z : avec trois mises à jour annoncées, le mainframe anticipe 10 années de mises à niveau matérielles. Sʼy ajoutent les engagements des éditeurs de logiciels à fournir des mises à jour jusquʼen 2050. Seule une plateforme unifiée et centralisée peut se le permettre, personne ne peut faire mieux !
Les compétence, le point faible du mainframe
Quelle que soit lʼinfrastructure, elle a son point faible, et le mainframe nʼy échappe pas. Sa faiblesse est connue, depuis deux décennies déjà : si la pile technologique et lʼinfrastructure sur laquelle elle sʼexécute ne risquent pas de sʼeffondrer de sitôt, cʼest sur la main-dʼœuvre mainframe que se portent sous les regards. Avec lʼâge vient la retraite… des experts chevronnés. Et les compétences en administration système sont difficiles, car il sʼagit de compétences spécifiques qui nʼexistent pas pour dʼautres infrastructures informatiques.
Le déficit de compétences en matière dʼexploitation des mainframes est lʼune des faces du problème. Lʼautre face vient des compếtences en programmation COBOL. Certes, le mainframe est capable de développer et dʼexécuter nʼimporte quel langage. Mais le COBOL demeure le langage de base de milliards de lignes de code, mais nʼest quasi plus enseigné ni pratiqué. Pour IBM, lʼavenir repose sur la création dʼune plateforme de formation, sur la convocation dʼun conseil de compétences mainframe, et sur les outils dʼIA générative tels que WatsonX Code Assistant for Z.
Une enquête Arcadi Mainframe 2024 a révélé que dans la plupart des datacenters mainframe, celui-ci reste un coffre-fort contenant la majorité des données dʼentreprise, et cela même lorsque ces entreprises exploitent le Cloud à un rythme croissant. Pour 56 % des responsables dʼentreprises disposant de mainframe, les données les plus importantes restent sur le mainframe, et près des deux tiers lʼutilisent comme stockage principal. Lʼavenir ne peut donc être mis en question…
Depuis sa création, il y a 60 ans, le mainframe a traversé toutes les crises et toutes les révolutions technologiques. Et malgré les attaques répétées du cloud, il est toujours là quand vous sortez votre carte bancaire. Sur la question des compétences, lʼintérêt pour le mainframe semble repartir, le pourcentage de travailleurs mainframe, et de femmes, de moins de 30 ans augmente, tandis que les plus de 50 ans vont quitter le marché du travail. Quant à sa disparition imminente régulièrement annoncée, elle est et reste grandement exagérée.
Le mainframe côté utilisateurs
La maintenance et l'évolution des systèmes mainframe sont cruciales pour de nombreuses entreprises. Lʼétude utilisateurs Arcati Mainframe 2024 a évalué les tendances et les défis dans ce domaine. Les résultats de lʼenquête fournissent des informations précieuses sur la manière dont les organisations gèrent aujourdʼhui leurs systèmes mainframe et les défis auxquels elles sont confrontées.
Complexité et coûts
• 62% - La complexité est le principal défi en matière de maintenance mainframe.
• 54% - Les coûts élevés associés à la maintenance sont un défi majeur.
Modernisation et transformation numérique
• 48% - La modernisation du mainframe est une priorité élevée.
• 65% - Ont entrepris des initiatives de transformation numérique impliquant des systèmes mainframe.
Cybersécurité
• 76% - La cybersécurité est une préoccupation majeure pour les systèmes mainframe.
• 41% - Ont subi une violation de sécurité au cours de l'année écoulée.
Compétences et main-d'œuvre
• 71% - La disponibilité des compétences mainframe dans lʼorganisation est une préoccupation.
• 60% - Le renouvellement de la main-d'œuvre mainframe est un défi.
Innovation et évolutivité
• 58% - Les systèmes mainframe sont un moteur d'innovation pour lʼentreprise.
• 47% - La scalabilité des systèmes mainframe est un défi.
L'enquête sur les utilisateurs mainframe de 2024 met en évidence les défis et les priorités des organisations concernant la gestion et l'évolution de leurs systèmes mainframe. Alors que la complexité, les coûts élevés et les préoccupations en matière de cybersécurité persistent, il est clair que la modernisation, l'acquisition de compétences et l'innovation restent au cœur des préoccupations des entreprises pour garantir la pertinence continue des systèmes mainframe dans un paysage technologique en constante évolution.