Mémoire professionnel HMONP

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Le choix d’une approche

Sensible

responsable dans la pratique architecturale et

Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Mémoire professionnel Sous la direction de M. PRUNGNAUD Frank

DEFRANCE Elisabeth Septembre 2015 ENSAG


DEFRANCE Elisabeth Septembre 2015

- 2 -


Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Structure d’accueil Atelier Raymond BRUN 7 rue François Carle 73000 BARBERAZ Tél. 04.79.85.70.43 - Fax. 04.79.70.35.48 site Internet : www.cabinet-brun.com

Tuteur de Mise en Situation Professionnelle (MSP) Raymond BRUN, architecte

Directeur d’étude Frank PRUNGNAUD, architecte/enseignant à l’ENSAG

Membres du jury Jean-Marc COTTIN, architecte/représentant de l’Ordre des Architectes Marcel RUCHON, architecte/enseignant ENSA Saint-Etienne Jacques FELIX-FAURE, architecte/enseignant à l’ENSA Grenoble Lucile TALLARD, architecte Jacques VIALETTES, architecte/enseignant à l’Institu d’Urbanisme de Lyon

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Remerciements

- 4 -


Je tiens avant la lecture de cet écrit, à remercier sincèrement les personnes qui m’ont soutenue pour la constitution de ce travail. Raymond BRUN qui m’a acceptée au sein de sa structure et qui a su se rendre disponible pour me transmettre une somme de connaissances très précieuses. Je remercie bien entendu toute l’équipe de l’Atelier Raymond BRUN, Charlotte HABOZIT-STEFANI, Eric PEYRET et Pascal MUGNIER qui m’ont accompagné dans ma mise en situation professionnelle (MSP). Leur jovialité, leur patience et leur professionnalisme m’ont été précieux tout au long de l’année. Frank PRUNGNAUD, que je remercie pour son aide et sa disponibilité, mais aussi pour sa pédagogie et sa bienveillance auprès des étudiants de l’ENSAG. Egalement merci aux membres du jury qui ont accepté d’accorder de leur temps pour la soutenance de ce mémoire au titre d’architecte HMONP. Merci à Jacques VIALETTES qui a accepté mon invitation après m’avoir fait découvrir il y a quelques années, la profession et donné le goût pour ce beau métier. Et merci à mes proches bien sûr, qui m’accompagnent dans tous mes projets en restant à l’écoute de mes doutes et de mes aspirations.

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Sommaire I.

1/

Genèse

- 10 -

Préambule : un parcours universitaire et professionnel

- 11 -

. L’espace quotidien pour intrigue . Une approche du projet comme acte collectif . L’arrivée dans le champ de l’architecture : l’écriture de l’espace pour leitmotiv, le récit de la ville

2/

Architecte-Urbaniste ou Urbaniste-Architecte : entre question et pratique ?

. Participation . Interdisciplinarité . Interaction . Interprétation

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- 12 - 12 -

- 13 -

- 14 - 14 - 18 - 20 - 24 -


II. Expériences 1/

Le choix de la MSP

2/

Portrait d’un atelier d’architecture

. La composition du bureau . Simplicité et tradition . La philosophie . L’organisation . La production . Identité graphique . Les marchés ciblés . Les perspectives futures de l’atelier

3/

Des projets pour expériences . En conception . En réalisation . En période de garanties post réception de travaux

- 26 - 26 -

- 28 - 28 - 30 - 30 - 31 - 40 - 42 - 44 - 45 -

- 46 - 47 - 68 - 80 -

III. Perspectives

- 82 -

1/ Une philosophie de travail . Durabilité

- 83 -

. Altruisme . Des affinités disciplinaires entremêlées

2/ Perspectives envisagées . Type de structure

. Typologies de projet . Construction et mise en actions d’un réseau . Les commandes ciblées

- 83 - 83 - 83 -

- 84 - 84 - 85 - 86 - 87 -

- 7 -


Introduction

- 8 -

Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


Poursuivre en formation HMONP à l’issue d’un Master 2 en Architecture, représente une étape charnière entre une finalité universitaire et une émancipation professionnelle. En souhaitant suivre cette formation, je n’envisageais pas d’aborder certains horizons aujourd’hui possibles. L’écrit qui suit, illustre l’évolution d’une pensée émergée depuis une dizaine d’année. La profession d’architecte représente dans les mœurs de notre société un beau métier, dont les lourdes responsabilités impressionnent, le rendant presque inaccessible. Pendant longtemps, je l’ai perçu dans cette complexité, et envisager un jour de devenir architecte, supposait pour moi, la maîtrise d’une somme de connaissances, et l’acquisition d’une maturité de penser. Mon arrivée dans le champ de l’architecture s’est faite à la sortie d’un Master 2 en Urbanisme. Le processus de projet et l’enjeu sociétal de l’acte de bâtir ont éveillé alors un réel engouement pour une profession abordant diverses disciplines face à des réalités complexes. La richesse des champs disciplinaires approchés relève de facteurs relationnels avec les différents acteurs du projet. Le fait de construire pour répondre à un besoin collectif ou personnel m’a amené à appréhender le métier d’architecte par le dialogue et l’échange. Intriguée par cette pratique de maître d’œuvre à la croisée de la technique, des sciences humaines et de l’artistique, l’expérience de la MSP m’a permis d’approcher le quotidien du métier, et m’a conforté dans mes choix et désirs. Afin de retranscrire avec le plus de cohérence possible la vision architecturale que j’affectionne et les projets vers lesquels j’aspire, la genèse de la profession d’architecte à travers mon parcours composera la première partie. Dans une seconde partie, quelques projets sur lesquels j’ai travaillé durant ma MSP seront développés à travers une autonomie de pensée et de position. Enfin, pour finaliser ce développement, l’ouverture sur de futurs horizons sera présentée à travers les perspectives que j’envisage.

Introduction

- 9 -


1

Simone & Lucien Kroll, Tout est paysage, édition Sens & Tonka, 2001, p.14

I

Genèse

« Et tout paysage est un fait de civilisation, une mixture de naturel et de culturel, à la fois volontaire et spontané, ordonné et chaotique, chaud et froid, savant et banal. »1

2005 2006 2007 Parcours universitaire et professionnel

Stage de 6 mois Mairie de Feyzin (69), pôle cadre de vie, aménagement urbanisme

2008 Stage 6 mois, Lieux Dits Architectes-Urbanistes, Vernaison (69) Stage de 3 mois, CRB Architectes Lyon (69) CDD 3 mois, Ludmer-Bouvier Architectes, Meylan (38) CDD 3 mois, Ludmer-Bouvier Architectes, Meylan (38) Participation à un Workshop international, Hué, Vietnam du 5 au 25 Mars 2013

2009

2010 2011

CDD 9 mois, MSP HMONP Atelier Raymond Brun 2014 - 2015, Chambéry (73)

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Licence 3ème Aménagement du territoire, mineur géographie, université Lyon III Thèmes abordés : Gestion des espaces publics et des risques technologiques et naturels Master 1ère et 2ème année Urbanisme Aménagement urbain, spécialité projet urbain, Institut d’urbanisme de Lyon Thèmes abordés : Ecoquartier, Approches Environnementales de l’Urbanisme (AEU) Licence 2ème et 3ème année Architecture, ENSA Grenoble Thèmes abordés : conception et méthodologie du projet

2012 2013

CDD 6 mois, Atelier Raymond Brun 2013 - 2014, Chambéry (73) CDD 4 mois, Agence Innovation et création architecturale (INCA) 2014, Grenoble (38)

Licence 1ère et 2ème années Géographie Aménagement du territoireenvironnement, université de Dijon

Master 1ère et 2ème année Architecture, studio de projet Aedification, villes et territoires, ENSA Grenoble Thèmes abordés : Articulation des échelles de projet, rénovation et revitalisation de centre bourg en milieu rural (projet territorial de Biovallée dans la Drôme), aménagement d’espaces naturel et bâti classés (UNESCO) participation habitante, agri-urbanisme, conception environnementale

parcours recherche : le projet d’architecture comme acte politique

2014 2015

Formation HMONP ENSA Grenoble

Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


1/

Préambule : un parcours universitaire et professionnel

Tout au long de ce parcours transdisciplinaire, j’ai été attiré par la question du quotidien et de son espace. En abordant dans un premier temps les notions géographiques, ce sont les lignes riches et variées des paysages qui m’intriguaient en premier lieu. La dimension humaine et leurs aménagements me sont apparus à travers l’apprentissage de la lecture paysagère et la compréhension des facteurs dont ils sont tributaires, laissant ainsi place à la notion ”d’interaction”. En ce sens, la valeur paysagère d’un espace bâti s’est enrichie au gré de mes expériences. En m’éveillant sur les jeux de corrélations et de divergences qui participent à la construction et déconstruction quotidienne de nos espaces de vie, figurant ainsi nos « paysages habités »2. Un ensemble de données entremêlées à plusieurs disciplines m’ont amené à voir le quotidien à travers la dimension spatiale et contextuelle. Les jeux d’aller et retours entre des logiques et des temporalités variables ont nourri ma curiosité et mon souhait de comprendre, ou tout au moins de réussir à appréhender chaque paysage habité dans sa globalité par l’idée de focale.

2 Lucien KROLL, Architectures organiques ? , in « Construire autrement », de Patrick BOUCHAIN, éd. Actes Sud, série L’Impensé, Septembre 2006, p. 147

3

Simone & Lucien Kroll, Tout est paysage, édition Sens & Tonka, 2001,

« le paysage dans le sens de milieu naturel complexe construit par des décisions entrecroisées, multiples, tissées, jamais par des règles rigides, droites et simplificatrices. »3

Genèse

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L’espace quotidien pour intrigue

1

Henry LEFEBVRE, Espace et politique : Le droit à la ville tome II, édition Antropos, 2000, p.66

2

Ididem p.66

En partant d’une focale à double sens, mon approche de l’architecture s’est développée par la construction d’un regard critique et instruit. Notamment sur la qualité environnementale d’un espace qui relève d’un contexte multiscalaire où cohabitent diverses logiques (géographiques, topographiques, économiques, sociales, culturelles). Mais également, un ensemble d’interactions qui met en évidence le caractère politique de l’espace vécu, en établissant le constat que « l’espace est politique »1. « En ce qui concerne le “vécu“, l’espace n’est jamais neutre et « pur ». Ce qui met déjà une distance entre la problématique de l’espace vécu et celle de l’espace épistémologique, posé comme neutre. »2

Une approche du projet comme acte collectif

Prenant appuis sur ce constat, la dimension territoriale de chaque lieu de projet devient prégnante, et l’intervention de professionnels de l’aménagement et de la construction repose alors sur la valeur collective. Un acte collectif dans lequel le rôle de l’architecte s’apparente à celui d’un compositeur. Un compositeur au service d’une mélodie vécue par tous et dont le rôle repose sur la capacité à composer avec les notes existantes pour mener vers les bons accords entre l’homme et son milieu. Le support de cette composition architecturale est alors le projet définit par ses lignes spatiales et ses clefs sociales. 3

Patrick BOUCHAIN, Construire autrement, édition Actes Sud, série L’impensé, Septembre 2006, p.19

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« Pour réunir ce faisceau de désirs qui concourent à l’émotion, et parfois même à l’éveil des consciences, il faut être observateur, écouter jusqu’à repérer dans le désordre la chose qui fait que tout concorde soudain. » […] Si l’architecture était envisagée comme cela, on se poserait moins de questions de forme et plus de questions de fond […] car c’est le fond qui, une fois posé, fait la forme, qui est elle-même l’expression du groupe qui a été constitué pour réaliser l’ouvrage. »3

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L’arrivée dans le champ de l’architecture : l’écriture de l’espace pour leitmotiv, le récit de la ville En arrivant à l’école d’architecture de Grenoble, je conservais l’influence de ma formation universitaire avec le besoin de l’écriture pour structurer ma pensée. L’acte de construire ne se réalise pas sans temps de conception. La conception ne se réalise pas sans idées. Les idées ne s’établissent pas sans pensées, et toutes pensées n’émergent pas sans structure. En toute logique l’architecture et l’écriture sont similaires dans leur processus, et j’envisage le métier d’architecte dans son rôle de bâtisseur comme celui qui participe à l’écriture d’un récit passé, présent et futur, un récit intemporel, celui du vivant. Un projet narre une histoire, l’enjeu pour l’architecte est de le retranscrire en image. Louis Marin, en parlant de la narration, évoque la pensée ”naïve” qui définit le récit puisqu’il y a « entre la langue et la réalité, une adéquation complétée : le signe recouvre et commande la réalité ; mieux il est cette réalité ». En ce sens, un récit expose « consciemment ou inconsciemment son monde au lecteur »4. « Plus profondément encore, ce plaisir de la maîtrise créatrice que le geste de narration manifeste lorsqu’il se montre et se dit aux lisières du conte, est, pour celui qui écoute le récit, celui pour lequel le geste de narration se déploie et s’accomplit, le plaisir, un moment – le temps de conter – d’être maître du destin inconnaissable et imprévisible de l’existence, d’en contempler les tours et les ruses »4

Genèse

Louis MARIN, Le plaisir de la narration, in « De la représentaiton», , édition Gallimard-Le Seuil, collection Hautes études, 1994, p. 128

4

- 13 -


2/

Architecte-Urbaniste ou Urbaniste-Architecte : entre question et pratique

Partagée entre les apports de ma formation en géographie-urbanisme et mon cursus en architecture, l’apprentissage en architecture m’a permis de questionner les fondements qui m’interpellent le plus dans la pratique du métier d’architecte et savoir de quelles manières aborder l’association de ces deux parcours, divisés dans le champ professionnel mais pourtant très complémentaires dans la réalité du projet. Quatre notions me paraissent plus prégnantes dans la vision que je me suis constituée de l’architecture : participation, interdisciplinarité, interaction et interprétation.

Participation

1

Edgar MORIN, La voie : Pour l’avenir de l’humanité , édition Fayard, collection Hautes études, 2011, p. 206

La problématique générale du projet architectural réside dans la finalité; l’habitat et sa capacité à être habité. L’habitabilité d’un espace devenu vécu répond à une demande. A l’amorce de cette dernière subsiste le désir, la nécessité de faire pour assouvir une aspiration. En mettant en avant cette notion, c’est un exercice d’éveil et de transmission où l’écoute et l’observation nourrissent la pensée du projet. Chaque acteur doit jouer son rôle et trouver sa place dans l’architecture projetée pour construire une architecture habitée. La notion de participation est devenue un terme valise (au même titre que le concept de développement durable) propice aux malentendus et aux amalgames venant décrédibiliser l’acte en lui-même. Une somme de théories qui par leurs échecs ou leurs réussites marquent l’évolution de ce mouvement de participation vers l’idée de « reconquête de la citoyenneté locale »1, en repensant la responsabilisation de chacun et surtout des habitants. « Cette citoyenneté retrouvée n’est ni un rêve, ni une utopie inaccessible. »1

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Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


La participation s’applique à différents degrés des projets qu’il s’agisse d’une construction individuelle ou d’un projet urbain (quartier, équipements ou autre), l’enjeu reste le même dans la finalité, le métier de l’architecte s’inscrit dans cette évolution sociétale. « l’architecte et l’architecture ont une relation immédiate avec l’habiter comme acte social, avec la construction comme pratique. »2

2

Henri LEFEBVRE, Espace et politique : Le droit à la ville tome II, édition Antropos, 2000, p.15

En prenant appuis sur cette notion, dans le cadre du projet de fin d’étude, j’ai travaillé sur différentes formes de participation, et notamment avec un groupe d’habitants cherchant à construire ensemble un habitat. L’autopromotion par l’habitat participatif fait parti des formes de reconquête de citoyenneté locale. Le rôle de l’architecte revête une réelle importance à travers toutes les compétences de conception, de gestion et de communication autour d’une construction. Ce travail d’étude autour de l’autopromotion intégrait une démarche plus générale, la constitution d’un projet d’agroquartier. Le fondement d’un agroquartier repose sur la participation habitante en articulant le lien social, la production alimentaire, et les préoccupations énergétiques. Pour ce projet de fin d’étude, un travail en ateliers d’habitants fut nécessaire. Aussi, j’ai pu travaillé avec différents groupes selon les échelles de réflexion : habitants du quartier sur la commune de Fontaine, ateliers d’enfants au centre social de Fontaine, et le groupe de l’Escale en montage juridique, de l’association des Habiles. ECONOMIE VISION

CALEND RIER

Préoccupation énergétique

PROXIMITE SOCIALE

INTERACTION

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Ecologique vivable

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IER

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Préoccupations énergétiques Dynamique économique

CA LE ND R

cial

n so

Genèse

VISIO N

Lie

R DRIE LEN CA

HABITANTE

Schéma descriptif du concept d’agroquartier, Habiter la ville par ses racines, projet de fin d’études, juin 2014

Economique Equitable


Présentation du groupe d’habitants « l’Escale » :

Durant ce diplôme de fin d’étude, ce groupe d’habitants n’avait pas encore de terrain, et la temporalité du diplôme ne permettait pas d’attendre le choix de ce dernier. Un accord s’est alors instauré dans l’idée d’un accompagnement mutuel sur l’habitat groupé. Nous avions un site d’étude dans lequel demeurait un corps de ferme bientôt délaissé. Leur projet de groupe portait la dimension agricole, et bien que le terrain ne soit pas encore en vente, le propriétaire agriculteur, nous permit de prendre appuis sur sa demeure le temps de notre PFE et le groupe d’habitants expérimenta ainsi le travail de réflexion commun. Ce principe leur permit de mettre en pratique un temps de questionnement, certes fictif dans la réalité mais pédagogique et formateur autant pour eux dans leur projet de coopération entre foyers, que pour moi dans la pratique. Ce fut aux moyens de temps d’ateliers, de questionnaires, de tableaux, de schémas et d’esquisses que nous avons travaillé ensemble sur la rénovation potentielle d’une ferme limitrophe sur les communes de Sassenage et de Fontaine.

Le participatif est une démarche de plus en plus encadrée par les lois (Loi ALUR) et les institutions publiques. Une reconnaissance de ces mouvements citoyens qui permet la définition de statuts juridiques. Un type de marché qui se présente par le biais d’appel à projet sur des projets urbains émanant de commandes publiques, mais aussi par le biais de commandes privées venant - 16 -

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Soirée festives Evénements Accueil gîte Energie : chauffage, transports, construction ??

Mouches et odeurs des animaux ?? Animaux en semi-liberté??

Ruche

PRIVATIF Local professionnel 88,5 // 80 m2 espace numérique pour administratio 12 25 12 n12 Lieu de musique cuisine chambre accueil, Wifi?? enseignement, 3 1,5 concert, lieu de danse hall wc

Eric + Elsa : 2

15 terrasse

Potager (légumes )

logement «chez soi»

Culture végétales Maraîchage Arboriculture Fleurs

Petite basse-cour transformation

Atelier bricolage

voiture

Projet éducatif pour enfants (Montésauri )

Cuisine, salle à manger

Elevage Brebis (fromage, viande, et laine) Mulets

Elevage

Activités arts plastiques

5 vélo

COLLECTIF

Eau : 137 // 10 source, m2 puits, récupération ?? 15 20 Relationel chambre cuisine communication

2 wc

5 salle de bain

jardin

Isolation phonique?? 8 potager

salle de bain

PRIVATIF

voiture

88,5 103 // 80 m2

15

25 30

terrasse bureau

12 30

12

137 93////10 8 m2 1

2 3

100

15 30

voiture

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bureau chambre cuisine

12

cuisine chambre

5 3

30

3

1,5 3

3

5 10

1000

vélo

salon

hall

wc

vélo

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jardin

7

voiture

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potager

cellier

1

3

25 100

7

voiture

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terrasse

3

22 30

3

salon

hall

3

10

1000

20

vélo

salle de bain

jardin

salle musique

1,5 3 wc

Claire Manu + Pompon Clem : :

voiture

15 7

terrasse bureau

23 vélo

15

jardin

12 11

salle polyvalente

30

15

bureau chambre cuisine

9 10

15

200

5 50

15

50

salle de de salle bain

buanderie

potager

cellier

atelier

salle polyvalente

1

25

7

voiture

terrasse

// m2 74,5133 // 80 12 11

12 10

atelier

107 93 // 8 m2

11

cuisine chambre

100

buanderie

74,5 103 // 80 m2 11 30

10 30

vélo

1

salle musique

10 50

salle de bain

Manu Tof : + Clem :

20

200

8 10

1

100 salle polyvalente

COLLECTIF

Eric Tof : + Elsa : 2 1

10 cellier

15

15

bureau chambre cuisine

35 22

3

5 1,5

5

2

2000

10 20

salon

hall

wc

wc

vélo

jardin

salle musique

109 salle salle de de bain bain

Claire + Pompon :

20 15

200

20 5

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60 50

buanderie

potager

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atelier

salle polyvalente

133 // m2

165 // m2

1

15

15

voiture

terrasse

bureau

35

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5

2

2000

10

jardin

salon

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wc

vélo

jardin

salle musique

2 vélo

12

12

12

1

15

voiture

chambre

12

cuisine chambre

10 salle de bain

20

200

20

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60

buanderie

potager

cellier

atelier

salle polyvalente

ESPACE COLLECTIF + ESPACE PARTAGÉ + 3 LOGEMENTS

BRICOLAGE - ART

MARAÎCHAGE 6 LOGEMENTS

Tableau synthétique regroupant les réponses des questionnaires de chaque foyers

165////8 m2 107

12

cuisine chambre

Schéma récapitulatif des volontés de projet du groupe d’habitants

Axonmétrie résumant la fonctionnalité des entités bâties du projet

SURFACE DE POTAGER

Genèse

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Interdisciplinarité L’architecture est une discipline de plus en plus ouverte étant donné le croisement entre la dimension artistique, technique et humaniste. L’évolution historique de la formation et de la profession illustre ce croisement depuis 1968 avec notamment la création des écoles d’architecture en France. L’association autour du projet nécessite l’apport théorique de multiples disciplines. La réussite du projet réside dans cette capacité à échanger, dialoguer autour d’un sujet tout en conservant les spécificités de chaque discipline. Chaque espace se compose par différents ensembles. Mener une réflexion sur le devenir d’un espace appelle nécessairement à la compréhension de chaque ensemble pour en dégager un projet collectif. L’interdisciplinarité dans son concept et sa pratique repose sur ce décloisonnement disciplinaire, sur la démarche de collaboration entre les savoirs et méthodes. 1

Henri LEFEBVRE, Espace et politique : Le droit à la ville tome II, édition Antropos, 2000, p.20

« L’architecte, producteur d’espace (mais jamais seul) opère sur un espace spécifique. […] Chacun opère sur un espace abstrait, à son niveau, à son échelle, l’architecte dans le micro et l’urbaniste dans le macro. […] c’est par conséquent de déterminer la jonction, l’articulation de ces deux « niveaux « , le micro et le macro, l’ordre proche et l’ordre lointain, le voisinage et la communication. Ne serait-ce pas à cette échelle, précisément, qu’aujourd’hui peut intervenir la pensée et se situer l’invention ? »1

Pour illustrer ces propos, je prends appuis mon expérience à Lieux Dits Architecture-Urbanisme à Vernaison, où j’ai travaillé sur l’élaboration d’un diagnostic urbain d’un quartier, la Maladière à Montluel dans l’Ain. Cette étude s’accompagnait d’une étude sociale, et par conséquent le travail mener par Lieux-Dits Architecture-Urbanisme s’associait au travail d’un sociologue du bureau d’étude Lieux-Dits études sociales à Marseille. Cette mission fait parti de mes premières expériences professionnelles en agence d’architecture. J’assistais alors l’architecte en charge du projet d’étude pré-opérationnelle, l’urbaniste en charge de l’élaboration du diagnostic urbain, et le sociologue en charge de l’étude sociale. Ce fut au moyen d’entretiens entre les habitants et le sociologue, d’analyses fonctionnelles sur l’espace bâti, mais aussi d’un relevé architectural pour le diagnostic architectural du parc immobilier que cette étude me fit découvrir toute l’interdisciplinarité du projet d’architecture. - 18 -

Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


Il s’agissait de rendre état du quotidien de ce quartier auprès de la municipalité de Montluel, du bailleur social Dynacité (OPAC de l’Ain) mais aussi des habitants, en éveillant les consciences de chacun sur les dysfonctionnements de cet espace habité. La Maladière est un quartier classé sensible, et comme d’autres ensembles de logements sociaux, la stigmatisation du quartier social l’a conduit dans un repli sur soi avec tous ses désordres mais aussi ses richesses devenues illisibles au fil du temps. Dans le cadre des programmes de renouvellement urbain portés par la signature de CUCS (contrat urbain de cohésion social), ce projet s’inscrivait dans une politique nationale des nouvelles politiques de la ville. L’équipe de Lieux-Dits était alors mandatée pour faire un plan de composition urbain accompagné de l’étude sociale et urbaine. Il s’agissait alors d’une réponse à candidature commandée par le bailleur social Dynacité et la commune de Montluel.

Hypothèses d’aménagement issu du document de présentation du diagnostic urbain et social

Genèse

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Interaction Le principe de l’interaction permet l’action réciproque entre les systèmes physiques et temporels. Les jeux d’échelles nourrissent la pensée du projet. Dans une optique de construction, la viabilité, le fonctionnement d’un dessin spatial s’aborde par la rencontre de différents paramètres spatiaux et temporels. L’enjeu du projet architectural se matérialise par le dialogue entre toutes les échelles qui compose l’espace, mais qui lient aussi les espaces entre eux. Les allers et retours d’une échelle à une autre participent à l’expression d’un projet et en exprime ses origines.

1

Georges PEREC, Espèces d’espaces , édition Galilée, 1974 réédition de 2000, p.18

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« L’espace de notre vie n’est ni continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ? On sent confusément des fissures, des hiatus, des points de friction, on a parfois la vague impression que ça se coince quelque part, ou que ça éclate, ou que ça se cogne. Nous cherchons rarement à en savoir davantage et le plus souvent nous passons d’un endroit à l’autre, d’un espace à l’autre sans songer à mesurer, à prendre en charge, à prendre en compte ces laps d’espace. Le problème n’est pas d’inventer l’espace, encore moins de le réinventer (trop de gens bien intentionnés sont là aujourd’hui pour penser notre environnement…), mais de l’interroger, ou, plus simplement encore, de le lire ; car ce que nous appelons quotidienneté n’est pas évidence, mais opacité : une forme de cécité, une manière d’anesthésie. »1

Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


Dans cette logique d’échelle et d’interaction, l’étude sur laquelle j’ai pu travailler chez INCA architectes traitait de ce jeu d’échelle et de l’interaction entre l’espace urbain qui entoure l’édifice et tous les espaces qui composent l’édifice. Il s’agissait d’une étude de requalification d’un château de l’Ordre de Malte au cœur de Prague. Pour cette mission d’étude de 4 mois en export, l’agence INCA avait été mandatée suite à une première étude et opération en République Tchèque sur un monastère. Accompagné d’un économiste rattaché à un groupe international d’hôtellerie, l’enjeu résidait dans la viabilité des démarches envisagées dans le centre touristique de Prague. La place de chaque espace imaginé devait s’inscrire dans une logique spatiale à différentes échelles du quartier et de la ville. Un jeu d’aller et retour entrecroisé de paramètres temporels puisqu’il s’agissait d’un édifice historique pour la ville de Prague.

Documents graphiques de travail autour de l’analyse du château dans la ville, à différentes échelles

Croquis d’étude avec Gilles Marty sur le projet de revalorisation du bâti

Coupe reconstituée à partir des éléments de relevé, mené par des architectes de Prague, membres de l’équipe de projet Genèse

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A l’occasion d’un workshop international d’un mois, j’ai pu appréhender les mêmes questions. Lors de cet exercice émanant d’une commande « étude » par la nouvelle agence d’urbanisme de la province de Hué au Vietnam, il s’agissait de considérer la revalorisation de temples et sanctuaires abritant des tombeaux édifiés le long de la rivière des parfums. Ce territoire d’étude est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et comprend la cité impériale de la ville d’Hué. La valeur architecturale de ce territoire nécessitait là aussi la compréhension à différentes échelles, mais aussi la compréhension d’une culture qui répond à d’autres logiques spatiales et temporelles que l’occident. L’interaction était multiple dans ce vaste territoire et la rivière représentait le fil rouge de ce temps court d’analyse et de conception architecturale. Compositions cartographiques sur l’influence du développement démographique et les espaces de cultures à l’échelle du bassin versant de la rivière de parfums

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Illustration du territoire d’étude : la rivière des parfum et son activité agraire dans le développement de l’urbanisation

Coupe schématique des principes de traitement des berges pour la gestion du variation des niveaux d’eau

Coupe paysagère permettant d’illustrer la composition des berges à l’échelle du village

Genèse

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Interprétation 1

Maurice MERLEAUPONTY, La phénoménologie de la perceptio, édition Gallimard, Paris, 1945, p.78

GUERIN Jean-Paul, GUMUCHIAN Hervé, Les Représentations en actes, Université scientifique et médicale de Grenoble, Institut de Géographie Alpine, 1985 2

3

Edgar MORIN, L’aventure de La Méthode , édition Seuil, Mai 2015, p.69

La notion d’interprétation appelle plusieurs notions; la perception «un contact naïf avec le monde» 1; la représentation, «action de replacer devant les yeux de quelqu’un»2; et l’imaginaire. Le fait d’interroger la viabilité d’un espace, sollicite les cinq sens physiologiques de l’homme (l’ouïe, le toucher, la vue, le goût et l’odorat) qui sont les organes de la perception. D’autres sens se définissent selon les disciplines qui les abordent, mais de manière concise l’affectif entre en compte quant à la sensibilité de chacun selon l’espace où il se trouve. La perception alimente la représentation, et la représentation influence l’imaginaire de l’homme. Ces relations sont des paramètres avec lesquelles l’architecte structure le projet en prenant le rôle d’interprète. « Dans Le cinéma, ou l’Homme imaginaire, je mis en exergue la formule de Gorki : ” ”La réalité de l’homme est semi-imaginaire ”. Ce qui me frappait était notre aptitude à donner vie, personnalité, âme à des jeux d’ombre et de lumière sur écran. »3

Au cours du PFE, j’ai travaillé toute l’année sur les questions de représentation mentale de l’espace, en menant différents temps de travail autour de la représentation mentale de l’espace. Par le biais des différents groupes, le groupe d’habitants pour l’habitat participatif, les habitants du quartier de l’Argentière, les membres de l’association des éco-jardiniers fontainois mais aussi les enfants avec un atelier. L’angle d’approche pris était l’agriculture et sa place dans la ville. Une thématique large mais qui s’inscrivait dans le questionnement actuel de la métropole grenobloise à propos du devenir des espaces agricoles en ville : potentielles réserves foncières ou réserves agricoles urbaines de demain. Dans cet exercice, il fallut constituer des outils et surtout une méthodologie de travail et de capitalisation des informations recueillies. Un temps d’étude autour duquel le rôle de l’architecte repose sur sa capacité à exploiter ses échanges tout en les croisant aux questions techniques relevant du site, aux questions économiques et à la faisabilité du projet.

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Interpréte Interprétant

Représentamen

Signe

Objet immédiat

Objet dynamique

Principe schématique de la représentaiton, Charles SANDERS-PIERCE

Représentaion mentale d’un habitant de Fontaine

Genèse

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II 1/

Expériences

Choix de la Mise en Situation Professionnelle

Emportée par l’idéalisme du PFE, à la sortie de la cinquième année, l’idée de faire la HMO m’était motivante, bien que des questionnements persistaient sur le recul nécessaire pour aborder tous les enjeux du métier d’Architecte. Les questionnements sur la pratique que je souhaitais aborder durant ma MSP ont découlé de la prégnance dans mon parcours de la dimension urbaine et donc de m’orienter sur une structure mêlant différentes échelles de projet. Je cherchais une structure qui s’inscrive dans une vision spatiale et temporelle où s’articulent les diverses dimensions contextuelles pour une conception sensible et globale du projet d’architecture. Parallèlement à la finalisation du PFE, j’ai postulé chez INnovation et Créations Architecture à Grenoble, et j’ai intégré l’agence en juillet à la fin du PFE pour une mission de 4 mois. A ce moment là, entrer chez INCA représentait pour moi la possibilité de pouvoir faire une HMO en réponse à mes aspirations architecturales, d’enjeux d’échelles spatiales et de pensée du projet. L’agence INCA travaille sur des projets singuliers traitant par le biais de l’innovation des problématiques variées sur des sites naturels classés, ou de patrimoines bâtis protégés. Ils abordent ainsi les qualités qui caractérisent chaque espace de projet pour en dégager une architecture sensible au service des lieux et de leurs usages. Ils traitent ainsi toutes les échelles de projet dans un souci de cohérence, allant de l’étude urbaine jusqu’à la maîtrise d’œuvre. Alors qu’il m’est proposé de continuer dans l’agence et de faire ma MSP, je prends la décision de reconsidérer l’orientation de cette MSP. En ayant passé ces quelques mois chez INCA et force de mes quelques expériences en agence durant mes études, mais aussi de ma formation en urbanisme, je commence à avoir une idée plus précise des champs sur lesquels je souhaiterais axer ma MSP. L’agence travaillant sur un périmètre illimité, les sites en chantier sont éloignés. Ceci ne me permettait pas de me rendre de manière régulière sur un chantier en tant que jeune ADE. Avec un profil universitaire très orienté sur les études - 26 -

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L’agence étant structurée en pôles, il est relativement délicat d’aborder facilement toutes les phases avec un degré d’implication plus conséquent qu’une assistance ponctuelle ou de l’observation. Selon les fonctions dans chaque pôle, il était possible que je reste missionné sur des tâches que j’ai déjà pu aborder dans mes précédentes expériences. Sans compter sur l’aspect relationnel avec les maîtrises d’ouvrage qui me paraissaient extrêmement intéressant, mais qui là aussi pour des questions de gestion des affaires, seuls les architectes associés et chefs de projet assistaient à ces temps d’échanges. En somme, je me suis rendu compte que ma curiosité resterait frustrée dans cette configuration, et que je souhaitais mettre à profit ce temps de formation en MSP en abordant toute la polyvalence du métier d’architecte. Pendant ma dernière année de PFE, je travaillais deux jours par semaine chez un architecte du bassin chambérien, et ce dernier me proposa également de faire ma MSP sur des projets que j’avais pu aborder durant l’année. L’atelier Raymond Brun est un bureau de quatre personnes. L’atelier existe depuis trois générations, et son activité reste très pérenne. Son rayonnement se limite principalement au bassin chambérien et la Savoie. Il s’agit d’une structure familiale reprise il y a 15 ans par Raymond Brun le petit fils du fondateur, Alfred Brun. Au regard de mon profil et de mes affinités architecturales, l’activité de l’agence INCA me correspondait plus, mais les questionnements que je souhaitais levés en tant que future architecte étaient plus accessibles chez Raymond Brun. En ayant déjà travaillée dans cette structure, je connaissais la méthode de travail, et il était plus évident pour M.Brun de me suivre, de m’impliquer plus rapidement, et de me confier des responsabilités. La structure étant petite, la polyvalence était de mise, ce qui me paraissait plus formateur.

Expériences

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2/

Portrait d’un Atelier d’architecture :

La composition du bureau L’Atelier Raymond Brun, est composé de quatre personnes. - Deux architectes DPLG Raymond Brun (Responsable et gérant) qui dirige tous les projets dans toutes les phases, et Pascal Mugnier, chef de projet en charge du bureau de dessin. Raymond Brun a été diplômé de l’Ecole d’Architecture de Grenoble en 1982. Il participe sur l’ensemble des projets à la conception et réalisation des opérations. Pascal Mugnier a intégré l’agence en 2003 après avoir été diplômé à l’Ecole d’Architecture de Paris Malaquais. Il dirige les études de conception en subordonnant toutes les opérations dans le bureau de dessin. Ils ont suivi ensemble une formation qualifiée HQE-QEB en 2010 dans un souci de performance environnementale des projets de l’atelier. - Un métreur-coordinateur de travaux, Eric Peyret en charge des phases de suivi de chantier et assiste Raymond Brun sur l’économie des projets. Eric Peyret a intégré le bureau en 1999. Il s’est formé au grès des opérations avec Raymond Brun, à partir desquelles il a pu construire une solide expérience en matière de suivi de chantier.

- Une assistante de direction, Charlotte Habouzit-Stefani en charge de la gestion administrative du bureau et assistante de dessin. Diplômée d’un DEUG de Droit, d’un DUT Gestion Administrative et Commerciale des organisations, d’un Master Administration Economique et Social, elle assiste Raymond Brun dans toutes ses décisions. Arrivée dans l’agence depuis février 2013, elle s’occupe de la gestion administrative et financière de l’atelier. Elle a pris également une fonction d’assistance en dessin partageant son temps de tâches administratives avec celui du dessin pour accompagner Pascal Mugnier et Raymond Brun dans l’élaboration des plans.

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Raymond Brun architecte DPLG - gérant

Eric Peyret Métreur - coordinateur

Expériences

Charlotte Habozit-Stefani Assistante de direction

Pascal Mugnier architecte DPLG

Elisabeth Defrance

architecte DE en formation HMO

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Simplicité et tradition Fort d’une expérience dans l’architecture de montagne pendant plus de 20 ans, et de la reconnaissance locale du bureau, l’Atelier Raymond Brun exerce en tant qu’architectes-économiste sur des projets de tailles diverses allant de la petite dépendance en déclaration préalable de travaux, jusqu’aux opérations de 70 logements, en passant par le chalet de luxe, des maisons de particuliers et des rénovations. La stabilité de l’atelier repose beaucoup sur un relationnel très actif, et quelques publications, permettant une « bonne presse » locale et plus lointaine avec des commanditaires lyonnais et parisiens. L’architecture conçue par L’Atelier Brun, s’inscrit dans une culture locale où le bois reste très présent, et où son emploi reste traditionnel faisant de sa signature une architecture simple mais efficace.

Philosophie Raymond Brun aborde la pratique du métier d’architecte de manière humble. Il considère que tout projet répond à un besoin, et que l’architecture fait partie du quotidien de tous et doit rester accessible à tous. C’est dans ce sens qu’il n’hésite pas à accompagner des maîtres d’ouvrage variés dans leur souhait de bâtir, d’agrandissement, d’amélioration ou d’embellissement de leur construction. Il leur propose une aide, un soutien, un éveil à des maîtrises d’ouvrage privées et publiques pour que l’architecture soit comprise dans sa plus simple utilité, un lieu de vie. La simplicité avec laquelle Raymond Brun pratique le métier d’architecte découle d’une expérience et de son recul au fil des années. Mais ce trait dépend aussi et surtout d’une personnalité de nature optimiste et sans artifice, où les relations se tissent sans ambiguïté, ce qui permet d’établir rapidement un rapport de confiance. C’est principalement dans cette capacité à traiter les projets sur le même niveau, à égal, et avec le même enthousiasme, qu’il m’a transmis le temps de la MSP le métier d’Architecte, en le rendant accessible et en faisant tomber les masques d’une pression socioprofessionnelle autour de la profession.

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Organisation

. Mode d’exercice :

L’atelier Raymond Brun est une société commerciale d’architecture à responsabilité limitée (SARL). Pendant longtemps Raymond Brun a pratiqué en libéral indépendant, et ce n’est que depuis 9 ans qu’il a transformé l’entreprise en SARL. Cette forme juridique est la plus courante étant donné qu’il n’y a pas de montant minimal de capital social. La principale condition reposant sur la détention de plus de la moitié du capital social par des architectes. La forme juridique est une dimension quelque peu inconnue pour moi. Le choix de pratiquer en libéral ou en société relève de préoccupations juridiques et fiscales en matière d’imposition sur la société ou sur le revenu. Les différents statuts possibles SA, SARL, SAS, SCOP, EURL représentent une solution à la création d’une société. Mais l’élaboration est un peu plus complexe qu’en libérale indépendant, « mais c’est le prix à payer pour la sécurité juridique.»1

. Gestion des compétences dans le bureau :

1

Léonard Hamburger, Maîtrise d’oeuvre bâtiment, guide pratique, technique et juridique, édition Eyrolles, 2012, p.14

L’organisation du bureau découle de la reprise d’un cabinet d’architecte. Une nomination qui renvoie à une époque où l’organisation dans les bureaux d’architecte s’effectuait autour d’un architecte praticien. L’ensemble des salariés s’organisait selon la collaboration en fonction des phases du projet d’architecture. De cette manière, un cabinet d’architecte s’organise autour d’un architecte gérant de la structure supervisant un ou plusieurs architectes collaborateurs, un(e) assistant(e) de secrétariat, un(e) comptable, un(e) ou plusieurs dessinateur/projeteur, un(e) métreur-économiste, un(e) coordinateur de travaux. De manière courante aujourd’hui, cette organisation a évoluée au grès des outils informatiques, faisant disparaître les tables à dessins et certains métiers (assistant d’architectes, dessinateur, métreur). Ceci permet et nécessite aussi, une plus grande polyvalence du personnel dans les structures. L’instabilité des marchés et la conjoncture économique justifient l’évolution des cabinets d’architecture en ”agence”, amenant dans une certaine mesure un fonctionnement mouvant au sein des structures. La nomination a évoluée laissant place au terme d’atelier ou plus généralement d’agence d’architecture. Expériences

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La différence de génération explique en partie ce changement d’organisation, et la jeune génération dans laquelle j’entre, intègre cette notion d’agence. L’atelier Raymond Brun pratique encore cette organisation traditionnelle structurée selon les tâches et phases du projet. Néanmoins, après le départ de la dessinatrice et de la secrétaire, Raymond Brun a fait évoluer l’organisation en recrutant Charlotte Habozit-Stefani en février 2013, et moi-même à mitemps d’Octobre 2013 à Mars 2014, et depuis Octobre 2014 jusqu’à aujourd’hui. La fonction de dessinateur se retrouve alors redistribuée au sein du bureau de dessin entre Pascal Mugnier, Charlotte Habozit-Stefani, Raymond Brun selon son emploi du temps et moi-même en tant qu’aide ponctuelle. Le suivi de projet post APD est réparti entre Raymond Brun et Eric Peyret. Ce choix répond à une orientation stratégique garante d’une certaine linéarité (synonyme aussi de stabilité) dans la production architecturale. Le dirigeant Raymond Brun reste présent dans cette production, en se positionnant en tant qu’architecte chef d’orchestre. Pascal Mugnier en tant que chef de projet, seconde Raymond Brun sur les questions de conception. Un rôle qui est un indispensable au bon fonctionnement de l’atelier. Il supervise et conçoit conjointement avec Raymond Brun, l’essentiel des projets du bureau. Il porte malgré lui la responsabilité de la conception au sein du bureau de dessin. Ceci nécessite une méthodologie de travail en interaction avec les intentions architecturale de Raymond Brun. Une bonne maîtrise informatique et son expérience de plus de dix ans permettent à Pascal Mugnier d’agir avec efficacité sur l’ensemble des temps de conception et de dessin. Son champs d’action s’arrête en phase de consultation, moment où le relais est passé à Eric Peyret pour l’économie du projet et le lancement de consultations entreprises. Durant cette phase, Raymond Brun et les autres professionnels du projet soulèvent et définissent précisément les questions techniques et économiques. Les reprises des plans et le dessin technique reste néanmoins toujours entre les mains de Pascal Mugnier. Les compétences d’Eric Peyret reposent principalement sur le suivi de chantier et aussi sur le volet économique des projets en prenant le relais sur les projets en phases DCE. Fort de son expérience depuis 15 ans aux côtés de Raymond Brun, Eric Peyret a été formé au sein de l’atelier Brun. Une expérience qui lui a permis de créer ses propres outils méthodologiques en matière de gestion de chantier. - 32 -

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Une bonne maîtrise des connaissances techniques et la gestion du relationnel avec les entreprises permettent à Eric Peyret une grande autonomie dans son travail. Une autonomie qui perdure sur une confiance laissée par Raymond Brun sur l’exécution des projets. L’investissement en matière de gestion administrative, de contacts, de coordination entre les différents acteurs du chantier et ce avec tous les aléas du chantier suppose une réactivité rapide en matière de prise de décisions. La communication reste donc précieuse entre Raymond Brun et Eric Peyret. Un point qui reste délicat dans sa gestion étant donné l’emploi du temps chargé des deux, mais aussi la fonction de chacun dans ce temps d’exécution. L’approche et la manière d’aborder l’exécution ne sont pas les mêmes. Cela relève de la personnalité de chacun et suppose aussi des temps de désaccords qui laissent alors place à une gestion humaine des rapports professionnels dans l’atelier. Si l’un se représente dans une posture d’exécution simple d’un projet qu’il a imaginé et conçu, l’autre l’aborde avec le besoin d’une certaine reconnaissance professionnelle dans son approche et sa manière de travailler ce temps d’exécution qui lui est rattaché.

En matière de gestion humaine, Charlotte Habozit-Stefani représente la personne référente dans le suivi administratif de toutes les affaires. Son rôle d’assistance de direction au près de Raymond Brun repose sur la gestion administrative et planning de chaque projet. Son assistance dans le bureau de dessin auprès de Pascal Mugnier représente une aide précieuse selon la charge de travail sur les phases en amont du DCE. Son assistance sur le suivi comptable des projets au près d’Eric Peyret et de Raymond Brun permet un accompagnement au regard du temps nécessaire dans le suivi des situations des marchés et leur bonne tenue dans les dossiers ressources du bureau.

Toutefois, cette polyvalence dans toutes les phases amène une certaine confusion dans les rôles et fonctions que Charlotte Habozit-Stefani porte dans le bureau. La surcharge de tâches auxquelles elle est missionnée oblige le sacrifice de temps sur d’autres qui restent alors en attente. La communication représente le seul relais pour cette gestion multi-tâches tributaire d’une priorisation selon son avancement au cas par cas. La visibilité de ses différents temps reste peu perceptible, et amène à l’interrogation quant à la manière de travailler avec elle. Néanmoins, forte de plusieurs formations et d’expériences dans la gestion administrative et en gestion de ressources humaines, elle endosse le rôle d’électron libre dans le bureau et tempère de diverses manières les difficultés de chacun.

Expériences

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. Communication en interne :

Les échanges au sein de l’atelier se font quand chacun en ressent l’utilité, en improvisant un moment selon les disponibilités des concernés. Il n’y a pas de réunions régulières permettant de faire un point hebdomadaire par projets. Ceci va dans le sens d’une philosophie de travail d’entretenir des rapports simples en toutes situations. La taille limitée le permettant, cette organisation reste néanmoins tributaire d’une transmission régulière d’informations. Les temps de concertation commun à l’instant T, peut parfois perturber la gestion du temps de travail de chacun. Ce mode de communication repose sur une responsabilisation de tous et sur un respect mutuel qui reste implicite. Raymond Brun travaille de près ou de loin sur tous les projets. Cela représente une véritable gymnastique intellectuelle au quotidien, révélant d’une grande capacité à maîtriser l’état d’avancement de tous les projets. Néanmoins, c’est aussi un point délicat quand il n’est pas au bureau, étant donné qu’il reste la personne la plus prise de l’atelier. C’est alors la dimension humaine et la capacité de l’équipe qui reste au bureau qui prend le relais. Un constat qui montre l’importance des compétences du personnel dans une structure composée de plusieurs salariés. La communication interne repose sur des compétences professionnelles et personnelles qu’il est délicat mais important de traiter dans une structure. Si le poste de chacun reste clair sur les contrats de travail, les réalités quotidiennes diffèrent et reposent sur des temps repères, permettant de faire le point sur les missions longues ou courtes de chacun. La logique de communication reste relativement contemporaine dans le monde du travail. Son application dans l’atelier Raymond Brun m’a permis d’observer une manière de communiquer simple, mais peut être trop tributaire de la personnalité de chacun. Les repères sont nécessaires et les temps d’échanges sont précieux pour ne pas laisser place à des confusions de tout ordre. Au regard de cette expérience mais aussi des précédentes, je reste persuadée qu’une bonne communication repose sur des temps de dialogues pour que la compréhension de la stratégie de la structure soit cohérente et maîtrisée par tous. L’ambiance générée par une bonne ou mauvaise communication interne représente beaucoup dans l’accomplissement du travail puisqu’elle influe sur un gros paramètre, la motivation. Il ne s’agit pas non plus de faire de la communication un enjeux majeur. Un extrême où toutes les réunions cloisonnant les différents sujets de discussion, donnant un temps à chaque type de communication peuvent rendre inefficace les échanges et perturbaient l’avancement des projets. Il y a un juste milieu à trouver qui je le conçois, n’est pas évident à trouver.

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Gestion du planning La gestion des plannings se fait par Raymond Brun. Il échange individuellement sur l’avancement des opérations. Un tableau où sont écris les dates clefs de projet permet de rendre compte à tous de la disponibilité de travail des uns et des autres. Raymond Brun décide seul ou après concertation avec Charlotte Habozit-Stefani des orientations de planning sur des gestions nécessitant plus d’anticipation. La priorisation des tâches est alors exprimée plus ou moins formellement le matin au moment de la pause café, toujours dans l’idée d’une simplicité relationnelle. Une manière de faire qui fonctionne depuis plus d’une dizaine d’année dans l’atelier Raymond Brun, et qui dans ce sens se respecte, mais qui peut parfois trouver ses limites. La gestion du planning reste indispensable dans l’organisation d’une agence. La manière de pratiquer sa mise à jour peut se faire de différentes manières. Un point hebdomadaire transmit à chacun permet une vision plus globale des projets et du rôle de chacun sur la semaine à venir. De manière courante, il s’agit souvent du lundi matin. Ce principe permet également d’anticiper les dates clés et d’échanger sur leurs horizons à court ou plus long terme. Une manière de clarifier le travail de chacun pour ne pas laisser place à des confusions. Ce temps permet alors de synthétiser les avancements des projets ; les équipes de travail à former appelant alors la responsabilité de ces derniers pour s’organiser entre eux ; la place également des tâches ponctuelles représentant parfois un temps cumulé non négligeable ; mais aussi les jours d’absence de chacun afin d’anticiper si besoin. En terme d’outils, un tableau Excel ou autre permet un support de discussion et de synthèse. Il peut se compléter pendant la réunion ou se préparer à l’avance pour une personne en charge de son suivi.

Expériences

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Gestion des ressources

. Documents papiers/numériques :

. Des projets : Chaque projet est gérer par un classement papier et informatique. Le complément des deux s’articulant autour des traces écrites de l’avancement des projets. Chaque projet dispose d’un dossier papier dans une chemise et s’organise selon un code couleurs selon les phases de projets et les éléments la composant : documents graphiques produits par l’atelier mais aussi les autres bureaux d’études, les pièces contractuelles, les notes écrites et documents graphiques tel que les brouillons d’esquisses. Cette logique papier se retrouve dans l’arborescence informatique sur le serveur. Régulièrement dans le mois selon les avancements des opérations, Raymond Brun et Charlotte HabozitStefani effectue un archivage informatique et papier des dossiers. Des CD gravés doublent la sauvegarde informatique sur le serveur et le disque secondaire de sauvegarde, et le stockage dans une salle d’archivage attenante aux locaux permet de désencombrer les étagères du bureau. Dans cet espace d’archivage, le temps de stockage repose sur la durée de la garantie décennale, ce qui suppose d’avoir un espace de stockage assez conséquent pour conserver dix ans de dossiers. Une fois par an, la salle est évacuée avec Raymond Brun qui conserve ou évacue les dossiers selon leur sensibilité juridique pour destruction. . Des données administratives : Conjointement à l’archivage des données par affaires, un archivage papier et informatique est bien évidemment réalisé des données administratives et comptables de l’atelier par Charlotte Habozit-Stefani et Raymond Brun. Ces données sont classées dans l’arborescence générale sur le serveur où l’administratif et la comptabilité sont organisés par dossier. Une version papier des documents administratifs est rangée dans des classeurs archivant ainsi les bulletins de paie, les certificats de paiements, les factures et honoraires, et les documents relatifs aux assurances et autres pièces relevant de la responsabilité légale de l’atelier.

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La gestion des ressources de l’atelier Raymond Brun est éprouvée au regard des deux générations qui ont précédées Raymond Brun. Aussi, l’optimisation des données sauvegardées est gérée de manière à ne pas prendre trop de temps. La gestion des données est primordiale, selon article 1792-4-1 du code civil, « La responsabilité décennale commence à compter de la réception des travaux et prend fin au terme des dix ans qui suivent cette réception »1 . L’enjeu de cette gestion repose sur l’adéquation entre efficacité organisationnelle des dossiers et du temps consacré. 1

. De la documentation : La documentation recueillie au fil du temps est stockée sur une large étagère dans le bureau d’Eric Peyret. Aussi, tous peuvent consulter les échantillons et documentations selon les phases de projet. Une bibliothèque graphique sommaire est constituée en version numérique, et quelques revues sont disponibles dans l’espace d’accueil de l’entrée du bureau. La documentation relative aux questions réglementaires est concentrée dans le bureau de dessin. Cette dernière est très régulièrement consultée par tous et évolue au fil des modifications législatives. La place de la documentation ne représente pas de grande attention dans sa conservation. Au grès des projets, le choix des matériaux et de la polychromie se fait par habitude en fonction du recul des réalisations. De même que la place des documentations périodiques telles que les revues où ouvrages relatifs à des thématiques ne sont pas présentes dans le bureau. Une situation qui est due à l’expérience de Raymond Brun et sa connaissance technique des matériaux.

www.legifrance.gouv.fr.

Ce constat peut représenter cependant un manque dans l’espace d’un atelier d’architecture. La veille

littéraire et documentaire reste importante à toutes les phases en vue de construire de manière innovante et évolutive selon les avancées techniques. Les revues périodiques ou ouvrages à thématiques participent à stimuler la créativité et conduit à expérimenter des manières de construire. Les références architecturales s’exploitent à travers leurs cultures graphiques et techniques, générant alors l’inspiration. Cet aspect nourrit la culture architecturale tant des architectes praticiens que des maîtres d’ouvrages tributaires aussi des choix de ces derniers. Ce principe s’inscrit dans les textes régissant le métier d’architecte : « L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public ». Loi sur l’architecture du 3 janvier 1977 abordant pour la première fois dans les textes législatif la question de la qualité architecturale.

Expériences

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. Les relations avec les collaborateurs extérieurs :

L’architecture est le résultat d’un travail d’équipe, ce qui suppose un acte collectif où la dimension relationnelle a toute son importance. Dans ce sens, des bureaux d’études sont devenus au fil des projets, des collaborateurs réguliers de l’Atelier Raymond Brun, formant une équipe pluridisciplinaire dans la réponse à des nombreuses candidatures. Le bureau d’études fluides de Philippe Brun (IBI BRUN Philippe) est particulièrement proche étant donné les liens de parentés entre les deux responsables. Les relations familiales entretenues depuis plusieurs générations chez les Bruns, permet la création d’une ambiance conviviale avec l’organisation régulière d’évènements (restaurants, randonnées, sorties ski, voyage). Cette complicité a également permis d’intégrer une autre architecte praticienne (Odile BAIMA) et un bureau d’étude structure (KEOPS). Ce relationnel facilite l’échange au quotidien sur diverses questions, et participe à établir un respect mutuel des connaissances et compétences de chacun en contribuant à la construction d’habitudes de travail. Cette promiscuité n’exclut pas que d’autres acteurs extérieurs qui sont devenus au gré des opérations, de proches collaborateurs avec qui se sont développé un rapport de confiance et la reconnaissance du professionnalisme de chacun. Le temps d’exécution représente une phase de transmission autour de laquelle l’architecte et l’entrepreneur travaillent avec compréhension mutuelle et échange de savoirs et savoir-faire. Raymond Brun aborde cette relation avec les entrepreneurs par un grand respect pour l’accomplissement de ses projets d’architecture.

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ExpĂŠriences

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La production

L’activité de l’Atelier Raymond Brun se compose autour des différentes phases du projet d’architecture. Comme bon nombre d’agence d’architecture la production se matérialise par des documents graphiques (plans, coupes, élévations, maquette 3D, perspectives), mais aussi par des pièces écrites accompagnant les modalités administratives relatives à un projet de construction. De l’étude à la réalisation, les étapes sont préétablies et s’inscrivent dans la logique d’un processus de réflexion et de construction. Selon le type de commande, des textes régissent les différentes phases du projet d’architecture au regard des échanges entre maître d’œuvre et maître d’ouvrage : le code des marchés publics et la loi MOP pour les commandes publiques et le code civil pour les commandes privées. 1

www.architectes.org rubrique ”exercer la profession”

Ces dernières n’étant pas réglementées, leur législation relève du droit privé où l’architecte, maître d’œuvre se doit d’être lié par la signature d’un contrat à son maître d’ouvrage1. Dans la production de l’Atelier Brun ces temps de projets se concrétisent uniquement par l’outil informatique. De manière traditionnelle, les idées et principes émergent à la main, et sont rapidement retranscris à l’ordinateur. De même pour la représentation volumétrique du projet, l’outil de la maquette 3D est constitué conjointement au dessin 2D, ce dès la première esquisse. Une manière efficace de communiquer avec le maître d’ouvrage pour en extraire des perspectives ou autre support d’échange.

A l’aube du BIM (Building Information Modeling), cette manière de travailler permet une plus grande réactivité, plus d’efficacité et un moyen d’échanger des données avec les BET. La communication passant de plus en plus par les outils informatiques, cela s’inscrit dans la suite logique de notre époque du tout informatique et de la virtualisation de nos modes de communication. Mais il est important d’exploiter et de maîtriser l’emploi des représentations informatiques en prenant la mesure de l’information à traiter. Le fait d’aborder les premiers temps de l’esquisse par la maquette 3D peut conduire le maître d’ouvrage et par conséquent l’architecte, à se questionner sur des points qui se traiteraient de manière plus cohérente avec la définition étape par étape des enjeux du projet. La maquette d’étude en carton est encore à mon sens un outil pertinent et très efficace pour sensibiliser sur les justes mesures l’attention du maître d’ouvrage. Cet outil est également toujours nécessaire dans le temps de conception architecturale.

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Le programme

- Prise de connaissance du maître d’ouvrage

. Expression des attentes du mou où l’archi l’aide à préciser ses besoins et à définir son programme . Prise de connaissance et explication si besoin d’expertise complémentaire relative au terrain . Présentation des étapes, des honoraires et de ses échéanciers en accord avec le client . Mise en accord d’un principe d’esquisse synthétisant la demande et signature du contrat

La conception

- Etude d’esquisse – ESQ

. Présentation des résultats de la première étude de faisabilité du projet – 1ère esquisse et 1ère estimation

- Etude d’avant projet – AVP Esquisse validée poursuite des études d’avant-projet

Description succincte des phases du projet d’architecture

. Avant-projet sommaire – APS Description plus précise du projet et de ses options, du calendrier et de la répartition des coûts . Avant projet définitif – APD Dernière mise au point sur choix des matériaux pour faire l’étude thermique en conformité avec le RT 2012 et finalisation des caractéristiques techniques et financière du projet

- Dossier de demande de Permis de Construire . Constitution, dépôt et suivi durant l’instruction du dossier de PC

- Etude de projet – PRO

. Réalisation des plans détaillés (plans, coupes, façades, perspectives et solutions techniques avec les BET

- Etudes et plans d’exécution – EXE

. Dossier de consultation des entreprises – DCE Préparation des caractéristiques techniques et administratives pour réalisation des devis entreprises . Plans d’exécution Prolongement du DCE, Détail de la réalisation technique des travaux aux échelles appropriées

La réalisation

- Assistance aux contrats de travaux – ACT

. Consultation et analyse des offres pour assistance dans les choix du MOU + préparation des marchés de chaque entreprises puis VISA

- Le chantier . Direction de l’exécution des travaux – DET Préparation de la mise en œuvre du chantier . La gestion du chantier S’assurer de la bonne exécution des travaux selon les phases ( terrassement VRD, GO, Second œuvre) suivi des réunions de chantier, rédaction et diffusion des CR – supervision des paiements selon avancement des travaux par entreprises . Ordonnancement, coordination et pilotage – OPC Veiller à la planification et à l’enchainement des différentes interventions pour une « imbrication optimale des entreprises »

- La réception . Assistance aux opérations de réception – AOR Contrôle de l’ensemble des travaux, clôture les dossiers des ouvrages réalisés, confirme la conformité des ouvrages au MOU, puis mise en accord avec le MOU pour la réception finale de la construction et de la passation complète de cette dernière au MOU.

Les garanties post-exécution

Au préalable de la réception, l’architecte doit également suivre les réserves émises durant la réception. Ces dernières doivent être levées sous quinze jours suivant la date de réception. Au delà les ouvrages non réalisés et défectueux entrent dans la garantie de parfaite achèvement de 1 an, puis la biennale et la décennale.

Expériences

- 41 -


Identité graphique

Nouveau logo de l’Atelier Raymond Brun reprit en 2014

Récemment le logo de l’Atelier a été réactualisé. Une petite nouveauté dans le champ graphique du bureau. C’est un volet qui n’est pas exploité par Raymond Brun. Les questions de charte graphique, ou d’identité visuelle ne sont pas abordées dans l’activité de l’atelier. Une carte de vœux est faite tous les ans par Raymond ou son assistante, mais sans réel engouement et ni relation graphique avec le logo ou autre événement marquant de l’année pour l’atelier. Le volet graphique est dans l’air du temps depuis quelques décennies, et bien que ce soit de plus en plus présent dans notre quotidien, cette question s’inscrit elle aussi dans la philosophie de Raymond Brun à ne pas faire d’artifices. Néanmoins un site Internet subsiste, et le projet de le refaire commence à devenir une préoccupation. Certains chalets et opérations sont publiés, en faisant référence à l’Atelier d’architecture Raymond Brun. La mise à jour de ce dernier pourrait donc se révéler nécessaire. Cette visibilité via Internet pose alors des questions quant à l’importance de la charte graphique. Quels sont les enjeux d’une communication graphique par Internet, en vue de quels objectifs : Faire peau neuve ? Profiter d’un élan d’activité sur de nouveaux marchés pour redéfinir l’image de l’Atelier Raymond Brun ? Mais assumer plus quelle image, celle depuis 15 ans ou une nouvelle ? Plus qu’une image, le graphisme est devenu une véritable signature. Il accompagne l’architecte d’aujourd’hui et de demain dans l’accessibilité de leur pratique. Ce moyen de communiquer repose sur une appréciation visuelle et doit contribuer à diffuser un message implicite sur la structure. Un outil de plus en plus exploité sous toutes ses formes, et qui se maîtrise selon les affinités de chaque responsable d’agence d’architecture. Plusieurs discours corroborent l’avènement de la charte graphique en fonction plus ou moins des générations et des personnalités. Il y a alors deux extrêmes, ceux qui en font une priorité dans leur quotidien, et ceux dont ce n’est pas leur préoccupation restant encore abstrait et peu accessible. - 42 -

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De manière générale, l’identité graphique repose sur un logo, un site internet et une charte graphique sur les documents papiers (book/porte folio, cartouche de mise en page, en-tête et pied de page des courriers…). D’autres supports de communication papillonnent autour de cet axe commun tel que les dépliants dressés à la manière d’une brochure, les carnets de références en multiples formats, les blocs notes façon post-it... Le principe d’une image graphique est une vaste question qui amène à interroger les fondements de la structure et les marchés qu’elle souhaite cibler. Autant de questionnements qui nécessitent l’aide de professionnels, et qui demande également une rigueur dans son suivi au quotidien dans les échanges avec l’extérieur. En terme de moyens, l’identité graphique représente du temps et donc de l’argent, ce qui revient à s’interroger sur l’apport de cette dernière pour l’activité. L’image étant de plus en plus présente, c’est un volet qu’il ne faut pas négliger et autour duquel il faut composer en accord avec ses valeurs éthiques.

Expériences

Site Internet actuellement en ligne, www.cabinet-brun.com

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Les marchés ciblés

Le choix des marchés ciblés repose sur différents paramètres. Selon si l’on souhaite exercer sur un rayonnement proche ou plus étendu, les enjeux financiers, le temps de transports et l’accessibilité des données sont à hiérarchiser avec des volontés et ambitions architecturales. La nature de la commande privée ou publique, mais aussi la typologie (habitation individuelle ou collectif, équipements) doivent permettre de s’inscrire dans une logique de cohérence ou tout au moins répondre à une stratégie. Si à ces débuts, Raymond Brun n’était orienté que sur des marchés de maisons individuelles type chalets montagnards, ce marché est aujourd’hui beaucoup moins ciblé par ce dernier. Il traite encore quelques projets de ce type, mais de manière très sélective. Depuis son retour sur Chambéry en 2000, ce sont les concours sur le bassin chambérien qui sont essentiellement ciblés. La proximité géographique est ici privilégiée par soucis de capitalisation des moyens et des informations plus facilement accessible, mais également par soucis de rentabilité. L’atelier est plus orienté sur le logement et varie ses réponses entre du logement social et du logement de promotion immobilière, mais seulement avec les petits investisseurs locaux. Les grands groupes de promotion ne font pas partis des marchés ciblés. Ils ne s’inscrivent pas dans un objectif stimulant au regard de la dépossession de la qualité architecturale, plus tributaire des grands rouages financiers dans ce genre d’opération. La taille ciblée s’étend de 10 à 50 logements allant du lotissement à l’habitat collectif peu dense souvent mixé à de l’intermédiaire. Le logement social est de plus en plus convoités, les bailleurs sociaux étant plus stable dans l’orientation générale des projets, la régularité de ces derniers est garant d’une stabilité sur ces opérations. Les projets majoritairement visés restent sur des aménagements neufs (type projet de ZAC) en extension de communes périurbaines autour de Chambéry. La conception et la réalisation de logements sociaux nécessitent une expérience. L’atelier Raymond Brun est pour cette raison, largement reconnu par les bailleurs sociaux chambériens. Ces derniers sont de plus en plus demandeurs d’innovations avec toutefois la conservation d’une architecture locale. Ce qui reste stimulant sur les questions d’habitat et de qualité architecturale des parcs immobiliers sociaux. Les notions d’usages et de cohabitation sont interrogées à travers des enjeux de durabilité, et permettent ainsi d’imaginer de nouvelle manière d’habiter les espaces bâtis. - 44 -

Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


Le choix de répondre de manière sélective aux sollicitations pour des opérations de maisons individuelles s’accorde avec des choix stratégiques pour la suite. Raymond Brun ne cible plus ces marchés au regard de la perte de temps et d’argent que ceux-ci peuvent engendrer. Les aléas des particuliers, la gestion d’un budget restreint où la négociation est toujours présente ; l’accompagnement qu’il faut effectuer auprès de ces derniers quand il s’agit du projet de leur vie ; peuvent représenter autant de contraintes qui ne séduisent plus forcément au fil du temps. L’intérêt réside dans la manière d’aborder ce type de marché et la méthodologie de travail propre aux opérations de maisons individuelles. L’expérimentation sur des projets de grand budget où la qualité architecturale est recherchée sur un grand ouvrage représente toujours un attrait plus stimulant sur ce genre de marché pour l’Atelier Brun.

Les perspectives futures de l’atelier Les horizons restent encore tributaires de la stabilité économique de l’Atelier comme bon nombre de structure. Raymond Brun et Eric Peyret s’approchent d’ici 5 ans de la fin de leur carrière professionnelle. Les suites ne sont pas encore abordées. Toutefois d’ici cette échéance, les candidatures sont toujours courantes, et des essais vers des marchés de plus grosses envergures en milieu urbain sont testés. Sans avoir spécifiquement échanger sur ce sujet, l’atelier continue à avancer en engageant actuellement certains changements : . Les locaux sont actuellement en cours de réfection, . Le site Internet va certainement être transformé . L’organisation des espaces de travail est modifiée avec une nouvelle la salle de réunion. De légères transformations qui paraissent minimes, mais qui représente un nouvel élan dans l’activité du bureau. Ceci fait implicitement suite au recrutement de Charlotte Habozit-Stefani il y a plus de deux ans et à sa formation sur le logiciel de dessin. Après le départ de la dessinatrice et de la secrétaire. L’embauche d’une nouvelle personne n’est donc pas envisagée, mais cette question n’est pas complétement exclu selon concernant une aide ponctuelle (type mi-temps) dans le bureau de dessin. Expériences

- 45 -


3/

Des projets pour expériences :

A mon arrivée pour commencer ma MSP, chaque projet de l’atelier me fut présenté. Sur cet ensemble, je fus missionné sur certains d’entre eux de façon à varier les phases de projet sur la durée de ma MSP. De cette manière la gestion de mon temps de travail m’était confiée en fonction des rythmes de ces derniers. D’autres missions plus ponctuelles ont alors gravitées autour de ces projets, de façon à me transmettre le plus possible les réalités de la profession d’architecte. L’objectif que je m’étais fixé consistait à positionner chaque temps de projet dans l’échange avec les différents acteurs (maîtres d’ouvrages, entreprise, BET, collectivités…) puisque ceci reste moteur pour moi.

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Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


Conception :

« Ce n’est définitivement pas l’architecte qui dessine seul l’architecture mais un grand nombre d’intervenants, d’autorités, de conflits, d’ambiguïtés, d’inavoués, d’ataviques, de conditionnements, de fatalités techniques, de modèles culturels, etc. »1

Expériences

1

Simone & Lucien Kroll, Tout est paysage, édition Sens & Tonka, 2001, p.47

- 47 -


Projet Beau Regard, Bassens (73) Située sur les hauteurs de la commune de Bassens en Savoie, cette opération immobilière aux portes de Chambéry profite d’une situation géographique privilégiée. Orienté sur le massif de Belledonne et le Granier du massif de la Chartreuse, ce terrain en pente bénéficie d’une belle vue dégagée sur le Sud-Est du bassin chambérien. Réglementairement, la construction sur ce site d’environ 15 000 m2 répond à une dynamique et une volonté locale de densification, permise par le plan de zonage du PLU. Dans le cadre de cette commande privée, le promoteur immobilier dispose d’une équipe de bureaux d’études en charge de la construction, avec laquelle il réalise l’ensemble de ces ouvrages. La mission d’étude de l’Atelier Raymond Brun est alors une mission partielle pour la construction d’environ quarante logements collectifs. Cette mission comprenait les phases d’esquisse, d’avant projet définitif, de dessins des plans PRO, et des documents graphiques d’exécution. Les missions partielles sont courantes dans le milieu de la promotion immobilière. Les promoteurs s’associant souvent à des entreprises générales locales ou de plus grandes envergures. L’attention que doit avoir l’architecte signataire de la conception des ouvrages repose sur la qualité et la précision des pièces graphiques et également sur le descriptif des notices accompagnant la définition du projet (notice de vente, notice de location permettant la description des biens sur le marché de l’immobilier). En les validant avec le maître d’ouvrage, les ambiguïtés pouvant émerger en phase d’exécution sont amoindries, et l’architecte s’assure de la cohérence entre sa conception et les réalisations à venir. Cette opération est composée de quarante logements, répartis en quatre bâtiments (A, B, C, D) orientés selon les échappées visuelles sur le terrain. Soumis au code de l’urbanisme, le secteur de cette opération est contraint à hauteur de 10% minimum, à la construction de logements sociaux. Dans ce sens, douze logements, soit un bâtiment seront revendus à l’OPAC de Savoie après réalisation.

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Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


Cette configuration est courante dans les opérations de l’Atelier Raymond Brun. Aussi la consultation des chargés de projet de l’OPAC s’est faite dès la phase APD dans le but de permettre à l’OPAC une gestion anticipée sur ces logements, garant d’une homogénéité sur son parc immobilier. Pour l’Atelier Raymond Brun, il s’agit de leur premier projet réalisé avec ce promoteur local. Principalement actif sur le bassin chambérien et sur la ville d’Aix-les-Bains, Armanet Promotion se positionne sur le marché de la construction immobilière avec des biens de bon, voire de haut standing. L’Atelier Raymond Brun étant largement expérimenté et orienté sur la conception de logements, ce premier projet avec ce promoteur permet d’accéder à d’autres commandes du même ordre sur la ville d’Aix-les-Bains. Une approche de marché qui reste tributaire de la stabilité du promoteur mais qui permet également à l’Atelier Brun d’expérimenter le champ de la conception haut de gamme de l’habitat collectif en milieu péri-urbain et urbain.

Expériences

- 49 -


A mon arrivée, ce projet était en finalisation dans la phase d’esquisse, et trois bâtiments (A,B et C) étaient conçus et validés en vue de dépôt de permis de construire. Mais l’achat du parcellaire attenant à cette première tranche permit l’agrandissement de l’opération avec l’ajout de dix logements et d’une maison individuelle. Ce deuxième temps de conception me fut très intéressant dans ma découverte du métier d’architecte avec un promoteur. Comme expliqué précédemment, Raymond Brun ne recherche pas à travailler avec les grands groupes de promotion immobilière. L’aspect relationnel est plus simple et moins contraint par les subtilités financières sur des petites opérations de promotions immobilières. A mon arrivée, Raymond Brun me permit de travailler sur une demande toute fraîche d’esquisse, pour tester la potentialité de construction sur le nouveau parcellaire acquis par le promoteur. La déclivité sur cette partie du terrain est plus soutenue, ce qui ne permettait pas à ce dernier de se rendre compte des potentialités de construction. Par soucis de temps, on m’explique qu’il fallait respecter au plus près l’orientation architecturale des premiers bâtiments déjà validés pour cette opération. En prenant alors appuis sur ces inspirations et surtout en travaillant avec les dessins des courbes de niveau et le grand potentiel paysager qu’offre le site, je me permis d’orienter le principe d’esquisse sur l’idée de gradins permettant la configuration de logements mono-orientés sur le grand paysage sud – ouest, et ainsi casser la compacité verticale des blocs de la première tranche en ensemble linéaire intégré dans la pente. Au fil de ce travail de conception, Raymond Brun m’accompagna, et nous engagea dans la présentation d’une esquisse que le promoteur n’avait pas envisagée. Ce dernier qui n’imaginait pas tirer un grand profit de cette partie du terrain, fut conquis, et nous donna carte blanche pour concevoir des logements de haut standing avec des beaux espaces intérieurs et extérieurs largement ouvert sur le grand panorama paysager.

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Limite

de parcelle

Limite de

Limite

353.72

Limite

de

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de

Coupe Maison

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de parcelle

Plan masse de l’ensemble de l’opération Limite

Limite

de

e parcell

12

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3 garages doubles (6 emplacements)

6.79

8 OM

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Local vélos

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D

16.41

359.15

4 garages et 4 places couvertes extérieures

E= ACROTER

Future

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de

8.66

parcelle

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de

353.61

3 garages et 3 places couvertes extérieures

BATIMENT D 10 LOGEMENTS

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D

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de

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16.41

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Future

limite

de

parcelle

Limite

de parcelle

356.74

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existant à dévoyer

8.20

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de

zone

au

PLU

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la zone

UC

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zone

Limite de parcelle

Bâtiment A Limite

N pu

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Limite de parcelle

357.32

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de

parcelle

10 places extérieures

Future

BATIMENT A 12 LOGEMENTS

Coupe A

Coupe A

Limite de zone

au PLU entre

et la zone N pu

Future limite de parcelle

la zone UC h10

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22 places extérieures

ROUTE

DE

Future limite de parcelle

SAINT-SATURNIN

Limite de parcelle

20 garages et 1 local vélos

11 garages et 1 local vélos

Future limite de parcelle

Partie de la parcelle AE 121 détachée et rattachée à la parcelle AE145

PARCELLE Section AE n°145

357.85

Réseau

EP

existant

à dévoyer

entre la zone UC h10

et la zone N pu

BATIMENT C 11 LOGEMENTS

Limite de zone au PLU

Coupe BC

Coupe BC

BATIMENT B 12 LOGEMENTS

Limite de parcelle

357.85

Future limite de parcelle

365.70

Limite de parcelle

354.54

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Réseau

EP

existant

à dévoyer

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Limite de

parcelle

356.94

de parcelle

Limite

Pente de 90%

Pente de 30%

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Coupe Maison

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ACROTERE = 358.60

- 51 -

parcelle

de

Limite

Expériences

Pente de 20%

Bâtiment C

Pente

lle

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7.00

Pente de 20%

Bâtiment D

5.45

Bâtiment B

5.06

5.44

PLAN DE MASSE Ech : 1/200

Haies à planter

Arbres à planter

LEGENDE

de parcelle

5.00

5.00

5.09

5.07

5.53

de 20%

de 20%

5.47

7.77


Cette première expérience avec le milieu de la promotion immobilière me surprit agréablement au regard des aprioris plutôt négatifs que j’avais sur ce type de collaboration. La logique et la pratique de ce promoteur en local expliquent en partie l’intérêt qu’a pu susciter ce travail d’esquisse. J’ai particulièrement apprécié les temps de discussion et surtout l’écoute entre promoteur et architecte. La prise de position

commune et le parti pris engagé reposaient beaucoup sur un rapport de confiance et la volonté partagée de faire ensemble quelque chose de nouveau. La collaboration entre architecte et promoteur repose sur une relation de confiance entre « deux acteurs majeur de la construction. »1 L’interaction dans cette relation influe sur la qualité et la réussite de l’ouvrage et de l’œuvre architecturale. Les logiques entre architectes et promoteurs divergent et ne répondent pas des mêmes règles : aux systèmes économiques pour la promotion et aux influences artistiques, techniques et sociales pour l’architecture. Connu communément par les particuliers à travers l’achat de bien sur plans (régit par la loi VEFA vente en état futur d’achèvement), la compréhension des impératifs de chacun doit être entendu et compris des deux protagonistes pour conduire à la satisfaction des acquéreurs pour le promoteur et des usagers pour l’architecte.

Au fil des avancements sur d’autres projets, je n’ai pu suivre qu’en décousu les phases de finalisation pour le dépôt de permis. C’est un permis valant en division parcellaire qui fut déposé pour cette opération. Une typologie de permis qui est propre au milieu de la promotion immobilière, ce dernier permettant aux futurs acquéreurs des lots formant des parcelles, de profiter de la pleine propriété du terrain et de l’édifice construit dessus. Lors du dessin des plans PRO, les aléas de gestions de temps de travail sur les différents projets ont amené à des changements de personnes selon l’avancement du planning. Une gestion qui n’est pas évidente et qui conduit à la dissociation du projet et de la personne qui a dessiné ses premiers principes. L’atelier Brun est tributaire des différentes phases d’avancement de ces opérations de taille modérées à petites. Ceci nécessite une certaine réactivité au fil des diverses réunions avec le promoteur. J’ai bien conscience de ce caractère imprévisible des commandes privées. Néanmoins, j’aurais apprécié

Selon l’intervention du 05/02/2015 à l’ENSAG de Pierre MOUTON, président d’Imterval, promoteur-constructeur

1

de pouvoir suivre les plans PRO et EXE de cette partie du projet (bâtiment D) pour mieux appréhender les interactions entre sa conception et ses détails techniques de réalisation. Ceci m’amène aussi à considérer avec recul la difficulté que j’ai eu à prendre pleine compréhension des bâtiments (de la première tranche d’esquisse bâtiments A,B, C) sur lesquels j’ai dû travailler les plans PRO et EXE. D’un point de vue personnel, j’ai quelque doutes quant à l’efficacité de travail pour l’avancement du projet. D’un autre regard, cette méthode permet de rendre compte avec un regard extérieur des oublis ou incohérences qui peuvent être développées en phase d’esquisse et émerger sur ces temps plus techniques. Cela relève ici de la définition du travail d’équipe qu’il est primordial de construire et mener dans une structure. Une notion qui peut alors trouver de multiples méthodes en fonctions des perceptions et attentes de gestionnaires d’agence d’architecture.

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Perspective 3D sur l’ensemble de l’opération

Perspective 3D sur le bâtiment de la 2nd tranche

Expériences

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Hameau les Calamants, Saint-Paul sur Yenne (73) Situé sur l’extrême ouest du département de la Savoie, l’aménagement du hameau des Calamants est au cœur du centre-bourg du petit village de Saint-Paul sur Yenne. En milieu rural, cette opération en deux tranches est un projet réalisé pour le promoteur privé Savoisienne Habitat. Un promoteur local qui construit sur l’ensemble du département savoyard. Savoisienne Habitat est un promoteur constructeur proposant des biens en accession et location social, et des biens en accession de bon standing. Le projet du hameau des Calamants s’inscrivait à son lancement dans une démarche d’aménagement et d’extension du centre bourg. Le projet reposait alors sur deux phases ; une phase de construction de onze maisons individuelles, caractérisé par un mixte entre du mitoyen et du pavillonnaire accompagné d’un bâtiment de petits collectifs avec quatre logements ; une deuxième phase qui devait être composée de deux petits collectifs avec au rez-de-chaussé sur l’un des deux, l’accueil d’un commerce de proximité et/ou un point relais dans les équipements publics, et de 8 lots de terrains à bâtir formant un lotissement pavillonnaire. La municipalité prévoyait quant à elle l’articulation des espaces privés non-clôturés avec des espaces publics requalifiés dans leurs configurations et fonctions (cheminements piétons, place, aire de jeux, abris bus). Suite aux élections municipales de Mars 2014, l’équipe municipale a changé d’orientation politique et par conséquent de programme local. Un aléa courant, qui bien que l’opération soit en promotion immobilière privée, est devenu perturbant pour les échanges entre le promoteur privé et la nouvelle municipalité. Sans entrer dans des contentieux officiaux, ce changement de position vis-à-vis de l’opération a conduit le promoteur à re-questionner son projet pour la seconde tranche, la première ayant débuté la construction en septembre 2014. Initialement, ce projet de tranche 2 devait être le projet « fil-rouge » de ma MSP. Mais au fil des mois, l’avancement de ce dernier était de plus en plus ponctué de mise en attente selon les décisions de la nouvelle municipalité pour modifier ce projet, laissant le temps à cette dernière de se mettre en marche. J’ai alors pu travailler à mon arrivée sur une phase PRO courant novembre, en vue de lancer les consultations des entreprises en début d’année 2015. La requalification du centre bourg par l’aménagement des espaces publics ne faisant plus parti de l’agenda politique de la nouvelle municipalité, le projet pris une autre direction quant à l’emprise et la configuration des RDC. - 54 -

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tél : 04 79 33 37 45

Le Hameau des Calamant "

Fax : 04 79 70 19 43

SAINT PAUL SUR YENNE

PLAN MASSE

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Limite de propriét

Lim ite

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Echelle : 1/500

é

Limite de propriét

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Expériences

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- 55 -

MARS 2015


Les mois qui ont suivis ont alors été rythmés de demandes ponctuelles sur des modifications partielles afin de repositionner et tester un nouveau programme sur cette partie de l’opération. J’ai ainsi participé à un deuxième temps de production de plans PRO, et travaillé sur différents plans de vente pour qu’ils testent leurs « produits » immobiliers au service commercial et salons de l’habitat. Au grès des demandes, l’exercice de conception faisait de plus en plus ressortir la question de la rentabilité au m2 en fonction des typologies de logements, des orientations, des m2 extérieurs, des options d’évolutivité dans le temps pour les logements sous toiture (combles aménageables ou non avec une option dalle ou un solivage à la réalisation). Une réalité économique qui influe sur le projet d’architecture et qui représente une grande difficulté dans ce milieu en tant qu’architecte pour être garant d’une architecture de qualité.

Rattaché à des enjeux de politique locale en milieu rural, j’ai perçu dans ce projet la dissociation des échelles dans les espaces habités répondant uniquement aux paramètres économiques. Alors qu’il partait sur des enjeux plus globaux de cadre de vie, la qualité du programme d’habitation dans ce centre bourg s’est vu amoindri et voire perdu dans les différents tests et montages internes au promoteur. En accompagnant Raymond Brun sur ce projet, j’ai pu apprécier les modes d’échanges avec les chargés d’opération de ce promoteur privé qui reste local mais plus conséquent que celui présenté précédemment. En ne traitant pas avec le directeur-promoteur de la structure, les rapports diffèrent bien évidemment sur la prise de décisions. Il s’agit plus d’une logique de marketing, où les enjeux économiques restaient très clairement perceptibles dans la moindre prise de décision. Le caractère subjectif des appréciations ressortait systématiquement, chacun des chargés d’opérations cherchant à marquer la relation entre client et architecte. La place de l’architecte reste bien sûre crédible mais la mise en doute est plus forte, donnant lieu à des temps d’argumentation plus soutenus pour faire entendre la logique du projet architectural. Dans ce rapport, la relation architecte-promoteur s’apparente davantage aux ” clichés” d’un rapport économique sur l’ouvrage, où la logique des profits l’emporte parfois sur la qualité du projet.

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Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


Rendu d’un perspectiviste pour le salon de l’habitat

Expériences

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Chef lieu de Drumettaz-Clarafond (73) Au Sud-Est de l’agglomération d’Aix-les-Bains, le chef-lieu de la commune de Drumettaz-Clarafond est au pied du premier contrefort du massif des Bauges, le Revard. Cette opération s’inscrit dans l’agenda politique de la nouvelle municipalité, ayant fait de ce projet, l’objectif de leur mandat électoral. Aussi un plan de composition urbaine découlant d’une étude urbaine représentait la trame de fond d’un plan masse découpé en 9 lots. En réponse à cet appel d’offre de l’OPAC de Savoie de juin 2014, l’Atelier Brun s’est associé avec une autre architecte Odile Baima pour la construction de quatre lots, représentant 22 logements locatifs et en accession sociale. La volonté d’avancer rapidement pour la commune fut très forte, par conséquent les temps d’esquisse et d’APD ont été menés en 6 mois. Le travail d’esquisse s’est fait en équipe de 4 : Odile Baima et son salarié, Raymond Brun et Pascal Mugnier. Ce projet s’est constitué au fil des réunions chez Odile Baima ou à l’Atelier Brun permettant de se mettre d’accord sur les différentes orientations architecturales des lots. Deux lots de huit maisons mitoyennes en locatif social étaient conçus et dessinés par Odile Baima et son salarié, et les deux autres lots de quatorze appartements en accession sociale étaient conçus et dessinés par Raymond Brun et Pascal Mugnier. Dans ce contrat de co-traitance, l’Atelier Raymond Brun reste l’interlocuteur majeur de l’OPAC. En ce sens les différentes réunions techniques se font nécessairement avec Raymond Brun qui reprend avec Odile Baima par la suite. J’ai travaillé sur ce projet à partir de la phase PRO, sur les plans des deux lots attribués à l’atelier Brun. En communication avec le salarié de chez Odile Baima, nous avons pris différents temps de réunion pour homogénéiser la charte graphique et s’accorder sur les questions et détails techniques, n’hésitant pas à consulter les BET qui composent l’équipe. Au cours de ces réunions techniques, j’ai pu découvrir le vocabulaire technique et apprécier l’échange des données graphiques via l’informatique. En prenant appuis sur cette expérience, le partage des données graphiques reste encore très délicat et nécessite une bonne maîtrise des outils informatiques. L’usage régulier facilite sans doute ces temps d’échanges, mais la prise de temps est encore conséquente, et la méthode de la photocopie du croquis à la main reste plus rapidement compréhensible par tous.

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Croquis de travail Ă partir du plan de composition urbaine

ExpĂŠriences

- 59 -


En tant que jeune architecte, je suis irrémédiablement contrainte à la maîtrise d’un logiciel compatible avec le concept du BIM. Ces temps d’échange m’ont permis de m’interroger sur le logiciel le plus approprié. L’atelier

il reste tout de même complexe et nécessite des formations régulières. Un constat qui exprime l’obligation à

Brun utilise le logiciel Allplan, qui permet l’échange des données dans la configuration du BIM. Néanmoins, avoir des compétences informatiques avancées et dont l’entretien est important.

L’exploitation des outils numériques représente avec le développement du BIM pour les architectes

« une réelle opportunité pour affirmer leur place d’acteur incontournable de l’acte de construire. » (citer brochure BIM) La maquette 3D est devenue un support ”universel” de communication, permettant le travail collaboratif autour d’un document informatique. Un système de gestion qui permet la visibilité de tout le cycle de vie d’un bâtiment dès sa phase de conception. Un vaste processus qui représente un grand questionnement dans la profession. Ce concept du BIM fait l’objet de nombreux écrits dans le but d’expliquer les bénéfices pour les architectes. En somme, il y a la nécessité de questionner ce système de gestion des données qui semble devenir l’outil principal de l’architecte de demain. L’évolution de la profession est ici pointée dans ce nouveau tournant générationnel des outils informatiques.

A l’occasion de cette phase de PRO, j’ai pu assister Raymond Brun lors d’une réunion publique avec les habitants de la commune de DrumettazClarafond. La demande venait du Maire qui souhaitait expliquer aux habitants le projet de leur commune. A l’occasion de cette réunion, j’ai pu prendre la mesure de l’évolution des notions de participation, d’information et de communication dans les pratiques municipale. Etaient présent à cette réunion le chargé d’affaire de l’OPAC de Savoie, le Maire de la commune, l’agence d’urbaniste en charge de l’étude et du plan de composition et donc Raymond Brun et moimême. L’ambiance était ponctuée de surprises pour les habitants qui n’ayant également pas pris le temps d’aller en Mairie lire les compte-rendu des conseils municipaux, ont découvert en partie le projet. Les permis de construire étaient instruits depuis plus d’un mois, nous étions en phase de DCE, les habitants se sont par conséquent sentis berné par cet échange une fois que tout est prêt à être construit. Une situation assez courante et qui m’a permis de me rendre compte de l’amalgame toujours présent dans les manières de faire des maîtres d’ouvrage public. La présentation des caractéristiques architecturales n’intéressait pas spécifiquement les habitants qui restaient davantage soucieux de la compréhension du projet de requalification de leur chef-lieu, que des questions d’architecture des bâtiments, le saut d’échelle était trop abstrait pour eux en une seule réunion.

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Durant cette réunion publique j’ai pu mesurer la nécessité de travailler sur ces temps d’information. 2.50

Dans cet exemple, il ne s’agit pas seulement d’une méthode de communication différente en plusieurs réunions dans l’objectif de faire participer les habitants pour faire bonne figure. Il me semble que l’enjeu se

5.50

situe bien plus en amont, pour que les espaces de vie, qui seront bientôt dans les paysages quotidiens de ces habitants soient compris et acceptés. Il s’agirait ici plutôt de constituer une responsabilisation habitante afin de donner matière à ce projet urbain.

<8.5

%

En me replongeant dans ce constat, il en ressort les questions de responsabilisation, de participation %

<6

1.50

et de sensibilisation qui sont de mon point de vue des valeurs éthiques que j’assimile au rôle de maître d’œuvre Coupe

et de bâtisseur de projet.

<< 2.5%

1.50

Limite du lot

Plan masse d’un des lots, bâtiment de logements collectifs en accession

Stationnements en revêtement perméable

ACCES

<< 5.30%

Limite du lot

%

Enrobé 33.04

Limite du lot

Limite du

1.20

lot

30

1.95

Niveau entrée = 392.60

du

14.77

11.58

lot

5.50

.11

%

1.50

<p

:5

.80

%

4

:6

4.9

<p

15

0

Ø3

6.0

EP

AEP Ø100 Fonte

1.55

ite

3.73

pente de 70%

Lim

S

3.28

CE

4.1

AC

3

pente de 70%

<< 5.30%

6.75

4.96

Enrobé

00

5.00

2

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4.7

1%

S RESEAUX : VOIR PLAN DU REZ-DE-CHAUSSEE BAS

250

lot

ite

du

lot

5.5 0

.11%

10 0 <p:

5.4

%

EPØ25

%

4.7

<<

.30 %

L2T

50

10 0 < p:

AE

EUØ15

- 61 -

8

1.5

Expériences

Coupe

<3.8%

L2C

2.00

2.00

AEP Ø50

Attente AEP

>

<E

0

6,7

Lim

<<

du

R1

ite

Lim

L0T

EP R Ø600 T Fe

391.11 390.41

EU R Ø400 T Fe

391.17 39

ACCES

2


Maison individuelle, Saint-Jeoire Prieuré (73) En limite de commune sur le plateau agricole de Saint-Jeoire Prieuré, l’Atelier Raymond Brun a accompagné un jeune couple dans leur projet de maison individuelle. Après le dépôt de permis de construire, j’ai été missionnée pour le suivi de ce projet de construction de maison individuelle en ossature bois. J’ai alors commencée par les plans PRO, où Raymond Brun m’a fait partagé toute la connaissance des plans détaillés d’une construction bois. Fort de son expérience dans la construction en montagne, l’élaboration des plans techniques s’agrémentait de beaucoup de recherches techniques autour d’une architecture plus contemporaine des construction bois. Sur une surface habitable de 150 m2, trois entités à deux pans s’accolent pour former un ensemble de toitures en quinconce. Une manière de proposer une architecture atypique pour une maison de plein pied. Le salon situé dans le volume à deux pans au centre, devait être entièrement libre d’éléments de structure de façon à permettre un espace intérieur sous rampant épuré. La difficulté sur le plan technique résidait dans la jonction entre les trois toitures et charpentes afin de conserver ses hauteurs similaires entre les deux noues sur les pignons Nord et Sud.

La recherche de détails techniques était très riche et motivante pour conduire à une solution simple et peu coûteuse. L’atelier Brun a plus pour habitude la réalisation de charpentes traditionnelles caractéristiques à la région montagneuse. Cette maison faisait office de nouveauté pour eux, et les points

techniques que nous réalisions étaient des temps d’écoute, c’est d’ailleurs là la force de Raymond Brun dans son travail avec les membres du bureau, la prise de temps pour écouter chaque membre du projet. Aussi, ma curiosité et mon travail ne restaient pas frustrés.

La constitution du Dossier de Consultation des Entreprises fut l’étape suivante. En rédigeant les pièces écrites, Eric Peyret m’aiguillait dans cette partie alors inconnue pour moi. La préparation des plans graphiques détaillés me permit de rechercher des solutions techniques en prenant appuis sur l’expérience de l’Atelier mais aussi en consultant des documentations, en contactant des BET et des représentants locaux de produits. La prospection technique en fonction des matériaux devait toujours se joindre à l’estimation définitive du coût du projet. J’organisais des points réguliers par mails ou en réunion avec les maîtres d’ouvrages afin de s’accorder ensemble sur les décisions et sur les matériaux. - 62 -

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De cette manière, j’ai pu créer une relation d’échange et de confiance solide en expliquant les caractéristiques de chaque matériau afin que les maîtres d’ouvrages mesurent et soient conscients des décisions que nous prenions ensemble. Dans ce projet, la consultation des entreprises fut formatrice quant aux volontés budgétaires des maîtres d’ouvrage. Ces derniers souhaitaient consulter des entreprises dont les artisans étaient des connaissances, voire des amis, parmi l’ensemble des entreprises que l’atelier Brun leur proposait de consulter. Ce facteur relationnel, relevant de leur vie privée, contraignait les retours des devis des entreprises, en venant perturber l’analyse des offres et l’accompagnement des maîtres d’ouvrage dans les contrats de marchés. Par conséquent la phase de négociation se réalisait d’avantage en directe entre les entrepreneurs et les maîtres d’ouvrage, qui n’en finissaient plus de négocier sur tous les lots de construction. La difficulté résidait dans l’accompagnement en expliquant les précautions à prendre dans les négociations arrangées qui foisonnaient durant cette phase. Il me fallut prendre de l’assurance sur le plan personnel pour exprimer mes opinions professionnelles qui émergeaient au fil de cette MSP. Il me fallut également beaucoup d’énergie pour vérifier chaque information technique que je cherchais à comprendre dans sa faisabilité et surtout son coûts. D’une certaine manière ce fut très formateur sur beaucoup de points. Raymond Brun veillait régulièrement sur mon suivi de dossier, et il me transmettait son approche en me faisant part de son ressenti au regard de son expérience.

Expériences

Perspective de la façade Sud-Est de la maison

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La commande privée a révélée pour ce projet des travers qu’il faut savoir traiter avec recul et compréhension. L’important étant de conserver le rapport de confiance avec les maîtres d’ouvrages qui sont alors plus sujet à des propos tenus par les entreprises. Le rôle de l’architecte repose dans ce cas, beaucoup sur le besoin de rassurer. Chacun dispose de son champ de connaissance professionnel dans le quotidien. La construction d’une maison peut paraître abstrait dans ses étapes et représente pour la plupart des particuliers le projet d’une vie. La pression et l’égarement peuvent vite émerger si l’on néglige les explications régulières et simples. Dans ce type de commande j’ai pu appréhender la richesse sociale du métier d’architecte qui regroupe relations professionnelles et vie personnelle pour le maître d’ouvrage. C’est d’une certaine manière une relation privilégiée qui se tisse au fil du projet et qui pour ma part me stimule pour pratiquer le métier d’architecte. Néanmoins, j’ai aussi pu constater le temps nécessaire à la pratique de ce type de commande. L’investissement représente un coût en matière de temps et par conséquent d’argent. La question repose alors sur la manière de compenser et d’équilibrer le plaisir de la relation sociale dans la pratique et les enjeux économiques d’une entreprise.

Plan du RDC

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Etude architecturale sommaire, La Thuile (73) La Thuile est une commune de 320 habitants. Intégrée dans le Parc régional du Massif des Bauges, elle s’étend sur une surface de 1700 hectares. L’activité agricole caractérise son patrimoine paysager et bâti. Les moyens sont limités et en vue d’entretenir leurs locaux communaux, certaines constructions de la commune nécessitent des travaux de rénovation. Aussi le Maire a demandé à l’Atelier Raymond Brun de procéder à une étude sommaire sur la rénovation du local de stockage des outils communaux et du local de stockage du sel. Situés dans le centre bourg, ces deux locaux techniques font partis d’un ensemble bâti mitoyen. L’objectif reposant sur une approche architecturale simple en accord avec le bâti proche et en minimisant au maximum son coût avec le réemploi des éléments existants de ces constructions. L’échelle de projet est ici très petite au regard des autres activités de l’atelier, mais Raymond Brun reste attentif à tout type de projet. Il traite cette demande avec le même intérêt qu’une opération plus conséquente. L’enjeu résidait à travers la rénovation de ces locaux techniques, dans la requalification de l’entrée du centre bourg. En arrivant par une route au nord du bourg, cet ensemble bâti fait parti des premières constructions, avoisinant des maisons fraîchement rénovées. En concertation avec Raymond Brun, j’ai procédé à un petit travail d’esquisse en m’appuyant sur des fonds graphiques transmis précédemment pour une autre opération. Cette demande du Maire découlait d’un autre projet de rénovation d’une grange au centre du bourg et proche de ces deux locaux techniques, pour l’OPAC de Savoie.

L’accessibilité à certaine commande peut être permise de différentes manières (appel d’offre, en

équipe, par réseau…). Dans le cas présent, en intervenant pour un autre maître d’ouvrage, l’OPAC de Savoie, le maire de la commune de La Thuile est entré en contact avec Raymond Brun. Une situation qui illustre l’importance du réseau et « bouche à oreille » pour accéder à certaines commandes privées et publiques pour des opérations inférieures à 200 000 euros. Cette commande, si elle suit son cours, peut également en amener d’autre selon l’évolution de ce premier contact.

Expériences

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Le principe fut rationnel dans les orientations prises ; en prolongeant le faîtage du gîte fraichement réhabilité jouxtant le local technique et en suivant la courbe du virage de la route, seul le local à sel pouvait être conservé dans sa composition structurelle en reprenant l’étanchéité et en habillant la façade. Dans un souci d’économie, les portes métalliques coulissantes en bon état, pouvaient être réutilisées en étant repeintes et habillées avec un bardage bois sur l’une d’elle. La colorimétrie de l’enduit s’inscrit dans les couleurs locales du village. En faisant partie du Parc Régional du Massif des Bauges, l’architecture doit respecter au plus près les caractéristiques traditionnelles et existantes du paysage proche et lointain. Raymond Brun avait accompagné cette étude d’une estimation sommaire pour que le conseil municipal de La Thuile puisse avoir un ordre d’idée. Au moyen de deux insertions et d’un plan masse, la municipalité n’a à ce jour pas encore donné suite à cette étude sommaire.

L’échelle de ce genre de commande reste réduite, ce qui soulève la question de la sélection des projets dans la pratique d’une agence d’architecture. Le rôle de l’architecte dans la société réside à mon sens, dans sa fonction à rendre accessible l’architecture et se présente comme garant d’une culture publique. D’un certain point de vue, ce type de commande peut paraître trop petite, n’entrant pas dans la spécialité choisie, et la gestion du temps ne permet alors pas de traiter ce genre d’étude. Mais d’un autre point de vue, la variété peut avoir du bon dans une pratique professionnelle, et cela peut s’avérer être bénéfique de savoir composer avec toutes les échelles et de repositionner les caractéristiques de tout type d’architecture en changeant ses repères habituels.

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TUDE ARCHITECTURALE SOMMAIRE DE L’ENTRÉE DU VILLAGE ommune de La ThuiLe - Savoie

vue

Insertions dans le bâti existant et en projet du centre-bourg de La Thuile

en arrivanT danS Le CenTre bourg

Mairie - CoMMune Chef Lieu 73190 La ThuiLe

de

TéL: 04 79 84 73 23 maiL: La.ThuiLe@orange.fr

Expériences

La ThuiLe

aTeLier rayMond Brun - arChiTeCTes 7 rue françoiS CarLe 73000 barberaz maiL:

TéL: 04 79 85 70 43

ConTaCT@CabineT-brun.Com

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Realisation :

1

Patrick BOUCHAIN, Construire autrement, édition Actes Sud série L’impensé, 2006, p.8

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« Il est à l’exposition de l’architecture ce que le passage à l’acte est à l’idée, l’occasion d’éprouver une conception architecturale, mais surtout de mesurer un idéal de vie, non pas en tant qu’hypothèse utopique, mais bien comme un geste à accomplir »1

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Construction de 11 maisons individuelles et d’un collectif de 4 logements, Saint-Paul sur Yenne (73)

Présenté un peu plus en amont avec la seconde tranche du promoteur Savoisienne Habitat, la construction de cette première tranche de projet a débutée en Septembre 2014. Cet ensemble est composé de 11 maisons individuelles et d’un petit immeuble collectif s’apparentant plus à de l’habitat intermédiaire, puisqu’il n’est pas composé de parties communes intérieures. C’est Eric Peyret qui est en charge de ce suivi de chantier à l’atelier. Associée à son suivi en assistance, une fois par semaine nous nous rendions sur le chantier pendant une demie journée. La chargée de projet de Savoisienne Habitat assistait à chaque réunion pour le suivi du maître d’ouvrage. Cette dernière faisait également l’interface entre les futurs acquéreurs et le maître d’œuvre, une organisation qui repose sur une bonne gestion des points et documents administratifs, et un bon sens de communication. En arrivant deux mois après le début du chantier, le gros œuvre était en cours de réalisation sur l’ensemble des habitations. La mise en place des VRD était aussi en cours et la mise en place des charpentes débutait. Afin de m’introduire dans le rythme des réunions, j’effectuais la prise de notes et rédigeais les comptes rendus après un débriefing de mes notes, pendant le trajet du retour en voiture avec Eric Peyret. Ce temps d’échange me permettait d’éclaircir les points les plus flous que j’avais repéré pendant la réunion, et aussi d’enrichir mes connaissances en vocabulaire. Le temps de trajet n’étant pas très long (30 minutes), nous finissions généralement ce débriefe à son bureau autour des documentations techniques, me permettant d’avoir de bons compléments d’informations à mes questions.

La question du temps de trajet pour le suivi de chantier m’interrogea sur l’importance des localités

des projets. Le temps de trajet représente de l’argent, et le fait de conduire n’est pas le même que celui d’un transport en train ou en avions. Et d’un autre côté, ces trois modes de transports n’ont pas les mêmes coûts non plus. En somme, un ensemble de paramètres qu’il faut mesurer et être capable de chiffrer au moment des candidatures. Il y a encore quelques années, l’Atelier Brun réalisait toujours quelques constructions en montagne sur la Savoie et Haute-Savoie, et aujourd’hui ces questions de coût et de temps de travail passé à conduire faisaient pencher la balance. Ce qui a en partie conduit Raymond Brun a concentré son activité sur le bassin chambérien, « pour une architecture en plaine » comme il l’exprime.

Expériences

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En arrivant deux mois après le début du chantier, la prise de connaissance du projet me fut délicate. Au fil des réunions, j’apprivoisais les notions techniques et les caractéristiques de cette réalisation. Je découvrais les aléas de la gestion de chantier, du rôle d’OPC, mais aussi la richesse de ces réunions dans la compréhension du domaine de la construction, dont le métier d’architecte dépend en partie. La place de plus en plus prégnante des normes dans le champ de construction reste encore lourd dans sa mise en pratique pour les entreprises du bâtiment. La veille à l’exécution des ouvrages par l’architecte (ou le conducteur de travaux) est nécessaire pour la tenue des objectifs énergétiques ou pour la sécurité de la structure tout simplement. Le but étant de contrôler la bonne exécution de chaque ouvrage en prenant appuis sur les pièces écrites, extrêmement précieuses durant cette phase de construction. Tout cela en veillant au respect des délais et à l’enchaînement, voire la communication entre les corps d’état qui sont en interaction directe. A cet ensemble s’ajoute également les conditions météorologiques qui peuvent perturber le planning. Après avoir pris mes marques dans les réunions de chantier, Eric Peyret me permit d’introduire les ordres du jour avant chaque réunion. En ayant pris connaissance des méthodes de suivis de chantier dans d’autres agences avec des chantiers gérer par des OPC, cette méthode me permettait de prendre connaissance avant chaque réunion des points importants à traiter en chantier, mais aussi de les rappeler aux entreprises et au maître d’ouvrage. De cette manière, j’ai pu aussi mieux assister Eric Peyret sur le suivi de ce chantier, et suivre les réunions de chantier lorsque ce dernier avait des empêchements. Cette organisation nous a également permit de se répartir les ouvrages durant la phase des opérations préalables de réception, où nous pouvions avancer plus efficacement sur le contrôle des ouvrages des 11 maisons. La gestion d’un chantier de maisons individuelles en promotion immobilière représentait aussi un travail formateur dans la gestion des travaux modificatifs des acquéreurs. Ceci relève du suivi de chargée d’opération du promoteur constructeur. Néanmoins pour la bonne tenue du planning et des ouvrages, nous contrôlions également la conformité vis-à-vis de ces TMA, différenciant ainsi chaque maison dans le suivi du second œuvre.

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L’échange avec le bureau de contrôle Dekra pour les normes de sécurité dans l’exécution des ouvrages me permettait de prendre connaissance de l’ensemble des questions qui varient à chaque cas de figure selon les ouvrages. Le rôle du bureau de contrôle dans la réalisation est aujourd’hui indispensable pour les différentes habilitations (PMR, incendie, acoustique, thermique … ) d’un projet, et ce, qu’il s’agisse de logements ou d’équipements publics (ERP) où la réglementation reste plus dense et complexe (avec les commissions de sécurité). La communication est alors primordiale, et la rédaction des comptes rendus est une obligation pour tout chantier, garant aussi d’une protection juridique pour le maître d’œuvre. Ceci implique des comptes rendus précis mais où tout doit être écrit de manière concise. En juillet, j’ai pu effectuer une partie des opérations de réception en assistance au maître d’ouvrage. En ayant eu l’occasion au préalable sur d’autres chantiers d’en réaliser avec Eric Peyret et Raymond Brun, j’ai acquis des connaissances en matière AOR et de rédaction des procès verbaux de réception des ouvrages en lots séparés. Le suivi du chantier après la réception des travaux, représente beaucoup de temps de gestion administrative quant aux levées de réserves dans les 15 jours suivant la signature du procès verbal de réception des travaux. Un autre temps de gestion où il faut parfois veiller à la coordination des retours des entreprises parties sur d’autres chantiers, dans le but qu’elles respectent leurs engagements signés sur les marchés, et ce jusqu’à la livraison du chantier. Le respect des engagements de marchés est une variable parfois lourde de gestion. Eric Peyret m’expliquait plus ou moins les moyens et outils que l’on avait dans la gestion de la comptabilité de chantier. Dans son suivi de chantier, le maître d’œuvre doit contrôler les situations de chaque marché selon l’avancement de l’exécution des travaux, en assistance au maître d’ouvrage, et également veiller avec le maître d’ouvrage à la tenue du budget général des travaux en fonction des avenants et facturations de travaux supplémentaires. Le corps d’état ayant le marché le plus conséquent doit souvent la gestion du compte-prorata. Durant ce suivi de réception, la collecte des Documents d’Ouvrages Exécutés (DOE) peut s’avérer difficile. La réalisation de ces documents par les entreprises est « directement liée au bon déroulement des études d’exécution»1.

Expériences

1

Léonard Hamburger, Maîtrise d’oeuvre bâtiment, guide pratique, technique et juridique, édition Eyrolles, 2012, p.370

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Ce suivi de chantier représentait pour moi une première introduction dans le champ de la maîtrise d’œuvre de bâtiments. J’ai pu vivre différentes expériences en somme formatrices, bien que mouvementées sur certain temps. Je prendrai ici l’exemple d’une inspection du travail sur le chantier le jour où les sanitaires ont été évacués pour être re-disposé dans le bâti du chantier, et la semaine même où de nouveaux ouvriers arrivaient pour le second œuvre. Un concours de circonstances qui témoigne du type d’entente entre la maîtrise d’ouvrage et la nouvelle municipalité. Cette visite aura bien entendu eu le mérite d’être bénéfique pour la remise en bon état de certains contrats de travail et le rappel à l’ordre pour les règles de sécurité sur le chantier. Mais ce fut une inquiétude maître d’ouvrage, dont la responsabilité de coordination sécurité est régie par le code civil et le code du travail (art L 4532-1 et R 4532-1 du code du travail)1. Dans le cas de cette construction, le maître d’ouvrage avait délégué la gestion de cette responsabilité à un coordinateur sécurité et protection sanitaire (SPS). Mais son passage n’était pas très régulier, et ses observations sur le registre journal, pourtant ajoutées systématiquement aux comptes rendus de chantier et rappelées en réunion, n’étaient pas toujours entendues et respectées. L’architecte ne peut ignoré ces questions et il est également de sa responsabilité de veiller au respect des règles de sécurité. Cela peut relever du code civil et pénal en cas d’accident valant comme non-assistance à personne en danger selon les heures de son dernier passage.

Selon l’intervention du 21/05/2015 à l’ENSAG de Philippe Doguet, coordonnateur SPS chez Socotec

1

Photo de mars 2015

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Photo de juillet 2015

ExpĂŠriences

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Maison individuelle, Saint-Jeoire Prieuré (73)

Selon l’intervention du 26/02/2015 à l’ENSAG de Mylène Robert, avocate spécialiste du droit de la construction

1

La construction de la maison individuelle en ossature bois que j’étais chargé de suivre, a débuté la première quinzaine du mois de Mars. Après avoir rédigé les contrats de marchés, monté le planning, assisté le maître d’ouvrage dans la signature des contrats de travaux, et assisté le maçon dans l’implantation du bâtiment, l’ouverture du chantier s’est faite avec la contrainte des conditions météorologiques, perturbant sur deux semaines le terrassement. Un temps qui pu être mis à profit pour effectuer un tour général des questions techniques abordées en décousu selon les rythmes des journées : viser les plans bétons fraîchement délivrés le jour de l’ouverture de chantier, les plans des murs à ossature bois (MOB) du bureau d’étude charpente, mes calculs de rétention et les fils d’eau pour l’évacuation des eaux usées. Le lancement fait dans les règles, la préparation des réunions de chantier par la suite découlait de l’avancement du chantier et nécessitait moins de temps.

Au lancement du chantier, j’ai rapidement été confronté aux subtilités de certaines actions des

entreprises. Je prendrai ici l’exemple du respect des plans béton pour le gros œuvre au moment de la mise en place des ferraillages. Le souci d’économie est présent pour tous les acteurs sur un chantier, qu’il s’agisse du temps passé sur le chantier et du respect quantitatif des matériaux. La difficulté à laquelle j’ai été confronté découlait d’une négociation très serrée et dont les entreprises avaient traitées et acceptées en directe avec le maître d’ouvrage. Ce temps de négociation ne fut pas sans mise en garde auprès du maître d’ouvrage de la part de l’atelier Raymond Brun. Mais au résultat, ces économies ont nécessité une grande vigilance dans mon suivi d’exécution de chaque ouvrage négocié avec une grosse baisse. Le secteur du bâtiment rencontre depuis quelques années des difficultés économiques, ce qui conduit bon nombre d’entrepreneurs à céder sur des phases de négociation en cherchant par la suite un moyen de quand même équilibrer leurs coûts. Mais la qualité et la sécurité des ouvrages dépendent de tous, et devant la loi, en cas de dommages, l’architecte et les entreprises sont solidaires dans les poursuites judiciaires. Pour ces raisons, accompagnée d’Eric Peyret j’ai dû stopper le chantier et rédiger un courrier avec recommandé, pour non respect du contrat de travaux à l’entreprise en question, et la mettre en demeure de suivre ses engagements signés. Cet épisode me permit de mesurer toute la rigueur et la charge de responsabilité qu’il incombe au maître d’œuvre. Dans le cadre des condamnations in solidum, l’architecte peut être condamné à titre solidaire de l’insolvabilité d’autres intervenants sur le projet en cas de poursuite pour dommages, et ce même en l’absence de contrat entre l’architecte et les entreprises. Les condamnations in solidum représente une garantie pour les maîtres d’ouvrages, invoquant son droit à l’indemnité1 .

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En ce sens, l’ajout d’une clause est conseillé : « L’architecte assume sa responsabilité professionnelle, telle qu’elle est définie notamment par les articles 1792, 1792-2, 1792-3 et 1792-4-1 du code civil, dans les limites de la mission qui lui est confiée. Pour toutes les autres responsabilités professionnelles, il ne peut être tenu responsable, de quelque manière que ce soit, ni solidairement ni in solidum, à raison des dommages imputables aux autres intervenants participant à l’opération. L’architecte supporte les conséquences financières de sa responsabilité dans les limites des plafonds de garantie fixés dans son contrat d’assurance »2. www.architectes. org, «Architectes, protégez-vous contre les condamnations in solidum», le 20/11/2013

2

Expériences

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Afin de mieux découvrir la mise en place des diverses concessions et le maître d’ouvrage étant perdu dans les démarches, Raymond Brun et Eric Peyret me laissèrent gérer la mise en place des raccordements. J’ai ainsi pu comprendre les temporalités de ces démarches, et en saisir le fonctionnement selon les différents concessionnaires. De manière générale, sur des opérations avec des particuliers, ce sont les maîtres d’ouvrages qui sont en charge de l’ouverture des dossiers et des demandes de raccordement. C’est également l’entreprise ayant le marché le plus gros qui doit la gestion du chantier, en gérant les besoins en électricité notamment, et en répartissant les frais de fonctionnement nécessaires à l’exécution des ouvrages via le compte prorata. L’avancement du chantier se passant bien, j’ai pu accompagner les maîtres d’ouvrage dans leur choix de matériaux intérieur, de couleurs de peintures et travailler avec eux sur des principes d’aménagement intérieur. Cette prestation ne faisait pas partie du contrat avec l’Atelier Raymond Brun, mais ce dernier me permit de passer du temps sur cette échelle de finition du projet, et ainsi profiter de la bonne relation de confiance tissée avec eux. Ce type de prestation représente du temps et donc un coût. Je contactais des entreprises pour des documentations techniques, et je recherchais également des types de luminaires pour conseiller l’aménagement électrique intérieur. Nous n’avons pas travaillé sur leur mobilier intérieur, mais nous échangions pour l’aménagement de la cuisine et les dressings. Ce temps de finition sur l’aménagement intérieur relève d’autres connaissances et compétences que les professionnels de la décoration intérieure sont plus amenés à traiter, par le biais de prestations complémentaires. Néanmoins dans une mission complète, l’architecte peut avoir un rôle de conseil dans le choix de maîtres d’ouvrage. C’est ici une partie de l’ambiguïté sur la qualification d’architecte avec la diffusion de la notion ”d’intérieure” au domaine de l’architecture. Ce qui amène souvent dans les discussions courantes la question de savoir si nous sommes architecte d’intérieur ou d’extérieur. Ceci montre encore aujourd’hui la méconnaissance de notre métier et peut être son manque de lisibilité auprès du grand public.

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La discussion autour de ces questions de finitions est partie lors de la réalisation du plan électrique. En l’élaborant selon les normes, j’essayais de composer avec les intentions spatiales dessinées à l’esquisse. En présentant ce plan électrique au moment des dessins EXE, je me suis rendue compte de l’attente que les maîtres d’ouvrage ont d’un architecte. Pour le cas de cette maison, ils n’avaient pas d’avis particulier et ils attendaient que je prenne la décision pour eux. Raymond Brun m’expliquait que selon les particuliers, l’attente du rôle de l’architecte repose sur un rapport marchand, où la prestation payée représente une délégation complète du projet. En d’autres termes, ils payent un architecte pour ne pas se soucier de tous les possibles relatifs à leur projet. Bien sûre parce que cela relève de compétences, mais aussi parce qu’ils n’ont pas le temps, ou alors tout cela les perd et les effraie. En travaillant sur cette maison, j’ai alors essayer de mettre en place une méthodologie pour les sensibiliser à la prise de décision pour leur future maison. Et au fil des réunions de chantier, où ils prenaient toujours la peine d’être présents, les choix devenaient moins durs à prendre et l’intérêt de la recherche d’idées de leur côté prenait effet en stimulant leurs goûts. Des petites victoires qui ne représentent pas grand chose en définitif sur l’activité de l’Atelier Brun, mais qui me confortaient dans l’idée d’un travail accompli avec eux en plus de l’ouvrage qui prenait réalité avec les entreprises.

Expériences

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Avec la mise en application de la RT 2012, j’ai pu découvrir la pratique et la gestion des questions techniques sur l’étanchéité de la construction. Le test d’infiltrométrie intermédiaire de chantier permet de traiter les fuites avant la finition du chantier, en vue d’arriver à de bons résultats à la réception des ouvrages. Le seuil étant fixé à 0,6 m3/(h.m2) pour les maisons individuelles, l’enjeu de la réglementation thermique 2012 nécessite une vigilance en rappelant régulièrement aux entreprises les principes, en coordonnant ces dernières entre elles, et en vérifiant l’exécution de leurs ouvrages. Il s’agissait principalement de veiller à la bonne mise en place de la membrane intérieure sur tous les supports. Au fil des avancements sur le chantier, les relations entre les entreprises, les maîtres d’ouvrage et moi même se passant bien, j’ai pu proposer au maître d’ouvrage un temps d’échange autour d’un verre avec les entreprises du chantier. C’était une manière de communiquer autrement que par les réunions, comptes rendus et mails. Les entreprises et les maîtres d’œuvre ont pu faire connaissance et partager d’autres sujets, et aussi prendre le temps d’expliquer les caractères techniques des ouvrages de chacun, faisant aussi découvrir aux maîtres d’ouvrage tous les aspects de leur maison.

Ce chantier comme première expérience autonome de la maîtrise d’œuvre fut riche sur de nombreux points. En prenant au fil du temps appuis sur les autres projets auquel je participais, j’ai pu appréhender des méthodes de communication et constater l’importance du dialogue dans ce temps de transmission. La réalisation d’un projet a la force de concrétiser une idée imaginée en exploitant le pouvoir de l’acte collectif.

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ExpĂŠriences

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Les périodes de garanties post-réception :

Les centaurés, Grésy-sur-Aix (73) : En arrivant en Octobre au bureau de l’Atelier Brun, j’ai assisté Eric Peyret lors de ma première semaine à la réception de cette opération. Ce projet de l’OPAC de Savoie est composé de deux bâtiments de onze logements. Un an après réception des travaux, un passage est effectué pour clôturer l’année de garantie de parfait achèvement (GPA). Dans le cadre de cette opération, il s’agit de logements en location sociale, et l’OPAC a souhaité réaliser ce passage au terme des 10 mois légaux. A la fin du mois de Juillet, mes collègues étant pris j’ai alors pu accompagner le chargé de chantier, le chargé d’antenne, et le responsable patrimoine de l’OPAC de Savoie pour la clôture de cette GPA. Cette visite des constructions permettait de se rendre compte de l’appropriation des lieux, et également de récolter les retours des habitants sur les qualités ou points négatifs dans l’architecture des lieux. Durant cette visite quelques points techniques ont été soulevés, nécessitant la convocation des entreprises pour des réglages sur certains ouvrages, principalement les menuiseries. Les habitants faisaient également part d’autres problèmes, et la présence du responsable patrimoine et de l’antenne permettait de faire la part des informations recueillies. Tout au long de l’année, la personne en charge du suivi de chantier recueillait les informations et nous les faisait parfois parvenir selon le caractère technique des désordres soulevés. Et si cela nécessité une intervention, les entreprises intervenaient via leurs assurances dans le cadre de la GPA. Cette visite ne révéla pas de dommages particuliers. Aussi, tous dommages d’ouvrages, s’il y en a par la suite entreront dans la garantie soit biennale si cela impacte le bon fonctionnement de l’ouvrage, soit décennale pour les autres désordres d’ouvrages.

Cette visite clôtura ma MSP. Bien que n’ayant pas suivi ce chantier, il était localisé sur un trajet que je faisais régulièrement, ce qui me permettait de voir la prise de vie de ce projet selon les saisons. Après leur réception, il est important de continuer à prendre connaissance de l’évolution des projets. Raymond Brun effectue régulièrement de petits reportages photos des opérations livrées pour se rendre compte du vieillissement des constructions, des matériaux, de la viabilité des édifices dans la prise de possession de lieux. Une manière de veiller sur chaque projet et de prolonger l’histoire de leur création, la vie du lieu.

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ExpĂŠriences

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III

Perspectives

L’année de formation HMONP m’a permis de structurer mon projet professionnel. La complémentarité entre les enseignements théoriques et la MSP m’a aidé à définir quel type de pratique professionnelle je souhaite développer. La décision d’effectuer ma MSP dans une structure plus petite, m’a été très bénéfique. J’ai pu être responsabilisé sur beaucoup de tâches dans la conduite de projet. Un point que je recherchais et qui m’a permis de saisir pleinement la réalité du métier d’architecte. Cette année d’expérience m’a conduit sur des perspectives que je n’envisageais que timidement en sortant de la formation initiale. Mais je me suis également rendu compte du dynamisme dans lequel j’avais besoin d’être, et que mon épanouissement professionnel et personnel dépend du degré d’implication que je peux avoir dans le projet. Un sentiment qui m’amena à question les raisons. Ce constat résulte d’un besoin d’être dans l’échange et dans le dialogue tant par le support graphique que par la discussion. En prenant la décision de ne pas prolonger l’expérience chez INCA pour la MSP, j’évoquais le besoin certain qu’un jour, j’essaierai de lancer une activité. Dans cette idée émergeait déjà le projet de développer une activité. La pratique de l’Agence INCA s’approchait de cet idéal par ces projets architecturaux. La stabilité de l’Atelier Raymond Brun me permettait de me forger l’expérience d’un quotidien professionnel sous tous ses angles. L’association de ces deux manières de pratiquer et mon parcours universitaire m’ont motivé à considérer ce lancement d’activité dans un futur plus proche.

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1/

Une philosophie de travail :

En envisageant la pratique professionnelle d’architecte maître d’œuvre, l’esquisse d’une philosophie de travail prend forme.

La durabilité : En toute logique, la question de la durabilité d’un projet découle du travail de réflexion en amont d’une construction. Aussi, à cet enjeu de durabilité j’associe les valeurs d’évolutivité et d’acception tant spatiales que sociales. Présenté au début de cet écrit, j’attache particulièrement de l’importance à la notion de participation dans le projet. Je partage la conviction que participer à l’éveil de tous les acteurs autour d’un projet, contribue à assurer la durabilité d’une architecture. En prenant la mesure d’un « désir » collectif, le dessein ne peut qu’être plus fort dans ses capacités à être vécu, accepté et ainsi évolué dans le sens d’un contexte environnemental global.

L’altruisme : Le principe d’échange qui me motive, contribue à nourrir la volonté de bien faire pour les autres. L’idée d’altruisme définit en partie les traits de la mission d’un architecte. Dans l’idée que je me fais de la profession, l’objectif ne réside pas dans la conviction de conduire vers une réponse absolue et parfaite, mais bien dans une hypothèse qui permet la construction d’un projet commun. « La perfection n’existe pas; la comprendre est le triomphe de l’intelligence humaine; la désirer pour la posséder est la plus dangereuse des folies. » Alfred De Musset (1810 – 1857)

Des affinités disciplinaires entremêlées : En étant influencée par différents paramètres, l’articulation entre le dessin, la géographie et les sciences humaines constitue mon approche lors de travaux d’analyse. En écho à la première partie de ce développement, l’articulation spatiale et disciplinaire représente une richesse pour permettre la compréhension d’un contexte de projet.

Perspectives

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2/

Perspectives envisagées :

La suite de cette MSP s’est constituée au fil des rencontres, discussions et expériences. Ces dernières m’amenèrent à me questionner sur le type de structure à cibler dans ma future prospection. Cette question m’orienta sur deux principes de fonctionnements.

Types de structure : . Le regroupement de professionnels : De plus en plus de praticien s’associent en réponse à plusieurs objectifs : - mutualiser les moyens techniques, les locaux en exerçant indépendamment - associer leurs compétences et spécialités pour répondre à des candidatures - partager des conseils techniques, juridiques, administratifs au quotidien - porter des valeurs communes dans le type de marchés ciblés Certains regroupements portent également le développement d’une éthique professionnelle, les amenant aussi à se positionner dans ce groupement et à construire une image commune. Il s’agit des collectifs d’architectes. L’activité de chacun reste dissociée et peut prendre différents statuts (microentreprise, indépendant, société). L’intérêt de ce genre de structure réside dans la souplesse et la mutualisation d’un lieu de travail. Les responsabilités sont indépendantes à chaque praticien, ainsi que les enjeux administratifs et financiers. . Sociétés coopératives et participatives : Les SCOP sont des structures de plus en plus développées en France. Avec les mêmes statuts juridiques que des sociétés classiques d’architecture, ces sociétés reposent sur un principe démocratique. Sans entrer dans une présentation juridique, ce qui m’intéresse dans le fonctionnement de Scop c’est l’implication de tous les salariés dans l’activité de la structure. En étant tous associés, c’est une culture commune qui est sensé être partagée entre tous.

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Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Le choix d’une approche sensible et responsable dans la pratique architecturale


Si ce côté démocratique relève d’une belle éthique, sa pérennité passe par la discussion et l’entente sur les valeurs de la société. Un équilibre qui fonctionne très bien mais qui peut être fragile et représenter un risque. L’important réside alors dans ses capacités à fédérer les salariés entre eux. En partant d’une personne avec la création d’une Coopérative d’Activité et d’Emploi (CAE), ces structures sont évolutives selon leur fonctionnement sur le schéma classique d’une société.

Typologies de projet : En m’appuyant sur mes différentes expériences antérieures, j’ai souvent été amené à travailler sur des opérations de logements. Je trouve ce secteur intéressant dans la recherche de qualité des espaces de vie et des interactions entre intérieur et extérieur. Néanmoins, n’ayant jamais travaillé sur des équipements recevant du public, je ne peux m’en désintéresser. L’activité de l’Atelier Brun est principalement orientée sur le logement, aussi au cours de ma MSP, je me suis principalement focalisé sur ce secteur et en comprend aujourd’hui la réalisation technique. En travaillant chez INCA, j’ai contribué à l’élaboration d’une étude sommaire de rénovation d’un château à Prague. Cette étude nécessitait l’analyse des espaces dans le château par rapport à leurs potentialités dans la vie du quartier touristique de Prague. Ce travail demandait des compétences et connaissances techniques en maîtrise d’œuvre (quant à la réalisation), et des compétences en étude urbaine. Aussi, au lancement d’une activité, le choix des premières expériences est à définir en mesurant les capacités les plus pertinentes à développer selon les secteurs convoités. Les méthodologies de travail représentent également un paramètre important dans le suivi de projet. Le relationnel développé avec les maîtres d’ouvrages et autres acteurs du projet m’intéressent particulièrement. Durant mes différents échanges avec les particuliers de la maison de Saint-Jeoire Prieuré, j’ai pu construire des temps de travail riche pour la maîtrise d’œuvre. Dans le cadre de projets de personnes proches, j’ai également pu tester une méthodologie de travail autour du projet. En effectuant mon projet de fin d’étude avec un groupe d’habitant, j’ai expérimenté et beaucoup apprécié l’élaboration d’un projet d’autopromotion. Ce travail se construisait principalement autour d’ateliers. Perspectives

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La rigueur et l’ouverture d’esprit sont de mise dans ce genre de commande, afin de ne pas entraver la qualité des informations recueillies. Dans ce mode de travail, il ne s’agit pas de pratiquer une co-production complète, qui à mon sens représente de grands risques dans la pérennité de ce type de projet. Les attentes ne reposent pas sur ce besoin et le rôle de l’architecte-maître d’œuvre est de les orienter dans leur démarche, pas de les assister sous peine de les perdre et de se perdre. Il est alors nécessaire de construire des outils et une méthodologie adaptée qui permettent de pratiquer avec qualité.

Construction et mise en actions d’un réseau La place du réseau est de plus en plus importante. Qu’il s’agisse de l’activation d’un réseau pour des commandes privées ou pour développer des collaborations. En travaillant avec d’autres architectes ou avec d’autres professionnels, en fonction de la qualité des expériences, ces collaborations peuvent conduire à d’autres commandes. Raymond Brun travaille très régulièrement avec une autre architecte, le réseau de chacun se retrouve alors mutualisé selon l’ampleur des projets. Dans ce sens, j’essaie de prendre appuis sur diverses rencontres et connaissances grâce auxquelles, je tisse les prémices d’un réseau plus ou moins local. Mais au grès des opportunités, il y a également les choix stratégiques des marchés à cibler. L’activité d’un réseau est également importante dans le travail de confiance que l’on peut construire avec des artisans au fil des opérations. La collaboration avec des entreprises contribue aussi à développer un réseau d’experts sur lesquels il est possible de s’appuyer selon les spécificités de chaque projet.

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Commandes ciblées Le rayonnement de prospection se définit selon des choix stratégiques évoqués précédemment dans la présentation du portrait de l’atelier Brun. L’échelle locale reste tributaire de l’état économique des territoires. Selon le secteur de projet envisagé, cela a moins d’importance, mais pour la région Rhône Alpes par exemple, l’économie territoriale est dynamique. Ceci est valable autant pour le marché privé que celui du public, qui reste économiquement plus dynamique à comparer avec d’autres régions de France. L’export peut également être intéressant. La commande à l’étranger représente également, la découverte de nouveaux contextes, de nouvelles cultures. C’est un changement de repères qui représente d’une certaine manière une prise de risques. Sur ce type de marchés, ce sont d’autres paramètres et complexités administratives et financières qui sont à maîtriser. Dans un premier temps, l’introduction dans un pays étranger est aussi à considérer par le réseau. Des connaissances peuvent permettre d’accéder à certaine demande. Traiter des projets sur de l’export nécessite également une trésorerie en amont pour assurer tous les frais, ce qui suppose le montage d’un autre « business plan » (nbp intervention de Gilles Marty) Les appels à projets sur des grandes échelles représentent également un attrait. Les projets de grandes ampleurs liés aux grandes agglomérations permettent l’articulation entre connaissances théoriques s’assimilant à un travail de recherche selon les thématiques territoriales, et connaissances techniques permettant la définition de projets réalisables. Cette dualité dans la pratique entre réflexion territoriale et constructibilité m’attire particulièrement.

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Conclusion

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Durant mes années d’études et mes expériences professionnelles, j’ai souvent été confrontée à la question de savoir sur quel champ je chercherai plus à orienter ma pratique, si je devais en développer une : l’architecture ou l’urbanisme. A cette question, je me suis toujours refusé de répondre. Les deux sont liés, et j’affectionne toutes les échelles du projet, qu’il s’agisse d’une étude urbaine, d’un plan de composition ou d’un projet d’extension d’une maison, ou encore la construction d’une cabane. Néanmoins, j’ai conscience que les réalités d’une gestion d’activité contraignent à orienter nécessairement son champ d’intervention, et à cibler des marchés. Cet idéal auquel j’aspire, je l’explique par mon parcours universitaire bien entendu, mais aussi par mon cursus en mention recherche durant les deux années de master à l’école d’architecture. L’attirance pour les questions de sciences humaines autour de l’architecture et de l’urbanisme m’amène à projeter en parallèle d’une structure d’architecture, le développement d’une activité dans la recherche et l’enseignement. Les universités, les écoles d’architecture ou les institutions parapubliques intègrent des praticiens au service d’une culture publique et commune, et où la transmission de savoirs est toute aussi importante. Cette année de formation fut véritablement marquée par un temps d’introspection. Ce fut une manière pour moi de constituer les fondements professionnels et moraux qui influenceront ma pratique. En prenant conscience de ces derniers, c’est dans un mode de penser associant pragmatisme et sensibilité que j’envisage la pratique d’architecte-urbaniste maître d’œuvre.

Conclusion

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Bibliographie Ouvrages : BOUCHAIN Patrick, Construire autrement : comment faire ? , Arles, Actes Sud, 2006 BOUCHAIN Patrick, Histoire de Construire, Arles, Actes Sud, 2012 GUERIN Jean-Paul, GUMUCHIAN Hervé, Les Représentations en actes, Université scientifique et médicale de Grenoble, Institut de Géographie Alpine, 1985 KROLL Simone et Lucien, Tout est paysage, édition Sens et Tonka, ré-édition 2001, 236 p. LEFEBVRE Henri, Le droit à la ville, 3ème édition 2009 LEFEBVRE Henri, Espace et politique : Le droit à la ville tome II, édition Antropos, 2000 MAHEY Pierre, Pour une culture de la participation, édition Collectif Adel, 2005 MERLEAU-PONTY Maurice, La phénoménologie de la perception, édition Gallimard, Paris, 1945, p.78 MORIN Edgard, La voie, édition Fayard 2010, 307 p. MORIN Edgard, L’aventure de la Méthode, édition Seuil, 2015, 160 p. PARASOTE Bruno, Autopromotion, habitat groupé, écologie et liens sociaux : comment construire collectivement un immeuble en ville ? , éd. Yves Michel, 2011, 237 p. PEREC Georges, Espèces d’espaces, édition Galilée, 1974 rééditions de 2000, p.18 SENETT Richard, Ce que sait la main : la culture de l’artisanat, Paris, Albin Michel, 2010

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Articles : «Architectes, protégez-vous contre les condamnations in solidum», le 20/11/2013, www. architectes.org LEFEBVRE Rémi, « La démocratie participative absorbée par le système politique local », métropolitiques.eu, 29/10/2012 NEZ Héloïse, « La démocratie participative en butte à la grande échelle », métropolitiques.eu, 09/05/2011 BACQUE M-H, CARRIOU C., « La participation dans l’habitat, une question qui ne date pas d’hier »,métropolitiques.eu, 11/01/2012

Conférences : BLANCKAERT Marie, Projet humain : bien-être urbain, ENSAG le 2 Avril 2015 RAHM Philippe, Architecture météorologique, ENSAG le 5 Mars 2015 BOUCHAIN Patrick, Construire, mais comment ?, entretien à la cité Chaillot le 27 Septembre 2004 BOUCHAIN Patrick, Construire autrement, www.métropolitiques.eu, le 26 janvier 2011

Sites Internet : www.legifrance.gouv.fr. www.architectes.org www.cabinet-brun.com www.les-scop.coop.fr www.site.reseau-ecobatir.org

Guides professionnels : HAMBURGER Léonard, Maîtrise d’oeuvre bâtiment, guide pratique, technique et juridique, édition Eyrolles, 2012, 386 p. Le BIM : un atout pour l’architecture, sur le site Internet architectes.org Règlement de déontologie du 16 décembre 1983 établit par le Conseil National de l’Ordre des Architectes, sur le site Internet architectes.org Convention collective nationale des entreprises d’architecture, sur le site Internet architectes. org Le livre blanc de l’habitat participatif, Ouvrage collectif, Manifeste pour l’habitat participatif, 2011, 66 p. Bibliographie

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Annexes

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PROTOCOLE de formation HMONP

Elisabeth Defrance

Préambule Pour dresser une description complète de mon intention de suivre la formation HMONP, il m’est nécessaire d’expliquer l’évolution de mon intérêt pour l’architecture et le métier d’Architecte. Durant ma formation universitaire, le premier déclic que j’ai eu pour l’architecture m’est venu lors d’un stage de six mois fait en alternance pendant ma troisième année de Licence en Géographie mention Aménagement du territoire, Urbanisme. J’étais au Pôle Cadre de vie de la Mairie de Feyzin sur une étude d’aménagement d’un espace naturel public mais à risques technologiques. Le travail d’état des lieux et de premières préconisations m’ont amené à envisager le devenir d’un espace, à imaginer son quotidien, à visualiser la vie du lieu, pour en préparer au mieux les formalités et conditions de son aménagement. Cette première approche spatiale et sociale par ce stage m’a conduit à vouloir faire mon deuxième stage de six mois pour mon Master 1 d’Urbanisme dans une agence d’architecture et d’Urbanisme. Lors de ce stage, j’ai pu participer à une étude de renouvellement urbain d’un quartier social. Lors de cette étude j’ai été associé au travail de relevé des bâtiments, d’entretiens avec les habitants aux cotés d’un sociologue, aux propositions graphiques du projet et à la présentation. Cette expérience fut pour moi le second déclic et le plus décisif. Mon tuteur était un architecte, et j’étais également encadré par une urbaniste responsable du suivi et de la rédaction de l’étude. Cette étude me permit de me rendre compte combien je restais frustré de ne pas pouvoir plus participer à la phase de conception et d’esquisse, faute de réelles compétences pour visualiser l’espace de demain et mieux en dégager les dysfonctionnements existants, de ne pas pouvoir pointer de manière efficace et précise les points sur lesquels orienter les débats avec la maîtrise d’ouvrage. Je compris que ce point était l’espace charnière entre la profession d’urbaniste et le métier d’architecte. Une sensibilité me manquait sur la perception passée, présente et futur des lieux, et je n’envisageais pas d’exercer une activité professionnelle d’urbaniste sans avoir pleinement conscience de tous les enjeux relatifs à un espace de vie. Mes intentions pour la formation HMONP : Mon intention de suivre la formation HMONP cette année réside dans la logique de mon parcours universitaire et professionnel. Apres avoir validé mon Master 2 d’Urbanisme à l’Institut d’Urbanisme de Lyon, j’ai souhaitais prolonger ma formation en intégrant l’école d’Architecture de Grenoble par Validation d’Acquis par Enseignements, en deuxième année de Licence d’Architecture. Cette volonté reposait sur une attirance et une profonde curiosité pour le métier d’Architecte. Les compétences et connaissances propres à son activité professionnelle et son rôle majeur dans la réalisation d’édifices, de villes, rendent l’Architecte acteur de la composition des paysages dans lesquels nous évoluons. Une Annexes

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caractéristique intrinsèque qui représente à mes yeux, de réels enjeux de société. L’Architecte participe à la formalisation de réponses en concrétisant une discussion entre de multiples acteurs. L’échange et la discussion sont des paramètres qui m’intéressent particulièrement dans la pratique du métier. L’intérêt commun que permet l’architecture représente de réel enjeux pour la société dans laquelle nous évoluons, et c’est en ce sens que le métier et la place de l’architecte représente pour moi un engagement à la rencontre de multiples dimensions : éthique, politique et humaine. Un questionnement aussi riche et précis qui a nourrit mon attrait et développé ma passion pour l’architecture et qui aujourd’hui motive mon souhait de suivre la formation HMONP. En choisissant de suivre la formation HMONP à la sortie de mon Master 2, j’aspire à répondre à des questions, à découvrir et à appréhender la pratique de l’architecte pour mieux comprendre et ainsi pouvoir mieux orienter mes perspectives en vue d’exercer en mon nom propre. De quelle manière porte-t-on un projet de la conception à la réalisation ? Comment se formalisent et se pratiquent les échanges entre les différents acteurs du projet ? Durant ces quatre dernières années, j’ai pu participer à des missions en agence d’architecture, ce qui me permit d’acquérir une première approche des différentes phases de projet et des multiples compétences et connaissances que doit déployer un architecte dans son exercice professionnel. Lors de ces différentes expériences, j’ai pu être associée à diverses phases d’un projet. Néanmoins, la maîtrise d’œuvre et l’aspect économique présent dans le métier d’architecte reste inconnu pour moi, et je désire en suivant cette formation renforcer mes connaissances relatives à la profession, mais également m’initier à ce temps de projet et à la gestion d’une structure. De manière générale j’ai principalement été associée à des temps de travail en amont de la maîtrise d’œuvre. Un état qui résulte de mon profil en urbanisme me permettant d’avantage de répondre à des besoins en matière d’AMO et de conception. Lors d’une mission de 3 mois chez Ludmer-Bouvier Architectes, j’ai pu participer à la réalisation d’un DCE, au dessin de plans d’exécution et au dessin d’un carnet de détails pour une opération de logements collectifs. J’ai également participé à plusieurs reprises à un suivi d’AvantProjet Définitif et aux dépôts de Permis de Construire. J’ai pu assister à quelques réunions de chantier en tant que stagiaire, simplement pour découvrir ce temps dans l’exercice du métier d’architecte. C’est en ce sens que la formation HMO-NP me permettra de mettre à profit ce temps de formation pour appréhender et aussi m’initier à l’ensemble du métier d’architecte. Ce temps de formation HMONP me permettra d’approfondir et d’acquérir une large culture architecturale pour disposer de bases théoriques essentielles et solides, mais aussi des savoir-faire techniques et pratiques du projet. En abordant à travers la constitution de ce protocole, les multiples objectifs que je souhaite approcher durant cette formation, la maîtrise d’œuvre m’intéresse dans les compétences d’échanges et de gestion qu’il faut déployer. Ce temps représente toute une moitié dans le développement d’un projet. La responsabilisation dans la conception, l’énergie à porter et à

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suivre avec connaissance et technique, mais aussi le dialogue avec lequel il est nécessaire d’exercer est des compétences précieuse. C’est ce temps d’apprentissage et de responsabilisation que je souhaiterais acquérir dans l’objectif de parfaire, de savoir mener un projet en le pensant dans son ensemble et dans une réalité. En pointant plus spécifiquement ce choix sur la maîtrise d’œuvre, c’est l’amplitude de la profession que je souhaite étudier pour enrichir et poursuivre mon parcours professionnel. En me positionnant dans la perspective professionnelle en tant que responsable d’un projet, j’ai désire développer des savoir-faire permettant de répondre à des besoins. De part mon parcours c’est d’avantage par l’angle et la volonté humaniste qu’artistique que j’ai souhaité devenir architecte. Mais en intégrant l’école d’architecture, cet aspect créatif et cette nouvelle possibilité d’expression se sont révélés à moi. Aujourd’hui je peux dire que j’affectionne tout autant le projet pour son langage artistique que par son langage fonctionnel. En effet, l’architecte peut ainsi développer et mobiliser la créativité pour répondre et communiquer avec son environnement. C’est dans l’idée de dialogue et de communication que je souhaite pouvoir orienter ma pratique future d’architecte. En interrogeant un espace dans ses potentialités, l’architecture permet la révélation d’hypothèses. Des hypothèses qui sont le fruit de discussions, de consensus (moraux, administratifs et physiques). J’appréhende la pratique du métier d’architecte autour des échanges qui alimentent les différents temps du projet. C’est en considérant la singularité de chaque projet autour de l’articulation entre les besoins des habitants et la réalité du site, que j’envisage ma pratique future. C’est dans l’idée du « sur mesure » à toutes les échelles que je pense développer ma pratique future. Toute ma méthodologie reposera alors sur cette adaptation selon le contexte du projet à divers paramètres. C’est à travers l’analyse et la lecture du contexte que j’envisage l’architecture dans sa pratique contemporaine, puisque c’est à mon sens, par l’association entre plusieurs acteurs, par l’interdisciplinarité que l’architecte trouve réponse par le projet d’architecture. La richesse du métier réside dans cette qualité à composer à partir des enjeux et contraintes d’un espace et en se nourrissant de cette transdisciplinarité. Aussi, concernant mes attentes sur les apports théoriques des sessions d’enseignement de la formation et de la mise en situation professionnelle, je souhaite approfondir mais surtout me sensibiliser aux enjeux de la responsabilité de l’architecte. C’est par l’apprentissage et l’étude des méthodes de gestion d’agence et de projet que j’aspire à suivre ces quelques mois de formation. Il s’agit pour moi d’aborder aussi bien des questions techniques que l’apprentissage du relationnel avec les autres acteurs professionnels corrélés au projet architectural dans sa globalité. Les procédures et l’aspect déontologique représentent aussi une dimension qu’il me semble important d’acquérir. Je conçois le métier comme étant à la croisée de multiples disciplines. Un métier où s’articulent plusieurs domaines : social, économique, environnementale, juridique et artistique. Plus spécifiquement, je souhaiterais aborder le temps de gestion de projet (suivi de chantier, gestion des entreprises) et d’exécution, le temps de constitution de dossiers de consultation des entreprises, le temps de direction de l’exécution de travaux, de pilotage et d’ordonnancement, mais aussi le temps d’assistance aux opérations de réception. Je souhaite accéder aux méthodes et outils de gestion du personnel, de recherche de marchés, de démarchage dans un réseau, savoir comment alimenter et construire son Annexes

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réseau. Savoir comment échanger avec les entreprises et comment gérer les discussions dans la prise de décision avec la maîtrise d’ouvrage où le particulier. A ces différents temps, dans la mesure du possible, je souhaiterai aussi pouvoir participer aux phases d’étude, d’esquisse et d’avant projet. Bien que ce soit moins prioritaire pour ce temps de formation à la HMONP, j’aimerais pouvoir conserver une vision globale du métier d’architecte. En somme, ces attentes assez générales me permettront de savoir comment organiser ma future structure, comment je choisirais de la mener et sous quelle configuration je tenterai de la faire évoluer. Si pour le moment c’est assez vague, j’imagine réellement une structure où je puisse pratiquer aussi bien des études de projet que de la conception et de la maîtrise d’œuvre. Un ensemble très élargi mais qui pour moi revête tout son importance pour penser et produire une architecture cohérente avec son environnement. C’est en ce sens que j’ai cherché à intégrer une structure me permettant au mieux d’associer ces différents temps de projet en cohérence avec mes affinités architecturales. Dans le premier temps de ma recherche pour la MSP, j’ai ciblé des structures qui me permettaient le plus possible d’aborder l’ensemble des phases d’un projet d’architecture. Etant donné mon profil et mon intérêt pour les jeux d’échelles et pour l’articulation entre toutes les phases d’un projet, j’ai orienté mes recherches sur quelques structures susceptibles d’être intéressées par mon profil. J’ai eu l’opportunité d’être prise pour quatre mois chez Innovation et Création architecturale à Grenoble (INCA). Il s’agit d’une agence répondant à des projets de grande échelles, sur des sites remarquables, majoritairement classés mais à fort potentiel touristique. Cette agence développe un savoir-faire singulier articulant l’étude, l’esquisse et la maîtrise d’œuvre. Durant ces quatre mois j’ai été principalement mobilisée au pôle études, mais aussi sur des temps d’APS aux côtés de chefs de projet. A l’issue de ces quatre mois, il m’a été proposé d’effectuer ma mise en situation professionnelle dans cette structure. Mais après avoir pris connaissance de la structure, de son cloisonnement en pôle, de son organisation et surtout de la faible probabilité de me rendre sur un chantier étant donné que l’ensemble des projets sont à l’étranger ou très éloignés en France, j’ai fait le choix de ré-orienter mes recherches et de répondre à une autre opportunité complétement différente chez Raymond Brun Architecte. Néanmoins c’est en connaissance de cause que j’ai pris cette décision, puisque je connaissais déjà la structure dans laquelle je vais, de fait, effectuer ma MSP. L’an passé, j’ai travaillé deux jours par semaine dans cette structure. Malgré le fait que cette dernière ne dispose pas de pôle études, et n’oriente pas son activité vers des projets relatifs à l’urbanisme ou à la grande échelle, sa taille et son dynamisme local me permet d’envisager plus sereinement et sûrement la maîtrise d’œuvre que j’aspire à approfondir durant cette formation. Ce choix ne s’explique pas par une volonté d’orienter mon parcours professionnel sur des phases de maîtrise d’œuvre que d’étude mais pour pratiquer mon métier d’Architecte en pleine connaissance de cause. Je désire apprendre et connaître l’ensemble de mon métier afin de ne pas faire l’impasse sur une partie de ce que peut en être sa pratique. Mon profil étant très largement orienté, c’est une manière de pouvoir me rendre compte réellement de la pratique d’architecte. Je trouve essentiel de pouvoir faire ce métier en connaissance de cause et en ayant une culture générale sur les différentes fonctions de l’Architecte. C’est pourquoi le choix d’une agence de plus petite ampleur me permet d’accéder plus

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facilement à la gestion, à l’échange, à la constitution de dossier, au suivi de projet, à l’esquisse et surtout à la responsabilisation. L’agence de Raymond Brun a attiré mon attention au regard de sa maîtrise technique dans différents matériaux. Par son passé spécialisé dans les chalets de montagne, Raymond Brun possède une remarquable connaissance et pratique de l’architecture bois. Cette apport précieux sur une matière, il a su le renouveler en élargissant son activité à différents programme (logements, équipements…), ce qui lui permet aujourd’hui de s’inscrire dans un réseau assez large sur la région savoyarde. Néanmoins, en posant plus précisément mes aspirations, si je me positionne dans la démarche de développer mon agence, mon idéal personnel se rapprocherait d’avantage d’une structure comme INCA, mais c’est dans une structure comme celle de Raymond Brun Architectes que je trouverais plus de réponses à mes questionnements en tant que jeune architecte, et future Architecte HMONP. En parallèle à la formation HMONP et dans l’intention de pratiquer en mon nom propre, je souhaite commencer à m’informer sur les différentes possibilités qui me sont permises après la formation. Dans un premier temps, je continue à affiner mon projet professionnel et mes volontés relatives à la pratique que j’exercerais (études, AMO, MOE, OPC…), et dans un souci de sécurité financière et pour m’exercer à la pratique, j’envisage de rester dans une agence mais à temps partiel, et de développer en parallèle une activité émergente. Dans cette optique, je compte étudier cette possibilité et le développement de ce projet pendant la durée de la formation HMONP. Au sein de la structure de Raymond Brun, qui est composé d’un architecte responsable de l’agence (Raymond Brun), d’un architecte chef de projet, d’un responsable chargé du suivi de chantier et d’une assistante de direction, mais aussi assistante dessinatrice, je permets l’apport de connaissances urbanistiques et architecturales. Urbanistiques par mon parcours et ma formation initiale, et architecturale par le fait que je sors de l’école, et que je permet dans cette structure déjà très bien organisée, de donner une approche nouvelle et innovante avec ces maladresses mais aussi ces avantages pour une structure qui pratique sur un bassin local. Raymond Brun, par son passé en tant que praticien apprécie d’orienter de manière régulière son activité vers des nouveautés en accord avec des influences locales. C’est par mon double diplôme et ma capacité à considérer différentes échelles contextuelles et architecturales que je peux mettre en évidence un apport au sein de cette agence.

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DEFRANCE Elisabeth Septembre 2015


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