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Le bleu du caftan : une douceur palpable
Récipiendaire du prix de la critique dans la section « Un certain regard » du Festival de Cannes 2022, Le bleu du caftan (2022) immerge le spectateur dans l’intimité d’un couple marié composé de Halim, un tailleur de caftans tenant une boutique dans la médina de Salé, interprété par Saleh Bakri, et sa femme Mina, atteinte d’un cancer, jouée par Lubna Azabal. Dans son second long-métrage, Maryam Touzani dépeint le quotidien du couple rythmé par un amour platonique, mais inconditionnel, celui qui unit un homme habité par ses pulsions homosexuelles réprimées et la femme qu’il a choisie d’aimer. Le regard de la réalisatrice se pose d’abord sur leur vie de couple, dans sa plus grande sincérité, puis sur le triangle amoureux qui naît avec l’arrivée de Youssef, le nouvel apprenti de Halim.
L’histoire dépeint un binôme vivant une tendresse et une complicité non charnelles. Grâce à Youssef, Halim renoue avec sa sensualité, avec une certaine pudeur, éloignée de toute vulgarité. Ce sont les non-dits – les mains qui s’effleurent, les peaux qui se touchent et les doigts qui s’entrelacent – qui guident la navigation des relations complexes entre les personnages. Malgré l’attraction platonique régnant au sein du couple d’Halim et Mina, le toucher reste un vecteur clé de la relation qu’entretient Halim avec sa femme malade. Grâce aux visuels réfléchis, le spectateur peut laisser son instinct parler, son imagination jouer avec les images, sans besoin qu’on lui dicte tout ce qui se trouve sous ses yeux. film balancé, sans artifices, loin de requérir le décryptage de codes cinématographiques complexes. Seulement trois lieux – le hammam, l’atelier et la maison – et trois personnages – Halim, Mina et Youssef –, qui forment un triangle amoureux étonnamment harmonieux, créent une symétrie forte et intrigante. L’utilisation de trois lieux reflète le triangle amoureux, et la simplicité brute de ce choix fait la force du film.
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Quoique le film puisse sembler à première vue n’être qu’une étude du désir réfréné, on y trouve des symboles évoquant le cycle, la circularité de la vie et du quotidien, qui soulèvent les
Le 1er février, le Sénat en France a voté l’inscription dans la Constitution de la « liberté » de recourir à l’avortement. Quelques mois auparavant, les députés de l’Assemblée nationale avaient approuvé la mesure qui visait à « protéger et garantir le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception » en l’inscrivant dans la Constitution. Du point de vue linguistique et juridique, il existe bien une distinction entre le concept de droit et celui de liberté. Cependant, ce qu’il faut finalement retenir, c’est qu’aucun droit ni aucune liberté ne doivent être considérés comme acquis, qu’ils soient ou non inscrits dans la Constitution. Cet été, les ÉtatsUnis nous l’ont regrettablement rappelé à la suite de l’arrêt Roe v. Wade. En effet, en 1973, la Cour suprême des États-Unis avait inscrit dans la Constitution le droit aux femmes d’avorter. 50 ans plus tard, cette même Cour l’annule et par conséquent, donne le droit à chaque état individuel d’interdire ou de restreindre l’accès à l’avortement pour les femmes enceintes.
Le film français Annie Colère, réalisé par la française Blandine Lenoir, à l’affiche depuis novembre dernier, met en avant de manière pédago-
Dans Le bleu du caftan , les symétries créées par Maryam Touzani donnent lieu à un thèmes de la mort, de l’amour et du travail acharné. De façon répétée, Mina mange des clé - mentines qui finissent par pourrir, comme ce que le cancer inflige à son corps. Le caftan bleu sur lequel Halim travaille tout au long du film rappelle le temps qui passe, et la fin inévitable. Grâce aux symbolismes si naturellement enchâssés au récit, le spectateur est incité à réfléchir aux thèmes abordés et à garder en tête la fatalité du sort de Mina, sans pour autant que cela alourdisse les dialogues qui demeurent légers et joueurs.
Ce qui fait la beauté du film, c’est son honnêteté sensible et sa mise à nu de thèmes foisonnants comme l’amour platonique, la sexualité, et la maladie, mais toujours abordés avec beaucoup de tact. Bien que lent au début, le film de Maryam Touzani nous présente avec grâce un couple inhabituel, qui s’aime malgré tout et qui vit un quotidien insolite, sans pour autant sembler irréaliste. x