11 minute read

Le train sera… à l’heure!

Comprendre l’impact du REM sur la communauté étudiante de McGill.

titouan paux Éditeur Enquête

Advertisement

Àla fin du mois de juillet dernier, les premiers départs du Réseau Express Métropolitain (REM), le nouveau système de transport collectif dernier cri du grand Montréal, se sont déroulés dans une euphorie générale que beaucoup trouveront justifiée compte tenu de l’attente et l’excitation suscitées par le projet depuis plusieurs années. Le secteur RiveSud, qui relie Brossard à la Gare Centrale, est en service depuis maintenant un mois. Présenté pour la première fois au public en avril 2016 par CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), le REM est un projet ambitieux de train léger automatisé créé pour dynamiser le transport collectif dans le grand Montréal et augmenter les possibilités de mobilité collective et durable. Il est financé, entre autres, par la CDPQ, le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral. L’ouverture du reste du réseau (à l’exception du segment Aéroport), est généré de nombreux emplois, l’entreprise s’est contrainte à suivre des engagements stricts pour compenser l’impact environnemental du projet. Le REM apparaît également comme un facteur important de connexion interurbaine, rapprochant différents quartiers, et comme un atout facilitant l’accessibilité. Par ailleurs, le projet s’illustre par son prestige évident : il est « le plus important en terme de transport public depuis le métro de Montréal, inauguré en 1966 », et sera à terme « l’un des plus grands réseaux automatisés au monde ». Cela explique son inauguration en grande pompe le 28 juillet, marquée par la présence, entre autres, de Justin Trudeau et François Legault.

Le REM et McGill : Une révolution ? (Ou presque)

Les mcgillois·e s qui seront le plus impacté·e·s par le REM seront ceux·lles qui vivent en banlieue, comme sur la RiveSud, où le réseau s’articule autour des stations Panama, Du Quartier et Brossard, le termi - clement veysset | Le dÉlit prévue pour fin 2024, incluant notamment une fusion avec la station McGill, reliant le REM au métro, ici sur la ligne verte. Le nouveau système se présente comme un incontournable des futures mobilités montréalaises, il aurait été déraisonnable de ne pas en évaluer l’impact sur la communauté mcgilloise.

Le REM : trouver la recette miracle du transport collectif.

Il faut avouer que le REM accumule les qualités et se la joue élève modèle à une époque où la liste des exigences pour un projet de son envergure s’avère être bien longue. Savoir trouver la recette qui prend en compte praticité, sécurité, fiabilité, retombées économiques, impact social positif et respect de l’environnement représente un défi considérable. Le site internet du REM le présente comme un projet exemplaire. Il reprend une technologie de métro léger, combinaison entre tramway et métro, présentée comme « parmi les plus sécuritaires du monde » par CDPQ Infra. Alors que les travaux ont déjà nus. Cependant, il convient de se questionner sur le réel impact du REM sur la jeunesse mcgilloise, puisqu’il a le potentiel de jouer un rôle important dans la vie de nos étudiant·e·s. Malgré ses nombreuses qualités, le nouveau réseau a, lui aussi, ses failles. Nous avons questionné Ema Sedillot-Daniel, étudiante de McGill et résidente de la RiveSud, quant à ses habitudes de mobilité après l’ouverture de la première section du REM. Elle explique que, malgré des différences dans ses trajets quotidiens, le REM relève plus d’un changement d’organisation pour elle que d’une révolution pour ses trajets.

Le Délit ( LD ) : Comptes-tu prendre le REM quotidiennement pour aller sur le campus ?

Ema Sedillot-Daniel ( ES ) : Oui, je compte me rendre à l’école par le REM ou le covoiturage entre amis.

LD : Quel sera le temps de trajet ?

ES : Je dois prendre un autobus jusqu’au REM, donc au total entre 45 minutes et 1 heure de transport en commun.

LD : Quel(s) moyen(s) de transport utilisais-tu jusque-là pour te rendre à l’université?

ES : Mes moyens de transport changeaient entre le métro de la ligne jaune ou bien l’autobus jusqu’à Bonaventure.

LD : Gagnes-tu du temps avec le REM?

ES : Non, c’est similaire. Cependant, en raison du REM mon autobus qui allait au centre-ville n’existe plus. Par conséquent, je dois ajouter une navette pour me rendre au REM. Ceci n’est pas plus long en raison de la vitesse du REM.

LD : Cela te revient-t-il moins ou plus cher que les autres moyens de transports?

ES : Le même prix.

LD : Vois-tu un changement dans ton quartier lié au REM?

ES : Oui. Beaucoup de lignes d’autobus n’existent plus pour favoriser l’utilisation du REM.

LD : As-tu déjà éprouvé des difficultés avec l’utilisation du REM, comme des problèmes techniques ou des pannes?

ES : Non. Je l’ai seulement pris à une occasion et j’ai aimé mon expérience. Cependant, quelques de mes amis ont déjà été pris dans une panne du REM.

LD : Selon toi, le REM est un changement plutôt positif ou négatif ?

ES : Je suis vraiment heureuse de savoir que le REM va favoris - er le transport en commun pour plusieurs. Néanmoins, dans mon quartier, je pense qu’enlever toutes les lignes d’autobus qui étaient en fonction avant son ouverture complique la gestion du temps de plusieurs travailleurs sur la Rive-Sud. Les impacts du REM à la suite de son ouverture vont laisser place à une période d’adaptation comme tout changement. Cependant, je pense que les impacts du REM restent pour la plupart positifs du point de vue environnemental et social.

Pour favorisver l’emploi du REM, de nombreuses lignes d’autobus système demande une organisation personnelle repensée. Ainsi, le REM s’est traduit en un bouleversement de la routine de certain·e·s, notamment des étudiant·e·s comme Ema. Comme elle le rappelle, le REM, de par son envergure, nécessitera une longue période d’adaptation. Reste à voir si le nouveau réseau arrivera à faire ses preuves et faire valoir ses qualités, afin de faire oublier les désagréments que son lancement provoque. Le système automatisé représente cependant un changement majeur, qui permet de rayer les facteurs humains de la liste des potentiels problèmes, à défaut des facteurs techniques et météorologiques. Il garantit des arrivées et des départs en temps voulu, minimisant également les temps d’attente, tout en augmentant la sécurité. Cela risque de changer la routine d’un bon nombre d’étudiant·e·s, lorsqu’on connaît les piètres performances des autobus de la Société de Transport de Montréal (STM), surtout en hiver. En septembre 2022, pas moins d’un quart des autobus étaient en retard (et nombreux savent que parfois, ils ne passent pas du tout). ont, en effet, été modifiées voire supprimées. Leur nouveau but : servir de navette pour relier les banlieues à une des stations du REM sur la Rive-Sud. Cependant, les temps de trajet ne sont pas toujours réduits et le nouveau

Le nouveau système présente aussi des avantages et de nouvelles opportunités économiques pour les étudiant·e·s. À terme, le nouveau réseau sera décisif dans les choix que prendront ces dernier·ère·s pour des étapes importantes du parcours académique.

Le REM ouvre de nouvelles possibilités d’emplois à temps partiel, de stages et d’événements de réseautage ailleurs que dans le centre, et même au-delà de l’Île de Montréal, à Laval ou Brossard. x

Renforcer l’excellence : l’impact de la Coupe du monde féminine

Une nouvelle ère pour le soccer féminin?

Cet été a eu lieu la neuvième édition de la Coupe du monde féminine de soccer en Australie et en Nouvelle-Zélande. Trente-deux équipes se sont qualifiées, dont quatre nations africaines : le Maroc, le Nigéria, la Zambie et l’Afrique du Sud, une première pour le continent. Ce tournoi, qui a pris place du 20 juillet au 20 août, a marqué un véritable tournant pour le soccer féminin avec un record de 1.5 milliard de visionnements sur toute sa durée. La finale, qui a eu lieu devant une foule impressionnante de 75 000 personnes, s’est conclue par une victoire surprise de l’équipe espagnole face aux championnes en titre de l’Euro 2022, les Lionesses du Royaume-Uni.

L’Australie et la Nouvelle-Zélande, deux pays où le soccer n’est pas un élément culturel central, ont été des organisateurs plus qu’accueillants. Le climat était explosif : stades remplis à craquer, défilés de foules portant des maillots à l’effigie des Matildas de l’Australie, et des spectateurs venus de partout dans le monde afin de soutenir les différentes nations. L’accueil chaleureux du public durant le mois de compétition a été reçu avec joie, mais aussi avec surprise, par les équipes participantes.

L es joueuses font face à de nombreux obstacles dans leur carrière, tels que le manque de financement, le sexisme et l’inégalité salariale, particulièrement exacerbés dans le monde du soccer. En effet, la Coupe du monde masculine, un événement central de ce sport, a une portée internationale bien supérieure et apporte aux joueurs de nombreuses opportunités. Des occasions auxquelles les joueuses

« Ces avancées à l’échelle internationale s’avèrent un bond considérable pour la condition féminine dans le sport et sont à l’image de l’engouement exceptionnel qui entoura la Coupe du monde féminine de cet été » n’ont souvent pas accès, dû à un manque d’intérêt du public ainsi qu’à une absence de financement qui les empêchent d’atteindre leur plein potentiel au sein de leur carrière professionnelle.

Un tournant dans le soccer féminin

Concernant la Coupe du monde féminine 2023, elle nous apprend beaucoup sur la condition féminine dans un sport historiquement et culturellement dominé par les hommes. Cette fois-ci, le tournoi international a donné lieu à des parcours de joueuses inspirants, des progrès importants pour les équipes féminines souvent sous-estimées et sous-financées. C’est le cas de l’équipe féminine du Maroc, qui pour sa première participation à une compétition mondiale, s’est rendue en huitième de finale, et a de ce fait éliminé l’Allemagne, favorite de ce tournoi. La joueuse Nouhaila Benzima, membre de l’équipe du Maroc, a elle aussi marqué l’histoire en participant à ce mondial tout en portant le hijab. Elle a transmis le message fort que le hijab n’a plus raison d’être une barrière dans le monde professionnel et sportif. Considérant la portée de ce tournoi à l’international, son geste a été vu comme un signe d’espoir pour les jeunes filles voilées intéressées par le soccer, ainsi que pour toutes les femmes voilées. De son côté, dans un parcours similaire à celui de l’équipe marocaine, la Jamaïque a impressionné l’audience en étant le premier pays des Caraïbes à se qualifier pour la Coupe du monde, ainsi qu’en progressant jusqu’en huitième de finale.

Ce tournoi a donc permis de sensibiliser le public à la lutte des équipes nationales féminines pour plus d’équité salariale, un combat qui a pris une certaine ampleur dans les médias au cours des dernières années. En effet, les joueuses ont dénoncé les difficultés d’obtenir un salaire adéquat, et représentatif de leurs efforts, une intervention soutenue par leurs fédérations respectives.

L’exemple le plus médiatisé est certainement la lutte acharnée de l’équipe des États-Unis pour l’équité salariale, et ce, depuis 2016. La justice américaine a finalement tranché en leur faveur, et les joueuses ont pu bénéficier d’une compensation financière de près de 22 millions de dollars. De plus, il existe maintenant une obligation légale d’égalité salariale entre les équipes féminine et masculine américaines. En 2023, la FIFA (Fédération International de Football Association) a imposé un salaire minimal de 30 000$ pour l’ensemble des joueuses prenant part au mondial. De plus, le prix monétaire offert aux équipes féminines du tournoi a quadruplé depuis 2019, jusqu’à atteindre les 152 millions de dollars. Cette évolution importante de la condition salariale des joueuses est à souligner, mais se trouve encore loin du montant de 440 millions de dollars alloué à la Coupe du monde masculine. Ces avancées à l’échelle internationale s’avèrent un bond considérable pour la condition féminine dans le sport et sont à l’image de l’engouement exceptionnel qui entoura la Coupe du monde féminine de cet été.

La crédibilité et l’intérêt grandissant accordé au sport féminin ces dernières années ont permis de faire pression sur les fédérations sportives, améliorant ainsi les conditions de travail des joueuses et celles de nombreuses installations sportives. Le club de soccer CF Montréal, par exemple, a mis en place en 2023 un programme féminin de soccer, qui a pour but d’encadrer davantage les jeunes femmes investies dans ce sport, afin de faciliter l’équilibre avec leurs études et d’offrir davantage d’opportunités vers l’équipe nationale canadienne ou les clubs professionnels. Tout ce progrès

« doivent lutter pour maintenir leur santé physique et mentale, tout en assumant les frais de leur propre participation à un tournoi international, qui génère pourtant des profits monstrueux » autour du développement des équipes féminines et de la lutte pour l’égalité salariale des joueuses a mené à une Coupe du Monde fascinante. Un mondial rassemblant plus d’équipes qu’avant, avec un niveau technique et tactique élevé, produisant des matchs serrés aux résultats surprenants, alors que le succès inattendu de certaines équipes entraînait une curiosité nouvelle de la part des spectateurs pour le soccer féminin. d’équité salariale et d’intérêt de la part du public, des inégalités profondes persistent. L’équipe jamaïcaine, qui s’est rendue en huitième de finale pour la première fois de son histoire, a dû assumer une part du coût de sa participation au mondial en organisant une levée de fonds sur la plateforme Gofundme , ce qui a grandement ému la sphère publique. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. En effet, en raison du faible salaire alloué,

Difficile d’imaginer une réalité où les joueuses féminines doivent lutter pour maintenir leur santé physique et mentale, tout en assumant les frais de leur propre participation à un tournoi international, qui génère pourtant des profits monstrueux. Malgré les avancées notables de la part des fédérations, il est important de souligner la négligence de

« Quelle ironie de voir à la fois tant de progrès pour la condition féminine dans le sport côtoyer une agression sexuelle banalisée par de nombreux dirigeants, qui excusent ce geste au nom des ‘‘émotions’’ et de la ‘‘fierté’’ »

Encore un long chemin pour le soccer féminin

Même si cette Coupe du monde féminine a engendré d’importants progrès en matière plusieurs joueuses des équipes américaines et australiennes se voient contraintes de recourir à des congés sans solde à leur employeur secondaire en vue de subvenir à leurs besoins. ces dernières concernant le développement des équipes féminines. L’équipe marocaine n’a pu débuter son processus de développement professionnel qu’en 2014, le Maroc étant un pays où le sport féminin demeure mal vu par certains.

Nous pouvons également aborder la lutte opposant l’équipe espagnole, championne de ce mondial et sa propre fédération sportive. En effet, plus d’une quinzaine de joueuses ont été exclues du tournoi, dont les stars Sandra Paños et Mapi León, en raison d’un conflit datant de l’Euro 2022 où les joueuses avaient réclamé un changement systémique de la direction de la fédération. Cette demande a provoqué l’exclusion au mondial des 15 joueuses espagnoles ayant été mêlées à ce conflit politique par l’entraîneur Jorje Vilda.

Le sexisme est omniprésent dans le sport, et ce mondial en est la preuve : des spectateurs du monde entier ont dénoncé le scandale sexiste de la cérémonie de la finale de la Coupe, durant laquelle le président de la RFEF a embrassé sur la bouche une joueuse espagnole, Jennie Hermoso. Celle-ci a plus tard admis qu’elle s’était sentie « vulnérable et victime d’une agression » de la part du président. Ce geste a semé l’émoi en

Espagne, le peuple espagnol réclamant même la démission du président, Luis Rubiales. Quelle ironie de voir à la fois tant de progrès pour la condition féminine dans le sport côtoyer une agression sexuelle banalisée par de nombreux dirigeants, qui excusent ce geste au nom des « émotions » et de la « fierté ». Un momentum à conserver

Cette Coupe du monde a permis de mettre en valeur le niveau technique des joueuses et l’intérêt nouveau pour le soccer féminin, qui va offrir aux joueuses de nombreuses opportunités. Néanmoins, il est essentiel de garder à l’esprit les obstacles concernant l’équité salariale et le sexisme, qui freinent encore beaucoup les femmes dans leur carrière sportive. De plus, le momentum de soutien face au soccer féminin reste inédit. Reste à espérer que d’ici la prochaine Coupe du monde en 2027, la condition féminine au sein du sport n’aura cessé de progresser, et que les joueuses professionnelles n’auront plus à naviguer une carrière sportive en étantsous-estimées et sous-payées. x artsculture@delitfrancais.com

This article is from: