VALPARAÍSO
Bilan de mon année & conseils pour les futurs porteños
Delphine Magnan–Rapport d’expérience Master 1 à l’E(ad) (Escuela de Arquitectura y diseño) de la PUCV (Pontifical Universidad Catolica de Valparaíso)–2016/2017
S O M M A I R E
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Introduction attentes
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I. Vie à Valparaíso
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:
Motivations
et
La ville L’espagnol Le cout de la vie Trouver un logement
II. Ecole
Présentation générale Taller de arquitectura Taller de Amereida Geografia del Gran Valparaíso Plastica contemporanea Hombre y juegos Taller de obra Cultura del cuerpo Les crédits ECTS La Travesia
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III. Voyages
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Conclusion : et après Valparaíso ? à moi l’Europe!
Premier voyage de 90 jours en sac à dos & bus : Brésil, Argentine, Bolivie, Pérou, Chili Second voyage de 40 jours en solo, sac-à-dos & bus : Argentine, Uruguay, Brésil
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INTRODUCTION : MOTIVATIONS ET ATTENTES
Depuis le début de mes études supérieures, j’avais en tête l’idée de partir un an à l’étranger car toutes les expériences que l’on m’avait racontées semblaient positives. C’est en troisième année à l’ENSAM, que je me suis lancée dans le projet d’intégrer le programme de convention internationale pour réaliser ma 4ème année à l’étranger. Mes choix s’orientaient vers l’Amérique du Sud, continent que je n’avais pas encore eu la chance de pouvoir visiter. C’est une destination qui m’attirait énormément de par ses paysages et sa culture. Par ce programme de mobilité, je pensais que l’école nous offrais une opportunité exceptionnelle de vivre une réelle expérience. C’est une chance que je ne voulais absolument pas manquer. Après avoir vécu 21 ans dans la même ville, je voulais un peu changer d’air pour plus d’indépendance. C’était pour moi plus une opportunité ou un défi qu’une appréhension. J’imaginais bien qu’en partant si loin, je ferai face à quelques difficultés mais je ne m’inquiète pas trop ; j’étais sûre que le positif surpasserait de loin le négatif. Comme je le disais précédemment, je n’avais pas encore eu l’occasion de visiter l’Amérique du Sud. J’ai visité certains pays européens et nord-américains, tous dans un univers très occidentalisé et je voulais désormais essayer de me tourner vers des pays qui offrent une culture différente et nouvelle pour moi. Evidemment, ce sont aussi les paysages qui me faisaient rêver en Amérique latine. J’espérais avoir le temps de pouvoir un peu voyager pour profiter pleinement de mon année au loin. Cette année me permettrais aussi de renouer avec la langue espagnole que j’ai un peu délaissée depuis mon baccalauréat. En effet, je n’ai pas réellement eu l’occasion de pratiquer l’espagnol depuis et j’ai certainement oublié quelques règles. Cependant, je pense que la meilleure façon d’apprendre une langue est d’être immergé dans le pays la pratiquant. Je maitrise assez bien l’anglais (niveau C1, CLES obtenu en Mai 2014) et j’aimerais qu’il en soit de même pour mon niveau d’espagnol.
Partir étudier à l’étranger m’offrirais aussi une possibilité de voir la discipline enseignée autrement. Comprendre de nouveaux systèmes et modes de travail, de nouvelles manières de penser l’architecture sont aussi des vraies motivations pour moi. J’imaginais et j’espérais découvrir de nouvelles manières d’aborder le projet et compléter mon point de vue. J’étais curieuse de voir comment l’architecture Sud-Américaine est pensée, dans un contexte historique et climatique diamétralement différent du monde européen auquel j’étaishabituée. Ce séjour ne pourra qu’élargir mon champ de connaissance qui m’aidera très certainement dans mon futur d’architecte. Pour affiner mon choix et hiérarchiser mesvœux, j’ai demandé des conseils à plusieurs étudiants de l’ENSAM. Tous m’ont fait part de leur grande satisfaction quant à leur année à l’étranger, ce qui me confortais d’autant plus dans mes idées. C’est l’école de Valparaíso au Chili qui me séduisaitle plus. La ville me semblait très belle et agréable, profitant d’un cadre exceptionnel sur la côte Pacifique. De plus, les étudiants avec qui j’ai pu discuter m’ont tous parlé d’une bonne école. J’ai pu me renseigner plus précisément sur l’enseignement avec des étudiantes actuellement là-bas. Les étudiants français m’ont parlé de la manière sensible dont est enseigné le projet au Chili, un mode de projet particulièrement centré sur la poésie du lieu qui a enrichi leur façon de percevoir le projet. J’étais également très intéressée par un stage organisé là-bas en quatrième année : la « traversía ». C’est un séjour entre stage de chantier et voyage d’études qui consiste à intégrer une communautéen Amérique latine pour construire ensemble un élément qui améliorera leur qualité de vie. Apparemment, cette expérience très formatrice plaît beaucoup aux étudiants qui s’en disent «changés ». Cette traversía permet de faire du projet tout en étant à l’écoute des locaux et d’adapter le dessin à la réalité du site, de la construction et du temps. Un autre point qui me plaisait énormément à propos de l’école de Valparaíso est sa « ciudad abierta». C’est un terrain immense qui appartient à l’école sur lequel professeurs et étudiants peuvent construire sculptures et installations. C’est un vrai lieu d’expérimentation à l’échelle 1, chose qui parait un peu incroyable. Pour conclure, j’aimerais dire que cette opportunité de partir à l’étranger pour mes études me semblais être une occasion magnifique de vivre une très belle expérience qui me permettrait d’aiguiser mon regard architectural en élargissant mon champ de vision sur la discipline. J’ai pu discuter avec de nombreuses personnes qui ont pu partir en programme d’échange, et leurs écits me faisaient énormément envie. J’avais très envie de m’immerger dans une année à l’étranger et vivre mon expérience de vie nouvelle.
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I. VIE À VALPARAÍSO
Ci-contre : Fiesta de los Mil Tambores à Valparaiso en Octobre
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LA VILLE Valparaíso est une ville moyenne (250 000 habitants), avec un centre ville qui garde une taille humaine agréable à vivre pour un petit étudiant intercambio qui arrive d’Europe sans trop savoir où il met les pieds. La partie centrale plane de la ville est le « plan » et elle se développe sur les collines que l’on appelle les « cerros ». Les habitation s montent très haut dans les collines. Valparaíso est une ville sur la côte mais j’ai été très vite surprise et frustrée de constater que le piétonn’a pas accès au littoral sur la partie du centre-ville. En effet, c’est le port industriel avec ses containersqui occupe cet emplacement de choix. On constate alors, que dans la politique de la ville, la place du piéton n’est pas encore une priorité comme elle peut l’être dans les villes européennes où il est à la mode de transformer les espaces portuaires et/ou industriels en lieux dédié au citadin (promenade,lieux culturels ou de shopping...). Les Cerros Alegre et Conception sont deux quartiers classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 2003. Ce sont les deux quartiers que l’on voit en premier en tapant « Valparaiso » sur Google avec leurs couleurs et graffitis et c’est grâce à eux que la ville est devenue si touristique. Pour bien se faire une première idée de la ville je conseille la visite touristique en français de Valpo’Otop (voir sur la page Facebook Tours ‘Otop) qui présente Valparaiso, son histoire, ses particularités avec passion.
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L’ESPAGNOL
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Personnellement (je suis de nature plutôt timide), la période d’adaptation à une autre langue n’a pas été très facile. Même si j’avais déjà eu des cours au collège, lycée et à l’école, je dirais qu’il m’a fallu presque trois mois pour me sentir «à l’aise» en espagnol. J’étais très fatiguée les premières semaines quand je rentrais chez moi le soir. Je ne m’en rendais pas compte mais le travail continu que faisais mon cerveau pour tout traduire était assez conséquent. J’ai habité avec beaucoup de français, ce qui ne m’a pas trop aidé. J’étais aussi dans un groupe de projet dans lequel on travaillait seul. J’aurais préféré un autre atelier pour travailler en groupe (je conseille l’atelier d’Ivan Ivelic, qui est aussi le directeur de l’école). C’est durant notre voyage scolaire en Novembre que je me suis rendue compte que je devenais plus à l’aise (même si je n’étais pas du tout encore bilingue (et que je ne le suis toujours pas)). Je n’ai pas eu peur de m’exprimer en public devant une soixantaine de personnes , j’étais toujours avec des hispanophones... Je dirais que c‘est à partir de ce voyage que je me suis réellement rendue compte de la chance que j’avais et que j’ai profité à fond de mon échange au Chili. Aujourd’hui après 11 mois en Amérique du Sud, je ne m’estime toujours pas parfaitement bilinguedans la mesure où mon niveau d’espagnol n’égalise pas mon niveau de français, mais je me sens à l’aise avec cette langue et je me sens capable d’échanger avec un hispanophone. Je peux envisager un stage en Espagne ou Amérique du Sud pour le futur. Je maîtrise aujourd’hui aussi bien l’espagnol que l’anglais et c’était l’un des objectifs que je m’étais fixé.
LE COUT DE LA VIE De manière générale, la vie y est plus abordable qu’en France, mais pas démesurément. Au niveau du prix du logement, la différence est significative mais pour la vie quotidienne (nourriture, ...) la différence n’est pas si énorme. Il y a cependant des solutions pour payer moins cher comme par exemple faire ses courses de fruits et légumes chez des primeurs ou à la feria de l’Avenida Argentina tous les mercredis et samedis plutôt que dans les supermarchés... Les bus de ville (dits «micros») coutent entre 300 et 600 CLP (1000 CLP pour celui qui emmène à la ciudad abierta). Grâce à la carte étudiante qu’il faut faire sur place (voir à la réunion d’accueil des intercambios), on peut profiter de réductions sur le prix des trajets. Pour ce qui est des sorties, il y a beaucoup de soirées gratuites pour les intercambios et les rues des bars (Ecuador et Cumming) sont bien plus abordables qu’en France.
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LE LOGEMENT
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En arrivant à Valparaiso, on m’avait dit qu’il était plus simple de s’installer dans une auberge pour les premiers jours et de commencer à visiter des appartements et qu’en général, on trouvait assez facilement. J’avais un peu peur de cette solution mais j’ai finalement suivi ces conseils. Je suis allée à l’hostal Verde Limon (les quartiers Cerro Alegre et Cerro Conception sont remplis d’auberges de jeunesse) où j’ai réservé une chambre privée pour une semaine et j’ai commencé mes recherches sur internet. Le site compartodepto.cl chilien est l’équivalent du seloger.com français. J’avais la volonté de trouver une colocation avec d’autres étudiants. J’ai visité trois maisons/appartements en trois jours et j’ai eu le coup de cœur pour la Casa Verdolaga et sa colocation de 8 personnes. C’est une colocation de taille moyenne à Valparaiso. Il faut compter entre 130 000 et 180 000 CLP pour un loyer moyen (je payais 165 000CLP pour une chambre de 10m2 avec vue sur la mer dans une maison sur les hauteurs de la ville. La plupart desmaisons ne disposent pas d’un confort « à l’européenne » (mal isolées, pas de chauffage, cuisines et salles de bains pas très modernes...) mais on s’y fait et ça fait aussi partie de l’expérience. Pour des prix équivalents on peut trouver des logements plus «confortables et propres» à Vina del Mar, la ville voisine, mais je préfère Valparaiso.
Pour trouver un logement, le bouche à oreille fonctionne également très bien. Il ne faut pas hésiter à demander autour de soi, à envoyer des messages whatsapp, sonner aux portes... Il y a des maisons « célèbres » pour les étudiants : • La grande Casa del Puerto, Almirante Montt 97, +/-15 chambres. • La petite Casa del Puerto, Almirante Montt 97. 5 chambres. • La Casa Elias, Elias 106. +/-13 chambres. • La Casa Mariposa, Figueroa 310. +/-16 chambres. • La Casa Verde. Propriétaire Isaac Casero. • La Casa Noruega, Independencia 2365. 7 chambres. • La Casa Verdolaga, Guillermo Rivera 873. 8 chambres. Propriétaire Patricio. C’est en aout/septembre que tous les étudiants européens arrivent. Il y a donc beaucoup de places libres mais elles s’occupent assez rapidement. Je parle ici des grandes colocations car c’est comme ça que j’ai vécu mon année, mais il est également possible de trouver des logements plus petits. Au niveau de l’emplacement je conseille d’essayer de se situer entre le plan et l’avenida Alemania, en se rapprochant du côté de Bellavista car c’est là où se concentrent les points d’intérêt de la vie de tous les jours. Il y a beaucoup de bus qui passent dans le plan et tous vont à Vina del Mar en passant devant l’école. Le 612/O passe par l’avenida Alemania et va également à Vina en passant devant l’école. C’est le bus que je prenais quotidiennement.
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Pour se faire une idée : compter 15 minutes à pied entre Guillermo Rivera 873 et la Terraza Bellavista en descente et 20 minutes dans le sens inverse en montée
La maison verte : la Casa Verdolaga 14
Vue depuis la fenĂŞtre de ma chambre
15 Entrée
Couloir d’entrée
Cuisine
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II. L’ECOLE
Ci-contre : le Pasacalle, un défilé dans la ville organisé par l’école
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PRESENTATION GENERALE L’E(ad) (Ecole d’Architecture et de Design) est officiellement sous la tutelle de l’Université PUCV appelée couramment « la Catolica » mais en réalité on ne sent pas de lien entre les deux. Toutes les autres branches (économie, ingénierie...) ont leurs cours à la Casa Centrale, mais l’école d’architecture a son propre bâtiment à Recreo (Vina del Mar). Contrairement au reste de la Catolica, l’E(ad) fonctionne avec un système de trimestres et non de semestres (ils parlent de changer pour s’harmoniser avec toutes les autres écoles). Les cours que j’ai suivi sont pour mon premier trimestre (en réalite le 3ème pour les chiliens) sont : -Taller de arquitectura (10 crédits chiliens) -Taller de Amereida (1 crédit chilien) -Geografia del Gran Valparaiso (3 crédits chiliens) -Plastica contemporanea (3 crédits chiliens) -Hombre y juegos (3 crédits chiliens)
Ci-contre : « Cérémonie » de bienvenue des intercambios à l’école d’architecture. L’école reçoit des élèves français, belges, espagnols, portugais, norvégiens, italiens, allemands, brésiliens, colombiens, argentins, mexicains
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TALLER DE ARQUITECTURA
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C’est le cours de projet. Nous sommes répartis dans quatre différents ateliers mais il y a possibilité de changer dès le début (ce que je n’ai pas fait). Chaque atelier a un projet différent qui se rapproche d’un thème particulier (urbanisme/patrimoine/structure/un autre dont je ne me rappelle plus). J’étais dans le petit atelier (10 personnes) de David Luza et notre thème était celui de l’urbanisme. Notre site de projet était l’avenida Brasil, l’une des rues les plus importantes de la ville. Nous avons commencé par de (très) longues semaines d’analyse de site (croquis, photos, analyses historique, sociales,économiques, écologiques, vidéos, montages photo...) qui nous paraissaient un peu interminables. Le projet est centré sur l’analyse de site. En réalisant une analyse de site plus importante, la proposition de projet serait plus légitime car plus réfléchie. Le projet proposé subit donc moins d’évolution que dans nos ateliers en France. On n’a pas réellement le droit de « se tromper » et de changer radicalement d’idée en cours de (fin de) semestre. C’est une gestion du temps qui est très différente et qui nous (les élèves en échange) a beaucoup déstabilisé. Néanmoins je suis contente d’avoir pu voir une autre manière de concevoir le projet. Pour le rendu, nous avons dû présenter une planche de 250*50cm + une maquette 1/250 de l’avenue + une maquette-coupe 1/50 d’une section de rue. J’ai été surprise de voir que nous n’avions pas d’oral. La planche doit comporter du texte pour expliquer son projet au jury qui examine les projets à huis-clos. Je n’ai pas apprécié ce projet mais c’est très personnel. C’est principalement la langue qui m’a freiné au début (car je n’arrivais pas à avoir des échanges intéressants avec mes professeurs, mon vocabulaire étant trop limité) et je n’ai alors pas conçu un projet qui me plaisait beaucoup, et, les semaines passant, j’avais l’impression de ne pas trop me sortir de ce problème. En définitive, j’ai quand même réussi à présenter un projet qui restait cohérent et j’ai pu avoir une note très correcte.
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Planche et maquette de rendu
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TALLER DE AMEREIDA C’est un cours très particulier de l’école. Je le caractériserais comme un cours magistral de « géographie poétique de l’Amérique du Sud». C’est parfois difficile de tout saisir (surtout au début), mais peu à peu ces cours permettent de bien s’immerger dans l’ambiance de l’école. L’Amereida est au cœur de la fondation même de l’école. En effet, c’est en 1952 qu’ensemble, des poètes, architectes et artistes ont fondé l’école. Le rendu final est un dossier ou carnet avec toutes les prises de notes de tous les cours.
GEOGRAFIA DEL GRAN VALPARAÍSO Le cours aide à mieux comprendre la ville. Il se concentre presque exclusivement sur un point : l’eau dans la ville (comment elle est conduite, la nature des sols...). Nous avons fait deux sorties à Vina del Mar et Valparaiso dont une très intéressante qui nous a permis de visiter les hauteurs de la ville et de redescendre à pied jusqu’au plan.
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PLASTICA CONTEMPORANEA 26
C’est le cours qui équivaudrait à nos cours d’expression plastique + histoire de l’art. Ce cours m’a beaucoup déçue. Pendant tout le trimestre nous avons regardé des films, certes intéressants car parlant d’artistes, mais je remets un peu en question la pertinence du professeur qui ne nous apportait pas grand-chose à mon avis. Nous avions chaque semaine un travail à faire pour la semaine suivante. Je n’ai pas trop compris le lien entre les «cours» et ces petits travaux. On doit juste rendre notre maigre travail, mais il n’y a jamais de retour sur nos réalisations. Il est important de garder une trace de tous ces travaux car à la fin du trimestre il faut rendre un carnet qui compile tout. Ceci ne nous avait pas été expliqué initialement.
HOMBRE Y JUEGOS Dans le cadre de ce cours nous avons pu faire des petits ateliers artistiques (peinture, improvisation, sculpture...) et philosophiques différents chaque semaine. Les cours m’ont à chaque fois surprise et leniveau est plutôt très abordable ( j’avais parfois l’impression de revenir en école maternelle). Ce n’est pas un cours qui me semble indispensable dans ma formation d’architecte, mais j’ai pu voir l’un de ces cours très particuliers qui n’existe vraisemblablement qu’à cette école et nulle part ailleurs.
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TALLER DE OBRA
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L’école possède un « terrain d’expérimentation architecturale » à plusieurs kilomètres de Valparaiso (compter une petite heure de trajet en bus) sur lequel se déroule le taller de obra, l’atelier construction. Plusieurs projets sont en cours et nous participons au chantier de l’une des obras. Ce semestre nous avons travaillé sur el « portico del huespedes » et appréhendé le thème des « moldajes flexibles » qui est une recherche menée depuis quelques années par David Joly, un architecte professeur de l’école. Nous travaillions dans l’atelier de la ciudad abierta où nous avions accès à tout le matériel et les outils nécessaires. La première étape de notre travail a consisté à la réalisation de maquettes de colonnes en plâtre pour nous familiariser avec les « coffrages flexibles » (moldaje flexible). L’expérimentation est très importante. Nous formulons des hypothèses que nous vérifions et nous essayons de comprendre pourquoi la réalisation a fonctionné ou pas. En fabriquant plusieurs colonnes plusieurs colonnes nous pouvons mieux comprendre et améliorer notre technique pour essayer de régler les différents problèmes. Nous prenons des notes et réalisons des croquis dans nos carnets pour commenter chaque étape et tenir un journal de bord. J’ai trouvé que cette étape s’est un peu éternisée. En réalité nous étions nombreux et au « chômage technique » par moments. Le travail principal du trimestre a consisté en la construction des colonnes en béton de 4m60 du portico del huespedes. Nous nous sommes occupés des différentes étapes : fabrication des armatures des colonnes, fabrication des coffrages en bois et toile, installation des échafaudages, installation du coffrage et des armatures, coulage du béton, démoulage des colonnes.
Pour le rendu final nous devions rendre une planche synthétisant notre travail du trimestre, nos colonnes de plâtres ainsi que des fiches techniques associées à chacune d’entre elles et nos carnets de croquis. Nous passons beaucoup de temps à la ciudad abierta (de 9h à 17h le lundi, mardi, jeudi et vendredi et de 8h à 12h le mercredi), ainsi que nous formons une communauté qui vit ensemble. Nous organisons les repas, moments de convivialité et repos, en groupe et grâce à une cuisinière, la señora Olivia. Un barbecue, la musique du piano, boire un café au soleil, discuter près du feu : tant de bons souvenirs que nous ramènerons du Chili. Le taller de obra est l’un de ces cours qui n’existent qu’à Valparaiso. C’est une chance incroyable pour un étudiant de pouvoir réellement construire. Cependant j’ai regretté que ce cours remplace un cours de projet classique et j’estime que c’est une matière qui m’a manqué durant mon semestre. Nous étions nombreux et donc nous n’avons pas forcément été toujours très actifs sur le chantier, ce que nous regrettions également.
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Ma planche de rendu
CULTURA DEL CUERPO
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Tous les mercredis, les élèves de toutes les années se retrouvent à la ciudad abierta pour pratiquer la cultura del cuerpo après un taller de Amereida assis sur le sable. C’est un cours de sport pour avoir un esprit sain dans un corps sain ! Nous avons le choix entre une dizaine de sports : kayak, tissu aérien, yoga, capoeira, football, volley, rugby, fitness, hockey sur gazon, jeux mapuche (plus ou moins des ateliers de cirque), slackline... J’ai choisi capoeira pour avoir encore l’opportunité de découvrir la culture sud-américaine. Nous avons donc pu avoir une initiation à cette discipline avec un professeur d’origine brésilienne. Plus que les mouvements, nous avons aussi pris connaissance avec les instruments de musique traditionnels, les chants en portugais et l’histoire de ce sport à la frontière entre danse et combat. J’ai trouvé dommage que nous étions un peu trop nombreux dans le groupe, mais j’ai l’impression que c’était la même chose dans tous les groupes.
LES CREDITS ECTS J’ai choisi de prendre le maximum de cours au premier trimestre pour en avoir moins au second. Pour ce qui est du nombre de crédits, il faut prendre en compte un coefficient pour passer d’un crédit chilien à un crédit français car pour valider un semestre, un chilien a besoin de 20 crédits et un européen en a besoin de 30. 1 crédit chilien vaut donc 1,5 crédit français (valeurs à vérifier , je ne suisplus sûre du tout). C’est quelque chose qu’on ne nous avait pas expliqué au début et qui est resté longtemps flou pour nous. Il faut aussi voir avec les charges horaires. Par exemple, le taller de obra a une charge horaire de 28 heures hebdomadaires et nous rapporte donc plus de crédits.
Taller de Amereida Ă la Ciudad Abierta avant la Cultura del Cuerpo 35
Cultura del cuerpo
LA TRAVESÍA
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Les travesias sont des voyages poétiques en Amérique que réalisent annuellement les élèves et professeurs de l’école depuis 1984. La travesia est vraiment une tradition très importante de l’école. C’est un voyage d’une à deux semaines durant lequel nous participons à un workshop de construction. Cette année nous étions 60 (trois ateliers) à partir à Puerto Cisnes, au Sud de Chiloé pour construire un équipement public en bois : el mirador de los cuatro horizontes. Les élèves doivent tout organiser sous la direction de professeurs (trajet, repas, campement, chantier...). C’est un vrai voyage de communauté. Après 40 heures de trajet nos nous sommes installés dans un camping pendant deux semaines. Pour concevoir le projet nous avons dû nous séparer en quatre groupes et nous avons réfléchi ensemble à l’emplacement, la fonction... Est ensuite venue l’étape de la construction qui a duré plusieurs jours. Avec des planches et des clous nous avons donc construit notre obra. Nous avons été évalués par nos professeurs de projet sur notre participation et carnets de croquis qui devaient être les plus complets possibles.
J’ai réalisé une vidéo de ce voyage : https://www. youtube.com/watch?v=JhRVkIugJlw Autre vidéo expliquant cette travesia : https://www. youtube.com/watch?v=SDfMf2ZbKbg Notre projet est aussi paru sur internet : http://www. archdaily.com/771146/the-best-student-workworldwide-archdaily-readers-show-us-their-studioprojects
20h de ferry après 20h de bus
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Notre obra finalisĂŠe : el Mirador de los Cuatro Horizontes
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Travesia Puerto Cisnes 15 jours de Novembre à Décembre Bus/ferry
Voyage Sao Paulo - Iguazu - Bolivie - Pérou - Atacama Patagonie 90 jours de Décembre à Mars Avion/bus
Voyage Mendoza - Buenos Aires - Cote Uruguayenne Rio de Janeiro 40 jours de Juin à Juillet Bus/avion
Weekends au Chili (Pichilemu - Valle del Elqui - Pucon) Mars - Avril - Juin Bus
III. VOYAGES
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PREMIER VOYAGE DE 90 JOURS EN SAC-À-DOS & BUS : BRÉSIL, ARGENTINE, BOLIVIE, PÉROU, CHILI
Aller étudier au Chili c’était aussi l’occasion pour moi de me rendre sur un continent que je ’avais jamais exploré : l’Amérique du Sud. J’ai pu profiter de mes vacances d’été (deux mois et demi de mi-décembre à fin février) pour faire mon premier voyage en bus et sac à dos. J’ai rejoint mes amis Célia, Lauriane (toutes les deux en année de césure pour voyager après leur licence validée à l’ENSAM) et Rudy à Sao Paulo en avion. Eux voyageaient pour huit mois en Amérique et je les ai rejoints pour un mois et demi, allant de Sao Paulo au Machu Picchu. Je les ai ensuite quittés pour rejoindre un autre ami au Pérou. Enfin, j’ai retrouvé ma mère et mon frère au Chili. Nous avons pu visiter San Pedro de Atacama au Nord, le parc national Torres del Paine en Patagonie et Santiago et Valparaiso à la fin. C’était mon premier grand voyage et il m’a été très enrichissant car j’ai pu me confronter à différentes cultures, j’ai pu visiter des dizaines de villes différentes et c’est la première fois de ma vie où je me suis sentie sidépaysée ( je n’avais voyagé qu’en Europe et EtatsUnis).
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Auditorium d’Oscar Niemeyer à Sao Paulo, Brésil
MASP de Lina Bo-Bardi à Sao Paulo, Brésil
Vue depuis le toit-terrasse du COPAN d’Oscar Niemeyer, Sao Paulo
Chutes d’Iguazu à la frontière entre le Brésil et l’Argentine
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Salta, Argentine
Purmamarca et la montagne aux 7 Couleurs, Argentine
Ile d’Incahuasi au mileu du Salar d’Uyuni, Bolivie
Marché de La Paz, Bolivie
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La Paz, Bolivie
Ruines du temple Tiwanakun ancĂŞtres des Incas, Bolivie
Cathédrale de Copacabana, Bolivie
Architecture vernaculaire sur les îles d’Uros à Puno, Pérou
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Place des Armes de Cusco, Pérou
Ancien temple inca près de Cusco, Pérou
Machu Picchu, Pérou
Monastère Santa Teresa à Arequipa, Pérou
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Valle de la Luna, Chili
Glacier Grey dans le parc naturel Torres del Paine, Chili
Quintay, Chili
Santiago, Chili
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SECOND VOYAGE DE 40 JOURS EN SOLO, SAC-À-DOS & BUS : ARGENTINE, URUGUAY, BRÉSIL
Avant de rentrer en France, j’ai voulu tenter une nouvelle expérience : partir de nouveau en voyage sac à dos, mais seule cette fois ci. J’ai décidé de partir en bus pour un voyage jusqu’à Rio -de-Janeiro au Brésil en passant par l’Argentine et l’Uruguay où j’ai pu voir Anthony à Montévidéo.
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Traversée de la Cordillère des Andes en bus pour ma route pour l’Argentine
Eglise néogothique à Cordoba, Argentine
Centre d’Expression Contemooraine de Rosario : requalification des rives industrielles, Argentine
Pont de la Femme de Santiago Calatrava Ă Buenos Aires, Argentine
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Quartier de Puerto Madero Ă Buenos Aires, Argentine
Centre culturel Kirshner Ă Buenos Aires, Argentine
Librairie El Ateneo Gran Splandid Ă Buenos Aires, Argentine
Spectacle Fuerza Bruta Ă Buenos Aires, Argentine
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Colonia del Sacramiento, Uruguay
Place de l’Indépendance à Montévideo, Uruguay
Casa Pueblo, Uruguay
Cabo Polonio, Uruguay
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Fondation Ibere Camargo d’Alvaro Siza à Porto Alegre, Brésil
Paraty, Brésil
Paraty, Brésil
Rio-de-Janeiro vu du ciel, Brésil
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Museu de Amanha de Santiago Calatrava à Rio-de-Janeiro, Brésil
MAC d’Oscar Niemeyer à Rio-de-Janeiro, Brésil
Favela Rocinha à Rio-de-Janeiro, Brésil
Coucher de soleil depuis le Pain de Sucre à Rio-de-Janeiro, Brésil
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CONCLUSION : ET APRÈS VALPARAÍSO? À MOI L’EUROPE!
Quand je décollais pour le Chili il y a onze mois, je n’avais pas aucune idée de ce qui m’attendrait. Aujourd’hui je crois avoir passé la meilleure année de ma vie. Elle m’a permis d’évoluer car j’ai gagné beaucoup d’indépendance en vivant loin de mes proches, voyageant, faisant face à des nouvelles situations seule. Je ne savais pas à quoi m’attendre. J’encourage tous ceux qui hésitent à partir vivre à l’étranger à se lancer dans l’expérience de l’échange universitaire. J’espérais pouvoir visiter l’Amérique du Sud et c’est maintenant une chose faite dans six pays (Chili, Brésil, Argentine, Bolivie et Pérou). Bien sûr, c’est un contient gigantesque et je compte y revenir plus tard pour y découvrir de nouveaux endroits. Je suis loin d’avoir «« tout fait »». Un autre objectif que je m’étais fixé était celui de la maîtrise de l’espagnol. Après 11 mois en Amérique du Sud, je ne m’estime toujours pas parfaitement bilingue dans la mesure où mon niveau d’espagnol n’égalise pas mon niveau de français, mais je me sens à l’aise avec cette langue et je me sens capable d’échanger avec un hispanophone. Je peux envisager un stage en Espagne ou Amérique du Sud pour le futur. Pour ce qui est de mon expérience à la E(ad), j’ai été ravie de pouvoir découvrir une école différente des autres qui a de réelles particularités (taller de Amereida, travesia, taller de obra). C’est aussi grâce à ses particularités que mon expérience a pu être si unique. Grâce à cette année universitaire si différente, j’ai pu réfléchir à ma propre formation en licence. Sans dire qu’il y a un « mieux » et un « moins bien », je suis maintenant consciente qu’il y a différentes façons d’aborder les études d’architecture.
Après cette année à l’étranger, j’ai décidé de ne pas retourner tout de suite à l’ENSA Marseille. C’est peutêtre maintenant ou jamais le moment de choisir pour moi de prendre une année de plus dans mon cursus. J’ai choisi de prendre une année de césure pour faire un et/ou des stage(s) en Europe pendant cette période. Je me suis déjà mise à rechercher des agences et je commence à trouver des opportunités à Marseille, Paris, au Danemark ou en Espagne grâce à des personnes que j’ai rencontré ici au Chili. Je suis face à des opportunités que je n’aurai peut-être pas la chance de saisir plus tard. Après avoir découvert la conception architecturale chilienne, j’ai envie de découvrir d’autres manières de concevoir l’architecture en Europe, qui est mon continent. Ayant réalisé ma licence en trois ans et juste après mon baccalauréat, je me dis que je peux me permettre cette année supplémentaire et m’inscrire en Master 2 en septembre 2018. Je suis convaincue que les stages peuvent beaucoup m’apprendre et par conséquent, j’aimerais leur consacrer plus de temps. Je compte également profiter de cette nouvelle année pour visiter des villes et régions que je ne connais pas en Europe. Avec mon expérience en Amérique j’ai plus voyagé en un an que durant toute ma vie auparavant. Il y a tellement de chose à voir chez nous, j’espère pouvoir en découvrir un peu plus cette année. Je ne compte pas abandonner mes études d’archi ! Je reviendrai à Luminy en septembre 2018 en espérant être architecte en 2019, à mes 24 ans.
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