Nouveaux lieux d'apprentissage

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Veille sur les nouveaux lieux d’apprentissages et nouveaux usages issus du numérique

Denis CRISTOL

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Préambule Cette veille s’inscrit dans une recherche de signaux faibles quant aux nouvelles tendances influençant la formation des adultes. Le fait numérique est ici plus spécifiquement observé dans ces impacts sur l’environnement d’apprentissage. Elle part de l’intuition qu’une partie de nos rapports aux savoirs est influencée pour ne pas dire déterminée par les environnements d’apprentissages dans lesquels nous évoluons. L’idée d’environnement d’apprentissage peut se comprendre à trois niveaux : - un niveau macro : il s’agit des architectures qui conditionnent les modes de déplacement autorisés, de rapports entre les personnes. Les bâtiments et leurs agencements créent des flux, des modes d’échange (gradin versus/chaire, salle et son unique porte d’entrée, taille des salles etc.), des types d’interactions. - un niveau méso : il s’agit des dispositifs installables dans l’enveloppe architecturale. Les coques rigides positionnent des lieux de vies, des cheminements vers les personnes et les ressources en savoirs. Ils facilitent ou non la mise en autonomie, le regroupement, l’expression des habitants du lieu. La salle de cours avec ses tables et ses chaises est une invention pédagogique plus que centenaire en train de muter. - un niveau micro : il s’agit de l’ergonomie des médias et des objets d’apprentissage avec lesquels nous interagissons comme par exemple des logiciels. Compte tenu des circulations d’informations, de sens, de matière, d’énergie entre les trois niveaux constituant notre environnement, il est possible d’évoquer l’idée d’écosystème d’apprentissage. Le terme écosystème d’apprentissage rend mieux compte de la complexité des interactions qui se révèlent dans chaque article. Les textes sélectionnés ci-après rendent compte de l’impact du numérique sur les nouveaux lieux de savoirs et les nouvelles pratiques d’apprentissage. Un maximum de liens permet de creuser les questions intéressant plus spécifiquement le lecteur.


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Articles 1 : "Nouveaux supports, nouveaux espaces, nouvelles médiations" 5e Rencontres Savoirs CDI à Rennes (2011)

Les 5e Rencontres de Savoirs CDI se sont tenues à Rennes en octobre 2011. Cet événement a été l’occasion d’une réflexion collective autour d’une problématique intéressante et toujours d’actualité : « Nouveaux supports, nouveaux espaces, nouvelles médiations ». Chercheurs, inspecteurs, maîtres de conférences et professeurs documentalistes se sont penchés sur les nombreuses questions posées par le programme pour confronter leurs idées et élaborer des éléments de réponse à l’interrogation centrale : « Comment le lieu CDI est-il questionné par ces évolutions ? ». Les discours introductifs des autorités académiques et nationales ont posé un premier cadre : Alexandre Serres a ainsi ouvert ce rendez-vous, et nous avons écouté avec attention JeanLouis Durpaire (IGEN EVS), Patrick Dion (directeur général du CNDP), Anne Bilak (directrice du CRDP de l’académie de Rennes) et Alexandre Steyer (recteur de l’académie de Rennes). La première journée fut plutôt axée sur le lecteur, l’élève en particulier, sur ses compétences et pratiques, et ce que cela induit naturellement pour les enseignants documentalistes. Le vectorialisme Hervé Le Crosnier (maître de conférences à l’université de Caen) a créé un néologisme : « le vectorialisme », pour conceptualiser une pratique des acteurs du marché de l’Internet qui « capturent » les internautes dans tous leurs besoins. De la lecture du courrier électronique au stockage de photographies en passant par l’écoute de la musique ou l’échange entre amis… Tous les industriels veulent être la seule porte d’entrée pour monétiser leurs annonces publicitaires. L’école, consciente de ces arrières pensées financières, doit bien sûr éviter ces « interférences » économiques. Les compétences du lecteur Quelles sont les compétences du lecteur numérique ? C’est ce que Pierre Fastrez (chercheur belge au Fonds national de la recherche scientifique belge et chargé de cours à l’université catholique de Louvain) a essayé de détailler d’une manière très théorique… Le numérique, en effet, multiplie les compétences nécessaires pour le lecteur, tant au niveau sémantique (contenu) que matériel (interface), avec une « interface de la forme sur la compréhension des contenus ». Pour lui, avec le numérique, la lecture « se fait navigation » et peut être en permanence renouvelée, notamment avec l’introduction des données dynamiques (voir l’exemple datajournalism en anglais). Le « copier/coller » chez les élèves Comment ces compétences sont-elles mises en pratique ? Et comment caractériser les


pratiques informationnelles des élèves ? C’est l’objet d’étude de Nicole Boubée (maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université de Toulouse) qui, dans ses travaux antérieurs, a montré la suprématie de la formulation de requêtes par rapport à la navigation pure et simple tout en pointant les nombreuses difficultés pour les élèves dans la recherche d’information, caractérisées par des requêtes pauvres, mal formulées (même avec l’aide du professeur), une faible évaluation des résultats (toujours l’omniprésence des recherches sur Wikipédia), et un « copier/coller » des résultats. Nicole Boubée conclut sur l’absence de validité du concept de « natif » numérique mais sur le constat d’un nombre important de « naïfs numériques », remisant l’idée reçue selon laquelle les « jeunes » seraient plus aptes à manipuler naturellement les objets numériques qui nous entourent. De la théorie à la pratique, de nombreux ateliers nous ont permis d’appréhender les problèmes sous une forme plus exemplifiée, dont notamment : Le réseau social Twitter Nadia Benyounes (professeur documentaliste à Le Blanc et interlocuteur académique des TICE pour la documentation dans l’académie d’Orléans-Tours) a présenté un exposé sur le réseau social particulier qu’est Twitter. Elle a montré comment y créer un compte, s’abonner à des listes, choisir ses abonnements et, à l’aide de logiciels, gérer ses messages. Elle nous a fait part de son expérience des approches pédagogiques envisageables, tout en soulignant la relative nouveauté de ce réseau dont les applications sont encore à explorer et à imaginer. La médiation documentaire Vincent Liquete (maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’IUFM d’Aquitaine) à son tour s’est interrogé sur la médiation documentaire. Il considère trois types de médiation : interpersonnelle, contextuelle et technique ; et quatre principes : l’effacement, la confrontation des subjectivités, la confiance à la dépendance, et l’accompagnement « médié » par anticipation. Il remarque que nous sommes passés d’une « organisation livresque à des démarches anthropo-centrées ». Pour lui, les mutations, notamment techniques, qui bouleversent la documentation en général et les renouvellements des modes de médiation conduisent aux conclusions suivantes : il faut sortir des « logiques centripètes », de « l’empilement des connaissances », pour imaginer une médiation documentaire qui prenne en compte le temps et l’espace hors de l’établissement scolaire. L’économie de l’attention Alain Giffard (directeur du groupement d’intérêt scientifique « culture-média & numérique ») dans une analyse de l’école et des lectures industrielles, montre que les acteurs du système économique travaillent sur les « traces » laissées par les usagers des nouveaux médias quand ils naviguent sur le réseau internet. Chaque utilisateur a une identité numérique, utilisée par l’industrie des biens culturels... De plus, la multiplicité des informations et données, des interfaces, des réseaux… entraine une surcharge cognitive pour les utilisateurs. Dans ces conditions, Alain Giffard nous invite à repenser notre rôle, et plus généralement le positionnement de l’école, dans les processus d’apprentissage afin d’éviter de « transformer les lecteurs en consommateurs », en utilisateurs de « lectures industrielles ». Il énonce quatre principes d’un guide de conduite : il faudrait d’abord perdre l’illusion d’une forte utilisation de TICE, pour s’astreindre à produire des contenus pour ces mêmes médias, puis reconsidérer l’école comme lieu de la répétition, du temps long, de l’exercice, du travail, pour enfin théoriser sur la lecture numérique. Le livre de demain 5


La seconde journée a débuté par la conférence de Lorenzo Soccavo (chercheur indépendant en prospective du livre et de l’édition) avec pour thème : « La mutation numérique du livre ». Après un bref historique du livre, des incunables à l’iPad, L. Soccavo identifie plusieurs périodes pour s’intéresser particulièrement à ce qu’il appelle la période 1971/2022 : « les eincunables ou la théorie de la singularité ». Cette période se caractérise par des pratiques fragmentaires, l’ouverture au multimédia que permet la navigation sur le réseau internet, l’échange communautaire grâce aux réseaux sociaux, qui englobe les blogs, le wiki… et le développement de nouveaux outils, supports et espaces. Il nous projette dans l’avenir en nous montrant ce que seront peut-être les appareils de demain et, ces changements entrainant des bouleversements au niveau des acteurs des biens culturels et sociaux, remarque que le monde de l’édition de demain ne ressemblera peut être pas à celui que nous connaissons. Les réseaux sociaux, les moteurs de recherche, les nouveaux diffuseurs, les libraires en ligne, les blogs… s’attaquent au marché économique autrefois réservé à un monde de l’édition structuré entre auteurs, distributeurs (librairies), et éditeurs. Ces nouveaux « entrants » et la numérisation entrainent une « digitalisation » de l’édition avec, pour conséquence, une métamorphose des livres en tant que contenant et une volatilité en tant que contenu. De plus les progrès techniques, dont notamment la réalité augmentée et la 3e dimension, associés à Internet nous amènent à penser une lecture « au-delà du livre ». Nous nous sommes vus projetés, le temps d’une conférence, dans un monde que nous ne connaissons pas encore mais dont nous percevons nettement les prémices. Les tablettes numériques Philippe Chavernac a parlé de l’expérimentation des tablettes numériques dans l’académie de Paris. Après avoir restitué le contexte - deux lycées participants, une société privée (Orange) fournissant le matériel, et le CRDP de Paris s’occupant de l’organisation de cette expérience - les participants ont pu poser de nombreuses questions. L’engouement pour les tablettes relayé par les médias et les industriels et ce nouveau support qui bouleverse notre approche de l’informatique suscite aussi des angoisses. La salle de classe, comme la souligné Jean-Louis Durpaire, n’a pas connu beaucoup de changements et, avec ces appareils, c’est « l’apport de la connaissance sur le pupitre de l’élève, le document est à portée de main ». Le tableau numérique interactif (TNI ou TBI) change la pratique des professeurs et leur permet d’accéder à une multitude de ressources via le manuel numérique « enrichi » ; de même, la tablette s’insère bien sur la table de l’élève et lui apporte des informations. Les avantages sont nombreux : nomadisme, multiple fonctionnalités, encombrement, ressources numériques en temps réel,… mais il reste à l’intégrer dans la pédagogie qui s’appuie sur les programmes officiels. Le CDI de demain Mireille Lamouroux (responsable académique documentation du CRDP de l’académie de Versailles) a développé le concept de Learning center comme carrefour d’apprentissage qui intègre des services et des ressources utiles pour la communauté éducative. Elle s’interroge sur les CDI de demain, à la fois lieu de vie et lieu de ressources essentiellement numériques. Le support numérique est plus qu’un support et permet un apprentissage « horizontal », en classe et hors établissement. Les professeurs doivent adopter une pédagogie active. J.-J. Pelle (directeur de l’éducation au conseil général du Finistère), après avoir rappelé son parcours, nous a expliqué les préoccupations des collectivités territoriales en matière d’éducation, notamment dans son département. Enfin J.-L. Durpaire (inspecteur général de l’Education nationale, groupe EVS) nous a rappelé les grands axes de l’éducation et en particulier de se recentrer sur le système éducatif et de


s’appuyer sur les programmes. Pour lui les nouveaux outils bouleversent le monde de l’école, l’innovation est un moteur et les outils nomades une révolution. Il nous suggère aussi de « penser » les lieux et en particulier le « hors classe », le CDI comme un lieu d’apprentissage, de culture, et d’ouverture. Il faut faire preuve d’imagination et de créativité, en intégrant le numérique, notamment en ce qui concerne les politiques d’acquisition. Alexandre Serres a conclu ces 5e Rencontres Savoirs CDI en mettant l’accent sur les pratiques informationnelles : connaitre, comprendre et analyser. Et en nous exhortant à réfléchir sur nos actes pédagogiques, leurs finalités éducatives, afin de former à l’esprit critique. Philippe CHAVERNAC Professeur documentaliste LP Gustave Ferrié - Paris Ajouter que les enregistrements vidéo et audio sont disponibles sur le site de Savoirs CDI : http://www.cndp.fr/savoirscdi/la-li...

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Article 2 : L’alchimie des tiers lieux Le N°3 de M3 est sorti avec 2 articles à lire absolument « L’Alchimie des Tiers-lieux » Le Graal en vogue chez les décideurs publics…tentation de les multiplier, mais sont-ils vraiment reproductibles ? #Tiers-Lieux OpenSource #Tilios

« Travailler Autrement » Les nouveaux espaces de travail et d’échanges semblent devenir le Graal en vogue chez les décideurs publics. Ces « tiers-lieux » sont attractifs pour la classe créative, et on leur attribue un impact positif dans la compétition urbaine. D’où la tentation de les multiplier. Mais sont-ils vraiment reproductibles ? Les pouvoirs publics peuvent-ils les générer ex nihilo ? Ou faut-il se contenter d’en accompagner la naissance ? Un mode d’emploi par Nicolas Nova. Terme provenant de la sociologie, « tiers-lieu » renvoie aux endroits dans lesquels les gens se rencontrent et interagissent de manière informelle. Les travailleurs nomades ou indépendants les ont récemment colonisés, faisant éclore une nouvelle génération de tierslieux professionnalisés: espaces de co-working, bureaux partagés, ou café-bar offrant du WiFi. Ces endroits reprennent les caractéristiques des tiers-lieux originels : accès gratuits ou à faible coût, assise confortable et cadre agréable, boisson et nourriture disponibles, gens de passage permettant des rencontres imprévues.

Espace de Coworking / Tiers-Lieu Chacune de ces composantes contribue à rendre l’endroit accueillant, peu formel et propice à une dynamique créative. Les chaises design ne suffisent pas ! La récupération du terme « tiers-lieu » par les porteurs de ces nouveaux services urbains est si importante que le mot fait désormais exclusivement référence à ces nouveaux espaces de travail et d’échange. Sur les pas de la chaîne américaine Starbucks Coffee, de nombreux


acteurs urbains ont foncé vers ce qui semble être l’équation standard du tiers-lieu : « bonne assise + WiFi gratuit = succès auprès de la classe créative ». De multiples cafés ou municipalités ont ainsi investi dans des chaises design, ou des sofas de seconde main, tout en croyant que cela suffirait à attirer une armada de travailleurs nomades. Malheureusement, une telle approche relève du degré zéro de compréhension du phénomène des tiers-lieux. À tel point que des bibliothèques de quartier mal pourvues et peu lumineuses s’en sont parfois mieux sorties en proposant un environnement plus silencieux, avec la presse du jour et des boissons moins onéreuses ! [...]

Location de Bureaux Quand des télécentres ou des sociétésde location de bureau se lancent sur le créneau, le résultat n’est parfois pas à la hauteur des promesses originelles. [...] À cet égard, les tiers-lieux de type coworking space, ou les espaces de création communs (Fab labs), sont des outils pertinents en articulation avec les missions des pôles de compétitivité. Ils peuvent être vus comme une façon d’accompagner l’action de ces organisations en favorisant l’émergence et la création d’une manière différente. Une dimension collective appuyée par la technologie. Enfin, rappelons que les technologies numériques sont aussi un facteur facilitateur pour la dimension collective des tiers-lieux. Il s’agit cependant de les prendre comme un levier, sans illusion quant à leur influence…

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Article 3 : Quand le temps d’apprentissage

réseau

social

redéfinit

l’Espace

et

le

http://maonziemeannee.wordpress.com/2012/11/06/quand-le-reseau-social-redefinit-lespace-etle-temps-dapprentissage/?_tmc=PPHDFSf42TWqpzDSm8eoHNuP3rcq92Y3vF39x3Qfhu8

En deux schémas, la modélisation de deux perceptions de l’Apprentissage: Sur le 1er schéma:

L’Espace classe traditionnel délimité dans l’espace, le temps et la Société. L’enseignant (représenté par un rectangle vert) détient les savoirs et les distille, les distribue au groupe classe (représenté par des ronds rouges). Au premier rang, les élèves les plus réceptifs. Plus on s’éloigne de l’enseignant, plus la réception est faible. Il a peu d’échanges entre l’enseignant et les élèves, aucun entre les élèves. L’enseignement est frontal, unilatéral. L’enseignant monte sur l’estrade pour s’imposer physiquement et intellectuellement. C’est la classe traditionnelle héritière de Jules Ferry. Figée mais rassurante pour l’enseignant, l’élève, le parent, l’administration. Sur le Schéma 2,


L’Espace et le Temps d’apprentissage ne sont plus limités. L’enseignant n’est plus au centre, n’est plus le seul à détenir le Savoir. Il apporte des savoirs et des compétences que n’a pas encore l’élève (flèches blanches). Il échange avec les élèves qui apportent eux aussi savoirs et compétences et s’expriment. L’espace classe s’ouvre vers l’extérieur: des intervenants (losanges bleus) interagissent avec le groupe classe de façon globale ou individualisée. L’enseignant est présent, veille mais n’intervient pas forcément. Si ce modèle est commun en maternelle et en élémentaire (mais déjà moins), il est rare ou inexistant en collège et au lycée. Il n’est pas rassurant ni pour l’enseignant, ni pour le parent ou l’administration. Il met en « danger » l’enseignant. Et c’est de cette remise en cause pedagogique que naît l’innovation. L’élève s’exprime, rédige, publie individuellement et créé des interactions qui l’inscrit dans un réseau ouvert sur le groupe élève-enseignant et sur l’extérieur. Les savoirs ne sont pas unilatéraux : l’élève mutualise de fait les savoirs acquis puisque les échanges sont publics et diffusés en réseau. Exemple: un élève de ma classe et un étudiant indien (de l’ @afmumbaï) qui échangent via Twitter sur les traces de la décolonisation Indienne créent un rapport gagnant-gagnant: l’élève gagne en savoirs historiques, l’étudiant gagne en pratique de la langue écrite. Mais ce sont aussi les groupes-classes qui y gagnent puisque ces échanges sont publics donc diffusés en réseau. D’échanges individualisés, naît une banque de savoirs. L’enseignant n’est plus le seul à apporter le Savoir à l’élève mais ca ne l’exclut pas sa posture de celui qui « enseigne » : il peut enrichir l’apport extérieur, le préciser. L’ouverture de la classe permet à chacun (élève, enseignant, intervenant extérieur) de gagner. 11


L’introduction des réseaux sociaux et plus largement du numérique aujourd’hui dans ma pédagogie m’a permis de définir autrement ma place et mes élèves la leur. Comprendre justement qu’il n’y a pas de « place statique » en Éducation mais uniquement des postures d’apprenant. L’EDUCATION EN FINLANDE http://www.meirieu.com/ECHANGES/robertfinlande.pdf LE TRAVAIL MOBILE travail-mobile/3715

http://letroisiemeoeuvre.com/comment-adapter-lespace-et-les-bureaux-au-


Article 4 Comment adapter l’espace et les bureaux au travail mobile Les technologies mobiles et la mondialisation sont en train de créer une culture du 24h/24 et 7j/7 dans le monde du travail. Les travailleurs du savoir dans de nombreuses régions du monde ne sont plus dépendants du bureau comme le seul lieu de travail. De plus en plus, ils apprécient la liberté de choisir où travailler, en fonction de ce qui doit être fait. Nombreuses sont les sociétés qui choisissent de s’adapter rapidement à ces habitudes de travail. En Europe, les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande et la Suède sont parmi les champions du travail flexible, suivis par l’Allemagne et le Royaume-Uni. En France, les travailleurs restent plus prudents, et ont davantage tendance à garder le travail et la maison séparés … jusqu’à ces deux dernières années où une forte volonté de mobilité s’est fait sentir. Se sentir au travail comme chez soi De plus en plus, le travail se déplace hors du bureau. Les salariés cherchent des façons de rendre leur domicile familial plus fonctionnel pour travailler de chez eux. Et comme de plus en plus les personnes travaillent en dehors du bureau (aéroports, gares, cafés, maison…) , ils s’attendent à ce que les lieux de travail dans l’entreprise soient moins institutionnels. Par ailleurs, la sensibilité croissante au design d’intérieur, et l’attention portée sur l’aménagement des espaces, que ce soit des magasins, les centres commerciaux, ou au sein du domicile privé a participé à éduquer l’oeil et les attentes des salariés. En d’autres termes, les travailleurs veulent plus de confort personnel là où ils travaillent. L’expérience de vie et de travail en dehors du bureau a un impact sur les attentes des salariés. Cette tendance vers le confort personnel a des implications claires pour les matériaux, les finitions, les accessoires et l’éclairage des environnements de bureau. C’est aussi un facteur déterminant pour les types de meubles et l’architecture d’intérieur. « Les salariés veulent être émotionnellement investis, même dans leurs lieux de travail», d’après une étude Steelcase. L’exemple d’Oracle aux Pays Bas Connu pour être les premiers à adopter les innovations sociales, les travailleurs du savoir néerlandais travaillent à partir de multiples endroits.

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« Ce qui est nouveau ici à Oracle c’est que nous appelons notre concept «pas de limites », affirme Afiena van den Broek-Jonker, directeur des ressources humaines, Oracle Pays-Bas. « Cela signifie que personne n’a de place assignée. Même nos dirigeants n’ont pas leurs propres bureaux. Les espaces sont définis en fonction de la tâche à effectuer et non du grade. Il y a des espaces pour les équipes, des zones de concentration, des salles de réunion, des espaces de réflexion, et ainsi de suite. Le principe de base est le choix. » Plus de 1000 employés travaillent à Oracle à Utrecht, mais seulement environ 60 pour cent sont normalement dans l’entreprise sur une journée de travail. Certains travaillent régulièrement de chez eux au moins 1-2 jours par semaine grâce à un programme structuré. D’autres travaillent à la maison sur une base occasionnelle.

« Cette façon de travailler est une proposition de valeur ajoutée», dit Afiena van den BroekJonker,. « Cela donne à nos employés la souplesse nécessaire pour organiser leur travail de


façon indépendante pour être efficace. Cela signifie également que nous utilisons moins d’espace de bureau, ce qui économise de l’argent. Et notre concept de «pas de limites» signifie que je peux m’asseoir à côté d’une personne un jour et le lendemain, je vais m’asseoir à côté d’une autre. Nous voulons que les gens communiquent à travers nos business units, et c’est une excellente façon de le faire. » Des salariés mobiles qui communiquent grâce à l’espace de travail Oracle a pris des mesures supplémentaires pour s’assurer que les employés mobiles restent connectés. A chaque étage, et un peu partout dans le bâtiment, il y a des coins café, conçus comme des « points d’ancrage » pour favoriser l’échange informel et convivial. En plus de ces points café, la société accueille de nombreux événements spéciaux et des salles très accueillantes ont été conçues pour augmenter les possibilités de réseautage sur place. La cafétéria a été aménagée pour favoriser l’échange.

Un autre allié particulièrement précieux de la mobilité est le système de localisation appelé « C U ». Dès que les employés entrent dans l’établissement d’Utrecht, ils sont enregistrés dans le système. En conséquence, les collègues peuvent les suivre et les retrouver facilement dans les locaux tout au long de la journée. Afiena van den Broek-Jonker travaille souvent à la maison, mais elle vient régulièrement au bureau. «La plupart du temps, je commence ma journée à la maison pour éviter les embouteillages, faire e-mails, appels téléphoniques, et organiser ce que je dois faire», ditelle. «Je peux faire à la maison tout ce que je peux faire au bureau, à l’exception de rencontrer des gens. Le bureau permet de collaborer et d’être en mesure de communiquer rapidement avec les personnes clés. Aujourd’hui, j’ai déjà changé mon lieu de travail environ 10 fois, en fonction de mes activités». Démystifiez le nouvel espace avec la formation et l’information Les arrangements de travail flexibles peuvent être initialement difficiles et angoissants pour les employés. Afiena van den Broek-Jonker avoue qu’ils sont aussi des défis pour les employeurs.

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Parmi les conseils pour réussir : assurez-vous que votre programme comprend une excellente communication sur pourquoi et comment les employés peuvent utiliser l’espace de travail, et créez des protocoles clairs. La formation est un autre élément important. Chez Oracle, les employés mobiles ont été formés sur la façon de travailler sans papier, de stocker numériquement etc…. Et les managers bénéficient d’une formation pour gérer les équipes mobiles. Avec ETMOS et le Troisième Oeuvre découvrez les dernières informations de la recherche sur l’espace de travail, la communication du changement, et la culture d’entreprise. Notre expérience dans l’aménagement des espaces de travail est basée sur notre connaissance du monde de l’entreprise, de ses besoins et des modifications profondes des modes de travail. Grâce à ETMOS, votre entreprise peut rester en phase avec le marché et ses collaborateurs. Une publication Etmos


Article 5 : 5 stratégies pour favoriser la collaboration et augmenter la performance, l’agilité et l’innovation http://blogue.edithluc.com/5-strategies-pour-favoriser-la-collaboration-et-augmenter-laperformance-l%E2%80%99agilite-et-l%E2%80%99innovation/ 04 novembre 2011 | Publications | Tags: Agilité, collaboration, développement du leadership, groupe, innovation, performance, stratégies

Comment le leader peut-il favoriser la collaboration ? Vu la spécialisation des tâches et des expertises et le besoin de rassembler les forces, comment le leader peut-il favoriser la collaboration ? Je vous propose dans ce qui suit une synthèse en 5 principes, lesquels découlent de mes observations de diverses équipes et d’études publiées sur la collaboration: 1.1.Énoncer clairement et explicitement les valeurs de collaboration…

au sein de l’équipe et de l’organisation puis agir en conséquence en étant soi-même un modèle. Des valeurs claires et les normes qui en découlent favorisent grandement la manifestation des comportements attendus. Pour cela, le chef de l’équipe et de l’organisation ouvre un dialogue avec les membres autour de la collaboration et de ce que cela signifie concrètement. Ce dialogue se produit a divers moments: en début d’année, lors de rencontres de bilans, et spontanément lors de diverses réunions. Le leader aura ainsi énoncé avec son équipe les principes sur lesquels revenir régulièrement pour souligner les collaborations mais aussi pour discuter des manquements et apporter des correctifs. À titre d’exemple, une directrice des services professionnels dans un milieu hospitalier s’assure que les comportements de collaboration et de respect soient au cœur de la relation médecins et infirmières dans l’intérêt même du patient. Lorsqu’il y a manquement, elle rencontre le médecin (ou l’infirmière) et discute très ouvertement des manquements et des attentes pour l’avenir. De plus, des formations et du coaching sont donnés aux médecins comme aux infirmières sur les comportements de collaboration et sur les compétences de communications sous-jacentes. 1.2.Favoriser les rencontres entre les personnes…

et les équipes qui ont un potentiel de collaboration soit en raison de leurs tâches, de leurs idées ou de leurs ressources respectives. Il s’agit d’abord de créer les opportunités de rencontres au sein même des équipes ou de l’organisation; qu’elles soient formelles ou informelles. L’essentiel est que le leader soit à l’affût de telles connexions. Un peu à la manière d’un contrôleur aérien qui scrute le ciel et le radar afin d’amener les avions à leur destination, le leader d’une équipe ou d’une organisation doit veiller à ce qu’il y ait des connections entre les personnes et les équipes; qu’elles comprennent qu’elles ne sont pas en compétition les unes avec les autres mais bien en interdépendance et qu’elles seront plus fortes du fait du partage de leurs ressources.

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On aura donc compris que les interdépendances doivent être clarifiées et favorisées. Certains leaders s’assurent que les personnes soient situées à proximité afin de favoriser leurs échanges de ressources; d’autres prévoient des rencontres formelles entre des personnes issues de fonctions ou d’expertises diverses. Il arrive parfois que les structures organisationnelles favorisent quasi uniquement la compétition intra-organisationnelle en étant architecturées autour de produits spécifiques ou de régions. Un leader se doit donc d’équilibrer les forces en présence en facilitant aussi la collaboration transverse car tôt ou tard la compétition s’avérera sinon nuisible au climat de travail, ou à la performance elle-même du moins un obstacle à la synergie possible. Les clients d’une région migreront vers d’autres régions (ex. succursales bancaires); les experts de produits dévaloriseront les autres produits ou pourront tout simplement les ignorer dans leur offre aux clients. À titre d’exemple, il m’est arrivé de rencontrer un directeur général qui valorisait la compétition entre les services de son organisation sans qu’il se rende compte des impacts négatifs qui en résultaient dont une plus grande énergie de son personnel à se battre à l’interne, à se méfier les uns des autres, à se jalouser plutôt qu’à partager leur savoir et savoir-faire afin d’être plus forts devant la compétition qui gagnait de plus en plus de terrain. Le leader collaboratif s’assure d’être aussi un connecteur entre les personnes qui gagneraient à collaborer ensemble en raison de leurs ressources respectives et de leurs perspectives différentes, propices à la création de valeur. Il aura soin également de s’assurer que sa structure organisationnelle ne créera pas éventuellement une compétition toxique au sein de l’entreprise. 1.3.Favoriser une compréhension empathique des uns et des autres…

des personnes, tout comme des équipes, des clients tout comme des fournisseurs, des techniciens tout comme des professionnels. Au cœur de la collaboration, il y a l’empathie, c’est-à-dire une compréhension de l’autre comme si j’étais à sa place. Il n’y a pas de meilleur représentant au service à la clientèle que celui ou celle qui comprend le client de façon empathique et non uniquement de façon intellectuelle. Il en va de même de la collaboration entre les membres d’une même équipe; lorsque je comprends ce que sont les défis, les opportunités, les enjeux auxquels font face chacun de mes collègues, il y a alors de meilleures chances que je puisse leur offrir ma collaboration. Le rôle du leader est donc de transmettre sa compréhension empathique afin non seulement de favoriser la collaboration mais aussi afin d’agir comme modèle. Cette compréhension empathique s’étend au delà des frontières intérieures de l’organisation pour inclure les fournisseurs, les clients, les communautés locales et les actionnaires.


1.4. Utiliser un langage caractérisant le collectif.

On aura compris le rôle du leader dans la valorisation et la manifestation de la collaboration. Cette valorisation se manifeste aussi dans le langage utilisé. Par exemple, utiliser le «je» est utile et efficace lorsque le leader souhaite communiquer en son nom propre des décisions ou des points de vue. Au besoin, il saura aussi se référer au « nous » collectif, de cette façon il centre le groupe sur leur raison d’être commune et sur les interdépendances dans l’atteinte des buts communs. 1.5.Valoriser la performance collective.

Les systèmes de valorisation et de reconnaissance de la performance sont souvent centrés sur les individus tels à titre d’exemples, les évaluations de rendement et les rémunérations incitatives. Bien que l’individu souhaite que l’on reconnaisse sa contribution, un équilibre doit exister en mettant aussi en relief les performances collectives. Le leader aura soin d’avoir aussi des indicateurs collectifs de performance et de reconnaître, formellement et informellement, la collaboration à atteindre les buts communs partagés. Certaines entreprises ont énoncé clairement que la collaboration était un item à considérer lors du processus d’évaluation de rendement. Selon la psychologue Dweck (Voir HBR, 2011, p. 73), un des moyens de contrebalancer le poids de la performance et de faciliter la collaboration est d’inclure aussi des objectifs d’apprentissage en tant que cibles à atteindre. De la sorte, les individus sont davantage enclins à explorer des opportunités qui leur permettraient d’acquérir le savoir des autres. Conclusion.

Voilà quelques idées sur les moyens que le leader peut prendre afin de favoriser cette collaboration si essentielle à la réussite. Mais peut-être avez-vous déjà mis en place d’autres actions au sein de votre entreprise ou de votre équipe ? N’hésitez pas à m’en faire part; je me ferai un plaisir de les retransmettre au plus grand nombre. Car c’est tous ensemble que l’on devient plus forts. Edith Luc

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Article 6 : Guide pour un projet de construction d’unnlearning center http://www.enssib.fr/breves/2012/11/19/guide-pour-un-projet-de-construction-de-learning-center http://www.enssib.fr/sites/www/files/guide-bibliotheque.pdf (236 pages)

Par Christelle PETIT, le 19 Novembre 2012 Dans le cadre de l'opération Campus, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a mis en ligne le 16 novembre un Guide pour un projet de construction : Bibliothèques universitaires, Learning centres, conçu comme un outil d'aide à la programmation et à la conception d'une bibliothèque universitaire ou d'un "learning centre", aussi bien dans le cadre d'une construction que dans celui d'une réhabilitation. Présentant l’état des connaissances et des débats actuels, il donne aux acteurs d'une opération des pistes, des méthodes, des outils et des exemples pour que chaque établissement puisse préciser son projet et obtenir les services et les espaces qui lui conviennent. C'est l'occasion de rappeler l'exposition "Opération Campus", inaugurée le 6 novembre 2009 sur la grande pelouse de la Cité internationale universitaire de Paris, qui présentait des travaux d'étudiants de quatrième année d'école d'architecture ayant imaginé des campus modernes pour les sites de : Aix-Marseille, Bordeaux, Condorcet-Paris-Aubervilliers, Grenoble, Lyon, Montpellier, Saclay et Strasbourg. Lire la suite : Bibliothèques universitaires, Learning centres : guide pour un projet de construction, Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 16 novembre 2012.

Pour aller plus loin : • • •

Enquête sur les projets de bibliothèques et de Learning Centres , ADBU, Éric Anjeaux, Cabinet Six et Dix, 2011. « Learning centres : vers un modèle à la française » : journées d'étude organisées par Médiat Rhône-Alpes et le SCD de l'université de Lyon 1, Laurence Tarin, BBF, 2011, n° 4. Un Learning Centre pour le PTUMY de l’université de Versailles Saint-Quentin ? , Fiona Edmond, projet professionnel personnalisé, enssib, septembre 2011.

Catégorie : Le monde des bibliothèques, Bâtiments et architecture Tags : guide, construction de bibliothèques, learning centre, Opération Campus, bibliothèques universitaires


Article 7 : Des e.learning center au service du e.learning ? http://www.educavox.fr/innovation/dispositifs/article/des-e-learning-center-au-service

J’évoque régulièrement dans ces colonnes les questions pédagogiques liées au e.learning. Notre système de formation, comme le reste de la société, est en tension (1) notamment parce qu’il oscille entre un monde ancien qui se fracture et un monde nouveau qui peine à se dessiner. Ce mouvement pendulaire qui va du modèle vertical vers le modèle horizontal recompose les espaces de formation. Nous devons nous poser la question suivante : Dans quels espaces physiques et virtuels apprendra t-on dans un avenir proche ? Il s’agit ici d’une question globale qui engage à argumenter dans un périmètre triangulaire délimité par les compétences de l’État, les compétences des collectivités locales et les enjeux stratégiques du e.learning. Les espaces de travail futurs, notamment les dispositifs de e.learning, qu’ils soient dans les universités ou dans les établissements du secondaire seront imaginés dans ce triangle. Nous sommes, à ce jour, dans l’attente du troisième volet de la décentralisation qui précisera et / ou redéfinira l’état des rapports de compétences entre l’État et les collectivités locales. Si l’on se prête au jeu de la prévision sur la formation, on peut isoler quelques éléments clés : La formation initiale est un enjeu fort pour l’avenir de notre société. Il faut d’une part former les futurs cadres de la nation et d’autre part permettre au plus grand nombre d’accéder au savoir et à la connaissance, cet exercice va de la maternelle à l’université. La formation tout au long de la vie (« life long learning ») est l’autre enjeu. Il faut maintenir à jour le potentiel de connaissances et de compétences des salariés exerçant les métiers actuels. Il faut en parallèle anticiper les besoins des formations futures en tentant d’imaginer des métiers qui n’existent pas encore. À ce propos Michel Serres (2) dit : « À la génération précédente, un professeur de sciences à la Sorbonne transmettait presque 70% de ce qu’il avait appris sur les mêmes bancs vingt ou trente ans plus tôt. Elèves et enseignants vivaient dans le même monde. Aujourd’hui, 80% de ce qu’a appris ce professeur est obsolète. Et même pour les 20% qui restent, le professeur n’est plus indispensable, car on peut tout savoir sans sortir de chez soi ! » Les besoins de formation sont immenses dans une société de l’immatériel, Jeremy Rifkin (3) annonce même l’émergence de la « troisième révolution industrielle » (2). Les modèles de 21


formation qui seront choisis et instrumentés détermineront en partie les critères d’efficacité pour la transmission des savoirs et des compétences. On peut imaginer, sans prendre trop de risque, que la formation s’inscrira, pour partie, dans des dispositifs de e.learning. L’union européenne définit ainsi le e.learning « l’utilisation des nouvelles technologies multimédias de l’Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant d’une part l’accès à des ressources et à des services, d’autre part les échanges et la collaboration à distance »(4) Dans ce contexte, les décideurs ont (auront) à imaginer les stratégies favorisant l’organisation, la scénarisation et la diffusion du e.learning. Il s’agira ensuite de penser la façon les injecter in vivo dans les dispositifs de formation (initiale et continue). Dans ce billet je n’aurais pas la prétention de balayer tous ces aspects, d’autres sont plus qualifiés et compétents que moi (5), la littérature est foisonnante. Je voudrais aborder une question peu analysée (en l’état de mes recherches) et pourtant centrale : Quelle est la représentation de l’espace physique de formation dans les dispositifs de e.learning ? Il est courant de lire dans la littératie que les apprentissages peuvent s’effectuer « everywhere and anytime ». Abandonnons pour le moment le « anytime » et concentrons nous sur le « everywhere ». En décrétant que n’importe quel endroit est potentiellement un lieu de formation on s’affranchit de penser l’organisation de cet espace, on neutralise la dynamique réflexive. Il faut imaginer le(s) lieu(x) d’apprentissage et d’enseignement comme une condition de la réussite des processus du e.learning et par extension du e.teaching (6). Cette analyse sera une déclinaison du champ des possibles, il est nécessaire d’y porter une attention particulière. Je vois pour le moment deux espaces sur lesquels l’analyse doit porter – L’espace privé et l’espace public. L’espace privé à la lumière de mes premières analyses est un secteur investit par les entreprises marchandes sous l’angle principal de la vente de solutions mobilières. Cette extension de son lieu de travail ne semble pas être encore un enjeu fort. Des pièces comme la salle de bain, la cuisine ou la chambre sont l’objet de beaucoup plus d’analyses. Le développement du télétravail (7) de la formation à domicile inviteront probablement des équipes à se pencher sur la question de l’aménagement des espaces privés et de leurs fonctions spécifiques. Il s’agira d’imaginer comment câbler un appartement, d’imaginer quels seront les équipements nécessaires, de penser l’insonorisation, de cerner la surface utile, peut être d’imaginer un nouveau lieu identifié « personal working space« . Cette nouvelle façon de réinvestir le lieu privé rompt de façon radicale avec les principes capitalistes du 19 ème siècle où il s’agissait d’extraire le salarié de son lieu familial pour qu’il se consacre entièrement à sa tâche productive. Stefana Broadbent cite l’historien Eli Zaretsky à ce propos ; il dit : « L’économie capitaliste du XIX ème siècle avait besoin d’isoler l’individu de ses attaches familiales« (8). On ne rompt pas facilement avec les principes établis. Il faudra que les responsables acceptent de rompre avec la tradition panoptique (9) et entrent dans un travail de conquête de nouveaux rapports au travail, dans lesquels la confiance devient centrale. Le modèle hiérarchique rigide traditionnel va automatiquement se heurter à ces nouveaux modes d’organisation. Il est prévisible que cette nouvelle posture induise des conflits cognitifs traduits par des attitudes de refus, de rejet. On peut déjà affirmer que les problèmes de déplacement sur le lieu de travail, liés à la facture énergétique orienteront ces réflexions. L’espace public – Il est majoritairement définit par les murs des établissements primaires,


secondaires et universitaires. Il est le lieu de transmission des savoirs en mode présentiel / synchrone. On y apprend et on y enseigne dans un cadre fixé par les emplois du temps hebdomadaires dans le primaire et le secondaire, annualisé dans le supérieur. Ce mode reste très majoritaire. En résumé on peut distinguer trois grand modes d’organisation des enseignements : • • •

Les cours spatialisés au sein d’un établissement organisés sur le principe de l’unité de lieu et de temps ; Les cours totalement dématérialisés dans lesquels les enseignants et les tuteurs interviennent par des actions actives et pro actives engendrant des interactions fécondes. Le « blended learning »qui hybride les périodes distantes et les périodes de regroupement sur site.

Au-delà de ces trois modes d’organisation dominants, il me semble possible d’imaginer une troisième solution que je me propose de développer dans ses grands axes. Les collectivités locales ont, dans le cadre de leurs compétences (10) massivement investi dans les écoles, les collèges et les lycées. Les lieux physiques de formation sont désormais équipés d’ENT, de TNI, de micro-ordinateurs, de tablettes. L’information peut être diffusée grâce aux infrastructures de type cablages, fibrages et autres wimax (11). Le territoire est désormais maillé de façon fine par un ensemble de lieux physiques (collèges, lycées, universités) correctement équipés. Les conditions technologiques existent pour penser, organiser et diffuser le e.learning. Il faut y adjoindre des volontés politiques. Face au besoin, toujours accru de formation, aux investissements qu’ils engendrent, ne pourrait-on utiliser les équipements existants pour créer des « e.learning center » (des centres de ressources éducatives) ? Le maillage que j’évoquais précédemment est un vrai atout pour la formation. Les régions sont maintenant en charge du PRDF (plan régional des formations) et de la formation continue. Tous les vecteurs sont identifiés, est-il possible de les mettre en cohérence ? Plusieurs éléments plaident, de mon point de vue, en faveur de la mise en place de « e.learning center territoriaux » : • •

Les besoins de formation sont identifiés sur les zones géographiques du ressort des collectivités locales ; Les investissements massifs réalisés pourraient être rentabilisés, au-delà de l’utilisation dans la formation initiale (quel est le taux d’utilisation des équipements dans les établissements ?) ; La dimension humaine reste un élément important dans la construction des savoirs. On peut se poser la question suivante ; est ce que la société française est prête pour la dématérialisation totale ? Les décideurs peuvent avoir la crainte de ne plus pouvoir surveiller leurs salariés. Les salariés peuvent craindre une forme de désocialisation (réelle ou supposée) via les espaces numériques. Je pense profondément que la société française n’est pas encore prête pour une forte dose de dématérialisation. Le relationnel de proximité joue un rôle important ; La réduction des déplacements sur le lieu de formation. Dans une perspective d’accroissement de la facture pétrolière, les budgets de déplacement vont devenir une variable budgétaire importante ; La consultation des ressources pour apprendre s’est grandement modifiée avec internet. Seuls les plus anciens se souviennent du besoin de consulter les fiches papiers pour obtenir un livre. Il est désormais loisible de trouver, d’accéder et de consulter une grande quantité de ressources en ligne. Quelle sera la place des CDI (dans le secondaire) et des SCD dans les universités dans cet univers recomposé ? Il semble que ce soit un métier qui se transforme. 23


Michel Serres (13) à propos de la « petite poucette » dit : « Pour ma part, je trouve cela miraculeux. Quand j’ai un vers latin dans la tête, je tape quelques mots et tout arrive : le poème, l’Enéide, le livre IV… Imaginez le temps qu’il faudrait pour retrouver tout cela dans les livres ! Je ne mets plus les pieds en bibliothèque » La fonction du philosophe n’est certes pas d’indiquer l’unique chemin mais de nous armer conceptuellement pour le trouver… À terme quel est le devenir des CDI et autres SCD si l’on campe sur une organisation forgée sur des missions traditionnelles ?

Le CDI évoluant vers une nouvelle mission via les learning center, sans pour autant renoncer au métier traditionnel ? On peut se poser la question. Bien évidement elle est plus complexe que mon énoncé ne l’exprime. Le changement ne se décrète pas, il s’explique, sachant que l’explication n’induit pas systématiquement l’adhésion. L’idée ne risque t-elle pas de heurter la communauté enseignante ? C’est fort possible. Il s’agit pourtant de repenser les lieux de formation dans une recomposition numérique de l’acte de formation sans sombrer dans « l’effet diligence » (14). Il ne faut pas non plus que la modernisation parte du haut et aille vers le bas, qu’elle soit décrétée. Les recherches réalisées dans le cadre des réflexion de co-design (15) du projet SCALE-UP (16)ou encore du projet learninglab (17) de l’école centrale pourrait être des pistes pour penser ces lieux mixtes de formation (initiale et continue). Ma réflexion n’a de sens que s’il est pensé de façon globale c’est-à-dire en impliquant tous les acteurs. Le programmiste d’une collectivité locale dit être sollicité dans cette démarche, la question du très haut débit est aussi un enjeu fort, ce n’est donc pas qu’une question de pédagogie. Cette question est une réflexion de type propective sur l’espace de formation. La réflexion appelle la confrontation des arguments. Les colonnes de ce site sont ouvertes aux observations argumentées ——————————————(1)Myrian Revault D’Alonnes « La crise dit notre diff iculté à envisager le futur » http://www.la-croix.com/Debats/Opinions/Debats/Myriam-Revault-d-Allonnes-La-crise-ditnotre-diff-iculte-a-envisager-le-futur-_NP_-2012-10-18-866064 (2) Michel Serres, « Petite Poucette, la génération mutante » (2012) http://www.liberation.fr/culture/01012357658-petite-poucette-la-generation-mutante (3) Jeremy Rifkin – « La troisième révolution industrielle : Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde » Edition Les Liens qui libèrent (2012) – Sur France culture http://www.franceculture.fr/oeuvre-la-troisieme-revolution-industriellecomment-le-pouvoir-lateral-va-transformer-l-energie-l-ce (4) Source union européenne (6) Le tutorat par Jacques Rodet – Le blog de T@D http://blogdetad.blogspot.fr/ (7) Le e.teaching, Les journées du e.learning (2008) http://suel.univ-lyon3.fr/fdv/journeeslyonnaises-du-e-learning/2008-le-e-teaching/voircategorie/26/03-edition-2008–le-e-teaching (8) Supplément du journal Libération sur le télétravail (éco futur) édition du 12 novembre 2012, Article de Léa Lejeune « Télétravail home à tout faire » (9) Stefana Broadbent « L’intimité au travail » FYP éditions (2011) page 97 (10) Michel Foucault, « Surveiller et punir » - Gallimard (1975) (11) Les acteurs de collectivités locales et la répartition des compétences http://media.education.gouv.fr/file/40/4/1404.pdf#page2 (12) Le wimax en Ariège http://www.wimax-fr.com/lariege-sequipe-fibre-optique-et-wimax/ (13) Michel Serres, « Petite Poucette, la génération mutante » (2012)


http://www.liberation.fr/culture/01012357658-petite-poucette-la-generation-mutante (14) L’effet diligence http://moiraudjp.wordpress.com/tag/effet-diligence/ (15) Co-design How Steelcase Redesigned the 21st Century College Classroom http://www.fastcodesign.com/1662898/how-steelcase-redesigned-the-21st-century-collegeclassroom (16) Scale Up http://www.ncsu.edu/per/scaleup.html (17) Learning lab http://www.learninglabeducation.com/

Tags : Collectivités Prospective Enseignement à distance E-Learning Institutions Numérique : réflexions prospectives

Article 8 : Innovation : Centrale et EM Lyon se dotent d'un « Learning Lab » commun http://www.lyon-entreprises.com/News/L-article-du-jour/Innovation-Centrale-et-EM-Lyon-sedotent-d-un-Learning-Lab-commun,i35753.html Dominique Largeron

Faisant appel à un robot mobile de visio-conférence, ainsi qu'aux dernières techniques numériques, à des tableaux tactiles, à des tables interactives etc., un « Laboratoire d'innovation pédagogique » vient de voir le jour sur le campus d'Ecully. Il a été financé pour partie par le Grand Emprunt.

Après la création d'un Master commun, l'idylle entre les deux grandes Ecoles lyonnaises, EM Lyon et Centrale, vient de donner lieu à un nouveau faire-part de naissance : un « Learning Lab », en clair, un Laboratoire d'Innovation pédagogique. « Les grandes avancées sont souvent faites en « laboratoire », par le contact fortuit de plusieurs produits, ou plusieurs sujets, posés par hasard côte à côte ... Même si les aboutissements sont parfois longs, on y renifle le parfum de la vérité qui sera la clé de nos succès de demain », pronostique Michel-Louis Prost, président de l'Alliance Centrale/EM Lyon. Et celui-ci de lancer à l'occasion de l'inauguration de cette nouvelle structure : « Osez le changement, sortez de vos habitudes avec nous ! » Car ce Laboratoire vise ni plus ni moins à révolutionner les méthodes pédagogiques en réunissant sur un même toit tous les outils existants, disséminés ailleurs, ce qui en fait 25


l'intérêt : du robot Gastai de visio-conférence mobile qui permet à un intervenant de s'adresser à plusieurs groupes disséminés sur le site ou partout ailleurs sur la planète, des tableaux interactifs, des tables tactiles, etc. Co-dirigé par Jean-Pierre Berthet, directeur de la stratégie numérique de l'Ecole Centrale et par Thierry Picq, Doyen associé à l'innovation pédagogique d'EM Lyon, ce nouvel outil commun se veut « un laboratoire d'expérimentation, de formalisation et de dissémination de nouvelles approches pédagogiques pour former autrement les managers et les dirigeants. » Une sacré ambition, mais comment ? Tester les usages qui ne sont pas encore sur le marché

« Nous allons à la fois procéder à des expérimentations sur les pédagogies qui permettent de faire du co-design, c'est-à-dire le travail de créativité de plusieurs équipes en commun ou encore sur les méthodes pédagogiques actives», explique Jean-Pierre Berthet. Il ajoute : « Nous allons également travailler sur l'interaction entre les différentes technologies numériques, mais aussi sur le lien entre espaces de travaux, réels et virtuels : c'est la raison pour laquelle les sièges des étudiants sont à la fois pensés pour être utilisés de façon mobile, en grands ou en petits groupes... » «En l'occurrence, nous voulons tester les usages qui ne sont pas encore sur le marché ou pas encore utilisés dans le domaine de l'éducation », synthétise le co-directeur du Learning Lab. Une petite équipe de quatre personnes assurera le fonctionnement de cet espace de 400 m2 appartenant à la CCI de Lyon : il accueillait auparavant le Centre de Perfectionnement aux Affaires (CPA). Ses objectifs vont même au-delà de la pure expérimentation, puisqu'il veut aussi servir de réseau de contacts avec d'autres initiatives similaires dans le monde, et constituer le lieu de dissémination des nouveaux usages mis au point. Un investissement de 150 000 euros

Ouvert aussi bien aux élèves des deux Ecoles qu'à leurs deux structures de formation continue, ainsi qu'aux professeurs qui doivent aussi se former, il sera doté d'un showroom des nouvelles technologies d'apprentissage. Il vise enfin à dispenser du conseil en formation. Le coût de ce nouvel équipement : 150 000 euros, est assuré par les deux Ecoles, mais aussi pour une bonne part par le Grand Emprunt dans le cadre du programme Idefi. Ce Labo est également fortement tourné vers les entreprises, notamment celles spécialisées dans les outils d'innovation pédagogiques qui peuvent trouver là un lieu d'expérimentation idéal pour leur matériel. Ainsi, le robot a été fourni par la société française Gastai, les tableaux tactiles, par une autre société, Promethan. Ce Learning Lab devrait constituer pour ces dernières une vitrine leur permettant de vendre à l'international le savoir-faire pédagogico-numérique tricolore ! Photo (DR)- Une des salles du Learning Lab de 400 m2 situé sur le campus d'Ecully.. A droite, le robot Gastai avec sur l'écran, le conférencier Jean-Pierre Berthet, co-directeur. Vidéo : visite guidée du Learning Lab Publié le 22 oct. 2012 par Dominique Largeron. Dernière mise à jour le 22 oct. 2012


Article 9 : Le Learning Centre n'est plus, vive le 3C ? http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/documentation/pages/2012/1 32_cdi_une.aspx Par Frédérique Yvetot La circulaire de rentrée est enfin parue et, cette année, un paragraphe va particulièrement intéresser les professeurs documentalistes : l'annexe 7. Et que dit cette annexe intitulée "Encourager la dynamique pédagogique et l'innovation" ? Elle explique, entre autres, que « dans le cadre d'expérimentations, les établissements peuvent réfléchir à la mise en œuvre de «centres de connaissances et de culture » (3C) ». Qu'est-ce donc que ce 3C ? Vite, on clique sur le lien qui nous redirige vers une page d'Éduscol... Évolutions, omissions, imprécisions Une évolution sans en être une... Ainsi on ne parle plus de Learning centre mais de Centre de Connaissances et de Culture (3C, CCC, C3) : « des espaces de ressources à la fois au centre des établissements scolaires et intégrés à leur environnement local », « des projets éducatifs et pédagogiques à part entière », des lieux qui « font cohabiter le livre et le numérique», des lieux qui permettent de « décloisonner espaces et temps scolaires pour donner aux élèves plus d'autonomie » et leur permettre de collaborer entre eux ou encore des espaces « pour personnaliser l'accompagnement des élèves et développer de nouvelles pratiques pédagogiques adaptées à leur besoins ». Certes les CDI de France et de Navarre ne sont peut-être pas tous tels que le décrit Éduscol ; et si ces éléments ne sont pas déjà présents dans tous les CDI, c'est du moins dans le domaine du très possible, en tout cas du hautement souhaitable. C'est alors une bonne chose de dire, une bonne fois pour toutes, ce que les CDI doivent permettre ou ce vers quoi ils doivent tendre. Mais il n'y a aucune révolution dans ce qui est proposé et Eduscol parle d'évolution des CDI alors que c'est bien souvent ce qu'ils sont déjà. Intégrer les nouvelles modalités d'accès à l'information Le Centre de Connaissances et de Culture semble vouloir avant tout répondre aux changements de notre temps en intégrant davantage les nouvelles modalités d'accès à l'information. Notons la disparition du terme « information » dans le sigle... Le Rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous (2012), « Apprendre autrement à l’ère numérique », fait ce même constat de nécessaire évolution des CDI. "À l’heure où l’information est accessible à tous, les centres de documentation tels que nous les avons connus, n’ont plus lieu d’être. Il est nécessaire d’envisager de faire évoluer les CDI en Learning-Center, espace flexible permettant d’accéder à de nombreuses ressources et supports numériques » (p. 103). Les professeurs documentalistes n'ont évidemment pas attendu qu'un texte l'explique pour s'adapter à l'évolution des technologies, pour les faire 27


rentrer dans le CDI et pour faire évoluer le lieu. Comment alors améliorer cet accès aux ressources numériques dans les meilleures conditions possible ? Le texte définit les 3C comme des projets qui « s'appuient sur les compétences du professeur-documentaliste », nous ne pouvons qu'en être ravis, mais il n'y a nulle précision supplémentaire des compétences en question. Le seul indice est que le 3C doit désormais « proposer une gamme de services étendus ». La vidéo sur le cas du futur Learning centre du lycée ÉmileMathis de Schiltigheim permet d'en apprendre un peu plus sur ces « services étendus », sans pour autant être réellement explicite. En effet, le professeur documentaliste de ce lycée explique que le futur Learning centre va permettre d'offrir « des services performants grâce aux outils mis à disposition », ce qui devrait avoir pour conséquence de développer « tout un service d'ingénierie éducative, c'est à dire que les personnels du learning centre vont faire le trait d'union entre les enseignements et la technologie ». Étrange manière de considérer le rôle des professeurs documentalistes, ceux-ci ne seraient que des aides à l'utilisation des machines ? Il est vrai que cela arrive parfois de prêter main forte aux enseignants ou élèves pour résoudre différents problèmes ou pour les aider dans leur utilisation des outils numériques mais ce rôle n'a jusqu'alors jamais été institué. Voilà qui est fait ! Donner accès à tous types de ressources Le numérique et les évolutions qu'il entraîne sont largement abordés dans ce texte du site Éduscol, mais le livre et la lecture y sont totalement absents. La seule mention au livre se trouve dans cette nécessité de faire « cohabiter le livre et le numérique », ce qui, soit dit en passant, est une évidence pour bon nombre de professeurs documentalistes. Les CDI ne sont pas des temples de la lecture et les professeurs documentalistes ne gèrent pas que des ressources papier comme pourrait laisser le croire un passage du rapport Fourgous : « Jusqu’à aujourd’hui, les bibliothèques regroupaient des livres, objets difficilement accessibles au plus grand nombre. À l’heure où l’information, la connaissance, les progrès de la recherche sont accessibles à tous, de n’importe quel lieu, il est nécessaire de repenser ces lieux de savoirs. Ainsi,le CDI des établissements scolaires devrait être réinventé». Même avec les évolutions technologiques, avec les nouveaux modes d'accès à l'information ou avec le développement de la lecture numérique, le livre a toujours sa place au CDI. Il n'est pas moins important que le document numérique. Donner accès à ces livres et promouvoir la lecture sont d'autant plus importants que l'on sait que certains CDI d'établissement sont les seuls lieux de lecture fréquentés par les élèves. Ainsi donc, omettre de mentionner la place de la lecture dans les 3C alors que le terme « culture » fait son entrée dans le sigle est quelque peu dérangeant, tout comme l'est le fait de dire que le 3C propose «une approche centrée sur la maîtrise de la langue » sans accorder une ligne à la promotion de la lecture, ni même à la maîtrise de l'information. Contribuer à la réussite des élèves


Les différents intervenants dans la vidéo nous le disent, l'objectif du Learning centre est de contribuer à la réussite de l'élève. Nous travaillons tous à cela mais il était certes bon de le rappeler. Tous les élèves n'ont pas les mêmes besoins, les mêmes ambitions, les mêmes difficultés, aussi le 3C devrait-il permettre de « décloisonner espaces et temps scolaires pour donner aux élèves plus d'autonomie » et leur permettre de collaborer entre eux. C'est «un lieu pour personnaliser l'accompagnement des élèves et développer de nouvelles pratiques pédagogiques adaptées à leur besoins ». En regardant la vidéo, il semble que l'accent soit essentiellement mis sur la « modularité des espaces » ou sur la «multiplicité des espaces de travail qui permet de scinder une classe en plusieurs groupes pour multiplier les différentes activités ». A aucun moment le professeur documentaliste n'est mentionné, il participe pourtant lui aussi à cette réussite de l'élève, de par ses compétences autres que techniques, et parce qu’il l’accompagne vers l’autonomie, vers un usage critique et raisonné de l’information où qu’elle soit, support physique, numérique, statique, mobile…. Il aurait été intéressant de voir développé le rôle du professeur documentaliste dans ces nouvelles pratiques pédagogiques et de voir défini sa place dans les équipes pédagogiques. Et pour ce qui est de l'aide et la formation apportées aux élèves, rien n'est identifié. Le lieu, ses ressources et ses outils ne suffisent pas à eux seuls pour induire de nouvelles pratiques et contribuer à la réussite des élèves. Oui il est nécessaire de proposer un accès à l'information numérique, de fournir les outils et le matériel dernier cri, mais il est aussi nécessaire d'éduquer les élèves à l'information, de les ouvrir aux cultures de l'information. Ce point n'est pas abordé dans le texte d'Éduscol, et pourtant il est incontournable. Sans cette éducation et sans précision sur sa mise en œuvre, le 3C (CDI, Learning centre ou quel que soit le nom qu'on lui donne) restera un texte et non un objectif au service des élèves. Le problème de ce texte et de la vidéo qui l'accompagne est qu'ils décrivent un lieu, ses objectifs et ses atouts sans même aborder l'identité, le rôle et le statut des personnes qui l'auront en charge. Le professeur documentaliste de la vidéo parle de « la fusion de la vie scolaire et du CDI » qui permettrait de « créer un guichet unique vers lequel les usagers que ce soient des profs ou des élèves puissent se tourner ». Pourquoi est-il nécessaire de fusionner vie scolaire et CDI ? Quel est le bénéfice pour les élèves ? Rien n'est précisé. Il est certes important de repenser la place des CDI dans les établissements, de repenser la collaboration du professeur documentaliste avec la vie scolaire ou de repenser les pratiques pédagogiques, mais il est tout aussi important, et urgent, de définir la place du professeur documentaliste, ses missions et son statut, ainsi que ceux des CPE... quel que soit le lieu. Orientations et instructions pour la préparation de la rentrée 2012 http://www.education.gouv.fr/pid25535/bullet[...] Sur Eduscol, Les centres de connaissances et de culture http://eduscol.education.fr/cid59679/les-centres-de-c[...] Rapport J.M. Fourgous, « Apprendre autrement à l’ère numérique » http://www.missionfourgous-tice.fr/missionfourgous2/dossi[...] 29



Article 10 : Le living lab dans la bibliothèque http://bibliomancienne.wordpress.com/2012/07/09/le-living-lab-dans-la-bibliotheque/ 9 juillet 2012 · par Marie D. Martel · in Architecture et aménagement, Bibliothèque et société,

Technologie et web. ·

Les bibliothèques, surtout les nouvelles bibliothèques, représentent de grands équipements aspirationnels : elles incarnent une vision, la manière dont une communauté se définit par rapport au savoir, à la culture et sa mémoire. Les bibliothèques constituent aussi des instruments d’empowerment et de croissance communautaire. Elles sont plus qu’une somme ou une collection de livres ou de DVDs, elles sont des projets sociaux. Est-ce que l’on veut mettre de l’innovation dans ces projets sociaux ? Pas toujours…Bâtir les bibliothèques comme des living labs serait-elle la solution ? En Scandinavie, c’est bien connu, les bibliothèques sont des occasions de combiner les aspirations, le projet social et l’innovation. Le projet du Urban Media Space au Danemark est un bel exemple de proposition qui s’affirme en tant que marqueur de la ville d’Aarhus, « a future-oriented city of innovation ». Une des manières d’innover consiste à aborder les projets dans une perspective de design intégré. C’est vrai pour les sites web comme pour les lieux (sans qu’on les limite à être des sites web ou des lieux, ils doivent consister en un projet plus large dont le site web et le lieu ne sont qu’une des modalités). Et dans le contexte technologique qui caractérise les bibliothèques actuellement, le modèle des labs pour la conception et le design des projets seraient particulièrement opportun. Qu’est-ce qu’un living lab ?

Patrice Dubé a présenté le projet du living lab SAT / CHU Sainte-Justine lors d’un forum tenu en juin suivi par une visite des installations. Cette initiative vise à favoriser la guérison chez les enfants en utilisant des dispositifs technologiques comprenant des scénographies 31


immersives, des expériences virtuelles, de la vidéo d’animation interactive, etc. En tant qu’écosystème d’innovation, le living lab présente les caractéristiques suivantes (tel que je l’ai retenu) : Il constitue une méthodologie et non un lieu. L’exploration des usages, l’expérimentation et la co-création en sont les actions structurantes. • L’utilisateur est au coeur et participe activement, comme source de création, au processus d’innovation du début à la fin. En d’autres termes, le laboratoire est mis en place par les usagers et ce sont eux, qui, avec le temps, vont construire du sens, dans, et à travers, ce qui aura été créé. • Le living lab inscrit l’expérimentation technologique dans un contexte territorial ou dans une situation réelle (par opposition à théorique). • Il intègre divers partenaires, des chercheurs, des créateurs et des utilisateurs dans un cadre ouvert de façon à mobiliser l’intelligence collective. Wikipedia propose cette définition qui rejoint l’esprit de la communication : • •

A living lab is a research concept. A living lab is a user-centred, open-innovation ecosystem, often operating in a territorial context (e.g. city, agglomeration, region), integrating concurrent research and innovation processes within a public-private-people partnership. The concept is based on a systematic user co-creation approach integrating research and innovation processes. These are integrated through the co-creation, exploration, experimentation and evaluation of innovative ideas, scenarios, concepts and related technological artefacts in real life use cases. Such use cases involve user communities, not only as observed subjects but also as a source of creation. This approach allows all involved stakeholders to concurrently consider both the global performance of a product or service and its potential adoption by users. This consideration may be made at the earlier stage of research and development and through all elements of the product life-cycle, from design up to recycling. Patrice Dubé a ajouté une nuance appréciable qu’on ne retrouve pas dans cette définition à savoir qu’il s’agit moins d’un modèle centré sur l’utilisateur (user centric model) que d’un modèle dirigé par l’utilisateur (user driven model). Le living lab dans la bibliothèque

Les bibliothèques veulent développer des relations nouvelles avec les citoyens/citoyennes; elles revendiquent une approche orientée vers l’utilisateur, elles veulent offrir une meilleure expérience et en même temps expérimenter et innover, favoriser la guérison, la connaissance, le développement social et culturel, la littéracie à travers la technologie ( livres numériques, tablettes, RFID, surfaces interactives, dispositifs mobiles, réseaux). Toutes ces intentions les qualifient pour un projet de living lab. L’idée n’est pas inédite, certaines réflexions sur l’avenir de la bibliothèque propose cette voie : What will the future library be like in, say, 2017? Can it even be called a “library” anymore? Conference participants reflected over the changing identity of the library. Many speakers used the term “living lab”, where the library is seen as a living space – a lab – in the middle of urban surroundings. The library’s main role was seen as being a meeting place for people. However, defining just what kind of a meeting place this would be stimulated a lot of discussion. The future library should be a virtual, social as well as a physical place for city residents who want to meet each other and also spend personal time with literature,


information technology and hobbies – individual activities together with others.(Future library – a fascinating mystery) On parle beaucoup de la bibliothèque tiers lieu. Il s’agirait alors d’étendre ce concept de tiers lieu et de l’aborder comme un processus vivant qui se crée à travers les usages bien en amont du lieu bâti. Le tiers lieu commence dès l’idéation et le visioning en mettant en place un système ouvert, intégrant des acteurs de divers horizons et des usagers, puis tout au long de la programmation, du design jusqu’à son opération et quelque soit sa durée de vie. On ne construit pas seulement un bâtiment, on construit du sens. Et pour faire suite au billet précédent, on pourrait suggérer que le modèle de la bibliothèque devrait être celui d’un tiers lieu combinant une approche Working together et Living lab. Working together in a living lab…Travailler ensemble dans un laboratoire vivant, c’est une vision pour la bibliothèque du 21ième siècle. Et comme, celle-ci se situe dans un monde de création et d’information, on pourrait aussi annoncer l’intention d’oeuvrer ensemble dans un laboratoire d’information vivant.

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Article 11 Les Fab labs en bibliothèque : nouveaux tiers lieux de création http://bibliomancienne.wordpress.com/2012/10/10/les-fab-labs-en-bibliotheque-nouveaux-tierslieux-de-creation/ 10 octobre 2012 · par Marie D. Martel · in Bibliothèque et société, Services et programmes, Société et usages. ·

Depuis leur origine, les bibliothèques se sont assez patiemment adaptées aux vagues des nouveaux médias se succédant afin de partager l’information dont les usagers avaient besoin. Notamment pour cette raison : des citoyens informés sont les piliers de la démocratie. Les bibliothèques ont évolué à travers l’âge de l’accès (et ce n’est pas terminé), l’âge de la formation et, maintenant, voici que survient l’âge de la participation. Dans ce contexte, les bibliothèques se redéfinissent en tant que projet de curation et de création. L’âge de la participation correspond aussi au moment où l’accès aux ressources numériques tend à faire décroître les superficies nécessaires pour le stockage des collections. À ce rythme, aura-t-on encore longtemps l’opportunité d’être un vecteur de participation si les environnements physiques disparaissent ? Et, à quel genre de contenu participera-t-on si les contenus numériques persistent à nous échapper, soit parce qu’ils sont libres et gratuits, soit parce que leurs coûts sont si prohibitifs que l’on ne peut plus se les payer? Contre toutes attentes, il semble que la dématérialisation des documents tombe à point car des espaces sont précisément requis pour les nouvelles fonctions entourant la participation créative. Et les nouveaux contenus ? Et bien, ils émergeront, en exclusivité, de ces lieux mêmes qui serviront à les créer dans un contexte de sociabilité. Les Fab labs (une contraction pour fabrication laboratory) en bibliothèque incarne cette vision d’un tiers lieu de création. Petit rappel d’un longue histoire : L’âge de l’accès et de la formation

Internet n’est qu’un des derniers nés de la sélection culturelle des médias. Les bibliothèques ont pris le virage de l’Internet aussi vite que possible considérant des budgets souvent faméliques et l’impact à gérer avec des employés souvent peu portés sur la technologie. Malgré tout, les bibliothèques ont encore généralement un nombre insuffisant de postes avec des accès Internet: ce qui ne leur permet pas de répondre à la demande. Pourquoi offrir ces postes Internet alors que les données au Canada suggèrent que l’accès à Internet est largement répandu chez les ménages? Parce qu’il faut regarder au-delà de la surface des chiffres : 97 % des ménages qui gagnent au-dessus de 80 000 $ disposent de cet


accès, alors que ce chiffre chute à 54 %, chez ceux dont les revenus sont moins de 30 000 (2010). L’accès à Internet varie aussi en fonction du nombre et de la composition des ménages: 93 % des ménages avec 3 personnes et plus sont connectés, mais ce chiffre tombe à 54 % chez les gens seuls. La fracture numérique est une fracture économique et la bibliothèque est un pont entre ces deux dérives. Voilà pourquoi offrir l’accès à Internet en bibliothèque n’est pas un geste caduc, mais un choix éclairé en faveur de la justice sociale. Selon les Lignes directrices, par exemple, un service de qualité devrait viser 66 postes par 1000 habitants dans les grandes villes au Québec. En ce moment, la situation correspond plutôt aux normes de 1996 (à peu près 8 postes par 1000 habitants). Et, comme on le dit souvent, que faire ensuite de tant d’informations si on n’est pas en mesure d’en faire bon usage et de l’évaluer adéquatement ? Les bibliothèques qui ont suivi l’évolution numérique ont de plus en plus de personnel habilité aux technologies et à la pensée critique : ils forment des citoyens à l’utilisation éclairé des technologies, les supportent dans leur navigation tout en sélectionnant des ressources de qualité et en constituant des collections numériques. L’âge de la participation (ou l’âge du faire numérique)

Les bibliothèques s’adaptent non seulement à la technologie de l’heure, mais aussi aux médias et leur culture se transforme. Traditionnellement, la bibliothèque est une institution qui a fonctionné du haut vers le bas : elle décide de ce qu’elle acquiert pour les usagers, elle prête, sous conditions, des ressources, elle recommande sous forme de prescriptions. Bref, les bibliothèques partagent des contenus et de l’information, mais ce mouvement tend à opérer à sens unique – sens unique… bien sûr, elles prêtent et les documents reviennent mais, au sens philosophique, les usagers ont généralement le statut de bénéficiaires et non celui de collaborateurs. Et pourtant, l’écoute et les échanges avec des citoyens via les médias sociaux, les enquêtes ou les consultations publiques lors de la construction de nouveaux équipements, la contribution des usagers aux recommandations de livres via les clubs de lectures en lignes et autres, l’indexation sociale de documents photographiques etc., ces activités participatives génèrent un trafic qui fonctionnent horizontalement dans les deux sens. L’usager comme curateur amateur tend à devenir le nouvel ami des bibliothécaires sur les réseaux sociaux et même au-delà. Dans cette foulée, on célèbre aussi, désormais, l’âge de la participation en bibliothèque dans la perspective de la création. On le répète ad nauseam, la bibliothèque n’est plus un dépôt de livres ni un endroit qui opère passivement en regard des besoins des usagers – ce qu’elle n’a jamais été tout à fait, jusqu’à un certain point, je veux dire « passive » : on a qu’à penser aux bibliothécaires de référence qui sont en mode performatif depuis plusieurs générations en répondant aux questions et en offrant des formations. Mais, aujourd’hui, les bibliothèques vont jusqu’à se représenter comme des lieux d’interaction et d’expérimentation. On a toujours, plus ou moins, supposé que les gens faisaient quelque chose avec l’information qu’ils trouvaient en ces lieux. En revanche, la bibliothèque veut aujourd’hui explicitement contribuer à cette fabrication, et surtout à ce faire-soi-même (Do IT Yourself (DIY)) que le citoyen initie plus largement dans son projet de vie, dans la communauté conçue comme œuvre collective et dans la fabrique du monde. L’âge de la participation s’appuie sur une représentation, et une image de marque, de la

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bibliothèque comme un laboratoire technologique et social où les citoyens expérimentent et interagissent entre eux ou avec les professionnels. Cette représentation contribue, en chemin, à faire basculer le statut de créateur du côté de l’amateur-abonné. Tout autant que nous sommes dans la bibliothèque conçue comme lab, nous sommes des créateurs. Ceci favorise la construction d’une vision plus haute de l’usager et, plus généralement, des sous-cultures. La lecture n’y est plus la finalité première, la bibliothèque adhère à la culture de la lecture-écriture où nous sommes les auteurs de nos propres livres (ou autres), au sens physique et métaphysique. Pendant ce temps, l’aura de l’auteur semble pâlir, ses privilèges s’atténuer aussi sur les plates-formes publiques. Longtemps, la bibliothèque a été le rempart de l’auteur professionnel, aujourd’hui, il lui arrive de s’en détourner, en invoquant le droit des usagers, la défense des licences libres, le bien commun. La remise en question juridique et la prolifération des productions artistiques issues des mains des amateurs ont aussi des effets philosophiques sur la valeur de l’oeuvre et sur son ontologie. Certains craignent que la signification de l’œuvre s’altère et se confonde dans le cortège des commodités. Mais ce mouvement de démocratie culturelle dans sa générosité multiplicatrice ne suggère-t-il pas davantage un repli de la consommation au profit d’une intensité créative qui entraîne une appropriation plus tangible, une relation plus authentique et plus avertie avec l’art et le littéraire ? La bibliothèque comme lab revendique ce parti et se conçoit plutôt comme le catalyseur d’une expérience durable avec la création. L’âge de la participation croise naturellement la sous-culture des makers qui essaime dans les grandes villes sur le modèle du premier Fab lab de Neil Gershenfeld au MIT qui l’a défini comme “a collection of commercially available machines and parts linked by software and processes developed for making things ”. Voici une série d’exemples de bibliothèques avec Fab labs inclus qui ont adopté la philosophie du faire soi-même, du DIY, de l’apprentissage par la manipulation et de la création le plus souvent numérique. Ces différents laboratoires proposent des espaces et des ressources qui cohabitent avec les collections en visant à faciliter les pratiques amateures et les initiatives entrepreneuriales locales. Plus généralement, le prêt des outils s’inscrit dans la continuité du prêt des livres lesquels instancient une autre manière d’être un outil. Plus onéreux que les livres, et partant moins accessibles, les outils, les logiciels et les ressources associés à la création numérique contribuent au développement de la translittéracie, des compétences médiatiques et à la capacité d’innover nécessaires pour fonctionner dans la société contemporaine. Cette vision prend la forme d’une offre de service diversifiée qui donnent aux usagers, jeunes ou adultes, la possibilité de faire des films, de créer des récits numériques ou d’autres productions artistiques, de fabriquer de modèles 3-D, des robots, etc. Mais, derrière le vernis technologique des machines qui brille dans les descriptifs qui suivent, on assume que le partage et la culture ouverte demeurent le fuel de ces incubateurs communautaires. Et, le slogan de circonstance, façon remix de l’autre, qui est recommandé ici: la prochaine révolution en bibliothèque, faites-la vous-mêmes! 8 fabuleux labs

1. Le Fab lab de la Fayetteville Free Library. C’est le plus connu et la locomotive du mouvement. Inspiré du lab de MIT mais dans une version plus accessible qui offre des logiciels et des équipements dont une imprimante 3-D. Ce Fab lab se prépare aussi à offrir des outils de numérisation pour la communauté, histoire de se créer une mémoire personnelle et collective et puis de la partager.


2. I Street Press à la Sacramento Public Library. Mon préféré. Ce lab californien constitue un centre d’écriture et d’édition/publication accessible à tous. Les usagers ont accès à des cours d’écriture et des outils d’auto-édition et de publication ainsi qu’une Expresso Book Machine placée à la disposition de la communauté pour l’impression sur demande. 3. Digital Arts Lab à la Salinas Public Library. L’offre de service se concentre sur les logiciels de création d’art numérique, musique, vidéo, photos, sitewebs, etc. avec des formations à la carte et du soutien pour l’élaboration de porte-folios. 4. NYPL Labs de la New York Public Library. Ce dernier n’est pas accessible au public : il s’agit plutôt d’une section consacrée au design expérimental centrée sur l’usager visant à favoriser l’accès du public à la multitude de ressources contenus dans les collections, souvent exclusives, de la NYPL, comme par exemple les 40 000 menus des restaurants de New York accumulés au fil de son histoire. L’art (numérique) de faire du neuf avec du vieux. 5. La ferme de la Northern Onondaga Public Library. Le lab le plus vert. Cette bibliothèque de l’état de New York permet aux usagers d’expérimenter en plein air en leur prêtant un lopin de terre et en proposant des formations sur la croissance des végétaux et l’agriculture urbaine. Pour les plus jeunes

6. YouMedia de la Chicago Public Library. Le Youmedia est un espace conçu pour refléter les pratiques culturelles des jeunes. On y retrouve une zone aménagée pour la socialisation, une autre pour le bidouillage et une troisième pour la formation. Différents supports numériques sont disponibles pour créer des podcasts, des productions littéraires web, de la musique dans les studios d’enregistrement, etc. Des ateliers plus structurés avec l’aide de professionnels et de mentors sont aussi proposés avec une orientation par projet en fonction des intérêts des jeunes. Le Youmedia de Chicago a été développé en partenariat avec le département de sociologie de l’Université de Chicago et a connu un tel succès que le Président Obama a décidé de soutenir la création de plusieurs dizaines de ces nouveaux labs à travers les États-Unis dans les années à venir. On peut aller voir, dans le même créneau, le Story Lab. 7. Le Children Discovery Center de la Queens Public Library. Cette bibliothèque pour les enfants revendique aussi une approche de type « learning by doing » c’est-à-dire que l’on conçoit que l’apprentissage est favorisé par le biais d’activités de fabrication et de manipulation. À mi-chemin entre la bibliothèque et le musée des sciences, cet environnement offre aux enfants, non seulement des livres, mais aussi un parcours avec du matériel scientifique interactif permettant d’explorer différentes expériences fondamentales. Et à Montréal!

8. Le Café de Da de la bibliothèque Ahuntsic. S’il ne se désigne pas comme tel par le vocable de lab, le café de Da de la bibliothèque Ahuntsic en a la finalité. Dans cet environnement, on organise des ateliers de cinéma gratuits pour les jeunes entre 16 et 25 ans leur permettant de se familiariser avec des caméras vidéos, des logiciels de montage et d’animation. Il s’agit, à ma connaissance, du premier lab/makerspace en bibliothèque au Québec. La bibliothèque Marc-Favreau qui ouvrira ses portes en 2013 offrira aussi des équipements et des logiciels de création numérique. Plus généralement, l’installation d’un laboratoire se heurte aux mêmes résistances et aux mêmes obstacles que ceux invoqués jadis au temps de l’informatisation et de l’arrivée des 37


postes internet en bibliothèque : le financement, le personnel et l’espace. Lors d’un webinar offert par OCLC sur les Fab labs auquel j’ai assisté au printemps dernier, on cherchait à atténuer ces difficultés et à les transformer en défis : 1) On peut mettre en place un fab lab avec un budget variant entre 10 000 $ et 50 000 $. 2) Il faut informer le personnel et le sensibiliser à l’intérêt de la maker culture. Il n’est pas nécessaire de former tout le monde, un membre du personnel avec des solides compétences technologiques est suffisant. 3) 75 m.c. peuvent constituer un espace approprié. J’ai déjà parlé ailleurs d’une vision de la bibliothèque comme laboratoire vivant dans son programme même. Et, on imagine que les projets de lab à venir devraient s’assumer comme telles, c’est-à-dire comme des laboratoires vivants s’appuyant sur une approche de design collaboratif et une planification en collaboration avec la communauté, en amont de ces services innovants qui sont proposés. Enfin, ces initiatives qui se multiplient aux États-Unis ont vu le jour à travers les hackerspaces, les labs d’économie sociale existants ainsi que par l’entremise de partenariats avec des universités et des fondations. Il existe déjà un certain nombre de fab labs au Québec, il y a peut-être ici et là des alliances à…faire! Un panel sur les labs montréalais se tiendra le 24 octobre prochain. Pour aller plus loin : • • • • • • • •

|vidéo| Neil Gershenfeld on Fab Labs, TED |livre| Fab : The Coming Revolution on Your Desktop–from Personal Computers to Personal Fabrication de Neil Gershenfeld 10 Most Amazing Library Laboratories, OEDb Makerspaces, Participatory Learning, and Libraries, The Unquiet Librarian Made in MA Bibliothèque, OWNI Mini labs: Building capacity for innovation through a local community fab lab network Un Fab lab au Québec, Triplex Et sur delicious, le tag « fablab »


Article 12 : J’ai visité la salle de classe du futur http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/09/10092012Article6348285686 91388458.aspx Et si, à l’ère du numérique, le débat sur l’éducation devait s’intéresser autant à l’espace (la nécessaire reconfiguration des salles de cours et des établissements) qu’au temps (la question, récurrente, des rythmes scolaires) ? Visiter, dans les bureaux d’European Schoolnet situés au centre de Bruxelles, le « Laboratoire de la Classe du Futur » est une expérience passionnante, presque grisante. Non parce qu’il s’agirait d’un voyage, extatique, dans l’avenir (nulle science-fiction ici, nulle machine d’anticipation), mais bien parce qu’il s’agit d’un voyage, instructif, dans les apprentissages (les outils et objets présentés existent déjà, il s’agit d’inventer les modes de travail qui vont avec). Non parce que le lieu met au centre la technologie (contrairement à certains salons, où les entreprises innovantes du secteur viennent exposer et vendre leurs nouveautés), mais bien parce qu’il est organisé autour de la pédagogie (la pièce, unique, est structurée en plusieurs espaces : « Rechercher », « Créer », « Echanger », « Présenter », « Interagir », « Développer »).

Ce laboratoire européen de l’éducation du XXIèle siècle montre concrètement et clairement combien la révolution en cours, simultanément technologique et pédagogique, soulève des questions architecturales. Via leur quotidien numérique, les élèves inventent aujourd’hui de nouveaux rapports aux savoirs, aux autres, à eux-mêmes … Dans ces conditions, c’est se condamner à l’échec et les condamner à l’ennui que de les obliger, comme cela se fait si souvent encore, à rester passivement assis sur des chaises à écouter le professeur (fût-il charismatique) et regarder le tableau (fût-il numérique). Dans ces conditions, c’est aussi rester en-deçà des enjeux que d’entasser une quinzaine d’ordinateurs dans une salle de l’établissement (dite « informatique » ou « multimédia ») que quelques enseignants se disputeront pour de rares séances de travail hebdomadaires. Dans un récent article, André Roux rêve la classe idéale comme « un aménagement qui faciliterait l’échange, la rencontre, qui permettrait de débattre, de comparer, d’argumenter. C’est un environnement modulaire qui serait conçu pour une reconfiguration instantanée de l’espace de travail. C’est aussi un lieu où il serait possible d’utiliser les technologies sans problème, qui offrirait un accès Internet sans fil rapide et performant, et où l’on encouragerait les élèves à apporter leur propre appareil mobile. » Le numérique nous oblige à modifier l’architecture des lieux et des apprentissages pour favoriser l’horizontalité et l’ouverture. C’est ainsi toute la grammaire de l’enseignement qui grâce à lui doit et peut être repensée : faire de l’élève un vrai sujet dans sa formation, mettre au centre les verbes plus que les noms (comme le rappelait Mark Presky et comme le montre la structure du « Future Classroom Lab »), considérer qu’un complément de moyen (par exemple un ordinateur, une tablette, un enregistreur MP3 …) est aussi un complément de manière (une autre façon d’apprendre) et un complément de lieu (une situation, dans la classe et dans le monde), se souvenir qu’un complément d’attribution est aussi un complément de but (il faut donner aux apprentissages un destinataire et un sens)… Le « Laboratoire de la Classe du Futur » invite aussi chaque enseignant à se demander quels usages dans 39


sa matière il pourrait faire des différents outils mis à sa disposition. Le lieu interpelle en particulier le professeur de français, sans doute un peu perdu dans cette civilisation postGutenberg : il devient ici encore plus clair qu’il ne faut plus enfermer la littérature dans les livres, qu’elle doit cesser d’être un objet d’étude pour devenir une pratique, que le numérique permet de développer des compétences linguistiques et culturelles pour peu qu’on mette en place des pédagogies actives, créatives, collaboratives. Ce qui est en cause d’ailleurs, ce n’est pas simplement le mode d’appropriation des savoirs : les savoirs euxmêmes sont transformés et la littérature n’y échappe pas. On citera, parce qu’elles peuvent parler aux professeurs autant qu’aux auteurs, les stimulantes réflexions de Laurent Margantin sur l’écriture-web. Le texte, souligne-t-il, est métamorphosé notamment par la possibilité d’y inclure par exemple des liens (« dans la page même de l’écriture personnelle, liens qui sont un moyen de connecter sa propre pratique à celle d’autres auteurs, et même un signe que, malgré la solitude de celui qui écrit, l’amitié joue très souvent un rôle dans l’activité littéraire. ») et des images (« dans l’écriture-web, l’usage de la photographie est quasi naturel. La photo n’est pas une illustration du texte, elle est en vérité à l’origine de celui-ci. Elle relie l’écriture au réel (qui peut prendre une dimension fantastique), elle dévoile une profondeur de champ que l’auteur rêve d’atteindre également par le langage »). Et si, à l’ère du numérique, par delà la profondeur de temps (la connaissance du passé), l’enjeu, la chance à saisir même, était pour le pédagogue d’offrir aussi aux élèves ce que Laurent Margantin envisage comme une spécificité de l’écriture-web : « un approfondissement de l’espace » ? Jean-Michel Le Baut Liens : Site du « Future Classroom Lab » Article d’André Roux Article de Laurent Margantin


Article 13 : Paris-Saclay : « Une école du 21e siècle dont nous rêvons » (Hervé Biausser, directeur général de l’Ecole Centrale Paris) http://journaldesgrandesecoles.com/paris-saclay-une-ecole-du-21e-siecle-dont-nous-revons-hervebiausser-directeur-general-de-lecole-centrale-paris/ 8 octobre 2012 | FacebookTwitterImprimer Accueil > Actualités des Grandes Ecoles et des Universités > Ecoles d'ingé > Paris-Saclay : « Une école du 21e siècle dont nous rêvons » (Hervé Biausser, directeur général de l’Ecole Centrale Paris)

Paris, 3 octobre 2012. 43 ans après son installation à Châtenay-Malabry (1969), l’École Centrale Paris annonce son ambition pour septembre 2016 : ouvrir les portes d’un nouvel établissement au cœur du plateau du Moulon sur le campus Paris-Saclay. Ce projet architectural et urbain n’est pas un simple déménagement. Il s’inscrit dans le cadre d’un développement à l’international. « Nos objectifs de reconnaissance en France sont acquis » précise Hervé Biausser, directeur de l’Ecole Centrale Paris. Nous devons maintenant devenir une référence au-delà de nos frontières. C’est une école du 21e siècle dont nous rêvons ! » L’ENS Cachan et l’Ecole Centrale Paris rejoindront ainsi Supélec à Gif sur Yvette.

« Un jeu entre l’urbain, l’architecture et le projet pédagogique » 112 agences ont répondu à l’appel d’offre, et c’est le Cabinet OMA architectes qui a été retenu. Cette agence, de renommée internationale avec à sa tête Rem Khoolaas (célèbre architecte ayant reçu en 2000 le Prix Pritzker soit l’équivalent du Prix Nobel d’Architecture), est ce matin représentée par un des ses directeurs associés, Clément Blanchet. Le symbole fort du projet retenu est la création d’un « carré des sciences » au cœur du campus. « Ce bloc central – transparent – permettra par ses différentes ouvertures de favoriser la multiplication des rencontres et des échanges entre les administrations, les chercheurs et les étudiants issus de ces trois écoles. » Des espaces de discussion et de restauration côtoieront des espaces de Recherche (laboratoires) en un même lieu. Les champs de spécialisations scientifiques seront aussi répartis par zone autour du « carré » à l’intérieur du campus . « Ce lieu ouvert, vivant, est très symbolique pour Centrale des sciences et de l’innovation » déclare H. Biausser. « Un lieu de vie et d’échanges » Ouvert 24h/24, 7j/7 et desservi par une nouvelle station RER, le campus sera ouvert à la ville via une « diagonale » (voie publique). L’objectif sera de faire de cet espace un lieu de vie, et pas seulement une école. « La conception de l’école s’inscrit dans une conception plus large du quartier avec la construction de 4500 logements étudiants et familiaux. Il s’agit d’un vrai projet urbain réalisé en collaboration avec les communes et les acteurs locaux déjà présents sur le site comme l’Université Paris Sud, le CEA etc. » souligne Pierre Veltez, président41


directeur général de l’Établissement Public de Paris-Saclay.« Il faut que les grandes écoles travaillent avec les universités ! » lance Hervé Biausser enthousiaste.

Maquette du futur campus qui regroupera Supélec, l'ENS Cachan et l'Ecole Centrale Paris La comparaison avec les campus étrangers sera aussi un enjeu fort. « Notre challenge est de ne pas tomber dans le piège d’un projet théorique, nous devons rester très pragmatique » complète C. Blanchet. « Les questions énergétiques ne seront bien entendu pas ignorées par une école telle que la nôtre, à la pointe de la technologie » assure H. Biausser en réponse à un journaliste. Ce projet semble être un succès annoncé. « Nous avons que des raisons d’être optimiste dans cet objectif de devenir un pôle d’excellence à l’international » conclut tout sourire P. Veltz. Il ne reste plus qu’à patienter jusqu’en 2016 pour voir sortir de terre cette nouvelle école du 21e siècle dotée d’un budget de 220M € ! A.F


Article 14 : Universités le design thinking et la Design School de Stanford : effet de mode ou révolution ? http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/70230.htm En plein coeur du campus californien de l'Université de Stanford, se trouve un bâtiment un peu particulier. Dans la "d.school" [1], les salles de classe ne ressemblent pas à d'austères alignements de tables et de chaises face à un grand tableau noir, mais plutôt à de grandes salles de jeu, où il règne plutôt l'ambiance d'une garderie ou d'une école maternelle. Des post-it multicolores, des feutres, des ciseaux, de la colle et du papier (et quand même quelques iMac), voilà les instruments de travail qui y sont utilisés. La deuxième meilleure université du monde - d'après le dernier classement de Shanghai - aurait-elle pour but de faire retomber ses étudiants en enfance ? En quelque sorte, oui : pour comprendre cette école un peu particulière, il faut remonter au début des années 2000. David Kelley est l'un des cofondateurs d'IDEO [2], un cabinet de conseil spécialisé dans le design et l'innovation, aux méthodes un peu particulières ; il est aussi professeur de Mechanical Engineering à Stanford. Dans sa société comme dans ses travaux universitaires, il s'appuie sur les procédés du design thinking. Ce concept, développé notamment à Stanford par les professeurs Robert McKim et Rolf Faste, consiste à appliquer les méthodes utilisées par le designer (au sens premier, de concepteur d'un objet) à la compréhension et la résolution d'un problème quel qu'il soit : l'optimisation d'un produit donné, la façon de mener un projet ou de gérer une affaire, etc. Fort des succès de sa société IDEO, qui au-delà de son activité de design adapte ses méthodes de création à la résolution de problèmes "business", David Kelley cherche à enseigner ces nouveaux procédés à Stanford. L'idée a beau trouver un écho favorable au sein de l'université, il lui faut aussi des financements. Il les trouve auprès du chef d'entreprise allemand Hasso Plattner, qui a fait fortune aux commandes du géant de l'informatique SAP, avant de devenir mécène pour la recherche et l'enseignement dans les années 2000. C'est ainsi que le Hasso Plattner Institute of Design voit officiellement le jour en 2004. Depuis les premiers cours donnés dans un préfabriqué jusqu'aux locaux flambant neufs et savamment décorés d'aujourd'hui, l'institut a connu un succès grandissant. Aujourd'hui, David Kelley est devenu une légende vivante pour les élèves de Stanford, qui se pressent en masse pour prendre un cours dans cette nouvelle école, que l'on nomme communément la "d.school". Elle accueille 350 étudiants par an (bien qu'elle ne délivre aucun diplôme, la demande dépasse toujours le nombre de places disponibles), et son corps enseignant comprend 70 membres provenant du milieu académique mais aussi de grandes entreprises, de start-up, du monde de l'art, etc. Elle a pour particularité d'accueillir des étudiants de niveau graduate venant de tous les départements de l'université, qui ont donc aussi bien des profils d'ingénieurs, que de littéraires, de médecins, etc. 43


Qu'y apprend-on exactement ? La d.school propose plus d'une vingtaine de classes de pratique du design thinking, décliné sur des thèmes différents : communication, social, santé, changement des comportements, éducation,... Les élèves se voient alors confier des projets à réaliser par équipes composées d'étudiants de spécialités différentes, afin d'encourager la plus grande mixité disciplinaire possible. Pour réaliser ces projets, ils devront passer par les mêmes étapes que le designer, auxquelles correspondent des "modes de pensée" bien particuliers : - "Empathize" - Il s'agit d'abord de ressentir le problème que l'équipe est amenée à résoudre, en s'identifiant au mieux à l'utilisateur et en faisant donc preuve d'empathie. - "Define" - Une fois le problème appréhendé, il faut le définir pour identifier clairement quels sont les objectifs à atteindre et les besoins à résoudre. - "Ideate" - C'est à cette étape qu'il s'agit de donner libre cours à son imagination et sa créativité, en émettant un foisonnement d'idées, qu'elles semblent a priori raisonnables ou totalement folles. - "Prototype" - Pour pouvoir exprimer et appréhender ces idées, elles doivent être - même très succinctement - matérialisables. Il faut donc pouvoir confectionner un objet, quel qu'il soit, pour expliquer la solution envisagée au problème : c'est la théorie du "show, don't tell". - "Test" - La solution que l'on a imaginée et physiquement modélisée doit être confrontée aux conditions réelles d'utilisation, pour être améliorée par la suite. Les différentes étapes du cycle de réflexion du design thinker sont ainsi itérées, pour arriver à une solution finale qui se veut optimale. On peut voir que tout au long du procédé, l'accent est mis sur la communication et l'identification aux personnes impliquées dans le processus, qu'il s'agisse des autres membres de son équipe, des utilisateurs d'un futur produit - ou plus généralement de ceux à qui le projet est destiné. Par ailleurs, on comprend mieux l'aspect du lieu qui se veut très ludique, ce qui est censé aider d'une part à générer des idées nouvelles - en se débarrassant d'un mode de pensée purement rationnel, et d'autre part de les laisser grandir, se transformer, et enfin de les partager plus librement. - Tom Kelley (frère de David Kelley et Directeur général d'IDEO), The Ten Faces of Innovation (2005) et The Art of Innovation (2001). Tim Brown (Président d'IDEO), Change By Design (2009). - Le département de design thinking de l'Ecole des Ponts Paris Tech propose toute une bibliographie de référence, ainsi que divers liens et vidéos sur le sujet : http://www.dthinkingparis.com/designthinkingguide.html - Un bon article sur la théorie du design thinking dans la Harvard Business Review (Tim Brown, 2008) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/co4CJ - La TED (Technology, Entertainment and Design) Conference de David Kelley "How to build your creative confidence" (mars 2012) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/PT19s [1] Vers le site de la d.school : http://dschool.stanford.edu/


[2] Lien vers le site d'IDEO : http://www.ideo.com/ - [3] Le site de la structure "d.thinking" de l'Ecole des Ponts : http://www.dthinkingparis.com/ - [4] Lien vers le site du Hasso Plattner Institut de Potsdam : http://www.hpi.unipotsdam.de/willkommen.html?L=1 - [5] Lien vers le site de l'Aalto University Design Factory : http://aaltodesignfactory.fi/ - [6] Tim Brown, Change By Design, Harper Collins (2009), page 6. Camille Rosay, camille.rosay@consulfrance-sanfrancisco.org ; Retrouvez toutes nos activitĂŠs sur http://france-science.org ; Suivre le secteur Energies sur http://sf.france-science.org.

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Article 15 : ENT - Espace Numérique de Travail http://www.esen.education.fr/fr/ressources-par-type/outils-pour-agir/le-film-annuel-despersonnels-de-direction/detail-d-une-fiche/?a=102&cHash=fa2c3c0948Version PDF Un portail unique pour une communication efficace, un nouvel outil d'apprentissage Mise à jour : 4 décembre 2012 - Actualisation prévue : décembre 2013 Mots-clés : bureau virtuel / cahier de textes / cartable numérique / charte informatique / ENT / espaces numériques de travail / forum / messagerie électronique / portail / ressources / sécurité informatique / services numériques / télé services / travail collaboratif •

1. Définition

Les Espaces Numériques de Travail (ENT) sont des ensembles intégrés de services accessibles aux personnels de l'établissement, aux élèves et à leurs responsables ainsi qu'à certains partenaires via un point d'entrée unique et sécurisé. Chaque usager dispose : • •

d'un accès à distance ou depuis des postes disponibles dans chaque établissement ; d'un accès à des contenus à vocation pédagogique et éducative, d'une diffusion d'informations administratives ou relatives au fonctionnement de l'établissement, d'une messagerie électronique, de forums de discussion, etc.

L'utilisateur est identifié afin d'individualiser les services numériques auxquels il a accès. L'environnement numérique de travail n'offre en lui-même qu'un nombre restreint de fonctionnalités de base. Son rôle principal est d'intégrer les services et de les présenter aux utilisateurs de manière cohérente, unifiée, personnalisée et personnalisable en intégrant l'authentification unique. L'ENT est également appelé "bureau virtuel" ou "portail de services". Consulter la définition qu'en donne le site Éduscol. • •

2. À quoi ça sert ? À communiquer et à informer, en direction : o de tous les personnels : agenda, communication (administrative, professionnelle, organisationnelle, échanges, …) ; o des usagers (parents et élèves) : agenda, cahier de textes, notes, menus, messagerie, absences, …, informations diverses ; o des partenaires ; exemples : entreprises (stages, …) collectivités (gestion des agents territoriaux, …), autres établissements (bassins d'éducation, universités, …) ; à échanger et partager : ressources, pratiques, … : o en fournissant à chaque utilisateur un espace de travail et de stockage dont les ressources sont accessibles à tout moment et quel que soit le lieu (domicile, salles de classes, salles informatiques, CDI, …) ; o en diversifiant les ressources et supports pédagogiques disponibles (ressources partagées : supports vidéos, ressources sonores, ...) ; o en offrant un espace de mutualisation pour chaque équipe (accompagnement personnalisé, TPE, ...) ;


en proposant des dispositifs individualisés de suivi des élèves (aide, soutien, programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE), ressources éducatives en ligne) ; o en proposant des outils de travail collaboratif (blog, dossiers partagés) ; o ... à offrir des outils de gestion ou de travail aux usagers (outre les outils évoqués plus haut) : o gestion du matériel et des locaux spécifiques ; o visioconférence, audioconférence ; o ... à piloter l'établissement : o en partageant des éléments du tableau de bord ; o en facilitant l'échange avec les équipes et les partenaires ; o en donnant une place nouvelle aux parents dans l'école. 3. Quel cadre ? Cadre national : o le S3IT (schéma stratégique des systèmes d'information et des télécommunications), défini par le ministère dans le domaine des technologies de l'information et de la communication ; o le SDET (schéma directeur des ENT), guide pour la mise en place technique, organisationnelle et fonctionnelle des ENT (pdf 3 Mo) page 34 et suivantes ; politiques des collectivités territoriales en collaboration avec l'autorité académique pour la mise en place des ENT et leur financement ; cadre établissement : adaptations spécifiques cohérentes avec les exigences nationales et académiques, les projets de l'établissement ou le projet d'établissement. o 4. Mise en place et fonctionnement o

• •

• •

L'ENT est hébergé dans l'établissement ou externalisé : rectorat, prestataire, autre, … Sous la responsabilité du chef d'établissement, sa mise en place et son fonctionnement dépendent des solutions techniques et organisationnelles retenues avec les autorités institutionnelles et les collectivités territoriales (choix des services ouverts, gestion des droits, nature des ressources, traitement et sécurité des données, …). Quelle que soit la solution retenue, le bon fonctionnement de l'ENT repose sur son accessibilité, donc sur une préparation minutieuse des bases d'utilisateurs (notamment parents et élèves) mais aussi sur la diffusion des identifiants aux usagers ainsi que du mode d'emploi. o

5. Quelles précautions prendre ?

L'ENT s'appuie sur un environnement informatique fiabilisé : parc informatique à la bonne marche garantie, logiciels utilisés aux configurations stabilisées. Les précautions à prendre découlent des difficultés juridiques occasionnées par les services en ligne mis en œuvre par l'établissement et de la protection des données (accès, traitement, protection, intégrité et sauvegarde). Les points suivants doivent être étudiés avec soin : •

garantir l'intégrité des systèmes informatiques (responsabilité qui peut être partagée avec d'autres partenaires si les données sont externalisées). Cette responsabilité comprend : o la mise en conformité avec le schéma directeur national de la sécurité décliné au niveau local de l'établissement ; o la sécurité des fichiers (article 34 de la loi n° 78-17 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés du 6 janvier 1978) ; 47


la confidentialité des données (articles 34 et 35 de la loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés) ; informer tous les personnels et usagers de la finalité, de la collecte et du traitement (articles 6 à 8 et 36 de la loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés), ainsi que de la durée de conservation des données (articles 6-5 et 36 de la loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés). L'existence d'une charte informatique intégrée au règlement intérieur est vivement conseillée (voir quelques exemples dans la partie "Boîte à outils") ; garantir la protection des utilisateurs et tout particulièrement des mineurs (droit à l'image, droit d'auteur, protection des œuvres, …) : consulter à ce sujet le site officiel de signalement des contenus illicites d'Internet ; s'assurer de la déclaration des fichiers à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) en conformité avec l'ENT déployé dans l'établissement : téléprocédure sur le site www.cnil.fr (article 22 de la loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés) ; pour réduire les incidences de la fracture numérique, faciliter les possibilités d'accès pour tous à l'ENT et à Internet. 6. Conclusion o

• •

Le succès nécessite une implication marquée du chef d'établissement, une prise en main rapide de l'outil (convivialité, ergonomie) et une volonté interne de travailler en équipe. L'aspect technique s'avère primordial (rapidité d'accès, fiabilité, …) ainsi que les facilités d'y accéder. Information, formation, accompagnement et conditions pour faire évoluer l'outil sont incontournables pour que tous les usagers puissent se l'approprier. Textes officiels en vigueur Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique ; loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés ; décret n° 2005-1309 du 20 octobre 2005 pris en application de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 ; • arrêté du 11 avril 2011 : création d'un traitement automatisé à caractère personnel relatif à la consultation des notes obtenues par les élèves des établissements publics du second degré arrêté du 30 novembre 2006 portant création, au sein du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), d'un traitement de données à caractère personnel relatif aux espaces numériques de travail (ENT) ; • circulaire n° 2011-071 du 2 mai 2011 : préparation de la rentrée 2011 ( § 2.3) (pdf 2,22 Mo) ; • circulaire n° 2010-136 du 6 septembre 2010 : le cahier de textes numérique (pdf 109 Ko) ; • circulaire n° 2010-038 du 16 mars 2010 : préparation de la rentrée 2010 (§ 1.4.1) (pdf 2 Mo). Pour aller plus loin • • •

À consulter sur Éduscol : • • • • •

préconisations du SDET - Schéma directeur des ENT du ministère de l'éducation nationale (version 3, juillet 2011) ; glossaire du SDET (pdf 1,22 Mo) ; dispositifs d'évaluation des usages des ENT ; handicap et TICE (production, diffusion et usages de ressources numériques adaptées aux élèves handicapés) ; espaces numériques de travail : quels usages dans l'enseignement ? .

Présenter l'ENT lors d'une réunion de bassin (un diaporama intéressant intégrant un argumentaire sur les bienfaits de l'ENT, ses fonctionnalités, les précautions à prendre...) (pdf 553 Ko).


Présentations académiques des ENT : • L'ENT : de l'école à la maison (académie d'Amiens) ; • Aide à la mise en œuvre de l'ENT Elie dans un établissement public local d'enseignement

(EPLE) (académie de Limoges) ; • CLOE : Cartable en Ligne Ouvert et Évolutif (académie de Dijon) ; • PLACE : Plateforme Lorraine d'Accessibilité et de Communication pour l'Éducation (académie de Nancy Metz) ; • "ENT et philosophie" : ce qu'apporte concrètement un ENT en termes de nouvelles pratiques pédagogiques (académie de Nantes) ; • ENT & liaison collège-lycée (académie de Nantes) ; • Les ENT, réflexion en 10 points sur le mode questions-réponses (plaquette du CRDP du Limousin) (pdf 113 Ko). • Des témoignages filmés (CRDP Pays de la Loire).

Articles • • • •

• •

"Espace numérique de travail : quels enjeux pour le système éducatif ?" Alain Séré, Inspection générale de l'éducation nationale (IGEN) 2009 (pdf 138 Ko) ; "Médias sociaux et éducation" (définition, typologie, panorama, usages) : dossier de novembre 2011 de la direction générale de l'enseignement scolaire (pdf 1,28 Mo) ; rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous de février 2010 : " Réussir l'école numérique", à télécharger sur le site de La documentation Française (pdf 6 Mo) ; Rapport Fourgous 2nd volet "Apprendre autrement à l'ère numérique" (l'innovation des pratiques pédagogiques par le numérique et la formation des enseignants), remis au Premier ministre et au ministre de l'Enseignement supérieur et présenté le 3 avril 2012 (pdf 12 Mo) ; "Quelles pratiques collaboratives à l'heure des TIC ?", dossier d'actualité Veille et Analyses de l'Institut Français de l'Éducation (IFÉ) (2009) ; "L'ENT : un levier de changement des pratiques pédagogiques des enseignants pour la mise en œuvre du socle commun ? État des lieux dans deux collèges", étude téléchargeable sur le site de l'IFÉ (2011) (pdf 248 Ko) ; autres nombreux articles sur des thématiques très diverses liées aux ENT, à consulter sur le site Éduscol consacré aux professionnels des TICE, à partir du moteur de recherche, mot clé ENT (ajouter une date à partir de laquelle vous souhaitez que s'effectue la recherche) ; télécharger également la sélection de ressources réalisée par l'espace cadres de l'académie de Rouen (pdf 159 Ko).

Aspects juridiques •

• • •

Sur Éduscol : o Guide de la CNIL : "Informatique et Libertés" pour l'enseignement du second degré(2010) (pdf 1,38 Mo) ; o site "Internet responsable", de la direction générale de l'enseignement scolaire du ministère de l'éducation nationale ; "La rubrique juridique : Internet et le droit", article de Laurent Piau publié sur le site Le Café pédagogique (2010) ; site de l'association Le forum des droits sur Internet (Le forum est fermé depuis décembre 2010 mais les contenus d'une grande richesse et d'actualité restent accessibles.) ; sur les données personnelles : fiche 21 du guide juridique du chef d'établissement ("Création et gestion des traitements de données à caractère personnel", novembre 2009), sur le site du ministère de l'éducation nationale (pdf 185 Ko) ; sur la propriété intellectuelle : protocole d'accord transitoire sur l'utilisation des livres, de la musique imprimée, des publications périodiques et des œuvres des arts visuels à des fins 49


d'illustration des activités d'enseignement et de recherche, juin 2009, direction des affaires juridiques du ministère de l'éducation nationale ; "Numérique, droit d'auteur et pédagogie", article de Jean-Pierre Archambault (octobre 2011) mis à disposition sur le site collaboratif Éducavox, paroles d'éducation, portail d'information et de partage sur les problématiques de l'éducation.

Ouverture à l'international Le numérique à l'école : éléments de comparaison internationale (pdf 213 Ko) ; Le thème "les TIC dans l'éducation" traité sur le site de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), où l'on accède notamment au guide de mesure pour l'intégration des technologies de l'information et de la communication (TIC) en éducation (2010 - pdf 1,25 Mo) ; • Étude de Périne Brotcorne, Luc Mertens et Gérard Valenduc (septembre 2009) intitulée " les jeunes off-line et la fracture numérique" publiée sur le site du centre de recherche travail & technologies de la fondation travail-université, Belgique (pdf 470 Ko) ; • "Les ENT dans le monde : des modèles d'une grande diversité" : tour d'horizon des politiques et des principaux projets relatifs aux ENT dans 6 pays occidentaux, étude de 2003 disponible sur le site du Centre national de documentation pédagogique (CNDP) (pdf 129 Ko) ; • "Chiffres clés de l'utilisation des TIC pour l'apprentissage et l'innovation à l'école en Europe 2011", étude européenne de mai 2011 sur les usages des TIC en UE, publiée sur le site EACEA, The Education, Audiovisual and Culture Executive Agency, de la Commission européenne (pdf 5 Mo) ; • "Virtual Learning Platforms in Europe : What can we learn from experience in Denmark, the United Kingdom and Spain ?", étude comparative européenne de novembre 2010 accessible sur le site du projet européen iEducate (en anglais - pdf 1,08 Mo). Boîte à outils • •

Sur le site de la CNIL : o guide informatique et libertés pour l'enseignement du second degré : document qui s'adresse aux chefs d'établissement et qui rappelle les principaux droits individuels et obligations liés aux technologies de l'information et de la communication (pdf 1,38 Mo) ; o dossier sur l'informatique dans les établissements scolaires et les problématiques liées aux mineurs (consulter notamment la rubrique "Quelle déclaration pour quel fichier ?") ; o nombreuses fiches méthodologiques et pédagogiques à destination des enseignants ; o questions-réponses sur le harcèlement sur Internet ou "cyberbullying" ; • des exemples de chartes : o métacharte proposée par la direction de la technologie du ministère de l'éducation nationale, en vue de la régulation de l'utilisation d'Internet, des réseaux et des services multimédias dans le cadre éducatif (février 2007 - doc 98 Ko) ; o guide d'élaboration des chartes d'usage sur Éduscol (avec, en bas de page, un exemple de charte en lycée) ; o exemple de charte en collège, sur le site du portail éducatif de l'Oise (pdf 40 Ko) ; o d'autres exemples de chartes (académie de Toulouse). • des repères et des exemples d'usages des ENT dans l'enseignement, sur le site Éduscol. Module d'autoformation •


• Dossier de sensibilisation en ligne sur notre site, qui traite, dans le cadre des priorités nationales, du thème de la culture numérique des cadres : •

• •

une introduction comportant plusieurs interviews d'experts (dont "La modernisation de l'école par le numérique", de Jean-Michel Fourgous) autour de définitions des expressions et des enjeux de ce champ transversal qu'est la culture numérique, et proposant des liens vers d'autres ressources (notamment une sélection documentaire sur le thème) ; "Diconum", un glossaire sous forme de courtes vidéos, permettant de comprendre les termes d'usage dans le domaine ; un dossier intitulé "Quel impact du numérique sur l'espace-temps dans le travail des acteurs de l'école ?", avec plusieurs interviews également (notamment "L'impact de l'intégration des ENT et des réseaux dans le pilotage", d'Alain Séré et "Vision panoramique des ENT, de Serge Pouts-Lajus), ainsi que des liens vers des articles, blogs et rapports sur le thème.

• "L'nternet responsable", ensemble de ressources d'ordre juridique sur l'utilisation d'internet et des outils de communication, en ligne sur notre site, organisées autour : •

d'une foire aux questions construite à partir de 8 situations-problèmes rencontrées sur le terrain scolaire (chaque situation est traitée sous forme de courtes vidéos, et propose des liens vers des sites incontournables, des éléments de réglementation, des documents à télécharger, ...) ; d'un glossaire vidéo "Le mot du juriste" (clips de 2 à 5 minutes) explicitant les principales notions juridiques abordées.

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Article 16 : L'apprenant va-t-il rencontrer toujours ses formateurs ? 19/03/2012 | 14:23 http://www.ludovia.com/news-1372.html Jean Vanderspelden est consultant ITG en individualisation et FOAD. Il a imaginé pour le Blog de t@d, une série de billets portant sur la thématique de l'apprenance et des nouvelles relations illustrées entre apprenant-appreneur, dont le titre générique est : "Apprenant sans formateur ? ". Quatre épisodes dont voici le premier intitulé "Le temps l'emporte sur l'espace - L’apprenant va-t-il rencontrer toujours ses formateurs ?" Prochains épisodes à venir : Episode 2, La culture de l’écran concurrence celle du livre – L’apprenant et le formateur ontil encore un terrain de conciliation ? Episode 3, Jouer à vivre ou bien vivre à apprendre – Dans une approche réseau, le «Digital Native» a-t-il besoin d’un formateur ? Episode 4, Apprendre chez soi ou dans son entreprise – L’apprenant a-t-il intérêt à rencontrer un formateur ? Le temps l’emporte sur l’espace : l’apprenant va-t-il rencontrer toujours ses formateurs? Michel Serres nous rappelait récemment que si on demandait à une personne son adresse, sans préciser postale, on prenait le risque de récupérer juste son email. Aujourd’hui, on se positionne, on se calcule, GPS oblige, autant dans le temps que dans l’espace. L’email et ses mots de passe associés, forment un code numérique qui permet à chacun de s’affranchir, en partie, du lieu d’activité, du lieu de loisir ou du lieu personnel, pour rester en contact permanent et instantanément, si on le souhaite. L’une des questions n’est plus de savoir d‘où on se connecte, mais quand et à quelle fréquence ? L’autre question est bien-sûr la raison et le sens du traitement de ces informations, fugaces pour la plupart, issues de ces services, futiles pour certains, que portent tous les e-auxiliaires à notre «service» dans nos espaces de vie. De même, si on demande à un banlieusard où il habite, il ne va pas répondre à 18 kilomètres du centre ville, mais à 45 minutes. Ainsi, indépendamment de la qualité d’un quartier ou de la construction plus ou moins durable, l’attrait d’un habitât peut être lié à la proximité d’une gare TGV ou d’un nœud urbain principal : des réseaux routier, ferré, numérique, … et social. Appliqué à la formation, surtout celle tout au long et tout au large de la vie, ce rapport comptable entre le temps et l’espace, induit aujourd’hui la mise en oeuvre de formations ouvertes et à distance d’un type particulier. Si la FOAD peut être considérée comme une combinatoire multiple entre les trois unités d’action, de lieu et de temps, on observe que de plus en plus d’actions FOAD se structurent pour dégager une nouvelle forme implicite de consensus temporel entre l’apprenant, le formateur et l’institution. Ce compromis résiderait dans la consommation faible d’un temps partagé obligé. L’important ne serait plus forcément d’être physiquement présent avec son formateur, mais de garder un lien pluriel avec l’institution, et surtout, avec sa communauté d’apprentissage, quand elle existe. Ce lien évolutif est à la fois synchrone et asynchrone, individuel et collectif, actif et proactif, formatif et productif, libre et contraint. Certes, il demeure, et demeura, aussi dans des temps présentiels avec les formateurs, mais «espacés».


Cette nouvelle distribution restera cohérente, sous réserve d’accéder, via le réseau numérique, à niveau suffisamment efficace, aux contenus en ligne, aux consignes et aux conseils des formateurs distants, également en ligne. Il s’agit aussi de pouvoir saisir en vivant, in situ, les enjeux sociaux de l’apprentissage et de la formation. L’essor des cours ballado-diffusés par les universités, l’activité des antennes des Ateliers de Pédagogie Personnalisée et le développement des Points d’Accès à la Téléformation en région, la systématisation des tutorats en ligne autour des plates-formes de télé-formation, la banalisation des visioconférences à la place des traditionnelles réunions, l’accès facilité aux espaces collaboratifs, l’usage des réseaux sociaux à des fins pédagogiques, la démultiplication des outils du Web 2.0 à toutes les sauces, les applications à tendances formatives sur les smartphones, y compris californiens, etc… sont autant de preuves de ces tendances lourdes de l’apparition et de l’ancrage du «Mobil-learning» ou en français «Apprentissage nomade». Réunir régulièrement dans un même lieu, un enseignant avec des étudiants, un formateur avec des apprenants, un consultant avec des salariés, (un commercial avec ses clients), ou un bénévole avec des membres d’une association, s’il n‘y pas une intention pédagogique ou sociale explicite à cette dimension collective, pourrait se révéler contre-productif ! Le phénomène inquiétant des décrocheurs de collèges, de lycées, d’universités, et même, semble-t-il, d’écoles d’ingénieur, illustre cette tension. Si l’époque de la société dite industrielle où l’écolier, muni de son certificat d’étude, devait passer par le lycée de la ville préfecture pour rejoindre le temple du savoir, (i.e l’université) à la capitale, est bel et bien révolue, celle d’une «société apprenante» est encore à construire. Ce sont les organismes de formation, les CFA, les universités, et leurs partenaires territoriaux, y compris les OPCA, qui ont la charge d’organiser un nouvel accès facilité à tous les apprenants, avec la stratégie européenne renouvelée en 2005 à Lisbonne, concernant la société de l’information. Demain, peut-on imaginer la systématisation des actions de formation ouvertes où les formateurs ne rencontrent qu’à «l’occasion» les apprenants juste pour la validation ? Est-il avéré que ce n’est plus la peine de se rassembler dans un même lieu pour apprendre ? Avec les porosités sous-jacentes de nos espaces de vie et de travail, qu’a-t-on à perdre et à gagner, et surtout, qui devrait y gagner et qui devrait y perdre ? Les premiers éléments de réponse seraient dans la formule : «Tous apprenants, tous tuteurs, tous appreneurs !» Aux regards des contradictions, de la complexité et des tensions de nos sociétés, «apprenant» semble être le seul métier durable, mais avec double nécessité : - de comportements nouveaux et responsabilités reconnues des apprenants pour saisir toutes les opportunités d’auto-apprentissage, plus ou moins accompagnées dans un cadre formel, non formel et informel, tout au long de la sa vie ; - d’une diversification du métier de formateur (accompagnateur et concepteur) dans un cadre légal et réglementaire toujours décalé au regard des enjeux. Il s’agirait de mettre en place un espace de cohérence stable, avec plus d’ouverture, visant à coupler «FOAD» et «apprenance». Source : Jean Vanderspelden, retrouvez les billets sur le blog de t@d

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