Werner Jeker g r a p h i e s u i s s e
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typographie suisse
l’essentiel en quelques dates
1944 – Werner Jeker né à Mümliswil, en Suisse 1960 – cours préparatoire à l’école des Arts Appliqués de Lucerne et apprentissage de graphiste chez Hugo Wetli 1965 – s’établit dans la région lausannoise 1972 – exerce une activité en indépendant: illustrations et graphisme pour différents journaux et livres 1972 à 1986 – enseigne à l’école des Beaux-Arts de Lausanne 1974 – est nommé maître principal de la classe de graphisme 1980 à 1982, il est directeur artistique de l’hebdomadaire L’Illustré 1983 – création à Lausanne d’un atelier commun, les Ateliers du Nord, avec les designers industriels Antoine Cahen et Claude Frossard. 1995 à 1997 – est professeur à la Haute école des Beaux-Arts à Karlsruhe en Allemagne.
1997 à 1998 – est professeur invité à l’école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) de Paris.
1998 à 1999 – assure la direction artistique de la communication pour Weimar’99 2000 – conçoit et réalise l’identité corporative pour l’Institut National du Patrimoine (INP) à Paris 2001 – constitue et réalise l’identité graphique pour la fondation Schloss Neuhardenberg de Berlin 2004 – suite à un concours international qu’il remporte, il élabore la nouvelle identité visuelle de la ville de Genève 1998 à 2002 – pour le compte de l’exposition nationale suisse: Expo.02 (Arteplage d’Yverdon-les-Bains), il conçoit et construit le pavillon signaldouleur 2003 – il est le responsable de la filière communication visuelle à la Haute école des Arts de Berne
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biographie
Né à Mümswil en Suisse alémanique en 1944, il débute une formation d’illustrateur aux Arts Appliqués de Lucerne. Après un apprentissage auprès d’Hugo Wetli, une collaboration avec les Designers Associés à Pully puis avec Fredy Huguenin à Lausanne, il se lance en indépendant dès 1972: il ne privilégie aucun support, exerçant tour à tour comme illustrateur ou comme graphiste, très marqué par la littérature illustrée alémanique, et commence également à enseigner à l’école des Beaux Arts de Lausanne (aujourd’hui l’ECAL). Son passage en tant que Directeur Artistique au sein du magazine L’Illustré marque une étape déterminante dans sa future approche de la photographie. Il y découvre la photographie et la critique d’une image, il travaille avec les plus grandes agences de photographies de l’époque, à commencer par Magnum. «C’était presque un passage forcé vers la photographie» confie-t-il. Par la suite, il réunira son travail de mise en page typographique et la photographie et devient remarqué pour ses nombreuses maquettes et nouvelles formules de presse, en digne héritier de l’école de Bâle.
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Poursuivant cette approche globale du design, il s’installe en indépendant au sein de locaux qu’il partage avec deux designers industriels, Claude Frossard et Antoine Cahen, sans travailler ensemble au début. L’affinité et la culture de l’échange, forcément visible entre les trois hommes, sera matérialisée par le nom donné à leurs locaux communs par quelques clients Les Ateliers du Nord. Elle le sera d’autant plus à partir du moment où les trois hommes se retrouvent, de fil en aiguille et presque involontairement, a collaboré sur des travaux en commun: quand le duo de designers, connu pour ses travaux pour Nespresso ou Logitech, remporte le design des nouvelles rames de métro de Lausanne, c’est à Werner Jeker que reviendra la création de la signalétique du Métro.
Parallèlement à son travail de graphiste, il enseignera dans plusieurs écoles, en Suisse, en Allemagne. Il sera même invité en 1997 pour intervenir un an à l’école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) de Paris avec laquelle il poursuit des échanges. Depuis sept ans, Werner dirige le Département de Communication Visuelle de la Haute école des Arts de Bern, toujours avec le désir d’établir des ponts entre les étudiants européens. C’est indéniablement son héritage de la rigueur helvétique, ce respect de la photographie qui l’aide à capter le spectateur. Il parle d’ailleurs volontiers d’une «température de l’image», en la travaillant pour faire en sorte qu’elle «reste chaude», toujours d’actualité. Et ce, quel que soit le support, quand il travaille pour la presse écrite, concevant des identités visuelles, des chartes graphiques, des catalogues, des brochures pour des entreprises ou institutions, des livres, des affiches et même des billets de banque, qui ne seront finalement pas édités.
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photographie et typographie n ’ a
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Il sait profiter du rythme qu’il peut générer grâce aux espaces blanc, s’appuyer sur des distances précises entre les signes. La composition est organisée par l’élaboration d’une grille, les photographies et la typographie qu’il utilise ou qu’il signe, sont rigoureusement choisies, tout comme un choix de tonalité, de couleur, un jeu de transparence. La compréhension de l’image répond à certains mécanismes de lecture. L’affiche n’est que la plateforme de cette synthèse entre les éléments. Chacun d’entre eux doit être précis, efficace. Mais ce processus est invisible sur le rendu finale. Une fois terminée, l’affiche, laisse toujours un certain vertige, magnifie la chaleur des corps, surtout féminins. L’affichiste n’exige rien, sinon impose avec finesse. Il invite à poser un regard sur l’image et laisse toujours une porte ouverte.
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Werner Jeker est un graphiste réputé et son rapport à la photographie remonte à ses premières expériences dans la mise en page et l’illustration. Il travaille régulièrement avec de nombreuses institutions culturelles lausannoises telles que la Cinémathèque Suisse, la Collection de l’Art brut, le mudac ou le Thétre Vidy-Lausanne. La spécificité du graphisme de Werner Jeker tient dans l’usage qu’il fait de la photographie (qui lui vaut en 1988 un prix de l’International Center of Photography de New York) allié à sa parfaite maîtrise de la typographie. C’est précisément l’élaboration de ce dialogue entre textes et images qui lui donne sa particularité. Il sait dégager les qualités formelles de celle-ci pour l’allier à une typographie sobre et efficace afin d’obtenir une affiche captivante. Différentes étapes jalonnent la réalisation graphique, depuis les premiers projets jusqu’au résultat final. C’est pourquoi l’utilisation de diverse approches est nécessaire, en fonction de l’objet qu’il doit «habiller». musée de l’Elysée
Une collaboration étroite s’est établie avec le musée de l’Elysée dès sa création en 1985 et près d’une centaine d’affiches ont été créées en une vingtaine d’années.
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théâtre d’affiche
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Les affiches de Werner Jeker sont des icônes. Elles sont uniques: uniques par leur conception, uniques aussi aux plans photographique, graphique et typographique! Elles sont intelligentes et extraordinairement raffinées par la relation qui s’instaure entre le texte et l’image. Elles suscitent l’attention à l’extrême et sont aussi simples que belles – simplement belles, pourrait-on dire! Werner Jeker compte parmi ces êtres singuliers qui ne trébuchent pas sur leur propre intelligence. C’est tout au plus sa créativité débordante qui encombre le chemin. Lorsqu’on visite son studio de Lausanne dont le nom – les Ateliers du Nord – sonne comme une orientation, on bute sur des montagnes d’avant-projets de chacune de ses affiches. Ces «autres» projets, il les mène jusqu’à un niveau de perfection tel qu’on pourrait les reproduire et les imprimer immédiatement. Ils ont d’ailleurs tous la même taille, ce qui les rend comparables et presque interchangeables. Pourtant, à l’issue de ce processus créatif, Werner Jeker sait distinguer un projet spécifique d’un autre. Une faculté enviable! Mais qui donne surtout beaucoup de travail. Aussi n’y a-t-il pas de «mauvaises» œuvres de Werner Jeker. A moins qu’il les ait cachées, ce qu’on ne saurais croire tant il est ouvert et prompt à partager. Texte et image ont toujours une raison évidente d’être là et nulle part ailleurs. Sa typographie suit jusque dans le moindre détail des principes clairement définis. L’écartement des signes, l’emplacement de l’image, la concordance de la couleur, la transparence de la surface, le plein et le vide, il les teste et les définit scrupuleusement. Werner Jeker tend à l’œuvre d’art totale.
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Pour l’Expo 2002, il a conçu et aménagé le pavillon signaldouleur et a tenu à assurer lui-même jusqu’à l’organisation et la surveillance du chantier. Ce fut en quelque sorte la plus grande affiche de sa vie, une affiche accessible aux pas du public. La douleur, une des sensations humaines les plus fortes, sera exprimée sous une forme palpable, visible et audible à l’arteplage d’Yverdon. Signal à ne jamais négliger, la douleur est au cœur de la prévention. Tout comme l’amour et la haine, la douleur nous concerne tous. Elle est souvent occultée, car l’exprimer pourrait être considéré comme un signe de faiblesse. Pourtant, la douleur est indissociable du vivant. Le projet présenté à Yverdon aborde une facette de la douleur. Celle de sa fonction de signal, parfois très discret, mais qui témoigne d’un problème et qui peut s’amplifier jusqu’à devenir intolérable. L’objectif signaldouleur est de faire percevoir les limites de la sécurité, de la protection de la vie et de la santé sous toutes ses formes dans une aventure qui sera la visite du pavillon consacré à ce thème. De l’extérieur déjà, l’architecture du pavillon cubique sensibilise les visiteurs à la perception de la douleur, un phénomène que chaque individu ressent différemment. A l’intérieur du cube, dans une roselière de fibres nerveuses (des tubes gigantesques), des images racontent aux visiteurs des douleurs vécues comme une calamité, comme une chance, comme l’expression d’une colère, d’une joie, d’une tristesse ou au lieu de non-dits. Des séquences vidéo mettent en lumière la manière dont nous gérons le signal qu’est la douleur et sa prévention. Six institutions présentent en commun l’exposition signaldouleur. Le Bureau Suisse de Prévention des Accidents (BPA), la Suva, la Commission de coordination pour la sécurité au travail (CFST), le Conseil de la Sécurité Routière et Promotion Santé Suisse. Le concept et la réalisation de l’exposition émanent de l’agence Ateliers du Nord à Lausanne, dirigée par Werner Jeker, évidemment.
Une fois à l’intérieur de la construction se trouve des tubes blancs suspendus qui représentent des nerfs. Au bout de ces tubes, il y a des écouteurs. Dans ces tubes, on entend des gens qui parlent de leurs douleurs.
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de la Suisse à l’Asie e s t
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Depuis qu’un soleil économique fait clignoter l’Asie, entrepreneurs et politiciens s’y ruent et se battent comme des chiffonniers devant la petite porte. L’artiste Werner Jeker vient d’y être accueilli par la grande, et il n’en revient pas: un pavé de 310 pages, somptueusement illustré et agencé, paraît ce printemps à Singapour en chinois, et en anglais, où le graphiste de Lausanne est présenté comme un des meilleurs designers de notre époque. L’ouvrage est agrémenté d’un emboîtage transparent sur lequel les quatre voyelles E de ses prénom et nom sont gaufrées en regard. Mais Jeker n’en est pas pris de vertige pour autant: il à toujours cru à la bonne fortune. A ce hasard qui peut favoriser, croit-il, même des gens sans mérite…
«Moi, j’aimais seulement faire des caricatures. J’appartiens à cette génération qui rêvait de foutre le camp du village, partir loin dans le monde. Or mon père avait des relations. J’ai pu entrer sans concourir aux Beaux-Arts de Lucerne.» Un passe-droit à l’ancienne! Il en a un peu honte aujourd’hui, surtout lorsqu’il préside des commissions d’admission dans les écoles, tant pour les élèves que les enseignants. Déjà graphiste diplômé à vingt ans, il se fait rapidement une place dans le milieu artistique lausannois. A trente ans, le voilà prof principal de graphisme à l’école des Beaux-Arts (ancêtre de l’ECAL). En même temps, il découvre le génie de la photographie. Depuis son art tout personnel d’associer la photo et la typo lui vaut une reconnaissance d’alchimiste et de libre-penseur qui franchit nos frontières.
L’Allemagne l’appelle pour les journées culturelles de Weimar’99, où il sera Art Direktor. Berlin l’invite très souvent, et c’est là que les Chinois sont venus le trouver il y a deux ans pour lui offrir un sésame vers l’Asie: ce pavé qui l’honore, le surprend et l’émeut. Un mètre nonante-cinq, robuste, tout en épaules, et un regard bleu ardoise sous une calvitie lumineuse. Werner Jeker ne s’est jamais départi de son accent alémanique depuis quarante ans qu’il vit en terre francophone. Il mâchure notre syntaxe sans vergogne, mais curieusement tout le monde le comprend. Cela doit tenir à la petite flamme qui rit dans ses prunelles. Tout comme sa moustache de félin, elle dit son charisme. Mais aussi son autorité: ses élèves, ses associés l’acceptent, car elle est naturelle, et qu’on peut la narguer. Mais pourquoi se vêt-il toujours de noir? Il aime les couleurs simples (comme le bleu et le jaune; voir les pages suivante). Ce sont elles qu’il privilégie quand il conçoit la mise en page d’un livre, ou d’une affiche, sur ses tables lumineuses des Ateliers du Nord. Elles lancent des lignes d’équilibre, mais aussi une tension. Rien de plus efficace qu’un poster qui capte le regard des badauds, en instillant en eux des sentiments.
affiche pour la cinÊmathèque suisse. graphisme Werner Jeker, 1984
affiche Noir, Black, Schwarz, Nero. musĂŠe des arts dĂŠcoratifs Lausanne. graphisme Werner Jeker, 1999
affiche 9e biennale internationale de la tapisserie. musĂŠe cantonal des Beaux-arts Lausanne. graphisme Werner Jeker, 1979
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affiche saison 2000-2001. Théâtres Vidy et Kleber Meleau. graphisme Werner Jeker, 2000
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affiche Ostinato. thÊâtre Vidy-L. graphisme Werner Jeker, 2008
affiche marionnettes. musĂŠe des arts dĂŠcoratifs Lausanne. graphisme Werner Jeker, 1980
affiche musée de l’Elysée. Airborne. photographie Lois Greenfield. graphisme Werner Jeker, 1998
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L o i s G r e e n f i e l d M u s é e d e l’ E l y s é e L a u s a n n e
affiche Wohnshop, Lausanne. graphisme Werner Jeker, 1986
affiche Misa Criolla. cathĂŠdrale de Lausanne. graphisme Werner Jeker, 1991
affiche Man Ray. Kunsthaus, Z端rich. graphisme Werner Jeker, 1988
affiche Tattoo. boutique basket, Fribourg. graphisme Werner Jeker, 1984
affiche les papiers d’Aspern. Vidy-l. graphisme Werner Jeker, 2002
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typographie suisse
la nouvelle typographie suisse
En 1919, l’Académie d’art et l’école des arts appliqués de Weimar se regroupent et fondent le Bauhaus, institut à l’origine d’un mouvement qui touchera l’architecture et les arts visuels: design, photographie, mais aussi et surtout typographie. Le Bauhaus engage des artistes avant-gardistes, tels Wassily Kandinsky ou Paul Klee. Transférée à Dessau en 1925, l’école du Bauhaus sera considérée par les Nazis comme la représentante de l’art bolchéviste. Ils la dévasteront et la fermeront en 1932. Après la guerre, c’est en Suisse que le nouveau style typographique trouvera sa place, plus particulièrement à Bâle et à Zurich. La Suisse romande, fortement influencée par la typographie française classique, résistera quelques temps avant de se laisser gagner à son tour par le mouvement. Ce sont des Suisses; Adrian Frutiger par exemple, qui exporteront ce que l’on appelle la Nouvelle typographie suisse à Paris, où elle connut un vif succès. Le Bauhaus, dans la continuation des mouvements d’avant-garde, puis la Nouvelle typographie suisse, remettaient en question les certitudes acquises depuis des siècles, comme la construction symétrique de la double page, ou la nécessité des empattements. Ils préconisaient l’utilisation de caractères sans empattements appelés «caractères bâtons», ou, dans la classification des caractères linéales. A la fois audacieux et fonctionnalistes, ces caractères connaissent aujourd’hui encore un vif succès, dans les livres, mais surtout dans les affiches ou par exemple pour des signalétique, comme celle du métro parisien ou de l’aéroport Charles de Gaulle.
Le Bernois Adrian Frutiger, est le créateur du caractère Univers, réalisé en 1954 et édité par la fonderie Deberny et Peignot. Il s’agit d’une linéale dont la forme est adoucie par de subtils contrastes entre les pleins et les déliés. Avec l’Helvetica, réalisé à Bâle par Max Miedinger en 1957, il fut l’un des vecteurs principaux du succès de la Nouvelle typographie suisse à l’étranger, et ce malgré la résistance des régions francophones. Frutiger réalisa notamment la signalétique du métro parisien.
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Roger Chatelin
Le Futura de Paul Renner vendu en France sous le nom d’Europe; le Sabon de Jan Tschichold devenu le Sabon Next puis redessiné pour le numérique par Jean-François Porchez en 2002; l’Univers d’Adrian Frutiger; le Brasilia d’Albert Hollenstein; ou encore l’Helvetica de Max Miedinger sont autant de typographies venues de Suisse; utilisées en France à partir des années 1950. Dans l’après-guerre, la France va être sous l’influence de la typographie et du graphisme helvètes. La communication visuelle parisienne passe sous l’emprise des chefs de file comme Peter Knapp ou Jean Widmer (Visual Design). L’auteur n’oublie pas pour autant les maîtres de la typographie française, le théoricien Francis Thibaudeau, les industriels de la lettre Deberny & Peignot, Cassandre le dessinateur du Bifur et du Peignot, mais aussi Maximilien Vox, le père de la revue Caractère.
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Jan Tschichold
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L’hisoire commence lorsque Jan schichold fut emprisonné par les nazis. A sa sortie de prison, il se réfugia à Bâle. L’exposition des travaux du Bauhaus présentés à Weimar, en 1923, marqua l’esprit des typographes dont Jan Tschichold. Il jouera un rôle majeur en Suisse. Il publie en 1928 son premier livre Die neue Typographie. Ce manifeste moderniste proclame la suprématie des polices de caractères en bâtons (appelés grotesk en Allemand). Son livre est bien evidemment composé entièrement en linéale et faisant fi du principe de symétrie. Il promeut la macrotypographie asymétrique. Il y écrit les règles modernistes pour la composition typographique.
Alors que la nouvelle typographie triomphe, Tschichold abandonne progressivement ses théories pour finir par les condamner totalement. Plus tard, il décrira la nouvelle typographie comme trop extrême, et le courant moderniste comme autoritaire et fasciste. Il faut situer ce rejet radical et violent de théories redéfinies comme uniformisantes, telles les grilles, dans le rejet de l’autoritarisme totalitaire dans lequel l’Allemagne et l’Europe succombent alors. Bien que vivant au cœur de la création du style suisse, il n’y adhère pas ou plus.
Sous son impulsion, dès 1943, naîtra quand même le concours annuel des plus beaux livres suisses.
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sources
livres La typographie suisse: du Bauhaus à Paris Roger Chatelain Pages épreuvées et corrigées, Roger Chatelain Le livre à Lausanne: cinq siècles d’édition et d’imprimerie Silvio Corsini A bâtons rompus, ce qu’il faut savoir du caractère typographique Adrian Frutiger web www.galerie-anatome.com www.adn-design.ch www.internationalposter.com/