Atelier diagnostic fortloyasse lundi 4am

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EP14 Rapport final

Fort de Loyasse, Lyon IXe Présenté à M. Rollin J. Par : Lucile Grelier, Diane Devau, Yoann Pérès, Lucie Ripoll, Marie-Eve Samson


A l’issue de ce travail de diagnostic territorial, nous souhaiterions remercier plusieurs personnes qui ont apporté des éléments essentiels à notre analyse. Tout d’abord, nous remercions Jean-Jacques Renaud pour son accueil chaleureux, le temps qu’il a bien voulu nous consacrer et les nombreux informations et documents qu’il nous a fourni. Nous remercions également Claude Lalanne et Dominique Jacquemet pour leur visite inédite des jardins ouvriers et du fort de Loyasse. Enfin nous remercions Abel Gago qui a tout de suite accepté de nous rencontrer pour un entretien sur l’aspect politique de notre analyse.


Sommaire Introduction

Table des matières

Localisation

p. 7

I. Les raisons endogènes de l’abandon du fort de Loyasse A. Étude historique : de la création au délaissement B. Un fort enclavé à l’état vétuste

p. 8

p. 14

II. Une nouvelle dynamique dans un tissu urbain multipolaire A. Le 5ème arrondissement de Lyon, un quartier réputée pour sa quiétude p. 18 B. Rôle de l’industrie dans l’émergence d’une centralité urbaine p. 27

III. Dimensions sociales et politiques A. Le devenir du Fort de Loyasse en question : un intérêt tributaire de la représentation sociale p. 33 B. Une deuxième fonction en débat p. 38

Conclusion

p. 43

Bibliographie p.

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Table des matières p.

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Table des illustrations p.

48

Tables des annexes p.

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Introduction Esquissées par les impératifs de défense militaire des derniers siècles, les villes d’aujourd’hui conservent en leur sein les vestiges de fortifications, autrefois symboles de puissance institutionnelle. Dans un contexte d’urbanisation croissante, le déclassement de bâtis militaires entrepris au cours du XXe siècle fût ainsi considéré comme une opportunité en faveur de la réorganisation des espaces urbains. La morphologie à venir d’un territoire apparaît dès lors contingente de ces empreintes militaires, comme le souligne Jean-Louis Cohen et André Lortie (1991). Ces emprises foncières sont de manière récurrente repensées pour l’implantation d’industries, de lieux d’habitation ou encore d’équipements. Après une première vague de déclassement au XIXe siècle, les derniers forts militaires de la première ceinture de Lyon, situés sur la rive droite de la Saône, sont déclassés avec l’entrée en vigueur de la loi du 29 juillet 1920. La singularité du fort de Loyasse, actuellement à l’état d’abandon a ainsi éveillé notre curiosité quant à ses rapports avec le tissu urbain dans lequel il est inséré. Ce dernier se situe en effet entre deux centralités bien distinctes de Lyon, aux identités apparemment opposées. Nous avons d’une part la colline de Fourvière, quartier historique de Lyon, située dans le 5ème arrondissement, et le 9ème d’autre part, marqué par un fort passé industriel, à travers les quartiers de gare de Vaise et de Gorge de Loup. Le fort de Loyasse est à la rencontre entre ces deux entités possédant des dynamiques de développement divergentes. Pourtant, ce dernier semble imperméable aux changements qui se sont opérés dans ces espaces. Notre délaissé reste oublié bien qu’à l’interface de territoires focalisant l’attention de par leurs dynamismes économiques et touristiques. La Sa

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Afin de comprendre les relations du fort avec son environnement, nous avons adoptés des démarches autant analytiques que comparatives, découpées en plusieurs temps. Nous avons tout d’abord effectué des recherches à partir d’ouvrages historiques, d’articles universitaires, de données d’archives. L’objectif était de cerner l’espace global du fort de Loyasse, pour mieux comprendre son évolution mais aussi pour le mettre en perspective avec son contexte historique, et l’histoire des autres forts de Lyon. Nous avons par la suite rassemblé les connaissances accumulées, afin d’en discuter et mettre en lumière les points essentiels.

Fort de Loyasse

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Nous avons donc effectué des visites de terrain, autant dans le quartier que dans le fort, dans le but cette fois d’avoir une compréhension pratique de cet espace et en comprendre les dynamiques de manière concrète. Dans le fort, nous avons pu voir l’étendue de la dégradation de ce dernier, tandis que pour son environnement, nous nous sommes attachés à comprendre ses dynamiques et les différentes identités le composant.

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Après avoir rassemblé les premiers matériaux nécessaires à notre étude, nous nous sommes attaché à déterminer la représentation qu’avaient les habitants et les divers acteurs ayant démontré ou non de l’intérêt pour de ce fort, à l’aide d’entretiens et micro-trottoirs.

Source : OpenStreetMap, Auteur : Pérès Yoann, 2014

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I.

Les raisons endogènes de l’abandon du fort de Loyasse A.

a.

Étude historique : de la création au délaissement

Géomorphologie d’un site stratégique

La colline de Fourvière repose sur un socle cristallin granitique et gneissique très résistant. Cette couche est donc propice à l’édification de nombreux souterrains dont le tunnel de Loyasse passant à la verticale de notre délaissé qui permet de relier la gare de Lyon Saint-Paul à Gorge de Loup. Celui-ci a permis de sonder la colline et ainsi de connaître sa géologie. Le substratum cristallin est surplombé par de la molasse marine, des sables classiques, des conglomérats argilo-ferrugineux ainsi que des marnes grises sur le sommet. Cette strate témoigne donc d’une sédimentation fine caractéristique d’un épisode marin. La région lyonnaise a en effet été littorale de la mer miocène au cours la période éponyme. La période périglaciaire successive quant à elle a fini de compléter l’assemblage de strates que l’on connait actuellement. On retrouve au sommet de la colline des conglomérats et graviers caractéristiques de cet épisode. Figure 1 : Substratum cristallin et cristallophylien

b.

Un fort à l’obsolescence prématurée (de 1830 jusqu’au milieu du XXe)

Figure 2 : Oxbow : méandre recoupé par le cours d’eau .

L’existence de rebords abrupts s’explique par le caractère contemporain de l’érosion à l’œuvre sur les bordures des plateaux de Fourvière et de la Croix-Rousse. Jean Pelletier estime en effet dans son étude de 1963 qu’il s’agit de formes post-rissiennes datant de 40 000 à 60 000 ans seulement. Les rebords de la colline qui prie étant jeunes, le nombre de cols permettant d’y accéder est très réduit. (Annexe 1 : Carte du relief du site lyonnais, 2011) Ainsi, hormis la montée de Choulans et le talweg aujourd’hui occupé par la rue Pierre Audry, il n’existe pas de voies d’accès naturelles à la colline (Pelletier J., 1963). Au regard de ces caractéristiques géomorphologiques, l’implantation du fort de Loyasse relève alors d’une stratégie militaire.

Figure 3 : Première ceinture des forts de Lyon

Enfin, en guise de placage, ce sont des loess, soit des terres très fines, qui composent les terres affleurantes. Localement, on peut retrouver quelques éboulis et remblais, ils témoignent du processus d’érosion consécutif au retrait de la mer. En effet notre géologie initiale a été largement recoupée par une géomorphologie active. L’ablation des strates superficielles très friables par la Saône a contribué à créer une vallée alluviale. Elle est principalement composée d’alluvions fins suite au transport des débris périglaciaires par le courant (Roman F., 1939). Le site du fort de Loyasse se place à l’interface entre ces deux ensembles géomorphologiques. Il constitue un formidable promontoire surplombant la plaine de Vaise et le défilé de l’homme de Roche le long de la Saône. En ce sens, il se rattache à la famille des « forts de montagne ». La rivière a accompli son œuvre en creusant progressivement un chenal lui permettant de rejoindre le Rhône quelques kilomètres en aval. La vallée est donc profondément encaissée ceinturée par des plateaux la surplombant d’une centaine de mètres. Cette vallée présente une forme irrégulière, en effet, la plaine de Vaise s’encastre dans le plateau jusqu’à Gorge de Loup où les reliefs commencent à être plus marqués. Cette dépression géologique correspond à un oxbow. Il s’agit donc d’un ancien méandre par la suite écarté du cours principal du fait de la sédimentation de débris arrachés aux monts d’Or. Vaise et Gorge de Loup sont ainsi des territoires d’accumulations alluviales et de moraines.

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En outre, la création du fort de Loyasse s’inscrit dans un contexte historique. Sur un plan plus global, le fort n’est pas à analyser comme seul. C’est au contraire un élément faisant partie d’un tout : la première ceinture des forts de Lyon créée entre 1830 et 1870. Cette première ceinture s’appuie sur les plans du général Hubert Rohault de Fleury, un militaire français, envoyé à Lyon au moment de la Révolution en 1830. Il sera désigné pour améliorer les défenses de l’ancienne capitale des Gaules, et applique à Lyon un modèle qui sera plus tard appelé le système défensif Rohault de Fleury, qui prévaudra jusque dans les années 1860. Ce fort s’inscrit également dans un contexte historique important, à un moment de tension entre la France et l’Autriche, qui fait craindre à l’Etat français une éventuelle invasion de son voisin.

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Les constructions seront impulsées sous la monarchie de Juillet pour défendre le royaume qui connaît alors un contexte politique très instable, du fait du passage à un régime de monarchie constitutionnelle. Cet ensemble de forts comprend les forts de Sainte-Foy, Saint-Jean, Saint-Irénée, de Caluire, de Montessuy, de Saint-Just, de la Duchère, de Vaise, des Brotteaux, de Montluc, de la Part Dieu, de Lamothe, de Colombier, de la Tête d’Or, de la Vitriolerie et enfin de Villeurbanne. On trouve également l’édification de lunettes (comme la lunette des Hirondelles située dans le quartier de la Guillotière), ou encore le renforcement de bastions défensifs déjà présents sur le territoire lyonnais. Ces forts se divisent en trois grands ensembles géographiques : le nord, qui comprend la zone entourant le quartier de la Croix Rousse ; l’ouest (la partie de Fourvière et Sainte-Foy) ; et enfin le sud-est qui comprend toute la rive gauche lyonnaise. Les commandements de ces ensembles ont respectivement été attribués au fort de Montessuy (Caluire) pour la partie nord, Saint-Irénée (5ème arrondissement) pour la partie ouest et enfin le fort Lamothe (7ème arrondissement) pour la partie sud-est.

Désormais pleinement sous autorité municipale, le fort de Loyasse répond au zonage civil. Le classement du fort en zone à risque va fortement contribuer à l’évolution de cet espace. La municipalité va en effet opter pour une solution drastique en créant un zonage de ces emplacements à risque par la Commission des Balmes en 1977. Ce sont plus de 2500 hectares qui vont être classés. Ce zonage est divisé en deux catégories distinctes qui restreignent plus ou moins la possibilité de réaliser de nouvelles constructions. Notre délaissé se situe dans la plus restrictive d’entre elles. Ce classement va alors entrainer l’arrêt net des projets de la municipalité pour le fort de Loyasse. Figure 4 : Carte des Balmes

La construction du fort de Loyasse, dont les dates sont visibles sur certaines pierres sur l’édifice, s’étendra de 1836 à 1840 environ. Néanmoins, le fort, tout comme cette première ceinture n’aura pas de réelle utilité. En effet, en 1858, le canon « rayé » est inventé, et remplace le canon lisse. Cette nouveauté rend les forts obsolètes, du fait de la portée de tir beaucoup plus étendue (jusqu’à 2 500 mètres) de ce nouveau canon. La ville de Lyon devra donc changer de stratégie défensive. Suite à cela, un nouvel ensemble de fort verra le jour remplaçant le système défensif de la première ceinture. Ce nouvel ensemble de forts, répondant au modèle Séré de Rivière, se trouve cette fois sur un périmètre géographique élargi : il sort des limites stricto sensu de la ville, pour s’étendre à plusieurs dizaines de kilomètres par endroits, comme le fort de Bron ou encore le fort du Mont Verdun, le plus imposant de cette seconde ceinture, situé dans les Monts d’Or. Les forts de la première ceinture sont définitivement relégués au second plan. c.

Un oubli progressif

Malgré l’absence de toute activité stratégique telle que prévue au moment de sa création, le fort de Loyasse va conserver quelques temps une activité militaire. Ainsi, les deux guerres mondiales successives rendent sa fonction première au fort, en tant que lieu de dépôt des prisonniers de guerre. Lors de la seconde guerre mondiale, il sera occupé par l’armée allemande. Son déclassement militaire le 15 octobre 1947, marque un tournant pour Loyasse. En effet, le classement en zone militaire était contraignant puisque ce dernier ne pouvait être utilisé, en théorie, par les civils et soumettait les constructions autour de Loyasse à de fortes restrictions. Il existait alors un périmètre non aedificandi, ainsi qu’une zone entourant toute construction militaire soumise à l’autorité compétente. Cette dernière était la seule à pouvoir délivrer un permis de construire. Cette particularité a donc rendu l’urbanisation autour du fort plus complexe qu’ailleurs. Avant ce déclassement cependant, le fort était déjà utilisé par le monde civil, marquant bien son désintérêt en tant que bâtiment militaire. Ainsi, durant l’entre-deux-guerres, un projet de périphérique urbain est proposé par la ville de Lyon, qui prévoit la démolition d’une partie du fort.

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Alors que le déclassement du fort, avait permis d’ouvrir les perspectives de développement de cet espace, cette modification du zonage va fortement changer la donne. Les opportunités d’urbaniser la zone à proximité du fort, avaient été ouvertes, avec un certain succès, grâce notamment à sa vue panoramique. C’est ainsi qu’en 1958, quatre tours sont construites, prévues pour des logements de standing offrant une vue dégagée sur la ville de Lyon. Deux autres tours étaient également prévues pour compléter l’ensemble. A cette même période, la volonté de réhabiliter le fort pour le transformer en groupe scolaire apparaît. Néanmoins, il sera avorté, suite au refus du ministère de l’Education Nationale, jugeant l’opération trop coûteuse.

Contrairement au quartier, le fort ne subit aucune évolution. Cependant, trois ans plus tard, le 28 juin 1965, la décision est prise de détruite une partie du site, à hauteur des numéros 83 et 85 de la montée de l’Observance afin de permettre un élargissement de cette dernière, pour faciliter l’accès au quartier mais également prévenir les risques d’accidents. Cet évènement révèle le manque de priorité concernant la sauvegarde du fort ne semble plus être une priorité pour la ville, en lien avec le changement de en 1957, à la suite du décès d’Edouard Herriot. On cherche désormais de plus en plus à faire évoluer cet espace, et utiliser son potentiel. La municipalité entame alors la destruction d’une partie des casernes du fort mais sera stoppé dans son élan par un affaissement de terrain survenu en 1965 révélant l’instabilité du sol. Cet évènement motivera fortement la modification du zonage pour le classer alors comme un espace à risque.

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Classé en tant que zone verte à partir de 1977, en même temps que la création de zone à risque, le fort de Loyasse deviendra ensuite un « espace boisé classé » selon la terminologie du Plan local d’urbanisme. En effet, il participe à l’omniprésence de la nature en ville étant visible depuis de nombreux belvédères. Photo 1 : Les tours du belvédère depuis Gorge de Loup et Panorama depuis les Tours

De plus, ce site lyonnais fait l’objet d’un classement au patrimoine mondial de l’humanité. Composé de deux collines et d’autant de cours d’eau, il bénéficie d’une protection significative et est divisé en deux catégories : la zone histo-rique/centrale et la zone de tampon/de surveillance. Notre fort fait partis de cette dernière, il impose donc que les projets tiennent compte du respect du patrimoine endogène mais aussi environnant que celui-ci soit naturel ou bâti (Chouquet, M., S.D.). Ce zonage très protecteur a permis de conserver le fort dans son écrin naturel autant qu’il a contribué à son délaissement par les pouvoirs publics et au désintérêt des investisseurs. Il y a ainsi une corrélation forte entre l’augmentation progressive de la protection du site et la réduction croissante de l’intérêt pour le fort de Loyasse, un fait d’autant plus visible après la fermeture au public du fort dans les années 1990.

Bien que ce règlement soit contraignant, il est toutefois possible de le déclasser en ayant recours à une révision simplifiée du PLU ou lors de la mise en compatibilité de celui-ci avec un projet particulier (Vautherot A., 2010). La suppression de ce bois doit par ailleurs être compensée par le classement d’un autre espace végétalisé. Le Grand Lyon disposant de réserves foncières suffisantes pouvant le moment venu, devenir des espaces boisés classés, ce déclassement ne poserait donc pas de problème légal. En effet, de nombreux espaces verts comme le nouveau parc Sergent Blandan ne bénéficient pas encore de ce classement alors qu’ils présentent des surfaces boisées de taille importante. Les autorités compétentes pourraient alors classer un parti de ces parcs afin de déclasser une portion de notre délaissé. Étant propriétaire du fort, ainsi que du parc Sergent Blandan (8ème arrondissement), le changement de zonage en serait d’autant plus facilité. Par ailleurs, comme le parc est voué à rester pérenne, ce classement contraignant ne constituera pas un obstacle à l’avenir. Cependant, le déclassement du délaissé devra demeurer partiel afin de prendre en compte les prescriptions du PLU. En effet, il définit le paysage des balmes comme ayant une valeur patrimoniale. Celles-ci doivent demeurer les plus vertes possibles afin de maintenir la nature au cœur de la ville. Cet enjeu est inscrit dans le cahier du PLU concernant le 9eme arrondissement :

« Site naturel participant du grand paysage des coteaux et collines de Lyon, classé comme site inaltérable au schéma directeur et couvert à ce titre par un zonage protecteur.» (Délégation Générale au Développement Urbain Territoires et Planification, 2013)

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I.

Les raisons endogènes de l’abandon du fort de Loyasse B.

Un fort enclavé à l’état vétuste

Au vue de sa situation, le fort de Loyasse possède divers attributs au niveau du bâti, qui lui donnent un caractère remarquable. Il a en effet dû s’adapter au relief très particulier de la colline. Du fait de cet aspect Paul-Emile Maurice déclare, dans son Essai sur la fortification moderne, à propos du fort de Loyasse: « Il est impossible de tirer un meilleur parti qu’on ne l’a fait d’un terrain aussi difficile, et de mettre plus de perfection qu’on n’en a mis dans les détails d’exécution de cet important ouvrage, qui est un chef d’œuvre de fortification pliée au terrain ». Ce relief lui donne un aspect imposant, et le fort bénéficie d’une vue dégagée sur une grande partie de la ville de Lyon, ce qui constitue sans aucun doute un atout de poids. En effet, peu de lieux à Lyon possèdent une telle caractéristique, ce qui a justifiait notamment son classement dans le PLU du 9ème arrondissement de Lyon comme un paysage à préserver. Photo 2 : Quais Arloing, fort de Loyasse

Historiquement parlant, le fort peut être considéré comme un fort dit de transition. II se situe en effet à la rencontre de plusieurs courants architecturaux et méthodes de construction : les forts bastionnés et les forts détachés. Le fort bastionné se reconnaît par sa forme le plus souvent pentagonale afin d’offrir une meilleure visibilité mais également une meilleure possibilité de défense face aux tirs de canons. Le fort détaché est quant à lui, comme son nom l’indique isolé, à l’image des forts de la deuxième ceinture de Lyon. Ce dernier a fait son apparition au moment de l’évolution des canons : grâce aux progrès concernant leur distance de tir, il a fallu concevoir des forts plus éloignés afin de mieux surveiller et protéger le territoire. Ce caractère hybride lui donne donc une forte particularité architecturale. Les matériaux utilisés pour la construction du fort sont eux aussi particuliers. On perçoit deux teintes principales sur le bâtiment, du fait des deux types de pierres utilisés. Le premier est la pierre de Villebois, tirée des carrières de pierre de taille de la ville de Villebois dans l’Ain. La pierre ocre, de nature calcaire est quant à elle issue de la région des monts d’Or, appelée « pierre jaune de Couzon ».

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Ces deux carrières n’étant plus exploitées aujourd’hui, cela posera problème en cas d’une éventuelle réhabilitation. De fait, le fort sera nécessairement dénaturé, ses matériaux d’origine n’étant plus disponibles. Le terrain du fort, occupe en totalité plus de trois hectares. Concernant sa composition générale, on trouve un grand bâtiment rectangulaire, à un étage, surmonté à l’ouest par un bastion. Le pavillon d’entrée est composé de différents éléments, que l’on retrouve dans tout fort : trois casernes, un magasin à poudre, servant à entreposer la poudre à canon), le magasin d’artillerie, les casemates et deux puits. Le fort de Loyasse bénéficie en outre, d’un réseau de galeries important, mais relativement mal documenté, ce qui ne permet pas de connaître sa composition exacte. Subsiste encore aujourd’hui le bastion IV, le pavillon d’entrée ainsi que la magasin à poudre. Le Photo 3 : Façade du Fort de Loyasse pavillon d’entrée est un bâtiment de 1200 m², s’étalant sur deux niveaux (600 m² par niveau), à l’origine composé de 25 pièces. Les pièces du rez-de-chaussée étaient avant tout destinées à accueillir les dortoirs des soldats. Le magasin à poudre quant à elle est une pièce de 120m² qui pouvait à l’époque contenir près de 50 tonnes de poudre à canons. Ses arcades extérieures servaient de liaison jusqu’au bastion IV. (Annexe 2 : état actuel du fort, 2014) Un tel bâtiment, encore debout aujourd’hui malgré son abandon, constitue une réelle richesse architecturale et patrimoniale pour la ville de Lyon, d’autant plus que le fort est semi enterré. La végétation est également très dense sur le site, un aspect qui est à n’en pas douter à mettre en valeur, du fait de l’importance des espaces verts en zone urbaine. C’est d’ailleurs son zonage est espace boisé classé qui permet la conservation du fort tel qu’il est, puisque toute construction ou modification est interdite : une certaine rigidité qui permettrait à la mairie de Lyon d’analyser longuement tout projet potentiel avant de procéder à un quelconque déclassement. Figure 5 : Plans du fort, 1863

Malgré la décision de la municipalité de fermer le fort au public dans les années 1990, du fait de la dangerosité du site, il existe encore à l’heure actuelle une occupation résiduelle du lieu. Cet aspect montre bien l’intérêt porté par certains groupes pour le fort, qui reconnaissent en lui sa richesse historique.

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On peut notamment citer les cataphiles, dont la passion est représentée officiellement par l’association OCRA (Organisation pour la Connaissance et la Restauration d’Au-dessoubs-terre) qui constituent à Lyon, une communauté très réduite. Ce phénomène tend cependant à s’amplifier avec l’apparition d’exploration urbaine (également appelé urbex), qui connaît une forte popularité dans la dernière décennie. Beaucoup de ces « urbex » cherchent à ainsi à redécouvrir des lieux qui restent cachés de la vue de tous.

Cependant, la ligne fait de nombreux détours qui ne rendent pas son utilisation toujours optimale. La fréquence de passage est assez faible, avec un bus toutes les 15 minutes en heure de pointe. De plus, la montée de l’Observance est l’axe principal servant de relier les quais de Saône jusqu’au haut de la colline de Fourvière : son élargissement a notamment justifié la démolition d’une partie du fort. Cette montée de l’Observance, en pente avec des virages importants peut être assez dangereuse en voiture.

Concernant le fort de Loyasse, cette occupation peut poser des problèmes et crée des tensions entre les différents groupes aux objectifs divergents. En effet, la dégradation provoquée par des occupants résiduels est fortement réprimée par la communauté cataphile qui cherche avant tout préserver les lieux. Le fort, mais aussi ses souterrains, ont été squattés et fortement dégradés, incitant la ville à fermer le lieu notamment, et en restreindre physiquement l’accès.

L’accès à cet espace à pied ou à vélo n’est pas non plus aisé pour tous les publics, du fait du dénivelé, malgré la création d’une voie verte sur la montée des Carriers. Cette bande verte, longue de 250 mètres prolonge ainsi cette montée pour créer une liaison piétonne directe entre le fort de Loyasse, et la place Vanderpol (près du métro Valmy). Cet aménagement a été fait dans le but d’éviter aux piétons d’avoir à emprunter le boulevard Saint Exupéry. Les Jardins Familiaux ont accepté le prélèvement d’une partie de leurs terrains (une bande large de deux mètres) afin de permettre ce prolongement. Cela représente d’ailleurs pour eux un moyen de desservir les deux accès des jardins. Enfin, l’emprise principale nécessaire à la réalisation de ce chemin appartient à la Société Anonyme des Constructions de la Ville de Lyon (SACVL), une Convention d’Occupation Temporaire sera établie avec celle-ci pour que la ville en dispose. Néanmoins, tous ces accès ne sont pas idéaux, et participent à l’enclavement du fort au sein du quartier, et de la ville en général.

Le fort attire ainsi le public, qui y montre un intérêt, mais cela peut être problématique pour la conservation du lieu. Cette dégradation a contribué à forger une image assez négative du lieu. Un nettoyage, ainsi qu’une remise en l’état, au moins partielle, coûterait très chère à la municipalité, qui laisse le fort se détériorer dans l’attendant un investisseur potentiel. Pourtant, laisser le site tel quel participe également à son usure. Des galeries, ainsi que certains plafonds se sont ainsi effondrées, notamment à la suite de vols répétés de pierres qui n’ont pas été remplacées, ou certains espaces qui n’ont pas été suffisamment sécurisés. Malgré les nombreux atouts, le fort possède en outre des faiblesses non-négligeables. Bien que le relief du site lui donne un caractère remarquable, et ait justifié une implantation stratégique à cet endroit, cet aspect joue également en sa défaveur. En effet, l’urbanisation d’un tel espace est rendue plus complexe qu’ailleurs, du fait d’importants dénivelés. Cela permet notamment de comprendre que le quartier dans lequel le fort est situé, soit relativement secondaire, à la rencontre entre deux espaces à l’identité forte. Le relief du quartier, mis en valeur par les jardins ouvriers développés sur un modèle de terrasse, est beaucoup plus difficile à appréhender quand il s’agit de construire des habitations, devant pallier ce handicap. C’estd’ailleurscefortdéniveléquirendlequartiersienclavé. Iln’existeeneffetqu’unelignedebus,laligne90reliant la gare de Vaise à Sainte-Foy, passant par les stations de métro de Gorge de Loup et Valmy. Photo 4 : Grillage du fort de Loyasse

Photo 5 : Graffitis

De plus, bien que stratégique, le fort repose sur un socle géologique particulièrement instable comme nous avons pu le voir auparavant. Les balmes, que l’on peut définir comme des coteaux très escarpés souvent traversées par des cavernes et divers souterrains, sont ainsi particulièrement sensibles aux mouvements de terrains. De nombreux exemples viennent étayer cette fragilité, en 1930 (Martinais E., 2010), la destruction d’un immeuble au pied de la colline de Fourvière a entrainé l’éboulement d’un vaste pan de la colline au pied de la basilique. Cette zone est classée non aedificandi depuis lors. D’autres exemples plus récents comme la coulée de boue successive à la rupture d’une canalisation témoignent de ce risque persistant à urbaniser les coteaux (Tribot laspière V., 2013). Photo 6 : Coulée de boues de 2013

Bien que ce caractère instable nous ait été présenté par l’un des membres du Comité des Intérêts Locaux (CIL) rencontré au cours d’un entretien comme exagéré par la ville de Lyon, et avant tout dû à une négligence quant aux spécificités du site et de son sol, on voit bien le danger potentiel que cet espace possède. Les accidents qui se sont produits, d’autant plus celui daté de 2013, rendent de fait frileux les investisseurs potentiels à l’acquisition du fort. A travers sa géomorphologie et son histoire, le fort apparait être un lieu d’intérêt qu’il faudrait revaloriser. Ces atouts tout autant que ces faiblesses ne peuvent cependant être compris qu’en tenant compte de son environnement.

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II.

Une nouvelle dynamique dans un tissu urbain multipolaire A.

Le 5ème arrondissement de Lyon, un quartier réputée pour sa quiétude

Le cinquième arrondissement de Lyon est un lieu emblématique de la ville. En effet, c’est sur cette colline que s’est construit Lugdunum à l’époque gallo-romaine, ancêtre de Lyon. Encore aujourd’hui les quartiers de Saint-Irénée, Saint-Just, Fourvière et Montauban proposent des vestiges de monuments des siècles passés, ce qui en fait l’un des arrondissements les plus attractifs et les plus fréquentés de la ville (d’un point de vue touristique notamment). Sa renommée dépasse par ailleurs les frontières françaises : en effet, le Vieux Lyon a été classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO en 1998. Ainsi, en un même lieu nous pouvons retracer une évolution urbaine commencée dans l’Antiquité, modifiant-elle au fil des époques sa morphologie. a.

Un héritage historique prégnant

L’histoire du cinquième arrondissement commence en -43 avant J.C, date de la fondation de Lugdunum. Cependant, c’est sous le règne de l’Empereur Auguste (-27 av. J.C – 14) que la ville se développe réellement. En effet, l’empereur y implante à cette époque de nombreux équipements tant officiels que culturels (amphithéâtre, temples…) ainsi que des infrastructures importantes (aqueducs). L’habitat, le commerce et l’artisanat se développent également, davantage en partie basse de la ville, le long de la Saône (en effet, au Vème siècle la physionomie de la ville évolue et un abandon progressif de la ville haute s’opère). Les constructions civiles sur les quais de Saône se poursuivent durant le Moyen-Age, époque à laquelle le Pont de Pierre fut construit (1070-1076), permettant une liaison sur la Presqu’île plus sûre et permanente. Le Plateau reste quant à lui agricole et les pentes demeurent couvertes de vignes. La Renaissance marque un tournant dans l’histoire urbaine de Lyon : âge d’or de la ville durant lequel celle-ci devient une capitale européenne économique et culturelle. C’est aussi l’époque où la plupart des constructions actuelles du Vieux Lyon furent bâties. Les deux sont liées : l’essor économique entraînant attractivité et prospérité, impliqua de profondes mutations urbaines. Une construction civile de masse s’opéra, faisant du Vieux Lyon un quartier cohérent et uni à l’époque car construite sur un même modèle relativement bien respecté malgré l’étroitesse des rues et des parcelles : deux corps de bâtiments entourant une cours, abritant en général un puits et un escalier apparent, de même que des galeries ouvertes reliant les bâtiments les uns aux autres. Les guerres de religion freinèrent considérablement le développement du 5ème arrondissement, qui ne reprit véritablement qu’au XVIIe et XVIIIe siècles.

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Les trois parties constituant à l’époque la colline de Fourvière (le Vieux Lyon, les pentes et le Plateau) évoluèrent par la suite indépendamment les unes des autres. Tandis que le Vieux Lyon se développa peu à cette époque, les vignes situées sur les pentes reculèrent peu à peu, laissant place à de nombreux couvents jusqu’à la fin du XVIIIe. Cette partie du 5ème arrondissement étaient alors aux mains des congrégations religieuses : « « La colline qui prie » est constituée » (Pelletier J.,2001). Par ailleurs, sur le Plateau et dans la partie extra-muros située à l’Ouest, une nouveauté s’observe : bien que les activités agricoles perdurent, de plus en plus de propriétés de plaisance s’implantent. En plus de cela, des plans de voirie se développent et celui de 1734 présente un réseau de voirie en étoile partant de la porte de Trion en direction de l’ouest (Tassin, Ecully…), semblable à la trame viaire actuelle. Unique zone naturelle de Lyon, cette « appendice de la ville » (Pelletier J., 2001) devient un lieu majeur de promenade et de repos pour les propriétaires de villas. Lors de la Révolution française, le clergé subit des dégradations importantes au niveau du bâti, accompagnées de destruction de constructions civiles en partie basses de l’arrondissement et de l’enceinte en demi-cercle de Saint-Georges à Pierre Scize. Il semblerait cependant que ces destructions aient eu un aspect positif : la route longeant la Saône en direction de Vaise auparavant étroite, incommode et constamment embouteillée fut élargie, facilitant considérablement la circulation. La destruction de l’enceinte permit, elle aussi, la création d’une voie reliant Fourvière au plateau de Loyasse (actuel parc des Hauteurs). Ainsi, la « Colline qui prie » fut-elle ébranlée dans ses fonctions ecclésiastiques et ne fut reconquise par le clergé que progressivement le long du XIXe siècle. Cette reconquête fut ralentie dans les années 1880 puis en 1901 et 1905 (Lois sur la séparation Etat-Eglise), mais les équipements de l’Eglise n’en restèrent pas moins présents (églises, couvents, établissements d’enseignements…). Au niveau de l’accessibilité, des évolutions importantes s’observèrent à la même époque. Le développement des quais permettaient une accessibilité plus facile pour contourner la colline de Fourvière, mais au sein même de l’arrondissement, les rues étroites et tortueuses, les pentes abruptes et les nombreux escaliers rendaient difficile l’ascension vers le Plateau. Après de multiples propositions pour améliorer la circulation et la voirie dans les pentes, le choix des autorités publiques se porta sur la mise en place d’un funiculaire. Ainsi, un décret du 15 décembre 1872 déclara d’utilité publique « l’établissement d’un chemin de fer d’intérêt local à Lyon au faubourg Saint-Just » (Pelletier J., 2001). Le funiculaire fut mis en circulation dès 1880, avec succès. Cependant, la « desserte de Loyasse n’avait pas tellement été amélio-rée » (Pelletier J., 2001), la gare de SaintJust étant trop éloignée. C’est pourquoi deux autres décrets datant du 22 juin et du 14 décembre 1885 déclarèrent d’utilité publique la mise en place d’un type de transport similaire entre la gare Saint-Jean et Fourvière et entre la gare Saint-Paul, Fourvière et le cimetière de Loyasse (permettant de transporter facilement les cadavres). Cette dernière ligne fut abandonnée quelques décennies plus tard, des convois automobiles desservant également la zone.

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En plus du développement de réseau de transport, des équipements, surtout scolaires (écoles publiques) furent implantés au sein de l’arrondissement. Après cela peu de projets furent engagés, on remarquera notamment l’absence de propositions quant au vide urbain existant entre Fourvière et la place Saint-Jean, dans lequel on planta des pins et des acacias. Peu à peu la partie basse fut dotée d’une image négative : peu d’entretien, confort des logements médiocre, une paupérisation importante due aux départs des populations favorisées… alors que le Plateau se développa fortement. Plutôt bien desservi, le quartier intéressa de plus en plus de promoteurs. Photo 7 : Tram de Loyasse

En 1955, un fait marquant se produisit : le 5ème arrondissement, qui à l’origine occupait toute la partie occidentale de Lyon, fut scindé en deux. En effet, avant cette date, l’arrondissement constituait toute la partie occidentale de Lyon. Mais au regard de la population croissante impliquant une extension urbaine, celui-ci devint trop étendu. C’est ainsi qu’apparu le 9ème arrondissement de Lyon. Ces dernières suscitent un vif intérêt de la part de l’intérêt de promoteurs privés.

De nombreux projets immobiliers furent lancés dans les années 1950 et des lotissements et logements collectifs furent construits (Ménival, Champvert, etc…), d’abord d’initiatives privées, puis sous l’égide de la collectivité. Par ailleurs, des constructions privées se développèrent en fonction des opportunités foncières (concernant surtout des catégories socio-professionnelles supérieures). Les réalisations produites contribuent à une homogénéité foncière et paysagère. Un problème de circulation se posa progressivement. En effet, les réseaux de transport qui avaient incité les promoteurs à s’implanter dans cette zone évoluèrent peu, posant un problème majeur : le bassin d’emploi du Plateau restait faible et la quasi-totalité du marché du travail se situait au-delà de la Saône, nécessitant un mode de transport. La percée de la colline à travers le fort de Vaise est symptomatique de cette volonté moderniste d’améliorer l’accessibilité en faveur de l’automobile et d’urbaniser ce plateau au détriment du patrimoine.

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Par ailleurs, la colline s’équipa davantage en établissements scolaires et de nouveaux programmes immobiliers de standing virent le jour dans les années 1960. Evoquons comme exemple remarquable les quatre tours du Belvédère, ou les « Tours de l’Observance », construites en 1958, situées dans la montée de l’Observance dans la continuité du boulevard Saint Exupéry. Ces tours ont paru en premier lieu « assez agressives dans le paysage, édifiées sur les points culminants et sans arbres des emplacements militaires » (Pelletier J., 1963). A la suite de réactions de mécontentement de la part des habitants et des élus de la colline, les constructions élevées furent plus discrètes. Cette démarche modernisatrice s’incarne également à travers les réalisations de la Société Anonyme des Constructions de la Ville de Lyon (SACVL). Cette dernière, partenaire de la Communauté urbaine a permis la construction et la réhabilitation récente de logements collectifs, notamment ceux situés rue Pauline Marie Jaricquot. Elle joue donc un rôle de bras armé de l’urbanisation de la colline en voulant instaurer une certaine mixité fonctionnelle et sociale.

Photo 8 : Logements collectifs sur la colline de Fourvière

D’un point de vue culturel, la fréquentation croissante de la Basilique de Fourvière et l’utilisation de l’amphithéâtre gallo-romain pour des évènements artistiques ont attiré un tel nombre de visiteurs que dans les années 1990, un parc public fut créé sur le flanc supérieurs de la colline, appelé « parc des Hauteurs », constituant une promenade de Fourvière jusqu’au Cimetière de Loyasse. Le parc des Hauteurs a encore aujourd’hui beaucoup de succès. Finalement la colline de Fourvière constitue aujourd’hui l’un des endroits les plus attractifs de Lyon.

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b.

Le 5ème, un arrondissement fortement prisé par les classes moyennes supérieures

La population actuelle dans le cinquième arrondissement, selon le recensement de population 2010 est de 46 738 habitants. Elle a peu évolué et vieilli depuis la fin des années 1960, oscillant en 50 000 et 46 000 habitants. Figure 6 : Population par sexe et par âge en 2010

Figure 7 : Evolution de la population par grande tranche d’âge entre 1999 et 2010

La densité a, quant à elle, diminué, passant de 8 089 habitants/m² en 1968 à 7 502 en 2010. (Annexe 3 : Carte de la densité en 2000 et 2010) Les catégories socio-professionnelles les plus présentes dans l’arrondissement sont plutôt des catégories supérieures et des retraités: sur 39 940 habitants de plus de 15 ans, plus de 12 000 sont des cadres et professions intellectuelles supérieures et des professions intermédiaires, et plus de 9000 sont des retraités . Sur 22 113 ménages en 2010, 50,8% sont des ménages avec famille, dont 18,8% avec enfants. Environ 28% de ces ménages sont retraités. Figure 8: Evolution de la population de plus de 15 ans selon la catégorie socio-professionnelle en %

Figure 10 : Population de 15 à 64 ans par type d’activité en 2010

Figure 9: Ménages selon la CSP de la personne de référence

61,6% de la population totale de l’arrondissement est active, 18,7% est étudiante et le reste se partage entre retraités, inactifs et chômeurs. Sur 19 519 actifs en 2010, 57,6% travaillent dans le 5ème arrondissement.

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Enfin, sur 26 671 foyers fiscaux, seulement 61,9% sont imposables (cohérent avec la hausse d’implantation de logements sociaux dans l’arrondissement, et donc l’arrivée de populations relativement modestes). (Annexe 4 : Carte des revenus médians des ménages par IRIS dans le Grand Lyon en 2009) Aujourd’hui, 93% de l’habitat de la colline de Fourvière est de l’habitat collectif (contre 6% d’habitat individuel selon le recensement de 2007). La plupart des habitants sont propriétaires occupants. Suite à la Loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) votée en 2000, 355 logements sociaux ont été implantés et représentent actuellement 12,7% du parc de logement de l’arrondissement. L’objectif des 20% imposés par la Loi SRU n’est pas atteint, mais l’on peut néanmoins remarquer une évolution depuis 2005 au regard du taux établis de 11,7%. Le parc de logement social cible davantage les familles : en effet, les T4 et T3 proposés sont majoritaires (quasiment 70%). Le rythme de construction connaît depuis les années 2000 une nette baisse : entre 1990 et 1999, 222 logements furent construits par an, contre 94 entre 2005 et 2009. L’offre se réduisant progressivement, une hausse des prix s’opère, tant dans le neuf que dans l’ancien. En 2004, un logement neuf coûtait en moyenne 2660€/m², contre 3774€/m² en 2007, et le prix d’un logement d’occasion est passé de 1600€/m² en 2004 à 2576 e/m² en 2007. Une autre raison expliquant le rythme décroissant des projets de construction pourrait être un marché dynamique de l’ancien. Entre 2005 et 2007, la vente de logements d’occasion a été de 500 logements par an, tandis que celle des logements neufs n’était que de 30 logements par an. Les orientations du Plan local d’habitat (PLH) concernant cet arrondissement ciblent pour la plupart le développement d’un parc de logement mixte (habitat social et diversification de l’habitat) et la poursuite de production, de renouvellement et de réhabilitations de logements pour un habitat durable et de qualité. Les échéances des différentes actions prévues s’étendent jusqu’en 2015. Malgré la croissance démographique de la colline de Fourvière au cours des dix dernières décennies, devenant de plus en plus urbaine, «de nombreux traits de la situation ancienne demeurent, [notamment] l’équipement en voirie et en commerces » (Pelletier J., 1963). En effet, la morphologie et la géographie du site étant particulières (notamment dans le Vieux Lyon), la modernisation d’un réseau de voirie n’a pu être mise en place. L’accès au Plateau se révèle être pénible depuis le cœur de la ville. Un accès aux nord, au sud ainsi qu’au centre est possible par les montées Saint Barthélémy et de l’Observance. On peut par ailleurs, accéder au sommet de la colline par les funiculaires. D’autres part de nombreux bus touristiques (cars panoramiques et autocars) desservent cette zone, notamment Fourvière et se garent aux environs du fort de Loyasse par manque de place à la Basilique. Rappelons que le bus 90 desservant la montée de l’Observance est néanmoins peu utilisé (en moyenne huit passagers par bus, selon des comptages effectués le 26/03/2014 et le 26/04/2014).

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Certains équipements portent, de même que la voirie, les marques du passé. Cependant des modifications ont été effectuées : on a créé de nouvelles écoles, de nouvelles enseignes commerciales. On se retrouve dans le quartier avec deux types de commerces opposés (petit commerce de proximité / supermarché). Malgré ces nouvelles implantations, les points de ventes ne sont pas suffisants. Certains habitants se retrouvent pas conséquent éloignés de tout type de commerce : si l’on habite par exemple une des Tours de l’Observance, le commerce alimentaire le plus proche se trouve à Valmy (une vingtaine de minutes de marche). Le cinquième arrondissement semble donc présenter quelques lacunes en termes d’accessibilité et de certains équipements. c.

Un arrondissement concentrant des lieux attractifs

Comme nous avons pu le découvrir dans les paragraphes précédents, le cin-quième arrondissement révèle de nombreux atouts et se différencie des autres par ses fonctions récréatives et touristiques développées.

D’une surface de 7,5 ha pourtant considéré, ce dernier situé sur le plateau aujourd’hui comme étant en centre-ville, constitue un endroit isolé. En effet, son emplacement entre des pentes raides, des boisements, une emprise militaire… en font un lieu enclavé. Quelques voies le desservent néanmoins, notamment la rue Gerlier et la Montée de l’Observance, plutôt fréquentée. Le Cimetière recevant de plus en plus de visiteurs, dont une partie essentiellement touristique, un projet de mise en valeur a été initié en 2012. Celui-ci vise à requalifier le cimetière en lieu de promenade, de calme, et non essentiellement destiné aux familles des personnes enterrées ainsi que la valorisation de la Lunette du Fossoyeur, donnant une vue inédite sur le fort de Loyasse et sur les monts du Lyonnais. Son bicentenaire a été célébré en autonome 2013 : pour cette évènement la municipalité organisa de nombreuses manifestations culturelles (concerts, expositions, visites, conférences, etc.). La volonté de l’intégrer au parc des Hauteurs, est un enjeu majeur de cette mise en valeur. Photo 9 : Cimetière de Loyasse

Achevée en 1896 par Pierre Bossan, la Basilique Notre Dame de Fourvière fait honneur à la Vierge Marie tout comme la Chapelle de la Vierge construite au XIIe siècle qui se trouve juste à côté. La Basilique est surprenante de par son mélange de styles architecturaux : son extérieur plutôt sobre contraste avec son intérieur byzantin. Son inauguration, initialement prévue le 8 septembre 1852, fut finalement repoussée au 8 décembre 1852. Cette journée fut à l’origine des célèbres illuminations de Lyon. La Basilique Notre-Dame de Fourvière est un des symboles de la ville de Lyon. Dominant Lyon du haut de la Colline de Fourvière, elle est un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés offrant un panorama exceptionnel sur la ville. Situés sur les pentes de la colline de Fourvière le musée Gallo-Romain et le site archéologique de Lyon attirent également millions de visiteurs. Le musée, compte une collection archéologique, l’une des plus riches de France et retrace l’histoire de Lyon de la fin de la Préhistoire au début du VIIe siècle. A côté, les touristes peuvent se balader dans l’ancien amphithéâtre, qui pouvaient abriter jusqu’à 10 000 personnes sur ses gradins et l’odéon romain, classé au Monument Historique en 1905. « Une ailleurs dans la ville, un espace au cœur de Lyon tout en étant à part. Un promontoire, une sorte d’Olympe Lyonnais » Le cimetière de Loyasse fut créé au XIXe siècle pour pallier aux besoins de place et aux soucis d’hygiène qu’entrainaient les inhumations en centre-ville. Considéré comme le cimetière des riches, il abrite des sépultures de grandes personnalités de Lyon, notamment celle d’Edouard Herriot.

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Le parc des Hauteurs est un projet urbain débuté en 1989, imaginé par Michel Corajoud, suite à un rapport publié par l’Agence de la Communauté urbaine « Le parc des Hauteurs, vers un projet de parc urbain ». Situé au sommet de la colline de Fourvière, il participe à sa préservation et mise en valeur. Le but de ce projet de « végétalisation de la colline est de créer des itinéraires piétonniers qui iront d’un lieu d’intérêt à un autre ». En effet, dans les années 1960, les espaces verts représentaient 80% de la surface totale de la colline de Fourvière, « un chiffre difficilement croyable dans un arrondissement urbain » (Pelletier J., 2001), contre 17% de surface bâtie. A l’époque les pentes Nord de la colline avaient été déclarées, sur dix hectares, « non aedificandi », interdisant tout déboisement. Aujourd’hui il est fort probable que l’emprise des espaces verts ait diminué, cependant ils occupent encore une place importante dans le cinquième arrondissement (Annexe 5 : Espaces végétalisés au sein de la colline de Fourvière en 2012) et constituent toujours un poumon vert de taille au sein de la ville, et par conséquent un atout à valoriser Le parc des Hauteurs constitue en fait une promenade constituée d’une succession de « belvédères, squares, pentes boisées, prairies, jardins publics ou privés, site archéologique… » situés sur la colline, et offrant une vue à la fois sur les quais de Saône, Croix-Rousse et les quartiers du Vieux-Lyon. Ce projet global a permis l’aménagement d’une promenade piétonne, d’un « fil vert » passant par de nombreux sites (bâtiments, espaces verts, panoramas emblématiques). Un itinéraire est indiqué au départ de la place Saint-Jean, proposant un parcours d’environ huit kilomètres.

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Un des premiers arrêts phares de cette promenade, à l’issue de l’ascension de la colline, est bien sûr la Basilique Notre Dame de Fourvière, et son esplanade qui offre une vue impressionnante sur toute la ville de Lyon, permettant d’appréhender et de comprendre la structure urbaine de la ville et de son développement. Le reste de la ballade se poursuit en empruntant le chemin du Viaduc, ancienne ligne de chemin de fer menant au Cimetière de Loyasse. Le passage sur la passerelle des Quatre Vents, dans la continuité du chemin du Viaduc permet de contempler d’un côté les jardins des congrégations religieuses, et de l’autre un plongeon sur la Saône et les pentes de la Croix-Rousse. Toutefois, les comptages spatialement et temporellement différenciés que nous avons pu effectuer, ont démontré une utilisation de cette passerelle qui traduit une représentation d’impasse. Photo 10 : Passerelle des 4 vents

Au bout de cette promenade verte à la fois zone piétonne, se succèdent parcours de jogging, accrobranche, parcours de VTT, le cimetière de Loyasse et dans sa continuité le Fort de Loyasse, ainsi que la Montée de la Sarra. Le Fort de Loyasse aurait dû être intégré au parc des Hauteurs en tant que pôle artistique, mais son état de délabrement et l’absence de projet quant à sa réhabilitation le maintinrent en dehors de l’opération.

L’itinéraire continue donc à travers le jardin de la Visitation, le site archéologique de Fourvière, et enfin le jardin des Curiosités, « coin de verdure inattendu et stupéfiant, belvédère au panorama exceptionnel » situé à proximité de la place de l’Abbé Larue. Figure 11 : Plan du parc des Hauteurs

Ainsi, nous constatons que le cinquième arrondissement de Lyon compte de nombreux sites remarquables, inscrits dans des projets de préservation, de mise en valeur, etc., faisant de la colline de Fourvière un endroit attractif pour les touristes, mais également les habitants de Lyon à la recherche d’un endroit paisible et vert. L’est de la colline concentre donc des activités touristiques alors que l’ouest est essentiellement résidentiel. Toutefois, le parc des Hauteurs tend à étendre cette fonction récréo-touristique au flanc ouest et faire découvrir des sites moins mais possédant néanmoins un fort potentiel.

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II.

Une nouvelle dynamique dans un tissu urbain multipolaire B.

Rôle de l’industrie dans l’émergence d’une centralité urbaine

Gorge de loup et Vaise sont des sites habités depuis l’antiquité mais l’époque moderne y a laissé davantage de cicatrices en modifiant profondément la morphologie complète du quartier au niveau des parcelles. L’époque post-industrielle et l’après-guerre laisseront de nombreuses friches et bâtiments à l’abandon façonnant une image de laisser-aller sur ces secteurs, dont le fort Loyasse. Les conditions topographiques se trouvèrent bénéfiques dans le passé comme atout de défense militaire et de développement urbain. Désormais, elles grèvent lourdement l’avenir à une époque où les besoins ont changé (Pelletier J., 1963). La position et la situation des quartiers d’une ville relativement ancienne comme le cas de Lyon, découlent à la fois de la géographie physique imposant, ses limites au travers du temps (exemple de la colline de Fourvière dans notre cas) et celle des constructions composites nées de la conjonction de l’histoire et de la géographie (secteur industriel de Vaise). Les implantations humaines évolueront en fonction de ces facteurs et de ce fait, naitront des zones tampons, comme l’ouest de la colline de Fourvière. a.

Vaise, un faubourg émergent

Vaise et Gorge de Loup, du 9ème arrondissement de Lyon, sont localisés dans le vallon entre la colline de Fourvière et la Saône. Leur paysage ayant été fortement façonné durant la période industrielle du XXe siècle, ce remaniement s’est poursuivi au cours des deux dernières décennies. Pour retracer l’histoire de Vaise et de son évolution, nous devons tout d’abord effectuer un retour au XVIIe siècle. Vaise est alors principalement constitué de grandes étendues essentiellement occupées par des prairies, terres agricoles et jardins d’agréments où sont constitués de grands domaines ou maisons de campagne de riches italiens. Comme trace de cette époque, nous retrouvons la villa Gorge de Loup, dite, Villa Bini, située rue Sergent Michel Berthet. Au début du XIXe siècle, Vaise, qui est un bourg indépendant, possède encore un paysage marqué de plaines. Avec l’emplacement de porte d’entrée de Lyon et au débouché d’anciennes voies romaines militaires encore en fonction, le bourg de Vaise possède déjà un rôle commercial important. On voit l’apparition d’activités dépendantes à la présence de voies d’eau comme des fours à chaux, des brasseries et des tanneries. Autre fait marquant, c’est au clos de l’observance qu’apparait en 1818, la pépinière royale du Rhône. Venant d’être transférée, elle permet à la colline de retrouver ses agréments et sa couronne de verdure et ce n’est que vers 1840 que la construction de la montée de l’Observance entrainera son démantèlement.

Photo 11 : Villa Gorge de Loup

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Durant la même décennie, accessible par l’aménagement de cette nouvelle voie, se verra érigé le fort de Vaise entre 1834 et 1848. Celui-ci fait alors partie d’une nouvelle ceinture fortifiée dont la ville de Lyon se dote pour se protéger des invasions autrichiennes de laquelle le fort Loyasse fera partie intégrante de cette dernière. Photo 12: Fort de Vaise

Photo 13 : Gare d’eau de Vaise

L’aménagement des quais et la présence de ces activités vont alors jouer un rôle économique important et propice à cette effervescence. Vaise se voit dotée d’une Gare d’eau en 1828 où est creusé un port fluvial. L’activité de la gare d’eau connaitra son apogée dans le milieu du XXe siècle et sa présence aura des répercussions durant les années suivantes en stimulant le secteur industriel de Vaise. (Joseph, B., 2000) Plusieurs marchandises y sont déchargées comme des matériaux lourds pour la construction, mais aussi du blé pour les moulins, etc. Cela entraîne la construction du pont de la Gare, aujourd’hui connu sous le nom de la passerelle Masaryk, afin de favoriser les communications entre les deux rives de la Saône. En même temps que l’annexion de Vaise à Lyon en 1852, la construction de la gare de Vaise est entreprise. Celle-ci assurera le rôle de gare de liaison directe avec Paris, entre 1854 et 1856. Elle continuera toutefois à d’accueillir un grand nombre de voyageurs et jouera un rôle important dans le transit de transport de marchandises qui atteint 335 000 tonnes par an. (Joseph, B., 2000) Figure 12 : Plan du secteur de Vaise, XIXe

b. L’industrie au cœur d’un processus d’urbanisation Les activités se voient décuplées au début du XXe siècle. Encore à destination agricole, les terres du quartier qu’on surnomme, « de l’industrie », se développent le long de la rue des Docks délimitée à l’est par la Saône et la voie ferrée à l’Ouest. Les activités commerciales et industrielles prospèrent grâce à l’association entre la gare de Vaise et la gare d’eau qui permettra de transporter un volume de marchandises plus important. Le long de la rue Saint-Pierre-de-Vaise et en arrière de la rue Marietton, des usines et entrepôts prendront place, utilisant une main-d’œuvre abondante, le tout, participant toujours à l’effervescence du secteur. Usines textiles, chimiques, minoterie à vapeur, industries alimentaires, métallurgiques, fonderie, chantiers de construction de bateaux à vapeur : on y retrouve donc plusieurs usines qui ont remplacés les anciennes tanneries et activités artisanales qui avaient eu lieu à cet endroit. Du côté de Gorge de Loup, on construit des abattoirs ainsi qu’un marché aux bestiaux permettant d’approvisionner la ville de Lyon. Ils y resteront jusqu’en 1924, où ils seront transférés en périphérie pour cause des nuisances. En 1928, dans cet espace rural, localisé aujourd’hui sur les rues Gorge-de-loup et Joannès-Masset, s’installe l’usine de nylon, Rhodiacéta. (Halitim-Dubois N., 2000) Cette filature de soie artificielle devient rapidement dès 1971 le pilier économique de Vaise, en s’étendant sur le site actuel du centre d’activité de Gorge de Loup. Sur le glacis militaire du fort de Loyasse, terrain découvert et relativement en pente, seront aménagés les jardins partagés à destination des ouvriers de l’usine. c.

Le déclin industriel source d’opportunité foncière

Photo 14 : Usine de la Rhodiacèta vers 1965

Les années 70 sont caractérisées par un dépérissement important du tissu industriel et la fermeture progressive des usines. Par la suite, les chocs pétroliers de 1973 et 1979 et l’apparition de la concurrence des pays où la main d’œuvre est à faible coût, marqueront officiellement la fin de l’industrialisation. En plus du départ massif des populations depuis la chute de l’industrie, en 1981, Vaise a perdu 60% de ses entreprises. Un pan de l’industrie textile qui s’effondre avec la fermeture complète de l’usine en 1987. Les bâtiments sont ensuite détruits à l’exception de l’ancien centre de recherche de la Rhodiacéta et du second site construit dans les années 1970. (Halitim-Dubois, N., 2000). La situation sera rapidement reprise en main, et à la fin des années 80, sous le projet de la Zone d’aménagement concerté «Michel Berthet» naît alors un projet de revitalisation. La revalorisation du quartier passe alors par une politique volontariste visant à requalifier et redynamiser le quartier avec l’implantation de nouvelles infrastructures et d’actions sur le bâti ancien, notamment avec la réutilisation de certains bâtiments conservés de la Rhodiacéta.

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Le secteur est donc entièrement restructuré et l’on voit apparaitre à la place d’anciennes friches industrielles un nouveau pôle numérique. Le quartier se trouve une nouvelle vocation tertiaire et devient de plus ainsi un pôle d’enseignement tourné vers la formation professionnelle. Encore aujourd’hui, de nouvelles entreprises viennent s’implanter dans le quartier. Au niveau des infrastructures, déclencheurs principaux du renouveau de Vaise, la construction du périphérique en 1998 permettra de libérer celle-ci d’une partie de la circulation qui transitait dans le secteur. De plus, trois nouvelles stations de métro sont construites entre 1992 et 1998, soit Gorge de Loup, Valmy et la gare de Vaise. Deux qui deviendront des pôles multimodaux connectant le métro, TER, bus, parc relais et taxis. La desserte du secteur se voit donc grandement améliorée, lui donnant ainsi une plus grande visibilité en la reliant directement au centre de Lyon. Secteur passé de l’agriculture, aux activités industrielles, à un secteur tertiaire, on assistera au renouveau d’un quartier dont l’objectif de mixité est l’élément central, le tout, dans un milieu qui s’organise autour d’éléments centraux (place Valmy) tout en mettant en valeurs les berges de la Saône. Classé au départ comme un secteur négatif et contraignant, Gorge de Loup devient rapidement un élément positif au sein du territoire. Le 9ème arrondissement est aujourd’hui l’un des plus attractifs de l’agglomération lyonnaise, comptabilisant près de 4 263 établissements, pour 3,8% de la population lyonnaise. Sur l’année 2012, plus de 400 établissements économiques et entreprises se sont implantés dans le périmètre de la zone étudiée (Annexe 6 : carte de la création d’activité économique et d’établissements en 2012) Selon le recensement de l’INSEE, le 9ème arrondissement comptabilisait en 2006, plus de 48% des emplois salariés privés contre 34% pour le Grand Lyon, dans le domaine des services aux entreprises. Cette spécialisation accrue s’accompagne de nombreux projets immobiliers tels que la construction galopante de bureaux autour de Gorge de Loup ou encore la réhabilitation du quartier de l’industrie de Vaise dans les années 2000. Entre 2006 et 2008, environ 50 000 m² de surface hors œuvres nettes (SHON) étaient destinées à l’immobilier de bureaux, renforçant ainsi le poids économique du 9ème au sein du territoire lyonnais. Quant au projet de réhabilitation, piloté par la Société d’Equipements du Rhône et de Lyon (SERL), ce dernier affiche la volonté de faire émerger une mixité à la fois sociale et fonctionnelle. Cette dernière est notamment visible par le bourgeonnement récent de résidences privées (R+6) le long de la rue Sergent Michel Berthet, reliant Valmy à Gorge de Loup. Le quartier connaît une forte croissance démographique entre 2000 et 2010, tel que l’expose les cartes de densité de 2000 et 2010. (Annexe 3 : Cartes de la densité en 2000 et 2010)

L’attractivité de ce quartier nécessite cependant d’y apporter quelques nuances. S’il est avéré que le nombre d’emplois actifs est supérieur à celui représentant l’échelle du Grand Lyon, le taux de chômage pour le 9ème arrondissement, comprenant La Duchère, est lui aussi l’un des plus élevé. Avec plus de 13% de chômeurs, la distinction entre lieu de résidence et lieu de travail ne peut qu’interpeller. Environ 57% des résidents du 9ème travaillent donc dans les autres arrondissements lyonnais. Les personnes de plus de 50 ans sont les plus touchés par cette pénurie de l’emploi suite à la crise de 2008, représentant une augmentation de 27% de demandeurs d’emplois pour la seule année 2009. Nonobstant son identité industrielle longtemps perçue comme un frein à toute dynamique de modernité, le quartier de « Vaise-Gorge de Loup » - dénommé ainsi par souci de commodité – reflète aujourd’hui cette modernisation réussie, sciemment inscrite dans la composition architecturale. Les multiples politiques menées afin d’inciter les investisseurs à venir s’installer dans le 9ème arrondissement se sont appuyées sur des stratégies plus globales, soulevant par exemple l’impératif d’améliorer l’accessibilité, notamment avec le prolongement de la ligne D. L’aménagement de liaisons vertes dans le 9ème arrondissement, invite à repenser la mobilité douce en zone urbaine, tel que l’atteste l’aménagement de la montée des Carriers, livré en 2012. (Annexe 8 : Carte de l’accessibilité du fort de Loyasse, 2014) Ainsi, l’émergence de projet de revitalisation et l’arrivée des métros à Vaise et Gorge de Loup menèrent-ils à la régénérescence complète d’un secteur quasi à l’abandon. Additionné à la colline de Fourvière qui représente des lieux ludiques ainsi que les anciens jardins ouvriers de la Rhodiaceta situés sur la montée de l’observance, lieux à grand caractère bucolique. Photo 15 : Vue de Gorge de Loup depuis les jardins partagés

Photo 16 : Pôle multimodal de Gorge de Loup

Le nombre d’équipements scolaires, relativement élevé à proximité de notre délaissé, renvoie également à cette stratégie d’attractivité de la part de la collectivité. Un groupe scolaire situé rue du Chapeau Rouge, en contrebas de notre délaissé, a en effet été agrandit dans les années 2000 afin de répondre à l’arrivée de nouvelle population dans le quartier. (Annexe 7 : Carte des équipements en 2014)

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Ces trois entités mettent ainsi en lumière le caractère obsolète du fort situé au centre des trois. Bien que réussis, les objectifs poursuivis par les aménageurs de ce quartier étaient de recréer un nouveau morceau de ville sur un ancien site industriel tout en assurant une continuité urbaine harmonieuse entre le centre historique de Vaise et Gorge de Loup. L’empreinte de la modernisation est particulièrement visible au sein de ce dernier. L’architecture en arche d’un immeuble de bureaux nouvellement érigé dans le quartier dégage des vues sur la colline. Cette ouverture découle d’une prescription du PLU qui vise à maintenir de manière pérenne une visibilité de la colline. Toutefois, le redéveloppement de Gorge de Loup n’a pas suffi à pallier le manque de visibilité ni celui de la lisibilité du fort au sein de son environnement. Les dynamismes fonciers constatés ces cinquante dernières années, à la fois sur la colline autant qu’à Vaise-Gorge de Loup, traduisent la priorité accordée par les autorités politiques à ces deux pôles au détriment de notre délaissé. En effet, la municipalité a soutenu de nombreux programmes d’aménagement, matérialisés par la création d’équipements tels que le Centre communal d’action social (CCAS) ou encore de terrains sportifs. L’importante détention d’emprises foncières de la municipalité a été un levier pour impulser le développement résidentiel de la colline de Fourvière (Annexe 9 : Carte du foncier en 2014). Successivement à cette densification de l’occupation de la colline, s’est amorcé un développement des activités économiques à Gorge de Loup. Le rôle de la municipalité fût déterminant dans l’attractivité de ce quartier, avec la prolongation du métro, améliorant l’accessibilité du quartier. L’arrivée de nombreux investisseurs a eu comme répercussion la raréfaction du foncier à bâtir disponible. Le manque de disponibilité foncière est alors devenu commun à la colline de Fourvière et à Gorge de Loup.. Ce dynamisme retrouvé en ces deux polarités, qui auraient dû en toute logique, converger pour mettre en lumière l’ouest de la colline comme lieu central au sein de l’agglomération lyonnaise, butte toujours sur le relief des balmes. Ce handicap est renforcé par un manque de vision politique et sociale susceptible d’amorcer un renouveau pour le fort de Loyasse. Photo 17 : Immeuble en arche offrant une vue sur la colline

Photo 18 : Secteur du 9ème arrondissement

III.

Dimensions sociales et politiques A. Le devenir du Fort de Loyasse en question : un intérêt tributaire de la représentation sociale

Etudiée par le corps scientifique depuis les années 1970, notamment par les tenants de la géographie de la perception (Bailly A., 1980), la dimension sociale d’un territoire et les représentations qui s’y dégagent, semblent peu à peu éveiller l’intérêt de la société civile. Aujourd’hui, les décombres de cet ancien fort militaire ont pâles lueurs, dissimulés derrière une épaisse végétation vagabonde, venant renforcer la disjonction de ce site avec le reste du tissu urbain. Bien que les espaces verts soient perçus dans l’imaginaire collectif comme des lieux reposant, sûrs, agréables et vecteurs de lien social (Sheets et Manzer, 1991), il ne semble pas en aller de même à l’égard du Fort de Loyasse, figurant pourtant au rang des espaces boisés de la colline de Fourvière. Quid de la représentation sociale de ce fort ? Les micros-trottoirs réalisés pour l’analyse de notre délaissé, ont fait apparaître une divergence spatiale entre la zone de Gorge de Loup, où la perception du fort est quasi inexistante, et la colline de Fourvière, où les enquêtés détenaient, somme toute, des informations a minima. Les passants interrogés aux abords de Valmy, présentant un profil sociologique commun - individus d’une quarantaine d’années avec enfants à charge - n’avaient aucune connaissance de l’existence du Fort de Loyasse. En revanche, les individus interrogés au niveau du parc des Hauteurs, étaient pour la plupart des personnes âgées, non résidentes du quartier, dont la venue était essentiellement à but récréatif. Ces dernières semblaient disposer de plus amples informations au sujet du fort, ou du moins laissaient entrevoir une certaine visualisation de ce dernier. (Annexe 10 : Carte des imaginaires collectifs du territoire étudié) Ces récoltes de données ont également permis d’esquisser un profil, retrouvé de manière récurrente en matière de préservation du patrimoine – celle de la personne âgée impliquée dans le tissu associatif d’un quartier – qui peut notamment s’expliquer pour notre délaissé, par la redynamisation des activités économiques, suite à la création de la ligne de métro D. Auparavant imputée d’une connotation négative en lien avec les anciens bassins industriels, la redynamisation de Gorge de Loup a eu comme conséquence l’arrivée de catégories socioprofessionnelles jeunes, accompagnées d’enfants en bas âge, en majorité d’origine extérieure au 9ème arrondissement. Cette conjoncture sociale, concomitante de la décision municipale interdisant l’accès du fort au public, a sensiblement induit l’arrêt de transmission d’informations sur l’histoire de ce site. En effet, avant sa fermeture au début des années 1990, le fort de Loyasse était un lieu de rencontre entre les familles et voisins du quartier, mais aussi un lieu d’usage transgressif. Les espaces végétalisés sont, en effet, des lieux de congruence de dynamiques individuelles et collectives, nécessaires à la cohésion sociale d’un quartier. Ils renvoient à la dimension cognitive que chacun de nous entretient avec la nature (Sandrine Manusset, 2012). Ainsi, l’invisibilité matérielle de ce site, a-t-elle sans nul doute conditionné son invisibilité sociale cette dernière décennie.

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Quels sont alors les acteurs manifestant un intérêt pour la revalorisation de ce patrimoine oublié ? Abel Gago, adjoint au maire du 9ème, nous a confié lors de notre entrevue (entretien réalisé à la mairie du 9ème arrondissement le 25 avril 2014), que « le fort de Loyasse ne constitue pas une priorité concernant les budgets municipaux, et tout investisseur est le bienvenu à condition que le projet ne dénature pas le lieu ». Le désengagement de la municipalité reflète un refus d’investir dans un projet d’aménagement considéré par les élus locaux de trop onéreux. La politique menée est alors celle du « laisser faire », avec la mise en place de relais constitués par les diverses organisations sensibles à la sauvegarde du patrimoine (telles que l’’Association de Sauvegarde des Sites de Loyasse (ASSIL), l’OCRA, ou encore la Fondation Renaud) en charge d’avertir les services d’entretiens municipaux en cas de dégradation du site. En échange de l’aide apportée, la mairie concilie à octroyer certaines faveurs à ces associations, comme le prêt gratuit de salle par exemple. En outre, la Fondation Renaud jouit d’une certaine légitimité auprès la municipalité. Cette fondation est le fruit de deux frères, Serge et Jean Jacques Renaud, qui en 1994 décident de formaliser leur passion pour la sauvegarde de bâtis de caractère. Déjà connue sous la municipalité de Louis Pradel en 1976 pour ses actions au profit de la restauration et la valorisation du fort de Vaise, ce ne sera qu’en 1995 qu’elle obtiendra la reconnaissance d’utilité publique notamment pour son rôle de conciliateur entre la municipalité et principalement trois associations régies par la loi 1901 : l’OCRA, Patrimoine Rhônalpin et l’ASSIL. Au regard de son expérience en la matière, son accord est donc devenu coutumier pour la validation de tout projet à caractère patrimonial, à l’instar de ceux qui ont concernés le fort de Loyasse. A titre d’exemple, la municipalité a privilégié l’agence Neyret-Adam architecte au détriment d’une association tiers pour le rachat du bastion de l’observance, suivant ainsi les préconisations de la Fondation Renaud ayant au préalable examiné que le projet assurait le maintien de la structure globale de l’édifice. Cette transaction relative au bastion de l’observance, révèle ainsi la primauté accordée aux projets de protection et de réhabilitation d’anciennes emprises foncières militaires sur Photo 19 : Bastion de Loyasse revalorisé ceux de rénovation urbaine.

La municipalité est prête à brader ces terrains à condition qu’un projet innovant respecte le patrimoine existant. L’aspect de la protection du patrimoine est primordial. Ce désintérêt est à la fois la résultante d’un manque de moyens mais aussi de l’absence d’une volonté politique forte. La nature privée de ces investissements interpelle au regard des politiques menées par les autorités locales et les urbanistes, au lendemain des premiers déclassements de la première ceinture en 1921. En effet, « les édiles de l’époque » avaient bien compris l’opportunité que représentaient ces emprises en termes de développement urbain (MarieClothildeMeillerand, 2011). L’utilisation de ces exceptions foncières était alors réglementée au nom de l’intérêt général, et surveillée de près par une commission intermunicipale. A Lyon, le fort Saint-Irénée étaye cette stratégie de par sa transformation en édifice civil, l’Institut franco-chinois.

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Le déclassement des terrains militaires devient alors un instrument au service du politique voulant accroître l’attractivité de la ville et juguler son expansion urbaine. Le nombre de projets avortés expose ainsi le fort de Loyasse comme une singularité dérangeante. Ce site contrevient en l’espèce, au postulat faisant de cette libération d’emprises militaires, un atout urbanistique non négligeable, généralement réaccaparées par les autorités locales. La faible croissance urbaine observée aux environs de la colline de Fourvière ou encore la mobilisation sociale a priori absente, - en comparaison du projet de réhabilitation du Fort Lamothe dans le cadre du réaménagement du parc Blandan, où le Grand Lyon, dès l’acquisition des terrains en 2007, a mis en place un dispositif de concertation citoyenne – semblent être les principaux motifs évoqués par la municipalité, qui rejette toute responsabilité d’un échec avéré. Même si le soutien de la municipalité a été une aide indéniable à la gestation viable du projet attaché à ce parc, la mobilisation de la société civile et l’information renforcée sur les enjeux de ce site, ont été les principaux ingrédients vecteurs d’une nouvelle perception du parc Blandan. Malgré l’implication de multiples associations, le destin du fort de Loyasse apparaît tributaire de la participation défaillante de la municipalité ainsi que celle de « Monsieur et Madame tout le monde ». Le système d’action né pour le parc Blandan se fait encore attendre pour le fort de Loyasse.

Photo 20 : Les galeries souterraines du fort de Loyasse, photo personnelle

Toutefois, une participation inattendue semble bien décider à faire sortir le fort de Loyasse de son obscurité politique. Cet ancien bâtiment militaire est en effet, connu pour être un lieu transgressif, où la liberté d’expression semble reine. Les souterrains jalonnant le site en plusieurs endroits, sont un véritable terrain de jeu pour les cataphiles lyonnais. Bien que connoté négativement dans l’imaginaire collectif, ces derniers seraient de plus en plus explorés par des individus lambda, en quête de sensations fortes et d’explorations alternatives. Le souterrain peut s’appréhender comme un « espace public de déambulation subjective à la fois sensorielle et cognitive» (Delescluse J., 2008), en somme un lieu où les fantasmes se façonnent.

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L’exemple des arrêtes de poisson, souterrains lyonnais situés sous la colline de la Croix Rousse, met en exergue le rôle des réseaux sociaux dans la constitution d’une mobilisation de cataphiles anonymes voulant préserver ce patrimoine insolite. La désinformation des autorités locales en la matière et le risque de destruction de ces galeries par le projet du tunnel de la Croix Rousse rendu public en 2007, ont eu pour réponse la formation d’un réseau organisé d’acteurs réclamant la reconnaissance de leur activité. Ces militants « à frontales » formaient des groupes d’appartenance qui disposaient d’une expérience affirmée du (sous)-terrain, que l’on pouvait qualifier de légitime. Afin de préserver le site, la diffusion d’information et l’ouverture au public des visites souterraines ont été les arguments phares avancés lors de la mobilisation. A noter que Jean Luc Chavent (Guide, écrivain et animateur tv, fervent défenseur des souterrains lyonnais) avait dès 1994 proposé la visite de ces galeries pour les faire connaître aux lyonnais et plus largement à tout intéressé.

Les souterrains en tant que lieux atypiques au sein d’une agglomération urbaine internationalisée, s’inscrivent dans un effort de patrimonialisation qui doit se construire sur le temps long. La reconnaissance institutionnelle et médiatique d’un lieu comme élément d’appartenance au patrimoine d’une société permettrait en ce sens, de faire évoluer les représentations sociales. La représentation plus que limitée qu’ont les différents acteurs du fort de Loyasse a un impact direct sur les ambitions que ces derniers ont pour ce site. Leurs visions sont souvent très pragmatiques et peu ambitieuses. L’analyse de la réhabilitation des autres forts de la première ceinture apporte alors cette vision plus optimiste. Le nombre important de forts ainsi que leurs situations plus avantageuses permet en outre, de comprendre pourquoi le fort de Loyasse reste le seul à l’état d’abandon.

Ces activités illégales ont donc été des leviers politiques au profit d’un changement de perception de ce patrimoine disqualifié. En 2003, les Etats généraux du patrimoine se sont réunis dans l’optique de mieux cerner les différentes acceptions renvoyant au concept de patrimoine. Lors de notre entrevue, Dominique Jacquemet (Entretien et visites des souterrains du Fort de Loyasse, le 23 avril 2014), membre de l’Union des Comités d’Intérêts Locaux (UCIL), nous expliquait en quoi le patrimoine est un élément essentiel à prendre en compte pour comprendre la vie d’un quartier. De manière plus générale, colloques, séminaires, réunions de quartiers sont des lieux et des temporalités permettant Figure 13 : Périmètre du patrimoine lyonnais l’émergence d’un référentiel commun et d’intériorisation inscrit à l’UNESCO l’UNESCO des enjeux de patrimonialisation.

En ce sens, le patrimoine serait un important vecteur de socialisation et d’intégration au sein d’un territoire.

La représentation du fort de Loyasse en tant que patrimoine en péril ne semble pas émerger à l’échelle locale. En effet, alors que les anciens remparts de la ville ont été choisis comme délimitation pour l’inscription du Vieux Lyon au patrimoine mondial de l’UNESCO en décembre 1998, ce fort ressort comme le grand oublié de cette labellisation. Les acteurs locaux traditionnels ne déployant aucune action concrète, il apparaît alors urgent que les « cataphiles loyassiens » élargissent leur champ d’action à l’échelle internationale. Ces derniers trop souvent habitués à se référer aux acteurs locaux, ont tout intérêt à faire résonner leur mobilisation auprès des instances internationales en charge de la protection du patrimoine – ne serait-ce que pour obtenir une certaine reconnaissance médiatique. Le sens donné au patrimoine révèle donc en premier lieu d’un choix stratégique

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III.

Dimensions sociales et politiques B.

a.

Une deuxième fonction en débat

Réaffectation des forts de la première ceinture de Lyon : approche comparée

Aujourd’hui, l’ensemble des forts de la première ceinture de Lyon a été réaffecté à de nouvelles fonctions si l’on ne tient pas compte de notre délaissé. Ce réemploi est relativement récent à l’exception de projets précurseurs comme le fort Saint Irénée, les forts de la Tête d’Or. Il est privilégié par la municipalité car en accord avec la volonté de densifier le cœur de la ville. En effet, les forts se retrouvent aujourd’hui dans la zone centrale d’une agglomération très étendue. Figure 14 : Projet du parc Blandan

Le dernier en date est le fort Lamothe, aujourd’hui connu comme le parc Sergent Blandan dans le 7ème arrondissement. Ce projet prend place sur une ancienne caserne militaire achetée par le Grand Lyon en 2007. Celle-ci est particulièrement enclavée dans le tissu urbain. En effet, elle se situe à l’écart des grandes voies de communication que sont les avenues Berthelot, Garibaldi et le boulevard des Tchécoslovaques. La caserne est immédiatement bordée par des quartiers résidentiels à l’ouest et au nord puis par l’ancien cimetière de la Guillotière au sud. À l’est, une véritable coupure urbaine révèle la rupture entre le quartier de la Guillotière et Monplaisir. Cet ensemble se compose de la voie ferrée nord sud et la percée de type pénétrante du boulevard des Tchécoslovaques.

Ainsi, la caserne était peu visible d’une majorité des lyonnais qui ignoraient la présence d’un si vaste espace au cœur même de leur ville. Il était alors tentant pour la mairie, propriétaire, de revendre à profit ces terrains chèrement acquis (17 Millions d’euros) (Guyennon, P., 2013). Par ailleurs, la réalisation des lignes de tramway T2 et T4 à proximité de la caserne (moins de 500 mètres) ont considérablement amélioré la desserte du secteur et donc la valeur potentielle de ces terrains. Il s’agissait a priori d’une occasion parfaite de réaliser une nouvelle Zone d’aménagement concerté afin de réduire le déficit engendré par l’achat de la caserne. Comme nous l’avons vu précédemment, c’est la société civile qui a joué un rôle prépondérant dans l’évolution du projet initial vers un parc urbain moderne (68,6 millions d’euros d’investissement (Guyennon, P., 2013).

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Le 7ème présente très peu d’espaces verts particulièrement dans le secteur encerclé par le Rhône et les voies ferrées. La place Bir-Hakeim, 750 mètres plus au nord constitue ainsi le seul square de taille respectable pour les promeneurs du quartier. Les habitants de Monplaisir, de l’autre côté du rail, ne sont pas mieux lotis. Le parc Sergent Blandan se place alors comme un nouveau lieu central à l’intersection de deux entités séparées par une rupture physique ancienne. Il deviendra, une fois achevé, un bon compromis au parc de la Tête d’Or qui fait aujourd’hui office de jardin d’agrément pour toute l’agglomération. Cet exemple de réaffectation d’un fort à un nouvel usage d’espace vert constitue une bonne esquisse de ce qui pourrait advenir du fort de Loyasse. En effet, ce dernier présente grosso modo les mêmes enjeux, il s’agit d’un espace central mais peu connu du fait d’une rupture physique majeure que constitue le relief. L’amélioration de l’accessibilité du site est alors un préalable à la réalisation du projet, pour la caserne, c’est la réalisation de deux lignes de tramways qui ont contribué à améliorer sa situation. Concernant le fort de Loyasse, le métro D distant d’à peine 250 mètres a été l’élément déterminant mais cet effort doit être prolongé par la réalisation d’un cheminement piéton, plus direct à travers le « Jardin des Eglantiers ». (Annexe 3 : Carte de l’accessibilité du fort de Loyasse, 2014) Au niveau du coût de l’opération, la réalisation du parc Blandan est bien plus onéreuse qu’elle ne le serait pour le fort de Loyasse car la ville possède déjà le foncier et que la superficie de notre délaissé est bien plus réduite. Cependant, la municipalité est depuis toujours peu encline à investir dans la première ceinture de fort de Lyon. En effet, le parc Sergent Blandan est le seul entièrement financé par le Grand Lyon. Les opérations de réhabilitation ont été l’œuvre d’un partenariat entre la ville et divers investisseurs souvent institutionnels. Ainsi, le fort Saint Irénée (5ème) a été transformé dès le début du XXe siècle en établissement universitaire, devintil la principale résidence universitaire gérée par le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires à Lyon. Enfin, l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre s’y est implantée depuis 1997 (ENSATT, S.D.). D’abord très superficiellement occupée, l’emprise foncière du fort Saint-Irénée a donc progressivement été mise en valeur afin d’accueillir de nouvelles fonctions. La dimension importante des forts constitue donc un atout pour leur revalorisation car elle permet d’accueillir une multitude d’équipements publics sur un même espace. Ainsi, malgré les nombreuses constructions déjà réalisées au fort Saint Irénée, reste-t-il toujours des espaces verdoyants qui permettent de maintenir la tranquillité et l’impression de calme du site. Photo 21 : Vue depuis le Fort Saint-Irénée

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À la fin des années 1960, la caserne de la Part Dieu va être détruite afin de réaliser un nouveau centre-ville pour Lyon. Dotée d’une gare TGV, d’un immense centre commercial, de barres de logements, de tours de bureaux et d’équipements publics (auditorium, bibliothèque), ce nouveau quartier renie totalement l’héritage de la première ceinture de forts de Lyon. Le projet, mené par l’architecte Charles Delfante a privilégié la tabula rasa afin de réaliser un urbanisme très moderne de type « dalle ». À la différence du fort de Loyasse, cette caserne possédait déjà une localisation centrale ainsi qu’un relief plan propice à l’édification d’un quartier de grande envergure. Enfin, les forts Montluc et Saint Jean représentent les derniers exemples de réhabilitation de forts. Montluc accueille l’hôtel de Police ainsi qu’un parc depuis 2007. Il a été financé par le ministère de la défense pour 42 millions d’euros. Ainsi, la participation financière du Grand Lyon a été une nouvelle fois très mesurée. Il en va de même pour le Fort Saint Jean sur le plateau de la Croix Rousse. Situé en face du fort de Loyasse, ce majestueux édifice, abrite l’École nationale des finances publiques depuis 2004 après sa réhabilitation en 2001 par l’architecte Pierre Vurpas (Meilerand, M. C., 2006). On peut donc voir à travers ces projets, l’intérêt croissant porté aux forts de la première ceinture. Alors que les opérations passées n’hésitaient pas à démolir l’existant afin de faire place à la modernité, les opérations récentes privilégient le respect de cet héritage militaire. Cette prise en compte de l’aspect patrimonial est à double tranchant, en effet, elle permet de protéger l’existant mais elle induit également des coûts de revalorisation supplémentaires et une moindre liberté pour les investisseurs. Il devient alors moins intéressant d’investir dans la réhabilitation des forts, c’est pourquoi, ce sont majoritairement des organismes publics qui s’y sont implantés. Ainsi, en l’absence de besoins de la part des diverses administrations, la patrimonialisation des forts contribue à freiner leur restauration. Ce contretemps engendre alors une dégradation plus importante du bâti du fait de l’absence de projets économiquement viables. La localisation du fort de Loyasse ainsi que son type « de montagne » expliquent le désintérêt des investisseurs mais aussi des pouvoirs publics. Ce sont d’abord les forts les mieux situés qui ont fait l’objet de projets, certains ont été détruit suivant les tendances urbanistiques de l’époque alors que d’autres comme notre délaissé ont été protégé grâce à leur enclavement. Le fort est donc le dernier témoin du désintérêt pour ce patrimoine militaire. Ainsi, si de nouveaux équipements publics devaient être réalisés, notre délaissé serait désormais la seule entité de la première ceinture à pouvoir l’accueillir. b.

Entre pragmatisme et innovation : le fort de Loyasse lors des municipales 2014

On pourrait alors s’attendre à ce que notre délaissé ait constitué un enjeu important dans le IXe arrondissement lors des municipales d’avril, il n’en est rien. Le fort n’a d’ailleurs pas été évoqué dans les programmes de la majorité des candidats. Seul l’un d’entre eux imagine un avenir pour ce site emblématique. Éric Lafond, candidat centriste a proposé la création d’un aérotram urbain reliant Perrache, la colline de Fourvière, le plateau de la Croix Rousse et la Tête d’Or. Cette liaison aurait permis de relier efficacement le nord et le sud du centre-ville de Lyon via une boucle par l’ouest. Ce projet dont le coût s’élèverait à 65 millions d’euros, est jugé viable par The Gondola Project, association qui milite pour le développement des transports urbains par câble (Boffetti, C., 2014).

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Figure 15 : Projet d’aérotram jusqu’au fort de Loyasse

Les stations seraient construites sur le domaine public afin de faire baisser le coût total de l’opération. Le fort de Loyasse abriterait une de ces stations grâce à sa position stratégique comme point haut de la colline de Fourvière. L’aérotram lyonnais n’est pour l’instant qu’à l’état ébauche. La médiatisation et l’engouement croissant pour les transports par câble aérien ainsi que le coût relativement faible de ce type d’infrastructures sont des arguments en faveur de l’approfondissement de cette première esquisse. En effet, le coût kilométrique des transports par câble est deux fois plus faible que celui des tramways modernes que l’on construit en grand nombre dans les métropoles françaises. À défaut de présenter un projet pour l’ensemble de notre délaissé, cette proposition contribue néanmoins à le replacer au centre de la ville. Le fort de Loyasse serait alors facilement accessible et donc potentiellement susceptible de devenir intéressant pour un investisseur qu’il soit public ou privé. Un autre projet plus modeste mais tout aussi intéressant a été proposé par l’équipe de Gérard Collomb reconduite lors des dernières élections. Il prévoit de « réaliser de nouvelles liaisons vertes dans le 5ème arrondissement » (Collomb G., 2014) en créant un lien plus direct entre les rues Pierre Audry (desservant Gorge de Loup) et les théâtres antiques via le jardin de la visitation et le cimetière de Loyasse. Cette proposition ne concerne donc pas directement notre délaissé mais aura un impact direct sur son accessibilité. En effet, la liaison avec la rue Pierre Audry permettra de réduire considérablement le temps de marche entre le métro et le fort. Ce cheminement se fera probablement sous forme d’escaliers, du fait de la grande déclivité du site. Il traversera alors les jardins des Eglantiers dont le foncier appartient déjà à la ville. Ce jardin ainsi que celui de la Rhodiacéta sont adjacents à notre délaissé et continuent d’être travaillés par de nombreux retraités qui bénéficient d’une vue imprenable. Les parcelles appartenant à la ville sont attribuées après demande de la part des potentiels jardiniers. Pour une cotisation annuelle modique, ils peuvent ensuite bénéficier d’un terrain qu’ils valorisent et entretiennent tout au long de l’année. Afin que la production maraichère soit de qualité, il faut plusieurs années de travail, ce qui ne pose pas de problème étant donné que les concessions sont maintenues pour les mêmes membres d’une année sur l’autre. Cependant, du fait de l’augmentation rapide du nombre de personnes en attente de parcelle, la municipalité envisage de limiter l’occupation des jardins à cinq ans. Aujourd’hui, on compte ainsi quinze personnes en attente pour 68 parcelles existantes au jardin des Eglantiers (Lalanne, C., 2014).

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Dans ce contexte la création d’un escalier pourrait engendrer des réticences du côté des jardiniers car il faudrait diminuer le nombre de jardins. Il sera complété par l’ouverture de nouvelles entrées sur le cimetière de Loyasse afin de créer un cheminement paysager entre le parc des Hauteurs, le jardin de la visitation et Gorge de Loup. Ce projet serait le chainon manquant venant enfin compléter le parc des hauteurs. À vocation essentiellement récréotouristique, il amènerait de nombreux visiteurs à fréquenter la partie ouest de la colline de Fourvière, aujourd’hui perçue comme un espace dénué d’intérêt. La mise en valeur du cimetière remédiera à ce manque de considération en prévoyant la restauration des tombes, le verdissement des allées et l’ouverture sur la ville. Les études concernant ce projet sont déjà en cours et ont été déléguées à Bruno Morel., architecte du patrimoine. Une fois cette proposition réalisée, le cimetière de Loyasse deviendra la clef de voute du nord du parc des hauteurs en permettant des liaisons vers Vaise et Gorge de Loup ainsi qu’en renforçant la boucle ouest du parc aujourd’hui plus faible. c.

L’économie plutôt que la conservation du patrimoine militaire

Hormis ces deux esquisses, aucune autre proposition n’a été émise par les candidats lors des municipales de 2014. Cette absence de projet illustre à merveille le manque de visibilité du fort de Loyasse, malgré le lobbying exercé par certains élus (Abel Gago du 9ème notamment). La politique lyonnaise actuelle privilégie le rayonnement de la ville à l’international en prônant une image moderne et attractive. Les réalisations comme la Cité internationale ou Confluence sont les témoins directs de cette volonté forte de l’équipe municipale en place de renforcer la place de Lyon en France et en Europe. Cette politique est cependant très onéreuse et la construction d’équipements métropolitains de premier ordre comme le stade des Lumières à Décines-Charpieux absorbe une grande partie des crédits alloués aux investissements. Étant donné le contexte nébuleux du financement des budgets municipaux suite au retrait de l’état, l’heure est davantage aux économies. Le Grand Lyon priorise alors l’économie plutôt que le patrimoine ou la création de nouveaux espaces verts. Les pouvoirs locaux réfléchissent en termes de retombées économiques et de branding territorial, ce qui explique en partie que le fort ne soit pas restauré à l’heure actuelle. Concernant le fort à proprement parler, un potentiel investisseur imaginait d’y créer un lieu d’exposition de pianos de luxe ainsi qu’une usine de micro moteurs électriques. La seconde partie du projet aurait permis de financer la première. Il s’agissait de créer de moteurs pouvant être contenus dans les roues afin de limiter la place du mécanisme dans l’habitacle. Cette esquisse de projet menée en lien avec les élus n’a cependant pas aboutie du fait de l’absence de plans d’investissements tangibles. Initialement, les ressources devaient provenir de fonds saoudiens mais ceux-ci n’ont finalement pas répondu présents (Gago A., 2014). Concomitamment, un mécène ouzbèke s’est montré intéressé par le fort, ce dernier souhaitait créer un fond culturel avec des ateliers de restauration participative de notre délaissé. Ce projet a lui aussi été avorté faute de financements adéquats (Jacquemet D., 2014). À défaut de réussir à vendre le fort, la mairie adopte une posture attentiste. Elle conserve donc une disponibilité foncière centrale de surface importante qui permettra une fois le besoin ressenti de le mettre en lumière.

42

Conclusion Le fort de Loyasse, situé dans le 9ème arrondissement de Lyon est, comme nous avons pu le constater au cours de notre diagnostic, riche en singularités. Il présente en effet de nombreux atouts divers : son implantation, son environnement, ou sa richesse architecturale. Pourtant, malgré ces différents aspects, cet espace est encore aujourd’hui à l’abandon, et ce depuis son déclassement militaire daté de 1921. Suite à son rachat par la ville, aucun projet concret n’a vu le jour depuis, et ce dernier se dégrade progressivement. C’est ce que nous avons tenté de comprendre par le biais de ce dossier. L’intérêt qui est porté au fort à l’heure actuelle, émane le plus souvent porté d’acteurs privés, motivés par un objectif patrimonial ou encore par l’ambition de redynamisation économique. Dans un autre registre, le fort fait l’objet d’occupation transgressive ayant accélérée fortement la dégradation de ce lieu. En termes d’implantation, le fort se situe à la rencontre de deux territoires ayant connu à des temporalités différentes, un dynamisme commun : le 5ème arrondissement, avec la colline de Fourvière, et le 9ème arrondissement. Cette dialectique territoriale qui aurait dû être moteur d’un renouveau pour cet espace oublié, demeure encore un carcan maintenant « l’invisibilité » du fort de Loyasse. Plusieurs points expliquent, semble-t-il, ce délaissement, à commencer notamment par l’enclavement du fort. En effet, bien qu’ayant une localisation qui pourrait paraître à première vue un atout, le fort se situe sur une colline à la forte déclivité – n’est-il d’ailleurs pas qualifié de « fort de montagne » ? L’accès au fort est donc rendu compliqué, tant en termes de transport en commun, que de mobilités douces (vélo, marche à pied). De plus, le bâti, bien que symbole d’une période historique et stratégique riche pour la ville de Lyon, rend aussi complexe sa réhabilitation, qui représenterait un coût très important pour tout investisseur potentiel, ce qui peut donc représenter un frein non négligeable, même si le terrain était bradé par la municipalité. L’attitude de cette dernière joue d’ailleurs en défaveur du fort. En effet, bien qu’elle affiche la volonté de revaloriser Loyasse, et d’attirer les projets, le fort ne fait clairement pas partie de ses priorités, ce qui accélère toujours un peu plus sa dégradation. Sa valeur actuelle étant très faible et les enjeux relativement importants, il apparaît nécessaire que l’avenir du fort reste sous contrôle de la municipalité. Ainsi, si un investisseur se présentait, le Grand Lyon bénéficierait d’une marge de négociation importante et serait en mesure d’imposer sa vision quant au devenir du délaissé. Cette absence de vision municipale pour notre délaissé s’explique par la conjonction de plusieurs paramètres d’ordre politiques, financiers et techniques défavorables. Cette conjoncture apathique pourrait être inversée par une mobilisation citoyenne, devenant de plus en plus urgente au regard du dépérissement de ce fort, dernier de la première ceinture militaire à ne pas avoir été revalorisé.

43


Bibliographie Anonyme, 1949, « La ville de Lyon est propriétaire du fort de Loyasse !, » Archives municipales de Lyon. Bailly A., 1980, La perception de l’espace urbain: les concepts, les méthodes, leur utilisation dans la recherche géographique, Université de Lille 3. Dallemagne F., 2010, Les défenses de Lyon, enceintes et fortifications, Lyonnaises, Editions de Lyon. Delescluse J., 2008, sous dir. Payre R., 2008, De l’exploration urbaine à la construction patrimoniale. Récit d’une mobilisation pour la sauvegarde du réseau souterrain lyonnais des arrêtes de poissons, IEP, Université Lyon 2. Ebrard M-A., 2006, Une école du Paysage au fort de Loyasse, École nationale supérieure d’architecture de Lyon, 32 pages. Halitim-Dubois N., 2000, « Filature de soie artificielle dite la Rhodiacéta, Architecture et patrimoine », L’inventaire patrimoine de Rhône-Alpes, URL:http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/mersri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1= IA69000048

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44

45


Boffetti, C., 2014, « Téléphérique à Lyon: la pièce manquante ? », The Gondola Project ; URL: http:// gondolaproject.com/telepherique-a-lyon-partie-2-la-piece-manquante/

Table des matieres

Kaléidoscope, 2011, Démarche de participation citoyenne sur le projet parc Blandan ; URL :http://www. grandlyon.com/fileadmin/user_upload/Pdf/territoire/Grands_Projets/Parc_Blandan/20110608_gl_ blandan_atelierconcertation_cr.pdf

Introduction Localisation

Roman F., 1939, « Quelques mots sur la géologie lyonnaise », Les études rhodaniennes ; URL:http:// www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1939_num_15_1_6556

I. Les raisons endogènes de l’abandon du fort de Loyasse A. Étude historique : de la création au délaissement a. Géomorphologie d’un site stratégique

Chouquet, M., S.D., Les périmètres patrimoniaux ; URL: www.gridauh.fr/fileadmin/gridauh/MEDIA/...et.../marine_chouquet.pdf Fondation Renaud S.D., Présentation ; URL: http://www.fondation-renaud.com/ Tribot laspière V., 2013, Glissement de terrain à Lyon : 80 personnes évacuées du Conservatoire, France Musique ; URL: http://www.francemusique.fr/actu-musicale/glissement-de-terrain-lyon-80-personnes-evacueesdu-conservatoire-13108 Guyennon, P., 2013, « Lyon : ouverture du parc Blandan », UrbaNews ; URL: http://www.urbanews.fr/2013/09/30/35978-lyon-ouverture-du-parc-blandan/ Lyon Mag, article du 4 septembre 2013, « Parc Sergent Blandan : 17 hectares d’inconnu ouverts aux Lyonnais » ; URL :http://www.lyonmag.com/article/57219/parc-sergent-blandan-17-hectares-d-inconnu-ouvertsaux-lyonnais Samain Y., article du 12 mai 2013, « Souterrains de Lyon : la guerre entre anciens et nouveaux explorateurs, les urbex », Rue 89 ; URL: http://www.rue89lyon.fr/2013/05/12/souterrains-lyon-guerre-entre-nouveaux-urbex-et-anciensexplorateurs/ Le Progrès, 1913, « En attendant des casernements neufs, on « aménage » de vieux locaux », Le Progrès, Archives municipales de Lyon. Belfils S., Frounier F., article de 2012, « Parc Sergent Blandan : le visage du nouveau poumon vert de Lyon », Lyon Capitale ; URL: http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Actualite/Dossiers/Grands-Projets/Parc-sergent-Blandan-le-visage-du-nouveau-poumon-vert-de-Lyon Site Souterrain-Lyon, « Le Fort de Loyasse » ; URL : http://www.souterrain-lyon.com/fort-de-loyasse TCL, 2014, Fiche horaire de la ligne 90 ; URL : http://www.tcl.fr Grand Lyon, 2014, « L’histoire et la construction du fort Lamothe et de la caserne Sergent Blandan » ; URL : http://www.grandlyon.com/Le-projet-en-videos.4901.0.html

46

b. c.

Un fort à l’obsolescence prématurée Un oubli progressif

p. 7

p. 8 p. 8 p. 9 p . 10

B. Un fort enclavé à l’état vétuste II. Une nouvelle dynamique dans un tissu urbain multipolaire A. Le 5ème arrondissement de Lyon, un quartier réputée pour sa quiétude

p. 14

p. 18

a. Un héritage historique prégnant b. Le 5ème, un arrondissement fortement prisé par les classes moyennes supérieures c. Un arrondissement concentrant des lieux attractifs

B. Rôle de l’industrie dans l’émergence d’une centralité urbaine

p. 18

p. 22 p. 24

p. 27

a. Vaise, un faubourg émergent p. 27 b. L’industrie au cœur d’un processus d’urbanisation p. 29 c. Le déclin industriel source d’opportunité foncière p. 29

III. Dimensions sociales et politiques A. Le devenir du Fort de Loyasse en question : un intérêt tributaire de la représentation sociale B. Une deuxième fonction en débat

p. 33 p. 38

a. Réaffectation des forts de la première ceinture de Lyon p. 38 b. Entre pragmatisme et innovation : le fort de Loyasse lors des municipales 2014 p. 40 c. L’économie plutôt que la conservation du patrimoine militaire p. 42

Conclusion p. Bibliographie p. Sitographie p. Table des mati eres p. Tables des illustrtaions p. Tables des annexes p.

43 44 45 47 48 50

47


Table des illustrations Figures Figure 1 : Substratum cristallin et cristallophylien, Source : Roman F., 1939 Figure 2 : Oxbow, méandre recoupé par le cours d’eau, Source : CEMAGREF, S.D. Figure 3 : Première ceinture des forts de Lyon, Source : IGN 1882-1902, Les ouvrages fortifiés de Lyon Figure 4 : Carte des balmes, Source : Grand Lyon, S.D. Figure 5 : Plan du fort, Source : Colonnel Duval, XIXe siècle Figure 6 : Population par sexe et par âge en 2010, Source : INSEE, RP 2010 Figure 7 : Evolution de la population par grande tranche d’âge entre 1999 et 2010, Sources : INSEE, RP 1999 et RP 2010) Figure 8 : Evolution de la population de plus de 15 ans selon la catégorie socio-professionnelle en %, Sources : INSEE, RP 1999 et RP 2010) Figure 9 : Ménages selon la CSP de la personne de référence, Sources : INSEE, RP 1999 et RP 2010) Figure 10 : Population de 15 à 64 ans par type d’activité en 2010, Sources : INSEE, RP 1999 et RP 2010). Figure 11 : Plan du parc des Hauteurs Figure 12 : Plan du secteur de Vaise, XIXe siècle Figure 13 : Périmètre du patrimoine lyonnais inscrit à l’UNESCO, 1998, Source : Dossier de candidature de Lyon à l’UNESCO Figure 14 : Projet du parc Blandan, Source : Grand Lyon, 2012 Figure 15 : Projet d’aérotram jusqu’au fort de Loyasse, The Godonlaproject.com, 2014

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Illustrations Photo 1 : Les tours du belvédère depuis Gorge de Loup Photo 2 : Quais Arloing, fort de Loyasse, anonyme, S.D. Photo 3 : Façade du Fort de Loyasse Photo 4 : Grillage du fort de Loyasse, photo personnelle Photo 5 : Graffitis, photo personnelle Photo 6 : Coulée de boues de 2013, Sources France 3 Rhône Alpes, 2013. Photo 7 : Tramway, Station de Loyasse, 1865, Source : Archives municipales de Lyon Photo 8 : Logements collectifs sur la colline de Fourvière, photo personnelle Photo 9 : Cimetière de Loyasse, photo personnelle Photo 10 : Passerelle des 4 vents, Source : Grand Lyon, 2013 Photo 11 : Villa Gorge de Loup, Photo personelle Photo 12 : Fort de Vaise, photo personnelle Photo 13 : Gare d’eau, Archives Municipales de Lyon Photo 14 : Usine de la Rhodiacèta, la filature de soie à Vaise, 1965 Archives Municipales de Lyon Photo 15 : Vue de Gorge de Loup depuis les jardins partagés, photo personnelle Photo 16 Pôle multimodal de Gorge de Loup, photo personnelle Photo 17 : Immeuble en arche offrant une vue sur la colline, photo personnelle Photo 18 : Secteur du 9ème arrondissement, Source : Grand Lyon Photo 19 : Bastion de Loyasse revalorisé, photo personnelle Photo 20 : Les galeries souterraines du fort de Loyasse, photo personnelle Photo 21 : Vue depuis le Fort Saint-Irénée, photo personnelle

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Table des annexes

Annexe 1

Le site lyonnais: entre plaine et plateaux Annexe 1 p.51 Annexe 2 p.52 Annexe 3 p.53 Annexe 4 p.54 Annexe 5 p.55 Annexe 6 p.56 Annexe 7 p.57 Annexe 8 p.58 Annexe 9 p.59 Annexe 10 p.60 Annexe 11 p.61 Annexe 12 p.62 Annexe 13 p.66

Fort de Loyasse

Sources : Smartdata Grand Lyon 2011 Auteurs : Peres Yoann, Ripoll Lucie

50

51


Annexe 2

Annexe 3

Equipements publics des environs du fort de Loyasse

Carte de densté du Grand Lyon en 2000 et 2010 Carte de densité en 2000

#%## # % # % # #! ## # # # ## %

#

!

# %

%

" u

"G u

%

!

Carte de densité en 2010

± 0

0.25

0.5

0.75

1

Kilomètres

Légende Etablissements scolaires

# # # # #

Crèches Ecoles Maternelles Ecoles Elementaires Collèges Lycées

Equipements publics

!

Fort de Loyasse

Maison du Rhône

! !

Fort de Vaise

Médiatheque

G

#

CCAS et centre social et culturel

# % %

Gymnases

%

Accrobranche

%

Parc des Hauteurs

" u

Etablissements médicaux

Sources : Google Map & Data GrandLyon - Auteurs : Grelier Lucile & Ripoll Lucie

52

Cimetière de Loyasse Basilique de Fourvière

Source : Observatoire du développement urbain de la Ville de Lyon, septembre 2012 Auteur: Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise

53


Annexe 4

Annexe 5

Revenus médians des ménages par IRIS dans le Grand Lyon, 2009

Espaces végétalisés de la colline de Fourvière en 2012

N

Légende

Espaces végétalisés

Fort de Loyasse

Revenus médians en euros par habitant 7 152 - 18 870 18 870 - 23 199 23 199 - 26 866 26 866 - 31 096 31 096 - 36 423

0 1.252.5

5 Kilomètres

54

7.5

10

36 423 - 44 482

Source: INSEE Auteurs: GRELIER Lucile, RIPOLL Lucie, 2014

44 482 - 57 245

Source : Itinérairebis Auteurs : Grelier Lucile , Peres Yoann, 2014

Absence de données

55


Annexe 6

Annexe 7 Equipements publics des environs du fort de Loyasse

#%# # # # % % # #! ## # # # ## %

#

!

# %

%

" u

"G u

%

!

± 0

0.25

0.5

0.75

1

Kilomètres

Légende Etablissements scolaires

# # # # #

Source: INSEE. Auteurs: Samson Marie-Eve, Grelier Lucile, 2014.

56

Crèches Ecoles Maternelles Ecoles Elementaires Collèges Lycées

Equipements publics

!

Fort de Loyasse

Maison du Rhône

! !

Fort de Vaise

Médiatheque

G

#

CCAS et centre social et culturel

# % %

Gymnases

%

Accrobranche

%

Parc des Hauteurs

" u

Etablissements médicaux

Cimetière de Loyasse Basilique de Fourvière

Sources : Google Map & Data GrandLyon - Auteurs : Grelier Lucile & Ripoll Lucie

57


Annexe 8

Annexe 9

Accessibilité du fort de Loyasse en 2014

Foncier public et para-public sur la colline de Fourvière en 2014 N

Valmy 21’

N

e La Saôn

Gare SNCF Saint Paul

PEM de Gor -ge de Loup 27’

18’ Fourvière 0

500m

Voirie : Autoroute Voie principale Axe secondaire Rue de desserte Mobilité douce :

15’

Voie piétonne Parc des hauteurs Escaliers Temps de parcours à pied vers le fort de Loyasse

Vieux Lyon Transports en commun : Voie ferrée Gare TER Ligne de métro ou de funiculaire Station de métro ou de funiculaire Ligne TCL 90 Arrêt de bus Bus touristique “L’open tour” Arrêt du bus touristique

0

500m

Propriétés privées:

Secteur public et para-public: Espaces verts et assimilés (friche, jardins ouvriers...) Equipement public (tribunal, mairie, hôtel de police...)

Etablissement scolaire public ou privé Infrastructure de transport

Projet d’escalier vers le cimetière de Loyasse Sources : openstreetmap.org, tcl.fr, maps.google.fr Auteur : Peres Yoann

58

Sources ; Openstreetmap.com, lyon.fr Auteur : Peres Yoann

59


Annexe 10

Annexe 11

Gradation des imaginaires collectifs autour du fort de Loyasse

N

Surfaces bâties et fonctions urbaines

Vaise

N

e La Saôn

e La Saôn

Croix-Rousse

Gorge de Loup

Fourvière

0

500m Polarité forte: fréquentation touristique et/ou locale, secteurs représentatifs de leur quartier Polarité intermédiaire: espace de transition, lieu de passage ou de repos moyennement connu des lyonnais et des touristes Vide cognitif: “impasse” de la colline de Fourvière

Source: openstreetmap Auteur : Peres Yoann, 2014

60

0

500m Bâtiment à usage résidentiel Logements et commerces de proximité au rez-de-chaussée Activités tertiaires récentes Activités industrielles et artisanales Equipements (hôpital, école, médiathèque, église...)

Sources : openstreetmap.org, geoportail.gouv.fr Auteur : Peres Yoann

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Annexe 12 : synthèse des entretiens

Entretien avec M. Renaud à la fondation Renaud du 26/03/14 QUESTIONS Réhabilitation du Fort de Vaise : - Pourquoi avez-vous choisi de monter un projet de réhabilitation du Fort de Vaise ? - Quel était le propriétaire précédent du Fort ? - Quels acteurs ont participé à ce projet ? - Comment se sont déroulées les négociations avec les pouvoirs publics ? (lesquels précisément ? Département ? Grand Lyon ?) - Pourriez-vous donner un ordre de grandeur sur les coûts d’un tel projet ? D’où proviennent les possibles subventions ? - D’un point vu technique, quels ont été les contraintes rencontrées en termes de gestion des sols, zonage, planification…? La non-réhabilitation du Fort de Loyasse : - Quels sont les différents projets qui ont été proposés pour revaloriser cet ancien fort militaire ? Pourquoi ont-ils avorté pour la majorité ? - Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet du Parc des Hauteurs et sa relation avec le fort étudié pour notre diagnostic ? - Est-ce que des études préalables ont déjà été effectuées par les pouvoir publics/organismes privés ? Si, oui lesquels ? - Existe-t-il des plans de l’intérieur du fort ? Comment pourrait-on avoir accès à ces documents ? - Selon vous, quels sont les blocages (matériels, ou rhétoriques…) qui peuvent expliquer le manque, voire l’absence d’investissement de la part du Grand Lyon ? - Quelles sont les autres personnes s’intéressant à la revalorisation du site ? (On pense notamment à l’ASSIL…) - Est-il possible d’effectuer une visite « en bon et due forme » sur le site ? Etes-vous déjà allé personnellement visiter le Fort de Loyasse ? - A votre avis, quelle peut être la représentation de ce fort pour les populations résidant ou travaillant à proximité du site ou encore celles pratiquant une activité récréative sur le parc des Hauteurs ? Synthèse de l’entretien : « Si vous voulez le fort de Loyasse, on vous le donne » (Jean Jacques Renaud) La préoccupation pour le fort de Vaise par les frères Renaud apparaît au moment d’une volonté de sa destruction partielle pour faire des logements La réhabilitation du fort de Vaise s’est faite progressivement (pas de chiffres donnés), avec assez peu de moyens, notamment par manque de subventions, après négociation pour le rachat des terrains avec le Grand Lyon. La fondation accueille des ateliers

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d’artistes et des fondations patrimoniales. A été souligné le manque global d’intérêt pour le fort de Loyasse, qui a son sens est dommage au vue de la richesse qu’il possède, tout en mettant en lumière la frilosité du Grand Lyon à tout investissement, plus tourné vers l’avenir que vers la patrimonialisation. Il regrette également le peu d’attention porté au fort par les « nouvelles générations » qui selon lui seraient les seules à pouvoir amener une réelle dynamiques sur cet espace. Ce rendez-vous nous a aussi permis d’entendre parler de M. Abel Gago qui a marqué son intérêt pour le fort de Loyasse. Nous avons aussi pu avoir accès à des plans détaillés du fort de Loyasse, plus intéressants que ceux présents aux archives, qu’il a d’ailleurs accepté de nous prêter. ***

Entretien avec M. Lalanne (ancien directeur des jardins partagés) au Jardin des Eglantiers (Lyon 9ème) du 26/03/14 QUESTIONS Gestion des jardins en contre bas du Fort de Loyasse: - En tant qu’ancien président de ces jardins partagés, pouvez-vous nous renseigner sur la date de leur création, leur mode de gestion (liste d’attente ?) ainsi que sur le choix de l’implantation ? - Pouvez-vous nous donner les dates de votre mandat ? - Trouvez-vous ces jardins faciles d’accès ? Par quel moyen de locomotion aviez-vous l’habitude de vous rendre à votre potager ? - Selon vous, les jardiniers viennent cultiver pour la majorité en voiture, en bus, à pieds… ? - Habitez-vous dans le quartier avoisinant (OUI/NON) ? - En ordre de grandeur, quelle était sous votre présidence la part de jardiniers résidants dans le 9ème arrondissement ? Dans le 5ème arrondissement ? - Combien de fois par semaine les jardiniers viennent bêcher leur potager ? A partir de quelle heure et pour quelle durée ? Relation avec l’environnement « immédiat » de ces jardins : - Quel(s) type(s) de population(s) longe(nt) les jardins dans la journée ? A quelle heure selon vous, la fréquentation du quartier est la plus forte ? - Connaissez-vous les divers projets futurs ou en cours concernant le quartier ? - Comment définiriez-vous la relation avec le cimetière de Loyasse ? - Que savez-vous du Fort de Loyasse ? - Etes-vous déjà rentré à l’intérieur du site ? - Avez-vous l’habitude de fréquenter le Parc des Hauteurs ? Synthèse de l’entretien : Des jardins datant des années 1940, avec la création d’une soixantaine de jardins. La plupart des jardiniers, issus pour la plupart des 5ème et 9ème arrondissements viennent en voiture (souvent du matériel à transporter). Une ambiance assez familiale dans les jardins, d’interconnaissance, même si l’implication des jardiniers est plus forte au printemps et en été (beaucoup moins vien-

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nent régulièrement en hiver). Les jardins sont tributaires du terrain : suppression de l’un d’entre eux pour des raisons de sécurité, développement en terrasse. Le quartier est assez peu fréquenté, sauf par les habitants. Concernant le fort de Loyasse, il était utilisé (une partie seulement) par les jardiniers lors de la fête des jardins, mais interdiction depuis les années 1990. Pas de projet a priori pour le fort et assez peu de relation avec le cimetière : des éléments qui se tournent le dos en termes d’usage mais aussi d’accès. Volonté de la mairie d’améliorer l’accès entre ces éléments, les jardiniers n’étant pas très favorable, aspect dû à une peur de dégradations causées par d’éventuels passages. ***

Entretien avec M. Jacquemet (membre du Comité d’Intérêt Local de Vaise) au fort de Loyasse (visite du fort) du 23/04/14 Nous étions venus avec un questionnaire, cependant celui-ci n’a pas servi. En effet, Dominique Jacquemet nous présentant de lui-même le fort, nous avons fait le choix de laisser la visite se dérouler d’elle-même. Synthèse de l’entretien : L’image négative du Fort remonterait au début de sa construction – 1840 année de mise en service. Il a une architecture fonctionnelle et réglementaire qui est la même pour tous les forts de la première ceinture, avec des matériaux résistants (pierre de Villebois et pierre de Couzon). Le fort situé en éperon - promontoire entre 2 gorges – caractérisé par son pavillon d’entrée orienté vers la ville et constitue une hybridation entre un fort bastionné et un fort détaché – c’est un fort de transition. Evocation enfin de l’évolution de l’utilité du fort et des projets : prison, logement, projet des tours de belvédère, du périphérique urbain, etc. ***

Entretien avec M. Gago (adjoint à la mairie du 9ème aux commissions éducation et jeunesse et éducation populaire) à la mairie du 9ème du 25/04/14 QUESTIONS : - - - - - - - - - - -

Quel est le bilan de santé du fort, notamment vis-à-vis de son bâti ? Quelles sont, selon vous, les raisons possibles de la non-réhabilitation ? Est-ce que des investisseurs potentiels se sont déjà montrés intéressés ? Des projets proposés ? Quel serait le prix éventuel d’une mise en vente du fort ? Le fort de Loyasse a-t-il déjà été évoqué lors de réunions publiques ? Quelle coordination y a-t-il entre l’OCRA, M. Renaud et la municipalité ? Quelle est la position de la municipalité par rapport au fort ? Pourquoi est-ce que le fort n’intéresse personne à par vous ? Y’a-t-il un partenariat avec la section patrimoine du Grand Lyon ? Pourquoi ? Quelles sont les raisons possibles de la non réhabilitation ? Qu’imagineriez-vous pour le fort ?

• Position de la ville de Lyon : Le fort de Loyasse ne constitue pas une priorité concernant les budgets (ne devrait pas apparaître dans le budget de la ville qui va être voté sous peu), aucun projet ne semble prévu à ce sujet. Seule la piste de sauvegarde est envisagée. La position de Collomb par rapport au fort : s’il y a contact pour des projets, tout investisseur est le bienvenu à condition que le projet ne dénature pas le lieu. Volonté également en cas de projet d’avoir l’accord de JJ Renaud. Les caractéristiques doivent donc être prises en compte. Les projets doivent tenter de mettre en valeur le site, avec un rayonnement mais qui doit protéger le site en même temps. • Projets évoqués : Installation d’un atelier de construction de moteurs électriques innovants / lieu d’exposition de piano de luxe, aussi destiné à des concerts, etc. mais abandon des investisseurs. • La situation du fort : Sa situation entre 5 et 9ème ne constitue pas de frein à un projet interarrondissement (était prévu dans le parc des Hauteurs, si cela n’a pas été fait, seulement pour des raisons financières, la séparation entre les deux arrondissements n’a aucune incidence). Le site est aussi à penser comme un ensemble avec le cimetière de Loyasse et les jardins ouvriers : idée que le fort ne vient pas seul. Mais, l’extension des jardins sur le site du fort n’est pas vu comme envisageable : représenterait une interdiction à court/ moyen terme de faire d’autres projets, sorte de frein à tout investissement. • Entretien du fort : La mairie y participe, pour le nettoyage et la surveillance mais cela est dans les faits surtout laissé aux associations comme l’ASSIL, l’OCRA et la Fondation Renaud qui s’occupent de faire des alertes à la mairie pour qu’elles envoient ensuite les services du patrimoine. Justification : ces associations sont plus spécialisées dans le domaine que le service municipal – soit un travail de concours, avec des services rendus par la mairie (ex : salles prêtées gratuitement, etc.). Le fort n’apparaît cependant pas dans la vie associative de quartier (hormis les associations citées ci-dessus) • Que verriez-vous ? Ouvert à toutes propositions, même un projet non accessible au public à condition de conserver le bâtiment. Voit les forts de Bron et Francheville comme des exemples : des lieux ouverts au public, création d’un jardin public sur le fort, etc.

Synthèse de l’entretien : Le fort de Loyasse et les projets :

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Annexe 13 : comptage Lieu d'observation : entrée du parc des hauteurs (Basilique de Fourvière) 15h45 (changement d'heure la veille) _Dimanche 30 mars 2014, temps gris mais lumineux, 20°C Depuis Basilique : 8+2+3+2+4+2+9+2 (Aurélien et Alice)+1+2+4+5+5+3+2+2+1 = 57 Cycliste : 1 =1 Coureurs : 2 = 2 trotinettes:1 = 1

Depuis Loyasse : 3+6+5+2+3+4+2+1+4+3+2+2+6 = 43 Cycliste : = 0 Coureurs : 2+2 = 4

« Quand tu arrives ici, c'est bien, tu sors de la ville », Dame, la 60aine 16h00 _Dimanche 30 mars 2014, temps gris mais lumineux, 20°C Depuis Basilique : 2+16+2+1+2+ 14+2+9+3+2+2+3+5+4+2+2+3+1+4+4+2 = 85 Cycliste : 1 = 1 Coureurs : = 0 trottinettes : 3 = 3

Depuis Loyasse : 2+1+2+2+3+2+2+1+4+4+2+1 = 26 Cycliste : 1 Coureurs : trottinettes : 1

« C'est un bonheur de se promener là, y'a que des trucs de bonne sœur, c'est calme ». Dame, la 40aine  Sous la « scène » : sortie du funiculaire vers Saint Paul  Arrivée des gens semble se faire par à coup : influence du funi ?  Certaines personnes font le chemin dans « l'autre sens » : depuis parc vers basilique puis retour. 16h15 _Dimanche 30 mars 2014, temps gris mais lumineux, 20°C Depuis Basilique : 1+2+2+2+2+2+4+2+2+6+1+3+4+2+5+2+5+3+ 5+1 = 56 Cycliste : = 0 Coureurs :1 = 1 trottinettes : = 0

Depuis Loyasse : 2+4+2+4+1+5+2 (Alice et Aurélien)+1+4+3+2+2+2+2+3+1+5+3+3+5 = 56 Cycliste : 5 = 5 (BMX) Coureurs : 3 = 3 trottinettes : = 0

16h30 _Dimanche 30 mars 2014, temps gris mais lumineux, 21°C Depuis Basilique : 1+1+3+6+2+1+3+2+1+1+1+2+2+3+1+2+1+2+ 3+1+2+2+10 (une famille)+2+2+2+2+2 = 63 Cycliste : 1 = 1 Coureurs : 1 (circuit retour depuis basilique) +2+1 = 4 trottinettes : = 0

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Depuis Loyasse : 2+4+2+2+2+2+1+2+2+4+4+4+4+1 = 36 Cycliste : = 0 Coureurs : 1 = 1 trottinettes : = 0

Première heure : 15h45-16h45 Depuis la basilique

Depuis Loyasse

Promeneurs : 261

Promeneurs : 161

Cyclistes : 3

Cyclistes : 6

Coureurs : 7

Coureurs : 8

Trottinettes : 4

Trottinettes :1

16h45 _Dimanche 30 mars 2014, temps gris mais lumineux, 21°C Depuis Basilique : 2+3+4+1+5+4+2+3+1+2+5+2 = 34 Cycliste : 1 = 1 Coureurs : 1+1+1 = 3 trottinettes : = 0

Depuis Loyasse : 3+3+2+2+3+2+2+1+2+7+3+3+3 = 36 Cycliste : 1 = 1 Coureurs : 1 =1 trottinettes : = 0

17h00 _Dimanche 30 mars 2014, temps gris mais lumineux, 20°C Depuis Basilique : 3+1+6+5+2+2+2+2+4+4+4+2+7+2+1+4+1+2+ 3+2+6+3+2 = 70 Cycliste : = 0 Coureurs : 1+1+1+1+1 = 5 trottinettes : = 0

Depuis Loyasse : 2+2+5+1+5+3+4+4+1+4+2+2+4+3+3+5+4 = 54 Cycliste : 1 = 1 Coureurs : 1+1 = 2 trottinettes et skate : 1 =1

17h15 _Dimanche 30 mars 2014, temps gris mais lumineux, 19°C Depuis Basilique : 4+3+2+4+2+2+3+3+2+2+2+4+3+2= 38 Cycliste : = 0 Coureurs : 1+1+2 = 4 trottinettes : = 0

Depuis Loyasse : 4+1+2+2+2+2+2+4 (famille qui jouait: aller retour depuis basilique et jeu des 2 filles sur l'esplanade)+1+2+1 = 23 Cycliste : 1 = 1 Coureurs : 1+ = 1 trottinettes et skate : = 0

17h30 _Dimanche 30 mars 2014, temps gris mais lumineux, 19°C Depuis Basilique : 2+1+2+1+3+2 (Robin et David) +2+1+2+2+4+2+3+2 = 29 Cycliste : = 0 Coureurs : 1+2+2+2 =7 trottinettes : = 0

Depuis Loyasse : 17+5+1+2+2+4+2+5+3+4+2+2+2+2+2+6+4+2 = 67 Cycliste : 1 = 1 Coureurs : 1+2 = 3 trottinettes et skate : = 0

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Deuxième heure : 16h45-17h45 Depuis la basilique

Depuis Loyasse

Promeneurs : 171

Promeneurs : 180

Cyclistes : 1

Cyclistes : 4

Coureurs : 19

Coureurs : 7

Trottinettes : 0

Trottinettes et skate : 1

Total des deux heures : 15h45-17h45 Depuis la basilique

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Depuis Loyasse

Promeneurs : 432

Promeneurs : 344

Cyclistes : 4

Cyclistes : 10

Coureurs : 26

Coureurs : 15

Trottinettes : 4

Trottinettes : 2


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