Zone euro: 5 â‚Ź / Zone CFA: 1600 F / Maroc: 30 DH / RDC: 5 $ US / Tunisie: 4,30 DT / USA: 7 $
www.tayalifood.net www.afrikaoase.no
nOte de l’éditeur
Le Secret d’Afrique
Onésha Afrika
«certains moments…»
EDITEUR RESPONSABLE Victor OLEMBO LOMAMI DIRECTEUR DE PUBLICATION Cyrille MOMOTE KABANGE REDACTEUR EN CHEF Jean BOOLE EKUMBAKI REDACTeur en chef adjoint Didier Orsot conseiller de Rédaction Vicky ELONGO
aires n i l u c ides a s e l Avec ood F i l a y Ta tions a c i l p om c s e l i Fin !!!
COMITE DE REDACTION Aicha Bacha, Ismael Majdi, Milancia Kalley-Barazany, Mohammadou Houmfa, Vicky Elongo, Jean Boole,
iam be, M m Mia affé, Yassa, Moi am
Cyrille Momote, Noella Kalanga, Arouna Njomgang,
ts M ribér Les pla akasaka, Bé s minutes S uelque q n e s rêt sont p
Didier Orsot ont collaboré à ce numéro Ariane Nkoma (le journal du Cameroun), Thomas Pitrel (MFI)
Disponibles en magasins Plus d’informations sur notre site internet
www.tayalifood.net www.afrikaoase.no T.: +47 40 57 10 13 F.: +47 77 28 46 64
Clos des Grands Crus www.closdesgrandscrus.lu Tél. : +352 621 18 60 11
Graphic Design by www.creativestudio.pro
Ligne de produits Photos/caméra Bernard wandja infographiste Mamadi Kaba
Par Victor Olembo Lomami ● victorolembo@oneshaafrika.net
C
ertains moments restent gravés pour toujours dans notre mémoire. L’instant qui a donné naissance à ce périodique en fait partie. De même, à l’aube de cette troisième édition, force est de constater des innovations qui ne cessent de s’opérer au sein de ce magazine. Pourquoi ? Le souci de présenter à notre public un produit qui répond à ces attentes, c’està-dire un magazine qui notamment instruit sans flatter ni intimider. En effet, lorsque, à l’époque, j’ai conçu pour Onésha Afrika son bel habillage, son contenu axé sur la vision d’une Afrique dynamique, son esprit résolument créatif et son rythme mensuel (sauf cette édition qui englobe août et septembre pour raison des vacances), je rêvais de lui conférer une longue vie. Très longue. Cet enfant de papier va prospérer, grâce au soutien fidèle et fiable d’une équipe compétente et motivée, toujours à l’affût des nouveautés sur notre petite terre d’héroïsme. En effet, au-delà de sa dimension planétaire, Onésha Afrika grandit en notoriété et, de ce fait, en nombre de pages également. Il le doit aussi grâce à vous, chers lecteurs, vous qui suscitez notre désir de toujours faire mieux pour rencontrer vos attentes. Ceci dit, dès le mois d’octobre, nous avons résolu de porter tout court le label Onésha, terme qui signifie en langue swahili « montrez ». Aussi, chaque mois, Onésha associera-t-il une mine d’informations utiles au plaisir de lire, avec des conseils précieux en matière de vie sociale, d’esthétique pour femmes et hommes. Des débats de société et des publi-reportages vous faisant découvrir des pays et des personnalités qui marquent l’actualité, avec en filigrane, l’image d’une Afrique qui vit… et qui va continuer à vivre, qu’on le veuille ou non. Bien plus, en Afrique aussi, certains moments, telles que les élections avec tout ce qu’elles impliquent, sont importants. Car elles permettent de rompre, tout en maintenant les marques positives, avec tout ce qui dans le passé s’est avéré obscur pour le développement d’une nation. En même temps, elles offrent l’opportunité pour de nouvelles bases favorables à un futur meilleur. Récemment, de la Guinée-Conakry au Niger, en passant par la Côte d’Ivoire notamment, des élections ont eu lieu. Mais que remarquons-nous ? En peu de temps, des tentatives de putsch, de retour à l’ordre qui sont souvent écourtés ! Cette attitude est contradictoire à l’esprit de la démocratie : on veut des élections et on refuse le changement qu’elles apportent. Ce contraste, comme le fait désormais Onésha, doit interpeller tout Africain.
sommaire
éDITORIAL 03 : Editorial 04 : note de l’éditeur 05 : Sommaire
Ainsi va le monde !
L
es derniers développements de l’actualité au mois de juillet, rejoignant en cela une tendance lourde depuis une décennie, est la montée des extrémismes en Occident. Ceuxci se déclinent en mode tantôt « soft » qui se limite à utiliser une sémantique bourrée de poncifs qui préserve ses utilisateurs de qualificatifs infâmants tels néo-nazis et fascistes. Tantôt « hot » qui s’incarne dans des groupuscules de personnes distinctes par leur accoutrement (crânes rasés, tatouages grotesques) et équipées sanglantes contre les forces de l’ordre ou leurs vis-à-vis généralement des militants d’extrême gauche. Ces manifestations de l’expression de la violence qu’elle soit favorable ou traduite en acte de destruction des personnes et des biens ne se conjuguaient pas aux jeux d’une opinion publique nourrie au tropisme de la démocratie libérale où toute idée a le droit de s’exprimer quitte à brimer légèrement quelques outrages …………….. (ex. M. Jean-Marie Le Pen pour Ouradour four crématoire). L’extrême droite qui a réussie à récupérer malignement certaines vulgates de la droite dite classique notamment l’équation capitaliste selon laquelle celui qui investit dans une entreprise est égal à Dieu et que l’inégalité sociale est naturelle. Abandonnant le terrain de la violence physique en tant qu’elle à contribué à la marginaliser, l’extrême droite surf sur les thèmes de l’immigration, du multiculturalisme et de la présence musulmane. Et là, le coup a porté certainement car voit-on, les électorats des pays réputés libéraux (Pays-Bas, Danemark, Autriche) mettre au pouvoir les extrémistes de droite qu’un euphémisme malheureux valorise presque en les affublant du terme populistes. Le populisme est de toute manière un mot fourre-tout. La mayonnaise a pris dans la mesure où ce qu’on appelle « majorité silencieuse » est gagnée par la peur chaque fois qu’une réalité nouvelle apparaît et bouleverse ses repères. Une bonne poussée mobilisatrice grâce à une flopée de slogans bien étudiés suffirait à la braquer contre les partis traditionnellement propres au motif que ces derniers sont tous pourris, incapables de la protéger contre les fléaux mêmes imaginaires qui lui bouchent l’horizon. Hélas, comme l’inventeur de la tragédie grecque antique, ……….. le disait : « Zeus rend fous ceux qu’il veut perdre », voilà qu’un événement inouï vient en Norvège, pays où l’extrême droite est bien tapie dans l’ombre sous des dehors de quiétude existentielle, faire pièce à l’aveuglement des bien-pensants. Au-delà des émotions qu’une tragédie de cette ampleur peut susciter, il n’est pas simple de comprendre pourquoi les autorités sont-elles les premières à s’interroger sur les raisons de cet équipage diabolique. Elles n’avaient qu’à décrypter les 1518 pages du document mis en ligne par l’auteur Anders Behring Breivik. On peut lire dans « Le Monde » du mercredi 27 juillet ce qui suit : « Une profession de foi délirante, un affolant fatras : le texte rédigé par l’auteur présumé des
deux attaques d’Oslo qui ont fait d’après un dernier bilan officiel, 76 morts, confirme que le jeune Norvégien avait tout réglé dans les moindres détails. Dans ce texte, il dénonce, pêle-mêle « l’invasion musulmane », « les élites multiculturelles », la « révolution féministe/ sexuelle », ou « l’importation d’électeurs » et appelle à une « résistance armée ». L’enquête révélera s’il a agi seul ou avec des complices ! Pourtant, on peut relever ce qui, compte tenu du climat d’incertitude qui s’est abattu sur les Norvégiens, aucun acte de vengeance encore moins des annonces tonitruantes qu’on a entendues ailleurs en Europe à la suite d’attentats terroristes qui embroyaient sur le tout sécuritaire. Par exemple, cet hymne à la tolérance du maire d’Oslo : « On punira le tueur en réagissant avec plus de tolérance et de démocratie » a-t-il déclaré au journal « Le Monde » dans son édition du 28 juillet 2011. Qui dit mieux ? Sur un autre continent, précisément dans la corne de l’Afrique (Ethiopie, Somalie, Kenya), il se manifeste des scènes d’horreur sans nom. Près de 12 millions de personnes parmi lesquelles des enfants, sont menacées de mourir de faim si l’aide internationale n’est pas urgemment conduite sur place. Avec un certain retard, les Organisations ont pu récolter des sommes importantes mais bien en déça de ce qui est prévu. A cet hiatus s’ajoute les difficultés presque insurmontables pour que l’aide parvienne rapidement à différents endroits du quadrilatère de la misère. Cette nouvelle tragédie humaine soulève des questions à la fois politique et humaine.
06 : clein d’ŒIL 08 :
06
La réponse à la première interrogation se fera sous la forme d’un questionnement. Pourquoi et comment les grands de ce monde ne trouvent-ils pas un moyen de mettre fin à leurs engagements militaires dans des conflits dont ils sont souvent les initiateurs de manière à épargner des milliards de dollars qu’elles verseraient dans un fonds destinés aux catastrophes sur la planète. Sans doute les empoignades au sein de l’Unions européenne sur l’aide à apporter à la Grèce ont révélé la toute puissance des égoïsmes particuliers. N’empêche que l’humanité fera une place à la solidarité entre ses composantes ou ne sera pas. Quant à la manière de mettre fin à la guerre somalosomalienne qui constitue un des éléments en plus de la terrible sécheresse, elle dépend d’abord des Somaliens eux-mêmes empêtrés dans de querelles de Clans qui s’opposent sur un fond de religiosité d’un autre temps et qui ont des effets induits dans d’autres crises de la région. Sinon, on aura beau versé de tonnes de larmes, rien n’y fera. Ainsi va le monde. Par Cyrille Momote Kbange ● DIRECTEUR DE PUBLICATION
12 - LIBYE : Les rebelles accusés d’exactions
14 - Réforme constitutionnelle : Wade contraint de lâcher son projet 20 - L’après-révolution en Egypte et Tunisie : des incertitudes…
22 - Zimbabwe : Les mines de diamants cacheraient des camps de tortures
24 - Côte d’Ivoire : Ouattara tend la main aux partisans de Gbagbo
monde
26 - Lula aux dirigeants africains : « Cessez de baissez votre pantalon
devant les Occidentaux ! »
28 - Thabo Mbeki invite les Africains à combattre un Occident de
plus en plus agressif
27 :
32
16 - SUD-SUDAN : Enjeux internes et risques de déstabilisation régionale
26 :
economie 27- La crise
32 : ENTRETIEN 32 - André Flahaut : « Pour un partenariat intelligent entre
Comment et pourquoi la mobilisation des moyens se fait-elle attendre jusqu’à ce qu’il y ait eu déjà plusieurs morts ? Que faire pour que cette crise à répétition n’affecte à jamais l’existence des millions de personnes humaines dans cette région du monde.
10 - MAROC : La révolution au Maroc : spécificité et soubresauts
20
08 - RCA : Dynamique et image qui rassurent
22
actualité
l’Afrique et l’Europe »
36 : DOSSIER Elections en Afrique
26
36 - RDC : Présidentielle 2011 : L’opposition piégée !
39 - RDC : Les dessous d’une légitimité numérique
40 - Cameroun : Washington attend des élections crédibles
42 :
54
44 :
48 :
52
POLITIQUE 42 - Angola : Cabinda un chancre mou ?
SOCIETE 44 - Tunisie : un non lieu de l’information 46 - RDC : 50 femmes violées par heure !
CULTURE 48 - A la découverte de nouvelles plumes 49 - Les nouvelles voix du Cameroun : Irma et Melissa
52 : ESTHETIQUE AU MASCULIN
58
53 : SPORT / FOOTBALL 54 : SOUVENIRS D’EBENE 56 : CHRONIQUE D’ONESHA 58 : MILLE VISAGES DE BRUXELLES-CAPITALE
58 - Anderlecht en couleurs
06
07 Onésha AfriKa
CLEIN D’ŒIL Misérabilisme africain
Lettre d’amour d’une femme blanche à l’Afrique noire.
C
omme une maladie dont elle ne guérit pas, une condamnation à vie, le jugement trop sévère d’un père qui la marque à jamais, l’Afrique et ses dirigeants sont atteints du misérabilisme. C’est une attitude héritée, imposée, puis voulue, cultivée, pour ce qu’elle rapporte et … elle rapporte. Mon Afrique à moi est une femme, grande et belle. Elle se dresse fièrement, le port altier, la tête haute, sur laquelle, il est vrai qu’est posé son fardeau. Mais regardez là marcher droit devant elle, sous le soleil, pieds nus, en chantant. Elle est riche mon Afrique, riche de tant de trésors que nous avons perdus depuis longtemps, riche de morales et de traditions qui continuent de passer, de la main à la bouche. Elle est colorée mon Afrique, nantie de pierres précieuses. Baissez les yeux à son passage et regardez à la hauteur de ses hanches, son côté droit, est paré, par exemple, d’un tout petit pays aux milles beautés cachées. On ne retient de son nom que les massacres qui ont ensanglanté nos écrans télé pendant des années et pourtant, c’est un petit paradis. Les plaines et les montagnes y sont semblables aux seins de ses femmes, capricieuses et infidèles comme les routes pour les atteindre. On s’en détourne de quelques degrés pour plonger dans les eaux troubles du lac Tanganyka aux vagues aussi turbulentes que ses enfants, un pays aux mille diamants qui se cachent dans ses champs de thé ou de café, dans ses palmeraies etses fonds marins. A gauche, un peu plus haut, juste sous sa taille, la côte Ouest n’a rien à envier à celle d’en face ; une contrée éblouissante où l’humain côtoie celui d’à côté avec respect et partage. Des hommes intègres aux grands prieurs des citées lacustres, sa main effleure en permanence l’océan Atlantique, ses plages de rêve au sable fin dans lequel ses enfants apprennent à écrire leurs premiers mots. Et il en est ainsi de chaque membre, de chaque partie, de chaque face de son anato-
mie. l’Afrique a mille visages, riche de sa diversité, de ses beautés. Mais ma belle Afrique à un souci : ses pères, ses nombreux pères qui ne voient en elle que la dote qu’elle rapportera, sans en chérir ses enfants. Afrique est présentée aux prétendants comme une femme à problèmes, mais quelle femme n’a pas de problèmes ? La femme saigne mais enfante des merveilles, la femme parle beaucoup mais à beaucoup à nous apprendre, la femme travaille mais il est facile de la prétendre fainéante. Évoluant dans un monde sans pitié, ses pères ont choisis de la présenter sur le marché comme quelqu’un à plaindre, écroulée sous le poids de ses douleurs, et pourtant Afrique vit et prospère ; Afrique a de quoi nourrir le monde ; Afrique engendre, dans son jardin, les dernières parcelles de nourriture sans poison… Elle a tant de qualités. Je vous implore, vous ses pères, de ne plus présenter au monde l’Afrique comme une victime, reconnaissez, publiez, affichez, vantez ses qualités, cessez d’implorer la pitié. Au nom de l’humanité nous pouvons partager nos connaissances, nous pouvons vous livrer les outils nécessaires à bâtir une société qui souffre moins de ses lacunes en technologie, en médecine, et autres. Ne vous contentez plus d’engloutir nos restes, d’accepter nos déchets comme des dons et de nous en remercier ; acceptez l’aide mais en terme d’échange, d’égaux à égaux. Demandez des conseils et gagnez en autonomie, plutôt que de laisser les moyens mis à votre disposition se faire engloutir dans les frais de missions de consultants qui viennent bâtir votre avenir à votre place. Arborez fièrement les couleurs de vos drapeaux, négociez équitablement les accords qui régissent nos rapports, montrez au monde que l’humilité peut côtoyer la dignité, cessez de voir le nord comme le jardin dont l’herbe sera toujours plus verte que la vôtre car, n’oubliez jamais que votre sable est le plus chaud, votre temps le plus lent, vos contrées les plus verdoyantes et vos femmes, …les plus belles. ●
Par S. L.
08
09 Onésha AfriKa
Actualité République centrafricaine
Dynamique et image qui rassurent L’Afrique doit inventer un autre style afin de dialoguer avec ses principaux partenaires. Dans ce sens, le général Bozizé, le président de la République centrafricaine vient de donner l’exemple en organisant, dernièrement à Bruxelles, une table ronde des bailleurs de fonds sur son pays. Par J.Boole
C
e rendez-vous, a-t-il déclaré à l’ouverture des t ra v a u x , a p o u r objectif de permettre à la République ce ntraf ri cai ne de r en fo r c e r l e dialogue avec l’ensemble de ses partenaires, sur son analyse et les options stratégiques qu’elle a retenues afin de relever les grands défis de développement au cours des prochaines années. Le chef de l’Etat centrafricain a poursuivi son discours en plaçant aussi cette rencontre dans le cadre de la session spéciale consacrée à la République centrafricaine en marge de la 65ème Session des Nations Unies en septembre 2010 sur les « Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ». En effet, les personnalités représentant les institutions financières et les Etats présents à cette occasion, ont apprécié la démarche centrafricaine, courageuse et avantageuse. De nombreuses audiences que le président centrafricain a accordées, dans la foulée de cette rencontre fru ct u euse, t é mo i g n e n t d e l’intérêt et du succès de cette table ronde des bailleurs de fonds sur la République centrafricaine. Au nombre de ces personnalités qu’il a reçues, citons Jean Ping, président de la Commission de l’Union Africaine; Mohamed Ibn
Chambas, Secrétaire général des Etats d’Afrique des Caraïbes et du Pacifique; Mme Flavia Palanza, Directrice de coopération Afrique centrale à la Banque Européenne d’Investissements; Manuel Lopez, Directeur Afrique de l’Ouest et Afrique centrale au cabinet des Actions externes de l’Union Européenne. Poursuivant la dynamique déclenchée dans la capitale européenne, sur le chemin du retour, le chef de l’Etat a mis à profit son escale parisien pour rencontrer Abdou Diouf, Secrétaire général de l’OIF; tandis qu’à N’Djaména, il a exalté avec son homologue tchadien, les dernières péripéties des rapports de coopération entre les deux pays dont la signature de l’accord de cessez-le-feu entre le gouvernement tchadien
et le chef rebelle tchadien Baba Ladé en terre centrafricaine. La confiance des institutions internationales et une nouvelle image du pays sont des résultats immédiats, en attendant des retombées financières sûres de cette rencontre. Ainsi, c’est avec raison que Bangui attend le soutien nécessaire dans cette phase de reconstruction. Avec cette table ronde, le pays a montré une nouvelle image sur la scène internationale à en croire M. Bolanga, le conseiller à la communication de la Présidence en visite au siège de notre rédaction à Bruxelles la semaine dernière. A suivre dans notre publi-reportage sur la République centrafricaine qui sera publié pour le mois d’octobre. ●
10
07 Onésha AfriKa
Actualité maroc
La révolution au Maroc, spécificité et soubressauts Par Aicha Bacha
L
e Maroc a connu, à l’instar des autres pays arabes, une vague de contestations par le peuple et surtout par le mouvement déclencheur de cette vague qui est le mouvement du 20 Février. Cette vague de contestations réclamait une constitution monarchique démocratique dans le sens où le roi règne et le peuple dirige. Tout a commencé sur Internet lorsque des ‘’facebookeux’’ ont lancé un ‘’bizarre’’ appel à manifester le 20 Février dans toutes les villes du Maroc, cet appel a eu la réponse de soixante cinq mille manifestants Marocains. Ces manifestations ne sont pas passées inaperçues ni au Maroc ni à l’étranger. Au Maroc, le souverain a fait un discours historique le 9 Mars en exprimant son engagement personnel dans un processus de réformes constitutionnelles. À l’étranger, certains pays ont parié sur la profondeur des réformes qui seront faites par le monarque Marocain vu son engament depuis son arrivée au trône, ces pays ont décrit la révolution marocaine de la révolution froide du Maghreb. Cependant, d’autres pays occidentaux ont comparé cette révolution à celle de la Tunisie et de l’Égypte. Ils ont misé sur la chute du système marocain. Le souverain a répondu à tout
le monde, avec la création d’un conseil ministériel pour la révision de la constitution, le conseil qui a donné naissance à cette nouvelle constitution marocaine que le roi Mohammed VI a donné ses premiers aspects dans son discours solonnel du 9 Mars. Voici ses caractéristiques comme évoquées par sa majesté: Pour la forme de la constitution, son originalité tient au fait que le texte repose sur une nouvelle architecture agençant tous les chapitres de la Constitution, depuis le préambule qui en constitue une partie intégrante, jusqu’aux derniers articles, dont le total est passé de 108 à 180 articles. S’agissant du contenu, il institue un modèle constitutionnel marocain original, reposant sur deux piliers complémentaires l’un de l’autre : Le premier pilier traduit l’attachement aux constantes immuables de la Nation
marocaine, dont Nous avons la charge d’assurer la pérennité et la continuité dans le cadre d’un Etat musulman où le Roi, Amir Al Mouminine, assure la protection de la foi et des fidèles, et le libre exercice des cultes. Le projet consacre, par ailleurs, la position de notre pays en tant que partie intégrante du Grand Maghreb, ainsi que son engagement en faveur de la construction de l’Union Maghrébine qui en est issue. Il marque également l’adhésion de notre pays à la consolidation des relations de fraternité arabe et islamique et de solidarité africaine. Il illustre aussi notre attachement à oeuvrer pour l’élargissement et la diversification des relations de coopération et de partenariat avec son voisinage euro-méditerranéen et avec les différents pays du monde. Ce projet, c’est aussi l’expression de la volonté du Maroc d’être un Etat mod-
erne, attaché aux chartes et conventions onusiennes, et agissant comme partie prenante et acteur à part entière au sein de la communauté internationale. S’agissant du deuxième pilier, il traduit la volonté de conforter et de consacrer les attributs et les mécanismes qu’induit le caractère parlementaire du régime politique marocain. Celuici, en effet, repose, dans ses fondements, sur les principes de souveraineté de la Nation, la prééminence de la Constitution comme source de tous les pouvoirs, et la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. Tout cela s’inscrit dans un schéma constitutionnel efficient et rationnel, qui est foncièrement propre à garantir la séparation, l’indépendance et l’équilibre des pouvoirs, et qui a vocation à assurer la liberté et le respect de la dignité du citoyen. A cet égard, la séparation des Pouvoirs et la clarification de leurs compétences respectives, apparaissent, entre autres indices saillants, à travers la décision de scinder l’article 19 de la Constitution actuelle, qui se dé-
cline désormais, en deux articles distincts : - Un article indépendant portant sur les attributions exclusives du Roi, Amir Al Mouminine, Président du Conseil Supérieur des Ouléma, lequel a été érigé en institution constitutionnelle. - Un autre article définit le statut du Roi, en tant que Chef de l’Etat, son Représentant Suprême, Symbole de l’unité de la Nation, Garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat, de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume, Guide éclairé, et Arbitre Suprême qui, transcendant toute appartenance politique ou autre veille à la préservation des choix démocratiques de la Nation, et à la bonne marche de ses institutions constitutionnelles. Le Roi exerce ses missions régaliennes de Garant et d’Arbitre, qui sont énoncées dans cet article, sur la base des dispositions d’autres articles, expressément stipulées dans la Constitution, étant entendu que la législation est du ressort exclusif du parlement. Le projet officiel de Constitu-
tion va bien au-delà d’une loi suprême pour le Royaume. En fait, il constitue, le socle solide du modèle marocain original de démocratie et de développement. Mieux encore, il s’agit d’un nouveau pacte historique entre le Trône et le peuple. Le roi du Maroc a donné rendezvous au peuple aux urnes pour valider ou invalider cette constitution. Le référendum a eu l’accord du 98,48 des électeurs. Le taux de participation a atteint 72,65%. Qu’est ce qui attend le Maroc après le référendum, une stabilité conditionnée par la lutte contre la corruption, la disparité des richesses gigantesque, le manque de libertés et par la lutte pour l’accès à la culture, aux soins, à l’exercice démocratique. Ou un malaise social, économique et identitaire qui entraînera le pays dans des turbulences incomparables même à celles de l’Égypte? Pour avoir la réponse à cette question rendez-vous au prochain numéro. ●
12
13 Onésha AfriKa
Actualité libye
Les rebelles accusés d’exactions dans le pays mois, les combattants rebelles et leurs sympathisants ont saccagé des biens, brûlé certaines habitations, pillé des hôpitaux, des maisons et des commerces, et frappé certaines personnes soupçonnées de soutenir les forces gouvernementales, écrit HRW.
“
colonel El-Moktar Firnana, a admis que des abus avaient été commis et que certains combattants ou sympathisants avaient été punis. Si nous n’avions pas donné des instructions, les gens auraient brûlé ces villages jusqu’au dernier, a déclaré le responsable, cité
Si nous n’avions pas donné des instructions, les gens auraient brûlé ces villages jusqu’au dernier
Les chefs rebelles ont le devoir de protéger les civils et leurs biens, particulièrement les hôpitaux, et de sanctionner quiconque se livre au pillage ou à d’autres abus, continue HRW. Un commandant rebelle de la région, que l’organisation identifie comme le
Selon Human Right Watch, ils sont rendus responsables d’incendies, de pillages et de mauvais traitements sur des civils Par I. Linge
L
a rébellion fait parler d’elle dans un sens négatif. Les rebelles libyens ont conquis le soutien des Occidentaux et de l’ONU au nom du respect des droits de l’homme. Les accusations portées le mercredi 13 juillet par Human Right Watch (HRW) pourraient gravement affecter cette confiance. En effet, selon un rapport, les rebelles libyens se sont rendus responsables d’incendies, de pillages et de mauvais traitements sur des civils lors de leur offensive sur Tripoli à partir du Djebel
Nafusa (ouest). L’organisation de défense des droits de l’homme a été témoin de certains de ces actes, a interrogé des témoins pour d’autres et a parlé avec un commandant rebelle de ces abus, a déclaré l’organisation dans un communiqué. HRW indique que ces exactions ont eu lieu en juin et juillet et jusqu’à la semaine dernière, alors que les rebelles engageaient leur offensive à partir du Djebel Nafusa, une région montagneuse au sud de Tripoli. Dans quatre villages capturés par les rebelles dans les monts Nafusa ces derniers
par HRW, qui précise que deux de ces villages abritent une tribu proche de Mouammar Kadhafi. Al-Awaniya et Zawiyat al-Bagul sont les villages de la tribu des Mesheshiya, connue pour sa fidélité au gouvernement libyen et au colonel Kadhafi, indique HRW.
Le CNT réfute Le Conseil national de transition a réfuté ces accusations. Le numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril, a estimé que ce n’était plus le cas dans les zones libérées. La presse l’interrogeait sur ces accusations publiées à l’issue d’une réunion avec les chefs de la diplomatie des trois pays du Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas). Ils ont une grande responsabilité dans la transition en douceur vers un avenir démocratique et ouvert en Libye, a déclaré Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, dans un communiqué après une rencontre inédite avec une délégation du CNT à Bruxelles. Après la Pologne et la Turquie, la semaine dernière, les trois pays du Benelux ont reconnu hier mercredi l’organe politique de la rébellion comme légitime représentant” du peuple libyen pendant la période de transition. Les pays de l’OTAN et la délégation du CNT se sont par ailleurs entendus sur trois points, a précisé Anders Fogh Ramussen : Que l’OTAN poursuivra son opération militaire pour protéger les civils libyens, tant que ceux-ci seront menacés, que le régime de Kadhafi a perdu toute légitimité et enfin qu’une solution politique doit être trouvée (...) maintenant. La France a appelé la rébellion libyenne à enquêter sur ces éventuelles exactions. La France avait été le premier pays à reconnaître le CNT et elle est en première ligne dans les opérations militaires de l’OTAN contre le régime de Kadhafi. Paris, qui a admis récemment avoir procédé à des parachutages d’armes légères dans le djebel Nafousa, a prolongé mardi 12 juillet son engagement en Libye lors d’un vote au Parlement qui a réuni majorité et opposition. ●
14
15 Onésha AfriKa
Actualité Sénégal
concertation qui lui sont parvenues, et il se dit disponible à poursuivre des discussions approfondies sur ce projet.
Retrait du projet : une victoire de la rue ? Les organisateurs de la manifestation d’hier, eux, voient clairement dans ce retrait une victoire de la rue. « Le peuple sénégalais a repris en main son destin », s’enthousiasme Abdoulaye Bathily, le chef de la Ligue démocratique, un des partis de la coalition d’opposition Benno Sigil Senegaal. « Le peuple a prouvé, ajoute-t-il, qu’Abdoulaye Wade ne peut plus faire ce qu’il veut ».
Au cours de la matinée, chaque député arrivant à l’Assemblée était hué par les manifestants. Les leaders des principales formations de l’opposition ont suivi, avec à leur tête Ousmane Tanor Dieng (Parti socialiste), Abdoulaye Bathily (Ligue démocratique), Amath Dansokho (Parti pour l’indépendance et le travail) et Moustapha Niasse (Alliance des forces du progrès). Des leaders religieux et des entrepreneurs les ont rejoints.
Retour à la majorité absolue Le ton est alors monté. Les manifestants ont soudainement jeté des pierres sur les policiers.
tre de la Justice, annonçait que le président Wade lui avait demandé d’introduire des amendements portant sur les conditions d’éligibilité des tickets lors de l’élection présidentielle. Le principal de ces amendements porte sur le maintien des dispositions de l’article 33 de l’actuelle Constitution, lequel stipule que « nul n’est élu au premier tour s’il n’a obtenu la majorité des suffrages exprimés », et que « si aucun candidat n’a obtenu la majorité requise, il est procédé à un second tour de scrutin ». Le projet proposant d’abaisser à 25% le seuil requis pour être élu dès le premier tour est donc abandonné. En début de soirée, Abdoulaye Wade a finalement retiré le projet. Opposants et mem-
Réforme constitutionnelle:
Wade contraint de lâcher son projet Face à la mobilisation massive de l’opposition et de la société civile, le président sénégalais Abdoulaye Wade a été contraint de renoncer à son projet de réforme constitutionnelle à huit mois du prochain scrutin présidentiel. Les députés ont appris le retrait du texte alors même qu’ils étaient en train de l’examiner à l’Assemblée. Dehors, les manifestants opposés au projet se sont violemment affrontés avec les forces de l’ordre. Par MFI / Avec notre correspondant à Dakar
L
e projet de révision de la Constitution que les députés devaient examiner ce 23 juin a suscité la colère au Sénégal, à huit mois de la prochaine élection présidentielle. Selon le texte, un « ticket » président-
vice-président pouvait être élu dès le premier tour en ne recueillant que 25% des voix. Après de violents heurts, le président Abdoulaye Wade a finalement décider de retirer totalement le projet. Face aux protestations de la rue
mais aussi de l’opposition et d’une partie de la société civile, le gouvernement sénégalais a renoncé à l’essentiel de la réforme constitutionnelle. Selon le communiqué du Conseil des ministres, Abdoulaye Wade a donné suite aux demandes de
Ce jeudi 23 juin, près d’un millier de manifestants s’étaient rendus aux abords de l’Assemblée nationale, à Dakar, pour exprimer leur opposition au projet de réforme. Tous portaient des pancartes exprimant leur rejet du texte et de son instigateur, le président Abdoulaye Wade : « Wade go », « Wade dégage », « Touche pas à ma Constitution ».
Ceux-ci ont répondu par des jets de bombes lacrymogènes. Il y a eu des affrontements directs entre policiers et manifestants. L’Assemblée nationale a alors été clôturée et n’était plus accessible aux députés ou aux journalistes. A l’intérieur du bâtiment, peu après l’ouverture de la séance consacrée à l’examen du projet de loi, Cheikh Tidiane Sy, minis-
bres de la société civile vont-ils, du coup, décider de maintenir la pression sur les autorités ? « Il y a encore des points sur lesquels nous avons des revendications à porter, explique l’un des organisateurs de la manifestation, notamment l’irrecevabilité de la candidature d’Abdoulaye Wade à un troisième mandat ». ●
16
17 Onésha AfriKa
Actualité SUD-SOUDAN
Naissance d’un nouvel Etat en Afrique:
Enjeux internes et risques… Par Jean BOOLE
P
endant que la plupart des Etats africains depuis l’année dernière continuent de célébrer leurs cinquante ans d’indépendance, un nouvel Etat vient de naître. Le 9 juillet dernier, le Sud-Soudan a proclamé son indépendance. Il est le 193ème membre de l’ONU. Ce n’est pas une indépendance acquise après une décolonisation. Il s’agit, par contre, d’une scission obtenue, au terme de 50 années de guerre avec le nord du pays, occupé par les Arabomusulmans, à plus de 90 %. Le Sud-Soudan avec une superficie de 620 000km² a une population estimée à 8 millions d’âmes majoritairement chrétiennes et animistes. Sur le plan social, plus de 50 % de la population n’a pas accès à l’eau potable et plus de 80 % des femmes analphabètes.
“
naissance. Le président Obama comme le secrétaire général de l’ONU, M. Ban-Kimoon, ont salué le nouvel Etat. Les populations sudistes ont vu dans cette indépendance la consécration de leur lutte d’auto-détermination, engagée depuis 50 ans. Désormais, ils ont leur pays, ils sont chez eux et entre eux. Cette belle unanimité peut se comprendre. Les souffrances qu’on a vues au Darfour : massacres, violations de droits de l’homme, humiliations, famine, guerres fratricides, tout cela n’avait pas son pareil en termes d’horreur nulle part au monde. Aussi tout le monde s’est-il accordé à la solution de la séparation. L’accord de 2005, signé au Kenya, avait prévu un référendum d’auto-détermination approuvé ultérieurement par 99 % de la population du Sud. Conséquence, le 9 juillet
Les Dinkas majoritaires se sont déjà emparés des rennes du pouvoir.
Bref, c’est l’un des pays les plus pauvres au monde. Sa richesse principale est le pétrole. 54ème Etat Africain, le plus jeune Etat africain et du monde se démarquera-t-il de ses aînés dans son évolution ou suivra-t-il le même parcours de gâchis ? Son indépendance donnera-t-elle des idées aux mouvements indépendantistes disséminés en Afrique ? Euphorie légitime En liesse, est né le Sud-Soudan. Aucune note discordante dans le chœur qui a accueilli cette
2011, le premier président sudsoudanais, M. Salva Kiir, a proclamé, à la satisfaction de tous, l’indépendance de son pays. Néanmoins, les défis à relever par les nouvelles autorités sont énormes, au plan interne. Mais aussi dans les relations ultérieures entre les deux Etats souverains. Cohésion sociale et rapports avec le Soudan Quelle cohésion nationale pour la nouvelle nation ? La population au Sud-Soudan est loin d’être homogène et équilibrée. Les Dinkas majoritaires se sont
déjà emparés des rennes du pouvoir. Se comportant de la même manière que les groupes majoritaires dans d’autres pays en Afrique. Cet agissement, on le sait, est à la base de nombreux conflits qui endeuillent l’Afrique. Des nombreux groupes rebelles sud-soudanais se font encore la guerre et les séquelles se feront sentir dans un Sud-Soudan indépendant. De leur côté, les Nuer, minoritaires, s’organisent pour ne pas subir la loi des Dinkas. Leurs alliés sont les Chilouk, un autre peuple minoritaire. Par ailleurs, il faudra, pour maintenir les équilibres dans la nouvelle
société, prendre en compte les droits des Musulmans du SudSoudan. Car, tout déséquilibre est susceptible de générer des tensions. Toutefois, le Sud-Soudan, au moment de son indépendance est plus arriéré que la plupart des Etats africains au sortir de la colonisation. Que remarquonsnous ? Carence des cadres, les infrastructures de communications, sanitaires voire scolaires y sont au niveau zéro. La stabilité du nouveau pays dépendra aussi de ses relations avec son voisin du nord, le Soudan. Même si Khartoum a reconnu le Sud-Soudan sur les
frontières du 1er janvier 1956, au jour d’aujourd’hui, il est imprudent de penser que tout risque d’un différend frontalier entre les deux Etats est exclu. Les frontières entre ces pays ne sont pas encore matérialisées. Pour cause, l’absence d’une frontière naturelle et la non existence d’une solution de continuité dans cette vaste plaine qu’est le soudan, ainsi que souligne Marc Lavergne du CNRS, constituent une source des conflits, surtout au moment des transhumances et des déplacements des tribus nomades. Ce qui rappelle le conflit d’Agacher entre le Mali et le Burkina-Faso. ●●●
18 Actualité SUD-SOUDAN
BULLETIN D’ABONNEMENT à ONESHA AFRIKA A envoyer à IMEX’OLE – Service abonnement ONESHA AFRIKA, Rue Fernand Bernier, 15 à 1060 Bruxelles e.mail: info@oneshaafrika.net Tél. 32 2 5434490 // 32 2 5434450 Fax 32 2 5434444 J’effectue le virement de …. Euros sur le compte IMEX’OLE : BNP Fortis n° BE17 0016 3965 1321 en précisant « abonnement ONESHA AFRIKA Magazine ». Nom………………………………………Prénom…………………………………………....... Adresse………………………………………………………………………………………........ Téléphone…………………………………e.mail…………………………………………….... Profession…………………………………Date de naissance……………………………….
cé un appel à la communauté internationale afin d’œuvrer ensemble pour aider le nouvel Etat à partir sur des bases solides et durables. Inévitablement, estiment des observateurs, la faiblesse du nouveau voisin de la RDC comme Etat produirait des fâcheuses conséquences non seulement sur sa propre viabilité mais également sur la stabilité de toute la région, déjà fragile.
Sud-Soudan : effet domino Pe n d a n t q u e l e s S u d - s o u d a n a i s fêtaient leur indépendance, d’autres Africains rêvaient l a l e u r. M ê m e s ’ i l s n ’ o n t p a s crié haut et fort leurs intentions de suivre l’exemple du mouvement de libération du Sud-Soudan. Juste après les indépendances, il y a eu une vague des m o u v e m e n ts d ’a u to- d é te rm in at i on e t d e g u e r r e s d e s é c e s sion à l’intérieur des Etats nouvellement souverains : Biaffra au Nigéria ; la sécession Katangaise au Congo ; la guerre de libération au Cabinda en Angola, depuis la cré-
ation du Front de libération de l’Enclave de Cabinda, en 1963 ; la guerre de libération d u Po l i s a r i o a u M a r o c , p a y s qui a eu deux puissances occupantes, les combattants de la Casamance au Sénégal, etc. Est-il la peine de rappeler q u e ces forces centrifuges nourrissent toujours des velléités indépendantistes ? Hélas, non ! Dernièrement, l’attaque du camp de Kibembe à 10 km de Lubumbashi a été revendiquée par des indépendantistes katangais. Elle a eu lieu le 11 juillet, date de la proclamation de l’indépendance du Katanga par Moïse Tshombe. La charge par des combattants du FLEC de l’équipe nationale togolaise de football se rendant à Luanda pour la CAN, il y a quelques années… Incontestablement, le Sud-Soudan a mérité son indépendance ; cependant, on a quand même ou vert la boîte de Pandore. L’intangibilité des frontières héritées de la colonisation risque d’être mise en mal. C’était là, le principe qui garantissait la stabilité du continent. Il y a lieu de craindre dans un avenir proche la reprise par les mouvements sécessionnistes des initiatives séparatistes. ●
"
du pé●●● L’ e x p l o i t a t i o n trole appartenant au Sud-Soudan est potentiellement litigieuse entre Khartoum et Djuba. Le seul pipeline qui évacue le pétrole du Sud-Soudan vers la Chine, l’Inde… passe par le Soudan. A ce propos, on se souvient du différend entre la Russie et l’Ukraine, pays par lequel passe le gaz russe vers l ’ O c c i d e n t . Po u r q u o i p a s e n t r e la RDC et l’Angola pour rester en Afrique. Afin de remettre le pays sur les rails, les autorités à Djuba ont intérêt à cultiver la logique du résultat et créer un leadership qui a une vision. Autrement, le pays risque de suivre le schéma classique des Etats africains : corruption, chômage, le détournement, dictature… Et des conflits à la clé. Av e c s o n p u i s s a n t v o i s i n , p a r ailleurs, il serait avantag e u x d’imaginer un partenariat du genre marché unique et favoriser la libre circulation des biens et des personnes et développer des échanges dans plusieurs domaines. C’est avec raison que le secrétaire général de l’ONU a lan-
Zone Belgique Europe Maghreb CFA USA / CANADA Reste du monde
55 € pour 12 numéros (frais d’envois inclus) 60 € 70 € 70 € 70 € 75 €
Abonnement de soutien : 100 € / Abonnement d’honneur : 200 €
20
21 Onésha AfriKa
Actualité égypte / tunisie
Il y a six mois, deux peuples de la Méditerranée déclenchaient une vague de contestation dans le monde arabe et renversaient leurs dirigeants, qualifiés de dictateurs. Aujourd’hui, les manifestants ont repris possession de la Place Tahrir au Caire et de la Casbah à Tunis. De nouveau, les affrontements se multiplient entre les forces de l’ordre et des manifestants. Et la police a repris les vieilles méthodes de répression des rassemblements. Aux yeux des contestataires, les choses ne vont pas assez vite : des élections dont les dates ne sont pas encore fixées, un remaniement ministériel sans cesse reporté. Par A. Nkoma (MFI)
L’après-révolution dans le monde arabe : des incertitudes…!
L
’issue politique est toujours incertaine dans les deux premiers pays arabes à avoir renversé leurs dictateurs. En ègypte, les manifestants ont de nouveau déployé leurs tentes, au Caire, sur la Place Tahrir. Ils exigent rapidement les réformes politiques promises par le Conseil suprême des armées, et des élections. Six mois après la chute de l’ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, la violence a aussi repris ses droits dans les rues de Tunisie. Le 17 juillet, un jeune homme est mort après avoir reçu une balle perdue dans la ville symbole de Sidi Bouzid, d’où la révolution tunisienne est partie. Deux jours auparavant, à Tunis, la police avait donné l’assaut contre la mosquée de la Casbah où s’étaient réfugiés des manifestants. La
capitale est le théâtre de violences de petits groupes de casseurs dont nul ne sait s’ils sont membres de l’ancien parti au pouvoir (Rassemblement constitutionnel démocratique, dissous aujourd’hui) ou s’ils appartiennent à des mouvances islamistes extrémistes.
Un des points de friction communs : l’impunité En Tunisie comme en Égypte, un des points de friction est l’impunité de certains membres de l’ancien régime. Les manifestants de la place Tahrir, au Caire, dénoncent l’absence de poursuites contre les acteurs de la répression. Récemment, le ministre égyptien de l’Intérieur a nié l’existence de tireurs embusqués sur les toits lors de la
révolte populaire, ce qui a mis hors d’eux les manifestants. « Il ment, lance Héba, une jeune opposante indépendante, revenue camper Place Tahrir. Un des assassins, qui a tué presque 40 de nos martyrs à Alexandrie, a reçu une promotion. Où est la Révolution ? Nous voulons la justice. Lorsque nous sommes venus ici le 25 janvier, nous avons dit « liberté, dignité et justice ». C’étaient ça nos slogans. » Dans les deux pays, cette soif de justice exprimée par ces jeunes côtoie la soif de reconnaissance de certaines formations politiques. Les dates des élections ne cessent d’être repoussées, notamment parce que certaines formations politiques ne s’estiment pas prêtes face à des partis bien rôdés comme la confrérie des Frères musulmans en Égypte. L’audience du
parti islamiste Ennahda, en Tunisie, est nettement inférieure à celle des Frères en Égypte. Mais Ennahda n’en finit pas de faire parler de lui, s us c itant parfois l’inquiétude. Ce 18 j uillet, lors de s a c onférenc e de pres s e, pres que tous les Tunis iens ont c ompris que le Premier minis tre, Béj i Caïd Es s ebs s i, vis ait Ennahda lors qu’ il ac c us ait « certains partis » d’entretenir les troubles pour retarder l’élection de l’Assemblée constituante en octobre. Le parti présidé par R ached Ghanouchi a vivement nié cette accusation.
L es islamistes, toujours sujets d e méf iance I nterdite vingt ans durant, la formation is lamis te tunis ienne ne prés ume pas de s on poids politique au Pays du j as min. À l’ en c roire, Ennahda adhère parfaitement au modèle démoc ratique pluralis te et demande à être j ugé s ur s es ac tes et s on programme politique. « Ce qui nous préoc c upe le plus , c ’ es t de pes er par la
“
qualité de nos propos itions et non par le nombre, explique Nourredine Bhiri, membre du bureau politique. D ans c ette
des arm é e s c è d e s a p lac e aux c ivils . « Quand le s é le c t io ns auront- e lle s lie u ? On n’e n s ait rien, s’ind ig ne H é b a, la j e une
un des points de friction est l’impunité de certains membres de l’ancien régime
étape c ruc iale qu’ es t la trans ition démoc ratique, le pays n’a pas bes oin de parti fort, dominant. I l a bes oin de formations avec des propos itions fortes pour régler les problèmes s oc iaux. Les Tunis iens s ouffrent de la s ituation s éc uritaire, politique, éc onomique, s oc iale. » S ur la plac e Tahrir, au Caire, où les c ontes tataires ont repris quartier, les voix, c haque j our plus déterminées , dénonc ent le dialogue de s ourds avec le gouvernement de trans ition, et s on remaniement touj ours repous s é. Tous attendent que le Cons eil s uprême
militant e ind é p e nd ant e . On ne nous en t e nd p as ! C ’e s t e x ac t ement c o m m e s o us M o ub ar ak . On veu t q ue c e t t e p é r io d e d e gouver ne m e nt m ilit air e s e t e r mine ! ». La p é r io d e t r ans it o ir e s emble int e r m inab le aux m anifes tant s q ui o nt p r é c ip it é la c hute d e le ur s d ic t at ur e s . Le s j eunes d e T unis ie e t d ’É g yp t e appren ne nt c haq ue j o ur c o m bien es t lo ng le c he m in ve r s l’ ins taur at io n d ’une d é m o c r atie. Leur r e t o ur s ur le s lie ux qui ont vu le d é c le nc he m e nt d e la révo lt e t é m o ig ne q ue le ur pers évé r anc e e t le ur vig ilanc e aus s i e s t s ans lim it e . ●
22
23 Onésha AfriKa
Actualité Zimbabwe
ment détenues, et relâchées après avoir été violées. Ils m’ont frappé sous la plante des pieds avec des branches, et ils m’ont frappé les chevilles avec des pierres dit un homme. Ils menottent les prisonniers, et lâchent des chiens sur eux. Un homme, une première fois interné dans le camp de Muchena
“
l ’ e n d r o i t a p p e l é Diamond Base est le théâtre de tortures, de viols, humiliations et autres passages à tabac
en 2008, y a de nouveau été jeté en 2010: rien n’avait vraiment changé entre 2008 et 2010... Beaucoup de gens étaient frappés ou mordus par les chiens. Un tortionnaire, qui affirme avoir travaillé dans le camp en 2008, con-
ils ne veulent p a s q u ’ o n s a c h e , a f f i r m e sous couvert de l’anonymat un officier de l’armée zimbabwéenne.
Des mines de diamants cacheraient des camps de torture Selon la BBC, la police et l’armée enrôlent de force des civils pour chercher des diamants Par Diane Nanyan
U
ne enquête de la BB C, diffusée le lundi 08 Août, révèle l’existence d’un camp de torture près du gisement de Marange au Zimbabwe. Les témoins interrogés par la chaîne de radio-télévision publique britannique décrivent un l i e u d e c a u c h e m a r. C e i n t d e barbelés, l’endroit appelé Diamond Base est le théâtre de tortures, de viols, humiliations et autres passages à tabac afin de forcer les civils à effectuer le travail dans
le gisement de diamants. Un autre camp existerait également près de Muchena. La radio-télévision britannique a recueilli plusieurs témoignages de personnes faisant état de viols et de violences physiques dans un lieu connu sous le nom de Zengeni, près de Marange, l’un des plus riches gisements du monde. Ceux qui se rebellent ou réclament une part des bénéfices sont emmenés dans l e s c a m p s d e t o r t u r e . To u s l e s ex-prisonniers interrogés ont requis l’anonymat, mais
l’un des hommes a raconté avoir reçu jusqu’à 40 coups de fouet le matin et autant l e s o i r. C e t é m o i n a p r a t i q u e ment perdu l’usage d’un bras et marche avec difficulté, séquelles des passages à tabac subis dans le camp.
Les récits sont effrayants Plusieurs ex-prisonniers ont raconté avoir été détenus plusieurs jours dans ce camp, puis remplacés par d’autres. Des femmes y seraient égale-
firme que les chiens étaient dressés à mordre les prisonniers. Selon lui, une femme a été mordue à la poitrine. Je ne pense pas qu’elle ait survécu, dit-il. Si quelqu’un meurt ici, les soldats n’en parlent pas,
L’Union Européenne se prononce L’Union européenne, favorable à une reprise des exportations de diamants provenant du Zimbabwe, a indiqué n’avoir pas obtenu à ce jour de preuves solides des
allégatio ns d e t o r t ur e d ans le riche gisement de Marange dont se fait l’écho cette enquête de la BBC. « Nous avons vu des informations d’organisations non gouvernementales sur des supposés camps de torture, il y a même quelques années de cela, mais nous n’avons jamais reçu de preuves solides d e l ’ e x i s t e n c e réelle des camps », a affirmé l e p o r te-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine A s ht o n. « S i c e s allé gations étaient avérées, ce serait un sujet extrêmement préoccupant et nous aimerions en avoir les preuves » a-t-il précisé. Selon lui, l’UE reste partisane d’une reprise des ventes: Nous suggérons d’autoriser les exportations de la région de Marange qui soient conformes au processus de Kimberley, a souligné le porte-parole. Les mines de Marange avaient été envahies par l’armée zimbabwéenne en 2008. Les soldats avaient alors violemment expulsé les milliers de prospecteurs qui occupaient les lieux, avant de forcer des civils à faire le travail. Quelques 200 personnes y avaient été tuées, et le processus de Kimberley, le régulateur mondial, avait interdit le négoce des diamants de cette région. ●
24
25 Onésha AfriKa
Actualité Côte d’Ivoire
Ouattara
tend la main aux partisans de Gbagbo Le Front populaire ivoirien (FPI) du président déchu, Laurent Gbagbo, a favorablement répondu à l’appel de réconciliation nationale lancé par le président Alassane Dramane Ouattara (ADO)
Par A.K.
«N
ous avons appris cela avec beaucoup de plaisir, de soulagement et d’espérance. Si le président de la République ouvre son cœur pour dire que nous devons aller à la réconciliation, qu’il lance cet appel à ses frères et sœurs du FPI (Front populaire ivoirien) et du LMP (La majorité présidentielle) exilés au Ghana, c’est une main tendue qu’il faut saisir », a réagi Sylvain Miaka Oureto, président par intérim du FPI. Le successeur de Mamadou Koulibaly, ancien président du FPI qui a démissionné en juillet dernier, a toutefois souhaité que ses camarades du parti exilés à l’étranger puissent avoir l’assurance d’être amnistiés, s’ils décidaient de rentrer au pays. Cet appel a été émis par Alassane Ouattara lors du défilé du dimanche 7 août 2011 sur l’esplanade du palais présidentiel à Abidjan pour le 51ème anniversaire de l’indépendance du pays. « Nous avons besoin de tout le monde pour reconstruire le pays », affirmait-il, avant
d’assurer que « tout serait fait pour que la sécurité de tous soit assurée ».
La justice, un obstacle au processus de réconciliation ? Mais en se disant prêt à saisir la main tendue du président Alassane Ouattara, le porte-parole du parti de l’ex-président Laurent Gbagbo a tout de même posé, de façon subtile, une condition. Ce dernier a, en effet, supposé qu’en appelant ses frères, notamment ceux du FPI et de La majorité présidentielle (LMP) qui se sont réfugiés au Ghana et au Liberia à retourner au bercail, ADO serait prêt à annuler toutes les poursuites engagées contre eux. Le président intérimaire du FPI touche ainsi du doigt le point le plus sensible du processus de réconciliation pour lequel la justice peut constituer un obstacle. L’actuel chef de l’Etat ivoirien a, certes, promis de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité de ceux qui, comme quelques officiers de l’armée autrefois réfugiés au Ghana, accepteraient de revenir. N’empêche que le
nœud gordien du retour des exilés reste les poursuites judiciaires dont ceux-ci font l’objet.
Et Blé Goudé ! Pour avoir réussi à se sauver, lors des affrontements ayant conduit à la chute de l’ancien régime, Blé Goudé, le général de la rue et ses autres camarades en fuite ont prouvé qu’ils n’étaient pas si imprudents que cela. S’ils acceptaient de rentrer au pays, ils prendraient sans doute les précautions nécessaires en vue de ne pas être inquiétés ou de faire prendre le pouvoir en place dans son propre piège en cas de supercherie. Par ailleurs, l’on ne sait pas non plus ce que ces réfugiés ont pu fomenter comme plans pendant leur exil. La découverte d’armes détenues par des exilés ivoiriens dans un pays voisin est une information, entre autres, à ne pas négliger dans ce genre de situation. Rappelons que Sylvain Miaka Oureto est le nouveau patron du FPI. L’ancien Secrétaire général du parti, désigné à l’unanimité des membres du Secrétariat général encore en activité, a été oint par acclamations des militants du FPI qui ont pris part aux travaux du Comité central extraordinaire élargi à toutes les structures d’activités et de spécialisation. La réunion s’était déroulée le samedi 23 juillet dernier au siège du CNRD à Cocody. M. Miaka remplaçait à ce poste Mamadou Koulibaly, démissionnaire. Il assure désormais l’intérim du président Pascal Affi NGuessan, incarcéré depuis le 22 avril à Bouna par le régime du nouveau chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Par la même occasion, le Comité central extraordinaire a désigné, là aussi, à l’unanimité de ses membres, le député Laurent Akoun pour assurer les fonctions de Secrétaire général adjoint et Porte-parole du parti. Enfin, toute la direction du parti a été renouvelée et adaptée aux difficiles conditions que traverse le FPI depuis avril 2011. ●
26
27 Onésha AfriKa
MONDE brésil
Lula aux dirigeants Africains : « Cessez de baisser votre pantalon devant les Occidentaux » L’ancien président du Brésil fustige vertement l’attitude pusillanime des autorités africaines et les exhorte à se montrer plus combatives. Par Alexis Gariga K.
L
ula vient d’adresser aux Africains, et à travers eux au monde, un message d’une importance capitale. Il est temps, en effet, que ce continent se libère de l’ingérence de l’Etranger, en particulier de l’Occident, donc du néo-colonialisme, et qu’il mène luimême son propre développement. L’Afrique est riche (terre fertile, gisements..), et à cause de cela elle suscite toutes les convoitises avec à la clef, des guerres interminables. A l’heure de la mondialisation, à l’heure d’Internet, les Africains ont tous les moyens pour comprendre qu’ils doivent jeter dehors aussi bien dictateurs ou marionnettes au service de l’Etranger, que les multinationales prédatrices. Le
“
message de Lula n’est évidemment pas relayé par les Médias, alors même qu’il est d’une importance historique. L’Amérique Latine s’est (en partie) libérée de ses dictateurs et des requins
mis, utilise toutes les techniques pour satisfaire sa cupidité maladive et criminelle : bombardements, pseudos révolutions (de couleurs), destabilisations, et aussi scissions. Diviser pour ré-
Le continent africain devrait être la première puissance économique planétaire
de l’Occident, elle est en pleine croissance, et ce qu’elle a fait, l’Afrique peut le faire. A condition de le vouloir ! Par ailleurs, l’Occident qui se croit tout per-
gner, la technique machiavélique est éprouvée ! L’exemple parfait en est la Yougoslavie, avec la plus grande base militaire américaine au Kosovo, aux portes
de la Russie. Ou dans plusieurs régions du monde, comme en Afrique. Le dernier exemple est le Soudan, avec une partie riche en ressources (que pillera l’Occident) et l’autre, pauvre, livrée à elle-même. Et n’oublions pas la Côte d’Ivoire, d’abord scindée, puis réunifiée sous l’égide de l’agent du FMI, Ouattara. La Libye connaîtra sans doute le même sort. Avec mandat de l’ONU, complice des pires exactions, et au risque, une fois de plus, de porter atteinte à un Etat souverain de surcroît faisant bloc (jusqu’aux provocations de la France et de la GB) derrière un dirigeant, Kadhafi, qui a porté très haut son pays. Le cynisme de l’Occident, voulant faire croire à une opération humanitaire, est monstrueux. Les peuples doivent se libérer de leurs tortionnaires ! Et pendant ce temps, cet Occident qui utilise, lui, des armes réellement de destruction massive, projette sur la Libye des particules d’uranium appauvri qui se répandent jusqu’en Europe, via le Sirocco. Qu’attendon pour poursuivre les assassins de l’humanité ? Lula aux Africains: «… Suivant l’exemple de l’Amérique Latine, l’Afrique devrait décider de prendre sa vraie indépendance qui est aux mains des Occidentaux ». Le continent africain devrait être la première puissance économique planétaire Le continent Africain qui est riche de gisements minéralogiques et de terre fertile, aurait en effet toutes les potentialités pour devenir la première puissance économique planétaire, mais elle est encore opprimée sous la coupe coloniale des grandes puissances de la terre. Ce sont les parole de l’ex -président brésilien Lula Da Silva, qui était la semaine dernière en Guinée Equatoriale pour la réunion des chefs d’états Africains .Lula a invité les chefs d’Etat à “ouvrir les yeux” sur ce qui se passe en Afrique ces derniers mois, en Libye et en Côte d’ I voire : l’ interférenc e de la Franc e et des Etats -Unis c ons titue un
s érieux danger pour la s ouveraineté afric aine et pour les futures générations . D urant l’ as s emblée générale s ur le rôle des j eunes afric ains , une s es s ion détac hée de la réunion avec pour thème la crise libyenne, Lula a accusé les chefs africains d’être avides, assoiffés de pouvoir, de trahir leurs propres pays et surtout d’être les
“
pour l’obtention du pouvoir en Afrique, ignorant la volonté du peuple et la finalité des élections. Beaucoup de chefs d’Etat présents avaient la tête basse, à qui il a rappelé l’invasion française dans le continent noir ! La France nourrit et arme les rebelles dans les pays qui ont cessé d’être leurs colonies, avec des interférences dans les affair-
La France nourrit et arme les rebelles dans les pays qui ont cessé d’être leurs colonies avec interférences dans leurs affaires internes !
serviteurs de l’Occident, qui saccagent le continent noir et déciment sa souveraineté. La devise de ces chefs d’Etat étant “chacun pour soi, Dieu pour tous” ne portera pas loin l’Afrique. Il faut le sens de responsabilité, d’humilité, de dignité et d’unité pour bien gouverner ! Critiquant le fait que les leaders africains qui sont arrivés au pouvoir par un coup d’Etat ou par le vouloir des puissances occidentales, il a ensuite dénoncé le monopole des 5 pays du monde, ajoutant que l’Union Africaine (UA) a 1,4 milliard d’habitants...et c’est inconcevable que les USA, la France, la Chine, la Russie et la Grande Bretagne dictent la loi au conseil de sécurité de l’ONU ! Surtout que la crise économique mondiale provient des Etats-Unis. La France nourrit et arme les rebelles dans les pays qui ont cessé d’être leurs colonies avec interférences dans leurs affaires internes ! Lula a également déploré le fait que l’Union Africaine soit financée seulement par 5 pays africains et le reste par des dons occidentaux. Par conséquent, l’UA ne peut pas défendre les intérêts de l’Afrique et avoir un poids au niveau international. C’est cette même Union Africaine qui légitime les coups d’Etats, les rebellions ou actions illégales
es internes des pays africains ! C’est clair, la référence avec le cas de la Côte d’Ivoire, où Paris avec l’utilisation de la force a enlevé le président Gbagbo pour mettre à sa place Ouattara. Si pour la Côte d’Ivoire, rien n’a été fait pour arrêter le coup d’Etat, l’Union Africaine peut demander le cessez-le-feu immédiat en LIbye. En suite, est intervenu le président Jacob Zuma, un des chefs d’Etat africains qui tient tête à l’Occident, disant qu’ils n’ont pas le droit d’assassiner Khadafi. Un silence d’ombre dans la salle de l’UA où les présidents qui sont les talons de l’Occident étaient nombreux, en l’occurrence Abdoulaye Wade du Sénégal qui a séjourné à Benghasi pour reconnaître le gouvernement des rebelles , Blaise Compaoré du Burkina Faso qui a soutenu la rébellion de Ouattara en Côte d’Ivoire contre Gbagbo, Yoweri Museveni de l’Uganda qui combat les Al Shabaab en Somalie , Paul Kagame du Rwanda qui saccage pour le compte de l’Occident et puis Sassou N’Guesso du Congo Brazzaville, Idriss Deby du Tchad, Paul Biya du Cameroun, Faure Gnassingbé du Togo, Odinba Ali Bongo du Gabon et le dernier recruté qui s’est ajouté à la dépendance des “puissances de l’oppression” Allassane Ouattara de la Côte d’ivoire ! ●
28
29 ECONOMIE
MONDE Afrique du sud
“...combattre un Occident de plus
Crise financière: Les mots de la crise financière
en plus agressif”
L
Thabo Mbeki invite les Africains à combattre un Occident de plus en plus agressif Par Vicky Elongo
’implication, voire l’ingérence des puissances occidentales dans la gestion des conflits en Côte d’Ivoire et actuellement en Lybie ne fait pas l’unanimité dans l’opinion africaine. Parmi les voix qui se lèvent contre cette attitude des Occidentaux, signalons celle de l’ancien président sudafricain, Thabo Mbeki, dans une interview accordée le mois dernier au journal britannique Sunday Times. Au cours de cette interview, réalisée en perspective de la cérémonie commémorative du centenaire du Congrès national africain (Anc), créé le 8 janvier 1912, Thabo Mbeki, figure de proue de ce parti, a fustigé le comportement des Occidentaux qui se montrent de plus en plus agressifs contre les pays africains pourtant indépendants. Aussi a-t-il déclaré, à cette occasion : « En tant qu’Africains, nous avons besoin de faire notre introspection et de nous dire ce que nous devons faire pour défendre nos intérêts. La question que nous devons nous poser est : pourquoi sommes-nous si silencieux ? Ce qui est arrivé en Libye peut très bien être un signe précurseur de ce qui peut arriver dans un autre pays. Je pense que nous devons tous examiner ce problème, parce que c’est un grand désastre». Et de poursuivre : «Nous ne pouvons pas dire que nous sommes incapables d’empêcher ces pouvoirs occidentaux d’agir comme ils agissent parce qu’ils agiront de cette manière demain. Je pense que nous pouvons, pourvu que nous agissions et qu’ils voient que s’ils continuent ce type d’actions, ils rencontreront la résistance de tout le continent africain. Mais malheureusement, notre voix est trop faible et nous devons faire quelque chose pour la rendre plus forte et pour revendiquer clairement le droit des Africains de décider de leur propre avenir ». Comme on le voit, ce discours d’éveil de consciences africaines pour une réelle indépendance de leurs Etats, ne manquera pas de renforcer l’alternative, offerte jadis par les pays émergents (Chine, Inde, etc.), de la coopération sud-sud. En ce qui concerne notamment la coopération Chine-Afrique, les investissements chinois, axés essentiellement sur les infrastructures, représentent aujourd’hui 10% des investissements directs étrangers en Afrique. Toutefois, bien que définie comme une coopération win-win (gagnant-gagnant), pour se démarquer de la coopération jadis offerte par l’Occident, il sied pour l’Afrique de réfléchir sur les conséquences à long terme de ce nouveau type de collaborationCar, comme on le sait, l’Afrique, comme il en est le cas en République démocratique du Congo, cède à ses partenaires de vastes concessions minières et, cela, pour de longues périodes. ●
La tempête qui emporte les marchés boursiers depuis le 22 juillet laissera des traces dans l’économie réelle. La planète des finances est de nouveau dans la tourmente, trois ans seulement après la crise boursière de l’automne 2008. Voici les rumeurs et les mots qui font peur aux marchés. Et trembler les piliers de l’économie... Par Roya Mohsen-Khah (MFI)
Dette publique L’emprunt d’argent par les autorités publiques existe depuis l’Antiquité grecque. Il s’est accéléré au Moyen Âge avec les Italiens qui, pour payer leurs mercenaires et leurs guerres, ont emprunté des fonds à des banquiers ou des marchands. Les dettes transmissibles ont été créées par les marchands qui les diffuseront à l’étranger. Après la Seconde-Guerre mondiale, les emprunts publics serviront à financer les guerres mais aussi les plans de relance des Etats. Les dettes se renforcent avec l’apparition des entreprises. Après avoir touché les pays occidentaux les plus vulnérables - Grèce, Irlande ou Portugal -, la crise a gagné les États-Unis, première puissance mondiale. Elle menace également l’Italie et l’Espagne. La France est pour le moment épargnée. Pour stopper la contagion, les dirigeants européens et américains tentent de convaincre les marchés financiers et les investisseurs que leur
priorité est bien de juguler la dette publique. Obligations / Bons du Trésor Etats ou entreprises doivent lever des fonds sur le marché des capitaux en émettant des obligations, des titres de créances qui sont aussi connus sous le nom de « bons du Trésor ». Grâce aux obligations et aux « bons du Trésor », l’Etat s’engage à rembourser sa dette à une date précise, tout en versant chaque année des intérêts à ses créanciers qui sont des banques, des assurances et d’autres fonds... Agence de notation Au 19è siècle, les analystes commencent à évaluer les risques pris par les créanciers, ainsi que la probabilité que le créancier ne rembourse pas ses dettes. Plus le risque est élevé, plus le créancier prête à un taux élevé. C’est à un krach que nous devons la création de l’agence de notation Moody en 1909. Son créateur, l’Américain John Moody, instaure
la notation de la dette. Suivront Standard & Poor’s, une autre agence américaine, en 1916, et l’agence franco-américaine Fitch, en 1924. Aujourd’hui, S&P, la plus influente, note 126 Etats. L’agence chinoise Dagong, fondée en 1994, est la seule agence de notation non-américaine. AAA John Moody, dès 1909 adopte une grille de notation par lettre, allant de AAA à D pour la pire. Tout le monde convoite le triple A, la note du premier de la classe, le 20 sur 20, et l’assurance que l’emprunteur remboursera sa dette. L’emprunteur AAA pourra utiliser des fonds sans verser d’intérêts élevés. A l’heure actuelle chez S&P, le AAA représente la sécurité maximum. La notation compte 22 crans qui se dégradent en AA+, AA, AA-; la note BBB- équivalant à la moyenne de 10 sur 20. En-deçà de BBB-, l’investissement devient « spéculatif ». Aujourd’hui, après la dégradation de la note ●●●
30
31 Onésha AfriKa
ECONOMIE
●●● de la dette américaine de AAA à AA+, dix-huit autres émetteurs de dette souveraine conservent le sésame AAA de S&P, dont l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, le Canada, le Danemark, la Finlande, la France, le Luxembourg, les PaysBas, la Suède. Défaut Ce terme correspond à la faillite ou l’insolvabilité. Dans le jargon des financiers on parle également d’« un événement de crédit ». C’est le mot utilisé quand un pays ne peut plus servir les intérêts ou rembourser ses emprunts. Il faut se rappeler qu’après un « défaut », les investisseurs prêteront difficilement à nouveau,ou à des taux très élevés. CDS Le crédit default swap (CDS) ou permutation de l’impayé, inventé en 1994 par deux jeunes
employés de la banque JPMorgan. Ce produit financier permet au détenteur d’un emprunt de se protéger contre un éventuel défaut de son débiteur. Un CDS se contracte auprès d’un autre investisseur et c’est une sorte d’assurance qui lui permet de ré-
“
un élément de la spéculation. En voyant l’évolution du CDS, un détenteur d’obligations peut croire que les autres ont des informations qu’il n’a pas et accélérer ainsi la défiance des marchés à l’égard de l’emprunteur.
Quand on entend le mot Krach, toutes les alarmes se mettent à siffler !
cupérer l’intégralité de la somme prêtée en cas de défaut total ou partiel du remboursement de la dette. Il est possible aussi de l’acheter sans avoir d’emprunt à protéger. Géré par des acteurs du secteur bancaire et non pas par des assureurs, le CDS devient
Double Dip « Double Dip », double creux, ou encore « reprise en W » désigne une première chute du produit intérieur brut (PIB), suivie d’une reprise de croissance qui replonge avant de redémarer. Le dernier exemple a été con-
staté en 1980, par le Bureau national de recherche économique (NBER), aux Etats-Unis, suite à une récession de l’économie américaine en janvier de cette année-là, avec une reprise rapide en début de l’année 1981. Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) a profité de cette reprise pour augmenter les taux, ce qui causera la récession de l’économie américaine de juillet 1981 à novembre 1982, pour se rétablir durablement jusqu’à la fin de la décennie. La crainte d’un « double dip » est revenue au premier rang depuis le mois de juin dernier. Quantitative easing « Quantitative easing » est une
autre mesure « non conventionnelle » contre la récession. C’est la suite du « double dip », qui consiste à faire sortir une banque centrale de son rôle monétaire traditionnel pour contrer la récession. En principe, la banque centrale ne joue que sur le taux, en les augmentant avec la progression de l’inflation et en les baissant dans le cas contraire. Parfois, cela devient inopérant car en baissant les taux, il n’est plus possible de stimuler les demandes et en conséquence les investissements. Cette mesure consiste à acheter à des institutions privées ou au Trésor des actifs à long terme afin d’injecter des liquidités, en espérant qu’elles serviront à faire des crédits aux
ménages et aux entreprises. Krach Quand on entend le mot Krach, toutes les alarmes se mettent à siffler ! Ce mot, d’origine allemande fait référence à une baisse soudaine et précipitée de cours de la Bourse ou des valeurs financières. Dans la pratique, cela s’applique à une baisse des cours de plus de 20 % en quelques jours. Le mot a été utilisé la première fois en 1907 lors de la crise bancaire aux Etats-Unis, pour exprimer la chute généralisée des actions. Et, à partir du 24 octobre 1929, quand l’indice Dow Jones de la Bourse de New York s’est effondré de 22 %. ●
32
33 Onésha AfriKa
ENTRETIEN
M. André Flahaut qui a daigné recevoir la rédaction du Magazine Onésha en son cabinet, est le président de la Chambre des Représentants en Belgique. C’est un ancien ministre socialiste de la Défense. Il connait la RDC et la porte dans son cœur. Il est un des rares hommes politiques européens à passer ses vacances au Congo, pays à haut risque. Il a, dans ce pays, des amis au pouvoir et dans l’opposition. Naturellement, les élections en RDC l’intéressent. Le débat sur l’afro-pessimisme ne le laisse pas du tout indifférent. Dans cet entretien réalisé par Jean Boole, notre rédacteur en chef, il donne sa vision sur ces deux réalités. Il dit aussi comment, de façon étonnante, il a découvert le magazine Onsésha. Scrutin présidentiel à un tour et à majorité simple : pragmatisme ou tricherie ? Par Jean BOOLE
le fief du président-candidat Joseph Kabila va justement dans le sens des élections apaisées tant souhaitées par tout le monde. Alors, comment expliquez-vous, M. le président le succès indéniable de Tshisekedi au Katanga et partout où il est passé jusqu’ici ? «Tshisekedi une icône qui sait manier la communication ». Il est à la tête d’un parti qui a su s’organiser tout en n’étant pas au pouvoir. Il n’a pas joué dans cette pièce-là. Et M. Flahaut d’ajouter : « Tshisekedi comme Gizenga sont des chefs historiques ». Par contre, il balayé d’un revers de la main les rumeurs selon lesquelles, le par-
“
Pour un partenariat intelligent entre l’Afrique et l’Europe
La redaction d’Onesha reçu à la chambre des représentants belge
Un magazine sérieux
C
’est l’été ? Hélas ! Une fine pluie arrose le quartier abritant les institutions politiques belges, lorsque M. Victor Olembo, l’éditeur responsable, accompagné de sa secrétaire, gare sa voiture sur le trottoir du journal Le Soir. Là, l’attend depuis quelques minutes, le rédacteur en chef, Jean Boole. Au fait, la rédaction du magazine Onsésha est attendue par le président de la Chambre. Il est 10h, comme convenu, l’équipe rédactionnelle d’Onsésha, après avoir traversé
seulement la rue Royale, est annoncée à la réception. Pas de formalités. Les journalistes entrent dans un bureau où ils sont gentiment accueillis par deux charmantes assistantes du président de la Chambre. Ils sont installés autour d’une table ronde sur laquelle sont posées des tasses de café, bouteilles d’eau, friandise… C’est dans cette sorte de déjeuner de travail que, pendant deux heures, l’entretien va se dérouler. Habillé en costume clair et sans cravate, dès l’entrée en jeu, M. Flahaut lance : « c’est par hasard que j’ai con-
nu votre magazine. En entrant dans une librairie, quelque part à Grez-Doiceau, une vendeuse m’a présenté votre journal ». Quelle a été votre réaction, M. le président ? (Éclats de rire) « L’étonnement, C’est encore un autre journal sur l’Afrique ! Celui-ci lui est bien fait, volumineux et intéressant. Certainement, il va donner une autre vison et compléter l’analyse sur l’Afrique ». Le caractère sérieux d’Onésha, la pertinence du dossier sur le processus électoral en RDC, ont éveillé la curiosité du président de la chambre.
Tshisekedi est une icône Ce jour-là, on était au lendemain de la menace de découpler les élections, proférée par le président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda, si le parlement et le sénat ne votent pas l’annexe de la loi électorale, avant le 10 août. Interrogé là-dessus, le président de la chambre belge, dit : « ce serait une erreur magistrale, c’est un piège. Cela va ouvrir la voie aux recours, c’est dangereux, ça va créer des incertitudes ». Démonstration, il fait état de la crainte exprimée
par la Belgique via la réaction du ministre des Affaires étrangères, Steven Vanackere. C’est dans cette logique, que M. Flahaut n’a pas compris l’attitude du président de RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), Ruberwa. A son avis, le découplage de ces élections serait une bonne chose. Par contre, ce qui est normal et souhaitable, c’est suivre la logique du respect des normes, de la régularité pour des élections apaisées. Le voyage sans incident malheureux du président de l’Udps, Étienne Tshisekedi au Katanga,
ti socialiste belge soutiendrait financièrement la campagne du parti frère, l’Udps. Là-dessus, très ferme, il a dit : « non. Il n’en est pas question. Nos statuts ne prévoient pas un tel soutien ». S’agissant de la révision constitutionnelle consacrant l’élection présidentielle à un tour. L’homme d’État belge pense qu’il n’y a pas lieu de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un autre État, néanmoins, on peut suggérer le respect des décisions au peuple congolais. Quant à l’alternance, là, pas de réponse.
Afro-optimiste Les élections en Afrique au lieu d’être un moment d’espoir, elles inspirent plutôt des inquiétudes. Et de ce fait, elles font le lit de l’afro-pessimisme. Ce débat passionne M. Flahaut. Est-il Afropessimiste ou afro-optimiste ? « Je me situe du côté des afrooptimistes. Je crois que les Africains sont des optimistes ●●●
34 ENTRETIEN
et confiants, malgré ce qui passe dans la Corne de l’Afrique où des milliers de personnes sont menacées par la famine ». A ce sujet, il croit qu’il est urgent que les responsables politiques de tous les pays se mobilisent. Pourquoi ? Il faut, répond M. Flahaut, qu’il y ait des gens qui portent ce courant sinon, l’Afrique sera oubliée ou arrivera derrière. Pour lui, seul un partenariat intelligent peut épargner à l’Afrique ce genre des situations. Un partenariat intelligent repose, selon sa vison, sur le respect mutuel, la franchise, la transparence et le ●●●
“
respect des règles d’équilibre. Pour ce faire, l’Afrique a besoin de la stabilité. Pour y arriver, il faut passer par l’amélioration de
darité organisée. Comment ? Un exemple : «les mutuelles de santé en RDC, sont une illustration de l’optimisme et de solidarité
Je me situe du côté des afro-optimistes.
la gouvernance. Ainsi, les optimistes construisent par la soli-
». Il ne s’agit pas de la charité. Ces mutuelles se développent en RDC en dehors de toute logique libérale.
L’Afrique peut sauter des étapes L’Afrique, par ailleurs, ne doit pas nécessairement copier le modèle du développement occidental qui met en avant les performances économiques. En d’autres termes, le continent africain a intérêt de tenir compte de ses réalités. Le président Flahaut intègre ainsi dans son analyse le développement endogène, fait par des techniques alternatives et des petits projets locaux. En conséquence, se souvenant de l’époque où il était ministre de la Défense, il a préféré, à une occasion, l’éclairage par panneaux solaires des tentes à l’Est de la RDC que de ramener des groupes électrogènes polluant de la Belgique. En revanche, la vision libérale basée sur la responsabilisation ne peut favoriser le partenariat intelligent. Car, s’est-il demandé : «comment établir les mêmes règles de concurrence entre les économies qui n’ont pas les mêmes niveaux et les mêmes réalités ?» (Réflexion avant de poursuivre). «Le partenariat intelligent peut permettre à l’Afrique d’atteindre son développement en sautant certaines étapes que les pays occidentaux ont dû traverser». L’entretien, s’est déroulé en présence des deux jeunes assistantes du président, très attentionnées et prenant notes. La détente et la franchise étaient de mise. ●
36
37 Onésha AfriKa
dossier Elections en Afrique / rdc
Présidentielle 2011 en RDC : L’Opposition piégée ! La tenue de l’élection présidentielle 2011 en République Démocratique du Congo (Rdc), couplée avec la députation nationale, a été fixée pour le 28 novembre prochain. Ce qui ressort du calendrier du processus électoral publié, le 30 avril dernier, par la Commission électorale nationale indépendante, Ceni. Dès lors, diverses initiatives, tant sur le plan organisationnel que stratégique, sont, à tort ou à raison, entreprises au niveau des familles politiques congolaises. Scrutin présidentiel à un tour et à majorité simple : pragmatisme ou tricherie ? Par Vicky Elongo
P
armi les 8 artic l e s soumis à la révis i o n , s u r l e s 2 2 9 q u e c o mp t e l a C o n stitut i o n d e l a R D C e n vig u e u r depu i s 2 0 0 6 , u n a r t i cle, n o t a m m e n t l ’ a r t i c l e 7 1 alinéa 1, fait couler beaucoup d’encre. Contrairement à son libellé initial, qui prévoit une élection présidentielle à deux tours, cet article, révisé, stipule que désormais « le président de la République est élu à la majorité simple
des suffrages exprimés ». Cette initiative gouv e r n e m e n tale, adoptée, par les d e u x chambres, désertées à l ’ o c c a s i o n par les parlementaires d e l’opposition, et visiblement s o u t e n u e p a r l a famille politique du président sortant et candidat à sa propre succession, Joseph Kabila, est motivée par des raisons politiques, financières, ainsi que des contraintes matérielles et techniques. Du point de vue politique,
le tour unique a l’avantage de fédérer les Congolais de tous les coins du pays dès le premier tour ; alors que le scrutin à deux tours avait favorisé en 2006 une tendance de division du pays en deux blocs (Est et Ouest). Cette situation avait même débouché sur des affrontements armés ayant causé des pertes en vies humaines. Sur le p l a n f i n a n c i e r, c e t t e o p t i o n présente l’avantage, outre
d e la simplification et de la rapidité, de la réduction des coûts, étant donné les difficultés qu’éprouve le gouvernement à réunir sa part de contribution financière de l’ordre de 400 millions USD. En ce qui concerne les contraintes matérielles et techniques, les adeptes du scrutin unique se réfèrent au fait qu’il n’a pas été possible, lors de la présidentielle de 2006, d’organiser le deuxième tour dans le délai constitutionnel de 15 jours. Ce délai ayant été porté par la Cour Suprême de Justice à 45 jours. Cependant, ces différentes motivations sont loin de convaincre les membres de l’opposition, dont les parlementaires, avaient d’ailleurs boycotté les séances, tant au niveau de l’Assemblée nationale que du Sénat, au cours desquelles cette révision a été adoptée. C’est dans ce sens que s’inscrit notamment la réaction de Vital Kamerhe, ex-président de l’Assemblée nationale de la RDC et candidat déclaré à la présidentielle de novembre 2011. Au cours d’une conférence de presse tenue le mardi 4 janvier dernier, ce dissident de la famille politique présidentielle qui a créé son propre parti, Union pour la nation congolaise (Unc), a martelé que cette démarche du gouvernement à changer les règles du jeu à la veille des élections « parait (…) immorale et irresponsable » et, en plus, « frise la tricherie ». Du côté des forces vives, on peut relever cette réaction vive de l’Eglise catholique, par l’entremise de son représentant, le cardinal Laurent Monsengwo. Le prélat catholique, en réponse aux questions des journalistes, au cours d’une conférence de presse, le 5 janvier 2011, a indiqué que « Les raisons qu’on avance (ndlr : pour justifier la révision constitutionnelle), ne nous convainquent pas. Il faut se rappeler la lettre de la loi et l’esprit de la loi. Chaque loi a un esprit. Chaque législateur, en proposant une loi, vise un esprit ». Bien plus, la révision constitutionnelle a soulevé un tollé au niveau de la communauté internationale, à en croire notamment le communiqué du chef du groupe libéral au parlement européen, Guy Verhofstadt, diffusé le 7 avril, en marge de l’ouverture de la conférence de l’Alliance des libéraux et démocrates pour l’Europe, le Pacifique, l’Afrique et les Caraïbes (ALDEPAC) : « Je voudrais exprim-
er notre déception sur ce qui vient d’être décidé en RDC à propos de la législation pour l’élection présidentielle. C’est une déception pour moi personnellement mais aussi pour toute l’Afrique ». Opposition politique : à la quête de l’homme-providence Le mode du scrutin à tour unique ne semble pas pour autant dissuader les candidatures à la magistrature
“
aux yeux des observateurs de la scène politique congolaise, d’être prises au sérieux. Il s’agit notamment d’Etienne Tshisekedi, leader de l’Union nationale pour le progrès social (Udps), célèbre pour son combat mené dans les années ’90 en faveur de la démocratisation. L’autre challenger non moins important, c’est Vital Kamerhe. Ce dernier, depuis qu’il a créé son
Les raisons qu’on avance, ne nous convainquent pas.
suprême, au vu des personnages qui se sont déjà fait connaître. Outre le président sortant, Joseph Kabila, candidat à sa propre succession, deux candidatures de la famille de l’opposition méritent,
propre parti politique, l’Union pour la nation congolaise, se montre de plus en plus entreprenant sur la scène politique. En dépit de leur notoriété, ces trois présidentiables présentent des faiblesses qui pourraient, chacun en ce qui le concerne, jouer en leur défaveur. Aussi notre magazine, dans son édition du mois de mai, a-t-il scrupuleusement scruté leurs atouts et handicaps. En effet, Joseph Kabila, qui sera sans doute jugé, en tant que président sortant, en fonction de son bilan, peut, entre autres, se prévaloir : de la stabilité politique et de la pacification du pays, en dépit de quelques poches de tension à l’Est du pays ; de la stabilité monétaire, le cours du franc congolais étant relativement resté stable face aux devises étrangères ; ainsi que de l’annulation de la dette externe. Mais, le bilan n’est pas que reluisant ; car on déplore, sous son règne, des cas de violations des droits de l’homme, notamment les assassinats des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme. La situation sécuritaire, particulièrement à l’Est du pays, demeure toujours préoccupante : outre la perte des vies humaines, les filles et femmes sont continuellement violées. Sur le plan socio-économique, le programme de « Cinq chantiers » qui avance péniblement, rassure très peu. De son côté, Etienne Tshisekedi, vieux combattant pour l’avènement ●●●
38
39 Onésha AfriKa
dossier Elections en Afrique / rdc de la démocratie, est réputé populaire. Cependant, âgé aujourd’hui de 79 ans, cet opposant historique se présente en tête d’un parti, Udps, laminé et divisé. Enfin, Vital Kamerhe, qui a la réputation d’être intelligent et travailleur, qualités certes nécessaires pour tout prétendant à la magistrature suprême, est un novice dans l’opposition, au point que l’opinion a quelques doutes sur son ralliement sincère à l’opposition et, par conséquent, la sincérité de son divorce d’avec Joseph Kabila dont il a remarquablement organisé la campagne électorale en 2006. Une autre candidature non moins importante et surprenante, c’est celle de Jean-Pierre Bemba, président national du Mouvement pour la libération (Mlc). Ce dernier, ancien viceprésident de la Rdc, en prison depuis trois ans, a décidé de se porter candidat à la prochaine élection depuis le fond de sa cellule de la Cour pénale internationale (Cpi). Toutefois, malgré son gabarit, cette candidature a peu de chance d’inquiéter les autres challengers ; d’autant plus que Jean-Pierre Bemba, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis par ses troupes en République centrafricaine entre 2002 et 2003, ne sera pas probablement libéré avant la tenue de l’élection présidentielle fixée au 28 novembre 2011. /// photo Jean-Pierre Bemba///. Bien plus, étant donné que les candidats, pour participer au scrutin, doivent, au regard de la loi congolaise, s’inscrire sur les listes électorales sur place, c’està-dire en République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba se trouve légalement et de facto exclu. Soucieux de maximiser leurs chances de battre Joseph Kabila, à qui profiterait la réforme constitutionnelle de la présidentielle à tour unique, les principaux partis de l’opposition se sont mis d’accord sur la nécessité de présenter une candidature unique. Cependant, les violons semblent jusque-là loin de s’accorder. Pour l’Udps, Étienne Tshisekedi est « la seule personnalité politique » susceptible de représenter l’opposition congolaise dans la course à la prési-
Présidentielle 2011: La légitimité est-elle numérique ?
●●●
Par Jean Boole
U
dence ; au point qu’une alliance politique, « Dynamique Tshisekedi président », a vu le jour, dans le but d’aligner différents autres partis autour de sa candidature. Cette vision n’est pas partagée par toute la famille de l’opposition, comme le prouve la naissance de la plate-forme « Alternative Vital Kamerhe », formée de différents partis politiques et associations, avec
comme finalité, entre autres, de soutenir la candidature de Vital Kamerhe à la présidentielle 2011. Par ailleurs, l’équation de la candidature unique de l’opposition se trouve compromise par la liste des présidentiables qui ne fait que s’allonger au jour le jour, surtout lorsqu’on sait qu’il y a des candidatures encore non dévoilées ou méconnues. ●
n, deux, trois… Combien seront-ils de l’opposition face à Joseph Kabila ? Les jours passent vite et Kinshasa, capitale politique et siège des institutions de la République, vit au rythme des congrès de partis politiques afin de désigner leurs candidats à l’élection présidentielle. A l’exception du Palu (Parti Lumumbiste Unifié), ancien membre de la majorité présidentielle, qui a déclaré forfait plus pour de raison de moyens et des déchirements internes que de fidélité au président sortant, toutes les grandes formations ont, au terme de leurs congrès, révélé les noms de leurs candidats. Léon Kengo du haut de ses 75 ans pour l’Union des Forces du Changement – UFC, qu’il vient de créer. Cas insolite, JeanPierre Bemba depuis La Haye pour le Mlc (Mouvement pour la Libération du Congo). Bien avant, L’Udps (Union pour la Démocratier et le Progrès Social), sans atermoiements, a désigné son leader historique, Etienne Tshisekedi Wa Mulumba. L’Unc a jeté son dévolu sur son fondateur, Vital Khamere. Premier renseignement à tirer, c’est que le tour unique apparemment ne déc ourage pers onne. A quoi s ervi les j outes d’alors ? Au moment de la révision constitutionnelle, d’aucuns ont accus é l e p r é s i d e n t K a b i la de vouloir se maintenir a u p o u v o i r.
Pas de signe égal entre le chiffre et la légitimité Veut-on faire croire que la crainte du tour unique est en train de changer de camp ? Si c’était à refaire, un observateur répond à la place du président Kabila qu’il ne le ferait pas. Explication : la légitimité n’est pas une question de chiffre. C’est surtout l’adhésion conséquente à un projet porté par un homme. Un candidat qui présidera au destin de la République Démocratique du Congo (RDC) ne devra pas se contenter seulement du fait de sortir premier quelque soit le score. Non. Que signifie, en terme de légitimité, 30 % sur plus de 30 millions d’électeurs ? Faites le calcul ! Gageons, quel candidat, au vu des alliance s qui s e font e t s e défont, de l’ins tabilité de l’ élec torat, peut faire plus de 45% des voix ? Au-delà de c ette as s uranc e affic hée, en réalité, il y a la peur de perdre qui s ’empare de tous les c amps (pouvoir et oppos ition). A en c roire le s ec rétaire général de l’Udps , Jac quemin S habani, l’oppos ition aura un c andidat. Celui-là s era Ts his ek edi. Le c andidat fédérateur et de tous c eux qui s ont pour le c hangement, s elon la « D ynamique Ts hs ek edi prés ident ». Mais l’intéres s é touj ours égal à lui-même s e pos itionne d’abord c omme le c andidat de l’ Udps . Les autres n’ ont qu’ à venir le rej oindre.
Match à mi-temps unique Dernièrement, lors de sa première sortie officielle, Kengo wa Dondo appelle à la candidature unique de l’opposition. Toutefois, sans penser à lui-même. Une stratégie très floue. Le candidat Kamhere, dans son coin, prend la température. Il évalue ses chances. Les appels du pied des amis internationaux de Tshisekedi ne le laissent guère indifférent. Jean-Pierre, quant à lui, sait Bemba sait que son heure n’est pas encore venue. De son côté, Oscar Kashala, en dépit de son score honorable en 2006, sa longue absence du pays devient pour lui aujourd’hui un handicap. A l’évidence, au sein de l’opposition, il existe une réelle difficulté pour désigner un seul candidat capable de prendre la mesure du président Joseph Kabila. En effet, d’autres stratégies sont concoctées, par exemple un éventuel report. Ce qui se traduit par des multiplications des obstacles venant de toutes parts par rapport au déroulement du processus électoral. Donnant ainsi du fil à retordre à la Ceni. Cependant, personne n’ose parler du report même si tout le monde y pense tout bas. Pareil, dans le camp du pouvoir. Qui a vraiment intérêt à jouer ce match à mi-temps unique sans être sûr de le gagner ? Si malgré tout ce match se jouait, la contestation serait inévitable. ●
40
41 Onésha AfriKa
dossier Elections en Afrique / cameroun
Washington attend des
élections crédibles
La secrétaire d’Etat Hilary Clinton voudrait des élections crédibles au Cameroun
Incontestablement, 2011 aura été l’année la plus riche en élection en Afrique. Une vingtaine d’élections ont été prévues pour cette même année. Certaines ont été organisées tant bien que mal. Il en reste encore sept qui doivent se dérouler dans les trois mois. Notamment en Mauritanie, au Cameroun et au Libéria, où Mme Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente en Afrique qui briguera son second mandat, au mois d’octobre. Et en RDC, au mois de novembre.
Par Idriss Linge
L
’administration américaine a fait savoir dernièrement q u ’ e l l e était particulièrement attachée à l’organisation d’élections libres et équitables au Cameroun, parlant des élections présidentielles attendues pour le mois d’octobre prochain
au plus tard. « Les Etats-Unis restent engagés à souten i r le Cameroun dans sa volonté d’améliorer la gouvernance, la démocratie et l’Etat de droit. Nous espérons en cela que le peuple camerounais puisse participer cette année (2011) à des élections libres, équitables
et crédibles », peut-on lire dans la lettre écrite par Hilary Clinton dans le cadre du traditionnel échange de vœux diplomatique à l’occasion des fêtes nationales. Bien que les termes soient très polis et courtois, de nombreux analystes présentent cette mention comme un avertissement. «
Si l’Amérique écrit à la France ou l’Allemagne, elle ne lui dira pas qu’elle espère des élections crédibles, parce que les Américains considèreront que c’est un acquis pour le peule français. Lorsque l’administration de Barack Obama précise ainsi sa position, c’est qu’elle est consciente d’une façon ou d’une autre, qu’il existe un fort risque de manipulation des élections au Cameroun, comme dans beaucoup d’autres pays africains d’ailleurs », analys e Rodrigue Bana, observateur politique. Cette nouvelle position américaine n’ira peut-être pas jusqu’à provoquer l’incident diplomatique, mais le mes s age es t pas s é. Au mois de mars 2011 dernier, des remarques de l’administration
américaine lors de la remise d’un prix à la journaliste camerounaise Henriette Ekwe avaient provoqué le désaccord de Yaoundé et l’ambassadeur Robert P. Jackson avait été appelé au ministère des relations extérieures.
Une crainte justifiée dans une certaine mesure A cinq mois de l’élection présidentielle, la candidature de Paul Biya, président depuis 29 ans, n’a pas encore été confirmée. Dans son parti, on multiplie des appels à se présenter, et on valide sa candidature à coup d’interprétations des textes régissant le parti et des productions de livres et motions de sout-
ien l’appelant à se présenter. Mais à 78 ans aujourd’hui, le président Biya maintient encore le mystère. La mise sur pied d’ELECAM a fait l’objet de vives critiques et de vifs débats. Au mois de mars dernier, la loi la régissant a changé, mais peu de concessions ont été faites à l’administration par rapport aux revendications de l’opposition. En 2008, contre la volonté d’une bonne partie du peuple, Paul Biya avait accédé à la demande de modification de la constitution, lui permettant de briguer un autre mandat. Des élections qui souffrent déjà de contestations. Plusieurs partis de l’opposition critiquent le fait que l’organe en charge de la gestion des élections ait peu d’autonomie et un pouvoir limité. ●
42
43 Onésha AfriKa
politique ANGOLA
Cabinda, éternelle préoccupation…
gouvernement de Luanda et des interventions particulièrement musclées de l’armée angolaise. Dans un cas comme en mille, les Cabindais armés sont toujours disséminés sur le petit territoire de 10 000km² ; alors qu’en Angola même, la guerre civile est ter-
loin moins important. Le pétrole dont le Cabinda fournit à lui tout seul près de 65 % de la production globale est la pomme de discorde. Pour mieux comprendre l’enjeu politique et économique du conflit, il faut commencer par décrypter l’état de la situation
minée depuis bientôt 10 années. A un certain moment le fractionnisme cabindais consécutif à une gue-guerre de pouvoir entre les militaires et les dirigeants civils du mouvement indépendantiste a permis de penser que la guerre des ego a pris le dessus sur les enjeux qui se profilent à l’arrière-plan du conflit angoloangolais ou angolo-cabindais, vieux de près de quarante ans. La fusillade par les partisans du Flec-Am (Front de Libération de l’Enclave du Cabinda – Action militaire) contre un bus comprenant les joueurs de l’équipe nationale du Togo venue disputer les matches de la Coupe d’Afrique des Nations 2010, a dessillé les jeux de plus d’un. Les Cabindais n’ont donc pas dit leur dernier mot. Le véritable enjeu du dossier cabindais Comme souvent, l’argent du pétrole est ici le nerf de la guerre. Certes, le pays produit également du diamant mais son apport dans le budget en devises est de
économique dans l’ensemble angolais et les implications au Cabinda d’un climat politique qui se durcit tels que l’ont montré les derniers développements de la réforme constitutionnelle. L’économie angolaise est marquée par les années de guerre civile. Elle s’est relancée en 2002. Elle reste une économie pauvre et de structure peu avancée. Le secteur primaire emploie 85% des actifs pour 8% des richesses créées. Sept angolais sur dix vivent sous le seuil de pauvreté, ce qui est symptomatique des efforts à fournir encore à effectuer dans ce domaine. Le revenu par habitant demeure l’un des plus faibles au monde. Environ 50% des actifs sont soit au chômage soit sous-employés. La croissance est élevée ; celle du PIB s’est élevée à 26% en 2006. Elle est tirée par le pétrole et le diamant. Pourtant, la manne pétrolière n’a pas réussi à tirer l’ensemble du pays de son état du sous-développement. En 2008, les indicateurs montrent
Par Cyrille Momote Kabange
A
la charnière de l’Afrique centrale et australe, l’Angola plante ses contours en forme d’un hexagone mal dégrossi. En effet, ses limites géographiques sont circonvenues dans un contexte historique partagé, depuis les conférences de Berlin et de Vienne, par presque tous les pays africains ; sauf que pour l’Angola, le tracé frontalier manque d’homogénéité. Il y a eu bien de bizarreries dans les conséquences du dépeçage colonial en Afrique. Par exemple, la Gambie est encastrée dans le Sénégal. Cette enclave est cependant différente de celle du Cabinda. D’abord, Banjul n’est pas prise en sandwich entre deux Etats ; ensuite, le pays a accédé à l’indépendance séparément de Dakar. Ce n’est pas le cas du Cabinda. Par un jeu diplomatique abscons entre la France, l’Angleterre et le Portugal, la Belgique de Léopold II exige et obtient un débouché sur l’Océan Atlantique au prix de la perte pour le Portugal des territoires au nord de l’Angola. On lui permet cependant de garder le protectorat de Cabinda dont les souverains se sont mis par l’acte de Simulambuco, quelques années auparavant, sous la protection du roi lusitanien. Il s’en est suivi le saupoudrage territorial que l’on connaît et qui est la source de l’irrédentisme cabindais. Proclamé à l’indépendance de l’Angola en 1975 comme une province faisant partie du territoire angolais, l’allusion est aussitôt contestée par les indépendantistes en utilisant deux éléments clés. D’une part, le Cabinda jouxte à la fois la Ré-
publique Démocratique du Congo et le glacis forestier de Massabi au Congo-Brazzaville. Le relief ne présente aucune limite physique avec l’Angola. D’autre part, la protection demandée par les souverains cabindais, lors de la signature du traité de Simulambuco, s’est effectuée d’une manière qui ne permettait pas de lier le destin de l’Angola à celui du Cabinda. Déjà à l’époque où les nationalistes angolais commençaient la lutte armée pour l’indépendance, les indépendantistes constit-
uaient avec l’appui des deux Congos, des Etats-Unis et de la France, le Front de Libération de l’enclave du Cabinda (Flec), en 1963. Carte de l’Angola en Afrique centrale et Australe Depuis lors, le Flec est devenu comme Protée, de la mythologie grecque, insaisissable. Parallélement à la guerre civile angolaise qui a duré 27 ans avec ses péripéties en dents de scie, les méthodes de lutte des révoltés cabindais ont évolué au gré des tentatives de récupération du
que l’Angola possède l’une des plus faibles espérances de vie du continent, un système éducatif très insuffisant et que la fracture entre riches et pauvres ne fait que s’agrandir Sur le plan politique, les rumeurs persistantes sur le népotisme et la mauvaise gouvernance de l’Etat, ont durci les attitudes des dirigeants gouvernementaux qui ont multiplié les actions de quadrillage des populations sans oublier les opérations de marketing politique en direction de l’étranger. Dernièrement une réforme constitutionnelle sur le mode du scrutin présidentiel (le président n’est plus élu au suffrage universel mais désigné à la suite d’élections parlementaires remportées par sa liste). Quand on sait que le parti au pouvoir (MPLA) est là depuis bientôt 36 ans, on comprend l’habileté de la manœuvre. A cette allure, l’hypothèque que représente un Cabinda réfractaire à l’idée d’être le laissé pour compte de l’Angola sans possibilité de négocier quelque forme d’autonomie que ce soit même si l’application du principe d’autodétermination des peuples de l’ONU s’est toujours heurtée en Afrique, à la sacro-sainte loi du non changement des frontières héritée de la colonisation, ne sera pas levée de sitôt. Les Cabindais auront toujours beau-jeu et beaucoup d’oreilles attentionnées pour les écouter en présence de certains dénis démocratiques et des chiffres qui les hérissent au sujet de l’importance faramineuse de la production angolaise de pétrole et les retombées sociales très disproportionnées : réserves de pétrole prouvées (9 milliards de barils), extraction (1,91 millions de barils par jour en 2008), consommation intérieure (seulement 56 040 barils par jour en 2008, le reste pouvant être exporté). Alors, le Cabinda, chancre mou de l’Angola ? Sûrement. Sauf si par un aggiornamento résolument tourné vers la recherche de l’intérêt supérieur de l’Angola, les responsables politiques vont au-devant de préoccupations des populations pour une meilleure gestion des ressources au profit de tous les Angolais, y compris les Cabindais. ●
44
45 Onésha AfriKa
société Tunisie
Tunisie:
Un non-lieu de l’information !
celui qui est complice de la dictature. La purge n’a pas eu lieu; pour l’instant, c’est encore l’impunité qui fait loi, qui fait foi, dans les médias d’une Tunisie qui se cherche une voie. Faire table rase du passé sans mentionner les responsabilités du qui a fait quoi, pourrait encore jouer un mauvais tour à un quatrième pou-
ire une idée quant à la circulation et à la présentation de l’information aux récepteurs, d’autant plus que ce rendez-vous médiatique attire, selon le dernier sondage de l’agence SIGMA, 40.4% de taux d’audience, soit près de 4 millions de téléspectateurs. Du temps d’Abdel Waheb Abdallah, bourreau de l’information
Propagande, récit, ciseaux d’Anastasie, désinformation, corruption, amateurisme, omerta..., tels seraient les maux et les choses autour desquels on bâtissait une information verticale dans la kleptocratie de Ben Ali. Pris de cours par une révolution inespérée, les médias tunisiens peinent à se refaire une crédibilité à la hauteur d’une notion nommée liberté d’expression. Le carcan du mythe de l’autocensure pèse toujours autant, les séquelles sont encore visible donnant lieu à une information dans tous ses états. Et pourtant, les avatars de la profession espèrent toujours porter la plume dans la plaie au moment même où l’ordre du discours du maître a laissé la place à une nouvelle langue encore plus dure à déconstruire parce que subtilement codée et mise en scène.
L
“
La purge n’a pas eu lieu; pour l’instant, c’est encore l’impunité qui fait loi
Par Ismael Majdi
a mémoire obligée retiendra ses images des chaînes de TV tunisiennes chassées par des jeunes étudiants rebelles et privées de couvrir le Sit-in de la Kassbah II. L’histoire gardera la trace du rôle des réseaux sociaux comme médias alternatifs dans le désordre révolutionnaire tunisien. L’archive documentera le pardon des médias locaux, prononcé dans la chaîne « Al Wataniya », pour le peuple tunisien, et qui aura été la seule satisfaction d’un mea-culpa qui tardait à venir. Depuis, on a
dissidentes, est devenu exception, sauf qu’il est de la règle de vouloir la mort de l’exception. Car, malgré le changement opéré dans le discours, la parole officielle reste performative dans une chaîne qui se doit d’être au service de l’intérêt général et non de l’Etat. On peut facilement par des procédés de cadrage des intervenants dans le JT, par la mise en récit, ou par des incrustations de texte ou d’image, dévaloriser une parole qui dérange, et en magnifier une autre. La mise en scène du JT tunisien
l’impression que seule la forme a changé, l’au-delà des choses même reste une utopie pour des médias habitués à l’instrumentalisation à outrance. Certes, les langues ont fini par se délier, les tribunes ont foisonné, de nouvelles stations de radios ont commencé à émettre, sauf que la dialectique fait défaut et semble être bafouée par des faux semblant de débats auxquels les tunisiens n’y croient pas vraiment. Certains pensaient que l’assainissement du secteur la presse serait un mal nécessaire pour tourner la page et mettre fin à l’impunité des plumitifs qui
se faisaient plus royalistes que le roi dans les journaux de caniveau. Cependant, cette remise en question par l’intermédiaire de la justice a pris des airs de règlement de comptes, où tout le monde menace de balancer tout le monde, où tout le monde se la joue plus révolutionnaire que tout le monde, où tout le monde accuse tout le monde sans véritable preuve, juste pour se laver de l’affront. Dans cette anarchie, la mémoire empêchée au sens de Paul Ricoeur, verse dans l’oubli, dans le déni d’un silence, celui des uns et des autres,
voir qui n’en est pas encore un en Tunisie, mais qui serait le baromètre d’une phase transitoire qui se veut démocratique. En effet, cet apprentissage de la démocratie par des médias en transformation passerait d’abord par la formulation d’interrogations pour le moins légitimes : Qu’en est-il de la qualité et de l’accessibilité de l’information dans cette Tunisie post-révolutionnaire ? Les gouvernants accepteraient-ils cette liberté de ton, peuvent-ils jouer le jeu de la démocratie en admettant la critique ? A voir le JT de 20h de la télévision tunisienne, on pourrait se constru-
et éminence grise en la matière auprès du sérail de Carthage, la notion de la pyramide inversée dans l’agencement de l’information au JT était absente au détriment de la seule visibilité qui vaille, celle du président déchu Ben Ali. L’information était caractérisée par sa redondance, son manque de recul ayant comme source, des communiqués préparés à l’avance par l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure. Cet « Ainsi soi-t-il » venant de l’audelà du pouvoir, était la règle. On croyait que le JT révolutionné, qui a ouvert son espace-temps aux paroles
post 14 janvier n’est pas anodine, elle codifie la propagande de l’Etat en la rendant plus subtile, grâce à un perfectionnement du leurre par l’instauration d’un simulacre de diversité d’opinion. Sur un autre plan, on déplore un retour en force de la censure assorti des vieilles pratiques qui consistent à tabasser et à gazer les journalistes venus couvrir des sit-in pas au goût du gouvernement provisoire. Il n’y a qu’à voir le traitement qui a été réservé à nos confrères, lors de leur tentative de relayer les évènements qui se sont récemment déroulés concernant le sit-in de la « Kassbah III », au point que le syndicat de la télévision nationale a dénoncé ce qu’il appelle « la politique du fait accompli et la terrorisation des journalistes ». En dépit de ce sinistre état des lieux, l’espoir prévaut quant à la renaissance d’une presse digne de ce nom, ayant un code de conduite et une éthique à même de l’ériger à sa juste place, « in médias res ». En attendant de voir les médias tunisiens sous d’autres cieux, c’est le réseau social de Mark Elliot Zuckerberg, qui fait office de média alternatif dans ce non-lieu de l’information. ●
46
47 Onésha AfriKa
société rdc
50 femmes violées par heure! lation totale. Tous les c hiffres proviennent de s ervic es de l’ adminis tration c ongolais e as s is tés par des bailleurs de fonds internationaux. Les univers itaires c ons tatent que les violenc es s exuelles s ont largement répandues en-dehors des zones de guerre de l’es t du pays , où différents groupes armés s ont res pons ables de milliers de viols . La provinc e de l’ Equateur, à plus de 1000 k m des attaques de groupes rebelles du K ivu, figure ains i
“
maintenant la chose est possible, et donc il est tout à fait normal que nous ayons connaissances de cas qu’il ne nous était pas possible de connaître avant », a déclaré monsieur Mende. Les Nations unies émettent des doutes quant aux résultats de la recherche. La responsable de l’équipe de l’ONU chargée de la lutte contre les violences sexuelles en RDC, Beatrix Attinger Colijn, juge que les auteurs se sont fondés sur un échantillon trop petit et n’ont pas assez pris en compte les facteurs
l’augmentation des statistiques sur les viols relève plus des progrès dans leur signalement que d’une montée de la violence
Plus de 400 000 femmes sont violées chaque année, selon une étude de chercheurs américains. Par Ariane Nkoma
L
e s v iols q u i se m u ltip lie n t a u jou r le jou r a u C on g o- Kin sh a sa on t a ttiré l’a tte n tion d ’u n e é q u ip e de c h e r c h e u rs a m é rica in s. C e s d e r n i e r s on t m e n é u n e é tu d e q u i r é v è le q u ’e n v iron 4 0 0 0 0 0 fe mme s son t v iolé e s ch a q u e a n n é e en R é p u b liq u e d é m ocra t i q u e du C on g o ( R DC ) , soit p l u s d e 1 1 5 0 p a r jou r e t p rè s d e 5 0 pa r h e u re . Le s ch if f re s p u b l i é s le m e rcre d i 1 1 m a i
d a n s T h e A m e rica n Journal of Pu b lic He a lth , son t 26 fois p lu s é le v é s q u e l’e stimation de l’O NU q u i f a it é ta t d e 16 000 v iols p a r a n n é e e n R DC. S elon l’é tu d e , e n v iron 6 0 % des vic tim e s son t v iolé e s p a r leur c onjoin t. « Notre é tu d e c onfirme q u e le s p ré cé d e n te s é tudes s ur le s v iols e t le s v iole nc es s exu e lle s sou s- e stim a ie nt gravem e n t la p ré v a le n ce réelle des v iole n ce s se xu e lle s e n RD C », a d é cla ré A m b e r Pe te rman, prin-
c ipale auteure de l’ étude. Les c herc heurs s e s ont bas és s ur des s tatis tiques médic ales de 2006 et 2007, portant s ur 3400 Congolais es réparties s ur tout le territoire. À partir de c es données , ils ont tiré des c onc lus ions à l’éc helle nationale. Les c herc heurs ont extrapolé les rés ultats d’une enquête de s anté menée en 2007 auprès de 10000 femmes âgées de 15 à 49 ans en les c ombinant à des es timations de la popu-
parmi les plus touc hées . Les scientifiques américains de l’étude remarquent que leur estimation, qui porte sur tout le territoire national, est bien supérieure. Ils constatent également qu’un nombre encore plus important de femmes rapportent avoir eu des relations sexuelles forcées avec leur partenaire habituel. Ces conclusions rejoignent celles d’autres études récentes, selon lesquelles les violences sexuelles ne sont plus seulement des faits de guerre mais se répandent aussi dans la société congolaise. Cependant, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende estime que l’augmentation des statistiques sur les viols relève plus des progrès dans leur signalement que d’une montée de la violence. « Là où il n’était même pas possible aux victimes de faire enregistrer un cas qui leur est arrivé,
culturels. Elle estime par ailleurs que des statistiques vieilles de cinq ans ne sauraient refléter la situation actuelle. Depuis plusieurs années, la RDC, qui compte 70 millions d’habitants, est déchirée par la guerre depuis plusieurs dizaines d’années. Les milices utilisent les violences sexuelles contre les civils comme une arme de guerre. Dans le Nord-Kivu, la province la plus éprouvée par les conflits, 67 femmes sur 1000 ont été violées au moins une fois, selon l’étude. Les auteurs de l’étude recommandent par ailleurs que les futures politiques de lutte contre les violences sexuelles soient étendues au-delà des zones de conflits armés et s’attaquent à leur acceptation par la société. ●
48
49 musique culture
CULTURE livres
La voix d’une femme ● Marie Nzigamye Hymne pour la paix au Burundi Tout Burundais, tout Africain, bref, tout le monde épris de paix devrait lire « La voix d’une femme », une sorte d’hymne à la paix au Burundi, écrit par Marie Nzigamye avec la collaboration de son amie Necellata Sunzu. Ce livre préfacé par Louis Michel, ancien ministre belge des Affaires étrangères et ancien Commissaire européen en charge de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, pouvait porter également ce titre : Ensemble pour la paix au Burundi, appel d’une femme. Pourquoi ? Pour deux raisons. D’abord, dans le registre des solutions susceptibles de ramener la paix au Burundi, l’idée de dépassement des clichées ethniques n’a jamais été soulignée avec autant de force. Surtout le dépassement de l’antagonisme hutu-tutsi. Ensuite, rarement, on a vu une initiative de cette importance venir d’une femme. C’est pourquoi, cet appel d’une femme à la paix mérite d’être souligné. « La femme bien élevée ne pouvait exprimer ses idées en public ». Comme le suggère un proverbe burundais et qui dit : »La poule ne peut chanter tant qu’il y a des coqs ». En effet, Mme Nzigamye a brisé ce tabou dans l’espoir d’apporter sa contribution à la construction d’une paix durable dans son pays. Ces réflexions et tant d’autres aussi courageuses et pertinentes les unes que les autres se trouvent dans ce livre de 167 pages. On y trouve une analyse implacable de l’histoire politique du Burundi, au travers des régimes successifs, après la fin de la monarchie. L’auteur dans une lucidité incroyable, démontre l’inefficacité des accords de paix d’Arusha et leurs conséquences. Auparavant, dans un chapitre très fouillée, Marie Nzigamye parle de la naissance et de l’aggravation de ce qu’on appelle au Burundi l’amacakubiri pour désigner la division, insiste-elle néfaste de la population sur base ethnique. Conséquemment, la solution idéale, concluent-elle, est l’éradication de l’ethnisme. Pour cause, « si on admet qu’une ethnie est groupe humain de structure familiale, économique et sociale homogène, de langue et de culture communes, on constate déjà que le terme est inadéquat pour désigner les groupes antagonistes au Burundi », p. 115. Enfin, des illustrations merveilleuses qui clôturent le livre inspirent un sentiment d’espoir et permettent de rêver. La paix au Burundi sera un jour une réalité. ● Par JB
Pratiques journalistiques en temps de crise Vers une éthique atypique dans la presse congolaise ● Vicky Elongo Lukulunga « ( … ) L e ch e m i n e m e n t , l e n t e t d i f f i ci l e , des jour nal i s t e s , e n q u ê t e d e l a r e co n n a i s s a n ce de l ’ i denti té s p é ci f i q u e d e l e u r m é t i e r e t d o n c d e l a consti tuti on d e l e u r p r a t i q u e e n u n e p r o f e s s i o n à p ar t enti èr e, a d é jà é t é o b s e r v é e t d é cr i t d a n s d e mul ti pl es esp a ce s , e s s e n t i e l l e m e n t e n E u r o p e e t a u x Etats- Uni s. L’ o r i g i n a l i t é d e ce t o u v r a g e r é s i d e d a n s l e fai t que s o n a u t e u r é t u d i e ce s p r a t i q u e s d a n s l e cadr e par t i cu l i e r d e l a R é p u b l i q u e d é m o cr a t i q u e du Congo ( R d c) , v a s t e p a y s d ’ Af r i q u e ce n t r a l e d ont l ’ hi stoi r e m é d i a t i q u e d e m e u r e m é co n n u e . A n cr é e dans cette é t u d e d e ca s , l a r é f l e x i o n q u e p r o p o s e Vi ck y El ong o p e u t t r o u v e r u n e r é s o n a n ce d a n s d e nom br eux p a y s v o i s i n s e t m ê m e à l ’ é ch e l l e d u co n ti nent, tant ce r t a i n s p h é n o m è n e s q u ’ i l d é cr i t s e r e t rouv ent dans d ’ a u t r e s co n t e x t e s . To u t e s l e s g r a n d es questi ons r e l a t i v e s à l a co n s t i t u t i o n d u jo u r n a l i s m e en tant q u e p r o f e s s i o n s o n t i ci é v o q u é e s . ( … ) M a i s l a q u e s t i o n cr u ci a l e q u i s e p o s e al or s est l a s u i v a n t e : l e m é t i e r d e jo u r n a l i s t e , t e l qu’ i l se dessi n e a u t r a v e r s d e s p r i n ci p e s e t d e s r è gl es i ssus de ce e f f o r t n o r m a t i f e x t e r n e e t i n t e r n e , e s t - i l v r ai m ent a p p r o p r i é à l a d y n a m i q u e i n t e r n e d e s m édi as congol a i s , d a n s u n co n t e x t e co m p l e x e q u e l ’ auteur qual i f i e d e ‘ ’ cr i s i q u e ’ ’ ? Po u r y r é p o n d r e , Vi ck y E l o n g o ( … ) i n v i t e à confr onte r, d e m a n i è r e s y s t é m a t i q u e , l e s r é f é rents i denti t a i r e s e t v a l e u r s p r o cl a m é e s q u i s o u s - tendent l es d i f f é r e n t e s n o r m e s jo u r n a l i s t i q u e s e x pl i ci tes av ec l e s p r a t i q u e s o b s e r v é e s s u r l e t e r r a i n . Un r ecensem e n t t r è s d é t a i l l é d e co m p o r t e m e n t s q ue l ’ on peut d é s i g n e r p a r l e v o ca b l e g é n é r a l d e ‘ ’ co upage’ ’ per m e t d e m e s u r e r à q u e l p o i n t l a p r a t i q u e pr ofessi onn e l l e s ’ é ca r t e d e s p r i n ci p e s q u e l e s jour nal i stes co n g o l a i s o n t e u x- m ê m e s f i x é s d a n s l eur code de déontologie. Po u r s u i v a n t s a r é f l e x i o n , l ’ a u t e u r n e s e l i m i te pas à m e t t r e e n é v i d e n ce ce t é ca r t , i l d é m o n tr e, et c’ est l à l ’ a s p e ct l e p l u s n o v a t e u r e t i n t é r e s sant de son é t u d e , q u e l e s p r a t i q u e s s ’ i n s cr i v e n t si m pl em ent d a n s u n a u t r e o r d r e m o r a l ( … ) » ( E x t r a i t de l a Pr éf a ce d e M a r i e - So l e i l FR E R E ) D e f o r m a t i o n i n t e r d i s ci p l i n a i r e ( D o cteur en I nf o r m a t i o n e t C o m m u n i ca t i o n / U n i v e r s ité Li br e de B r u x e l l e s , M a s t e r e n G o u v e r n a n ce e t Dév el oppem e n t / Un i v e r s i t é d ’ A n v e r s , D i p l ô m é d’ études sup é r i e u r e s e n P h i l o s o p h i e / Un i v e r s i t é ca thol i que du C o n g o ) , l ’ a u t e u r, Vi ck y E l o n g o L u k u l u n ga ensei gne à l ’ Un i v e r s i t é d e K i n s h a s a . ● Editions Universitaires Européennes, 2011, 224 pages.
Irma & Mélissa Nkonda,
les nouvelles voix «lointaines» du Cameroun Par Alix Fetué
Une et plurielle Depuis plusieurs mois, elle fait le buzz. Tant sur internet que sur les chaines de télévisions, de même que les radios qui se la discutent, comme pour se vanter d’avoir un temps soi peu participé à son succès. Taille fine, jambes effilées, large sourire, son traditionnel chapeau à la tête, sa guitare toujours à l’épaule…, Irma Pany ne passe désormais plus inaperçue. On ne l’arrête d’ailleurs plus. Son profil facebook affiche une vingtaine de concerts en moins de trois mois dans des salles françaises, photos à l’appui. Et Youtube se charge des vidéos. A vrai dire, c’est l’une des jeunes artistes qui tournent le plus à l’heure actuelle en France. Elle promène le timbre de sa voix douce et perçante pour partager sa musique, ce somptueux mélange de soul, RnB et de pop-folk, guidé par des notes de guitare sèche dont elle seule a le secret. Dès les
premières notes, sa musique séduit, de part cette façon à elle d’amener ses textes. Et les mélodies alors ! Cosmopolite à souhait. Irma, comme bien d’autres de ces « nouvelles voix », est à la fois singulière et plurielle. Dans le sillage de la nigériane Ayo, elles sont désormais nombreuses ces jeunes africaines sur la route du monde. Asa (nigériane), Inna Modja (d’origine malienne), l’Allemande Mariama (née à Freetown en Sierra Leone)…, elles défendent chacune un univers particulier, mais partagent bien plus que l’on peut croire. Leurs idoles par exemple. Petites, elles ont été influencées par Michael Jackson, Prince, Marvin Gaye, Ella Fitzgerald, Miriam Makeba, Bob Dylan ou encore VV Brown. C’est par cette dernière que jurait justement l’ autre Camerounais e de ces « nouveaux talents », Melissa Nkonda, jusqu’à ce qu’elle obtienne d’elle un duo dans son premier album sorti début 2011.
Comme des éclairs C’est très rapidement qu’elles ont gravi les marches du succès. Leurs « success story » sont passionnants, et l’on peut même dire trop, pour le cas d’Irma. Partie poursuivre ses études en France en 2003, elle avait quinze ans, la jeune native de Douala et originaire Bangangté dans la région de l’Ouest, se fait connaitre, grâce à une vidéo « faite maison » postée sur Internet. Ce qui n’était jusque-là qu’un simple jeu de guitare-voix se transforme très vite en une grosse alerte. Le label français My Major Compagny réussit en deux jours à collecter, grâce aux dons des internautes, les 70 000 euros nécessaires pour la production. Un record jusqu’ici inégalé. Mais déçue par la qualité du produit fini, Irma, travailleuse acharnée malgré son jeune âge, décide de tout réenregistrer. Le résultat est disponible depuis février dernier : « Letter to the lord ●●●
50 CULTURE musIQUE
», un album osé et humble à la fois, qui décrit comme jamais la jeune autodidacte, sans être autobiographique. Ses textes, avec une pointe d’humour, raconte ses amours, ses joies, ses déceptions, sa famille (ses parents résident à Bonanjo à Douala)… Pour Melissa Nkonda, l’auteur du titre à succès « Nouveau horizons », partie pour s’accrocher durablement aux ondes, la belle histoire part aussi d’Internet. Après un « passage échec » dans l’émission la « Nouvelle Star » en 2009, non pas à cause d’une de ses performances vocales, mais en raison d’une tenue vestimentaire qui lui avait valu une remarque désobligeante d’un mem-
●●●
bre du jury, la jeune algérienne de mère et camerounaise de père s’inscrit au concours « Je veux signer chez Zeitoun » lancé par Valérie Zeitoun, ex juré de « Popstars ». Mélissa l’emporte ex-aequo avec un autre jeune chanteur, Victor Le Douarec, et rentre en studio. Son premier album « Nouveaux horizons » est disponible depuis le 2 mai dernier, dans lequel sont intervenus entre autres le rappeur Soprano, RedOne (co-auteur de nombreuses chansons de Lady Gaga) et VV Brown. Album varié, reflet d’une artiste poignante, belle, d’une voix qui aisément et assurément, interpelle et entraine, vers de nouveaux horizons. Des horizons qui lui étaient
incertains, elle qui a essuyé moult échecs. Collégienne démissionnaire, elle se consacre d’abord à une formation de coiffure, puis d’hôtellerie et enfin d’esthétique. Et, soutenue par une mère célibataire, elle survit aux aléas d’un quotidien houleux. Mais elle se découvre néanmoins un talent caché, la musique. Irma Pany, et Melissa Nkonda, la vingtaine à peine amorcée pour les deux, deux voix qui font retentir au loin le son du Cameroun, mais dont le Cameroun ne risque pas d’en jouir ou de s’en vanter, du fait de leurs influences trop loin de nos traditionnels makossa et autres bikutsi plus connus. Et pourtant, deux talents à suivre de près ! ●
52
53 FOOTBALL / CAN 2012 sport
ESTHéTIQUE AU MASCULIN
Comment entretenir
Les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2012 se déroulent du 1er juillet 2010 au 9 octobre 2011. Les premiers de chacun des onze groupes, le second de la poule K qui comprend cinq équipes, et les deux meilleurs deuxièmes tous groupes confondus, rejoindront le Gabon et la Guinée équatoriale pour la phase finale de la CAN 2012. Calendrier et résultats :
nos pieds
Par Arouna Njomgang
L
e voyage au pays de beaux pieds réside dans l’hygiène : défini comme l’ensemble des règles de propreté qu’il faut respecter pour être en bonne santé. Bien choisir ses chaussures, ses chaussettes et les porter en fonction des saisons, du temps, du milieu sont là, les premiers atouts pour prendre son vol. Il est conseillé tous les jours après avoir laissé les pieds enfermés dans les chaussures toute la journée, de les enlever une fois et marcher pour au moins 5 minutes pieds nus une fois rentré chez soi. Ensuite les tremper pendant 15 à 20 minutes dans une eau salée tiède auquel vous avez ajouté quelques gouttes d’huiles essentielles au choix (oranger, marjolaine, lavande…) ainsi qu’un shampoing doux. Utiliser une petite brosse et une pierre ponce pour enlever les peaux mortes et callosités et prendre enfin son bain comme conseillé dans l’édition précédente. Pour éviter les maladies qui peuvent attaquer nos pieds, choisissez les chaussures qui respectent la morphologie de vos pieds, de vos orteils ainsi que celles des ongles. Il est conseillé de consulter de temps à autre un podologue pour les maladies, un orthopédiste pour connaître quel type de chaussures vous iraient le mieux entre les bouts (carrés, ronds, pointus), et les talons (hauts, moyens, bas)… un pédicure pour soigner et entretenir ceux qui font de nous des personnes mobiles Dans la saga de la beauté le 3è épisode sera axé sur les soins capillaires (traitement des cheveux et son entretien). ●
Une et plurielle Depuis plusieurs mois, elle fait le buzz. Tant sur internet que sur les chaines de télévisions, de même que les radios qui se la discutent, comme pour se vanter d’avoir un temps soi peu participé à son succès. Taille fine, jambes effilées, large sourire, son traditionnel chapeau à la tête, sa guitare toujours à l’épaule…, Irma Pany ne passe désormais plus inaperçue. On ne l’arrête d’ailleurs plus. Son profil facebook affiche une vingtaine de concerts en moins de trois mois dans des salles françaises, photos à l’appui. Et Youtube se charge des vidéos. A vrai dire, c’est l’une des jeunes artistes qui tournent le plus à l’heure actuelle en France. Elle promène le timbre de sa voix douce et perçante pour partager sa musique, ce somptueux mélange de soul, RnB et de pop-folk, guidé par des notes de guitare sèche dont elle seule a le secret. Dès les
premières notes, sa musique séduit, de part cette façon à elle d’amener ses textes. Et les mélodies alors ! Cosmopolite à souhait. Irma, comme bien d’autres de ces « nouvelles voix », est à la fois singulière et plurielle. Dans le sillage de la nigériane Ayo, elles sont désormais nombreuses ces jeunes africaines sur la route du monde. Asa (nigériane), Inna Modja (d’origine malienne), l’Allemande Mariama (née à Freetown en Sierra Leone)…, elles défendent chacune un univers particulier, mais partagent bien plus que l’on peut croire. Leurs idoles par exemple. Petites, elles ont été influencées par Michael Jackson, Prince, Marvin Gaye, Ella Fitzgerald, Miriam Makeba, Bob Dylan ou encore VV Brown. C’est par cette dernière que jurait justement l’autre Camerounais e de ces « nouveaux talents », Melissa Nkonda, jusqu’à ce qu’elle obtienne d’elle un duo dans son premier album sorti début 2011.
Comme des éclairs C’est très rapidement qu’elles ont gravi les marches du succès. Leurs « success story » sont passionnants, et l’on peut même dire trop, pour le cas d’Irma. Partie poursuivre ses études en France en 2003, elle avait quinze ans, la jeune native de Douala et originaire Bangangté dans la région de l’Ouest, se fait connaitre, grâce à une vidéo « faite maison » postée sur Internet. Ce qui n’était jusque-là qu’un simple jeu de guitare-voix se transforme très vite en une grosse alerte. Le label français My Major Compagny réussit en deux jours à collecter, grâce aux dons des internautes, les 70 000 euros nécessaires pour la production. Un record jusqu’ici inégalé. Mais déçue par la qualité du produit fini, Irma, travailleuse acharnée malgré son jeune âge, décide de tout réenregistrer. Le résultat est disponible depuis février dernier : « Letter to the lord
54
55 Onésha AfriKa
SOUVENIR D’éBENE
Souvenir d’ébène
Ils ont aussi fait l’Histoire.
●●● Conformément aux clauses de la loi précitée, il a le droit de circuler librement à l’intérieur de la zone prescrite. A titre de résident temporaire on lui allouera un coin dans la zone précitée où il devra se trouver à tout instant où l’on n’aura pas besoin de ses services. Par mesure d’ordre et de sécurité, les restes de ce X seront enterrés dans un terrain réservé aux Xhosas méthodistes pour prévenir toute contestation avant le jugement dernier.
Mariama Ba Création de l’UNIA Mister Garvey est là ! Le 31 juillet 1914, Marcus Garvey crée l’Unia. Elle sera la plus grande organisation nègre de tous les temps en terme de mobilisation populaire. Ses publications étaient lues jusque dans les villages reculés d’Afrique, où elles étaient d’ailleurs interdites. Le 1er août 1920, l’Unia tient son premier congrès à New-York. Les rues de Harlem roulent au son de marches entraînantes. Des troupes en uniformes élégants défilent au pas cadencé vers le Madison Square Garden. Mister Garvey est là. Pour répandre le message : « Nous sommes les descendants d’un peuple qui a trop souffert ; nous sommes les descendants d’un peuple résolu à ne plus souffrir. Nous allons mobiliser les 400 millions de Noirs de la planète et planter sur le sol d’Afrique la bannière de la liberté.» Les rues de Harlem roulent sur le son de marches entraînantes, entraînantes vers la liberté.
La marche des femmes Edward Wilmot Blyden il est l’heure Afrique Né le 3 août 1832 et mort en 1912, Blyden fut le premier écrivain, linguiste et historien des Iles Vierges à acquérir une notoriété internationale. Il enseigné au Libéria et y a occupé des postes politiques. Par ses travaux sur l’histoire de l’Afrique il est l’un des pionniers du panafricanisme. Blyden aimait l’Afrique jusqu’à l’idolâtrie. Il plongea sa main dans la mémoire du continent, palpa ses chauds recoins et ses replis pour recueillir le battement confus de sa grandeur et de sa douleur : « Il est l’heure Afrique, ne cessa-t-il alors de répéter, de semer les racines et de les orienter vers le ciel. Car n’oublie pas : qui veut puissance et gloire demande à l’avenir son pouvoir. »
Le 9 août 1956, plus de 20 000 femmes venues des quatre coins de l’Afrique du Sud convergent vers Pretoria pour protester contre le port de Pass. En souvenir de cette manifestation l’ONU déclarera la journée du 9 août « Journée de solidarité avec les femmes d’Afrique du Sud ». La menace, la peur, la prison, la torture avaient rendu les hommes muets de stupeur. Comme la vaillance les femmes nouèrent leurs pagnes autour de leurs reins. Elles n’avaient pas d’armes ni de pierres dans leurs mains. Elles n’avaient que leurs cœurs ardents de tendresse et leurs voix plus fortes que la tyrannie. Pour défendre la vie, pour ouvrir les portes des prisons, pour que les enfants aient un avenir, elles firent un pas, deux pas, trois pas, des pas, des
contre les « PASS » pas contre les Pass. Et la liberté retrouva ses ailes mystérieuses, et les hommes reprirent courage. PASS : « Laissez-passer » Afrique du Sud 1956: l’un des piliers du système d’apartheid est le Pass – document qui assigne chaque homme à un lieu de résidence dont il ne peut s’éloigner plus de 72 heures, sous peine de prison. Il indique aussi son âge, son sexe, son lieu de travail et son groupe racial – noir, indien, chinois – avec le degré de métissage pour les « coloured ». Il fait aussi office de permis de travail. Le titulaire de ce titre est un Bantou. Il demande à être transféré de ce point-ci à ce point-là, veuillez le laisser passer, sous réserve des dispositions suivantes: il vit conformément aux clauses de Loi sur les Indigènes Urbains. ●●●
Mais comprendre quoi? Née en 1929 au Sénégal, Mariama Ba est morte le 18 août 1981. Militante des droits de la femme, elle
a dénoncé avec un grand talent littéraire le sort réservé aux femmes dans certaines sociétés africaines contemporaines. La société lui demandait compréhension. Mais comprendre quoi? La suprématie de l’instinct? Elle ne pouvait être l’alliée des instincts polygamiques. Alors comprendre quoi? La société rigide, pétrie de moral mâle, brûlée intérieurement par les forces anciennes lui demandait compréhension. Mais comprendre quoi? L’habitude de ne plus penser? De ne plus décider? De ne plus voir? Parce que femme? Elle ne pouvait ignorer l’usage de la liberté. Alors comprendre quoi?
56
57 Onésha AfriKa
Chronique
A l’heure du « Péril » dollar ances concernant la croissance entre 2010 et 2011 ajouta à l’effervescence qui avait gagné les marchés partant le monde entier. Heureusement, les choses se tassent depuis le 1er août, les deux camps au Congrès, ayant mis au point un accord qui détermine une rallonge de 3 mille milliards de dollars mais ne permet pas que la course vers la réduction des dettes ne puisse donner lieu à de nouveaux impôts. Le Président Obama a validé ce projet qui attend l’accord du Sénat. Le Chef d’Etat américain s’était battu jusqu’au bout pour une réforme fiscale adaptée à la situation budgétaire et qui prend aux riches la part correspondant à leurs immenses majeurs. Les Républicains ne pouvaient le suivre sur ce terrain pour éviter de se
A
près les élections de no v em b r e 2 0 0 8 q u i l’ont porté à la tête du plus puissant Etat du monde, Barack Obama a voulu inscrire son mandat dans une manière de gouvernance jamais expérimentée par tous les régimes précédents, sauf en période de grands conflits. A savoir, la recherche d’un consensus permanent sur les grandes questions de la Nation, dans une démarche de conciliation et de dépassement des clivages idéologiques ou des intérêts partisans. Malgré une aura indiscutable, son élan s’est heurté aux égoïsmes
des forces tapies dans ce qu’on appelle la « majorité silencieuse » dont le conservatisme a influencé le scrutin législatif de mi-mandat en novembre 2010 car les Républicains détiennent ce jour la majorité à la Chambre des Représentants tandis qu’ils sont minoritaires au Sénat sans que cette sous-représentation ne gêne réellement la manifestation de leur volonté sur des dossiers cruciaux, la délibération sur ceux-ci se situant généralement les prises de décision, au niveau du congrès des Etats-Unis. Tel est le cas de l’épisode dramatique qui a présenté les Etats-Unis
d’Amérique comme une quelconque Nation européenne menacée de faillite en l’occurrence l’incapacité pour elle de s’acquitter de ses obligations financières telles le paiement des échéances dues aux différents Etats étrangers et d’autres charges revenant au gouvernement fédéral telles la liquidation des pensions de retraite, les salaires des fonctionnaires des ministères et organismes publics fédéraux etc. Il était question que tout se bloqua dès le 3 août si entre temps aucun accord n’était intervenu au Congrès entre les Républicaines et les Démocrates pour donner quitus à l’équipe au pouvoir
à Washington d’élever le plafond légal de dépenses. Au vu de la dette coloniale du Gouvernement américain, la manœuvre fut délicate et le jeu de balancier avait semblé, un moment, faire basculer le pays dans une catastrophe économique qui aurait le même effe t d’épouvante que la récession de 1929. Avec en plus l’évidence qu’une telle éventualité eut alimentée la panique dans la mesure où la confiance en sa capacité à préserver sa position d’acteurclé des marchés et de détenteur de devise de référence pourrait être ébranlée profondément. Les différents ravalements des tend-
couper de leur base électorale. L’empoignade a tourné en leur faveur et le Président a du composer pour épargner son pays d’une catastrophe qui paraissait inéluctable même si le risque est grand que son propre électoral lui tourne le dos. De cette passe d’arme un peu surréaliste, nous retenons une leçon fondamentale referant par beaucoup d’observateurs avertis dans le monde : toute autre Nation que les Etats-Unis n’aurait pu vivre pendant si longtemps au-dessus de ses moyens et garder en même temps une place de premier plan dans les relations économiques internationales. Il y a comme une sorte d’injustice immanente que l’histoire a consacrée. En effet, à la sortie de la deuxième guerre mondiale, les Amé-
Par Cyrille Momote Kabange
ricaines ont certes payé un prix humain écrasant pour la libération de l’Europe à laquelle ils ont participé. Mais ils n’ont pas perdu grand-chose économiquement. Au contraire par le biais du plan Marshall permettant aux Européens de reconstruire leurs pays détruits, ils en récoltent les dividendes en permettant un boom sans précédent de leur économie. Les institutions de Bretten Wood ont consacré ce retour de flamme d’un Etat qui a connu Pearl Harbor, une guerre qui ne s’est pas déroulée sur le continent américain mais dans le Pacifique, à l’inverse de l’ennemi, le Japon qui a été puni à la suite de deux bombardements atomiques aux effets d’apocalypse à Hiroshima et Nagasaki. Le fait majeur de Bretton Wood a été de permettre que l’or cède la place au symbole américain, le dollar comme étalon. Depuis plus de 66 ans, cette devise régit les échanges mondiaux et commande les actes principaux d e la d ip lo m at ie des Etats-Unis. Ces dernières années les voix s’élèvent cependant, au vu des contre-performances de la croissance économique contre cette suprématie qui donne au dollar une aura presque mystique. La Chine est parmi ces puissances qui ne tolèrent plus cette prise léonine dans les affaires économiques du monde : Elle a, pour sa part, de quoi à alimenter ses critiques. Le pays détient plus de 100 milliards de dollar de bons du trésor des EtatsUnis et doit avoir mal reçu la baisse du tonus de la croissance américaine qui sert de matelas à la crise du dollar. Un dollar faible est à l’évidence du plus mauvais effet sur les créanciers de l’Amérique. L’avenir nous dira si l’accord de relever le plafond de la dette américaine est simplement un pis-aller ou l’amorce d’une nouvelle gouvernance au sommet de l’Etat. ●
58
59 Onésha AfriKa
Les mille visages de la région de Bruxelles-Capitale
Evenement à Anderlecht « Vivre ensemble » organise pendant tout l’été « Anderlecht en couleurs ». Cette activité ludique, avec notamment la participation des commerçants de la place, est organisée dans le dessein de favoriser la cohésion sociale, à Bruxelles, des ressortissants des différentes communautés. Nicole Bomele et Jacqueline Degroot, organisatrices de l’événement, approchées par Onesha.
faire une bonne publicité. Onesha : Êtes-vous soutenues dans le cadre de ce projet ? Nicole Bomele : La première édition, nous avons fonctionné sans subsides et pour la deuxième, nous avons été soutenus par la commune et la COCOF. Mais, les subsides sont vraiment faibles, car ces institutions doivent faire face à de nombreuses
Onesha : D’où et comment vous est venue cette idée ? Nicole et Jacqueline : Une envie de positiver l`image d`Anderlecht suite aux évènements de mai 2009 (affrontements entre des jeunes de diverses cultures et le sentiment d`insécurité qui en a découlé). Aussi cet évènement montre-t-il que l`on peut vivre ensemble malgré les différences culturelles. Bien plus, nous visons, par la même occasion, à redynamiser nos commerces en don-
nant envie à tout le monde de venir découvrir notre belle Place de la Vaillance et nos quartiers culturels, ainsi que la biodiversité que regorge Anderlecht. C`est cela Anderlecht en couleurs et notre ASBL vivre ensemble Onesha : Quelles sont les difficultés rencontrées jusqu’ici ? Nicole Bomele : C`est la médiatisation de l`évènement qui fait défaut car il faut beaucoup de moyens pour
demandes de beaucoup d’ASBL. Mais heureusement que nous avons pu compter sur les commerçants et les bénévoles pour faire une si belle deuxième édition. Je tiens à remercier mon amie Jacqueline Degroot qui est venue me rejoindre à la deuxième édition avec tout son dynamisme. Avec toute notre équipe, on s’est déployé afin de satisfaire aux mieux tous les festivaliers (petits et grands). ●