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CYCLISME
« Ici, rien n’a changé » Les dénonciations de JÉSUS MANZANO sont à l’origine de l’opération Puerto qui secoue l’Europe du cyclisme. Sauf l’Espagne selon lui. Il est devenu jardinier mais, à l’occasion, l’Espagnol Jésus Manzano collabore avec la justice italienne. Demain, il se rendra à Rome pour aider le juge qui enquête sur Ivan Basso à décoder des prescriptions médicales et reconnaître, malgré les codes, les produits dopants. Manzano, ex-coureur de l’équipe Kelme, est en effet un expert. En 2004, il avouait, preuves à l’appui, qu’il s’était dopé pendant toute sa carrière et qu’il avait même failli en mourir. La justice espagnole a enterré son histoire, mais l’enquête de la garde civile a permis de mettre au jour l’un des plus gros scandales de l’histoire du cyclisme. Et Manzano a encore des choses à dire…
MADRID – (ESP) de notre envoyé spécial
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Que Riis donne l’exemple ! C’est bien qu’il ait avoué mais, maintenant, qu’il se casse !
RALLYE-RAID
L’équipe française compte sur les épreuves sur goudron de la seconde partie de la saison pour se relancer dans les Championnats pilotes et constructeurs. ATHÈNES –
de notre envoyé spécial GUY FRÉQUELIN pouvait à juste titre être déçu du résultat final du Rallye Acropole, qui s’est achevé avant-hier sur la troisième victoire de Marcus Grönholm, la quatrième de la Focus depuis le début de l’année. « On pouvait gagner avec “Seb” et finir troisième avec “Dani”, qui a fait une très beau rallye, mais le résultat est là : on a perdu (Loeb, 2e, Sordo, 24e). Et surtout, on a loupé six points », constatait le directeur de Citroën Sport. « Ce n’est vraiment pas de veine, détaillait-il. On pouvait espérer terminer avec les deux voitures. Or, on a connu un problème de boîte de vitesses, qui ne nous était jamais arrivé en course mais seulement une fois en essais, en 2004. Les boulons de la couronne entre le réducteur et le répartiteur se sont cisaillés. Il faut qu’on comprenne pourquoi. Malheureusement, ce problème intervient à un moment où on s’en serait bien passé. À un moment où, en plus, Dani (Sordo) – et c’est le côté positif du rallye – a démontré qu’il avait
franchi un palier important depuis notre discussion en Sardaigne. Pour moi, il n’était pas logique qu’il soit rapide sur le goudron et qu’il perde ses moyens sur la terre. Depuis, on a donc analysé les raisons de ses baisses de rythme sur la fin des spéciales. J’ai été un peu directif sur les réglages en lui demandant de ne pas vouloir faire une transposition de ceux pour l’asphalte. Il s’est rendu compte que, effectivement, la voiture était plus facile à conduire comme ça. Visiblement ç’a eu l’air d’être efficace sur le parcours de l’Acropole. C’est rassurant de voir qu’il est maintenant au niveau que l’on souhaitait sur ce type de terrain. C’est de bon augure pour la deuxième partie de la saison. » La compétitivité de la C4 sur les spéciales cassantes de la manche grecque a constitué un autre motif de satisfaction pour le patron de Citroën Sport. « Je pense que notre voiture était capable de gagner, mais bon, ça ne l’a pas fait. Seb (Loeb) était quand même un peu “cul serré”, pas assez libéré en tout cas en abordant la première étape à la suite de sa sortie de route de Sardaigne. Il a fait un tête-
à-queue dans la première spéciale et a laissé d’emblée une douzaine de secondes importantes dans un rallye comme celui-là. On voit bien que les écarts étaient très faibles à l’issue de la première journée puisque les six premiers étaient groupés en dix secondes… Le lendemain, en attaquant la deuxième étape, Grönholm a enfoncé le clou dans le premier passage de la longue spéciale en doublant quasiment son avance. C’était malgré tout encore jouable. Pas de chance : Seb a crevé deux roues sur la fin du deuxième passage et le fait que Marcus ait pu avoir l’info, puisqu’il partait six minutes derrière lui, lui a permis de gérer ses pneus. N’empêche que notre choix de pneus était logique. Ce serait à recommencer, il faudrait refaire la même chose. C’était la meilleure solution. Manque de chance, sur cette surface très agressive, il y avait huit kilomètres de trop pour qu’ils tiennent la cadence nécessaire pour refaire le handicap sachant que notre principal adversaire était moins idéalement équipé. S’il n’avait pas eu les infos concernant Loeb, Grönholm aurait d’ailleurs sûrement crevé
lui aussi puisqu’il ne pouvait pas se permettre de relâcher le rythme… Mais bon, c’est comme ça. »
Fréquelin : « Nous ne baissons pas les bras » À mi-saison, le bilan est donc largement en deçà des attentes de Citroën, qui paie cher les sorties de route de Loeb en Norvège puis en Sardaigne, assorties des deux pannes hydrauliques et du blocage de boîte, le weekend dernier, rencontrés par Sordo. Au Championnat des pilotes, l’Alsacien accuse désormais neuf points de retard sur Grönholm et, au classement des constructeurs, Citroën pointe à vingt-huit longueurs de Ford. « Je crois qu’on avait un peu trop vite oublié que la C4 était une nouvelle voiture qui a découvert la course en début d’année, insiste Fréquelin, loin de renoncer pour autant. Avec le niveau de fiabilité qu’elle avait atteint sur la fin, la Xsara nous épargnait ce genre de défaillances. Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent quand on aligne un nouveau matériel et nous en avons fait les frais
en ce début de saison avec la voiture de Dani. Heureusement dans un sens, parce que Sébastien, qui est le plus performant, a été épargné par les pépins mécaniques. Même s’il a commis des faux pas, il compte quatre victoires qui nous permettent de rester dans la course aux deux titres, dans la mesure où la deuxième partie de saison devrait nous être a priori plus favorable puisqu’elle comprend quatre rallyes sur asphalte (*). En tout cas, nous ne baissons pas les bras et sommes bien déterminés à nous battre jusqu’au bout pour conquérir les deux Championnats. » Ainsi, tandis que Ford profitera de la trêve estivale pour peaufiner l’arrivée d’une nouvelle évolution de la Focus RS 06 en vue du rendez-vous finlandais de début août, l’équipe Citroën Sport consacrera également cet intermède à optimiser sa WRC, qui bénéficiera, elle aussi, de nombreuses petites améliorations dès la reprise. JEAN-PAUL RENVOIZÉ
(*) Allemagne, Catalogne, Corse et Irlande.
24 HEURES DU MANS (journée test)
Villeneuve en bon écolier COMME TOUS LES DÉBUTANTS au Mans, Jacques Villeneuve avait, avant-hier, l’obligation réglementaire de couvrir au moins dix tours de circuit. Et si son meilleur temps lors de ces dix premiers tours de découverte, au volant de la Peugeot 908 HDi qu’il partagera, aux 24 Heures, avec Nicolas Minassian et Marc Gené fut, le matin, un sage 3’46’’930, l’après-midi, en vingt et une boucles de plus, le champion du monde de F 1 1997 arriva à un 3’31’’566 de meilleure facture, à rapprocher du chrono record établi, sur l’autre Peugeot, par Sébastien Bourdais en 3’26’’707. « Au début, quand j’ai pris la piste, racontait Villeneuve, il y en a qui roulaient déjà très fort et c’était surprenant. Il fallait que je regarde en même temps dans les “miroirs” et devant moi. L’apprentissage terminé, c’est devenu très sympa. Il y a beaucoup de virages difficiles à haute vitesse où l’on peut s’amuser, mais le trafic est quelque chose de très nouveau. Certaines voitures sont bien moins rapides, avec des trajectoires assez “intéressantes”, il faut donc s’y habituer et prévoir. Ce sera un élément important en course. »
JEAN ISSARTEL
RALLYE
Citroën attend l’asphalte
Michelin à fond la gomme Avec trente-neuf voitures sur cinquante-cinq à équiper pour les 24 Heures du Mans, le manufacturier français n’a pas chômé avant-hier lors de la journée test. Au programme, la validation des trois types de pneus slicks (tendre, médium, dur) et deux de « qualification », mais aussi « vérifier la capacité de nos produits à tenir trois relais, notamment avec Audi et Peugeot », détaillait Matthieu Bonardel, directeur de la compétition endurance et rallye chez Michelin. Objectif rempli pour Bibendum, à l’exception d’un type « qualif » que l’interruption de séance peu avant 18 heures ne permit pas d’évaluer. Celui essayé, en revanche, donna toute satisfaction à Jean-Christophe Boullion qui, au volant de sa Pescarolo-Judd, améliora son chrono de plus de 3’’. De quoi envisager une pole en 3’23’’, la semaine prochaine, après les 3’26’’707 de Bourdais sur la Peugeot, chaussée de pneus médium, et meilleur chrono dimanche ? I PORSCHE : LES RAISONS D’UNE ABSENCE. – Alors qu’aux États-Unis son proto RS Spyder aux couleurs de Penske se trace une route victorieuse en ALMS malgré Audi, Porsche n’imagine pas pour l’heure s’engager au Mans. « Bien sûr qu’ils aimeraient courir les 24 Heures, rapporte Romain Dumas, pilote Porsche en ALMS. Mais nous avons procédé discrètement à des essais cet hiver avec la Porsche, au Paul-Ricard, et, d’après les résultats, il nous est impossible de rivaliser avec les diesel, Audi ou Peugeot. Ils ne vont donc pas déployer des moyens énormes pour se faire battre. »
LE MANS. – Jacques Villeneuve (à droite) et Marc Gené ont tous deux découvert le circuit des 24 Heures, lors de la journée test, avant-hier. (Photo Thierry Gromik/L’Équipe) Minassian et Gené ayant déjà disputé les 1 000 Kilomètres de Monza et de Valence, Villeneuve, en déficit de connaissance de la 908 HDi malgré les essais privés auxquels il participa,
n’influa pas, ce dimanche, sur les réglages. « Ce n’était pas mon boulot. Pour ça, je me repose sur Marc et Nico. Il fallait juste que je fasse un paquet de tours, pour m’adapter à
leur set-up, préparer la course, voir comment les pneus évoluaient et travailler la consommation. » Au final, une tâche « bien moins stressante » qu’un week-end de F 1. – D. B.
MARDI 5 JUIN 2007
I CHANGEMENTS CHEZ AUDI. – L’absence de Tom Kristensen a redistribué les équipages chez Audi. Dans un premier temps, Matthias Ekström était annoncé sur la numéro 2, en remplacement du Danois, avec McNish et Capello, la numéro 3 étant réservée aux « petits jeunes » Luhr-Premat-Rockenfeller. Mais le 1,83 m d’Ekström s’accommodant difficilement du 1,72 m de Capello ou du 1,65 m de McNish, c’est Rockenfeller (1,75 m) qui évolue désormais sur la numéro 2 tandis qu’Ekström rejoint Premat (1,82 m) et Luhr (1,85 m). I PESCAROLO : TRANSMISSION EN FIN DE VIE SUR LA 16. – Alors que la Pescarolo no 17 n’a connu aucun problème de transmission lors de la journée test, la numéro 16 s’est payé le luxe de changer le demi-arbre à droite, puis celui de gauche, à quelques heures d’intervalle. « En fait, sur cette voiture, la transmission avait enduré les essais et la course de Monza et de Valence, alors que sur l’autre elle était neuve. Redessinée cette année par X Trac, cette transmission ne nous avait jamais posé de problème jusqu’à présent. Nous sommes juste arrivés à sa limite de vie, que nous ne connaissions pas encore », expliquait Henri Pescarolo.
Des nouvelles du front La situation s’est éclaircie au Transiberico : VW repart pleins gaz, Mitsubishi développe son diesel et X-raid a trouvé un gros sponsor. LE RALLYE-RAID n’est pas une discipline transparente : chacun travaille de son côté en réduisant au minimum la communication spontanée, l’implication à court terme des différents teams n’est jamais assurée, la FIA change ses règlements sans crier gare, la confusion règne sur la Coupe du monde des rallyes tout-terrain… Rien de mieux qu’une bonne course pour faire le point de la situation. Première épreuve de la Coupe du monde 2007, le rallye Transiberico, remporté dimanche par Volkswagen avec Sainz-Périn, en a fourni l’occasion.
VOLKSWAGEN : EN AVANT TOUTE Même s’il n’y a pas eu d’annonce officielle, VW sera bien au départ du Dakar 2008. « Il est temps que les points d’interrogation sur notre implication en rallye-raid disparaissent », assure Kris Nissen, team manager. En plus du Transiberico, VW s’alignera à Dubaï (26 octobre-2 novembre) et soit en Argentine (27 août-5 septembre) soit au Maroc (24-30 septembre), mais sans doute pas aux deux. Les équipages ont été formés bien plus tôt que l’an dernier. Ont resigné pour un an : Sainz-Périn, De Villiersvon Zitzewitz et Miller-Pitchford. Une quatrième VW-Red Bull sera peut-être engagée au Dakar, avec un équipage à désigner. Et le team Lagos aligne toujours Sousa-Schulz. VW ne construit pas une nouvelle voiture mais travaille (dès cette semaine en essais en Tunisie) sur une version évoluée du Race Touareg 2. Les problèmes moteur rencontrés au dernier Dakar ont été résolus (« Du moins je l’espère », dit Nissen) et VW n’a pas eu à réduire la taille de son échangeur d’air. VW n’est pas favorable à l’introduction de la boîte 5 vitesses (coût estimé de son développement : 300 000 euros) ni à la réduction de la bride de 1 mm, mais « joue le jeu ».
MITSUBISHI : LE DIESEL TOURNE Dominique Serieys, directeur de l’équipe Mitsubishi, se dit très irrité par les incessants changements du règlement FIA : gel puis dégel, réduction de la bride sans distinction entre
catégories (« Cela nous pénalise plus que les diesel »), nouvelle boîte 5 vitesses (coût estimé ici : 200 000 euros et pièces non disponibles avant les essais de juillet). « Je demande une stabilité ferme jusqu’en 2010, dit-il, sinon ma direction risque de se lasser. » Après le Transiberico, Mitsubishi sera à la Baja espagnole (20 au 22 juillet), en Argentine et à Dubaï. Les équipages sont restés les mêmes, après des contacts sans suite avec Sainz. En plus de la fiabilisation du Pajero MPR 13, encore tout jeune, la grande affaire chez Mitsubishi est le développement du moteur diesel. Deux exemplaires tournent au banc au Japon et un MPR 14 ainsi équipé sera testé en juillet au Maroc. Serieys espère pouvoir l’aligner en Argentine et/ou à Dubaï.
X-RAID BMW : SAUVÉ DE JUSTESSE « Si je n’avais pas trouvé de sponsor fin mai, j’arrêtais tout », affirme Sven Quandt, team manager de X-raid. Le sponsor, un fabricant de biocarburant dont le nom sera bientôt communiqué, a été trouvé et pour plus d’un an. Quandt va par ailleurs bénéficier d’une aide technique accrue de BMW et toucher des moteurs de la dernière génération avec électronique dernier cri pour ses X 3. Du coup, en plus des essais X-raid sera au départ de toutes les épreuves de la saison, y compris en Afrique du Sud (27 juillet-1er août) et au Brésil (5-18 août). Pour l’instant, le seul équipage officiel est Guerlain Chicherit-Matthieu Baumel, tandis que le Brésilien Paolo Nobre loue régulièrement, et cher, une X 3. Jutta Kleinschmidt ne fait plus partie de l’équipe (« Elle avait trop d’exigences, et pas seulement financières », dit Quandt) et Nasser alAttiyah est en ballottage. Quandt n’a pas apprécié qu’un excès de vitesse en liaison sur le dernier Dakar l’ait privé de la troisième place qu’il occupait après la neuvième étape et veut être sûr que cela ne se reproduira pas. Des volants seraient donc à prendre chez X-raid, qui alignera « trois ou quatre X 3 » au Dakar 2008. ANDRÉ-JACQUES DEREIX
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Jésus Manzano ne fait plus « confiance à la justice espagnole ». C’est ce qu’il a déclaré après le classement sans suite de son dossier. Son témoignage est pourtant à l’origine de l’opération Puerto. (Photo Pierre Philippe Marcou/AFP)
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– Quelle est la solution ? – Virer tous les directeurs sportifs ! Que Riis donne l’exemple ! C’est bien qu’il ait avoué, mais maintenant qu’il franchisse le pas et qu’il quitte le cyclisme. Comment peut-il rester crédible ? Il s’est chargé, il le dit et, ensuite, il veut nous faire croire qu’il va exiger de ses coureurs qu’ils ne se dopent pas ? Il n’y a qu’une solution : qu’il se casse ! Et avec lui tous les autres directeurs sportifs qui exerçaient durant les dix dernières années. Ce sont eux les responsables. Eux qui font du chantage aux coureurs, qui mettent une pression telle qu’il n’y a pas le choix. Eux qui pérennisent un système où les jeunes pros plongent petit à petit. D’abord, tu y vas doucement puis tu tombes de plus en plus bas et, quand tu te rends compte que tu as foutu en l’air une partie de ta jeunesse, ils te disent : soit tu fais ce qu’on te dit, soit tu te retrouves à la rue. Alors tu continues… – Comment expliquez-vous que vous n’ayez jamais été contrôlé positif ou au moins repéré lors du suivi longitudinal ? – Je vous ai dit dans quelle clinique j’étais suivi… Puis pour les contrôles on a des produits, une poudre rouge, fabriquée dans des labos clandestins exprès pour nous, qui détruit les échantillons d’urine. Ça se présente sous la forme d’un grain de riz que l’on s’introduit dans l’urètre avant d’aller uriner... Puis il faut aussi une part de chance. Pas mal de mes équipiers se sont fait choper à cause de l’EPO russe… – Comment regardez-vous le cyclisme aujourd’hui ? – Le cyclisme, c’était mon rêve, puis toute ma vie. Aujourd’hui, je suis totalement indifférent. Comment pourrait-il en être autrement ? Quand je vois gagner Valverde, Mancebo ou Sevilla, je sais ce qui se passe en coulisse. Et ça, ça tue l’amour. Le cyclisme est pourri. Et ça se voit sur le bord des routes : à part sur le Tour, il n’y a plus personne nulle part. Même les vaches ne sont plus dupes. »
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mécano qui travaille maintenant pour l’équipe Caisse d’Épargne. Et dans le milieu tout le monde connaît l’histoire. C’est vous dire si les choses ont changé… J’ai donné une montagne de preuves mais il y a trop de pressions, trop d’intérêts en jeu. La vérité, c’est qu’en Espagne tous les gens que j’ai incriminés continuent d’exercer. – Comment cela ? – Belda (l’ex-directeur sportif de la Kelme) bosse pour une équipe et Fuentes, je peux vous garantir qu’il a recommencé. À moins grande échelle, certes, mais il a recommencé. Il aide toujours les sportifs à récupérer de leurs efforts… Pourquoi ne le ferait-il pas ? Il est libre, la justice ne l’a pas condamné pour ce qu’il a fait, il y avait pourtant des preuves. – M a n o l o S a i z , l ’u n d e s patrons officieux du peloton,
l’acquisition d’EPO russe, voulait en connaître la pureté avant de s’en servir ; eh bien ! il a donné une fiole au patron de ce labo qui lui a confirmé que c’était de la bonne marchandise…. Ah ! un détail important : ce labo est toujours accrédité par l’UCI. Quand je parle de mafia, je n’utilise pas ce mot en l’air. – Vous évoquiez José Maria Jimenez, " El Chava ", votre ami décédé en 2003 d’un arrêt cardiaque. Est-ce le dopage qui l’a tué ? – Bien sûr ! Comme il a tué Pantani. Le dopage conduit à d’autres addictions. Les antidépresseurs accompagnent presque automatiquement tous les traitements dopants. Moi, j’ai pris jusqu’à huit pilules de Prozac par jour à l’époque où je courais. – Pourquoi ? – Parce que le Prozac te coupe la faim, te maintient dans un autre monde, un monde où tu n’as plus peur de ce que tu fais, plus peur de passer ton temps à t’injecter des merdes dans le corps. Un monde où tu ne te poses plus de question, où, surtout, tu n’en poses plus à ton médecin ou à ton directeur sportif. Ensuite, il y a les périodes où tu dois arrêter de te charger. Quand tu t’es senti dans la peau d’un surhomme pendant des mois et des mois et que brutalement on te coupe tes griffes, tu déprimes de façon dramatique. Regardez Pantani, Vandenbroucke et tous les autres dont on ne parle pas. Ils sont nombreux, les cyclistes ou anciens cyclistes accros à la coke, à l’héro ou aux médicaments. Il n’y a d’ailleurs pas que des cyclistes. – Qu’aviez-vous de plus que " El Chava " pour ne pas tomber aussi bas ? – Moins d’années professionnelles. Il est resté treize ou quatorze ans dans son équipe. Moi, je n’en ai fait que cinq. Et franchement, si j’avais fait trois ans de plus, je serais mort aujourd’hui ou pas loin de l’être. J’ai bien connu Pantani. En 2002 et en 2003, il est venu travailler ici, chez Clavero, et on a pas mal roulé ensemble, pas mal fait la fête aussi. Lui, c’est comme le " Chava " : trop d’années dans ce milieu. Et, malheureusement, des morts, il y en aura d’autres…
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« RESSENTEZ-VOUS un peu de fierté en constatant les effets de vos déclarations ? – Moi, j’ai juste raconté mon histoire au journal As. J’ai été le premier mais d’autres ont confirmé, Dario Gadeo (un ex-coureur de l’équipe espagnole Paternina) et probablement d’autres encore qui ont parlé à la garde civile sans faire de publicité. Le problème, c’est que le premier juge venu m’interroger était italien – le juge Guariniello – et pas espagnol. Plus triste encore, le juge espagnol, malgré toutes les preuves que je lui ai apportées, n’a pas estimé qu’il y avait matière à enquêter. Idem pour la Fédération espagnole de cyclisme. À la fédé, j’ai même donné les ampoules d’EPO, avec les ordonnances, avec toutes les preuves pour confondre tout le monde. Mais ils n’ont pas jugé bon de transmettre à la justice. – Vous semblez désabusé. Pourtant vous collaborez avec la justice italienne et vous n’attendez qu’un coup de fil de l’AMA pour vous mettre à sa disposition… – Continuer le combat, je veux bien, si ça sert à quelque chose. En Italie, en France, en Allemagne, les choses changent. En Espagne, je préfère laisser tomber. Ici, rien n’a changé. Et moi je suis fatigué. Je ne crois plus en la justice de mon pays. Et ça ne date pas d’hier. Je me souviens que durant la Vuelta 2003 Fuentes (le médecin incriminé dans l’opération Puerto) arrivait dans nos hôtels au volant de sa Porsche avec les Thermos d’EPO sur le siège passager. Sans se cacher. À la même époque, sur le Giro ou le Tour, on fai-
sait déjà beaucoup plus attention… – Attention pour quoi faire ? – On faisait appel à une personne extérieure à l’équipe pour transporter les produits. En France, c’était une infirmière, que l’on surnommait la Paloma Blanca (la Blanche Colombe !), qui touchait 27 000 euros – chaque coureur payait 3 000 euros de sa poche – pour convoyer l’EPO, la testostérone (anabolisant), l’oxyglobine (hémoglobine de synthèse vétérinaire) et le reste d’hôtel en hôtel. Cette fille était, et est toujours, la fiancée d’un
lui, au moins, n’a plus d’influence… – Ne rêvez pas, il reviendra. Pour l’instant, il est très occupé à récupérer son argent. Il y parviendra. Ensuite, il laissera le temps faire son œuvre et il retournera démarcher les sponsors. Qui feront mine d’oublier qui il est... Puis il ne faut pas se cacher derrière l’éviction temporaire d’un ou deux directeurs sportifs. José Miguel Echavarri (l’ancien directeur sportif d’Indurain chez Banesto, aujourd’hui patron de l’équipe Caisse d’Épargne) est toujours là. Et il explique que son coureur Valverde est propre… Je crois rêver ! Valverde, il était chez Kelme mais il serait donc le seul qui marchait à la laitue… Il est mouillé jusqu’au coup dans le dossier Fuentes ! Et Echavarri dit qu’il ne sait rien, qu’il n’a rien vu. Mais je sais qu’il a emmené personnellement Zaballa chez Fuentes. Et José Maria Jimenez, il ne savait pas qu’il y allait aussi ? Allons donc ! Je vous l’affirme : le milieu cycliste espagnol est totalement pourri. Même au-delà de ces personnages-là. – De quoi parlez-vous, précisément ? – Je vais vous donner un exemple dont je n’ai, jusqu’à maintenant, parlé qu’à la police. Il concerne l’un des quatre labos espagnols accrédités par l’UCI. Celui-là même qui est chargé d’envoyer les " vampires " (les médecins préleveurs) pendant la Vuelta ou d’autres courses, celui qui s’occupe de visites médicales des coureurs, de leur suivi longitudinal et qui tamponne leurs licences. Le patron de cette clinique, un hématologue reconnu, téléphonait à Walter Viru, l’un des médecins de la Kelme, pour l’avertir la veille de l’heure à laquelle arriveraient les préleveurs. Et je sais qu’il faisait de même avec Del Moral, le médecin de l’US Postal puis de la Discovery Channel, un grand ami à lui. – Êtes-vous certain de ce que vous avancez ? – Je l’ai vécu, en 2002 et en 2003, durant le Tour d’Espagne. La police a tous les détails, et le nom de la clinique. Mieux encore, je me souviens qu’une fois Viru, qui avait fait