Paul Carus - L'évangile du Bouddha, raconté d'après les anciens documents, 1902

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET BJBLIOTHÈQUE DE VULGARISATION Tome

XIII

L'ÉVANGILE DU BOUDDHA


ANGERS, IMPRIMERIE

A.

BURDIN ET

C*',

RUE GARNIKR,

4.


L'ÉVANGILE DU

BOUDDHA RACONTÉ

D'APRÈS LES ANCIENS DOCUMENTS

PAUL CARUS L'ANGLAIS

AYEC

PAR

L.

DE MilLLOUE

PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR, 28,

RUE BONAPARTE, 1902

VP


^

f .


AVERTISSEMENT

La Direction du Musée Guimet a longtemps hésité

à faire traduire et publier \ Evangile

du Boud-

dha de M. Paul Carus, tout intéressant que

soit cet

ouvrage.

A première explications

lecture,

en

effet,

même

avec les

que l'auteur fournit dans sa préface,

on dirait un livre de propagande en faveur du

Bouddhisme. le faire

terdit

C'était

repousser,

une raison péremptoire pour

le

par la nature

puis ce travail

prosélytisme nous étant in-

même

de

nos études,

ne paraissait pas avoir

rigoureusement scientifique que

le

et

caractère

la Direction tient

à garder à toutes ses pubHcations,

même

de vulga-

risation.

Elle redoutait aussi l'allure biblique

de sa com-


l'évangile du bouddua

VI

position et de son style, à laquelle le lecteur fra çais est

peu accoutumé

et

qui aurait pu sembler

certaines personnes une sorte de parodie de vais goût

de

la Bible et

ma

de l'Évangile.

Toutefois, ses scrupules se sont évanouis devan cette considération

que

s'il

ne

pas

s'agit

ici

d'une

traduction littérale des Soùtras bouddhiques,

masse énorm

l'auteur a choisi çà et là dans leur et

groupé pour en

faire

i

un tout homogène

les

pas"

sages qui lui paraissaient les plus caractéristiques les plus

propres à mettre en pleine lumière les doc

trines morales et philosophiques il

du Bouddhisme

en a du moins toujours respecté scrupuleuse

ment

l'esprit et

que même, par

le

groupeme^a

systématique de ces textes divers, son livre doniM des conceptions bouddhiques une impression plus

frappante et peut-être tout aussi jusle que pourrait le faire

A

une

stricte traduction

tion de l'auteur n'y est

Ce

de ces écritures

part les trois premiers chapitres, l'imagina-

livre

est,

pour rien.

en tout cas, plus

facile et pi

agréable à Hre que les Soûtras originaux, ave leurs longueurs et leurs redites interminables,

auxquels,

d'ailleurs,

]

de nombreuses référence

permettent de se reporter facilement»


AVERTISSEMENT

VIT

Les quelques notes qui ont paru indispensables

pour compléter celles de l'auteur sont indiquées sous la rubrique N. T. (Notes du Traducteur.) Paris,

le

31 mars 1902.

La Direction.



PRÉFACE DE L'AUTEUR

Pour qui

est familiarisé avec les Écritures sa-

du Bouddhisme, rendues accessibles au

crées

monde

occidental par le zèle infatigable et le ta-

lent de savants tels

que Burnouf/ Hodgson, Bi-

gandet, Biihler, Foucaux, Sénart,

Weber, Faus-

bôU, Alexandre Csoma^ Wassiljew^ Rhys Davids,

Oldenberg, Schiefner,

F. Max-Mûller, Ghilders, Eitel, Beat,

Spence Hardy,

besoin de préface.

A

etc.

,

ce petit livre n'a pas

ceux qui

les ignorent, je

puis affirmer que l'ensemble de son contenu est tiré

de l'ancien canon bouddhiste. Beaucoup de

passages, et ce sont certainement les plus importants, sont copiés littéralement

tions des textes originaux.

dans les traduc-

Quelques-uns sont in-

terprétés un peu librement afin de les rendre intelligibles

pour

la

génération actuelle. Certains

ont été remaniés, d'autres abrégés.

premiers et les

A

part les trois

trois derniers chapitres,

il

y a peu


l'évangile du bouddha

d'additions entièrement de

mon

fait et

encore ce

ne sont ni de purs enjolivements littéraires des

altérations

bouddhiques.

doctrines

ni des Ils

ne

contiennent que des idées dont on peut trouver les prototypes çà et là dans les traditions du Boud-

dhisme

et n'ont été faits

qu'en vue d'élucider ses

principes fondamentaux.

Ceux qui voudront re-

monter du Bouddhisme de ce

livre à sa

de références indiquant, possible, les

documents

aussi

oii

source

volume une table

originale trouveront à la fin du

brièvement que

ont été puisés ces di-

vers chapitres et les parallélismes qui se rencontrent avec les idées occidentales et particulière-

ment avec

Gomme

les évangiles chrétiens. le christianisme, le

bouddhisme

divisé en sectes innombrables, séparées

par des superstitions ou des

fréquemment

s'est

surtout

rites particuhers, et

elles considèrent les

dogmes

sectaires auxquelles elles sont attachées

comme

assez

les traits les plus

importants et les plus indispen-

sables de leur religion. Ce livre ne suit

aucune

des doctrines sectaires, mais prend une position idéale que tous les vrais bouddhistes peuvent ac-

cepter

comme un

terrain

commun.

Ainsi sa prin-

cipale originahté est l'arrangement de cet Évangile


PRÉFACE DE l'aUTEIÏR

XT

du Bouddha en un tout d'une forme harmonieuse et

systématique. Cependant, en ce qui concerne

l'ensemble de ses diverses parties, on peut les considérer

comme une

simple compilation,

et le

com-

pilateur s'est efforcé de traiter ses matériaux de la

même

manière que, selon son opinion, Tauteur

du quatrième Évangile du Nouveau-Testament en a usé pour les récits de la vie de Jésus de Nazareth. Il

s'est risqué à

dha dans et

la

placer les faits de la vie de Boud-

lumière de leur importance religieuse

philosophique

:

il

a retranché la plupart de leurs

enjolivements apocryphes,

principalement ceux

dont fourmillent les traditions septentrionales

cependant

il

conserver

le

;

n'a pas cru qu'il fût sage d'hésiter à

miraculeux qui se montre dans

récits, toutes les fois

les

qu'un but moral semble jusil

a seulement

émondé l'exubérance de merveilleux

qui se plaît à

tifier la

mention qui en

est faite

;

rapporter les choses les plus incroyables, évidem-

ment destinées à frapper fortement l'esprit, tandis qu'en réahté ellesne peuventque le fatiguer. Le miracle a cessé d'être

cependant

la

une preuve en

croyance en

moigne encore delà

la

fait

derehgion;

puissance du Maître té-

sainte vénération des premiers

disciples et reflète leur

enthousiasme rehgieux.


BOUDDHA

L EVANGILE DU

XII

S'il

ne veut pas risquer de mal interpréter

fondamentale des doctrines du Bouddha, teur doit se souvenir qu'il faut prendre « «

moi » dans le sens où moi » de l'homme peut

un sens contre lequel

le lec-

le

terme

l'emploie. Le

être et a été compris dans

Bouddha

n'aurait jamais

aucune objection. Le Bouddha nie l'existence

fait

du

le

Bouddha

le

l'idée

«

moi

» tel

en son temps

qu'on il

;

le

comprenait

ne nie pas

l'homme, sa constitution

communément

la mentalité

(?)

de

spirituelle, l'importance

de sa personnahté, en un mot, son âme. Mais

il

nie la mystérieuse entité égotiste, Yâtnian, dans le sens

d'une sorte de

monade-âme que quelques

écoles supposaient exister derrière ou dans l'activité corporelle et

un

être distinct,

psychique de l'homme,

comme une

comme

sorte d'essence, et

un

agent métaphysique prétendu être l'âme. Cette superstition philosophique,

ment dans

l'Inde

si

mais dans

commune non seulemande entier, cor-

le

respond à Tégotisme habituel de l'homme dans vie pratique; ce sont

la

même

nité, qui

deux

illusions

la

provenant de

source, la foire aux vanités de la

monda-

poussent l'homme à croire que la raison

d'être de sa vie est en son «

moi

».

Le Bouddha

propose de détruire entièrement toute pensée du


PRÉFACE DE l'aUTEUR

((

moi

f r 11 i t

.

»,

XIII

de façon à ce qu'elle ne porte plus de

Ai n s le jNjr v an a i

cl

u

Bouddha

est

un

état idéal

dansulequel l'âme de l'homme, après s'être purifi é e

daJxLui^gQïsme

'

du p éché, est devenue la qui lui apprend à se défier

et

résidence de la vérité,

des entraînements du plaisir et à employer exclu-

sivement toutes ses énergies à remplir les devoirs de

la vie.

La

Bou ddha

doctrine du

L'étude delà nature de l'âme s'il

n'existe ni

véritable

karma

âtman

humaine prouve que

ni entité égotiste, l'essence

de l'homme

est

son karma^ que

n'est pas affecté par la

à vivre. Ainsi,

~~~^

n'est pas le nihilisme , j

mort

et

ce

continue

en niant rexistence de ce que nous

prenons pour notre anae et dont nous redoutons la destruction

par

la

mort,

le

lement à l'humanité (comme

Bouddha ouvre il

le dit

réel-

lui-même)

la

porte de l'immortalité, et là gît la pierre d'angle

de sa morale et aussi de la consolation et de l'en-

thousiasme que procure sa religion. Celui qui ne voit pas l'aspect positif

du Bouddhisme,

pable de comprendre

comment

une influence

si

il

est inca-

a pu exercer

considérable sur des millions et

des millions d'êtres.

Ce volume n'est pas

fait

pour contribuer à

la


l'évangile du bouddha

XIV

solution des problèmes historiques.

Le compila-

teur a étudié son sujet, aussi sérieusement qu'il pouvait dans des circonstances données, mais

il

le

ne

prétend pas présenter une œuvre scientifique. Ce livre

ne tend pas non plus à populariser

les écri-

tures bouddhistes, ni à les montrer sous une forme

poétique. Si cet

«

mieux comprendre simphcité

il

Évangile du Bouddha le

Bouddhisme

et si

»

aide à

dans sa

donne au lecteur l'impression de la

poétique grandeur de la personnalité du Bouddha, ces résultats ne doivent être comptés que

comme

secondaires; son vrai but est encore plus sérieux.

Ce Hvre a été écrit pour faire réfléchir

le lecteur

sur les problèmes religieux d'aujourd'hui.

Il

trace

l'image d'un maître religieux d'un passé lointain, afin

de la faire agir sur

le

présent et devenir un

facteur de la formation de l'avenir.

A notre tielles

avis, toutes les vérités

morales essen-

du Christianisme ont de profondes racines

dans la nature des choses, et ne sont pas en contradiction,

comme on

l'ordre cosmique

Ta souvent prétendu, avec

dumonde.L'ÉgUselesaformulées

en certains symboles,

et

parce que ces symboles

contiennent des contradictions et entrent en conflit

avec la science, les classes éclairées se sont


PRÉFACE DE l'auteur

écartées de la religion. Mais le

XV

Bouddhisme

est

une religion qui ne connaît aucune révélation surnaturelle, et

besoin

voyez

proclame des doctrines qui n'ont pas

d'autres

arguments que

le

«

venez et

Le Bouddha fonde sa rehgion exclusive-

».

ment sur la connaissance qu'aFhomme de la nature des choses, sur une vérité démontrable. La comparaison du Christianisme et du Bouddhisme aidera puissamment à distinguer dans

les

deux religions

ce qui est essentiel de ce qui est accidentel, ce qui est transitoire, la vé-

qui est éternel de ce

elle a

trouvé son

expression symbolique. Nous désirons

ardemment

rité

de Fallégorie dans laquelle

faire naître la conviction

guer entre

le

symbole

et

de la nécessité de distin-

son sens, entre

le

dogme

et la religion, entre les formules d'invention

humaine

et l'éternelle vérité. C'est

hu-

dans cet esprit

que nous offrons ce hvre au public, nourrissant l'espoir qu'il aidera

au développement, dans

Christianisme autant que dans la religion

C'est

un

cosmique de fait

et le

frappantes

le

Bouddhisme, de

la vérité.

digne de remarque que les deux

religions les plus grandes

nisme

le

du monde,

le Christia-

Bouddhisme, aient tant de coïncidences dans leur base

philosophique aussi


l'évangile du bouddha

XVI

bien que dans les applications morales de leur

que leurs méthodes pour

tandis

foi,

exprimer

les

en dogmes sont radicalement différentes. La force

du Bouddhisme

et aussi la faiblesse

primitif c'est

permettait au

son caractère philosophique qui

penseur, mais non aux masses, de comprendre

morale qui pénètre le monde.

l'explication de la loi C'est

pourquoi

nommé

le

Bouddhisme

par les bouddhistes

salut » ou Hinayâna, car petit le

a le petit

si

été

vaisseau de

peut traverser

et atteindre le rivage

l'esprit

naturelle à des

sont ardents dans leurs

a

comparable à un

homme

courant de la mondanité

missionnaire,

est

il

bateau dans lequel un

du Nirvana. Obéissant à

primitif

d'une propagande

hommes

pieux qui

convictions, les boud-

dhistes qui suivirent popularisèrent les doctrines

du Bouddha tude.

Il

et les rendirent accessibles à la multi-

est vrai qu'ils acceptèrent

notions mythiques et

même

beaucoup de

fantastiques

;

mais

ils

réussirent cependant à faire adopter ses vérités

morales à des gens qui ne pouvaient

complètement du Bouddha. sion,

dans

un

a

le

sens philosophique de la religion

Ils

construisirent, selon leur expres-

grand vaisseau de

lequel,

saisir qu'in-

les

salut, » le

multitudes

Mahâyâna^

pouvaient

trouver


PRÉFACE DE L'AUTEUR

XVll

place et qui était capable de les transporter avec

Mahâyâna,

sécurité. Bien que le

ment des côtés

faibles,

ner haut la main, car considérer

comme

condam-

le

remplit son but. Sans

il

il

domine,

qu'il s'adaptait à leur

beaucoup

fait

de prêcher

une philosophie en religion

comme

con-

pour leur éducation.

Le Mahâyâna constitue un progrès, en ce a transformé

le

du développement

parmi lesquels

nous devons reconnaître dition et qu'il a

indiscutable-

ne faut pas

il

summum

le

religieux des peuples

ait

qu'il

et a tenté

des propositions positives des

doctrines qui étaient exprimées sous une forme négative.

Bien

condamner le zèle religieux Mahâyâna dans le Bouddhisme,

éloigné de

qui a fait éclore le

nous pouvons encore moins nous associer à ceux reprochent au

Christianisme

sa

dogmato-

logie et ses éléments mythologiques.

Le Chris-

qui

tianisme est plus qu'un Mahâyâna, et la dogmatologie chrétienne

également avait une mission à

remplir dans l'évolution rehgieuse de l'humanité.

Le Christianisme

est plus

qu'un grand vaisseau

propre à transporter les multitudes de ceux qui s'y

embarquent;

c'est

un grand pont, un Mahdsêtou^

sur lequel un enfant peut traverser le torrent de


L EVANGlLli

XVllI

DU BOUDDHA

l'égoïsme et de la vanilé du

monde

avec autant de

sécurité que le sage. Rien ne caractérise

parole du Christ que ces mots

moi

:

«

mieux

la

Laisser venir à

les petits enfants ».

La comparaison des et frappants

points

communs nombreux

du Christianisme

et

du Bouddhisme

peut être fatale à une conception

sectaire du

Christianisme, mais en fin de compte nous aidera à mûrir notre conception de la nature essentielle

du Christianisme

et ainsi élèvera

nos convictions

religieuses. Elle fera éclore ce Christianisme plus

noble qui aspire à être la religion cosmique de la vérité éternelle.

Espérons que cet Évangile du Bouddha aidera à la fois bouddhistes et chrétiens à pénétrer plus

avant dans l'esprit de leur

foi

de façon à l'embras-

ser dans toute son étendue, sa largeur et sa pro-

fondeur.

Au-dessus

de

tout

Hinayâna,

Mahâyâna

xMahâsêtou est la Religion de la Vérité.

Paul Carus.

r

et


ALLÉGRESSE!

1. Réjouissez-vous de la bonne nouvelle! Le Bouddha* notre Seigneur, a découvert la racine de tout mai. Il nous a montré la voie du salut ^. 2. Le Bouddha dissipe les illusions de notre es-

prit et

nous délivre des terreurs de

la

mort.

— Le Bouddha, notre Seigneur^ apporte

3.

le

sou-

lagement à celui qui est fatigué et accablé par le chagrin; il rend la paix à ceux qui sont écrasés sous le fardeau de la vie. Il donne du courage aux faibles alors qu'ils sont prêts à abandonner la confiance en

eux-mêmes 4.

et l'espérance.

Vous qui

souffrez des tribulations de la vie,

vous qui avez à combattre rez

à une

nouvelle 5.

pour

et à peiner,

vous qui aspi-

vie de vérité, réjouissez-vous de la

bonne

!

Voici

du baume pour

soif, et voici l'espoir

pour

du p pour ceux qjA

les blessés et

les affamés. Voici de l'eau

les désespérés. ^}oiOT/a lu


L EVANGILE

DU BOUDDHA

mière pour ceux qui sont dans les ténèbres,

une béatitude inépuisable pour

— Guérissez vos blessures, vous qui êtes blessés,

6.

et

et voici

les justes.

mangez à

votre faim, vous qui êtes affamés. Repo-

sez-vous, vous qui êtes fatigués, et étanchez votre soif,

vous qui êtes altérés. Levez les yeux vers la lumière, vous qui êtes assis dans les ténèbres; reprenez bon courage, vous qui êtes abandonnés. 7. Ayez confiance en la vérité, vous qui aimez la

vérité, car le

royaume de

vérité est fondé sur la terre.

Les ténèbres de l'erreur sont dissipées par la lumière de la vérité. Nous pouvons voir notre chemin et marcher à pas fermes et sûrs. 8. Le Bouddha, notre Seigneur, a révélé la vé-

— — La vérité guérit nos infirmités

rité.

9.

de la perdition et

dans

la

:

la vérité

mort; seule

nous rend

la vérité

et

forts

nous sauve dans la vie

peut détruire les

maux

de l'erreur. 10.

— Réjouissez- vous de

IL

1

2.

— Samsara

la

et

bonne nouvelle

I

Nirvana.

— Regardez autour de vous contemplez vie* — Tout est passager^ rien ne dure. C'est la naiset

la


l'évangile du bouddha

sance et la mort,

ment;

c'est la

le

développement

combinaison

et le dépérisse-

et la dissolution,

— La gloire du monde est semblable à une fleur

3.

elle est

en pleine floraison

le

matin

;

et se fane à la cha-

leur du jour. 4.

De quelque

côté que vous regardiez c'est la

presse etlapoussée, lacourse avide aux plaisirs^ la peur

de la peine de la mort, c'est la foire aux vanités, et la flamme des brûlants désirs. Le monde est rempli de changements et de transformations. Tout est Samsara^ N'y a-t-il rien de permanent dans le monde? 5. Dans l'universelle inquiétude n'y a-t-il pas un lieu de repos où notre cœur troublé puisse trouver la paix?

N'y

a-t-il

rien d'éternel?

6. — L'angoisse ne cessera-t-elle jamais? Les désirs

brûlants ne s'éteindront-ils pas? ra-t-il être tranquille et 7.

— Le Bouddha^ notre

maux de monde et

la vie.

Il

Quand

Tesprit pour-

calme? Seigneur, s'est affligé des

a vu la vanité du bonheur du

a cherché le salut dans quelque chose qui

ne se fane ni ne périsse^ mais demeure à jamais

et

toujours. 8. lité

— Vous qui aspirez à la vie, sachez que l'immortase cache

dans

la qualité d'èlre périssable.

Vous

qui désirez un bonheur qui ne contienne pas des

germes de désappointement ou de regret, suivez les du grand Maître et menez une vie de rectitude. Vous qui souhaitez avidement les richesses, venez et conseils

recevez les trésors qui sont éternels.


L EVANGILE

9.

La

DU BOUDDHA

vérité est éternelle; elle ne connaît ni

naissance ni mort; elle n'a pas de

pas de

et

Appelez

commencement Que la vé-

la vérité, ô mortels!

prenne possession de vos âmes. La vérité est la partie immortelle de

rité

10.

La

fin.

l'esprit.

possession de la vérité est l'opulence, et une vie

de vérité est

le

bonheur.

— Établissez

11.

la vérité

dans votre

esprit,,

car la

vérité est l'image de l'éternel; elle peint (est le portrait de)

l'immuable;

elle révèle ce qui

dure toujours;

donne aux mortels le don de Fimmortalité. 12. Le Bouddha est la vérité; que le Bouddha habite dans votre cœur. Éteignez dans votre âme tout désir étranger au Bouddha, et à la fin de votre évolution spirituelle vous deviendrez semblable au Bouddha. 13. La partie de votre âme qui ne peut ou ne veut devenir Bouddha doit périr, car elle n'est que la vérité

pure illusion reurs 14.

;

source de vos er-

et irréalité; c'est la

c'est la

— Vous

cause de votre misère.

pouvez rendre votre âme immortelle

en la remplissant de vérité. C'est pourquoi, devenez semblables à des vases propres à recevoir l'ambroisie des paroles du Maître. Purifiez-vous du péché et sanctifiez

votre vie. Il n'est pas d'autre

moyen

d'atteindre

la vérité.

15.

moi

— Apprenez à distinguer

le

moi

et la vérité.

Le

cause de Tégoïsme et la source du péché; ne s'attache à aucun moi; elle est univer-

est la

la vérité selle et

conduit à la justice et à Téquité.

I


l'évangile du bouddha

16.

— La

personnalité, qui semble l'être de ceux

qui chérissent leur moi, n'est ni l'éternel, ni tel,

ni l'impérissable.

Ne cherchez pas

Timmor-

la personnalité,

mais cherchez la vérité. 17. Si nous délivrons nos âmes de leurs personnalités mesquines, si nous ne souhaitons pas de mal à autrui, et devenons purs comme un clair diamant reflétant la lumière de la vérité, quelle radieuse peinture apparaîtra en nous reflétant les choses comme

elles sont,

sans mélange de désirs brûlants, sans la

déformation de l'illusion trompeuse, sans l'agitation de l'inquiétude pleine de péché. 18.

entre

— le

Celui qui cherche

faux moi et

égoïsme sont

le

le

le vrai

moi

doit

distinguer

moi. Son moi

son

et

faux moi. Ce sont des illusions

ir-

composés périssables. Celui-là seul qui identifie son moi avec la vérité atteindra le Nirvana; et celui qui a atteint le Nirvana a atteint l'état de Bouddha; il a acquis le plus grand des bonheurs; il est devenu ce qui est éternel et impérisréelles et des

sable. 19.

— Tous

nouveau,

les

les

individualités

se briseront

se dissoudre de

en pièces

s'éparpilleront; mais les

Bouddha seront 20.

composés doivent

mondes

nos

éternelles.

— L'extinction du

moi

est le salut; l'annihila-

tion du moi est la condition de Tillumination;

cement du moi

et

paroles du

est le Nirvana.

Heureux

l'effa-

est celui qui

a cessé de vivre pour le plaisir, et repose dans la


BOUDDHA

L EVANGILE DU

vérité.

En

son calme

vérité,

et sa tranquillité d'esprit

sont la plus haute félicité. 21.

— Cherchons refuge

trouvé rimpérissable dans

dans le

le

Bouddha^ car

il

a

périssable. Cherchons

refuge dans ce qui est immuable au milieu des changements de l'existence. Cherchons refuge dans la vérité qui est établie

par

le

moyen

de

la

lumière

du

Bouddha.

III.

1.

— La

Vérité Rédemptrice,

Les choses du monde

et ses habitants

sont

soumis au changement; ce sont les produits de choses qui ont existé précédemment; tous les êtres vivants sont ce que les ont loi

fait

leurs actes antérieurs; car la

de cause et d'effet est uniforme et sans exceptions.

2.

— Mais dans

les

se cache la vérité. réalité. 3.

La

— Et

vérité est

choses qui sans cesse changent

La vérité donne aux choses la immuable dans le changement.

la vérité désire se révéler; la vérité aspire

à devenir consciente; la vérité s'efforce à se connaître

elle-même. 4.

— La

vérité existe dans la pierre, car la pierre

il n'est pas une puissance au monde, Dieu, homme ou démon qui puisse faire

existe véritablement, et

qu'elle n'existe sciente.

pas. Mais la pierre n'est pas

con-


L EVANGILE

5.

— La vérité existe dans la plante,

prendre de l'expansion porte des fruits. Sa elle n'est 6.

DU BOUDDHA

:

la plante

et sa vie

peut

pousse, fleurit et

beauté est merveilleuse, mais

pas consciente.

— La vérité

existe dans l'animal

perçoit les choses qui l'environnent;

apprend à choisir. Chez

lui

il

:

il

il

se

meut

et

distingue et

y a conscience; mais

ce n'est pas encore la conscience de la vérité. C'est la

conscience du moi seulement. 7^

— La

conscience du moi aveugle les yeux de

cache la vérité. C'est l'origine de l'erreur; la source de l'illusion, le germe du péché.

l'esprit et c'est

Le moi engendre l'égoïsme. Il n'existe aucun mal qui ne découle du moi. Il n'existe aucune injustice qui ne soit produite par l'affirmation du moi. 9. Le moz est le principe de toute haine, de l'ini8.

-

quité et de la calomnie, de l'impudence et de l'indé--

cence, du vol et de l'escroquerie, de l'oppression et

de l'effusion du sang. le

Lemoz

est

Mâra^y

le tentateur,

malfaiteur, le créateur du mal.

40. Le moi séduit par les plaisirs. Le moi promet un paradis féerique. Le moi est le voile de Mâra l'enchanteur. Mais les plaisirs du moi sont sans réalité, son labyrinthe paradisiaque est le chemin de l'enfer, et sa beauté qui se fane allume les flammes du désir qui jamais ne peut être satisfait. 11, Qui nous affranchira de la tyrannie du moz? Qui nous sauvera de nos misères? Qui nous rétablira dans une vie de félicité?


BOUDDHA

L EVANGILE DU

— Tout est misëre dans

12.

monde de Samsara^;

le

tout est misère et souffrance. Mais le bonheur de la vérité est plus

donne

la

grand que toutes

paix à

La

les misères.

l'esprit haletant; elle

vérité

vainc l'erreur;

flammes du désir et conduit au Nirvana. ^Bienheureux est celui qui a trouvé la paix 13. du Nirvana. Il est calme dans les luttes et les trielle éteint les

bulations de la vie;

ments;

différent

14.

défie la

il

il

est à l'abri de tous les

naissance et la mort;

aux maux de la vie. Bienheureux celui en qui

vérité, car

il

a atteint son but et ne

il

incarnée la

s'est fait

change-

reste in-

qu'un avec la

vainqueur sans pouvoir être blessé; il heureux sans pouvoir souffrir^ il est fort alors même qu'il tomberait écrasé sous le fardeau de son labeur il est immortel alors même qu'il meurt. vérité.

Il

est

est glorieux et

;

L'immortalité est l'essence de son âme.

— Bienheureux celui qui a

15.

de Bouddha, car êtres ses frères.

il

est à

La

même

atteint l'état sacré

d'effectuer le salut des

vérité réside en lui.

parfaite éclaire son entendement.

La

La sagesse

justice inspire

toutes ses actions.

— La vérité

16.

est

une puissance agissante pour

faire le bien, indestructible et invincible! Cultivez la

vérité en votre esprit et répandez-la à travers l'humanité

;

sère.

car la vérité seule sauve

La

vérité!

vérité est le

Béni

soit le

Bouddha,

Bouddha

!

du péché et le

et

de la mi-

Bouddha

est la


L EVANGILE DU BOUDDHA

LE PRINCE SIDDHARTHA DEVIENT BOUDDHA

IV.

Naissance du Bouddha.

Il y avait à Kapilavastou^ un roi Çâkya"^, 1. ferme en ses desseins et révéré par tous les hommes,

un des descendants d'Ikchvâkou^ qui s'appelait Gautama^ et son nom personnel était Çouddhodana^^ ou Riz-Pur.

— Son épouse, Mâyâ-dév!*^

2.

leusement belle que

le lis

que

était aussi merveil-

d*eau et d'un

cœur

aussi

Reine des cieux^^, elle sur la terre pure de désirs et immaculée. Le roi, son mari, la révérait en sa sainteté et

pur que vivait

le

lotus. Ainsi

la

3.

de vérité était descendu en

l'esprit

4.

Quand

elle sut

elle.

que l'heure de

la

maternité

approchait, elle pria le roi de l'envoyer chez ses parents

;

femme

et

Çouddhodana, plein de

sollicitude

pour sa

et l'enfant qu'elle lui donnerait, acquiesça vo-

lontiers à sa

demande.

— Gomme

elle traversait le

jardin de Loumbinî*^,

l'heure arriva; on lui prépara

une couche sous un

Plakcha **

de la matrice sembla-

5.

ble

au

altier, et l'enfant sortit

soleil levant,

radieux

et parfait.


l'évangile du bouddha

10

6. Tous les mondes furent inondés de lumière. Les aveugles recouvrèrent la vue à cause de leur ardent désir de contempler l'arrivée de la gloire du Seigneur; les sourds-muets se parlèrent les uns aux autres des heureux présages annonçant la venue du

Bouddha. Les bossus se redressèrent; les boiteux marchèrent. Tous les prisonniers virent tomber leurs chaînes,

feux

et les

de tous les enfers s'éteigni-

rent.

— Aucun nuage ne se montra dans

7.

eaux souillées devinrent

claires, tandis

le ciel et les

qu'une

mu-

sique céleste emplissait les airs et que les anges se réjouissaient avec bonheur. Ce n'était pas d'une joie

égoïste ou partiale qu'ils se réjouissaient mais pour

car la création submergée dans l'o-

l'amour de

la

céan de

douleur

ment 8.

la

Loi

;

allait enftn

obtenir un adoucisse-

à ses peines.

— Les

cris

des animaux firent silence; tous les

êtres malfaisants reçurent

un cœur aimant,

régna sur

le

la

la terre.

Mâra*^

méchant, seul

et la

était

paix

dans

peine et ne se réjouissait pas. 9.

— Les

rois des Nâgas^^, désirant avec ardeur

montre de leur respect pour la très excellente Loi, de même qu'ils avaient rendu hommage aux Bouddhas antérieurs vinrent rendre visite au Bodhifaire

^"^

sattva^Mls répandirent devant

lui

des fleurs de

man-

dâra, heureux, d'une joie sincère, d'apporter leurs

hommages 40.

religieux.

— Le royal père pesant en son esprit

le

sens de


l'évangile du bouddha

11

ces présages, était tantôt plein de joie, tantôt dans

une cruelle détresse.

La

reine, contemplant son

et les

pro-

diges causés par sa naissance, sentait dans son

cœur

11.

femme

timoré de

les angoisses

— Auprès

12.

femme

vieille

fils

du doute.

de sa couche se tenait debout une

qui suppliait le ciel de

bénir l'en-

fant.

— Or, en ce temps vivait dans

13.

la forêt le richi

Asita qui y menait la vie d'un ermite ^^ C'était

un brah-

mane de haute réputation, renommé non seulement pour sa sagesse et sa science, mais aussi pour'^son habileté à interpréter les présages. Et le roi Tinvita à venir voir le royal enfant.

— Le vieillard, quand

14.

il

vit le prince,

pleura et

soupira profondément. Et lorsque le roi vit les larmes d'Asita

de

en fut alarmé

il

mon fils

t^a-t-elle

— Mais

15.

le

et lui dit

;

«

causé du chagrin

cœur

d' Asita

Pourquoi et

16.

«

Le

roi, tel

17.

enfant

;

«.

fils

s'a-

il

que

la lune

quand

elle est

dans il

a

d'une merveilleuse noblesse.

Je n'adore pas

Brahmâ, mais j'adore

cet

et les dieux qui sont dans les temples quitte-

ront leurs places d 18.

»

:

son plein, devrait éprouver une grande joie, car

engendré un

vue

débordait de joie, et

connaissant que l'esprit du roi était inquiet, dressa à lui, disant

la

de la peine?

«

honneur pour

Bannis toute crainte

l'adorer.

et tout doute.

Les pré-

sages spirituels qui se sont manifestés indiquent que


l'évangile du bouddha

12

nouveau-né apportera la délivrance à l'univers tout

ce

entier.

19.

Me

rappelant que je suis vieux, je n'ai pu

mes larmes; car ma fin est proche. Mais ton le monde. Il est né pour le bien de

retenir fils

«

gouvernera

tous les êtres vivants.

Sa doctrine pure sera semblable au rivage qui accueille les naufragés. Son pouvoir de méditation 20.

«

sera semblable à la fraîcheur d'un lac et toutes les

créatures brûlées par l'ardeur de la luxure pourront s'y désaltérer librement.

24

.

tendre

le

«

Sur

le

feu de la concupiscence

il

fera

s'é-

nuag'e de sa compassion, de sorte que la

pluie de la loi puisse l'éteindre. 22.

« Il

ouvrira les lourdes portes de

la

désespé-

rance, et délivrera toutes les créatures prises au piège

dans

les rets, qu'elles ont

folie et

23.

elles-mêmes tressés, de

.la

de l'ignorance.

«

vage tous

Le roi de les

la loi a

paru pour délivrer du

ser-

pauvres, les misérables et les déses-

pérés. » 24.

— Quand

paroles d'Asita,

le roi et la reine

eurent entendu les

se réjouirent en leurs

cœurs, et donnèrent à Tenfant qui venait de leur naître le nom de Siddhârtha2\ c'est-à-dire «celui qui a accompli ce ils

qu'il se proposait. «

25. Et la reine dit à sa sœur Pradjâpatî^i « La mère qui a enfanté un futur Bouddha ne donne jamais le jour à un autre enfant. Je quitterai bientôt ce :

I


l'évangile du bouddha

13

mondeJeroimonépouxclmonfilsSiddhârlha^-. Quand je ne serai plus, loi, sois une mère pour lui. »>

— Et Pradjâpalî pleura promit. — Quand reine fut morte, Pradjâpalî et

26.

la

27.

l'enfant Siddhârtha et Téleva.

peu croît

la

lumière de la lune,

royal grandit de jour en jour d'esprit et de corps la vérité et

;

et

l'amour résidaient en son cœur.

V.

1.

prit

même que peu à de même l'enfant

Et de

— Les

liens de la vie.

— Quand Siddhârtha

eut atteint l'adolescence,

envoya des messagers à tous ses parents leur commandant d'amener les princesses leurs filles, afin que le prince choisît sa femme parmi elles. Mais ceux-ci refusèrent en disant « Le prince 2. est jeune et délicat il n'a appris aucune des sciences.

son père désira le voir marié,

et

:

;

Il

ne serait pas capable de protéger notre

guerre éclatait

nemi. 3.

il

fille, et si

serait incapable de tenir tête à

»

— Le

prince n'était pas turbulent mais pensif

de sa nature.

Il

se plaisait à

demeurer sous

jambou du jardin de son père^ et, observant du monde, se livrait à la méditation. 4.

la

Fen-

— Et

le prince dit à

son père

:

«

le

grand

les voies

Invite nos pa2


14

l'évangtle du bouddha

renls afin qu'ils puissent

répreuve.

»

Et

le

père

me fit

voir et mettre

comme

son

ma

fils le

force à lui

de-

mandait.

Quand

tous furent venus et que

le peuple de juger pour de la valeur assemblé Kapilavastou se fut et de la science du prince, il se montra accompli dans 5.

tous les exercices du corps aussi bien que de Tesprit,

ne trouva parmi les jeunes g^ens et les hommes de aucun rival qui put le surpasser dans aucune épreuve du corps ou de l'esprit. et

il

l'Inde

6.

Il

répondit à toutes les questions des sages;

mais quand il les questionna, même les plus sages parmi eux furent réduits au silence. 7. Alors Siddhârlha se choisit une femme. Il distingua Yaçôdharâ, sa cousine, la gentille fille du roi de Kôli. Et Yaçôdharâ fut fiancée au prince.

8.

— De leur mariage naquit un

rent Râhoula, et le roi héritier fût né à son 9.

— « Le prince

fils

qu'ils

nommè-

Çouddhôdana, heureux qu'un

fils,

dit

:

ayant engendré un

comme je

l'aime lui-même. Ce sera

sceptre de

mes descendants.

fils

l'aimera

un lien puissant pour attacher le cœur de Siddhârtha aux intérêts du monde, et le royaume des Çâkyas restera sous le »

-^ Sans but égoïste, mais ayant égard à son enfant et au peuple qui l'entourait, le prince Siddhârtha 10.

accomplissait ses devoirs religieux, baignait son corps

dans l'eau sainte du Gange et purifiait son cœur dans eaux de la loi. De même que les hommes souhai-

les


l'évangile du bouddha

15

tent d'assurer la paix à leurs enfants, ainsi

avidement à donner

VI.

1.

le

[ait

2.

— Les Trois Douleurs.

— Le palais,

donné au prince par le Flnde car le

que son Tout ce qui fût

aspirait

repos au monde.

plendissait de tout le luxe de fils

il

;

roi, res-

roi

vou-

heureux. est pénible à voir, toutes les

mi-

jères et toute notion de la souffrance étaient tenus à

Técart de Siddhârtha, et

dans 3.

le

il

ignorait que le

mal régnât

monde.

— Mais de même que l'éléphant captif soupire

tprès les jongles sauvages, ainsi le prince était

monde,

demanda au

patient

de voir

)ère, la

permission de satisfaire son ardent désir.

4. I*

le

et

il

— Alors Çouddhôdana ordonna

îoursiers magnifiques à

roi,

imson

d'atteler quatre

un char orné par devant de

pierreries, et de décorer les routes par oii passerait

Siddhârtha. 5.

Les maisons de

tapisseries

et

la cité étaient

de bannières

;

tendues de

les spectateurs alignés

de chaque côté contemplaient avidement l'héritier

du trône. Ainsi Siddhârtha se promena, avecTchanna^^ son cocher, par les rues de la ville, et à travers une


l'évangile du bouddha

16

campagne arrosée de

ruisselais et couverte d'arbres

agréables.

— Sur

6.

le

bord de

la route ils

Le prince voyant

vieillard.

rencontrèrent un

ce corps courbé, cette

face ridée et ce sourcil douloureux, dit au cocher «

Quel

est celui-ci?

Sa

tête est blanche,

sont chassieux et son corps brisé. soutenir à l'aide de son bâton

7.

Il

ses

:

yeux

peut à peine se

? »

Le cocher, très embarrassé, osait à peine

dire la vérité. la vieillesse.

Il

Ce

répondit

:

Ce sont

«

même homme

les

marques de

a été jadis un petit

enfant à la mamelle, puis un adolescent plein d'ar-

deur pour

le

plaisir;

mais

les

maintenant sa beauté s'en est son corps est épuisée. » 8.

— Siddhârtha

ans sont venus, et

allée et la

profondément

affligé

vigueur de par les pa-

du cocher soupira à cause de la souffrance du Quelle joie ou quel plaisir les hommes peuvent-ils goûter, pensa-t-il, quand ils savent que roles

vieil âge. «

bientôt sants 9.

!

il

leur faudra dépérir et s'en aller languis-

»

Et voici que,

comme

ils

passaient, apparut

bord du chemin un malade tout haletant, le corps défiguré, convulsé et gémissant douleureusement. sur

le

Le prince interrogea son cocher: « Quelle espèce d'homme est-ce là? » Et le cocher répondit et 10.

homme est malade. Les quatre éléments de son corps sont confus et en désordre. Tous nous dit: « Cet

à


17

l'évangile du bouddha

sommes

sujets à de semblables accidents

même

un corps, sont exposés au

— Et

11.

le

pauvre

sage, toutes les créatures

et le ricbe, l'ignorant et le

qui ont

:

malheur.

»

Siddhârtha fut encore plus ému. Tous

les plaisirs lui

parurent usés et

prit

il

en dégoût

les

joies de la vie.

12.

— Le cocher pressait

triste spectacle,

quand tout

les

chevaux pour

à coup

ils

fuir ce

furent arrêtés

dans leur course rapide. Quatre personnes passaient portant un ca13.

davre et

le

prince tressaillant à la vue du corps privé

de vie interrogea

le

cocher

:

vois des banderolles et des

mais

hommes

les

chagrin

Que

portent-ils ? Je

guirlandes de

fleurs,

qui suivent sont accablés par

le

»

I

14.

«

Le conducteur

dit: « C'est

un mort; son

corps est rigide, sa vie s'en est allée, sa pensée est éteinte

;

sa famille et les

amis qui Taimaient portent

maintenant son corps au tombeau.

15.

reur

«

:

Et

Ceci

bien dans 16.

mence 18.

»

prince fut pénétré d'horreur et de terest-il

une exception, demanda-t-il, ou a-t-il d'autres exemples? »

monde y en

le

— D'un cœur

tout dans le

mort.

le

monde

oppresse il

le cocher reprit: « Paren est de même. Celui qui com-

la vie doit la finir.

Nul ne peut échapper à

la

»

— D'une voix éteinte et en balbutiant

s'écria

:

hommes mondains

«

votre erreur

!

î

Combien

le

prince

fatale est

Inévitablement votre corps tombera en


l'évangile du bouddha

48

poussière et cependant sans souci, sans y prendre garde, vous continuez à vivre. »

17.

Le conducteur du char voyant

profonde

la

impression que ces lugubres spectacles avaient fait sur le prince, tourna ses chevaux et rentra dans la cité.

— Comme

19.

passaient devant le palais de la

ils

noblesse, Krichâ Gautamî^^, jeune princesse nièce du

Siddhârtha dans sa mâle beauté

roi, vit

son air préoccupé s'écria

engendré, heureuse

20.

!

:

«

Heureux

nom

t'a

et

le

observant

père qui

t'a

nourri, heureuse

d'époux à un seigneur

si

»

— Le prince

pondit

«

mère qui

la

l'épouse qui donne le

glorieux

:

ayant entendu cette louange ré-

Heureux ceux qui ont trouvé

le salut

!

As-

pirant à la paix de l'esprit, je chercherai le bonheur

de Nirvana. cieuses,

»

Et

lui offrant

comme pour

la

qu'elle lui avait donnée,

20.

rentra dans son palais.

— Siddhârtha jeta un regard de dédain sur

trésors de son palais. la

il

son collier de perles prérécompenser de la leçon

bienvenue

son chagrin,

changement

;

sa

femme

et le suppliait il

hommes

A

dit: «

c'est

les

qui lui souhaitait

de lui dire la cause de

Je vois partout l'empreinte du

pourquoi

mon cœur

est oppressé.

tombent malades et meurent. N'est-ce pas suffisant pour détruire le plaisir de Les

vieillissent,

vivre. »

22.

— Le roi,

son père, apprenant que

le

cœur du

prince était devenu étranger au plaisir, fut terrible-


19

l'évangile du bouddha

ment accablé par

chagrin qui,

le

comme une

épée,

perça son cœur.

— Le Boîiddha renonce au monde.

VII.

1.

Il était nuit.

Le prince ne trouvait pas

pos sur ses moelleux coussins le jardin. «

;

il

le re-

se leva et sortit

Hélas! pleurait-il, car

monde

le

dans

entier est

rempli de ténèbres et d'ignorance; nul ne sait com-

ment guérir

maux

de l'existence.

»

Et

il

gémis-

douleureusement.

sait

2.

Siddhârtha

s'assit

sous

le

grand jambousier

s'abandonna à ses pensées, pesant la vie et la mort les maux de la décrépitude. Concentrant son esprit

et

et il

les

Tous un calme

s'affranchit de toute confusion.

s'évanouirent de son

cœur

et

les désirs

bas

parfait se ré-

pandit sur lui.

— Dans cet état d'extase

3.

tout ce

que

leur;

vit les

il

le

il

monde renferme

vit

de son œil mental

de misère et de dou-

peines du plaisir et l'inéluctable certi-

tude de la mort qui pèse sur tous les êlres. Cependant les

hommes ne

sont pas encore éveillés à la vérité.

Et une compassion profonde envahit son cœur. 4.

le

— Tandis

prince

sier

vit,

qu'il méditait sur le

problème du mal,

jambourevêtue de majesté, de calme

avec l'œil de son esprit, sous

une grande figure

le


L*ÉVANGILE DU BOCDDEA

20

de dignité.

et

«

D'oii viens-tu, et qui es-tu?

»,

de-

manda-t-il.

— La vision

lui répondit « Je suis un Çramana^^ Troublé par la pensée de la vieillesse, de la maladie et de la mort, j'ai fui mon foyer pour chercher le 5.

chemin du

salut.

:

Toutes

les

choses se hâtent vers la

ruine; seule la vérité est éternelle. Tout change et rien de dure; cependant les paroles des

Bouddhas

sont immuables. J'aspire au bonheur qui n'a pas de

déchéance; au trésor qui ne périra jamais; à la vie qui ne connaît ni

quoi

j'ai

retiré

tude,

commencement

ni

fin.

C'est pour-

mondaine. Je

détruit toute pensée

dans un vallon désert pour vivre dans et,

mendiant

ma nourriture, je me

me

suis

la soli-

consacre à la

seule chose qui soit nécessaire ». 6.

— Siddhârtha demanda

paix dans ce

du

monde

rable 7.

et

Peut-on obtenir

«

la

agité? Je suis frappé de l'inanilé

plaisir etj*ai pris le

m'oppresse

:

même

dégoût de

la volupté.

me semble

l'existence

Tout

intolé-

».

— Lo Çramana répondit

:

«

leur, peut aussi exister le froid.

oii

existe la cha-

Les créatures sudu plaisir. L'ori-

jettes à la peine possèdent la faculté

gine du mal indique que

le

bien peut-être développé.

Car ces choses sont corrélatives. Ainsi

là où il y a beaucoup de souffrance, il y aura beaucoup de bonheur, si seulement vous ouvrez les yeux pour le découvrir. De même qu'un homme qui est tombé dans un tas d'ordures doit chercher le grand étang couvert


l'évangilk du bouddha

de lotus qui est dans

le

21

même

voisinage, de

cherche

grand lac immortel du Nirvana pour laver la souillure du péché. Si on ne cherche pas le lac, ce n'est pas la faute du lac de même aussi lorsqu'il y a une routebéniepour conduire au salut du Nirvana Thomme le

;

fortement tenu par route

s'il

homme

le

péché, ce n'est pas la faute de la

n'y passe point, mais de l'individu. Et

atteint de maladie, lorsqu'il

y a

si un un médecin

qui peut le guérir, ne se sert pas de l'assistance

médecin, ce n'est pas

homme

la faute

du médecin; de

du

même

maladie de faire le mal ne guide spirituel de la lumière, ce n'est pas la faute du guide destructeur du péché ». Le prince écouta les nobles paroles de son 8.

si

un

cherche pas

atteint de la

le

visiteur et dit

:

«

Tu

es porteur de

car maintenant je sais que

Mon

me

père

mon

bonnes nouvelles,

projet s'accomplira.

conseille de jouir de la vie et de

me

vouer aux devoirs mondains susceptibles de rendre illustres moi et ma maison. Il me dit que je suis encore trop jeune et que mon pouls bat trop vite pour mener

une vie religieuse qua

».

— L'apparition vénérable secoua

9. :

«

religion

Tu il

la tête et répli-

devrais savoir que pour chercher la vraie

n'est jamais de

temps qui puisse

être inop-

portun. » i

0.

— Un tressaillement de joie passa dans

le

cœur

de Siddhârtha. « Maintenant c'estle moment de chercher

une religion

,

dit-il

;

maintenant c'est le moment de tran-

cher tous les liens qui m'empêcheraient d'atteindre à


l'évangile du bouddha

22

rilluminalion parfaite; maintenant c'est

le

moment

d'errer dans le désert et, menant une existence de mendiant, de trouver le chemin de la délivrance ». 11. Le messager céleste écouta avec approbation

la résolution

12.

«

de Siddhârtha.

Maintenant, en

effet, dit-il, c'est le

Ya

de chercher la religion.

Siddhârtha

et

temps

accomplis

ton projet; car, Bodhisattva^^, tu es le Bouddha-*^ élu; tu es destiné à illuminer le

13.

«

Tu

pliras toute justice et tu seras

Vérité.

Tu

monde.

es le Tathâgata^^ parfait, car tu

es

Bhagavat

appelé à devenir

le

accom-

Dharma-râdja^^^ roi de

le Bienheureux, car tu es sauveur et le rédempteur du monde. ^*,

« Va, accomplis la perfection de la vérité. 14. Lors même que la foudre frapperait ta tête, ne cède jamais aux illusions qui séduisent et écartent les

hommes du chemin

de la vérité. De

même

qu'en

toutes saisons le soleil poursuit sa carrière et jamais

une autre, de même si tu n'ahandonnes pas le droit chemin de la justice, tu deviendras Bouddha. « Persévère dans ta recherche et tu trou15. veras ce que tu cherches. Poursuis ton but sans t'en écarter et tu gagneras leprix. Combats énergiquement

et tu

seras vainqueur.

La bénédiction de

tous les

dieux, de tous les saints, de tout ce qui cherche la

lumière est sur

Tu

seras le

toi, et la

sagesse céleste guide tes pas.

Bouddha, notre Maître

tu illumineras le la perdition. »

monde

et tu

et notre

Seigneur;

sauveras l'humanité de


23

l'évangile du bouddha

d6.

Ayant

ainsi

Tâme de Siddhârtha

parlé, la vision

s'évanouit et

se trouva remplie de paix.

Il

se

dit:

me suis éveillé à la vérité et suis rémon projet. Je romprai tous les liens qui me retiennent au monde, et je quitterai ma maison 17.

Je

«

solue accomplir

le chemin du salut. Les Bouddhas sont des êtres dont les paroles ne peuvent manquer; la vérité est toujours

pour chercher 18.

«

dans leurs discours.

même que la chute d'une pierre lancée en Fair, de même que la mort d'un mortel, de même que le lever du soleil à l'aurore, de même que 19.

le

i<

Car de

rugissement du lion quand

il

quitte sa reposée, de

même que la délivrance d*une femme enceinte, de même que toutes ces choses sont sûres et certaines, de même aussi la parole des Bouddhas est sûre et ne peut manquer de se réaliser. « En vérité, je deviendrai un Bouddha. » 20.

21.

— Le prince revint

à la chambre de sa

pour jeter un chérissait tendrement, plus que tous

femme

dernier regard d'adieu à ceux qu'il les

trésors de

voulu une fois encore prendre son fils dans ses bras et lui donner le baiser des adieux. Mais l'enfant dormait dans les bras de sa mère et il ne la terre. Il eût

pouvait l'enlever sans les éveiller tous les deux. 22.

— Alors

Siddhârtha resta un moment à confemme si belle et son fils adoré, et son brisa. La douleur du départ l'accabla puis-

templer sa

cœur

se


l'évangile du bouddha

24

au point pu ébranler sa résolution, les larmes coulèrent de ses yeux et il fut audessus de son pouvoir de retenir ou de supprimer

samment. Bien que son

que

esprit fût résolu

rien, ni bien ni mal, n'eût

leur cause. 23.

Le prince

une fermeté

virile,

n'éteignant pas

Kanthaka^^ ouvertes,

il

et,

sa

s'arracba (de la chambre) avec supprimant ses sentiments mais

mémoire.

Il

monta son rapide

trouvant les portes du château larges

partit

dans

le silence

de la nuit, suivi

écuyerTchanna^^. C'est ainsi que le prince Siddhârtha renonça 24. aux plaisirs du monde, abandonna son royaume, rom-

seulement par son

fidèle

pît toutes les chaînes et entra

25.

— L'ombre

dans

la solitude.

couvrait la terre, mais les étoiles

rayonnaient brillamment dans les cieux.

YIIL

1.

— Le roi

Bimhisâra,

— Siddhârtha avait coupé sa chevelure flottante

échangé sa robe royale contre un vêtement grossier terre. Ayant renvoyé à Kapilavastu Tchanna, le conducteur de char, avec le noble coursier Kanthaka pour porter au roi Çouddhodana^'^ l'avis que le prince avait quitté le monde^ le Bodhisattva^^ errait le long des routes un bol de mendiant à la main.

et

couleur de


l'évangile bu BOUDDnA

25

Cependant la majesté de son esprit se cachait 2. mal sous la pauvreté de son aspect. Son allure fière trahissait son origine royale et ses yeux rayonnaient d'un zèle fervent pour la vérité. La beauté de son adolescence était transfigurée par la sainteté qui en-

comme un halo. Tous ceux qui le voyaient

tourait sa tête

3.

le

contemplaient

avec étonnement. Les plus pressés arrêtaient leurs pas

regardaient en arrière, et

et

qui ne lui rendît 4.

— Étant

il

n'était

personne

hommage.

entré dans la cité de Râdjagrihâ^^, le

prince allait de maison en maison attendant silencieu-

sement qu'on lui offrit de la nourriture. Partout où Bienheureux les gens lui donnaient ce qu'ils avaient; ils s'inclinaient modestement devant lui et se

allait le

sentaient remplis de gratitude parce qu'il daignait

approcher de leurs maisons. o. «

— Vieux

jeunes étaient émus et disaient Mouni ^^ Son approche est une béQuelle imminente joie pour nous! » et

Voici un noble

nédiction. 6.

— Et

le roi

la cité s'enquit

:

!

Bimbisâra^^ remarquant l'émotion de de sa cause, et ayant appris la nou-

envoya un de ses serviteurs observer l'étranger. Ayant appris que le Mouni devait être un 7. Çâkya de noble famille et qu'il s'était retiré dans les bois sur le bord d'une rivière rapide pour manger la

velle

nourriture qui remplissait son bol,

ému;

le roi

eut

le

cœur

mit sa robe royale, plaça sa couronne d'or sur sa tête et accompagné de vieux et sages conil


l'évangile du bouddha

26

seillers alla à la 8.

rencontre de son hôte mystérieux.

— Le roi trouva

mouni de

le

sous un arbre. Admirant

Çâkya

la race

assis

calme de son visage et la distinction de ses manières, Bimbisâra le complimenta respectueusement et dit « Çramana^^, tes mains sont faites pour 9. rênes d'un empire et non un bol de mendiant. tenir les J'ai compassion de ta jeunesse. Si je ne pensais pas que tu es de race royale, je le supplierais de t'associer à moi pour gouverner mon royaume et le

:

de partager

mon

pouvoir royal. Le désir du pouvoir

convient aux esprits les plus magnanimes^ et l'opulence n'est pas à mépriser.

Gagner des

trésors et

perdre sa religion n'est pas un vrai gain. Mais celui qui possède à la fois ces trois biens, puissance, opulence et religion et en jouit avec discrétion et sagesse, celui-là je l'appelle

— Le

10.

répondit 11.

un grand maître.

»

grand Çâkyamouni'*^ leva

les

yeux

—«

roi, tu es

ta parole est prudente.

emploi de

la richesse

réputé libéral et religieux et

De Fhomme bon

on

qui

fait

un bon

dit à juste titre qu'il est

sesseur d'un grand trésor; mais le misérable qui pile ses richesses n'aura

42.

et

:

aucun

pos-

em-

profit.

— « La charité est riche en profits; la charité est

la plus

grande des richesses; car alors même qu'on ne fait naître aucun remords.

la prodigue, elle

13.

« J'ai

rompu tous

cherche la délivrance.

les

liens parce

Gomment me

que

je

serait-il possible


l'évangile du bouddha

de revenir au le

monde ? Qui cherche la vérité religieuse,

plus grand de tous les

attention, et

ne doit tendre qu'à ce seul bat.

âme

14.

« Qu'il

du pouvoir.

cède à

luxure

la

si

monde

et

il

— « Meilleur que

peu que ce

soit, et

sera accablé de soucis.

souveraineté de la terre,

la

meilleur que la résidence dans le la

doit

enfant la luxure grandira. Qu'il exerce la

puissance du 15.

Il

de la convoitise et de la luxure, et

aussi de l'ambition

comme un

abandonner ou détourne son

doit

trésors,

tout ce qui concerne sa personnalité

libérer son

27

domination sur tous

les

ciel,

mondes,

meilleur que

est le

fruit de la

sainteté.

16.

«

Un

Bodhisattva a reconnu la nature

soire de la richesse et

ne confond pas

le

poison

illu-

et la

nourriture. 17. il

«

Le poisson

pris à

l'hameçon convoite-t-

encore l'amorce; l'oiseau captif

est-il épris

du

lilet?

« Le malade que la fièvre tortui'e cherche rafraîchissant. Lui conseillerons-nous médicament un un breuvage qui augmentera sa fièvre? Éteindronsnous un feu en le chargeant de combustible? « Je t'en prie, ne me plains pas. Plains plutôt 19.

18.

ceux qu'accablent

les soucis

de la royauté et les cha-

grins des grandes richesses. Ils n'en jouissent qu'en

tremblant; car

ils

sont perpétuellement menacés de

perdre ces biens auxquels leurs cœurs sont attachés, et

quand

ils

meurent,

ils

ne peuvent emporter ni leur


l'évangile du bouddha

28

diadème royal. En quoi un roi mort l'emporlet-il sur un mendiant mort? « Un lièvre échappé de la bouche d'un ser20. or, ni le

pent retournerait-t-il se faire dévorer? Un homme qui s'est brûlé la main à une torche la ressaisirait-il après l'avoir jetée à terre?

Un

aveugle ayant recouvré

la

vue voudrait-il encore perdre ses yeux? « Mon cœur n'aspire pas à un gain vulgaire 21

aussi ai-je déposé

mon diadème

;

royal et préféré être

affranchi des fardeaux de l'existence. 22.

« C'est

pourquoi n'essaye pas de

me

mêler

dans de nouvelles parentés et de nouveaux devoirs, ni

de m'empêcher de mener à bien l'œuvre que

j'ai

entreprise.

23.

«

Je regrette de

te quitter.

Mais je dois

aller

vers les sages qui peuvent m'enseigner une religion et

trouver ainsi

le

chemin par lequel on peut échapper

au mal. 24.

—«

Puisse ton pays jouir de la paix et de

la

prospérité, et puisse la sagesse s'épandre sur ton gou-

vernement

comme

l'éclat

du

soleil

au milieu du jour!

Puisse ton pouvoir royal être fort! Puisse la justice être le sceptre de ta

Le

main

!

»

mains avec respect, se prosterna devant Çâkyamouni, disant « Puisses-tu 25.

roi,

joignant

les

:

trouver ce que tu cherches, et quand tu l'auras trouvé, reviens je t'en prie et accepte-moi pour dis,

,

ciple. »

26.

— Le Bodhisattva se sépara du roi amicalement


l'évangile du bouddha

et

en bons termes,

et résolut

29

en son cœur de lui ac-

corder sa requête.

IX.

I

1.

— Les Recherches dû Bouddha,

Arâda"^* et Oudraka"^- étaient des maîtres

renommés parmi

les

brahmanes,

ne les surpassait en savoir 2.

et

en ces temps nul

science philosophique.

et

— Le Bodhisaltva^^ vint près d'eux

et s'assit à leurs

écoula leurs doctrines sur l'tt/m^n** ou personnalité, qui est le moi de l'esprit et l'acteur de toutes ac-

pieds.

Il

tions. Il apprit leurs

âmes

et sur la loi

méchants doivent des

hommes

opinions sur la transmigration des

du karma

'^' ;

comment

les

âmes des

souffrir par leur renaissance

dans

de basse caste, dans des animaux ou dans

l'enfer, tandis

que ceux qui se sont purifiés par des

libations, des sacrifices et des mortifications devien-

dront rois, brahmanes ou dieux de façon à s'élever de plus en plus haut dans les degrés de l'existence. Il

étudia leurs incantations, leurs offrandes et les

thodes par lesquelles

moi de 3.

ils

obtenaient

la

mé-

délivrance du

l'existence matérielle dans l'état d'extase.

— Arâda disait

:

«

Qu'est-ce que c'est que la per-

sonnalité qui perçoit les actes des cinq racines de l'esprit,

que

c'est

toucher, odorat, goût, vue et ouïe? Qu'est-ce

(que la personnalité) qui agit selon les deux


l'évangile du bouddha

30

moyens de mouvement, par les mains et par les pieds? Le problème de Tâme se révèle (ou se pose) dans les expressions «je dis viens

âme

» et « je

n'est pas

corps,

Le moi ce

qui

ou

»

l'oreille,

Ton

langue; ce n'est pas non plus ton

est ce qui perçoit le toucher

sent

dans

le

nez,

dans la langue, ce qui voit dans

dans

», « je

« je resterai ici ».

ton corps; ce n'est pas ton œil, ton

oreille, ton nez, ta

esprit.

perçois

», « je sais » et « je

m'en vais

ce

l'œil, ce

ce qui pense dans l'esprit.

dans

le

qui goûte qui entend

Ton moi

fait

mouvoir tes mains et tes pieds. Ton moi est ton âme. Douter de l'existence de Tâme est irréligieux, et si l'on ne discerne pas cette vérité il n'est pas de chemin de salut. Une spéculation profonde déroutera facilement Tesprit; elle conduit à la confusion et à l'incrédulité; mais la purification de l'âme conduit au chemin

de la libération.

On

parvient à

la

délivrance véritable

en se tenant à l'écart de la foule, en menant la vie d'ermite et en ne vivant que d'aumônes. Si nous dépouillons tous désirs et reconnaissons clairement la non-

existence de la matière, nous atteignons parfait.

Là nous trouvons

matérielle.

Gomme

les conditions

l'herbe

son enveloppe ligneuse, ou

dévide

de la vie im-

moundja^^ débarrassé de comme l'oiseau sauvage

qui s'échappe de sa prison, ainsi

de toutes limitations trouve

l'état

le

le

moi

se délivrant

repos parfait. C'est

là la

véritable délivrance, mais ceux-là seuls la connaîtront

qui auront une foi profonde. 4.

— Le Bodhisattva ne

fut pas satisfait de cet

en

J


l'évangile du bouddha

seignement.

Il

répliqua

:

«

Le peuple

31

est

dans

la ser-

vitude, parce qu'il n'a pas répudié l'idée du nnoi. 5.

«

La chose

et ses qualités sont

différentes

dans notre pensée, mais pas dans la réalité. Dans notre pensée la chaleur est distincte du feu, mais en

on ne peut séparer la chaleur du feu. Vous que vous pouvez enlever les qualités et laisser la chose, mais si vous poussez votre théorie jusqu'au bout, vous verrez qu'il n'en est pas ainsi. « L'homme n'est-il pas un organisme composé 6. réalité

dites

de nombreux agrégats? Ne sommes-nous pas com-

posés de différents skandhas

nomment? L'homme

les

ainsi que nos sages , un ensemble de forme

^"^

est

matérielle, de sensation, de pensée, de dispositions et

Ce que

finalement d'intelligence.

nomment une

le

moi quand

entité distincte des

la sensation et la rité est Tesprit

justice.

Mais

skandhas.

il

il

que

le

moi

marche dans

n'existe pas de

est

un

y a

»

;

;

il

et la

la voie

y a vé-

de la

moiâme distinct en Thomme. Celui qui

être distinct n'a pas

ception correcte des choses.

n'est pas

l'esprit

y a la vérité

dehors ou derrière la pensée de croit

Il

hommes

les

disent « je suis

pensée et

quand

il

ils

une con-

La recherche même de

l'âme est mauvaise; c'est un mauvais point de départ qui vous 7.

«

mène dans une

fausse direction.

Combien de confusions de pensée proviennent

de l'intérêt que nous portons à

la

notre vanité quand nous pensons

ou

« J'ai fait cette

:

personnalité, et de «

action admirable?

Je suis »

si

grand

»

L'idée de votie


l'évangile du bouddha

32

moi occupe

le

milieu enlre votre nature rationnelle et

la vérité; bannissez-là et

vous verrez

les

choses

telles

qu'elles sont. Celui qui pense sainement se débarras-

sera de l'ignorance et acquerra la science. Les idées

«je serai», ou « je ne serai pas présentent pas à un penseur éclairé. de

suis »,

« je

8

«

De

plus,

si

votre moi persiste

»,

comment pou-

vez-vous parvenir à la véritable délivrance? Si est destiné à renaître

le

moi

dans un quelconque des trois un enfer, sur la terre, ou dans

mondes, que ce soit vous retrouverez toujours

les cieux^

même

ne se

et inévitable sort d'existence.

veloppés dans Tég-oïsme et

le

et toujours le

Vous

serez en-

péché.

« Tout composé est sujet à la désagrégation, nous ne pouvons échapper à la naissance, à la maladie, à la vieillesse et à la mort. Est-ce donc une dé9.

et

livrance finale? » 10.

— Oudraka*^ disait

autour de vous

que

les

l'effet

hommes

« Ne voyez-vous pas tout du karma*-'? Qu'est-ce qui fait :

différent de caractère, de position,

de richesses et de destinée? C'est leur karma;

et

karma comprend le mérite et le démérite. La transmigration^^ de Pâme dépend de son karma. Des exis-

le

tences précédentes nous héritons des mauvais effets

de nos actes mauvais, et des bons

vertueux.

effets

de nos actes

n'en était pas ainsi pourquoi y aurait-il des différences entre nous? » 11.

S'il

— Le Tathâgata^^ médita profondément sur

les


L EVANGILE DU

problèmes de

la

BOUDDUA

transmigration et du

karma

et

dé-

couvrit la vérité qui gît en eux. 12.

«

La

doctrine du karma, dit-il, est indiscu-

Ce que Thomme sème que nous moissonnons nous devons

table, car tout effet a sa cause. il

le récolte, et ce

l'avoir

43.

semé dans nos existences antérieures.

«

soumise à

Je vois que la transmigration de l'âme est la loi

de cause

et d'effet, car les

font leurs propres destinées.

hommes

Mais je ne vois pas de

transmigration du moi. 14. elle

«

Cette personnalité qui est mienne n'est-

pas un composé matériel aussi bien que spirituel?

N'est-elle

pas

de qualités qui sont nées par

faite

une évolution graduelle. Les cinq racines de la percet organisme viennent d'ancêtres qui les ont subies Les idées que je pense me viennent pour une part des autres individus qui les ont pensées, et pour une part naissent de comception sensationnelle de

.

mon propre esprit. Ceux mêmes organes des sens et pensé les

binaisons de ces idées dans qui ont usé des

mêmes

idées avant que je ne sois formé en cette in-

mes existences antémes ancêtres au même titre que mon

dividualité qui m'est propre sont

rieures; ce sont

moi d'hier est le père de mon moi d'aujourd'hui, et le karma de mes actes passés règle le destin de mon existence présente. 15.

—«

Supposons

qu'il existe

un âtman^t qui

ac-

complit les actes des sens, alors la porte de la vue étant arrachée de ses

gonds

et l'œil extirpé, cet

âtman


l'évangile du bouddha

34

serait capable de regarder par ces ouvertures plus

larges et de voir les formes de ce qui Tentoure et plus

nettement qu'auparavant.

Il

mieux

serait capable de

mieux entendre les sons si les oreilles étaient arrade mieux sentir si le nez était amputé; de mieux goûter si la langue était supprimée et de mieux percevoir les sensations si le corps était déchées

;

;

truit.

16.

«

Je constate la persistance et la transmis-

je perçois la vérité du karma; mais je ne vois pas l'âtman dont votre doctrine fait l'acteur de vos actes. Il y a renaissance sans transmigration

sion de l'âme

;

de la personnalité. Car dans « Je dis » et « Je veux », cetâtman, celte personnalité, ce moi eslune illusion.

comment pourraitde personnalité? La terreur de

Si cette personnalité était réelle,

on échapper à

l'état

on ne pourrait compter de la vie ne seraient pas dus à notre ignorance et à notre péché, mais l'enfer serait sans limites et

sur aucun repos. Les

maux

constitueraient la nature 17.

— Et

le

même

de notre existence. »

Bodhisattva s'en vint auprès des prêtres

qui officient dans les temples. Mais Tesprit compatissant de

Çâkyamouni

fut offensé

par la cruauté inutile

qui se donne carrière sur les autels des dieux. 18.

Il dit

:

— « Lignorance seule peut induire ces hommes

à préparer des fêtes et de grandes assemblées pour les sacrifices. Il

vaut bien mieux adorer

la vérité

que

d'essayer de propitier les dieux par des effusions de sang.


35

l'évangile du bouddha

19.

Quel amour peut posséder un

'(

croit qu'en détruisant la vie

mauvais?

Un nouveau

homme

qui

rachètera des actes

il

crime peut-il en expier d'an-

ciens? Le meurtrier d'une victime innocente peut-il effacer les

ligion 20.

péchés de l'humanité? C'est pratiquer

en négligeant

« Purifiez

la

la re-

conduite morale.

vos cœurs

et cessez

de tuer; voilà

la vraie religion.

21.

«

Les

rituels sont sans efficacité

sont de vaines répétitions de formules tions n'ont

aucune puissance

salutaire.

;

;

les prières

les incanta-

Mais

s'affran-

chir de la concupiscence et de la volupté, se délivrer des

mauvaises passions, renoncer à

la

haine

et

au mau-

vais vouloir, c'est le vrai sacrifice et le vrai culte. »

— Pénitence à Ouroiivilvâ.

X.

— LeBôdhisattva^^ en quête d'une meilleure doc-

1.

trine arriva à l'ermitage de cinq bhikchous^'^ établis

dans

la

reux

vit la vie

jongle d'Ourouvilvâ

de ces cinq

^^ ;

et

quand

le

Bienheu-

hommes, qui vertueusement

tenaient en bride leurs sens, domptaient leurs passions

une austère discipline, il admira leur ferveur et se joignit à leur compagnie. 2. Avec un saint zèle et un cœur ferme, Çâkyamouni ^^ se livra à la mortification et à la méditation

et pratiquaient


l'évangile du bouddha

36

Si

abstraite.

Çâkyamouni raient 3.

les

encore

était plus sévère

comme

cinq bhikchous étaient austères, et ils

l'hono-

leur maître.

Pendant

ans

six

besoins de la nature.

Il

A

la

continua

supprimer

et à

les

entraîna son corps et exerça

son esprit aux pratiques vie ascétique.

Bodliisattva

le

patiemment

ainsi à se torturer

fin

rigoureuses de

les plus

la

mangeait chaque jour un

il

seul grain de chenevis, cherchant à franchir l'océan

de la naissance et de la mort, et à atteindre

le

rivage

de la délivrance. 4.

— Le

son corps la

Bodhisattva était atrophié et exténué

était

renommée

semblable à une branche

flétrie

et

mais

;

dejsa sainteté s'était répandue dans les

contrées environnantes et

le

peuple venait de grandes

distances pour le voir et recevoir sa bénédiction. 5. fait.

— Cependant

le

Bienheureux

n'était pas satis-

Cherchant la véritable science il en vint à conclure que

il

point, et

ne

la trouvait

la mortification

n'éteint pas le désir et ne procure pas l'illumination

dans 6.

la

contemplation extatique.

— Assis sous un jambousier,

il

considéra

de son esprit et les fruits de ses mortifications.

l'état «

Mon

corps est devenu de plus en plus faible, pensait-il,

mes jeûnes ne m'ont pas

fait faire

cherche du salut. Ce n'est pas là ferais

mieux de

la nourriture et

trouver

le

fortifier

mon

»

le vrai

mon

et

la re-

chemin. Je

corps par la boisson

de mettre ainsi

calme.

un pas dans

et

esprit en état de


l'évangile du bouddha

7.

11 alla se

baigner dans la rivière; mais lors-

voulut sortir de l'eau

qu'il

37

il

ne put se lever à cause

de sa faiblesse. Alors^ avisant les branches d'un arbre et s'en saisissant

8.

meure,

il

Lorsque il

se leva et quitta la rivière.

le

Bienheureux revenait à sa de-

de faim et

défaillit

tomba sur

le sol, et les

cinq bhikchous pensèrent qu'il était morl^^.

9.

11

y avait un chef de bergers qui habitait

près du bois et dont la advint que

du

10.

se

nommait Nandâ ^^

à l'endroit

;

or

il

Bienheureux

oii le

évanoui, et se prosternant devant lui elle lui

s'était offrit

fille

Nandâ passa

riz

au

lait et

— Quand

il

accepta Toffrande.

eut mangé, ses

il

membres

leur vigueur, son esprit redevint lucide et

reprirent il

fut fort

pour recevoir Tillumination suprême.

i

11.

prit

— A partir

de ce

moment

Bodhisaltva re-

le

de la nourriture. Ses disciples, qui avaient assisté

changement

à la scène avec Nandâ, et constaté le

de son genre de vie, conçurent des doutes.

convaincus que sait

comme 12.

le

que celui

et

détourner de

le

lui,

Bodhisattva il

il

13.

bhikchous se

manque de

compte de l'abandon dans

le-

vivait.

— Faisant taire

son chagrin,

tout seul et ses disciples dirent quitte

magnanime.

vit les

fut peiné de leur

confiance, et se rendit

quel

furent

jusqu'alors vénéré

qu'ils avaient

leur maître oubliait son but

— Quand

Ils

zèle religieux de Siddhârtha fléchis-

:

«

il

s'en alla errer

Siddhârtha nous

pour chercher une demeure plus agréable.

»


l'évangile du bouddha

38

XI.

4.

— Mâra

le

Méchant.

— Le Saint dirigea ses pas vers ce bienheureux

arbre de Bodhi^^ à

Tombre duquel

il

devait parfaire

Fobjet de sa recherche. 2.

— Tandis

marchait, la terre trembla et une

qu'il

lumière brillante transfigura 3.

Quand

s'assit

il

le

les

monde. cieux résonnèrent de

sons joyeux et tous les êtres vivants furent remplis d'allégresse. 4.

— Seul Mâra^^

le

Seigneur des cinq désirs,

arti-

san de mort et ennemi de la vérité, ressentit de la

douleur

et

ne se réjouit pas. Accompagné de ses

trois filles, les tentatrices, et

de ses légions de dé-

mons malfaisants il se rendit à l'endroit oii était assis grand Çramana^^ Mais Çâkyamouni ne prit pas

le

garde à 5.

terreur

lui.

Mâra proféra les menaces qui inspirent la et suscita un ouragan tel que les cieux furent

obscurcis, que Tocéan rugit et trembla. Mais sous l'arbre de Bodhi.le

Bienheureux

craignait point. L'Éclairé

^^

restait

calme et ne mal ne

savait qu'aucun

pouvait lui advenir. 6.

— Les

sattva.

Mâra

Mais

trois filles de il

vit qu'il

ne

fit

Mâra tentèrent

pas attention à

le

elles, et

Bodhi-

quand

ne pouvait allumer aucun désir dans

le


l'évangile du bouddha

cœur du Çramana victorieux, il ordonna à tous les esprits du mal qui obéissent à ses commandements d'attaquer et de terrifier le grand Mouni.

— Mais

7.

le

Bienheureux

les contemplait

comme

on regarderait les jeux inoffensifs déjeunes enfants. Toute la haine ardente des esprits du mal fut sans effet. Les flammes de l'enfer devinrent de salutaires brises parfumées, et les foudres furieuses se changèrent en fleurs de lotus. 8. A cette vue Mâra et son armée s'enfuirent loin de l'arbre de Bodhi. Tandis que des hauteurs du ciel pleuvait une pluie de fleurs célestes, on entendit les voix des esprits du bien « Voyez le grand Mouni 9. Son esprit n'est pas ému par la haine. Les légions du Pervers ne Font

:

!

pas intimidé.

compassion. 10.

Il est

pur

et sage, plein

d'amour

et

de

»

Comme

rayons du soleil détruisent du monde, ainsi celui qui per-

les

(noyent) les ténèbres

sévère dans sa recherche trouvera la vérité et la vérité l'éclairera.

XïL

1.

— Illumination.

Le Bodhisattva ayant mis en

livra à la méditation ^^

fuite

Mâra

se

Toutes les misères du monde^


l'évangile du bouddha

40

les

maux

produits par les actes coupables, et les souf-

frances qui en découlent passèrent devant l'œil de

son esprit, et 2.

il

pensa:

Cerlaineménl,

«

les résullats

si les

êtres vivants voyaient

de toutes leurs mauvaises actions,

s'en détourneraient avec dégoût. les aveugle, et ils

ils

Mais la personnalité

demeurent attachés à leurs

désirs

nuisibles. 3.

ardemment le plaisir et ils enquand la mort détruit leur inne trouvent aucune paix; leur soif

« Ils désirent

gendrent

la

douleur

dividualité

ils

;

d'existence persiste et leur personnalité réapparaît en

de nouvelles naissances. 4.

«

Ainsi

cercle et ne

mêmes

construit.

sirs, sont-ils

le

ils

continuent à se mouvoir dans un

peuvent échapper à l'enfer

Et

assez vains leurs efforts

plantain et vides 5.

«

comme une bulle

Le monde

qu'ils ont eux-

sont-ils assez vides leurs plai!

Creux

d'eau.

est rempli par le

péché

chagrin, parce qu'il est rempli d'erreur. Les s'égarent

mieux que

parce

qu'ils

la vérité.

pensent que

De préférence

poursuivent l'erreur qui

est

comme et le

hommes

l'erreur

vaut

à la vérité

ils

d'abord agréable à la vue;

mais cause Tangoisse, le chagrin et la misère. » 6. Et le Bodhisattva commença à exposer

le

dharma ^\ Le dharma est la vérité. Le dharma est la loi sacrée. Le dharma est la religion. Le dharma seul peut nous délivrer de l'erreur, du péché leur.

et

de la dou-


41

l'évangile du bouddha

7.

— Considérant Torigine de

la

naissance

et

de la

mort, rilluminé^^ reconnut que l'ignorance était la racine de tous les

maux;

du développement de nas

et ceux-ci

la vie,

sont les chaînons

appelés les douze nidâ-

^^.

Au commencement

une existence et dans l'océan de aveugle et sans connaissance l'ignorance il y à des appétences susceptibles de forme et d'organisation. De ces appétences de forme et d'or8.

«

il

existe

;

ganisation naît la connaissance ou le sentiment. Le

sentiment engendre des organismes qui vivent

comme

organismes développent les six champs, c'est-à-dire les cinq sens et l'esprit. Les six champs entrent en contact avec les choses (ou la matière). Le contact engendre la sensation. La sensation êtres individuels. Ces

créé la soif de l'existence individualisée.

La

soif de

aux choses. L'attachement fait naître, grandir et se perpétuer la personnalité. La personnalité se perpétue dans des naissances

l'existence crée l'attachement

renouvelées. Les naissances renouvelées de

la

per-

sonnalité sont la cause de la souffrance, de la vieillesse,

de

la

maladie

et

de la mort. Elles produisent la plainte,

l'angoisse et le désespoir. 9.

elle git

«

La cause de

toute douleur est primordiale

cachée dans l'ignorance

d'oii

évolue la

;

vie.

Dissipez l'ignorance et vous détruirez les mauvais appétits

qui naissent de l'ignorance; détruisez ces

mauvais appétits

et

tion fausse qui naît

vous ferez disparaître

la percep-

d'eux. Détruisez la perception


l'évangile du bouddha

42

faussé et Terreur cessera chez les êtres individualisés.

Détruisez les erreurs chez les êtres individua-

lisés et les illusions

des six

champs

disparaîtront.

Déne

illusions et le contact avec les choses

truisez les

produira plus de conception erronée. Détruisez la conception erronée et vous en avez fini avec la concupiscence. Détruisez la concupiscence et vous serez affranchis de tout attachement maladif. Écartez l'attache-

vous détruisez Fégoïsme de la personnalité. Si l'égoïsme du moi est détruit vous êtes au-dessus de la naissance^ de la vieillesse, de la maladie et de la mort et vous échappez à toute souffrance ».

ment

10.

et

— Le

montrent

moi

Sage a vu les quatre nobles vérités qui chemin de Nirvana, ou de l'extinction du

:

11. la

le

«

douleur.

dissant,

La première noble vérité est l'existence de On souffre en naissant, on souffre en gran-

on souffre dans

la

maladie, on souffre pour

On souffre d'être uni avec ce qu'on n'aime point. On souffre encore plus d'être séparé de ce que l'on aime. On souffre de désirer ce qu'on ne peut obmourir.

tenir.

La seconde noble vérité est la cause de la douleur. La cause de la douleur est la concupiscence. Le monde qui nous entoure affecte la sensation et 12.

«

engendre une soif d'attachement qui exige une satisfaction immédiate. L'illusion du moi naît et se manifeste dans l'attachement aux choses. Le désir de vivre

pour

la satisfaction

du moi nous enlace dans

les filets


l'évangilk du bouddha

du chagrin. Le

43

plaisir est l'appât, et le résultat est la

douleur.

13.

«

La

troisième noble vérité est la cessation

de la douleur. Celui qui dompte

le

moi

est délivré de

la

concupiscence.

ne ressent plus d'attachement

et

la

flamme du désir ne trouve plus d'aliment pour

se

Il

nourrir. Ainsi elle doit s'éteindre.

14. « La quatrième noble vérité est l'octuple chemin qui mène à la cessation de la douleur. Il est sauvé celui dont le moi disparaît devant la vérité, celui dont

volonté se subordonne au devoir,

la

celui qui n'a

point d'autre désir que de faire son devoir.

prend ce chemin 15.

1» la

Le sage

met fin à la douleur. L'octuple chemin c'est bonne manière de comprendre; et

:

2° les

bonnes résolutions; bonne manière de parler; la bonne manière d'agir; la bonne manière de gagner sa vie les bons efforts; les bonnes pensées;

3" la

4^ 5^ 6" 7*

8° la paix salutaire

16.

— Gela

c'est le

de

l'esprit.

dharma^'^

Gela c'est la religion. Et stance «

;

le

.

Cela c'est la vérité.

Sage prononça

cette

:

Longtemps

j'ai

erré!

Longtemps! Lié par

la

chaîne du. désir pendant de nombreuses naissances, j'ai

cherché ainsi longtemps en vain

d'oii vient l'ab-

sence de repos qui torture l'homme? D'où viennent et


L'ÉVANGILE DU BOUDDHA

44

son égoïsme

et

son angoisse, et

le

samsâra^^

difficile

quand la douleur et la mort nous environnent? Trouvée! Je l'ai trouvée la cause de la personnalité! Ne construisez plus de maison pour moi. Rompu est le joug du péché, brisé est le timon du à supporter

Mon

souci!

esprit est entré

dans Nirvana.

accompli la destruction des attachements! 17.

— Là

est le

moi

et ici la vérité.

Là où

existe la vérité n'est pas.

n'existe pas.

Le

est la

7noi est l'erreur fugitive

c'est l'individualisme qui isole et

J'ai enfin

»

moi vérité le moi du Samsara;

Là ou

le

l'égoïsme générateur

de l'envie et de la haine. Le moi est l'ardeur insensée

pour

course

le plaisir et la

vanité.

La

vérité

choses; c'est

le

est

folle

la juste

permanent

aux triomphes de la compréhension des

et l'éternel, le réel

dans

toute existence, la félicité de la voie droite. 18.

n'est

L'existence du moi est une illusion, et

dans

le

monde

il

ni tort, ni vice, ni péché qui ne

découle de l'affirmation du moi. 49.

— On ne peut posséder la vérité qu'à la condi-

tion de reconnaître

On ne

que

peut pratiquer

le

la

moi

n'est qu'une illusion

:

voie droite qu'après avoir

affranchi son esprit des passions de l'égotisme.

La

paix parfaite ne peut s'établir que lorsque toute vanité a disparu.

20. Bienheureux celui qui a compris le dharma. Bienheureux celui qui ne fait du mal à aucun des êtres

ses frères.

Bienheureux

est libre de passion. Il est

celui qui vainc le

parvenu à

péché

la félicité la

et

plus


l'évangile du bouddha

45

plus haute celui qui a vaincu Fégoïsme et la vanité. Il est

devenu Bouddha,

XIII.

1.

Bienheureux, Saint.

Les premiers convertis.

— Le Bienheureux passa

fois sept 2.

parfait,

dans

la solitude sept

jours en goûtant la félicité de la délivrance.

— En ce temps Tapoussa

et Bhallika^^^

deux mar-

chands, vinrent en voyageant sur la route proche de

Bouddha) et quand ils virent grand Çramana, majestueux et respirant la paix,

l'endroit (où était le

le ils

s'approchèrent de lui avec respect et lui offrirent des

du miel. première nourriture que mangea l'Illuminé après qu'il eut atteint l'état de Bouddha. Et le Bouddha leur parla et leur montra le 4. chemin du salut. Les deux marchands concevant dans gâteaux de 3.

riz et

Ce fut

la

leur esprit la sainteté du vainqueur de Mâra, se pros-

ternèrent respectueusement et dirent

nons refuge, Seigneur, dans le

Dharma^^ o.

:

«

Nous pre-

Bienheureux

et

dans

»

— Tapoussa

ciples laïques

le

et

Bhallika furent les premiers dis-

du Bouddha.


l'évangile du bouddha

XIV.

— Requête de

Brahmâ.

Le Bienheureux étant parvenu 1. Bouddha prononça cette parole solennelle 2.

«

Pleine de

félicité est l'absence

J'ai

«

de concupiscence

sublime

et

découvert

et la

une sphère dans 4.

«

mondains du monde.

d'intérêts

les désirs

Celui qui vit dans le

pas la doctrine

;

car pour lui,

destruction «

Je suis.

difficile

hommes

plupart des

du mal. La »

plus profonde,

la vérité la

produisant la paix, mais

prendre. Car la

:

félicité est la libération

de tout orgueil qui a pour cause l'idée de 3.

à l'état de

à

com-

s'agitent dans

et se

complaisent

monde ne comprendra bonheur n'existe que

le

dans la personnalité, et la félicité qui consiste en une soumission complète à

la vérité,

ne peut

il

la

conce-

voir. 5.

«

Il

appellera résignation ce qui est pour

l'Illuminé la plus pure des joies.

sement

là oti le Parfait

sidérera

comme

la

Il

verra l'anéantis-

trouve l'immortalité.

mort ce que

le

Il

con-

Vainqueur du moi

sait être la vie éternelle.

r

6. « La vérité demeure cachée pour celui qui est tenu dans la servitude de la haine et du désir. Le Nir-

vana reste incompréhensible

et

mystérieux pour

l'es-


l'évangile du bouddha

prit vulgaire

comme

que des intérêts mondains enveloppent

de nuages.

— « Si je prêche

7.

comprenne pas, ment.

la

Loi

je n'en aurai

que l'humanité ne la que fatigue et désagré-

et

»

8.

47

Alors

Brahmâ Sahampati^^

descendit des

cieux, et^ après avoir adoré le Bienheureux, dit

9

«

Hélas!

monde va

le

périr

si le

:

Saint, le Ta-

thâgata^^^ ne se décide pas à prêcher le Dharma^^. 10.

«

Sois miséricordieux pour ceux qui luttent;

compatissant pour ceux qui souffrent; aie

sois

pitié

des êtres qui sont emprisonnés sans espoir dans les

de la douleur.

filets

11.

— «Il

la souillure

dus

s'ils

Mais

des êtres qui sont presque purs de

est

de l'attachement au monde.

n'entendent pas

s'ils

l'entendent

ils

la

Ils

seront per-

prédication de la doctrine.

croiront et seront sauvés. »

— Le

Bienheureux, plein de compassion, regarda avec l'œil d'un Bouddha toutes les créatures 12.

animées^ et parmi elles

il

vit

des êtres qui n'étaient qu'à

peine couverts de la poussière de la mondanité, en

bonne disposition

et faciles

à instruire.

Il

en

vit quel-

ques-uns qui avaient conscience du danger de

la con-

cupiscence et du péché. 13.

Et

le

Bienheureux

dit

:

«Que

la porte

de

l'immortalité soit large ouverte pour tous ceux qui

ont des oreilles pour entendre. Puissent-ils recevoir le

Dharma avec 14.

Alors

foi

!

»

Brahmâ Sahampati comprit que

le


l'évangile du bouddha

48

Bienheureux avait

accueilli sa requête et prêcherait

la Loi.

FONDATION DU ROYAUME DE VÉRITÉ

XV. 2.

premier

Alors

le

Oupaka.

Bienheureux songea

prêcherai-je la doctrine?

«

:

A

qui le

Mes vieux maîtres ^^

Ils auraient reçu avec joie la bonne nouMais mes cinq disciples sont encore en vie. J'irai à eux et c'est pour eux que, pour la première fois, je proclamerai l'évangile de la délivrance. »

sont morts. velle.

2.

Eq

ce

temps

les

cinq bhikchous résidaient

dans le Parc aux Daims ^^ à Bénarès, et le Bienheureux oublieux de la dureté avec laquelle ils l'avaient aban-

donné au moment sympathie

et

oii

il

avait le plus besoin de leur

de leur assistance, mais se souvenant

seulement des services

qu'ils lui avaient

rendus

et plein

de pitié pour les austérités qu'ils pratiquaient en vain, se leva et se dirigea vers leur résidence.

— Oupaka

jeune brahmane djain, ancien ami de Siddhârlha, rencontra le Bienheureux tandis qu'il 3.

se rendait à et plein

"^^

Bénarès

et,

étonné de son air majestueux

de satisfaction sublime,

lui dit

:

«

Ami, ton

aspect est serein; tes yeux brillants indiquent la pureté et la béatitude. »


L*ÉVANG1LE DU BOUDDHA

— Le saint

4.

délivrance chaste, la

Bouddha répondit

:

« J'ai

par l'extinction du moi.

Mon

mon

J'ai

obtenu

la

corps est

esprit est libre de tout désir et la vérité

plus complète a fixé sa

obtenu

49

le

demeure dans mon cœur.

Nirvana. C'est pourquoi

mon

aspect

Maintenant je est serein et mes yeux veux fonder sur la terre le royaume de vérité, je veux donner la lumière à ceux qui sont ensevelis dans les ténèbres et ouvrir aux hommes la porte de l'immorsont brillants.

talité. »

— Oupaka répliqua

5.

« Alors tu prétends, ami, Conquérant du monde, V Absolu et le

être le Djina^^, le

:

Saint. »

— Le

Les Djinas sont tous passio^ns du moi ceux qui ont vaincu ceux-là seuls sont victorieux qui domptent leur esprit et s'abstiennent du péché. C'est pourquoi, Oupaka, 6.

Bienheureux le

dit

:

moi

«

et les

;

je suis le Djina. » 7.

— Oupaka secoua

dit-il_,

ton chemin est

autre route,

il

s'en fut.

XVL

1.

— Les cinq

«Vénérable Gautama'^ par là-bas », et prenant une

la tête:

— Le Sermon de Bénarès. bhikchous virent venir leur ancien

maître et convinrent entre eux de ne pas le saluer.


l'évangile du bouddha

50

de ne pas s'adresser à lui comme à un'maître, mais de le nommer par son nom seulement. « Car, direnta

rompu son

teté. 11

n'est pas

ils, il

Gautama dance 2.

fait banqueroute à la sainun bhikchou, mais Gautama, et

voeu et

qu'un

n'est plus

aux

et se livre

— Mais quand

homme qui

vit

dans l'abon-

du monde. Bienheureux s'approcha avec

plaisirs

le

dignité, involontairement

»

ils

se levèrent des places

où ils étaient assis, en dépit de leur résolution. Cependant ils le nommèrent par son nom et l'appelèrent «

ami 3.

».

Après

par son

nom et

Bouddha,

le

ils

un père

dit

ne

:

«

Tathâgata^^

ami

»,

car

pas

«

mal

;

le

il

est le

voit tous les êtres

bonté de cœur

et c'est

Manquer de mépriser est un péché.

l'appellent « Père ». est

Bien-

le

Le Bouddha

même

le

N'appelez pas

lui dites

Saint.

vivants avec la

quoi

eurent ainsi accueilli

qu'ils

heureux, celui-ci

Le Tathâgata ne cherche pas

pour-

respect à

dans mais ce n'est pas une raison pour que vous pensiez qu'il s'adonne aux plaisirs du monde, ni qu'il vit dans l'abondance. Le Tathâgata a trouvé Idivoie moyenne. 4.

«

les austérités

le salut

;

Ce n'est pas s'abstenir de poisson ou de viande, aller nu, se raser la tête, ou porter les cheveux tressés, se vêtir d'un habit grossier, se couvrir 5.

«

de poussière, ni sacrifier à Agni qui peut purifier

l'homme qui 6.

«

n'est pas délivré des erreurs.

Lire les \édas, faire

des offrandes aux


l'évangile du bouddha

51 f

prêtres ou des sacrifices

chaleur ou

froid, et

le

aux dieux, se mortifier par la maintes autres pénitences

semblables accomplies dans talité 7.

le

but d'obtenir l'immor-

ne purifie pas qui n'est pas délivré des erreurs.

-— « C'est la colère, l'ivrognerie, Tobstination, la

bigoterie, la tromperie, la louange de

dénigrement d'autrui, l'arrogance,

les

soi-même, le mauvais des-

seins qui constituent l'impureté et non, en vérité, le

manger de

de

fait

8.

voie

la chair.

— « Laissez-moi, ô bhikchous, vous enseigner la moyenne, qui

se tient à égale distance des

extrêmes. Par la souffrance,

dans son esprit

La

la

le

dévot

monde

sens 9.

;

deux

produit

confusion et les pensées maladives.

mortification ne conduit pas

selon le

affaibli

même

à la science

combien moins au triomphe sur

les

I

«

Celui qui remplit sa lampe avec de Teau ne

dissipera pas les ténèbres, et celui qui essaie d'allu-

mer un

feu avec du bois pourri ne réussira pas.

Les mortifications sont douloureuses, Comment peut-on se délivrer du moi en menant une vie misérable si Ton ne réussit 10.

«

-

vaines, sans profit.

pas à éteindre

11.—

«

que

le

tant

le

feu de la concupiscence.

N'importe quelle mortification est vaine moi persiste, tant que le moi continue à

convoiter les plaisirs du celui en qui le

cupiscence;

il

moi

monde ou

des cieux. Mais

est éteint est affranchi de la con-

ne désire aucun plaisir ni mondain ni

céleste> et la satisfaction de ses besoins naturels

ne

le


..^

l'évangile du bouddha

52 —__—-^

a»-

.

souillera pas. Qu'il

mange

et

—.^

boive selon les besoins

de son corps. 12.

«

L'eau qui environne

la fleur

de lotus ne

mouille pas ses pétales. 13.

«

D'un autre côté toute espèce de sensualité

est énervante.

L'homme

passions et la

recherche du plaisir est dégradante

sensuel est l'esclave de ses et

vulgaire. 14.

«

Mais satisfaire

les nécessités de l'existence

un mal. Garder notre corps en bonne

n'est pas

santé

un devoir; car autrement nous ne serions pas capables d'entretenir la lampe de la sagesse, et de garest

der notre esprit fort et lucide. 15.

«

Ceci est la voie moyenne, ô bhikchous, qui

deux extrêmes. » Bienheureux parla avec bonté à

se tient à l'écart des 16.

— Et

disciples,

le

ayant

pitié

trant l'inutilité de leurs eiForts, et la glace de

cœur se persuasion du Maître.

vouloir qui congelait leur

chaleur de la 17.

— Alors

Roue de

le

ses

de leurs erreurs et leur mon-

mauvais

fondit à la douce

Bienheureux mit en mouvement

la plus Excellente

Loi et ,

la

commença à prêcher

aux cinq bhikchous, leur ouvrant la porte de l'immortalité et leur montrant le bonheur de Nirvana. 18. Et quand le Bienheureux commença son sermon, le ravissement fit frémir tous les univers.

19.

lestes

Les Dévas^^ quittèrent leurs demeures cépour écouter la douceur de la vérité; les saints

qui avaient quitté la vie s'assemblèrent en foule au-


53

l'évangile du bouddha

tour du grand Instituteur pour recevoir les heureuses

nouvelles

;

même

les

animaux de

la terre sentirent la

bénédiction qui découlait des paroles du Tathâgata et toutes les créatures

:

de la multitude des êtres doués

de sentiment, dieux, hommes et bêtes en écoutant le message de délivrance, l'entendirent et le comprirent chacun dans le langage qui leur est propre. 20.

—Le

21.

«

Bouddha

Les

conduite pure

gueur

la

;

;

immuable de

«

sont les règles d'une

moyeu dans

;

la

modestie

et la ré-

lequel est fixé l'essieu

la vérité. »

Celui qui reconnaît l'existence de la dou-

leur, sa cause, son tré les

Roue

la justice est l'uniformité de leur lon-

sagesse est sa bande

flexion sont le

22.

dit:

rais de la

remède

et

quatre Nobles Vérités.

son extinction, a pénéIl

marchera dans

le

bon

chemin. 23. il

«

Les opinions droites seront

la torche

dont

éclairera sa route. Les visées droites seront son

guide. Les paroles droites seront son habitation sur la route. Il

marchera

droit, car c'est

droite. Ses rafraîchissements seront la

une conduite manière droite

de gagner sa vie. Les efforts justes seront ses pas

;

bonnes pensées sa respiration et la paix marchera derrière lui dans les empreintes de ses pieds. » Et le Bienheureux exposa l'instabilité du 24. les

;

moi. 25.

((

Tout ce qui a eu un commencement

soudra de nouveau. Tout souci de

la

se dis-

personnalité est


l'évangtle du bouddha

54

vain; le moi est semblable à

un mirage,

et toutes les

tribulations qui l'atteignent sont passagères. Elles s'é.

comme

vanouiront

le

cauchemar quand

le

dormeur

s'éveille.

26. ^- «

crainte;

il

Celui qui est éveillé est affranchi de la est

devenu Bouddha;

il

connaît la vanité

de tous ses soucis, de ses ambitions et aussi de

ses

peines. 27.

qu'un

« 11 arrive parfois

homme qui vient de se

baigner marche sur une corde mouillée et croit que c'est

un serpent. L'horreur

Je saisit et

il

est frappé

de peur, souffrant d'avance dans son esprit toutes les

agonies causées par une morsure venimeuse. Quel soulagement doit ressentir cet homme quand il voit que ce n'est pas un serpent? La cause de sa frayeur

repose dans son erreur,^son ignorance^ son illusion. S'il

reconnaît la nature de la corde, la tranquillité de

son esprit

joyeux 28.

reviendra;

il

se sentira soulagé;

il

sera

heureux.

et

lui

«

Tel est

l'état d'esprit

de celui qui a reconnu

pas de moi, que la cause de toutes ses

qu'il n'y a

peines,-ses soucis et ses vanités est

un mirage, une

ombre, un rêve. 29.

«

Heureux

est

celui

qui a vaincu

égoïsme; heureux celui qui a obtenu reux celui qui a trouvé la vérité. 30

«

La

vérité est noble et douce

puissance de vous délivrer du mal. le

monde

Il

la

;

tout

paix; heu-

la vérité a la

n'y a pas dans

d'autre sauveur que la vérité.


55

l'évangile du bouddha

« Ayez confiance en la vérité, lors même que 31. vous ne seriez pas capable de la comprendre, lors même que vous supposeriez que sa douceur est amère, lors même que vous reculeriez devant elle au premier

abord. Confiez-vous en la vérité. 32.

drent des

«

Les erreurs égarent;

maux.

fermentées

;

Elles enivrent

mais

engen-

les illusions

comme

les

boissons

elles s'évanouissent bientôt, et lais-

l'homme malade et dégoûté. « Le moi est une fièvre le moi est une vi34. sion passagère, un rêve; mais la vérité est salutaire, sent

;

la vérité est

sublime, la vérité est éternelle.

Il

n'y a

d'immortalité que dans la vérité. Car seule la vérité

demeure éternellement, » Et quand la doctrine eut 35.

nérable Kaundinya^^,

le

été exposée, le vé-

plus âgé des cinq bhikchous,

discerna la vérité avec Fœil de son esprit, et «

En

vérité, ô

Bouddha notre Seigneur^

il

dit:

tu as trouvé

la vérité. »

36.

— Et

prits des

les

Dévas, les saints

et

tous les bons es-

générations mortes qui avaient entendu les

sermons du Tathâgata, reçurent avec joie la doctrine « En vérité, le Bienheureux a fondé le et s'écrièrent royaume de la justice. Le Bienheureux a remué la terre; il a fait tourner la roue de la Vérité que personne dans Tunivers, qu'il soit dieu ou homme, ne :

peut faire revenir en arrière. Le royaume de Vérité sera prêché sur la terre;

bonne volonté

et la

il

s^étendra; et la justice, la

paix régneront dans l'humanité.

»


l'évangile du bouddha

56

XVII.

1.

le

— Ayant monlré — L'homme qui

la vérité

Bouddha 2.

— Le Sahgha.

dit

aux cinq bhikchous,

:

«

reste seul, bien qu'ayant ré-

solu d'obéir à la vérité, peut être faible et retomber

dans ses anciens errements. C'est pourquoi demeurez

ensemble, assistez-vous mutuellement

et fortifiez les

uns des autres. Soyez 3. comme des frères; unis dans l'amour, « unis dans la sainteté, unis dans votre zèle pour la efforts les

vérité. 4.

— Répandez

la vérité et

prêchez la doctrine dans

tous les quartiers du monde, de sorte qu'à la les êtres vivants

fin

tous

deviennent des citoyens du royaume

de vérité5.

«

C'est là la sainte fraternité; c'est là l'église

du Bouddha;

c'est le

Sangha^^ qui

établit la

commu-

nion entre tous ceux qui ont pris refuge dans

Bouddha. 6.

le

»

— EtKaundinya

fut le

premier disciple du Boud-

du Saint, et dha qui eut entièrement « En vérité le Tathâgata, lisant dans son cœur, dit Kaundinya a compris la vérité. » C'est pourquoi le vénérable Kaundinya reçut le nom d'Ajnâta Kaunsaisi la doctrine

:


57

l'évangile du bouddha

dinya, ce qui veut dire

«

Kaundinya qui a compris

la doctrine. »

— Alors

7.

dha

et dit

La

le

vénérable Kaundinya parla au Boud-

Seigneur, fais que nous recevions

du Bienheureux. » Et le Bouddha dit

tiation 8.

«

:

:

«

l'ini-

Approchez, ô bhikchous!

doctrine est bien enseignée. Menez une vie sainte

pour l'extinction de

la souffrance. »

— Alors Kaundinya

9.

noncèrent 10.

trois fois ces

et les autres

vœux

Au Bouddha j'aurai

«

estleParfait,il est saint et

bhikchous pro-

solennels

:

recours avec

foi

:

Il

suprême.Le Bouddha nous

apporte Tinstruction, la sagesse et

le salut. Il

est le

Bienheureux qui connaît les lois des êtres. 11 est le Seigneur du monde qui met les hommes sous lejoug

comme

hommes,

le

cours avec 11.

bœufs, l'Instituteur

des

Bouddha

Au Bouddha j'aurai

re-

foi.

A

«

Exalté.

des

des dieux et

la

Doctrine ^^ j'aurai recours avec

doctrine est bien prêchée par l'Exalté. été révélée (par lui) de

La

foi

:

la

doctrine a

façon à devenir visible

;

doctrine est au-dessus du temps et de l'espace.

la

La

doctrine n'est pas fondée sur le ouï-dire, elle dit « venez

voyez

et

»

;

la doctrine

conduit au bien-être; la doc-

trine est acceptée par les sages

Doctrine j'aurai recours avec

la

12. foi

:

la

«

A

la

A

foi.

Congrégation^* j'aurai recours avec

Communauté

instruit à

dans leurs cœurs.

mener une

Bouddha nous communauté des

des disciples du

vie de vertu

;

la


l'évangile du bouddha

58

du Bouddha, nous apprend à exercer l'honla communauté des disciples du Bouddha nous montre à pratiquer la vérité. Ils fordisciples

nêteté et la justice

ment une

;

confrérie de bonté et de

saints sont dignes de vénération. disciples

du Bouddha

afin

d'enseigner les règles de la rectitude et

pour

faire le bien.

avec

foi ».

XVIH.

1.

A

Congrégation j'aurai recours

la

— Yachas,

le

— En C3 temps-là

jeune

comme une assohommes se lient en-

est instituée

ciation sainte dans laquelle des

semble

Leurs

charité.

La communauté des

homme, nommé

jeune

homme de

Bénarès.

y avait à Bénarès un noble Yachas^^, fils d'un riche maril

chand. L'esprit tourmenté des chagrins du monde, se leva

secrètement pendant la nuit

et s'enfuit

il

auprès

du Bienheureux. 2. Le Bienheureux vit venir de loin Yachas, le noble jeune homme. Et Yachas s'approcha et s'écria

:

« Hélas, quelle détresse 3.

— Le

Bienheureux

pas de détresse; à

moi

ici il

dit à

Yachas

:

« Ici

» il

n'est pas de tribulations.

n'est

Viens

et je t'enseignerai la vérité, et la vérité dissi-

pera tes chagrins 4.

Quelles tribulations!

1

».

— Et quand Yachas,

le

noble jeune

homme,

en-


59

l'évangile du bouddha

teadit qu'il n'y avait ni détresse, ni tribulations, ni

chagrins, son le

cœur fut soulagé.

Bienheureux

— Alors

Il

vint au lieu où était

et s'assit par terre près de lui.

Bienheureux prêcha sur la charité et morale. 11 exposa la vanité des désirs, leur iniquité et leurs maux et montra la voie de la délivrance. 6. Au lieu du dégoût du monde, Yachas sentit le flot rafraîchissant de la sainte sagesse, et, ayant obtenu l'œil pur et sans tache de la vérité, il regarda sa personne, richement parée de perles et de pierres précieuses, et son cœur fut plein de honte. 5.

le

la

7. dit

— Le Tathâgata^ connaissantsespenséesintimes,

:

même

Lors

qu'une personne soit parée de joyaux, son cœur peut avoir vaincu les sens. L'exté8.

«

rieur ne constitue pas plus la religion qu'il n'affecte l'esprit.

Ainsi

corps d'un

le

Çramana peut

vêtement d'ascète tandis que son esprit dans la mondanité.

porter

est

un

plongé

« L'homme qui vit dans des forêts solitaires cependant convoite les vanités du monde est un mondain, tandis que l'homme en habits mondains peut faire planer son cœur dans les hauteurs des pen9.

et

sées célestes. 10.

« Il n'y

et le religieux, à

la

a pas de distinction entre

pensée de personnalité

Chemin ^^,

le

laïque

».

H. — Voyant qu'Yachas le

le

condition que tous deux aient répudié

était prêt à entrer

Bienheureux

lui dit

:

«

dans

Suis-moi

I

»


l'évangile du bouddha

60

Et Yachas se joignit à la confrérie, et ayant revêtu la robe jaune ^\ il reçut l'initiation. Tandis que le Bienheureux et Yachas discou12. raient sur la doctrine, le père de Yachas passa près de

cherchant son

Bienheureux

mon

Yachas, 13.

:

«

et

fils;

en passant

interrogea

il

le

Je vous prie, Seigneur, avez-vous vu

fils? »

— Le Bouddha

dit

au père d'Yachas

Monsieur, vous trouverez votre

d'Yachas plein de joie entra.

fils

Il s'assit

»

;

:

et

« Entrez, le

père

par terre près

mais ses yeux étaient aveuglés et il ne le reconnaissait pas; et le Seigneur commença à prêcher. Et le père dTachas comprenant la doctrine du de son

fils;

Bienheureux, 14.

Bouddha,

dit-:

Glorieuse est la vérité^ ô Seigneur! Le

« le

Saint, notre Maître,

a été bouleversé;

il

met en place

ce qui

révèle ce qui a été caché;

il

chemin au vagabond qui s'est égaré; il allume une lampe dans les ténèbres de sorte que tous ceux qui ont des yeux peuvent discerner les choses qui les environnent. Je prends refuge dans le Bouddha, montre

le

notre Seigneur; je prends refuge dans la Loi révélée

par

lui; je

la Congrégation qu'il a Bienheureux daigne à partir de ce jour vie durera me recevoir comme un disciple

prends refuge dans

établie.

Que

tant que

ma

le

qui a pris refuge en lui 15.

— Le

».

père de Yachas fut

le

premier membre

laïque qui se joignit au Saîigha. 16.

— Quand

le

riche

marchand eut

pris refuge


l'évangile du bouddha

dans

Bouddha,

le

ses

01

yeux s'ouvrirent

assis à son côté en robe jaune. «

Mon

et

il

son

vit

fils

Yachas, ditabîmée dans la lamentation et le chagrin. Rentre à la maison et rends la vie à ta mère ». Alors Yachas regarda le Bienheureux et le 17. Bienheureux dit « Convient-il qu' Yachas retourne au monde et goûte comme il le faisait auparavant les plaisirs d'une vie mondaine? » Et le père d Yachas répondit « Si Yachas, 18. il,

ta

mère

fils,

est

:

mon

tils,

:

trouve profit à rester auprès de vous, qu'il

demeure, lia obtenu

monde

la

délivrance de la servitude du

».

— Quand

Bienheureux eut réjoui leurs cœurs le père d'Yachas « Daigne le Bienheureux, ô Seigneur, prendre dit son repas chez moi avec Yachas pour serviteur? » 20. Le Bienheureux ayant mis ses robes, prit son bol à aumônes et se rendit avec Yachas à la demeure du riche marchand. Quand ils y furent arrivés, la mère et aussi la femme d'Yachas saluèrent le Bienheureux et s'assirent par terre près de lui. 21. Alors le Bienheureux prêcha, et les femmes 19.

le

par des paroles de vérité et de justice, :

ayant compris sa doctrine s'écrièrent la vérité,

ô Seigneur!

:

Le Bouddha,

«

Glorieuse est

le Saint,

notre

Maître, rétablit (remet en place) ce qui a été boule-

versé;

il

révèle ce qui a été caché;

min au vagabond qui dans

les ténèbres afin

s'est

égaré;

il

il

montre

le

che-

allume une lampe

que tous ceux qui ont des yeux

puissent discerner les choses qui les entourent.

Nous


l'évangile du bouddha

62

prenons refuge dans

le

Bouddha^ noire Seigneur.

Nous prenons refuge dans la Loi qu'il a révélée. Nous prenons refuge dans la Confrérie qu'il a instituée. Daigne le Béni nous recevoir, à que notre vie durera, comme des refuge en 22.

jeune

partir de ce jour tant disciples qui ont pris

lui ».

La mère

homme

et la

femme d'Yachas,

le

noble

de Bénarès, furent les premières femmes

qui devinrent des disciples laïques et prirent refuge

en Bouddha. 23.

— En ce temps

il

y avait quatre amis de Yachas

qui appartenaient à des familles opulentes de Bénarès. Ils se

nommaient Vimala, Soubâhou, Pounyadjit

et

Gavâmpati. 24.

Quand

les

amis dTachas apprirent

qu'il

avait coupé ses cheveux et endossé des robes jaunes

pour abandonner pensèrent

:

«

le

monde

et errer sans foyer,

ils

Certainement ce ne peut être une docune noble renonciation

trine vulgaire, cela doit être

au monde,

si

Yachas, que nous savons vertueux

et

sage, a coupé ses cheveux et revêtu des robes jaunes

pour abandonner

monde

le

et s'en aller errant

sans

foyer». 25.

— Et

ils

allèrent vers Yachas, et

présenta au Bienheureux, disant

:

«

Yachas les Daigne le Bien-

heureux dispenser l'exhortation et l'instruction à ces quatre de mes amis » Et le Béni leur prêcha et les amis d'Yachas reçurent la doctrine et prirent refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha. .


63

l'évangile du bouddha

XIX.

— Envoi des disciples en mission.

I 1.

— Et Tévangile du Bienheureux se répandait de

jour en jour, et une multitude de peuple venait pour l'entendre, recevoir l'initiation et

mener dès

lors

une

vie sainte dans le but de parvenir à l'extinction de la

douleur. 2.

— Et

le

Bienheureux voyant

qu'il était

impossible

de répondre à tous ceux qui voulaient entendre la vérité et

recevoir l'initiation, choisit dans le

ses disciples ceux qui devaient prêcher le

leur dit 3. fit

nombre de

Dharma

et

:

« Allez

maintenant, ô bhikchous, pour

de la multitude, pour

le

le

pro-

bien de l'humanité, par

compassion pour le monde. Prêchez la doctrine qui est glorieuse dans le commencement, glorieuse dans le milieu, et glorieuse à la fin, dans son esprit comme dans sa lettre. Il y a des êtres dont les yeux sont couverts d'à peine un peu de poussière; mais si la doctrine ne leur est pas prêchée ils ne peuvent pas

une vie de comprendront la doctrine et l'adopteront. « Le Dharma et le Vinaya ^^ proclamés par le 4. Tathâgata répandent une vive lumière quand ils sont exposés, et non quand ils sont cachés. Mais ne laissez atteindre la délivrance. Enseignez-leur

sainteté. Ils

pas cette doctrine,

si

pleine de vérité,

si

excellente


6

l'évangile du bouddha

4

tomber entre

les

mains de ceux qui en seraient

in-

dignes, où elle serait méprisée et dédaignée^ trailée

honteusement, ridiculisée et condamnée. 5. -- « Maintenant je vous donne, ô bhikchous celte permission. Dorénavant, dans les différents pays, conférez l'initiation à ceux qui brûlent de la recevoir,

quand vous les en trouverez dignes. » Et il devint une règle établie que 6. chous allaient prêchant tandis que le temps

pice

mais dans

;

la

saison des pluies

ils

les bhikétait pro-

se réunissaient

de nouveau et rejoignaient leur maître pour entendre les

exhortations du Tathâgata.

XX.

1.

— En ce

— Kâçyapa,

temps, à Ourouvilvâ^^ demeuraient les

de Krichna^^ qui adoraient le Kâçyapa était leur chef. Dans l'Inde entière Kâçyapa était renommé,

Djatilas^*^, sectateurs

feu; et 2.

son

nom

était

honoré

comme celui

de l'un des

les plus sages qui fussent sur la terre, et torité 3.

faisait

au-

en religion.

— Et

le

Bienheureux vint vers Kâçyapa d'Ourou-

vilvâ, le Djatila, et dit

dans

il

hommes

la

chambre

oii

:

«

Laisse-moi passer

la nuit

tu gardes votre feu sacré. »


65

l'évangile du bouddha

— Kâcyapa voyant

Bienheureux dans toute sa majesté et sa beauté pensa « Voici un grand mouni et un noble maître. S'il passe la nuit dans la chambre où l'on g-arde le feu sacré, le serpent le mordra et il mourra. » Et il dit « Je ne m'oppose pas à ce que tu passes la nuit dans la chambre oii est gardé le feu sacré; mais le démon-serpent te tuera et je serais 4.

le

:

:

fâché de te voir périr. 5.

entrer dans la 6.

— Et

le

et Kâçyapa le laissa chambre oii le feu sacré était gardé. Bienheureux s'assit, tenant son corps

droit, et s'entourant 7.

»

— Mais le Bouddha insista

— Dans

de vigilance.

la nuit, le

dragon vint au Bouddha, vo-

missant avec rage son redoutable poison et remplissant l'air de vapeur brûlante, mais il ne put lui faire

aucun mal, et le feu se consumait lui-môme tandis que Celui que le monde révère demeurait impassible. Et le démon venimeux fut pris d'une telle rage qu'il mourut dans sa colère. 8.

— Quand

Kâçyapa

éclatante de la chambre,

En

il

vit la

lumière qui sortait

«

Hélas, quel malheur!

dit

:

Gautama, le grand Çâkyamouni, est beau, mais le serpent va le détruire. » 9. Au matin le Bienheureux montra le corps du démon à Kâçyapa en disant « Son feu a été vaincu vérité l'air de

:

j)ar

mon

feu. »

Et Kâçyapa pensa Çâkyamouni est un grand Çramana et possède des pouvoirs sublimes, mais 10.

il

n'est pas aussi saint

:

que moi.

» 4.


l'évangile du bouddha

H. pensa

Il

y

avait

ences jours-là une

Le peuple va venir

«

:

de la contrée et verra parle,

le

etKâçyapa

fêle

de toutes les parties

ici

grand Çâkyamouni.

S'il

croiront en lui et m'abandonneront.

ils

»

leur

Et

il

devint jaloux. 12.

— Quand

reux se retira

jour de la fête fut arrivé,

le

et

le

Bienheu-

ne vint pas vers Kâçyapa. Et Kâçyapa

alla trouver le Bouddha et lui dit « Pourquoi le grand Çâkyamouni ne vient-il pas? n Le Tathâgata répondit « N'as-tu pas pensé, 13. ô Kâçyapa, qu'il serait mieux que je restasse à l'écart :

de

:

la fête? »

14.

mouni moi»

Et Kâçypa fut étonné

est grand,

mais

pensa

et

n'est pas aussi

il

:

«

Çâkya-

saint que

»

— Et

Béni s'adressa à Kâçyapa et dit « Tu mais lu ne l'acceptes pas à cause de l'envie qui réside dans ton cœur. L'envie est-elle de 15.

le

:

vois la vérité,

la sainteté?

L'envie est

le

dernier vestige de person-

nalité qui soit resté dans ton esprit.

Kâçyapa

;

Tu n'es

pas saint,

tu n'es pas encore entré dans le chemin.

— Et

»

Sa jalousie Bienheureux « Seigneur, notre Maître, permets-moi de receil dit voir l'initiation du Bienheureux. » 17. Et Bhagavat ^^ dit « Tu es, Kâçyapa, le chef des Djatilas, va donc d'abord les informer de ton intention et laisse-les faire ce que vous aurez jugé conve16.

s'évanouit

Kâçyapa cessa de

et, se

:

nable. »

résister.

prosternant devant

:

le


l/ÉVANGILE DU BOUDDHA

18.

67

— Alors Kâçyapa alla vers les Djatilasget

« J'aspire à

mener

dit

:

sous la direction

la vie religieuse

du grand Çâkyamouni, qui est le Bouddha, notre Seigneur. Faites ce que vous jugerez le meilleur. »

Et les Djatilas répondirent « Nous avons 19. conçu une profonde affection pour le grand Çâkyamouni, et si vous vous joignez à sa confrérie, nous en :

ferons autant. 20.

»

Alors les Djatilas jetèrent dans la rivière les

ustensiles du culte du feu et allèrent vers Bhagavat.

21. Nadî Kâçyapa et Gayâ Kâçyapa, frères du grand Ourouvilvâ Kâçyapa, hommes puissants et chefs parmi le peuple, demeuraient au dessous du courant, et quand ils virent les ustensiles employés pour le culte du feu flottant dans la rivière, ils dirent « Il est arrivé quelque accident à notre frère. Et ils vin:

))

rent avec leurs peuples à Ourouvilvâ. ce qui s'était passé, ils allèrent aussi 22.

Ayant appris au Bouddha.

— Le Bienheureux voyant venir à

lui les Djatilas

de Nadî et de Gayâ, qui pratiquaient de rigoureuses austérités et adoraient le feu, prêcha

feu et dit: « Tout est brûlant,

un sermon sur le

ô Djatilas. L'œil est

brûlant, les pensées sont brûlantes, tous les sens sont

brûlants. Ils sont brûlants

du feu de

la passion. Ici

est la colère, ici est l'ignorance, là est la

que

le

haine et tant

feu trouvera des choses inflammables dont

puisse se nourrir, aussi longtemps

il

brûlera et

il

il

y

aura naissance et mort, déchéance, peine, lamentation, souffrance, désespoir et chagrin. Considérant


l'évangtle du bouddha

68

un disciple de la vérifé verra les Quatre Vérités marchera dans le noble Octuple Chemin. Il se dé-

ceci, et

se défiera de ses pensées,

fiera

de son œil^

fiera

de tous ses sens.

et

deviendra

libre.

parviendra à

l'état

23.— Et les dans

le

Il

Il

il

se dé-

se dépouillera de la passion

sera affranchi de Tégoïsme

béni de Nirvana

^'^.

et

»

Djatilas furent réjouis et prirent refuge

Bouddha,

le

Dharma

et le

Sangha.

— Le Sermon de Râdjâgrihâ,

XXL

1

il

— Et le Bienheureux ayant habité quelque temps

accompagné d'un grand nombre de bhikchous^ dont beaucoup avaient à Ourouvilvâ vint à Râdjâgrihâ

auparavant été Djatilas,

et le

^^

grand Kâçyapa, précé-

demment chef des Djatilas, était avec lui. Quand le roi de Magadha, Sainya^^ Bimbisara, 2. apprit l'arrivée de Gautama Çâkyamouni, de qui le

IlestleSaint,leBouddhabienheureux cocher maîtrise un bouvillon, l'Instituteur de ce qui est haut et de ce qui peuple disait: qui guide les

est

bas

»,

il

généraux

«

hommes comme un

sortit

entouré de ses conseillers et de ses

où était Bhagavat. Bienheureux en compagnie de

et vint à la place

3. — Là

ils

virent

le

grand maître religieux des Djatilas, et ils furent étonnés et pensèrent « Le grand Çâkyamouni Kâçyapa,

le

:


l'évangile du bouddha

s'est-il

69

placé sous la direction spirituelle de Kâçyapa,

ou Kâçyapa est-il devenu disciple de Gautama? » Et le Tathâgata lisant les pensées du peuple, 4. « Quelle science as-tu gagnée, ô Kâdit à Kâçyapa

:

çyapa, et qui

t'a

déterminé à renier

cesser tes austères pénitences

— Kâçyapa

5.

dit

:

«

Le

le

feu sacré et à

? »

profit

que

je tirais

doration du feu était la continuation dans

le

de

l'a-

cercle

de l'individualité avec tous ses chagrins et ses vani-

abandonné ce

tés. J'ai

service, et au lieu de continuer

les pénitences et les sacrifices, je

cherche du sublime Nirvana. ||r:

6.

au

roi

Bimbisara

7. lité

Le Bouddha voyant que

comme un vase

était

:

Celui qui connaît la nature de sa personna-

«

trouve pas de place pour

le

ses

sens

agissent,

Moi, et ainsi

il

ne

atteindra

Le monde conserve la pensée du Moi, compréhension fausse. Quelques-uns disent que le Moi persiste

la

paix sans

et

de 8.

toute l'assemblée

prêt à recevoir la doctrine, parla

comprend comment

et

suis allé à la re-

»

fin.

là naît la

«

mort, quelques autres disent qu'il périt.

après la

Tous ont 9.

«

tort et leur erreur est

Car,

l'avantage aussi, et à

s'ils

qu'ils

des plus graves.

Moi

disent que

le

s'efforcent

d'atteindre

un moment donné

il

est périssable,

doit

périr

n'y aura plus d'après

(d'éternité). Cette délivrance de l'égotisme

coupable

est sans mérite.

10.

«

Lorsque, d'un autre côté, quelques-uns


l'évangile du bouddha

70

disent que le Moi ne périra pas

;

alors au milieu de

y a seulement une entité sans Si tel est leur Moi, alors il immortelle. naissance et toute vie et mort

il

Le Moi duimpérissable, ne pourrait jamais changer. Le

est parfait et imperfectible par les actes.

rable,

Moi

serait seigneur et maître et

de perfectionner

utilité

raux

le parfait

n'y aurait nulle

il ;

mo-

les objectifs

et le salut seraient inutiles.

— Mais maintenant nous voyons les manifesta-

1 1.

du chagrin. Oii y a-t-il quelque un Moi qui fait nos actes, n'y a pas de Moi il n'y a pas de personnalité

tions de la joie et

stabilité? Si ce n'est pas

alors

il

;

agissante derrière la paix, pas de personnalité per-

cevante derrière le

vivre 12.

le savoir,

pas de seigneur derrière

!

—«

Maintenant soyez

attentifs et écoutez

:

Les

sens rencontrent l'objet et de ce contact naît la sensation.

De

travers le feu,

une de

le

souvenir. Ainsi, de

lentille la

puissance du soleil

découle

même, par

la

même

qu'à

naître

fait

connaissance produite par les

sens et l'objet, naît ce seigneur que vous appelez

Moi. Le rejeton naît de la semence; la pousse et la graine ne sont pas un seul et

même

objet et cepen-

dant elles ne sont pas différentes. Telle est

sance dans 13.

((

la vie

nais-

la

animale.

Vous qui

êtes les esclaves

du Moi, qui

peinez du matin au soir au service du Moi, qui vivez

avec la terreur constante de la naissance, de la lesse, de la

maladie

et

de la mort, recevez

la

vieil-

bonne


l'évangile du bouddha

que

nouvelle 14.

rêve.

«

votre

Le Moi

Ouvrez

les

cruel

est

yeux

maître

71

n'existe

une erreur, une

pas.

illusion,

un

Voyez

les

et éveillez-vous.

choses telles qu'elles sont et vous serez réconfortés. 15.

«

Celui qui est éveillé n'a plus peur des cau-

chemars. Celui qui a reconnu la nature de qui semblait être 16.

((

un

corde

la

serpent, cesse de trembler.

Celui qui a reconnu que le

Moi

n'existe pas

se débarrasse de toutes les passions et des désirs de

l'égoïsme. 17.

«

L'attachement aux choses, l'envie,

et

la

sensualité, héritages des existences antérieures, sont le monde. Répudiez la disposition avide de votre égoïsme et vous parviendrez à cet état d'esprit calme et sans péché qui procure la paix parfaite, la bonté

les

causes de la misère et de la vanité dans

18.

((

et la sagesse.

19.

((

Comme une

propre vie^ protège son

mère, fils,

même

son

fils

au risque de sa

unique, de

même

que celui qui a reconnu la vérité voue un amour sans

mesure à tous

les êtres.

Qu'il cultive un amour sans mesure, illimélange d'aucune idée de faire des distinctions ou de montrer des préférences, à l'égard du monde entier, au dessus, au dessous, alentour. 21. « Que l'homme reste ferme dans cet état 20.

«

mité, sans

d'esprit

pendant

qu'il est éveillé, qu'il se tient

de-

bout, qu'il se promène, qu'il est assis ou qu'il est

couché.


l'évangile du boudda

72

— Cet élat d'esprit est ce

22.

C'est le Nirvana

au monde.

23.

y a de préférable

qu'il

!

Cesser tout acte mauvais, mener une vie

((

son cœur,

et purifier

vertueuse

telle est la religion

de

tous les Bouddhas. »

Quand l'Illuminé eut fini son sermon, dit au Bienheureux Magadha roi de — « Jadis, Seigneur, quand j'étais prince, 25. 24.

le

;

je

formai cinq vœux. Je souhaitai, oui, de devenir roi. C'était mon premier vœu et il a été exaucé. Ensuite je souhaitai: Puisse le Saint

dans

mon royaume.

tenant lui

Ce

est exaucé.

mon

fut

mon

et

:

maintenant

il

second

mes vœux

il

vérité

«

et

main-

me

prêcher

mon

troisième

quatrième

la

vœu

doctrine.

Et

Cependant le plus grand de cinquième Puissé-je comprendre la :

vœu

Et ce

I

aussi est exaucé.

Glorieux Seigneur? Très glorieuse est

prêchée par

Bouddha

vœu

et venir

est exaucé.

fut le

doctrine du Béni 26.

Mon

est exaucé.

Puisse Bhagavat

maintenant

Parfait,

le

règne

Ensuite je souhaitai: Puissè-je

rendre mes hommages. Ceci fut

vœu fut

il

Bouddha,

pendant

apparaître sur la terre

le

Tathâgata

rétablit ce qui a été

!

Notre Seigneur,

bouleversé

;

il

la le

révèle ce

montre le chemin au vagabond qui s'est égaré il allume une lampe dans les ténèbres afin que ceux qui ont des yeux pour voir puissent voir. 27. « Je prends mon refuge dans le Bouddha! qui a été caché;

il

;

Je prends

mon

refuge dans

le

refuge dans

Sangha

I

»

le

Dharma! Je prends mon


L*ÉVANGILE DU BOUDDHA

28. le Il

Par

73

l'exercice de sa verlu et par sa sagesse

Talhâgata montra son pouvoir subjugua et mit d'accord tous les

spirituel, illimité.

esprits. Il leur

voir et recevoir la vérité et par tout le

royaume

fit

les

semences de vertu furent semées.

XXII.

— V Offrande du Roi.

— Le roi ayant pris refuge

dans le Bouddha inïathâgata à venir dans son palais, disant « Le Bienheureux daignera-t-il prendre son repas avec moi 1.

vita le

:

et aussi la confrérie

demain, 2.

Le matin

des bhikchous?

»

suivant, le roi Sainya Bimbisâra

vint annoncer au Béni

que l'heure du dîner

était

Vous êtes mon hôte ardemment attendu, ô Seigneur du monde, venez le repas est prêt. »

sonnée

«

:

;

3.

— Et Bhagavat, ayant revêtu ses robes, prit son

bol à

aumônes

bhikchous dans 4.

et entra la cité

Çakra^^

avec un grand nombre de

de Râdjagrihâ.

le roi

des dieux^ prenant l'aspect

d'un jeune brahmane, marcha devant lui en chantant ces gâlhas 5.

«

:

Celui qui enseigne à se maîtriser avec ceux

qui ont appris

ceux a

Rédempteur avec Bienheureux avec ceux à qui il entré dans Râdjagrihâ Salut au

à se maîtriser, le

qu'il a rachetés, le

donné

la paix, est

!


l'évangile du bouddha

74

Bouddha, notre Seigneur? Gloire à son nom et bénépour tous ceux qui ont pris refuge en lui » Quand Bhagavat eut terminé son repas, et lavé 6.

diction

!

_

son bol et ses mains,

pensa

s'assit

auprès de

lui et

:

7.

le roi

«

trouverai-je

une résidence pour

le

Bien-

heureux, ni trop éloignée de la ville ni trop près, commode pour y aller et en revenir, d'un accès facile

pour tous ceux qui désirent le voir, un lieu qui ne soit pas trop encombré par la multitude pendant le jour et point bruyant la nuit, sain et approprié à une vie de retraite? 8.

« 11 y a

mon jardin

de plaisance, la forêt de

bambous de Vénouvana^^ qui remplit

toutes ces con-

ditions. Je l'offrirai à la confrérie des

bhikchous que

préside le Bouddha. 9.

— Et

le roi

consacra son jardin de plaisance à

la confrérie et dit

cepter ce présent 10.

»

:

!

«

Que

le

Bienheureux daigne ac-

»

— Alors Bhagavat, ayant silencieusement témoi-

gné son acquiescement, réjoui et édifié par un discours religieux le roi de Magadha, se leva de son siège et se retira.

XXIII.

1.

— Çâripoutra

et

Maudgalyâyana,

— Ence temps^ Çâripoutra^» etMaudgalyâyana^'^^


75

l'évangile du bouddha

tous deux brahmanes

et chefs

des adeptes de Sand-

menaient une vie religieuse. Ils s'étaient dit mutuellement « Celui de nous qui le premier atteindra le Nirvana le dira à l'autre. » Et Çâripoutra ayant aperçu le vénérable 2. Açvadjit^*^^ qui mendiait, les yeux modestement baissés

jaya^^^,

:

avec des manières dignes, s'écria

et

çramana^^^ est entré dans terroger et lui

demander

êtes-vous retiré du

:

le

:

«

En

bon chemin,

Au nom

monde? Quel

vérité ce

je vais Tin-

de qui, ami, vous maître et

est votre

quelle doctrine professez-vous?

« Je suis un disEt Açavadjit répondit du grand Çâkyamouni. Il est le Bouddha, le Bienheureux^ et c'est en son nom que je me suis retiré du monde. Bhagavat est mon maître et je pro3.

:

ciple

fesse sa doctrine. » 4.

lui

— Et Çâripoutra vint auprès de Maudgalyâyana,

raconta sa rencontre et tous deux dirent

:

«

Nous

irons trouver Bhagavat, afin que lui> Bhagavat, soit

notre maître. » Et avec tous leurs disciples

ils

allèrent

vers le Talhâgala et prirent refuge dans le Bouddha. 5.

— Et

au fils

le

Saint dit

:

«

Çâripoutra est semblable

aîné d'un monarque maître du

monde

^*^^

qui, en

qualité de premier disciple aide le roi à faire tourner la

Roue de

la Loi. »


l'évangile du bouddha

76

XXIV.

— Mécontentement du peuple.

Mais le peuple était mécontent. Voyant que 1. beaucoup desjeunes hommes de distinction du royaume de Magadha menaient une vie religieuse sous la direction du Bienheureux, les gens se prirent de colère « Gautama Çâkyamouni pousse les et murmurèrent pères de famille à abandonner leurs femmes et cause :

l'extinction des familles ^°^. » 2.

— Quand

ils

sultaient, disant

à

Râdjagrihâ

qui 3.

le

voyaient les bhikchous,

ils

les

in-

Le grand Çâkyamouni est venu les esprits des hommes. A laisser mener par lui? » :

«

subjugue

et

tour de se

— Les bhikchous dirent cela au Bienheureux,

et

Ce murmure, ô bhikchous, ne durera pas longtemps. Il durera sept jours. S'ils vous

Bhagavat répondit

:

«

insultent, ô bhikchous, répondez-leur ces 4.

« C'est

en prêchant

gatas conduisent les

la vérité

hommes. Qui

que

oserait

mots les

:

Tathâ-

murmurer

contre les sages? Qui oserait blâmer les vertueux?

Etre maître de soi, juste et pur de cœur voilà ce qu'or-

donne notre Maître.

»


l'évangile du bouddha

XXV.

1.

77

— Anâthapindika.

— En ce temps-là, Anâthapindika*^^ homme imriche, était venu visiter Bénarès. Gomme un caractère charitable, on rappelait « le sou-

mensément il

avait

tien des orphelins et l'ami des pauvres. » 2.

— Ayant entendu dire que

le

Bouddha

était

venu

monde et qu'il s'était arrêté dans le bois de bambous voisin de la cité, il partit dans la même nuit dans

le

pour

aller voir le

— Et

Bienheureux.

le Bienheureux vit les qualités du cœur d'Anâthapindika et l'accueillit avec des paroles de religieux encouragement. Ils s'assirent ensemble et Anâthapindika entendit la douceur de la 3.

de suite

parfaites

vérité prêchée par le Bhagavat. Et le 4.

«

monde

La nature

est, je le

Bouddha

dit

instable, sans cesse agitée,

:

du

déclare, la racine de la douleur.

Parviens à ce calme de Tesprit qui se repose dans la

Le moi n'est qu'un amas de comson monde est vide comme un rêve de l'ima-

paix de l'immortalité.

posés et gination. 5.

«

Qui est-ce qui façonne nos existences? Estun créateur personnel? Si Içvara

ce Içvara**^^ qui est

était le créateur, toutes

soumettre sans

leschoses vivantes devraient se

murmure au pouvoir

de leur créateur.


l'évangtle du bouddha

78

Elles seraient

comme

du potier;

s'il

et

en était ainsi, comment

de pratiquer la vertu? Si

possible

l'œuvre d'Içvara^,

il

le

serait-il

monde

était

n'existerait rien de semblable à

au malheur

la souffrance, lui

des vases façonnés par la main

et

au péché; car

de

c'est

que proviendraient tous les actes purs et impurs.

Si non,

y aurait une autre cause que lui, et il ne lui-même. Ainsi, vous

il

serait pas celui qui existe par

voyez^ l'idée d'un Içvara créateur est détruite.

le

6.

«

On

encore que l'Absolu nous a créés.

dit

Mais ce qui est absolu ne peut pas être cause. Toutes les

choses qui nous

cause, de

même

que

entourent

la

proviennent

d'une

plante provient de la semence

;

mais comment l'Absolu peut-il être à la fois la cause, de toutes les choses? S'il est en elles, alors, certainement il ne les crée pas. 7. On dit encore que le Moi est le créateur. Mais si c'est le Moi qui est créateur, pourquoi n'a-t-il pas fait toutes les choses agréables? Les causes de la

((

peine et de

la joie

sont réelles et objectives.

Gomment

peuvent-elles être l'œuvre du Moi. 8.

«

Et encore,

si

vous adoptez cet argument

:

il

n'y a pas de créateur, notre destin est ce qu'il est, et il

n'existe point de causalité, quel besoin est-il de ré-

gler votre vie et de faire des calculs en vue d'une fin? 9.

« C'est

pourquoi nous disons que toutes

les

choses existantes ne sont pas sans causes. Cependant ce n'est ni Içvara, ni l'Absolu, ni le Moi, ni le hasard

sans cause, qui est

le

créateur, mais nos propres actes


l'évangile du bouddha

produisent

qui

10.

des

Le monde

«

la causalité,

bons

et

mauvais.

tout entier est soumis à la loi de

causes qui agissent ne sont pas

et les

étrangères à l'esprit est toujours

résultats

79

'

;

car Tor dont ]a coupe est faite

de For.

Renions donc les hérésies d'adorer et de prier Içvara; ne nous perdons pas en de vaines spé11.

«

culations sur des subtilités sans profit; répudions le

Moi

égoïsme,

et tout

et

puisque toutes les choses sont

déterminées par la causalité, pratiquons

que

bien résulte de nos

le

— Et

le

bien afin

actions. »

Anâthapindika dit « Je vois que vous Bouddha, le Béni et le Saint, et je veux vous ouvrir tout mon cœur. Ayant entendu mes paroles conseillez-moi ce que je dois faire. 12.

:

êtes le

13.

<c

Ma vie

est toute de travail, et,

ayant acquis

une grande richesse, je suis assailli de soucis. Cependant je prends plaisir à mon travail et je m'y applique avec une complète activité. Beaucoup de gens sont à mon service et leur avenir dépend du succès de mes entreprises.

14. «Mais j'ai entendu vos disciples exalter le bonheur de l'ermite et proclamer l'instabilité du monde. « Le Saint, disent-ils, a renoncé à son royaume et à son héritage, et il a découvert la voie de la justice, donnant ainsi au monde l'exemple de ce qu'il faut faire

pour atteindre Nirvana. 15.

«

Mon âme

aspire à faire le bien et à devenir

une bénédiction pour tous

les êtres

mes

frères. Dites-


l'évangile du bouddha

80

moi, je vous en conjure, dois-je abandonner

ma

lence, et,

maison,

comme

félicité

et

mes

opu-

vous, errer sans foyer afin d^atteindre à

d'une vie religieuse?

religieuse peut être

marche dans

la

la

»

— Le Bouddha répondit

16.

mon

entreprises commerciales,

:

«

La

félicité

de la vie

homme

atteinte, par tout

qui

noble voie aux huit chemins. Celui

qui s'attache à la richesse ferait mieux d'y renoncer plutôt que de permettre que son

cœur en

soit

empoi-

sonné; mais celui qui ne s'attache pas à l'opulence

et

qui, possédant la richesse, s'en sert avecjustice, sera

une bénédiction pour

17.

En

«

les êtres ses frères.

vérité je te le dis,

dition de vie, et applique treprises.

Ce

toi

demeure dans

ta con-

activement à

tes

en-

n'est pas la vie, la richesse et la puis-

sance qui rendent l'homme esclave, mais rattache-

ment

à la vie^ à la richesse et au pouvoir.

18. le

profit. le

«

Le bhikchou qui

se retire

but de mener une vie de

Car une

manque

19.

«

loisir

vie de paresse est

du monde dans

n'en aura aucun

une abomination

et

d'énergie doit être méprisé.

La loi du Tathâgata n'exige pas de l'homme ou de renoncer au monde, à moins

d'errer sans foyer qu'il

ne s'en sente

gata exige de tout

la

vocation; mais la

homme

loi

du Tathâ-

qu'il s'affranchisse

de

l'il-

lusion du moi, qu'il purifie son cœur, qu'il renonce à sa soif de plaisir et qu'il 20.

dans

— le

«

mène une vie droite. homme, s'il demeure

Et quoique fasse un

monde comme

artisan,

marchand ou

officier


81

du

roi,

ou

s'il

se retire

du monde

vie de méditation religieuse,

cœur à sa tâche; est

s'il

et se

qu'il

consacre à une

mette tout son

qu'il soit diligent et

énergique, et

semblable au lotus qui, bien que croissant

dans l'eau, reste cependant sans contact avec Teau, lutte

dans

haine,

s'il

s'il

la

la vie sans vit

dans

le

s'abandonner à l'envie ou à

monde non d'une

existence

d'égoïsme, mais d'une vie de vérité, alors sûrement le

bonheur,

son cœur.

la

paix

et la félicité éliront

domicile dans

»

XX YI.

— Le sermon sur

la charité.

1. Anâthapindika se réjouit des paroles du Bienheureux et dit « Je demeure à Çrâvaslî*^% capi:

tale

de Koçala, contrée riche en productions et jouis-

sant de la paix. Prasénadjit*^^ est roi de ce pays et son

nom

parmi notre peuple

et chez nos voiMaintenant je désire fonder là un Yihâra*^<^ qui sera une place de dévotion religieuse pour votre con-

est illustre

sins.

frérie et je 2.

vous prie d'avoir

— Le Bouddha

lut

la

dans

bonté de l'accepter.

le

»

cœur du soutien des

orphelinset,sachantqu'une charité exempte d'égoïsme était la cause déterminante de son offrande, le Bien-

heureux accepta 3.

«

le

L'homme

don en disant

:

charitable est aimé de tous; son 5.


l'évangile du bouddha

82

amitié est hautement appréciée; quand

cœur

en repos

est

remords;

de joie car

il

reçoit la fleur épanouie de sa

il

meurt son

n'a point de

récompense

qui en mûrit.

et le fruit

_

et plein

il

En donnant nous obtenons plus de aux autres notre nourriture, force; en distribuant des vêtements à autrui, nous acquérons plus de beauté; en fondant des asiles de pureté et de vérité, nous gagnons de grands tré4.

Ceci est difficile à comprendre

«

:

sors.

5.

« Il est

pour

la charité

un temps

et

un mode

propres; semblable à un guerrier vigoureux qui va à

l'homme capable de donner. Il ressemble un guerrier habile, à un champion fort et sage dans

la bataille est

à

l'action.

6.

Aimant

«

et

compatissant,

il

donne avec

respect et bannit tout ce qui est haine, envie et colère. 7.

salut.

Il

arbre et fruits

L'homme

«

charitable a trouvé le

pour

la charité

;

les

années à venir. Tel est

telle est la

ceux qui ont besoin grand Nirvana.

chemin du

semblable à celui qui plante un jeune s'assure ainsi de l'ombre, des fleurs et des est

le résultat de jouissance de celui qui aide

d'être assistés; tel aussi est le

« C'est par des actes continuels de bonté que nous atteignons le chemin immortel, et c'est par la compassion et la charité que nous perfectionnons notre âme. » 9. Anâthapindika invita Çâripoutra à l'accom-

8.


83

pagner quand choisir

un

site

il

retourna à Koçala afin de Taider à

agréable pour

XXVII.

1.

— Dans

le

le

vihâra.

— Le Père du Bouddha.

temps que

le

Bouddha

résidait

Râdjagrihâ^ Çouddhôdana, son père, lui «

Je souhaite de voir

D'autres ont eu

le

mon

adore, votre père

autant d'impatience que 3.

— Le

dire

à :

avant de mourir.

bénéfice de sa doctrine, mais pas

son père ni ses parents. » Et le messager dit 2.

monde

fils

fit

:

«

Tathâgata que

le

attend votre venue avec

le lys le lever

Bienheureux acquiesça à

du

la

soleil. »

demande de

son père et se mit en route pour Kapilavastou. Bientôt la nouvelle se répandit dans le pays natal du

Bouddha

:

«

Le prince Siddhârtha, qui abandonna son

foyer pour acquérir la lumière de la science, revient

après avoir atteint son but. 4.

— Avec ses

»

parents et ses ministres, Çouddhô-

au devant du prince. Quand le roi vit de fils, il fut frappé de sa beauté et dans son cœur, mais sa réjouit dignité, et se de sa bouche ne trouva point de mots à prononcer.

dana

sortit

loin Siddhârtha, son

5.

C'était bien réellement

son

fils;

c'étaient les


l'évangile du bouddha

84

traits

de Siddhârtha.

Comme

grand çramana

le

était

près de son cœur, et cependant quelle distance les

Ce noble mouni n^était plus Siddhârtha, son fils; il était le Bouddha, le Bienheureux, le Saint, le Seigneur de vérité, l'Instituteur du monde. Le roi Çouddhôdana, considérant la dignité 6.

séparait.

fils, descendit de son char et ayant premier salué son fîls_, dit « 11 y a maintenant sept ans que je ne vous ai vu. Avec quelle impatience

religieuse de son le

:

moment! » Le Bouddha prit un

j'attendais ce

siège en face de son avidement son fils. Il eut voulu l'appeler par son nom, mais il ne Tosait pas. Siddhârtha, s'écriait-il tout bas dans son cœur, Siddhârta, reviens près de ton vieux père et sois son » Mais voyant la fermeté de son fils de nouveau 7.

père

et le roi regardait

((

I

fils, il

8.

contint ses sentiments et la douleur l'accabla.

— Ainsi

le roi,

assis

en face de son

fils,

jouissait dans son affliction et s'affligeait joie. Il

pouvait à bon droit être

fier

de son

se ré-

dans sa fils,

mais

son orgueil se brisait à la pensée que cet illustre

ne serait pas son 6.

«

fils

héritier.

Je voudrais t'ofîrir

mon royaume,

dit le

mais si je le faisais, tu n'en ferais pas plus de cas que d'une pincée de cendres. » 10. Et le Bouddha dit « Je sais que le cœur du roi est plein d'amour et qu'à cause de son fils il ressent un profond chagrin. Mais que les liens d'amour qui vous attachent au fils que vous avez

roi;

:


l'évangile du bouddha

85

perdu embrassent avec une bonté égale tous les êtres, et à la place de ce fils vous en recevrez un plus grand que Siddhârlha ; vous recevrez le

Maîlrc de vérilé,

le

le

Bouddha,

Prédicateur de justice,

paix du Nirvana pénétrera dans votre cœur.

— Çouddhôdana

11.

trembla de joie quand

tendit les paroles mélodieuses de son

fils,

et

et la

» il

en-

joignant

mains s'écria les larmes aux yeux « Merveilleux changement! Le chagrin accablant s'est dissipé. D'abord mon cœur affligé était pesant, mais maintenant je récolle le fruit de votre grand renoncement. 11 est bon que, mû par votre puissante sympathie, vous ayez repoussé les satisfactions du pouses

:

est ce

voir royal et accompli votre noble projet dans la dé-

votion religieuse. Ayant trouvé la voie, vous pouvez

maintenant prêcher la

loi

d'immortalité au

monde

entier qui aspire à la délivrance. ».

12. Le roi retourna au palais Bouddha demeura dans le bois devant

XXVIU.

1

— Le matin

tandis que le la cité.

— Yaçôdharâ.

suivant le

Bouddha

prit

son bol et

pour mendier sa nourriture. Et la nouvelle se répandit: « Le prince Sid2. dhârtha va de maison en maison pour recevoir l'ansortit


l'évangile du bouddha

mône dans

où jadis

coutume de passer dans un char accompagné de sa suite. Sa robe est couleur de terre rouge et dans sa main il tient un la cité

vase de terre.

3.

sortit

»

En entendant grande hâte

eji

avait

il

cette étrange rumeur,, le roi et

faites-vous cette injure?

s'écria

:

«

Pourquoi

me

Ne savez-vous pas que

je

puis facilement fournir à votre nourriture et à celle

de vos bhikchous

— Et

4.

de

ma

:

« C'est la

coutume

race. »

— Mais

5.

? »

Bouddha répondit

le

le roi

répliqua

«

:

Comment

Vos ancêtres furent des rois, ne mendia jamais sa nourriture. » être?

et

cela peut-il

aucun d'eux

grand roi, répondit le Bouddha, vous et votre race vous pouvez réclamer une origine royale moi, je descends des Bouddhas des anciens âges. Mendiant leur nourriture, ils vivaient d'aumônes. » Le roi ne fit aucune réponse et le Bienheu7. reux continua: « Il est d'usage, ô roi, que celui qui a trouvé un trésor caché offre à son père le joyau le plus précieux. Permettez-moi, donc, d'ouvrir mon 6.

«

:

trésor qui est la loi et acceptez de 8.

— Et Bhagavat récita les «

cette

gemme.

»

:

Sortez du rêve et ne tardez pas,

Écoutez

la Loi.

Pratiquez

Que 9.

moi

gâthâs suivantes

la justice et voici

l'éternelle félicité

— Alors

le roi

vous appartient

conduisit

le

prince dans

».

le palais,


l'évangile du bouddha

ministres ainsi que tous les

et les

'

87

membres

de la

fa-

mille royale le saluèrent avec grand respect, mais Ya-

mère de Râhoula*^^, ne se montra pas. envoya chercher Yaçôdarâ^ mais elle réponSi je mérite quelque égard,, sûrement Siddhâr-

çôdharâ*^*, la

Le

roi

dit: «

me

iha viendra 10. et ses

on

voir. »

— Le Bienheureux ayant salué tous ses parents amis,

demanda

:

«

Où est Yaçôdharâ?

eut dit qu'elle refusait de venir,

lui

suite et se rendit h il. —

son appartement.

»

il

Et,quand se leva de

.

», dit le Bienheureux à Maudgalyâyana, qu'il avait priés de l'accompagner dans l'appartement de la princesse, « mais la princesse ne l'est pas encore. Ne m'ayant pas vu depuis très longtemps, elle est fort désolée. Son cœur se brisera si on ne la laisse pas donner libre cours à sa douleur. Porterait-elle la main sur le Tathâgata, le Saint, vous ne l'en empê-

Je suis affranchi

'^<

ses disciples Çâripoutra et

cherez point.

12.

»

Yaçôdharâ

était

assise dans sa

chambre

vêtue de vêtements simples, et les cheveux coupés.

Quand

le

prince Siddhârtha entra, par l'excès de son

amour, comme un vase qui déborde,

elle fut

incapa-

ble de se contenir. 13.

— Oubliant que l'homme qu'elle aimait

était le

Seigneur du monde, le Prédicateur de embrassa ses pieds et pleura amèrement. 14. Se rappelant, cependant, la présence de Çouddhôdana, elle fut prise de honte et se relevant

Bouddha,

le

vérité, elle


l'évangile du bouddha

respectueusement

s'assit

15.

— Le

roi

excusa

une

à

distance.

petite

disant: « Ceci

la princesse,

provient de son profond amour, et c'est plus qu'une

émotion passagère. Depuis les sept ans qu'elle a perdu son époux, lorsqu'elle a entendu dire que Siddhârtha avait rasé sa têle_, elle en fit autant; quand elle sût qu'il avait renoncé à l'usage des parfums et des

ornements,

Comme fixes et elle a

elle

son époux

refusa

elle a

aussi

de

s'en servir.

voulu manger à des heures

seulement dans un vase de

terre.

Comme

lui

renoncé aux sièges élevés magnifiquement re-

couverts, et quand d'autres princes la demandèrent

en mariage,

elle

répondit qu'elle lui appartenait tou-

jours. C'est pourquoi 16.

il

faut lui pardonner. »

— Et Bhagavat parla doucement à Yaçôdharâ,

lui disant les

grands mérites dont

d'existences précédentes.

antérieures

elle

lui

«

avait

En

elle avait hérité

vérité,

été

de

dans ses vies

grand secours.

Sa pureté, sa douceur, sa dévotion avaient été précieuses au Bodhisattva au temps où il aspirait au but le

plus élevé qu'ait l'humanité, acquérir l'illumina-

tion de la science. Et telle était sa sainteté qu'elle

avait désiré devenir l'épouse d'un

donc son karma^ Sa douleur a été

et le résultat

indicible,

Bouddha. Ceci

est

de ses grands mérites.

mais

la

conscience de

gloire qui entoure son héritage spirituel,

la

augmenté

par sa noble attitude pendant cette vie sera un baume qui transformera miraculeusement tous ses chagrins

en une joie céleste.

»


l'évangile du bouddha

89

XXIX. ^Râhoula.

1.

en

Beaucoup de gens de Kapilavastou crurent

Tathâgata

le

parmi

jeunes

les

et prirent

hommes

furent Ananda^*^

fils

dhârtha, Devadatta

refuge dans sa doctrine, et

qui se joignirent au

*^^,

son cousin et beau-frère,

bier Oupâli^^^ et le philosophe

2.

Ananda

Bienheureux d'esprit,

il

fut

;

Sangha

de Prajâpalî*^'^, demi-frère de Sid-

était

le

bar-

Anourouddha^'^

un homme selon

le

cœur du

profond de compréhension et doux

son disciple préféré. Et Ananda demeura

toujours aux côtés du Saint Maître de vérilé, jusqu'à ce que la 3.

tou,

mort

les séparât.

— Le septième jour après

l'arrivée à Kapilavas-

Yaçôdharâ habilla Râhoula,

alors âgé de sept

ans, avec toute la magnificence qui sied à

un

prince,

et lui dit: 4.

qu'il

Ce saint homme, à l'aspect si glorieux ressemble au grand Brahmâ, est ton père. Il pos«

sède quatre grandes mines de trésors que je n'ai pas

encore vues.

en

ta

Va

vers lui et supplie-le de les mettre

possession, car

le fils

du père. » 5. Râhoula répondit tre père que le roi. Qui est

:

doit hériter de la fortune

«

Je ne connais pas d'au-

mon

père

? »


l'évangile du bouddha

90

— La princesse prit l'enfant dans ses

6.

la fenêtre lui

montra

le

Bouddha

bras et de

qui précisément

prenait son repas près du palais.

7.

Râhoula

alla

donc vers le Bouddha et le re« Mon et tendrement dit

gardant en face sans crainte père

!

— Et se tenant

8.

Çramana,

«

félicité 9.

:

»

1

même

debout à côté de

ombre

est

Tathâgata eût

fini

voire

lui,

il

ajouta

:

une place de

»

Quand

le

son repas,

il

donna sa bénédiction et s'éloigna du palais, mais Râhoula le suivit et demanda à son père son héritage. 10.

Personne, ni Bhagavat lui-même, n'écarta

Tenfant.

— Alors

Bienheureux se tourna vers Çâripoutra, disant « Mon fils réclame son héritage. Je ne puis lui donner des trésors périssables qui procurent des soucis et des chagrins mais je puis lui donner 11.

le

:

;

l'héritage d'une vie sainte, trésor qui ne périra ja-

mais. 12.

— S'adressant sérieusement à Râhoula, le Bien-

heureux

dit

:

«

Je ne possède ni or, ni argent, ni

veux recevoir des

pierreries.

Mais

tuels, et

tu es assez fort pour les porter et les con-

si

si

tu

trésors spiri-

server, je te donnerai les Quatre Vérités qui t'ensei-

gneront les Huit Chemins de vérité. Désires-tu être admis dans la confrérie de ceux qui consacrent leur vie à la culture

de l'esprit,

à la recherche de

la


l'évangile du bouddha

91

grande félicité qui se puisse atteindre ? •— Et Râhoula répondit avec fermeté « Je

plus 13.

:

veux

»

le

».

14.

— Quand

le roi apprit

que Râhoula

dans la confrérie des bhikchous^

perdu Siddhârtha

et

Ananda

son neveu. Maintenant son

il

ses

était entré

fut affligé. Il avait fils,

et

Dêvadatta

petit-fils lui était

enlevé;

Bhagavat promit que dorénavant il n'ordonnerait plus aucun mineur sans le consentement de ses parents ou de ses

Bhagavat

vers

alla

il

lui

et

parla.

Et

tuteurs.

XXX.

1.

--Djêtavana.

— Anâthapindika,

Tami des malheureux

et le

soutien des orphelins, étant rentré chez lui, vit le jardin de l'héritier présomptif, Djêta, avec ses bosquets

verdoyants «

ses

et

Voici le lieu

le

tiné à la confrérie le

prince et 2.

le

ruisseaux limpides, et pensa

plus convenable pour

de Bhagavat

».

:

un vihâra ^^^ des-

Et

il

alla trouver

supplia de lui vendre le terrain.

— Le prince

n'était pas disposé à

din qu'il aimait beaucoup.

Il

vendre ce jar-

refusa d'abord, mais dit

vous pouvez couvrir ce terrain d'or, alors, mais à ce prix seulement, vous Taurez ». 3. Plein de joie Anâthapindika commença à enfin

:

« Si


l'évangile du bouddha

92

« Épargnez-vous répandre son or; mais Djêta dit cette peine, car je ne veux pas vendre ». Mais Anâlha:

pindika insista.

De

sorte qu'ils discutèrent et se que-

rellèrent et enfin s'adressèrent

— Cependant

4.

le

peuple

au magistrat.

commmença

à parler de

ce procédé inusité et le prince ayant appris plus de détails et sachant

qu'Anâthapindika

était

non-seule-

riche, mais droit et sincère, s'informa de ses

ment

desseins.

En entendant

le

nom du Bouddha,

le

prince

voulut à toute force avoir sa part dans la fondation et n'accepta

que

la

moitié de la

somme,

disant

:

«

La

terre est à vous, mais les arbres sont à moi. Je donnerai les arbres

dha

comme ma

part d'offrande au

Boud-

».

5.

— Alors Anâthapindika prit

arbres et

ils les

— Ayant

6.

la terre et Djêta les

donnèrent en garde à Çâripoutra.

fait les

fondations;

ils

commencèrent

à construire l'édifice qui s'éleva fièrement dans de justes proportions suivant les instructions données

par

le

Bouddha;

et

il

était

magnifiquement décoré de

sculptures appropriées. 7.

— Ce vihâra fut nommé Djêtavana^*^

et l'ami des

orphelins invita le Seigneur à venir à Çrâvaslî et à

prendre possession de la donation. Et le Bienheureux quittant Kapilavaslou vint à Çrâvastî. 8.

— Gomme Bhagavat entrait à Çrâvastî, Anâtha-

pindika répandit des fleurs et brûla de l'encens,

et

en

signe de donation versa Teau d'une aiguière d'or en

forme de dragon en disant

:

«

Ce vihâra de Dèjtavana


93

l'évangile du bouddha

donne pour servir à

je le la

durée du 9.

«

— Le

monde

la confrérie

pendant toute

».

Bienhenreux accepta

don

le

et

répondit

:

influences malfaisantes être

Puissent toutes les

le royaume de une bénédiction perpétuelle pour l'humanité en général et en particulier aussi pour le do-

vaincues; puisse cette offrande établir

vérité et être

nateur! 10.

»

Alors

Seigneur

Prasênadjit apprenant que

le roi

était arrivé^ vint

vihâra de Djêtavana,

les

et,

Bienheureux, en disant

avec sa

pompe

mains

le

royale au

jointes, salua le

:

Heureux mon indigne et humble royaume une semblable faveur. Car, quelles calamités et quels dangers pourraient le menacer en la présence du Seigneur du monde^ du Roi de la Loi, 11.

«

d'avoir obtenu

du Roi de vérité! 12.

«

Maintenant que

sacrés, puissè-je avoir

ma

contemplé vos

j'ai

traits

part des eaux rafraîchis-

santes de votre enseignement. \3.

Les avantages mondains sont passagers

«

et

périssables; mais les bénéfices religieux sont éternels

L'homme du monde,

et inépuisables.

plein de soucis sède, 14.

Connaissant

de l'avarice

Bouddha 15.

mais l'homme

le

fut-il roi,

est

plus vulgaire pos-

est saint, la paix de Tesprit ».

s'il

esclave

;

la

et

tendance du cœur du roi de l'amour

saisit l'occasion et dit «

Même

du

plaisir,

le

:

ceux que leur mauvais karma a


l'évangile du bouddha

94

dans une condition vulgaire, s'ils voient vertueux éprouvent du respect pour lui.

fait naître

homme

un

A

plus forte raison, quel respect doit éprouver un

roi maître de sa

personne, qui a acquis de grands

dans ses existences précédentes, lorsqu'il

mérites

rencontre un Bouddha. 16. loi,

Et maintenant que j'expose brièvement et pèse mes paroles retienne bien ce que je vais dire!

que

qu'il

17.

«

Grand Roi écoute

le

— —

«

«

et

Nos bonnes ou mauvaises actions nous

suivent continuellement 18.

la

Ce qui

comme

notre ombre,

est le plus nécessaire,

c'est

un

cœur aimant! 19.

Considérez votre peuple

«

unique. Ne l'opprimez pas, ne

dans

la

le

comme un

fils

détruisez pas; tenez

dépendance voulue chaque membre de votre

corps, fuyez les doctrines injustes et marchez dans

chemin; ne vous élevez pas en abaissant autres; mais soulagez et aidez ceux qui souffrent.

le droit

20.

les

N'attachez pas trop de prix à la dignité

«

royale et ne prêtez pas l'oreille aux paroles douce-

reuses des flatteurs. 21.

((

Il n'est

d'aucun

profit

de se torturer par

des austérités, mais bien de méditer sur et

de peser sa 22.

«

loi

le

Bouddha

de vérité.

Nous sommes enfermés de

tous côtés

entre les rochers de la naissance^ de la vieillesse, de la

et

maladie et de la mort, et ce n'est qu'en méditant en pratiquant la vraie Loi que nous pouvons


95

l'évangile du bouddua

sortir de

23.

montagne de souffrances entassées.

cette

Quel

«

profit

y

a-t-il

donc à pratiquer Tini-

quité?

24.

Tous

«

les

sages fuient les plaisirs cor-

porels. Ils détestent la luxure et tâchent de développer

leur existence spirituelle. 25.

«

ardentes^

réunir? S'il

La

ne

«

arbre brûle avec des flammes les

oiseaux

cela,

l'homme

peuvent-ils

vit la

instruit,

fut-il

vérité ne peut résider

sait

comme un 26.

Quand un comment

s'y

passion

honoré

sage, n'est qu'un ignorant.

La

véritable sagesse point pour celui qui

possède cette science. Acquérir cette sagesse est seul but à viser.

La négliger

c'est la faillite

le

de la vie.

Les doctrines de toutes les écoles devraient se concentrer en elle, car sans elle il n'est point de 27.

«

raison. 28.

«

Cette vérité n'est point faite pour l'ermite

seulement

:

elle

concerne tous les êtres humains,

prêtre et le laïque également.

11

le

n'est point de dis-

prononcé les vœux et l'homme qui vit dans le monde au sein de sa famille. qui tombent en perdition et Il y a des ermites famille de qui s'élèvent au rang des pères d'humbles tinction entre le

moine qui

a

Richis.

La marée

de la luxure est un danger égal emporte le monde. Celui qui est entraîné dans ses remous ne trouve plus de salut. Mais la sagesse est le bateau de sauvetage dont la réflexion 29.

«

pour tous;

elle


96

l'évangile du bouddha

est le gouvernail.

Le

tocsin de la religion nous appelle

au secours de notre âme exposée aux assauts de Mâ^a*^^ l'ennemi.

30

«

aux bonnes

Puisqu'il est impossible d'échapper

conséquences de nos actes, pratiquons

les

actions.

31. faire le

rons. 32.

«

Surveillons nos pensées afin de ne point

mal; car

«

11

comme nous sèmerons nous

récolte-

y a des chemins qui conduisent de

lumière aux ténèbres, et des ténèbres à la lumière.

y a des chemins, aussi, qui mènent de

la Il

l'obscurité à

des ténèbres plus profondes et de l'aube à la lumière

plus brillante. Le sage utilisera la lumière qu'il a

pour obtenir plus de lumière. 11 avancera constamment vers la connaissance de la vérité. « Faites montre d'une vraie supériorité par 33.

une conduite vertueuse et par l'exercice de la raison; méditez profondément sur la vanité des choses terrestres, et comprenez l'inconstance de la vie. « Élevez votre esprit, et cherchez une foi 34. sincère avec une volonté ferme; ne transgressez pas

les règles

d'une conduite royale, et faites reposer

votre bonheur,

non sur des choses

extérieures, mais

sur votre propre esprit. Ainsi vous vous ferez une

bonne renommée pour les siècles à venir, et vous vous assurerez la protection du Tathâgata. » 35. Le roi écouta avec respect et grava dans son cœur toutes les paroles du Bouddha.


97

l'évangile du bouddha

CONSOLIDATION DE LA RFXIGION DU BOUDDHA

XXXI.

1.

— Longtemps

Djîvaka,

avant que

Je

le

médecin

Bienheureux eut

at-

teint l'illumination, la mortification volontaire avait été en

usage parmi ceux qui cherchaient avidement

salut.

Le but

final

le

qui leur apparaissait était la déli-

vrance de l'âme de toutes les nécessités corporelles, et enfin du corps lui-même. Aussi ils évitaient tout ce qui peut constituer

un luxe en

de demeure, de vêtements

et

fait

de nourriture,

vivaient

comme

les

bêtes sauvages dans les bois. Quelques-uns vivaient nus, tandis que d'autres se vêlaient de haillons ramassés dans les cimetières ou sur les tas d'immondices. 2.

— Quand

le

3.

— Quand

il

Bienheureux renonça au monde, il reconnut de suite l'erreur des gymnosophistes, et considérant l'indécence de leur usage il se couvrit de haillons jetés au rebut. eut atteint l'illumination et répudié

toutes les mortifications inutiles, le Bienheureux con-

tinualongtemps, ainsi que ses bhikchous, à porter des haillons jetés dans les cimetières et sur les tas d'ordures. 6


l'évangile du bouddha

98

Alors il arriva que les bhikchous furent atteints 4 de maladies de toutes sortes, et Bhagavat leur permit

ordonna explicitement de

et leur

decines et entre autres

il

faire usag-e de

même,

enjoignit

mé-

toutes les

de se servir d'onguents

fois qu'il était nécessaire,

Un des frères eut mal au pied, et le Bien5. heureux ordonna aux bhikchous d'avoir des chaussures.

— Or

6.

il

arriva qu'une maladie frappa le corps

du Bienheureux lui-même,

et

Ananda

alla chercher

Djîvaka^^^ médecin du roi Bimbisâra.

Et Djîvaka, fidèle sectateur du Saint, traita Bienheureux avec des remèdes et des bains jusqu'à ce que le corps de Bhagavat fût complètement ré7.

le

tabli. 8.

-

En

ce temps-là, Pradyôta^^^^ roi d*Oudjjayinî,

médecin du roi Bimbisâra fut consulté. Lorsque le roi Pradyôta fut rendu à la santé, il envoya à Djîvaka un vêtement de la plus belle étoffe. Et Djîvaka se dit « Ce vêtement fut atteint de jaunisse, et Djîvaka, le

:

est fait de la meilleure étoffe, et nul n'est digne de le

porter que

ou

le roi

9.

le

Bienheureux,

trouvait Bhagavat

;

salué respectueusement le

près de lui et dit

au Bienheureux! 10.

parfait et saint

de Mag-adha, Sainya Bimbisâra.

— Alors Djîvaka prit

011 se

le

:

«

Bouddha,

»

vêtement

et alla au lieu approché et ayant Bienheureux, il s'assit aule

s'étant

Seigneur, je demande une grâce

»

Le Bouddha répondit

:

«

Les Tathâgatas,


l'évangile du bouddha

99

Djîvaka, n'accordent point de grâces avant de savoir

de quoi 11.

il

s'agit. »

— Djîvakâ

convenable

dit

:

«

Seigneur, c'est une demande

et irréprochable. »

12.

— a Parle,

13.

Djîvaka », dit le Bienheureux. Seigneur du monde^ Bhagavat ne porte que des robes faites de haillons ramassés dans les tas d'immondices et les cimetières, et ainsi fait aussi laconfrérie des bhikchous. Voyez, Seigneur, le roi Pradyôta «

m'a envoyé ce vêtement, le

plus beau,

le

meilleur,

plus précieux et

le

le

le

plus parfait,

plus noble qui se

Seigneur du monde, que Bhagavat daigne accepter de moi ce vêtement et permettre à la confrérie des bhikchous de porter des robes laïques ».

puisse trouver.

14. -^

Le Bienheureux accepta le vêtement, et après prononcé un discours religieux il parla ainsi avoir aux bhikchous :

15.

«

Celui qui

le

veut peut porter des haillons

de rebut, mais celui à qui cela plaît peut accepter des robes.

Que vous

choisissiez les

uns ou

les autres,

je

l'approuverai. » 16. «

— Quand

le

peuple de Râdjagrihâ entendit dire

:

Le Bienheureux a permis aux bhikchous de porter

des robes laïques, » ceux qui avaient l'intention de donner furent réjouis; et en un seul jour plusieurs milliers de robes furent offertes aux bhikchous par les

habitants de Râdjagrihâ.


l'évangile du bouddha

100

XXXII.

— Le père

et là

mère du Bouddha parviennent

au Nirvana,

Quand Çouddhôdana

fut devenu vieux, il envoya chercher son fils afin de le voir avant de mourir et Bhagavat vint et demeura auprès du lit du malade, et Çouddhôdana ayant atteint l'illumination parfaite mourut dans les bras du Bienheureux. Et il est dit que, pour prêcher la loi à sa mère 2. Mâyâ-dévî, Bhagavat monta au ciel et résida parmi les dieux. Ayant terminé sa pieuse mission, il revint 1.

tomba malade

et

;

sur la terre

et

recommença

à aller,

convertissant

ceux qui écoutaient ses leçons.

XXXIII.

— Trois

AdmissioJi des

femmes dans

le

Sangha.

Yaçôdharâavait imploré du Bouddha permission d'être admise dans le Sangha, mais son

4.

la

vœu

fois,

mère accompagnée de Yaçôde beaucoup d'autres femmes, vint vers le

n'avait pas été exaucé. Alors Pradjâpatî, la

nourricière du Bienheureux,

dharâ

et


101

l'évangile du bouddha

Tathâgata

le

suppliant avec ferveur de leur permettre

apprendre les vœux et d'être ordonnées comme disciples du Bouddha. Et Bhagavat^ voyant leur zële pour la vérité, 2. ne put résister plus longtemps, et il les reçut comme

disciples. 3.

— Pradjâpatî fut

la

première femme qui devint

du Bouddha

et

reçut l'ordination de bhik-

disciple

chounî.

— Règles

XXXIV.

de conduite des Bhikchoiis envers les

1.

et lui 2.

femmes.

Les Bhikchous vinrent trouver le Baghavat demandèrent u Tathâgata, notre Seigneur etnotre Maître, :

comment doivent

se conduire envers les

femmes

les

çramanas qui ont renoncé au monde? » Et le Bienheureux dit 3. Gardez-vous de regarder une femme. 4. « Si vous voyez une femme, faites comme si 5. vous ne la voyez pas, et n'ayez aucune conversation

— —

;

c(

avec

elle.

« Si,

que ce

soit

6.

après tout, vous êtes forcés de lui parler,

avec un cœur pur

et

pensez en vous6.


l'évangile du bouddha

102

mêmes

Moi qui

«

:

«dans ce monde

suis

un çramana

je

comme

plein de péchés

veux vivre

la feuille sans

«tache du lotus qui n'est pas souillé par la vase dans «

laquelle 7.

il

croit. »

Si la

«

votre mère; elle est très 8.

;<

9.

«

femme

jeune,

est vieille, regardez-la

est jeune,

si elle

comme

comme

votre

comme

votre sœur;

si

fille.

Le çramana qui regarde une femme comme une femme, ou la touche comme une femme, rompt son vœu et n'est plus un disciple de Çâkyamouni.

La puissance de

la

luxure est grande sur

les

hommes et doit être redoutée en tout temps; prenez alors Tare de la persévérance fervente et la flèche la sagesse.

aiguë de

10.

pensée

tête du casque de la bonne une ferme résolution contre combattez avec

«

et

Couvrez votre

les cinq désirs.

H. quand

il

«

le

cœur de l'homme,

beauté de la femme,

et

son

désemparé.

esprit est

La luxure embrume

est ébloui par la

Bien mieux vaudrait vous crever les deux fer rouge que d'encourager en vous des pensées sensuelles, ou regarder un corps de femme 12.

«

yeux avec un

avec des désirs charnels. 13. tigre

Mieux vaudrait tomber dans la gueule d'un furieux, ou sous le couteau tranchant du bour«

reau, que d'habiter avec une

femme

et d'exciter

en

vous des pensées de luxure. 14.

«

La femme, dans

le

monde,

est avide de


l'évangile du bouddha

montrer sa figure

103

et sa taillle, soit qu'elle

qu'elle se tienne debout, qu'elle soit assise

dorme. Même en peinture charmes de sa beauté, et la fermeté de leur cœur! 15.

16.

« ((

marche,

ou qu'elle

elle désire captiver

ainsi dérober

par les

aux hommes

Comment alors devez-vous vous En regardant ses larmes et ses

garder? sourires

comme

des ennemis^ son attitude penchée et ses cheveux dénoués comme des manœuvres en vue de prendre au piège le cœur de l'homme. « C'est pourquoi, je vous le dis, maîtrisez 17. votre cœur, ne lui donnez pas une liberté effrénée ».

XXXV.

1.

Vichâkhâ

^2^,

Vichâkhâ.

femme

riche de Çrâvastî,

avait plusieurs enfants et petits-enfants, avait

à l'ordre le la

Poùrvârâma ou Jardin

qui

donné

Oriental, et fut

première matrone des sœurs laïques. 2.

Quand

le

Bienheureux

s'arrêta à Çrâvastî,

Vichâkhâ vint au lieu ori se trouvait Bhagavat et prendre son repas dans sa maison, ce que le Bienheureux accepta. Et une pluie torrentielle tomba pendant la 3. nuit et le matin suivant ; et les bhikchous ôtèrent l'invita à


l'évangile du bouddha

104

leurs robes afin de les garder sèches et laissèrent la pluie tomber sur leurs corps. 4.

— Quand,

jour suivant,

le

terminé son repas, ainsi

:

« Il

Bienheureux eut de lui et parla

y a huit grâces, Seigneur, que je

au Bienheureux. 5.

le

s'assit près

elle

demande

»

— Bhagavat dit

:

«

Les Tathâgatas, ô Vichâkhâ,

n'accordent aucune grâce tant qu'ils ne savent pas de

quoi 6.

il

s'agit. »

— Yichâkhâ

répondit:

«

Seigneur, les grâces

que je demande sont justes et irréprochables. » Ayant reçu la permission de demander les 7. « Seigneur, je désire pendant grâces Yichâkhâ dit toute la durée de ma vie donner au Sangha des robes

:

pour la saison pluvieuse, de la nourriture pour les nouveaux bhikchous, de la nourriture pour les vieux bhikchous, de

nourriture pour les malades, de la

la

nourriture pour ceux qui soignent les malades, et des remèdes pour les malades, ainsi qu'une distribution régulière de riz au lait et de robes de bain les

bhikchounîs,

8.

les

pour

sœurs.

Le Bouddha

dit

:

«

Mais à quel propos, ô

Vichâkhâ, (ou dans quelle intention) demandez-vous

au Tathâgata ? » Et Vichâkhâ répliqua 9. 10. « J'ai donné un ordre, Seigneur, à ma serYa et annonce à la confrérie que vante, en disant Et ma servante alla, mais quand le repas est servi. elle entra dans le vihâra^^^, elle remarqua que, pendant ces huit grâces

— —

:

:

— —


l'évangile du bouddha

qu'il pleuvait, les

et elle

pensa

:

105

bhikchous avaient ôté leurs robes, mais

— Ce ne sont pas des bhikchous,

des ascètes nus qui laissent la pluie tomber sur eux.

— De

me

sorte qu'elle revint

avait

vu

fois.

Seigneur,

et je fus obligée

la

rapporter ce qu'elle

de la renvoyer une seconde

nudité est impure et révoltante.

que j'avais en vue en désirant approSangha pendant la durée de ma vie de

C'est ce point

visionner

le

vêtements à employer spécialement pendant

la saison

des pluies. 11.

«

En

ce qui concerne

mon

second vœu. Sei-

gneur, un bhikchou qui arrive (au monastère), n'étant pas capable de prendre les chemins directs, et ne

sachant pas les lieux

oii

il

peut se procurer de

la

nourriture, fait sa tournée et arrive épuisé par la re-

aumônes. C'est là, Seigneur, ce que j'avais en vue en souhaitant d'approvisionner le Sangha, ma vie durant, de nourriture pour les bhikchous nouveaux. « Troisièmement, Seigneur, un bhikchou 12. cherche

des

hors d'âge peut êlre laissé en arrière dans la quête

aux aumônes, ou arriver trop tard au lieu où il désire se rendre, et se mettre en route sur le chemin avec fatigue.

« Quatrièmement, Seigneur, si un bhikchou 13. malade n'a pas une nourriture convenable, sa maladie peut s'aggraver et il est en danger de mourir.

14.

«

Cinquièmement, Seigneur, un bhikchou


l'évangile du bouddha

106

qui soigne les malades perd la possibilité de sortir

pour

chercher sa nourriture.

aller

Sixièmement, Seigneur, si un bhikchou malade n'a pas les remèdes convenables, sa maladie 15.

((

peut s'aggraver

et

il

risque de mourir.

Septièmement, Seigneur, j'ai entendu dire que Bhagavat a loué le riz au ]ait_, parce qu'il donne 16.

«

de la vivacité à l'esprit el apaise la faim et la soif;

un mets

c'est

salutaire

comme nourriture pour ceux comme remède pour les

qui sont bien portants, et

malades. C'est pourquoi

ma vie

17. — «

tume de

pourvoir

le

Saîigha,

riz

au

lait.

Enfin, Seigneur, les bhikchounîs ont cou-

se baigner dans la rivière Alchiravatî avec

courtisanes, sur la

les

je désire

durant^ d'un approvisionnement de

même

rive, et nues.

Et

les

moquent des bhikchounîs quoi bon, mesdames, garder votre

courtisanes, Seigneur, se

en disant:

A

quand vous êtes jeunes ? Gardez votre chasquand vous serez vieilles vous aurez ainsi dou-

chasteté teté

ble avantage.

;

Seigneur,

la

nudité est impure, dé-

goûtante et révoltante pour les femmes. 18.

en vue. 19.

«

Tels sont les cas, Seigneur, que j'avais

»

— Le Bienheureux

dit

':

«

Mais quel avantage

vois-tu pour toi-même, ô Vichâkhâ, en implorant ces huit grâces 20.

21.

du Talhâgata?

»

— Vichâkhâ répliqua — Des bhikchous qui ont passé :

«

la saison des

pluies dans divers lieux. Seigneur, viendront à Çrâ-


107

l'évangile du bouddua

vaslî visiter

heureux

ils

Bhagavat. Et en arrivant devant

— Tel

demanderont:

chou, Seigneur, est mort. Quel est sort?

— Alors

le

le

Bien-

un bhikmaintenant son

el tel,

Bienheureux expliquera

qu'il a ré-

dans

collé les fruits de sa conversion, qu'il est entré le

Nirvana, ou qu'il est parvenu à la dignité d'Arhat,

selon qu'il en sera.

22.

«

Et moi, allant à eux, je leur demanderai

— Ce frère,

Messieurs,

jadis vécu à Çrâvastî?

a autrefois clurai

pour

:

demeuré

S'ils

me

— Certainement ce frère ou de

répondent:

à Çrâvastî,

la saison des pluies,

:

un de ceux qui ont

était-il

Il

alors j'en con-

a profité des robes

la

nourriture destinée

aux nouveaux bhikchous, ou de la nourriture préparée pour les vieux bhikchous, ou de celle donnée aux malades, ou de celle de ceux qui soignent

les

ma-

lades, ou des remèdes destinées aux malades, ou de l'approvisionnement permanent de riz au lait. « Alors la satisfaction naîtra en moi ainsi 23. satisfaite je serai joyeuse et tandis que je me réjouirai ainsi, tout mon organisme sera en paix. Étant ainsi en paix j'éprouverai un sentiment délicieux de contentement; et dans cette félicité mon cœur sera en repos. Ce sera pour moi un exercice de mon sens moral, un excercice de mes facultés morales, un exer-

;

;

cice des sept sortes de sagesse

I

l'avantage que j'entrevoyais pour licitant ces huit

24.

Tel

est,

grâces du Bienheureux.

— Bhagavatdit

:

«

Seigneur,

moi-même en

sol-

»

Bien, c'est bien, Yichâkhâ.


l'évangile du bouddha

108

avantages en vue, de au Tathâgata. La charité demander ces huit grâces répandue sur ceux qui en sont dignes est semblable

Tu

as bien

fait,

ayant de

tels

au bon grain, semé dans un bon terrain, qui rend une abondance de fruits. Mais Taumône faite à ceux qui sont encore sous le joug tyrannique des passions est comme une semence déposée dans un mauvais terrain. Les passions de celui qui reçoit l'aumône étouffent, si Ton peut s'exprimer ainsi, la croissance des mérites. 25.

»

—Elle Bienheureux remercia Yichâkhâ en

nonçant ces gâthas

26.

pro-

:

Quoi que donne une femme honnête dans sa du Bienheureux, avec satisfaction de sans arrière-pensée, son don est céleste, dé«

disciple

vie,

cœur

et

truit la

douleur

27.

«

et

produit la félicité.

Elle atteindra à

trant dans le

chemin qui

une vie

*de félicité,

en en-

est débarrassé de la corrup-

tion et de l'impureté.

28.

Aspirant au bien,

elle est heureuse, et elle trouvera la satisfaction dans ses actions charitables. » «

XXX VL

i

.

— Sainya

Oupavasatha

Bimbisâra,

et

le roi

Prâtimôkcka.

de Magadha, se

re-


l'évangile du bouddha

tira

du moade

et

109

vécut religieusement. Or

il

observa

qu'à Râdjagrihâdes sectes brahmaniques sanctifiaient certains jours et que le peuple allait à leui» chapelle et écoutait leurs prédications. 2.

— Considérant

crer des jours

qu'il était nécessaire

de consa-

réguliers à Tabstention des labeurs

mondains et aux instructions religieuses, le roi vint « Les Parivrâdjakas ^^^, vers le Bienheureux et dit :

qui appartiennent à l'école Tirlhika

'^^,

prospèrent et

gagnent des adhérents parce qu'ils observent la sanctification du huitième jour et aussi du quatorzième

ou du quinzième de chaque demi-mois. Ne

serait-il

pas convenable que les révérends frères du

Sangha

s'assemblassent aussi' à des jours dûment

fixé.s

dans

celte intention? » 3.

— Et

le

Bienheureux commanda aux bhikchous

de s'assembler

le

huitième jour

et aussi le

quatorzième

ouïe quinzième jour de chaque demi-mois

et

de con-

sacrer ces jours à des exercices religieux. 4.

5.

— Alors

établie fixé

Ceci est l'Oupavasatha^^^ ou Sabbat des Dis-

du Bouddha.

ciples

par

le

les

bhikchous, pour obéir à la règle

Bienheureux,

dans les vihâras, et

le

s'assemblèrent au jour

peuple vint afin d'entendre

la loi mais il fut grandement désappointé, car les bhikchous demeurèrent silencieux et ne prononcè;

rent aucun discours.

6. Quand Bhagavat fut informé de cela, il ordonna aux bhikchous de réciter le Prâtimôkcha*^^, qui


l'évangile du bouddha

410

cérémonie du déchargement (des péchés); el il commanda qu^'ils fissent une confession de leurs transest la

gressions afin de recevoir l'absolution de l'ordre. 7.

— Car une

confessée par

Car

être purifié.

faute, s'il en existe une, doit être bhikchou qui s'en souvient et désire

le

la faute qu'il

aura confessée

lui sera

légère. 8.

— Et Bhagavat

dit

:

«

Voici de quelle manière

Prâtimôkcha « Qu'un bhilyîhou compétent 9. fasse cette proclamation au Sangha doit être récité le

:

et

vénérable

Daigne

le

C'est aujourd'hui Oupavasatha,

le

:

Safigha m'écouter huitième, ou

le

quatorzième ou

le

quinzième jour du

Sangha est disposé, que le Sangha service Oupavasatha et récite le Prâtimôk-

demi-mois. Si célèbre le

!

le

cha. Je réciterai le Prâtimôkcha. 10.

«

Et les bhikchous répondront

— Nous

;

i'écoutons tous attentivement et concentrons notre esprit sur lui.

— Alors

bhikchou qui officie dira Celui qui a commis une faute, peut la confesser; s'il n'y a pas de faute, vous demeurerez silencieux; par votre silence je comprendrai que les révérends frères sont exempts de toute faute. « De même que le simple laïque qui a été ques12. tionné répond à la question, de même, si devant une assemblée comme celle-ci, une question est solennellement posée trois fois on doit y répondre; si un 11.

le

:

bhikchou, après cette

triple proclamation,

ne confesse


l'évangile du bouddha

pas une faule qui existe et dont

commet un mensonge 13.

«

il

111

se souvient,

il

intentionnel.

Or, révérends frères,

le

Bienheureux a

mensonge intentionnel était un empêchement au salut. C'est pourquoi une faute qui existe doit être confessée par le bhikchou qui a commis une déclaré qu'un

faute et qui s'en souvient et désire devenir pur

aété confessée, elle est traitée

elle

XXXVII.

1.

un

car

si

— Le schisme.

Tandis que Bhagavat résidait à Kauçâmbî*^^,

certain

faute, et, frérie

;

comme il convient».

bhikchou

comme

il

fut accusé d'avoir

commis une

refusait de la reconnaître, la con-

prononça contre

lui

une sentence d'expulsion

de l'ordre. 2.

— Or ce bhikchou

était savant. Il connaissait le

Dharma^^^, avait étudié les règles de l'ordre, et

était

sage, instruit, intelligent, modeste, consciencieux et docile à se soumettre à la discipline. Et

il

alla vers

ceux qui étaient ses compagnons et ses amis parmi les « Ce n'est pas une faute, mes bhikchous, en disant :

amis; ce n'est pas un motif pour une sentence d'expulsion. Je ne suis pas coupable. Le jugement est illégal et sans valeur. C'est pourquoi je

me

considère


l'évangile du bouddha

112

toujours

comme membre

de l'ordre. Que

bles frères m'assistent pour défendre 3.

Ceux qui

étaient

du

parti

du

vénéra-

les

mon

droit

».

frère expulsé

vinrent vers les bhikchous qui avaient prononcé

sentence en disant

que

:

«

Ce

n'est pas

une faute

bhikchous qui avaient prononcé répondaient « C'est une faute ». les

»

;

la

tandis

la sentence

:

4.

— Ainsi

s'éleva des disputes et des querelles,

il

et le Saiig-hafut divisé et se diffamaient 5.

— Et tous

en deux partis qui s'injuriaient

mutuellement; ces événements furent rapportés au

Bienheureux.

Alors Bhagavat alla à l'endroit où étaient les 6. bhikchous qui avaient prononcé la sentence d'expul« Ne croyez pas, ô bhikchous, que vous puissiez prononcer l'expulsion contre un bhikchou, quels que soient les faits de la cause, en disant simplement Il nous paraît que c'est ainsi et c'est pourquoi il nous plaît d'agir ainsi contre notre

sion et leur dit

:

:

frère.

— Que

ces bhikchous qui prononcent légère-

ment une sentence contre un

Dharma

et les règles

frère

connaissant

le

de Tordre, savant, sage et in-

telligent, modeste, consciencieux et prêt à se soumettre à la discipline, redoutent de causer des divisions. Ils ne dojvent pas prononcer une sentence

d'expulsion contre un frère simplement parce qu'il fuse de reconnaître sa faute. » 7.

— Alors Bhagavat se leva

qui soutenaient

le frère

re-

et vint vers les frères

expulsé et leur dit

:

«

Ne


l'évangtle du bouddha

croyez pas, ô bhikchous, que

si

113

vous avez commis une

— — Nous sommes sans faute. Quand un bhikchou a comfaute vous n'avez pas besoin de l'expier, pensant

:

mis une faute qu'il ne considère pas comme une faute, tandis que la confrérie le considère comme coupable, Ces frères connaissent le Dharma et il doit penser :

les règles

de Tordre,

ils

sont savants, sages, intelli-

gents, modestes^ consciencieux et

mettre à la discipline

;

il

prompts

à se sou-

est impossible qu'ils agissent

envers moi par égoïsme, par méchanceté, par erreur

ou par crainte.

— Qu'il redoute d'être

la

cause de

di-

visions etreconnaisseplutôt sa faute d'après l'autorité

de ses frères. »

Les deux partis continuèrent à observer 8. rOupavasatha et à accomplir les actes du culte indépendamment Tun de l'autre, et quand leur conduite fut rapportée au Bienheureux,, il décida que l'observance de rOupavasatha et la célébration des actes du culte étaient légales, inattaquables et valides pour les deux partis. Car, dit-il: « Les bhikchous qui tiennent pour le frère expulsé constituent une communauté différente de ceux qui ont prononcé la sentence. 11 y a de vénérables frères des deux côtés. Puisqu'ils ne s'entendent pas, laissons-les observer FOupavasatha et

célébrer les actes du culte séparément. » 9.

— Et Bhagavat réprimanda les bhikchous divisés,

disant

:

10. —

« Les gens vulgaires font beaucoup de bruit; mais qui doit être blâmé quand des divisions naissent


l'évangile du bouddha

114

dans

le

Saiïgha?

qui pensent

m'a

:

La haine ne Il

m'a

s'apaise pas dans ceux

injurié,

il

m'a

fait

du

tort,

il

du mal.

fait

Car ce n'est pas par la haine que la haine s'apaise. La haine est apaisée par l'amour. Ceci est 11.

une

«

loi éternelle.

12.

Certains ne connaissent pas la nécessité

((

de l'empire sur soi-même;

s'ils

sont querelleurs nous

pouvons excuser leur conduite. Mais ceux qui sont plus instruits, doivent apprendre à vivre en concorde. 13.

« Si

un

homme

trouve un ami sage qui vit

avec droiture et est constamment maître de

peut vivre avec

lui,

à l'abri de tous dangers,

lui,

il

heureux

et reconnaissant.

s'il

ne trouve pas un ami qui vive

avec droiture

et soit

égal de caractère, qu'il aille plu-

tôt tout seul,

semblable à un

14.

lui

Mais

«

son royaume

livrer à

une

dans

taire

15.

et les soucis

vie de retraite,

roi qui laisse derrière

de son royaume pour se

comme un

éléphant soli-

la forêt.

((

Avec

les fous

il

n'est point de

compagnie.

Plutôt que de vivre avec des gens égoïstes, vains, que-

que Thomme aille tout seul ». Bienheureux pensa en lui-même : « Ce point une tâche facile que d'instruire ces fous à tête et entêtés ». Alors il se leva de son siège et

relleurs et obstinés, 16. n'est forte

— Et

se relira.

le


l'évangile du bouddha

XXX VIII.

Bétab lis sèment de la concorde.

— La dispule entre

1.

Bhag-avat quitta

115

les partis n'étant

Kauçâmbî

et

pas apaisée,

voyageant de

ville

en

ville arriva enfin à Çrâvaslî.

— En Tabsence

2.

Au.

Bienheureux,

les querelles

empirèrent de sorte que

les fidèles laïques

çâmbî en furent excédés

et ils dirent

:

«

de

Kau-

Ces moines

chicaneurs sont une grande calamité, et vont appeler

malheur sur nous. Fatigué de leurs altercations, Bhagavat est parli et a choisi une autre demeure pour sa résidence. Ne saluons donc plus les bhikchous le

et

ne sont pas dignes de ou qu'ils apaisent rentrent dans le monde ».

cessons de les nourrir.

porter des robes jaunes et

Bhagavat, ou qu'ils

3.

Quand

ils

Ils il

faut

virent qu'ils n'étaient plus ho-

norés ni nourris par les fidèles laïques, les bhikchous de «

Kauçâmbî commencèrent

lui la 4.

à se repentir et dirent

:

Bienheureux et faisons trancher par question qui nous divise ». Et les deux partis vinrent à Çrâvastî vers le

Allons vers

le

Bienheureux. Alors

le

vénérable Çâripoutra, ayant ap-

Bhagavat et dit « Ces bhikchous chicaniers, dispuleurs et querelleurs de Kauçâmbî, les autours des dissensions, sont venus à pris leur arrivée, s'adressa à

:


l'évangile du bouddha

116

Gomment dois-je

Çràvasiî.

agir, ô Seigneur, à

Téga

de ces bhikchous? »

Ne

gronde pas, Çâripoutra, dit le Bie dures ne sont agréables po personne. Assigne à chaque partie des demeures s parées, et traite-les avec une justice impartiale. Écoute avec patience les deux partis. Celui-là seul qui pèse les deux côtés peut être appelé un mouni. Quand les deux partis auront exposé leur cause, que le Sangha Jd 5.

«

heureux car

les

les paroles

se mette d'accord et décrète le rétablissement de

concorde 6.

».

— Ensuite Pradjâpalî,

de Bhagavat et

le

Béni

la

dit

matrone, demanda :

«

Que

les

deux

jouissent selon leurs besoins des dons des

l'av

I

partis

membres

laïques, spit vêtements soit nourriture, et qu'aucun ne

sensiblement par rapport à l'autre

soit favorisé 7.

— Puis

le

Bienheureux,

ment de

la

le

questionna au sujet du rétablisse-

paix dans

Seigneur, que

».

vénérable Oupâli, s'étant approché du

le

le

Sangha

Sangha,

:

« Serait-il juste, ô

afin d'éviter de nouvelles

disputes, décrétât le rétablissement de la concorde

sans s'informer de la matière de la querelle? 8.

9.

la

— Et — Si

le

a

»

Bienheureux répondit Sangha proclame le rétablissement de :

le

concorde sans avoir

fait

d'enquête sur

le sujet, sa

déclaration, n'est ni juste ni légale. 40.

corde et

— :

dans

y a deux manières de rétablir la conl'une est dans la lettre, l'autre est dans l'esprit « 11

la lettre.


l'évangile du bouddha

11.

« Si

Sangha proclame

le

117

rétablissement

le

la

concorde sans avoir fait d'enquête sur le sujet, paix est conclue dans la lettre seulement. Mais si

le

Sangha, après

de

la

allé

s'être

enquis de la matière et être

jusqu'au fond de la question, proclame

blissement de

le réta-

concorde, la paix est conclue dans

la

Tesprit et aussi dans la lettre. 12.

((

La concorde

rétablie

dans

l'esprit et

dans

la lettre est seule juste et légale. »

— Alors

Bienheureux parla aux bhikchous et leur dit l'histoire du prince Dîrghâyou*^^ Il dit •14. « Autrefois vivait à Bénarès un roi puissant dont le nom était Brahmadatta de Kâçi^^"^; et il partit 13.

le

:

en guerre contre Dîrghêti, pensait

:

— Le

le

roi

de Kôçala, car

royaume de Kôçala

ghêti ne sera pas capable de résister à 15.

«

il

est petit et Dîr-

mes armées.

Dîrghêti, voyant que la résistance était

impossible contre la grande horde du roi de Kâçî, s'enfuit, abandonnant son petit royaume aux mains

de Brahmadatta, place,

il

et

après avoir erré de place

arriva enfin à Bénarès

femme dans

la

maison d'un

oii

il

en

vécut avec sa

potier en dehors de la

ville;

« Et la reine lui donna un fils et ils le nom16. mèrent Dîrghâyou. « Quand Dîrghâyou fut devenu grand, le roi 17. « Le roi Brahmadatta nous a fait beaucoup se dit de mal, et il craint notre vengeance; il cherchera à nous tuer. S'il nous trouve il nous massacrera tous

— :

7.


l'évangile du bouddha

118

donc partir son fils; et Dîrghâyou, qui une bonne éducation, s'appliapprendre tous les arts, devenant qua activement à

les trois. » Il

fit

avait reçu de son père

très habile et sage.

18.

En

«

ce temps, le barbier

du

roi Dîrghêti

demeurait à Bénarès; il vit le roi, son ancien maître, et, comme il était d'un naturel avare, il le livra au roi

Brahmadatta.

19.

Quand Brahmadatta,

«

le roi

de

Kâçî,

apprit que le roi fugitif de Kôçala vivait tranquille-

ment avec

sa

femme, inconnu il ordonna de

maison de potier, ainsi

que

donc

le

la reine, et

de

les

et déguisé le

dans une

charger de chaînes

mettre à mort tous deux;

chef de la police à qui l'ordre fut donné saisit

le

roi Dîrghêti et le conduisit à la place des exécutions.

Tandis que le roi captif était mené par les rues de Bénarès, il vit son fils, qui était revenu voir ses parents, et voulant communiquer à son fils son 20.

«

dernier conseil sans risquer de s'écria

:

Dîrghâyou,

«

mon

le

trahir, Dîrghêti

fils!

Ne regarde pas

trop longtemps, ne regarde pas trop peu; car ce n'est

pas par la haine que la haine est apaisée; la haine est apaisée

par l'absence de haine seulement!

Le

»

Kôçala fut exécuté avec sa femme; mais Dîrghâyou leur fils acheta un vin capiteux et enivra les gardes. Quand la nuit fut venue, il plaça les corps de ses parents sur un bûcher funéraire et les brûla avec tous les honneurs qui leur 21.

«

roi de

étaient dus et selon les rites religieux.


l'évangile du bouddha

22.

«

fut etfrayé,

Quand car

le roi

pensa

il

119

Brahmadatta apprit :

Dîrghàyou,

cela,

le fils

du

il

roi

Dîrghêti, voudra venger la mort de ses parents, et s'il

épie une occasion favorable,

23. — et

il

m'assassinera.

Le jeune Dîrghâyou s'en fut dans la forêt cœur voulut. Alors il essuya pleurs et revint à Bénarès. Apprenant qu'on de«

pleura tant que son

ses

mandait des employés dans les étables des éléphants du roi, il offrit ses services et fut engagé par le maître des éléphants. 24.

«

Et

il

arriva que le roi entendit une voix

agréable résonner dans la nuit et chanter en s'accom-

pagnant du luth un chant magnifique qui réjouit son cœur,

et

ayant demandé à ses serviteurs qui pouvait

être ce chanteur

on

avait à son service

lui dit

que

le

maître des éléphants

un jeune homme

très

accompli

et

aimé par tous les camarades. Ils dirent qu'il avait coutume de chanter en jouant du luth et que ce devait être le chanteur qui avait réjoui le cœur du roi. « Le roi ordonna qu'on lui amena le jeune 23. homme, et Dîrghâyou lui ayant beaucoup plu, il lui donna un emploi dans le château royal. Ayant remarqué avec quelle sagesse le jeune homme se conduisait, combien il était modeste et en même temps ponctuel dans l'accomplissement des devoirs de sa

charge, 26. et fut

le roi lui

«

Alors

donna bientôt un poste de confiance. il

arriva que le roi alla à la chasse

séparé de sa suite, restant seul avec

Dîrghâyou. Et

le roi fatigué

le

jeune

par la chasse posa sa tête


l'évangile du bouddda

120

sur les genoux du jeune Dîrghâyou 27.

Et Dîrghâyou pensa

«

datta nous a fait

notre royaume et tué

maintenant en

et

s'endormit.

Ce roi Brahmabeaucoup de mal; il nous a volé

mon

mon

«

:

père et

pouvoir.

«

A

ma

cetle

mère.

pensée

Il est il

tira

son sabre. 28.

«

Alors Dîrghâyou se souvint des dernières

paroles de son père

:

Ne regarde

pas trop long-

temps, ne regarde pas trop peu; car ce n'est pas par haine que la haine est apaisée. La haine est apaisée

la

seulement par l'absence de haine. il

A

celte pensée

remit son sabre au fourreau. 29.

«

réveilla, et

Le roi s'agitait dans son sommeil et quand le jeune homme lui demanda :

Pourquoi, ô

roi,

paraissez-vous effrayé?

— Mon sommeil est toujours agité souvent que

un

le

il

répondit

:

parce que je rêve

jeune Dîrghâyou vient sur moi avec

sabre. Tandis que je dormais

ici

la tête sur vos

genoux, j'ai rêvé de nouveau un songe effrayant,

me

se

et je

suis éveillé plein de terreur et d'alarme.

le jeune homme posant sa main du roi sans défense tira son sabre et dit Je suis Dîrghâyou, le fils du roi Dîrghêti, dont vous avez volé le royaume et que vous avez tué avec sa femme, ma mère. L'heure de la vengeance est venue. 31. « Le roi se voyant à la merci du jeune Dîrghâyou leva ses mains et s'écria Donnez-moi la vie, mon cher Dîrghâyou, donnez-moi la vie, mon «

Alors

gauche sur

la tête

30.

:

((

>^

:

cher Dîre^hâyou!


l'évangile du bouddha

32.

ceté

:

Et Dîrghâyou

«

amertume ni méchanvous laisser la vie, ô roi, vie en danger. G^est vous, ô

dit

sans

— Gomment puis-je ma

puisque vous mettez roi,

qui devez m'accorder la vie.

33.

«

Et

le roi dit

— Bien,

:

5^ou,. laissez-moi la vie et je

et

De

mon

cher Dîrghâ-

vous accorderai

la vôtre.

que le roi Brahmadatta de Kâçî le jeune Dîrghâyou s'accordèrent réciproquement vie, unirent leurs mains et jurèrent un serment de 34.

la

121

«

sorte

ne se faire aucun mal Tun à l'autre. 35.

Et

((

le

jeune Dîrghâyou dit à l'heure

:

Brahmadatta de Kâçî

roi

de sa mort

:

Ne regarde pas

temps, ne regarde pas trop peu; car

la

au

dit

— Pourquoi votre père vous

a-t-il

trop long-

haine n'est pas

La haine est apaisée seulement Que voulait dire votre père haine.

apaisée par la haine.

par l'absence de

par ces paroles? 36.

«

Le jeune homme répondit

père, ô roi, a dit au

temps

»,

il

moment de

:

— Quand nion

sa mort

:

«

Pas long-

voulait dire ne laisse pas ta haine durer

trop longtemps... Et quand

mon

«Pas prompt à te

père a dit

trop peu », cela signifiait, ne sois pas

:

^[ quand il ajouta « car ce que la haine est apaisée la haine est apaisée seulement par l'absence de haine », brouiller avec tes amis.

:

n'est pas par la haine

cela signifiait ceci

mère, ô partisans

mes

roi.

me

Si je

:

«

Vous avez

;

tué

vous privais de

mon

père et

la vie, alors

priveraient aussi de la vie, et de

partisans tueraient les vôtres.

De

ma vos

même

sorte que, par


l'évangile du bouddha

122

la haiae, la

haine ne serait pas apaisée. Mais mainte-

nant, ô roi, vous m'avez accordé la vie et l'ai

moi

je

vous

accordée aussi, de sorte que, par l'absence de

haine, la haine a été apaisée. roi Brahmadatta de Kâçî pensa Alors 37. — — Combien est sage ce jeune Dirghâyou pour avoir «

le

:

il

compris entièrement

le

sens des paroles

si

concises

de son père! 38.

«

Et

le roi lui

rendit les armées de son père,

ses chars, ses trésors, et ses greniers d'approvision-

nement, 39.

et lui

donna sa fille en mariage. » Bhagavat eut raconté cette

— Quand

aux bhikchous,

il

les

histoire

renvoya.

bhikchous s'étant réunis en une assemblée examinèrent le sujet de leurs dissensions et quand ils furent allés jusqu'au fond de la question, la 40.

Alors

les

concorde fut rétablie dans

XXXIX.

1.

mené

— Or

il

le

Sangha.

— Les Bhikchous réprimandés.

arriva que le Bienheureux s'étant pro-

de long en large en plein air les pieds nus,

Quand les anciens virent que le Bienheureux promenait pieds nus, il ôtèrent leurs chaussures et firent de même. Mais les novices ne se soucièrent pas 2.

se


123

l'évangile du bouddha

do l'exemple de leurs anciens et conservèrent leurs

pieds couverts. 3.

Quelques-uns des frères remarquèrent

conduite

irrespectueuse

des novices

et

la

avertirent

Bhagavat réprimanda les novices en disant « Si maintenant même, tandis que je suis encore en vie, les frères montrent si peu de respect et de courtoisie les uns pour les autres, que feront-ils quand je serai mort? » ï. Et le Bienheureux fut plein d'angoisse pour lîhagavat,

et

:

.

avenir de la vérité; et 3.

dans

— le

«

Même les

il

reprit

:

laïques, ô bhikchous, qui s'agitent

monde, exerçant quelque métier qui

vivre, sont

respectueux, affectueux

et

les fasse

hospitaliers

pour leurs instituteurs. C*est pourquoi, ô bhikchous, faites resplendir votre lumière de sorte que, vous qui avez renoncé au

monde

et avez

consacré voire vie

entière à la religion et à la discipline religieuse,

vous

puissiez observer les règles de la décence^ être res-

pectueux, affectueux et hospitaliers pour vos maîtres et

vos supérieurs, ou pour ceux qui ont rang de

maîtres et de supérieurs. Votre conduite, ô bhikchous,

ne provoquera pas la conversion des infidèles, et ne fera pas accroître

pour

résultat, ô

le

nombre des

fidèles. Elle

aura

bhikchous, de repousser ceux qui ne

sont point encore convertis et de les éloigner. »


l'évangile du bouddha

124

XL.

1.

Dêvadatta.

— Quand Dêvadalta*^^

fils

il

un

et

disciple (de

Çâkya-

nourrissait l'espoir d'obtenir les

mêmes

frère de Yaçôdharâ*^^, devint

mouni),

de Souprabouddha

honneurs que Gautama Siddhârtha^^^ Son ambition ayant été déçue, il conçut dans son cœur une haine jalouse et, tentant de dépasser le Parfait en vertu, il trouva défectueux ses règlements et les distinctions et

blâma comme trop doux. 2.

— Dêvadatta vint à Râdjagrihâ

et gagna l'oreille du roi Bimbisâra. Et Adjâlaun nouveau vihâra pour Dêvadatta, et

d'Adjâtaçatrou çatrou édifia

^^^,

le fils

fonda une secte dont

les disciples étaient astreints à

des règles sévères et à la mortification de leur corps. 3.

— Bientôt après le Bienheureux lui-même

4.

manda

vint à

au vihâra de Vénouvana*^\ Dêvadatta vint voir le Bienheureux et lui de-

Râdjagrihâ

et s'arrêta

de sanctionner ses règles plus rigoureuses, par

lesquelles on pouvait atteindre une plus grande sain-

Le corps, disait-il, se compose de ses trentedeux parties et n'a point d'attributs divins. Il est conçu dans le péché et naît dans la corruption. Ses attri-

teté,

(c

buts sont l'assujettissement à la douleur et la dissolution de ce

qui est passager. C'est le réceptacle du


125

karma*'^^ qui est la malédiction de nos existences antérieures; c'est la résidence et

constamment

du péché

et

des maladies,

ses organes distillent des sécrétions

mort et son but le charnier. du corps, il convient que nous le traitions comme une carcasse remplie d'abominations et que nous le revêlions seulement de ces haillons tels qu'on en ramasse dans les cimetières ou sur dégoûtantes. Sa

fin est la

Telle étant la condition

les tas

de fumier.

»

— Le Bienheureux répondit

5.

:

«

En vérité

le

corps

est rempli d'impuretés et la fin qui l'attend est le char-

nier car ;

il

est

impermanent

ses éléments. Mais

et destiné à se

comme il est le

résoudre en

réceptacle du karma,

un vase de vérité et non de péché. Il n'est point bon de s'adonner aux plaisirs du corps; mais il n'est pas bon non plus de il

est

en notre pouvoir d'en

faire

négliger nos besoins corporels et d'entasser l'ordure sur les impuretés. et

Une lampe

remplie d'huile s'éteindra,

qui n'est pas nettoyée et

un corps négligé,

malpropre et affaibli par les pénitences ne sera pas un réceptacle convenable pour la lumière de la vérité.

Vos règles ne guideront pas vos disciples sur la voie moyenne que j'ai montrée. En vérité, on ne peut empêcher de pratiquer des règles plus sévères celui qui trouve bon d'agir ainsi

;

mais on ne doit

les

imposer

à personne, car elles sont inutiles. » 6.

— Ainsi

de Dêvadetta;

le

et

ïalhâgata repoussa la proposition Dêvadatta s'éloigna du Bouddha et

vint au vihâra dénigrant le

chemin de

salut

du Sei-


L*ÉVANGILE DU BOUDDHA

126

gneur parce

qu'il était trop

doux

et

absolument inef-

ficace.

— Quand

Bienheureux apprit les intrigues de Parmi les hommes, il n'en est point Dêvadatta, il dit qui ne soit blâmé. On blâme celui qui reste assis en silence et celui qui parle; on blâme aussi l'homme qui prêche la voie moyenne. » Dêvadatta poussa Adjâtaçatrou à comploter 8. 7.

le

«

:

contre son père, à sa place

;

et

le roi

Bimbisâra,

afin

de devenir roi

Bimbisâra mourut laissant

de Magadha à son

fils

le

royaume

Adjâtaçatrou.

— Le

nouveau roi écouta les mauvais conseils de Dêvadatta, et il donna l'ordre de faire périr le Tathâgata. Cependant, les assassins envoyés pour tuer le Seigneur ne purent accomplir leur acte pervers, mais 9.

furent convertis aussitôt qu'ils eurent aperçu le Bien-

heureux et entendu sa parole. Le rocher précipité sur le grand Maître du haut d'une falaise se brisa en deux, et les deux morceaux passèrent à ses côtés sans lui faire de mal. L'éléphant furieux, lâché pour meltre en pièces le Seigneur devint doux en sa présence. Alors Adjâtaçatrou, cruellement tourmenté par les remords de sa conscience, vint auprès du Bouddha chercher la paix dans sa détresse. 10.

bonté

Le Bienheureux reçut Adjâlaçatrou avec enseigna le chemin du salut; mais Dêva-

et lui

datta essaya encore de devenir le fondateur secte religieuse qui fut à lui.

H.

d'une *

Dêvadatta ne réussit pas dans ses projets!


127

l'évangile du bouddha

ayant été abandonné par beaucoup de

ses disciples,

tomba malade et se repentit. Il conjura ceux qui demeurés avec lui de porter sa litière devant « Portez-moi, mes enfants, le Bouddha, en disant portez-moi vers lui quoique je lui aie fait du mal je

il

étaient

:

;

suis son beau-frère le

.

En considération

Bouddha me sauvera.

»

Et

ils

de notre parenté

obéirent quoique à

regret.

Et Dêvadalta, dans son impatience de voir Bienheureux, se leva de sa litière tandis que ses porteurs lavaient leurs mains. Mais ses pieds brûlèrent sous lui il tomba sur le sol et ayant récité la 12.

le

;

;

louange du Bouddha,

il

XLl.

mourut.

— Le But,

— Bhagavat parla en ces termes aux bhikchous 2. — « C'est faute de comprendre et de saisir les 1.

:

quatre nobles vérités, ô bhikchous, que, vous et moi, nous avons du marcher si longtemps et errer à l'aventure sur ce chemin pénible de la transmigration. 3. L'âme émigré à travers toutes les formes, depuis la pierre, en passant par les plantes et toutes les espèces de corps animaux, et dans les hommes de

<c

divers caractères, jusqu'à ce qu'elle arrive à l'illumi-

nation parfaite dans

le

Bouddha.


l'évangile du bouddha

128

4.

Toutes

«

les créatures sont ce qu'elles sont à

cause du karma des actes commis par elles dans des existences antérieures et dans la vie présente.

5.

La nature raisonnable de l'homme

«

est l'é-

une fois qu'il l'a acquise, reste sa possession durable. Mais il faut de nouvelles naissances pour assurer la transmigration dans l'existence supérieure où l'on acquiert la lumière incomtincelle d'intelligence qui,

mensurable qui « Ayant 6.

est la

source de toute vérité.

atteint celte existence

trouvé la vérité et je vous

ai

suprême,

j'ai

chemin

'enseigné le

excellent qui conduit à la bienheureuse cité de paix. 7.

Je vous

«

ai

montré

le

chemin du

lac

d'Am-

broisie qui efface tous les péchés.

8.

«

Je vous ai donné la boisson rafraîchissante

nomme

qui se

la perception de la vérité, et celui qui

la boit est affranchi de l'agitation, de la passion et

du

péché.

Les dieux eux-mêmes envient le bonheur de celui qui a échappé aux flots de la passion et escaladé les rives du Nirvana. Son cœur est purifié de 9.

«

toute souillure et délivré de toute illusion. 40.

((

Il

est

semblable au lotus qui croît dans

l'eau sans qu'une seule goutte d'eau adhère à ses pétales.

11.

«

L'homme qui marche dans le chemin exmonde et cependant son cœur n'est

cellent vit dans le

pas souillé par des désirs mondains. 12.

«

Ainsi qu'une mère protège son

fils,

son


129

l'évangile du bouddha

fils

même

unique,

au péril de sa propre vie, ainsi il la bonne volonté parmi tous les

mesure

cultive sans êtres.

13.

Que l'homme demeure fermement dans

«

cet état d'esprit, soit qu'il se tienne

marche,

qu'il soit

jouissant d'une

meure

car cet état de

;

leur dans le

14.

éveillé

bonne

«

debout ou

qu'il

ou endormi, malade ou qu'il vive ou qu'il

santé,

cœur

est ce. qu'il

y a de meil-

monde.

Celui qui n'aperçoit pas les quatre vérités

excellentes a encore une longue route à faire, en des

naissances répétées, à travers

mirages d'illusion

et ses

le

désert de l'ignorance

marais du

et à travers les

péché.

15.

«

Mais lorsqu'il

les a saisies, la

cause des

migrations postérieures et des erreurs est écartée.

Le but

est atteint.

L'attachement de l'égoïsme est

détruit et la vérité est atteinte.

16. salut

;

((

C'est là la véritable délivrance

c'est là le ciel et la félicité

;

c'est là le

d'une vie immor-

telle. »

XLII.

1.

— Défense de faire des miracles.

Djyotichka

**S fils

de Soubhadra, était un

maître de maison habitant à Râdjagrihâ.

Comme

on


l'évangile du bouddha

130

donné un bol précieux en bois de santal orné il dressa devant sa maison un long poteau et plaça le bol à son sommet avec celte inscription « Si un çramana peut prendre ce bol sans se servir d'une échelle ou d'un bâton à crochet, mais par son pouvoir magique, je lui donnerai tout ce qu'il lui avait

de pierreries,

:

demandera. 2.

— Et

»

le

peuple vint vers Bhagavat, plein d'admi-

ration et toutes les bouches débordant de louanges,

disant

«

:

Grand

est le Tathâgata.

des miracles. Kâçyapa,

vu

le

Ses disciples font

disciple

bol sur le poteau de Djyotichka

mains,

il

ment au 3.

le

passait,

Fa

fait

descendre

et l'a

du Bouddha, et,

joignant

a les

emporté triomphale-

vihâra. »

Quand il

le

Bienheureux eut appris ce qui se Kâçyapa, et brisant le bol en

vint vers

morceaux, défendit à ses disciples de faire des miracles d'aucun genre. 4. Peu de temps après cela, il arriva que pendant la saison des pluies beaucoup de bhikchous se

fixèrent sur le territoire de Vridji*^^, qui était désolé

par la famine. Et l'un des bhikchous proposa à ses

uns

les autres aux habitants Ce bhikchou est un saint; il a eu des visions célestes ce bhikchou possède une

frères de se vanter les

du

village,

en disant

:

«

;

puissance surnaturelle;

Et

les villageois dirent

reux pour nous que de la saison des pluies.

»

il :

peut faire des miracles

« C'est

».

heureux, très heupassent chez nous

tels saints Ils

donnaient de bon cœur


l'évangile du bouddea

en abondance,

et

131

bhikchous prospérèrent

et les

et

ne

souffrirent pas de la famine.

— Quand

Bienheureux apprit cela, il ordonna à Anandade réunir les bhikchous et leur dit « Ditesmoi, ô bhikchous, quand un bhikchou cesse d'être un bhikchou ? »

||.

5.

le

:

— Et Çâripoutra répondit — Un disciple ordonné ne doit commettre au-

6.

:

7.

«

cun acte contre la chasteté. Le disciple qui commet un acte contre la chasteté n'est plus un disciple de

Çâkyamouni.

8.

«

De

plus,

un

disciple

ordonné ne doit rien

prendre sauf ce qui lui a été donné. Le disciple qui prend, ne fut-ce que la valeur d'un denier, n'est plus

un

disciple de

9.

ment

«

Çâkyamouni. un disciple ordonné ne

Enfin,

méchamment

et

inoffensive, pas

doit pas sciem-

une créature ou une fourmi.

priver de la vie

même un

ver de terre

— Ce sont les trois grandes prohibitions. 11. — xllors Bienheureux parla aux bhikchous et 10.

«

»

le

dit

:

12.

tion

« Il

que

13.

je

«

y a encore une autre grande prohibi-

vous déclare

Un

disciple

:

ordonné ne doit se vanter

d'aucune perfection surhumaine. Le disciple qui, avec

une mauvaise intention

et

par cupidité, se vante de

posséder une perfection surhumaine, que ce soit des visions célestes ou dos miracles, n'est plus i

ciple de

Çâkyamouni

un

dis-


l'évangile du bouddha

132

14.

«

Jo vous défends, ô bhikchous, de faire

usage de charmes ou de prières, car ce sont choses inutiles puisque la loi

du karma gouverne toutes

choses. Celui qui tente de faire des miracles n'a point

compris

XLllI.

1.

du Tathâgata.

la doctrine

11

»

Vanité du monde,

y avait un poète du non de Tchi qui avait il croyait au Bouddha

l'œil sans tache de la vérité, et

dont la doctrine

donnait la paix de l'esprit

lui

et la

consolation à Theure de Taffliction. 2.

— Or

il

arriva qu'une épidémie se répandit sur

que beaucoup d'hommes moururent et que le peuple fut terrifié. Quelquesuns tremblaient de peur et anticipant sur leur destin souffraient toutes les horreurs de la mort avant de mourir, tandis que d'autres se montraient joyeux, le

pays où

il

vivait, de sorte

criant à haute voix

:

(c

Réjouissons-nous aujourd'hui,

car nous ne savons point

cependant leur

si

rire n'était

nous vivrons demain » pas une joie sincère, mais

;

pure feinte et affectation. 3.

— Parmi tous

chés au

monde

ces

hommes

et ces

femmes

qui tremblaient de peur,

bouddhiste, malgré la peste, vivait

le

atta-

poète

comme d'habitudt


l'évangile du bouddha

calme

133

sans trouble, aidant tous ceux qu'il pouvait,

et

soignant les malades, adoucissant leurs douleurs par des remèdes et des consolations religieuses. 4. 5.

— Un homme vint à — Mon cœur est timide

lui et dit

c<

me

peuple mourir. Je ne

:

et agité, car je vois le

préocupe point des autres^

mais je tremble pour moi-même. Viens à cours, guéris-moi de 6.

— Et

le

ma

peur.

poète répondit

:

mon

se-

» «

Le secours

pour n'y aura est

compassion des autres; mais il toi tant que tu seras attaché à ta propre personnalité seule. Les temps de malheur éprouvent les âmes des hommes et leur enseignent la justice et la charité. Comment peux-tu être témoin de toutes ces scènes désolantes qui se passent autour de toi et rester encore gonflé d*égoïsme ? Gommen t peuxtu voir souffrir tes frères, tes sœurs et tes amis, et cependant ne pas oublier les ardeurs mesquines et la celui qui a

pas de secours pour

luxure de ton cœur

7.

? »

Ayant observé

l'homme de

plaisir, le

le

désespoir de l'âme de

poète bouddhiste composa ce

chant et l'enseigna aux frères du vihâra 8.

«

Bouddha « a

:

A moins et

que vous ne preniez refuge dans trouviez le repos dans le Nirvana

Tout est vanilé Yoir le monde

— désolation

le

et vanité.

est oiseux, et jouir de la vie est

vain.

Le monde, y compris l'homme, est semblable à un fantôme, et l'espoir du ciel est comme un mirage. ((

8


l'évangile du bouddha

134

9.

graisse « leil

«

Le mondain cherche

comme un volatile

Mais

le saint

comme Le

«

bouddhiste élève son vol vers

volatile dans le poulailler il

les

cieux et

— Et

10.

provisions à la grue sauvage,

la terre lui

poète Tchi dit

le

a sa nourriture;

bouillira dans le pot.

On ne donne pas de

mais

le so-

grue sauvage.

la

mais bientôt «

les plaisirs et s'en-

en cage.

appartiennent. «

:

»

Les temps sont durs

enseignent au peuple une leçon et pourtant il n'y prend point garde. » Alors il composa un autre poème sur la vanité de la mondanité 11. « 11 est bon de réformer, et il est bon d'exet

;

:

horter ((

«

le

peuple à se réformer.

Toutes les choses du monde disparaîtront balayées

Que

d'autres s'agitent et soient ensevelis sous les

soucis. «

Mon

12.

esprit sans préoccupations sera pur. « Ils

soupirent après les plaisirs et ne trou-

vent point de satisfaction. « Ils

convoitent des richesses et ne peuvent jamais

en posséder assez. « Ils «

sont

Quand

comme

le

fil

des marionnettes tenues par un

rompt,

ils

tombent par

fil.

terre lourde-

ment. 13.

«

Dans

le

royaume de

la

mort

il

n'y a ni

grand ni petit; <(

On n'y emploie ni or,

« Il

ni argent ni joyaux précieux. n'y a point de distinction entre le haut et le bas.


L*ÉVANGILE DU BOUDDHA

« Et journellement gazon odorant.

les

135

morts sont enterrés sous

le

« Voyez le soleil qui se couche derrière les 14. monts occidentaux. « Vous vous couchez afin de dormir; mais bientôt le coq annoncera le retour du matin. «

Corrigez-vous aujourd'hui

pas qu'il

et n'attendez

trop tard.

soit

Ne

«

dites pas

il

est de

bonne heure

;

car le

temps

rapidement.

finit

15.

« Il est

bon de

se corriger et d'exhorter le

peuple à se corriger. ((

Il

est

bon de mener une vie droite nom du Bouddha.

et de

prendre

refuge dans le «

Vos

talents

peuvent être vantés jusqu'au

ciel,

votre opulence peut être indicible. «

Mais tout est vain

paix du Nirvana.

XLIV.

1.

vous n'obtenez point

— Préceptes pour

les

u

le

Bouddha

au sujet des préceptes qu'ils devaient

Bienheureux dit Ceux qui désirent entrer dans

pratiquer, et le

la

Novices.

— Les novices de l'ordre vinrent vers

et l'interrogèrent

2.

si

*

:

les

Chemins,


l'évangile DU BOUDDHA

136

afin d'être

véritablement convertis

fidèles disciples

quatre choses la

:

et

de devenir de

du Bouddha, doivent s'appliquer premièrement,

compagnie des gens de bien; secondement,

doivent entendre la

loi

troisièmement,

;

à

doivent rechercher

ils

ils

doivent

ils

chercher à éclairer leur intelligence par la réfiexion et, quatrièmement, ils doivent pratiquer la vertu. Tels ;

sont, ô novices, les quatre degrés 3.

du chemin.

Afin que vous n'ayez aucun doute en ce qui

«

concerne vos habitudes de vie,

je

vous prescris dix

préceptes. 4.

sont

— Les dix préceptes prescrits aux novices — S'abstenir de détruire vie; s'abstenir de «

la

:

voler; s'abstenir de Timpureté; s'abstenir de mentir; s'abstenir des liqueurs enivrantes; s'abstenir

ger dans

les

déman-

temps défendus; s'abstenir de danser

d'assister à des spectacles

;

et

s'abstenir de guirlandes, de

parfums, d'onguents, d'ornemenlset de parures; s'abstenir de l'usage de lits hauts ou larges; s'abstenir de recevoir de l'or ou de l'argent. 5.

Je prescris, ô bhikchous, ces dix préceptes

pour l'exercice des novices.

XLV. i.

2.

— Règles pour r ordre.

— Le Bouddha — Quel est l'homme dit

«

»

.

de bien?

L'homme

reli-


137

l'évangile du bouddha

gieux est

homme

de bien. Et qui est religieux? Celui

qui suit la vérité. 3.

«

Quel

fort, j)arce qu'il a

moi. 4. la

Il

fort?

L'homme patient

est

vaincu

moi

et toute la vivacité

du

le

est calme, résistant et sans reproche.

«

Quel

est

Thomme

vue intérieure de

garde son esprit à et

l'homme

est

mène une

la

sage? Celui qui a obtenu

nature de son propre être.

l'abri

Il

de la souillure de l'égoïsme

vie de vérité. »

5. Et Bhagavat parla aux bhikchous et leur donna ces règles restrictives « Ne détruisez point la vie. Ne prenez point 6. ce qui n'est pas donné. Ne dites point de mensonges. Évitez l'ivresse. Ne commettez pas d'adultère. « Ce sont les cinq commandements que je 7. vous donne à tous, et pour ceux qui prennent les :

vœux 8.

nuit.

j'ordonne en plus les trois règles suivantes

«

Ne

Ne mangez aucune nourriture

:

penda^it la

portez point de guirlandes ou de parfums.

Ne dormez point

sur des couches moelleuses, mais

sur des matelas étendus sur le sol. 9.

((

De

plus celui qui a l'esprit pieux observera

FOupavasatha (ou Sabbat)

et

se

plaira à pourvoir

Tordre de nourriture suivant ses moyens.

»


l'évangile du bouddha

138

XLYI.

— Les dix commandements.

^~ Le Bouddha

i.

dit

:

«

Dix choses rendent mau-

vais tous les actes des êtres vivants, et leurs actes de-

viennent bons quand

ils

évitent ces dix choses. Ce

sont trois péchés du corps, quatre péchés de la langue et trois

2.

péchés de

Les

«

l'esprit.

trois

péchés du corps sont

:

le

meurtre,

vol et Tadultère.

le

3.

Les quatre péchés de

«

la

langue sont

:

men-

calomnier, injurier et parler inutilement.

tir,

4.

tise, la

5.

7.

trois

péchés de

l'esprit

sont

:

la convoi-

et l'erreur.

« C'est

dements 6.

Les

«

haine

pourquoi je vous donne ces comman-

:

— « Ne tuez point, mais ayez égard pour la — Ne volez point, ni ne dérobez; mais aidez vie.

«

chacun

à

posséder les fruits de son travail.

— « Evitez toute impureté

8.

et

menez une

vie de

chasteté. 9.

«

Ne mentez

dites la vérité

point; mais soyez véridiques, et avec discrétion, non de façon à faire du

mal, mais avec un 10.

ne

«

cœur tendre

et

sagement.

N'inventez point de mauvais rapports, ni

les répétez.

Ne

querellez point, mais voyez les bons


139

l'évangile du bouddha

côtés de vos frères, de sorte que vous puissiez les dé-

fendre avec sincérité contre leurs ennemis. 11.

«

Ne

jurez point, mais parlez avec décence

Ne

gaspillez point ]e

et dignité.

12.

«

temps en mots vides

de sens, mais parlez à propos ou gardez 13. —

le silence.

N'ayez point de convoitise, ni d'envie, mais

«

réjouissez-vous du bonheur d'autrui.

cœur de

la

malice; rejetez

loin de vous la colère, le dépit et les

mauvaises dis-

14.

((

Purifiez votre

positions; ne cultivez point la haine,

même

contré

ceux qui vous calomnient, ni contre ceux qui vous font

du mal; mais ayez pour les êtres vivants bonté

et

bienveillance. 15.

(c

Affranchissez votre esprit de l'ignorance et

soyez avide d'apprendre la vérité, surtout dans la seule chose qui soit indispensable, de peur que vous

ne tombiez en proie au scepticisme ou à Terreur. Le scepticisme vous rendra indifférents et Terreur vous

égarera de sorte que vous ne trouverez point

chemin

le

excellent qui conduit à la vie éternelle. »

XLVII.

1. 2.

— La

Mission du prédicateur.

— Et le Bienheureux dit à ses disciples

«

Quand

je serai

mort

et

:

que je ne pourrai


l'évangile du bouddha

140

plus vous parler, ni édifier vos esprits par des dis-

cours religieux, choisissez parmi vous des

hommes

de bonne famille et éducation pour prêcher la vérité à

ma

place.

Que

ces

hommes

soient revêtus

des

robes du Tathâgata, qu'ils entrent dans la demeure du

Tathâgata et qu'ils occupent la chaire du Tathâg-ata. « Les robes du Tathâgata sont l'indulgence 3. sublime et la patience. La demeure du Tathâgata c'est la charité et l'amour de tous les êtres. La chaire du Tathâgata est la compréhension de la bonne loi dans

son sens abstrait, aussi bien que dans ses applications particulières. 4.

«

Le prédicateur

doit exposer la vérité avec

un

esprit intrépide. Il doit posséder la puissance de per-

suasion qui a sa racine dans lité stricte

5.

à ses

Le prédicateur

«

la

vertu et dans une

doit se tenir dans sa sphère

propre, et être ferme dans sa carrière. flatter

grands.

sa vanité en recherchant la Il

fidé-

vœux.

ne doit point non plus

lier

des personnes frivoles et immorales. tentation, qu'il pense

Il

ne doit point

compagnie des compagnie avec S'il est

induit en

constamment au Bouddha

et

il

sera vainqueur. 6.

«

Le prédicateur

doit accueillir avec bienveil-

lance tous ceux qui viennent entendre la doctrine, et

son discours doit être exempt de toute malignité,

Le prédicateur ne doit point être porté quereller autrui, ou à blâmer les autres prêcheurs; 7.

«

à il

ne doit point médire, ni propager des paroles acerbes.


l'évangile du bouddha

Il

ne doit point citer par leur

afin

de les blâmer et de

nom

141

d'autres disciples

leur reprocher

leur con-

duite.

8.

Yêtu d'une robe pure,

«

teinte de la

bonne

couleur, avec les vêlements de dessous convenables, il

monter en chaire

doit

en paix avec 9.

le

monde

l'esprit libre de

reprpche et

entier.

ne doit point prendre plaisir en des discusengager des controverses afin de supériorité de ses talents^ mais demeurer

« Il

sions querelleuses, ou

montrer

la

paisible et calme.

10.

«

Aucun sentiment

dans son cœur, et jamais

il

hostile ne doit résider

ne doit se détourner des

charitables envers tous les êtres.

dispositions

Son

seul but doit être de faire parvenir tous les êtres à l'état

11.

de Bouddha.

«

Que

le

prédicateur s'applique avec zèle à sa

lâche e t le Tathâgata lui fera voir le corps de la sainte

Loi dans

comme

sa

Tathâgata

Il sera honoré Tathâgata a bénis. Le

gloire transcendante.

l'un de

ceux que

le

bénit le prédicateur et aussi ceux qui

l'écoutent avec respect et reçoivent avec joie la doctrine.

12.

«

Tous ceux qui reçoivent

la vérité

reront l'intelligence parfaite. Et, en vérité, est la

si

acquégrande

puissance de la Doctrine que la lecture d'une

seule gâthâ, l'action de réciter, d'écrire et de retenir

dans son esprit une seule phrase de la Bonne Loi peuvent convertir quelqu'un à la vérité et le faire


l'évangile du bouddha

142

entrer dans la voie de vérité qui

mène

à la délivrance

du mal.

Les êtres dominés par des passions impures seront purifiés s'ils écoutent la voix du prédicateur. Les ignorants infatués des folies de l'amour 13.

ce

du monde acquièrent

la sagesse

quand

ils

méditent

sur la profondeur de la doctrine. Ceux qui agissent

sous l'impulsion de la haine,

dans et

le

s'ils

prennent refuge

Bouddha, deviendront pleins de bonne volonté

d'amour; 14.

Un

«

prédicateur doit être rempli d'énergie

et d*espoir ardent^

ne se lasser jamais

désespérer du succès

15.

Un

«

et

ne jamais

final.

prédicateur doit être semblable à

l'homme qui, ayant besoin d'eau, creuse un puits dans une terre aride. Tant qu'il voit le sable sec et blanc, il sait que l'eau est encore à une grande distance. Mais qu'il

ne se décourage point

lâche

comme

Il

n'abandonne pas

et

la

doit travailler à enlever

de façon à pouvoir creuser plus profondé-

le sable sec

ment

désespérée.

le sol.

Et souvent plus

a dû creuser profond,

il

plus l'eau sera fraîcha et pure

et

mieux

elle réparera

ses forces.

16. il

voit

Quand après

«

que

le

avoir creusé quelque temps,

sable devient humide,

il

en présage que

l'eau est proche. 17.

«

Aussi longtemps que

sourd aux paroles de vérité, doit

le

le

peuple reste

prédicateur sait qu'il

creuser plus profondément dans les cœurs;


l'évangile du bouddha

143

mais quand on commence à prêter l'oreille à ses paroles, il comprend que ses auditeurs parviendront bientôt à Tillumination de l'intelligence. 18.

«

Dans vos mains,

paroles du Tathâgata,

donne 19.

la

le

hommes de bonne vœu de prêcher les

à vous

famille et éducation qui faites le

Béni remet, confie

et or-

bonne Loi de Vérité. « Recevez la bonne Loi de Vérité, gardez-la,

lisez-la et la relisez, approfondissez-la, proclamez-la, et prêchez-la

à tous les êtres dans tous les quartiers

de l'univers.

« Le Tathâgata n'est point avare, ni mesqui20. nement jaloux et il a la volonté de faire participer à la science parfaite du Bouddha tous ceux qui sont

Soyez semblables à lui. suivez son exemple en donnant généreu-

prêts et résolus à la recevoir.

Imitez-le et

sement, montrant et distribuant la vérité. 21.

«

Réunissez autour de vous des auditeurs

qui aiment à entendre les paroles douces et consolantes de la Loi; excitez les infidèles à recevoir la vérité et remplissez-les de délices et de joie. Pressezles,

édifiez-les, élevez^les plus

haut et encore plus

haut, jusqu'à ce qu'ils voient la vérité face à face dans toute sa splendeur et sa gloire infinie. » 22.

— Quand

disciples dirent

le

Bienheureux eut parlé

ainsi, les

:

vous qui vous délectez dans une bonté qui a sa source dans la compassion, vous grande nuée de bonnes qualités et de bienveillance, vous qui 23.

«


l'évangile du bouddha

144

éteignez le feu qui torture les êtres vivants, vous

versez le nectar, la pluie de la Loi

!

Nous ferons, ô Seigneur, ce qu'ordonne le Tathâgata. Nous exécuterons vos ordres; le Seigneur 24.

«

nous trouvera obéissants à ses paroles.

— Et ce vœu

25.

»

des disciples retentit dans l'uni-

comme un

vers et revient répété,

écho, par tous les

Bodliisattvas futurs qui viendront prêcher la bonne

Loi de Vérité..

26.

Et

le

semblable à un

Bienheureux roi

dit

«

:

Le Tathâgata

est

puissant qui gouverne son royaume

avec justice, mais qui, étant attaqué par des ennemis jaloux, va porter la guerre contre ses ennemis. le

roi voit combattre ses soldats,

il

Quand

est réjoui de leur

bravoure, et leur distribue des dons de toutes sortes.

Vous

êtes les soldats

du Tathâgata,

et

Mâra,

le

Per-

vers, est l'ennemi qu'il faut vaincre. Et le Tathâgata

donnera à ses soldats capitale de la fait, le

Bonne

la cité

Loi. Et

Dharmarâdja*^^

le

de Nirvana, la grande

quand l'ennemi sera

grand

roi de vérité

dé-

donnera

à tous ses disciples la très précieuse couronne de pierreries qui procure l'intelligence, la sagesse

jamais troublée.

la parfaite

suprême

illumination de

et la paix qui n'est


l'évangile du bouddha

145

PRÉDICATION DU BOUDDHA

XL VII 1.

1

— Ceci est

le

Le Dharmapada

Dharmapada *^^,

chemin de la redu Boud-

le

ligion suivi par ceux qui sont des disciples

dha

:

Ce que nous sommes est le résultat de ce que nous avons pensé, fondé sur nos pensées^ fait de nos 2.

pensées.

— Soi-même on

mal soi-même on souffre soi-même on ne fait pas le mal; soi-même on se purifie. Soi-même on possède la pureté et l'impureté 3

fait le

;

;

;

on ne peut point 4.

purifier son voisin.

Vous-mêmes vous devez

faire

effort.

Tathâgatas ne sont que des prédicateurs. Los réfléchis qui entrent

dans

le

Les

hommes

chemin sont délivrés de

l'esclavage de Mâra. 5.

— Celui qui ne se lève pas quand

il

est

se lever; celui qui, bien

que jeune

donne à

dont la volonté

la paresse; celui

sées sont faibles; cet

trouvera jamais 6.

Que

le

homme

temps de

et fort, s'abanet les

pen-

indolent et inutile ne

chemin de Tillumination. soigneusement

celui qui s'aime veille


l'évangtliî du

146

bouddha

sur lui-même; la vérité garde celui qui se garde. 7.

— Celui qui se comporte comme

ter les autres

;

en vérité^

il

il

enseigne aux

dompté peut domp-

autres de le faire, étant lui-même

est difficile de se

dompter

soi-même. 8.

Si

dans une bataille un

vainc mille

hommes, et qu'un autre se vainque lui-même

fois mille

celui-ci est le plus 9.

homme

grand des vainqueurs.

— C'est la coutume des fous, qu'ils soient laïques

ou membre du clergé, de penser « J'ai fait ceci. Les autres doivent m'être soumis. Dans telle ou telle affaire le rôle important devait être rempli par moi ». Les fous ne se soucient point du devoir à accomplir ou du but à atteindre mais ne pensent qu'à euxmêmes. Tout doit servir de piédestal à leur va:

;

nité.

10.

— Les

nuisent à

mauvaises actions

nous-mêmes sont

et les actes qui

aisés à faire

;

nous

ce qui est

bon est très difficile à exécuter. Ce qu'il faut faire, que l'homme le fasse; adonne vigoureusement.

profitable et il.

qu'il s'y

12.

— Bientôt,

hélas! ce corps gîra sur la terre,

à une bûche cependant nos pensées dureront. Elles seront pensées de nouveau, et produiront des actes. Les bonnes pensées produiront des actes bons, les mauméprisé, sans [intelligence, semblable

inutile;

vaises pensées produiront des actes mauvais. 13.

Le

chemin de l'immortalité; l'inchemin de la mort. Ceux qui sont

zèle est le

différence est le


147

l'évangile du bouddha

zélés ne

meurent point;

les indifférents sont

comme

étaient déjà morts.

s'ils

— Ceux qui s'imaginent trouver la vérité dans

14.

l'erreur, et voir Terreur

dans

la vérité, n'atteindront

mais poursuivent de vains désirs. Ceux qui reconnaissent l'a vérité dans la vérité, et l'erreur dans l'erreur, parviendront à la vérité et pour-

jamais

la

vérité,

suivent de vrais désirs.

15.

De même que

la pluie fait irruption

dans

une maison mal couverte, de même la passion pénétrera dans un esprit qui ne raisonne pas. De même que la pluie ne pénètre pas dans une maison bien couverte, de même la passion ne pénétrera point dans un esprit bien réfléchi.

16.

plaît; les tiers

Les puisatiers conduisent l'eau où

leur

il

armuriers tournent la flèche; les charpen-

équarissent une bûche de bois; les gens sages

façonnent eux-mêmes; les gens sages n'hésitent

se

point entre le blâme et la louange.

tendu

la loi, ils

Quand

deviennent sereins,

ils

ont en-

comme un

lac

profond, calme et tranquille.

— Si

17.

quelqu'un parle ou agit avec une pensée le suit de même que la roue

mauvaise, la douleur suit le

18.

car

un

bœuf qui traîne la voiture. vaut mieux ne pas faire un acte mauvais,

pas du

Il

l'homme

s'en repent après

;

il

est

mieux de

faire

on ne se repentira pas de l'avoir fait. 19. Que celui qui commet un péché ne le commette point de nouveau; qu'il ne se plaise point dans acte bon, car


l'évangile du bouddha

148

péché; la douleur esl le produit du mal. Que celui qui fait le bien continue; qu'il s'y plaise le bonheur

le

;

est le résultat

20.

Que

du bien. nul

homme

mal, disant en son cœur

De même plissent

par

ne pense légèrement du

« Il

ne m^approchera point

».

que des gouttes d'eau qui tombent rem-

un vase, de

même

le fou se laisse

envahir

mal, bien qu'il ne l'amasse que peu à peu.

le

21.

:

Qu'aucun

bien, disant en son

chera

».

un vase

De même se remplit,,

homme cœur

ne parle légèrement du «

:

Jamais

il

ne m'appro-

que par la chute de gouttes d'eau ainsi

le

sage devient plein de

que peu à peu. Celui qui ne vit que pour le plaisir, sans maî22. triser ses sens, sans modération dans sa nourriture, paresseux et faible, Mâra ^*^, le tentateur, le vaincra sûrement, de même que le vent déracine un faible

bien, quoiqu'il ne l'amasse

arbrisseau. Celui qui vit sans se soucier des plaisirs,

maître de ses sens, modéré dans sa nourriture, fidèle et fort, Mâra ne le vaincra certainement pas plus que le

vent ne renverse une montagne de granit. 23.

— Le fou qui connaît sa

en cela. Mais

le

folie est

sage au moins

fou qui se croit sage, est un fou, en

vérité.

— Pour

péché paraît aussi doux que le miel; il le trouve agréable tant qu'il ne porte pas de fruits; mais quand son fruit mûrit, alors il le 24.

considère

le

comme

regarde la bonté

pécheur,

le

péché. Et de même l'homme de bien duDharma comme un fardeau et un


14

l'évangile du bouddha

mal tant

mais quand son

qu'elle ne porte pas de fruit;

fruit mûrit,

il

reconnaît son excellence,

25. Un haineux peut faire le plus grand mal à un haineux, ou un ennemi à un ennemi; mais un esprit mal dirigé se fera plus de mal encore à lui-même. Une mère, un père, ou quelque autre parent feront beaucoup de bien; mais un esprit bien dirigé se rendra à lui-même des services plus grands encore.

— L'homme dont la perversité est très grande

26.

lui-même à

s'abaisse

de

l'état oii

son ennemi souhaite

Telle la liane fait périr l'arbre qui lui sert

le voir.

de soutien.

— N'appliquez pas votre

27.

pensée à ce qui pro-

cure du plaisir, afin de ne point crier quand vous brûlerez

«

:

Yoilà la douleur

ses actes, 28.

comme parle

1

»

Le méchant

est brûlé

par

feu.

— Le fou périt par ses plaisirs

;

par sa soif de

lui-même comme s'il était son propre ennemi. Les champs sont endommagés par les ouragans et les mauvaises herbes; l'humanité plaisirs; le fou se détruit

est et

ravagée par

la passion,

par

la haine,

par la vanité

par la luxure. 29.

— Que rhomme ne considère point

est agréable

gendre

le

si

ou désagréable. L'amour du

une chose plaisir en-

chagrin, et la crainte de la douleur enfante

la

peur

et

de la crainte de la douleur, ne connaît ni chagrin

;

celui qui est affranchi de l'amour

du

plaisir

ni peur.

30.

Celui qui s'abandonne à la vanité et ne se


l'évangile du bouddha

150

livre pas à la méditation, qui oublie le but véritable

de la vie et s'attache avidement au plaisir, enviera plus tard celui qui s'est évertué dans la méditation.

— On aperçoit aisément

31. il

la faute d'autrui,

mais

L'homme comme menue paille propre.

malaisé de voir la sienne

est

vanne les fautes de son voisin mais il dissimule la sienne ainsi qu'un tricheur cache au joueur ses faux dés. ;

— Si quelqu'un

32.

recherche les fautes d'autrui,

toujours prêt à se scandaliser, ses propres pas-

et est

sions se développeront et

il

est loin de la destruclion

des passions.

— Ce n'est point sur les

33.

défauts des autres, sur

leurs péchés d'actions ou d'omissions, mais seulement

sur ses propres méfaits

et

négligences que

le

sage

doit se lamenter.

34. Les gens de bien brillent de loin comme des montagnes neigeuses; les gens pervers sont invisibles comme les flèches tirées pendant la nuit. 35. Si quelqu'un souhaite de se procurer un

plaisir

en causant de

la peine

à

autrui, cet

homme

enserré dans les chaînes de Tégoïsme ne se délivrera

jamais de 36. le

la

mal par

le

libéralité, le

37.

haine

haine.

— Surmontez

— ;

la

la colère

par l'amour, vainquez

bien; mettez en déroute l'avare par la

menteur par

Car jamais

la

la vérité

I

haine n'est apaisée par la

haine est détruite par l'amour, c'est une

règle ancienne.


151

l'évangile du bouddha

38.

nez

— Dites l'on

si

la vérité,

ne cédez pas à la colère

vous demande; par ces

trois

;

don-

moyens vous

deviendrez un dieu. 39.

— Que

comme

moi,

le

sage extraie les impuretés de son

Torfèvre extrait les impuretés de

l'ar-

gent, une par une, peu à peu, et de temps en temps. 40.

— Conduisez autrui, non

par la 41.

par

la violence,

mais

loi et l'équité.

— Celui qui

possède

qui est juste, véridique et

vertu

la

fait ce

aimé du monde. 42. Ainsi que l'abeille recueille

cl l'intelligence,

qui

le

le

regarde, sera

nectar et s'en va

sans nuire à la fleur, à sa couleur ou à son parfum,

que de

même

le

sage habite dans

le village.

— Si

un voyageur ne rencontre point sur sa route quelqu'un qui soit son supérieur ou son égal, qu'il continue solitaire son voyage on ne fait pas 43.

;

société avec les fous.

pas vie

— La

nuit est longue pour celui qui ne dort un mille est long pour celui qui est fatigué la est longue pour le fou qui ne connaît pas la vraie

f\ 44. ;

;

religion.

45.

— Un seul jour de la vie d'un

naît la religion sublime vaut

homme

mieux que

qui con-

vivre cent

ans sans voir la religion sublime. 46.

— Certains se

font

façonnent artificiellement

un Dharma ;

ils

tions complexes et s'imaginent

ne peuvent

être atteints

arbitraire et le

avancent des spécula-

que les bons résultats que par l'application de leurs


l'évangile du bouddha

152

théories

;

cependant

la vérité

est

unique

;

il

n'est

point dans le monde plusieurs vérités diiïérentes. Après avoir réfléchi sur les diverses théories, nous nous sjommes placés sous le Joug de celui qui a secoué tout péché. Mais serons-nous capables de le

suivre?

— La

47.

meilleure des routes est la Voie à Huit

Chemins^ C'est

le

chemin.

Il

n'en est point d'autre

qui conduise à la purification de l'intelligence. Mar-

chez dans ce chemin

décevante de Mâra,

Tout

!

le

le

reste

est

l'illusion

tentateur. Si vous suivez ce

douleur? Le Tathâgata a dit: Le chemin a été prêché par moi lorsque j'eus compris Tenlèvement de l'épine qui est dans la chair.

chemin, vous mettrez

fin à la

Ce n'est pas seulement par la discipline et vœux, par beaucoup de science que je mérite la félicité de la délivrance qu'aucun mondain ne peut 48.

les

connaître. Bhikchous, n'ayez point de repos tant que

vous n'aurez pas

atteint l'extinction de la soif. L'ex-

du désir coupable est la meilleure religion. 49. Le don de la religion dépasse tous les autres dons la douceur de la religion dépasse toutes les

tinction

;

autres douceurs; les délices de la religion dépassent toutes les autres délices

;

l'extinction de la soif dé-

truit toutes les douleurs.

50.

11

en est peu parmi

les

la rivière et atteignent le but.

courent çà et là sur

le

rivage

souffrance pour celui qui a

:

fini

hommes

qui passent

Les grandes foules mais il n'est point de son voyage.


l'évangile du bouddha

153

51. De même que le lys croît plein d'un doux parfum et se plaît" sur un tas de ruines, ainsi la discipline du Bouddha véritablement illuminé brille par sa sagesse au milieu de ceux qui sont semblables à des ruines, parmi le peuple qui marche dans les té-

— — Vivons donc heureux, sans haine pour ceux

nèbres. 52.

qui nous haïssent!

Au

milieu des

hommes. qui nous

haïssent^ habitons exempts de toute haine.

_^^^ Vivons donc heureux, exempts de tous maux au milieu des malades Parmi les hommes qui sont malades demeurons exempts de maux Vivons donc heure.ux, exempts d'avarice 54.

53.

!

!

parmi

les

avares

!

Au

milieu des

hommes

avides,

habitons exempts d'avarice. 55. •—

Le

soleil est brillant

lune brille pendant

la nuit,

le

pendant

le

jour, la

guerrier est brillant

sous son armure, les penseurs sont brillants dans leur méditation

pendant

;

mais entre tous, pendant

la nuit, le plus brillant

dha, l'Éveillé, le Saint,

XLIX.

1.

dans

— le

Comme

le

de tous est

le

le

jour

et

Boud-

Bienheureux.

— Les Deux Brahmanes, le

Bienheureux voyageait un jour il arriva au village de brâh-

pays de Kôçala


l'évangile du bouddha

154

mânes qui s'appelle Manasâkrita^*^. Là il s'arrêta dans un bosquet de manguiers. 2. — Et deux jeunes brahmanes vinrent à lui, qui étaient d'écoles

différentes.

L'un avait nom VâEt Vâsichtha dit au

sichtha, et l'autre Bhâradvâdja.

Bienheureux « Nous avons une discussion au sujet du 3. véritable chemin. Je dis que le chemin le plus droit :

Brahmâ

conduise à l'union avec

qui

est celui qui

proclamé par le brahmane Panchkarasâdi, tandis que mon ami soutient que le droit chemin pour parvenir à l'union avec Brahmâ est celui qui a été recommandé par le brahmane Târouka

été

chya. 4.

«

Maintenant, connaissant votre grande ré-

putation, ô l'Éclairé,

Bouddha

Çramana,

et

sachant qu'on vous appelle

hommes, le nous sommes venus vous demander si

l'Instituteur des dieux et des

béni,

ces chemins sont des voies de salut?

Il

y

a

beaucoup

de routes autour de notre village et toutes conduisent à Manasâkrita. En est-il de même des chemins des brahmanes ? Tous les chemins sont-ils des chemins du salut? » 5. — Et Bhagavat posa ces questions aux deux brahmanes « Pensez-vous que tous les chemins soient bons? » 6. Tous deux répondirent « Oui, Gautama, nous :

le

:

pensons. 7.

«

»

Mais dites-moi, continua

le

Bouddha, quel-


l'évangile du bouddha

qu'un des brahmanes versés dans

Brahmâ

— —

les

155

Védas

a-t-il

vu

face à face? »

Non, Seigneur », répondirent-ils. « Mais alors, dit le Bienheureux, quelque 9. maître parmi les brahmanes, versé dans les Védas, a-t il vu Brahmâ face à face? » « Non, SeiLes deux brahmanes dirent 10. 8.

«

gneur. 11.

des

:

»

Mais alors,

«

dit le

Védas

auteurs des

Bienheureux, quelqu'un vu Brahmâ face à

a-t-il

face? » 12.

— De nouveau

réponse négative,

exemple, 13.

il

dit

deux brahmanes firent une Bienheureux proposa un

les le

:

C'est

«

et

comme

si,

quatre routes se croisent,

au milieu de

un homme

la place oii

construisait

un

pour monter dans une maison. Le peuple lui demanderait « Où est la maison^ cher ami, pour mon« ter dans laquelle vous faites cet escalier; savez« vous si elle est à l'est, au sud, à Touest ou au nord? « Si elle est haute ou basse ou de dimensions moyen« nés? » Et à ces questions il répondrait « Je n'en sais « rien. » Et le peuple lui dirait « Mais alors, cher ami, « vous faites un escalier pour monter dans quelque « chose que que vous prenez pour une maison « vous ne connaissez absolument pas et que vous » Et interpellé ainsi il devrait « n'avez pas vu. « C'est exactement ce que je fais. » répondre escalier

:

;

:

:

:

Que

penseriez

Vous de

cet

homme? Ne

diriez-vous


l'évangile du bouddha

156

pas

que

14.

les «

paroles de

homme

cet

En vérilé, Gautama,

soat folles

?

deux brah-

dirent les

manes, ce serait paroles folles. » Bhagavat reprit « Alors les brahmanes de15. Nous vous montrons le chemin d'une vraient dire union avec que ce nous ne connaissons pas et ce que Si telle est la substance de nous n'avons jamais vu. la tradition brahmanique, ne s'ensuit-il pas que leur

:

:

tâche est vaine? 16.

17.

»

— C'est évident — Bhagavat «

dit

:

Brahmanes versés dans capables de montrer

»,

répondit Bhâradvâdja.

« Il est

le

donc impossible que des

Védas puissent chemin qui conduit à un les trois

d'union avec ce qu'ils ne connaissent pas vu. C'est exactement

comme une

file

et n'ont

être état

pas

d'aveugles ac-

crochés les uns les autres. Le premier, celui du milieu ni le dernier ne peuvent voir. le dire

De même,

à

mon

avis,

des brahmanes versés dans les trois Védas

n'est qu'un conte aveugle;

il

est ridicule,

purement

une chose vaine et vide. » « Supposez maintenant, poursuivit le Bien18. heureux, qu'un homme arrive ici sur le bord de la rivière, et qu'ayant quelque affaire sur l'autre rive, il veuille la traverser. Pensez-vous que s'il suppliait verbeux,

et c'est

Tautre rive de venir à

lui, elle

viendrait à cause de ses

prières? » 19. 20. ils

— —

«

Certainement non, Gautama.

« C'est

»

cependant ce que font les brahmanes;

négligent de pratiquer les qualités qui font réelle-


157

l'évangile du bouddha

ment un brahmane,

et disant

— Indra

:

nous t'im-

*'^^

plorons; Sôma**^ noust'implorons; Varouna*'^^, nous t'implorons; Brahmâ*^^, nous t'implorons il

!

— En vérité,

n'est pas possible que, par la vertu de leurs invoca-

tions, leurs prières et leurs louanges, ces

soient après leur

21

«

mort unis à Brahmâ.

brahmanes

»

Dites-moi, maintenant, conlinuale Bouddha,

de quelle manière lesbrâhmanesparlent-ils de Brahmâ?

Son

esprit est-il plein de luxure? »

22.

— Et comme

tivement, le

Brahmâ

brahmanes répondaient négaleur demanda « L'esprit de plein de méchanceté, de paresse ou les

Bouddha

est-il

:

d'orgueil? »

— Non, Seigneur 24. — Et Bouddha reprit

22.

«

.

», lui

répondirent-ils.

« Mais les brahmanes le exempts de ces vices? » « Non, Seigneur «^ dit Vâsichtha. 25. Le Saint leur dit « Les brahmanes sont at26. tachés aux cinq choses qui amènent à la mondanité, et succombent aux tentations des sens; ils sont empêtrés dans les cinq empêchements, la luxure, la mé:

sont-ils

— —

:

chanceté, la paresse, l'orgueil et le doute.

Gomment

pourraient-ils s'unir avec ce qui est le plus dissemblable de leur nature? C'est pourquoi la triple sagesse

des brahmanes est un désert aride, une jongle impraticable, et

27.

une irrémédiable désolation.

— Quand

le

Bouddha

»

eut parlé ainsi, l'un des

brahmanes dit « On nous a dit, Gautama, que Gâkyamouni connaît la yoie de l'union avec Brahmâ. » :


l'évangile du bouddha

158

Et le Bienheureux dit « Que pensez-vous, ô 28. brahmanes, d'un homme né et élevé à Manasâkrita? :

Hésitcrait-il sur le

chemin

plus direct

le

menant de

ce lieu à Manasâkrita? » 29. 30.

— « Certainement non, Gautama. — De même, reprit Bouddha, le

«

connaît

chemin

le

Brahmâ.

Il le

»

le

Tathâgata

direct qui conduit à l'union avec

connaît

comme une personne

qui est

entrée dans le monde de Brahmâ, qui y est née. peut exister de doute en lui. » Et les deux jeunes brahmanes dirent 31.

chemin, montrez-le nous.

Il

:

ne

« Si

vous connaissez 32. Et le Bouddha dit a Le Tathâgata voit l'univers face à face et 33. connaît sa nature. Il proclame la vérité à la fois dans sa lettre et dans son esprit, et sa doctrine est belle dans ses développements, belle dans sa consommation. Le Tathâgata révèle la vie sublime dans sa pureté et le

— —

»

:

sa perfection. 34.

trer et

Le Tathâgata permet à son

«

remplir les quatre quartiers du

sées d'amour. Et ainsi le vaste

monde

esprit de péné-

monde

de pen-

tout entier, au

dessus, au dessous, à l'entour et partout sera conti-

nuellement plein d'un amour expansif; grand

et

sans

mesure. 35.

«

De même qu'une trompette puissante

se fait

entendre, sans difficulté, dans tous les quatre quartiers

du monde il

;

de

n'est point

même aussi est

un

être vivant

la venue

qu^

le

du Tathâgata

:

Tathâgata méprise


459

l'évangile du bouddha

ou néglig-e, mais franchi et 36.

un amour Et voici

à quoi Ton reconnaît qu'un La vérité est son chemin un danger dans la moindre des

suit

bonheur,

le

et

il

le sig-ne

droit

voit

:

choses qu'il doit éviter. la

af-

profond.

«

homme

regarde tous avec un esprit

les

il

morale;

les actions;

Il

se dirige d'après les lois de

s'entoure de sainteté dans les mots et

il

il

gagne

sa vie par des

moyens qui sont

toujours entièrement purs; sa conduite est irréprochable, les portes de ses sens sont gardées; réfléchi et

maître de lui-même

il

est parfaitement heureux.

marche dans l'Excellente Voie aux Huit Chemins avec une fermeté inébranlable est sûr d'arriver au Nirvana. Le ïathâgata veille attentivement sur ses enfants et son amour plein de solli37.

Celui qui

«

citude les aide à voir la lumière.

Lorsqu'une poule a huit ou dix ou douze œufs, qu'elle a convenablement couvé, ce désir s'é38.

veille

«

en son cœur

:

puissent

mes

petits poussins,

brisant la coquille de l'œuf avec leurs paltes ou avec

leur bec, venir sains et saufs à la lumière.

— Cepen-

dant malgré tout, ces petits poussins doivent sûre-

ment briser

Tœuf et venir sains et saufs De même un frère qui avec une ferme

la coquille

à la lumière.

de

volonté marche dans l'excellente route est sûr d'é-

marger à

la

lumière, sûr de parvenir à la sagesse

suprême, sûr d'obtenir mination.

»

la félicité

suprême de

l'illu-


l'évangile du bouddha

160

— Observez

L.

— Tandis

1.

les six

Quartiers.

que Bhagavat demeurait dans

de bambous proche de Râdjagrihâ, fois sur

il

le bois

rencontra une

son chemin Çrîgâla, un maître de maison, qui,

mains jointes, se tournait vers les quatre quartiers du monde, vers le zénith en haut, et vers le nadir en bas. Et le Bienheureux connaissant qu'il agissait

les

ainsi

en conformité avec la superstition religieuse

malheur, demanda Pourquoi accomplissez-vous ces étranges

traditionnelle afin de détourner

à Çrîgâla

:

«

cérémonies? 2.

que

le

mon

protège

démons? Je que

»

— Et Çrîgâla répondit je

le

sais bien, ô

peuple appelle

béni, que vous allez

:

«

Trouvez-vous étrange

foyer contre les influences des

me

Gautama Çâkyamouni, vous Tathâgata et le Bouddha

le

dire

que

les incantations ne

sont d'aucune utilité et ne possèdent point de puis-

sance salvatrice. Mais écoutez-moi et apprenez qu'en

exécutant ce paroles de

mon

3.

— Alors

4.

«

rite,

les

père. »

le

Vous

j'honore, respecte et consacre

Tathâgata

dit

:

faites bien, ô Çrîgâla, d'honorer, de

respecter et de tenir pour sacrées les paroles de votre

père; et c'est votre devoir de protéger votre foyer.


161

l'évangile du bouddha

—— votre

J

femme, vos enfants

.

et les

I

.

enfants de vos enfants

contre les entreprises malfaisantes des esprits mauvais. Je

ne vois pas de mal à ce que vous accomplisde votre père; mais je trouve que vous ne

siez le rite

comprenez pas

cette

cérémonie. Le Talhâgata, qui

vous parle en ce moment comme un père spirituel et ne vous aime pas moins que ne' le faisaient vos parents, va vous expliquer la signification

des six

directions. 5.

ne

« Il

suffit

point de protéger votre maison

par des cérémonies mystérieuses; vous devez la protéger par de bonnes actions. Tournez-vous vers vos

parents à

femme

et

l'est,

vers vos maîtres au sud, vers votre

vos enfant à Touest, vers vos amis au nord,

et placez le zénith

de vos parentés religieuses au

dessus de vous, et

nadir de vos serviteurs au dessous

le

de vous. 6.

« Telle est la religion

commandé

que votre père vous

d'avoir, et la célébration de la cérémonie

vous faire souvenir de vos devoirs. » Et Çrîgâla leva les yeux sur le Tathâgata avec respect, comme il eut regardé son père et dit « En doit

7.

:

vérité, ô

Gautama, vous

êtes le

Bouddha,

saint Maître, je ne savais pas jusqu'ici ce sais,

la

mais je

vérité

le sais

cachée

lampe dans

le

Béni,

que je

le

fai-

maintenant. Vous m'avez révélé

comme

les ténèbres. Je

celui

qui

apporte

une

prends refuge dans

le

Maître Eclairé, dans la vérité qui éclaire et dans la

communauté

des frères qui ont trouvé la vérité! »


l'évangile du bouddha

162

LI.

1.

Question de

Simha

sur r anéantissement.

— En ce temps beaucoup de citoyens assemblés dans

s'étant

de toute façon Siriiha, le

le

le

distingués

palais de la ville

Bouddha,

Dharma

le

louaient

Sangha.

et le

général en chef, disciple de la secte des

Nirgranthas^^^, était assis parmi eux. Et

Simha pensa

Véritablement, Bhagavat doit être

Bouddha,

«

Saint. Je 2.

veux

— Alors

le

:

le

aller le voir. »

Simha,

le

général, vint au lieu où se

trouvait le chef des Nirgranthas, Djnyâtapoutra^^^ et

approché de

s'étant

aller voir le 3.

lui,

il

dit

:

Je désire, Seigneur,

«

Çramana Gautama.

»

Djnyâtapoutra répondit

:

«

Pourquoi voulez-

vous, Simha, vous qui croyez aux conséquences des actes suivant leur mérite moral, aller voir

mana Gautama qui Çramana Gautama, actes;

il

doctrine 4.

5.

il

exerce ses disciples.

»

— Alors le désir d'aller voir chez Simha,

le

le

Bienheureux, qui

général, diminua.

— Ayant de nouveau entendu glorifier le

Çra-

conséquence des actes? Le ô Simha, nie la conséquence des

nio la

enseigne la doctrine d'inaction; et dans cette

s'était éveillé

dha,

le

Dharma

seconde fois

le

et le

le

Boud-

Sangha, Simha consulta une

chef des Nirgranthas, et cette

fois


163

L*ÉVANGILE DU BOUDDHA

encore Djnyâtapoutra

persuada de n'y point aller. troisième fois le général eut en-

— Lorsqu'une

6.

tendu des

hommes

le

de distinction exalter

mérites

les

du Bouddha^ du Dharma et du Sangha, il pensa « En vérité, le çramana Gautama doit être le saint Bouddha. Que me font les Nirgranthas, leur approbation ou leur désapprobation. J'irai sans leur en de:

mander permission Bouddha. » 7. Et Simha,

voir le Bienheureux,

général, dit à Bhagavat

le

entendu dire, Seigneur, que

que

tissement et

;

car

il

Enseignez-vous

dites-moi. Seigneur,

ou

s'ils

Bhagavat, faisant votre 8. 9.

Dharma ?

si

il

la disparition

destruction de l'être de

la vérité,

vivants ne

proclame l'anéan-

caractère méprisable de toutes les

le

choses, et que dans cette doctrine ciples.

« J'ai

enseigne la doctrine

les actes des êtres

reçoivent pas de récompense

:

Saint

çramana Gautama

le

nie le résultat des actes; qu'il d'inaction, disant

le

exerce ses disde l'âme et la

l'homme? Je vous en

prie,

ceux qui parlent ainsi disent

un faux témoignage contre passer une doctrine apocryphe pour

portent

«

— Le Bienheureux — A un certain point dit

«

qui parlent ainsi de

:

de vue, Simha, ceux

moi disent

la vérité;

d'un autre

un certain point de vue ceux qui disent le contraire parlent aussi de moi avec vérité. Écoute ce que je vais te dire iO. « J'enseigne, Sirhha, qu'il ne faut pas faire côté, Siniha, à

:


l'évangile du bouddha

164

telles actions, qui sont coupables, soit

par actes,

soit

par pensée; j'enseigne qu'il ne faut point faire naître tous les états d'âme qui sont mauvais et non bons.

Cependant j'enseigne, Simha,

qu'il faut faire telles

actions qui sont justes, soit par acte, soit par parole, soit

par pensées; j'enseigne qu'il faut faire naître ces

états

11.

d'âme qui sont bons et non mauvais. « J'enseigne, Simha, que tous les états d'âme

qui sont mauvais et

non bons,

les actions

coupables

par acte, par parole et par pensées, doivent être détruits. Siriiha,

états

les a détruits,

qu'ils

celui qui

s'est

d'âme qui sont mauvais

comme un

affranchi de tous ces et

non bons,

celui qui

palmier déraciné, de sorte

ne puissent plus grandir désormais, cet

homme

du moi. « Je prêche, Simha, l'anéantissement de l'é12. goïsme, de la luxure, des mauvais sentiments et de l'erreur. Cependant je ne prêche pas Tanéantissemenl a accompli la destruction

de l'indulgence, de l'amour, de la charité

et

de

la

vérité.

13.

J'estime, Simha, que les actions coupables

«

sont méprisables, qu'elles soient accomplies par acte,

par parole ou par pensées; mais j'estime que la vertu et la vérité

14.

dans

sont dignes de louanges.

— Alors Sirhha mon

esprit

Le Bienheureux

dit

:

«

au sujet de

Un doute

encore subsiste

la doctrine

du Bouddha. nuage

veut-il consentir à dissiper le

de sorte que je puisse comprendre

Bhagavat enseigne.

»

le

Dharma

que


l'évangile du bouddha

lo. «

165

Le Talhâgalha ayant consenti, Simha

dit

Je suis un soldat, ô Bhagavat, et suis chargé par

roi

de faire respecter ses lois et de combattre pour

Le Tathâgata qui prêche

la

bonté illimitée

et la

clame-t-il qu'il

enfants et de nos propriétés?

Le Talhâgata prèche-t-

de l'abandon absolu, de sorte que je

la doctrine

le

malfaiteur agir

comme

céder avec soumission à celui qui

par force ce qui m'appartient?

que toute

le

de nos foyers, de nos femmes, de nos

la protection

t-il

il

16.

Le Tathâgata

lutte doive être interdite,

affirme-

y compris la »

— Le Bouddha répondit :« Le Tathâgata dit; Ce-

qui mérite le châtiment doit être puni, et celui qui

est digne d'une faveur doit être favorisé. il

lui plaît, et

menace de prendre

guerre soutenue pour une cause juste?

lui

le

Talhâgala proest coupable de partir en guerre pour

châtiment des criminels? Et encore

dusse laisser

le

lui.

com-

passion pour tous ceux qui souffrent, permet-il

il

:

enseigne en

même

temps

qu'il

Cependant

ne faut point faire

de mal à aucun être vivant; mais être toujours plein

d'amour

et

de bonté. Ces prescriptions ne sont point

quiconque est puni pour les crimes qu'il a commis, souffre le mal non par suite de la méchanceté du Juge, mais à cause de ses mauvaises car

contradictoires;

actions. Ses propres actes ont attiré sur lui le lui inflige l'exécuteur

de la

loi.

mal que

Quand un magistrat

punit, qu'il ne laisse pas la haine prendre asile dans

son cœur, encore qu'un meurtrier mis à mort doive considérer que

le

supplice est

le

fruit

de son propre


l'évangile du bouddha

166

acte.

comprend que

S'il

âme,

il

le

châtiment purifiera son sort, mais s'en

ne se lamentera plus de son

réjouira. » 17.

— Et

le

Bienheureux continua

:

«

Le Tathâgata

enseigqe que toute guerre dans laquelle un saye de tuer son frère est lamentable seigne pas que ceux qui font

la

blâmé qui 18.

«

est

cause de

n'en-

moyens de conserver

de blâme.

soient dignes

il

guerre pour une cause

juste, après avoir épuisé tous les la paix,

;

homme es-

mais

Celui-là doit être

la guerre.

Le Tathâgata enseigne l'abandon complet

du moi; mais soit

il ne dit pas d'abandonner quoique ce auxpuissances mauvaises, qu'elles soient hommes,

dieux ou éléments de

une

la nature.

La

lutte doit être,

en quelque sorte. Mais le lutteur doit se garder de combattre dans l'intérêt du car toute vie est

moi contre 19.

«

lutte

la vérité et lajustice.

Celui qui lutte dans l'intérêt de l'égoïsme,

de devenir grand, ou puissant, ou

riche_, ou célèrécompense; mais celui qui combat pour la justice et la vérité, aura une grande récompense, car même sa défaite deviendra une victoire. « L'égoïsme n^est pas un vase convenable 20. pour contenir quelque grand succès; le moi est petit et fragile et son contenu se répandra bientôt pour le bien et peut-être aussi pour le malheur d'autrui. 21. « La vérité^ au contraire, est assez grande pour recevoir les désirs et les aspirations de toutes les

afin

bre, n'aura point de

personnalités, et

quand

le

moi

se brisera

comme

une


l'évangile du bouddha

167

bulle de savon, son contenu sera conservé et vivra

dans

la vérité

22.

une vie éternelle.

Celui qui va à la guerre, ô Siriiha, fût-ce

«

même

pour une cause juste, doit s'attendre à être tué par ses ennemis, car c'est la destinée des guerriers ;

et si le destin lui est fatal

il

n'a point de raison de se

plaindre. 23.

«

Mais celui qui est victorieux doit se sou-

venir de l'instabilité des choses terrestres. cès peut être grand; mais

si

grand

soit-illa

Son

suc-

roue de

la

destinée peut tourner et le renverser dans la poussière.

24.

«

Cependant,

toute haine de

s'il

son cœur,

abattu et lui dit

:

paix et soyons frères,

se

modère

s'il

et,

relève

éteignant

son ennemi

Venez maintenant, faisons

il

la

remportera une victoire

qui n'est point un succès passager, car ses fruits du-

reront éternellement. 25.

— « Un général victorieux est grand, ô Simha;

mais celui qui a dompté son moi est un plus grand vainqueur. 26.

«

n'est pas

La

loi

de la victoire sur

prêchée afin de

le

détruire

moi, ô Simha, les

âmes des

hommes, mais pour

les préserver. Celui qui a vaincu son moi est plus apte à vivre, à réussir, à remporter

des victoires que celui qui reste l'esclave du moi. 27.

—«

sion du

Celui dont l'esprit est affranchi de

moi

restera debout et ne

bataille de la vie.

l'illu*

tombera pas dans

la


l'évangile du bouddha

168

28.

«

Celui de qui les intentions sont droites et

justes, n'aura pas de défaillances,

dans ses entreprises 29.

« Celui

et

mais

réussira

il

son succès sera durable.

qui abrite en son cœur l'amour de

ne mourra point; car

la vérité, vivra et

bu

a

il

l'eau

de l'immortalité.

« Luttez donc, ô général, avec courage, et 30. combattez vos batailles avec vigueur ; mais soyez des

soldats de la vérité et le Tathâgata vous bénira.

31 le

— Quand

général, dit

:

«

Glorieux Seigneur, glorieux Sei-

gneur Tu as révélé la vérité Grande du Béni. En vérité, tu es le Bouddha, !

I

le Saint.

montre

Tu

est la doctrine le

Tathâgata,

Tu nous

es l'Instituteur de l'humanité.

du

la route

»

Bienheureux eut parlé ainsi, Siriiha,

le

salut, car c'est là,

en vérité,

point de lumière pour éclairer sa route.

la

manquera

véritable délivrance. Celui qui te suit ne

Il

rencon-

trera la sainteté et la paix. Je prends refuge, Sei-

gneur, dans Bhagavat, dans sa rie.

Daigne

le

jour tant que

ma

a pris refuge en 32.

loi et

vie

lui. »

— Et Bhagavat

parla ainsi

:

«

bord, Simha, ce que vous allez faire. ble

que

dans sa confré-

me recevoir, à partir de ce durera, comme un disciple qui

Bienheureux

Considérez d'aIl

est

convena-

personnes de votre rang ne fassent

les

rien

sans y avoir dûment réfléchi. » 33. La foi de Siriiha dans le Bienheureux s'accrut.

Il

répondit

saient à

:

me

« Si d'autres maîtres.

Seigneur, réussis

faire leur disciple, ils porteraient

en

prc


l'évangile du bouddha

169

cession leurs bannières par toute la cité de Vaiçâlî,

— Sirhha, général, est devenu — Pour la seconde Seigneur, je

criant à haute voix

noire disciple

!

fois,

Bouddha, dans le Dharma et le Bienheureux me recevoir, de ce jour tant que ma vie durera, comme

prends refuge dans

dans

le

le

Saîigha. Daigne

à partir

un

le

:

disciple qui a pris refuge en lui

— Bhagavat

»

!

Pendant longtemps, Sirhha, les Nirgranthas ont reçu des offrandes dans votre maison. Vous devez donc trouver juste de leur donner aussi à l'avenir de la nourriture quand ils viendront vers vous dans leurs quêtes d'aumônes. » 35. Alors le cœur de Siriiha fut inondé de joie. Il dit « J'ai entendu dire, Seigneur Le çramana 34.

dit

:

«

:

:

Gautama enseigne A moi seul et à nul autre les aumônes doivent être données. Mes disciples seuls :

doivent recevoir des offrandes et point les disciples

Mais le Bienheureux m'exhorte à donner aussi aux Nirgranthas. Bien, Seigneur, je ferai ce qui est raisonnable. Pour la troisième fois. Seigneur, je prends refuge dans le Bouddha, dans son Dharma, et dans sa confrérie. » d'aucun autre.

LU.

1.

Il

— Toute existence

y avait dans

est spirituelle.

la suite

de Sirhha un officier iO


l'évangile du bouddha

170

qui avait entendu la conversation du Bienheureux

du général,

et

quelque doute demeurait dans

soi

cœur. 2.

— Cet

homme

Bhagavat et dit « çramana Gautama

vint vers

prétend, Seigneur, que le

Ceux

l'existence de l'âme.

:

Oi nii

qui parlent ainsi disent-ili

ou bien portent-ils un faux témoignag< contre le Bienheureux? » Et Bhagavat répondit « Il y a un point sui 3. lequel ceux qui parlent ainsi disent la vérité d'ui autre côté, il y a un point sur lequel ceux qui parlenj ainsi ne disent pas la vérité sur mon compte. « Le Talhâgata enseigne qu'il n'y a point d( 4. moi. Celui qui dit que l'âme est son moi, et que le moi est le penseur de ses pensées et l'acteur de set actes, enseigne une fausse doctrine qui mène à ,h confusion et aux ténèbres. « D'un autre côté, le Tathâgata enseigm 5. qu'il y a un esprit. Celui qui par âme entend Tespril et dit que cet esprit existe, enseigne la vérité quj la vérité,

:

;

mène 6.

à la clarté et à l'illumination. »

— L'officier dit

:

«

Le Tathâgata

affirme-t-il don<

deux choses ? Ce que nous percevons pai qui est mental? 7. « En vérité, j< Le Bienheureux répondit vous le dis, votre esprit est mental, mais ce que voui percevez par vos sens et également mental. Il n'esl rien dans le monde ou en dehors qui ne soit pas esprit ou ne puisse devenir esprit. Il y a une spiriqu'il existe

nos sens

et ce

^)

:


l'évangile du bouddha

tualité

dans toute existence,

171

même

et l'argile

que

foulent nos pieds peut être transformée en enfants de vérité. »

LUI.

1

.

— Identité

et non-identité.

— Koûtadanta ^^^ le chef des brahmanes du village

de Dânamati*^*, s'étant approché respectueusement du

Bienheureux,

le

salua et dit

que tu es le Bouddha, gneur du monde. Mais drais-tu pas

:

«

On m^a dit, ô çramana,

le

Saint, l'Omniscient, le Sei-

si

tu étais le

comme un

roi

Bouddha ne vien-

dans toute ta gloire

et ta

puissance?)) 2-

Le Bienheureux répondit

Tes yeux sont

«

:

fermés. Si les yeux de ton esprit n'étaient point obscurcis tu verrais la gloire et la puissance de la vérité. » 3.

— Koûtadanta reprit

je la verrai. elle était

Mais ta doctrine

Montre-moi

la vérité et

est sans consistance. Si

elle disparaîtra.

;

mais

comme

elle

))

Le Bienheureux répliqua

passera jamais.

«

consistante elle durerait

ne Test point, 4.

:

:

«

La

vérité ne

»

Koûtadanta dit « J'ai entendu dire que tu enseignes la loi, et cependant tu démolis la religion. Tes disciples méprisent les rites et refusent de sacrifier, quoique la piété envers les dieux ne puisse se 5.

:


l'évangile du bouddha

172

manifester que par des sacrifices.

La

véritable es-

sence de la religion se compose du culte et du sacrifice. »

— Le Bouddha répondit

« Le sacrifice du moi l'immolation grand que de taureaux. Celui est plus qui sacrifie aux dieux ses désirs coupables comprendra l'inutilité de faire périr des animaux devant l'autel. Le sang n'a aucune vertu purificatrice, mais le déracinement de la luxure fera le cœur pur. Mieux vaut obéir aux lois de la justice que d'adorer les

6.

dieux. 7.

»

Koûtadanta étant pieux

âme

futur de son brables.

11

encore

comprenait maintenant

la folie

du sort innom-

de l'expia-

du sang. Cependant, n'étant pas enseignements du Tathâgata, « Tu crois, Maître, que l'âme

satisfait des

Koûtadanta reprit ;

et inquiet

avait sacrifié des victimes

tion par reffusion

renaît

:

:

qu'elle passe dans l'évolution de la vie

;

et

que soumis à la loi du Karmâ*^^ nous devons récolter ce que nous semons. Cependant tu enseignes la nonexistence de l'âme Tes disciples prônent Textinction absolue du moi comme étant la félicité suprême de Nirvana. Si je suis simplement une combinaison de !

Saniskâras,

mon

existence

doit

cesser lorsque je

mourrai. Si je suis simplement un composé de sensations, d'idées et de désirs,

de la dissolution de félicité infinie

mon

dont parlent

mot vide de sens

et

où pourrai-je

corps? tes

aller lors

se trouve la

disciples? C'est un

une illusion du moi; car

je vois


173

l'évangile du bouddha

le

néant face à face quand je réfléchis à 8.

9.

— Le Bienheureux — brahmane, tu es dit

tes doctrines. »

:

religieux et zélé.

«

Tu

es

sérieusement inquiet au sujet de ton âme. Cependant tu le tourmentes en vain, parce

chose qui

la seule

10.

que

les

î<

que

tu

manques de

soit nécessaire.

C'est seulement par ignorance et erreur

hommes

se plaisent

dans ce rêve que leurs

âmes sont des entités distinctes et mêmes. « Ton cœur, ô brahmane, 11.

existant par elles-

est encore attaché

au moi; tu aspires au ciel, mais ce sont les plaisirs du moi que tu cherches dans les cieux, et c'est pourquoi tu

ne peux point voir la

talité

de

félicité

de la vérité

et

l'immor-

la vérité.

En vérité, je te le dis Le Bienheureux venu pour enseigner la mort, mais pour apprendre la vie, et tu ne discernes pas ce que c'est que vivre et mourir. « Ce corps se décomposera et nulle somme 13. de sacrifices ne le sauvera. Cherche donc la vie de l'esprit. Où est le moi, la vérité ne peut être au contraire quand la vérité apparaît, le moi disparaît. C*est pourquoi fais que ton esprit repose dans la vérité; propage la vérité, mets toute ton âme en elle et faisla se répandre au loin. Dans la vérité tu vivras éter12.

«

:

n'est pas

;

nellement. 14.

—«

Le moi

L'attachement au

est la

moi

mort et la vérité est la vie. une mort perpétuelle,

est

10.


l'évangile du bouddha

174

tandis que se mouvoir dans la vérité c'est avoir une part du Nirvana, qui est la vie éternelle. »

— Koûtadanta

15.

dit

En

«

:

quel lieu, ô vénérable

Maître, est le Nirvana? »

16.

Le Nirvana

«

sont observés

»,

est partout oii les préceptes

répondit

le

Bienheureux.

comprends bien, répliqua le brahmane, Nirvana n'est pas un lieu et n'étant nulle 17.

part

il

18.

«

Si

je te

est sans réalité. »

«

Tu ne me comprends

heureux; écoute donc,

habite le vent?

19.

—«

20.

et

pas bien, dit

le

Bien-

réponds à ces questions

:

»

Nulle part

», fut la

réponse.

Le Bouddha répliqua

«

;

Alors

le

vent

n'existe pas. »

21. Koûtadanta demeura sans répondre, et le Bienheureux lui demanda encore « Réponds- moi, ô brahmane, ou réside la sagesse? La sagesse estelle un lieu? :

22.

gnée 23.

— »,

«

La sagesse

n'a point de résidence assi-

répondit Koûtadanta.

— Bhagavat dit

:

«

Prétends-tu dire qu'il n'y a

ni sagesse, ni illumination, ni justice, ni salut parce

que le Nirvana n'est pas un lieu? Ainsi qu'un vent grand et puissant qui passe sur le monde pendant la chaleur du jour, ainsi le Tathâgata vient souffler sur les esprits de l'humanité avec le souffle de son amour, si frais, si doux, si calme, si délicat; et ceux qui sont tourmentés par lajfièvre sentent s'apaiser leurs souf-


175

bouddha

l'évan'îile du

frances et se réjouissent de la brise rafraîchissante.

— Koûtadanta

24.

»

« Je sens, ô Seigneur, que dit une grande doctrine, mais je ne puis la Permets-moi de t'interroger encore Dis-moi, :

tu prêches saisir.

:

Seigneur, talité

et

s'il

comment l'immor-

n'existe pas à'âtman,

peut-elle exister? L'activité de l'esprit s'éteint

nos pensées n'existent plus quand nous avons

de penser. 25.

fini

»

Le Bouddha répondit

«

:

Notre faculté de

penser est détruite; mais nos pensées demeurent. Le

raisonnement cesse; mais 26. — Koûtadanta

Le raisonnement une

même

27.

chose?

dit

et la

:

la «

connaissance demeure.

Comment

homme

:

«

cela se peut-il?

connaissance ne sont-ils pas

»

— Le Bienheureux expliqua

un exemple

»

C'est

comme

si,

la distinction

pendant

a besoin d'envoyer une lettre,

la nuit, et

par

un

qu'après

avoir appelé son secrétaire, et fait allumer une lampe, fasse écrire la lettre. Ensuite,

il

quand

cela a été fait,

même la lampe est éteinte l'écriture est toujours là. De même le raisonnement cesse et la connaissance persiste; et de même l'acti-

il

éteint la

vité

lampe. Quand

mentale cesse, mais l'expérience,

la sagesse^ et

tous les fruits de nos actes continuent à exister. » 28.

— Koûtadanta reprit

:

«

Dis-moi, ô Seigneur,

dis-moi, je t'en conjure, que devient la personnalité

de

mon moi

mes idées mes pensées

Si

lorsque les samskâras sont désassociés? sont répandues et

si

mon âme émigré, mon âme

cessent d'être mes pensées et


l'évangile du bouddha

176

mon âme. Donne-moi un

cesse d'être

mon moi?

nalité de

29.

Le Bienheureux

— « Oui,

la

person-

Suppose un

homme

»

qui allume une lampe 30.

exemple, mais

que devient

je t'en prie, Seigneur, dis-moi

;

dit

«

:

brùlera-t-elle la nuit entière?

cela peut-être ainsi », répondit

»

Koû-

tadanta. 31.

«

même flamme

Maintenant, est-ce la

qui

brûle pendant la première veille de la nuit et pendant

seconde? 32.

— Koûtadanta hésita.

même flamme

»;

Il

pensait « oui, c'est

mais redoutant

le

caché, et s'eff'orçant d*ètre exact, n'est pas la

33.

la

»

même.

il

dit

:

«

Non,

ce

»

Alors, repritBhagavat,

«

la

piège d'un sens

il

y a deux flammes

;

l'une pendant la première veille et l'autre pendant la

seconde. » 34.

«

Non, Seigneur,

dit

Koûtadanta; en un

sens ce n'est pas la même flamme, mais dans un autre sens c'est la

même.

Elle est produite par la

matière, elle émet la

sorte de

même

mière, et elle sert au 35.

«

même

sorte

même de lu-

but. »

Très bien, continua

le

Bouddha;

et dirais-tu

même flamme qui a brûlé hier et qui brûle aujourd'hui dans la même lampe, remplie delà même huile, éclairant la même chambre? » que

c'est la

— Elle peut suggéra Koûtadanta. 37. — Bhagavat 36.

((

s'être éteinte

dit

:

«

pendant

Suppose que

la

le

jour

»,

flamme de


l'évangile du bouddha

la

première

diras-tu que c'est la

pendant

pendant

veille a été éteinte

même

si

177

la

seconde;

de nouveau

elle brûle

la troisième veille? »

38. Koùtadanta répliqua « En un sens c'est une flamme différente; en un autre c'est la môme. » Le Tathâgala demanda encore « Le temps 39. qui s'est écoulé durant l'extinction de la flamme a-t-il quelque chose à voir avec son identité ou sa non:

:

identité? »

« Non, Seigneur, répondit le Brahmane, le 40. temps écoulé n'y fait rien. Il y a différence et identité, que plusieurs années ou seulement une seconde se soient écoulées, et également que la lampe ait été éteinte pendant ce temps ou qu'elle ne Tait point

été. »

41.

«

Bien, alors nous admettons que la flamme

d'aujourd'hui est dans un certain sens la

même

que

laflamme d^hier, et que dans un autre sens elle change à chaque instant. De plus, des flammes de même nature, éclairant avec une puissance égale les mêmes sortes de chambres, sont en un certain sens les

mêmes.

»

— Oui, Seigneur. 43. — Le Bienheureux reprit 42.

»

«

:

«

Maintenant sup-

homme qui sente comme toi, qui pense comme toi, qui agisse comme toi; cet homme n'est-il point le même que toi? » posons qu'il existe un

— Non, Seigneur. 45. — Le Bouddha

44.

a

dit

:

» «

Nies-tu que la

même

lo-


l'évangile du bouddha

178

gique qui est bonne en ce qui te regarde soit bonne appliquée aux choses du 46.

— Après

monde?

»

avoir réfléchi, Koûtadanta répondit

je ne le nie point. La même logique règne universellement; mais il y a une particularité en ce qui concerne mon moi qui le rend absolument

lentement

«

:

Non,

distinct de toutes les autres choses et aussi

du moi

homme qui sente exactement comme moi, qui pense comme moi et agisse comme moi, et, en supposant même qu'il ait le môme nom et les mêmes biens que moi, ce ne d'autrui.

Il

peut exister un autre

sera point moi. 47.

«

»

C'est vrai, Koûtadanta, répondit le

dha, ce ne serait point

toi.

dividu qui va à l'école

est-il la

qu'il

même

personne

a terminé ses études? Celui qui a

crime

Boud-

Maintenant, dis-moi,

commis un

une autre personne que celui que punit en lui coupant les pieds et les mains? » 48. « Ce sont les mêmes. » 49.

l'in-

lors-

est-il

l'on

— — « Alors l'identité est constituée par la conti» demanda le Tathâgata. Non seulement par la continuité,

nuité seulement? 50.

«

dit

Koû-

tadanta, mais encore et surtout par l'identité de nature. »

51. « Très bien, reprit le Bouddha; alors tu admets que des personnes peuvent être les mêmes, dans le même sens que l'on peut dire que deux flammes de même nature sont les mêmes; et tu dois

reconnaître que, dans ce sens,

un autre homme de


479

l'évangile du bouddha

même que

nature produit par

le

même karma est le même

toi. »

52.

53.

— Oui, je reconnais — Le Bouddha continua «

le

sens seulement, tu es

Ta nature ne

le

Brahmane.

», dit le :

même

« Et,

dans ce

même

aujourd'hui qu'hier.

consiste point dans la matière dont ton

corps est formé, mais dans les formes de ton corps, de tes sensations, de tes pensées.

Ton âme

combinaison des sarhskâras. Partout où es.

Partout

oii ils

sont, ton

âme y

va.

ils

est

une

sont, tu

Donc dans un

certain sens tu reconnais une identité de ton moi, et

point dans un autre sens. Mais point l'identité,

il

si

Ton ne reconnaît

faut nier toute identité et dire que

une question n'est plus la même personne que celui qui, une minute après, reçoit la réponse. Maintenant envisage la continuation de ta personnalité qui se conserve dans ton karma. L'appelleras-tu mort et anéantissement, ou vie et conti-

celui qui fait

nuation de vie? 54.

«

«

Je l'appelle vie et continuation de vie, ré-

pondit Koùtadanta, car c'est la continuation de

mon

me

préoccupe point de ce genre de continuation. Ce dont je me soucie seulement c'est de la continuation de la personnalité dans Tautî^e

existence, mais je ne

que tout autre homme, qu'il soit idenmoi ou non, est une personne absolu-

sens, qui fait

identique à

ment 55.

différente. »

«

Très bien,

dit le

Bouddha.

C'est là ce

que

tu désires, et ceci est l'attachement au moi. C'est là


l'évangile du bouddha

180

ton erreur, et elle t'entraîne à des anxiétés inutiles et à

de mauvaises actions, dans des chagrins et des

soucis de toute sorte. Celui qui s'attache au moi doit

passer par les migrations sans

meurt continuellement. Car mort perpétuelle. » 56.

57, —

Et

« «

fin

la nature

de la mort;

du moi

est

il

une

Comment cela? » demanda Koùtadanta. Où est ton moi? » demanda le Bienheureux.

comme Koùtadanta

Ce moi auquel

ne répondait pas,

il

continua

:

un changement perpétuel. H y a quelques années tu étais un petit entant; puis un jeune garçon; puis tu es devenu un jeune homme, et maintenant tu es un homme fait. Y a-t-il aucune identité entre le petit enfant et Thomme? Il n'y a identité que dans un sens seulement. En vérité^ il y a plus d'identité entre la flamme de la «

première

tu tiens

veille et celle

tant est

de la troisième, alors

même

lampe aurait été éteinte pendant la seconde veille. Et maintenant quel est le vrai moi dont lu réclames à grands cris la préservation? Celui d'hier, celui d'aujourd'hui, ou celui de demain? » Koùtadanta fut embarrassé. « Seigneur du 58. monde, s'écria-t-il, je vois mon erreur, mais je suis que

la

encore dans la confusion. 59,

»

— Le Tathâgata continua

:

« C'est

par un pro-

cédé d'évolution que les samskâras viennent à

l'exis-

tence. Aucun samskâra ne naît sans un commencement graduel. Tes samskâras sont les résultats de tes actes dans des existences antérieures. La combi-


l'évangile du bouddha

naison

de

181

ton âme.

sarhskâras constitue

les

En Tu

âme y émigré. continueras à vivre dans tes sarhskâras et tu récoltequelque lieu qu'ils pénètrent, ton

ras dans de

futures existences la moisson que tu

sèmes maintenant

et

que

tu as

semée dans

temps

les

passés. »

60.

danta,

((

En

vérité, Seigneur^ »

ce n'est point

«

comme

puis admettre

répondit Koûta-

une juste rétribution. Je ne juste que d'autres récoltent

sème maintenant. » Le Bienheureux se tut un moment, puis Tout enseignement sera-t-il donc inutile?

après moi ce que je 61. reprit

— :

«

Ne comprends-tu pas que

ces autres personnes sont toi-même? Toi-même, et non d'autres, tu récolteras ce que tu sèmes. « Suppose un homme mal élevé et misé* 62. rable, souffrant de la bassesse de sa condition. Enfant, il fut paresseux et indolent, et devenu grand il

n'avait appris

aucun métier pour gagner sa misère n'est pas

ras-tu que sa

le

vie.

résultat

Di-

de ses

propres actions parce que l'homme adulte n'est plus la

même 63.

ni

dans

personne que «

les

En

fut le

jeune garçon?

vérité, je te le dis, ni dans les cieux,

profondeurs de

la

mer, ni

si

tu te caches

cavernes des montagnes, tu ne trouveras un lieu où tu puisses échapper au résultat de tes mau-

dans

les

vaises actions. 64. —

«

»

De même

récompenses de

tes

tu recevras sûrement les biens

bonnes actions. 11


l'évangile du bouddha

182

un long voyage revien maison reçoit la bienvenue du ses parents, de ses amis et de ses connaissances. I)( même les résultats de ses bonnes œuvres accueillen rbomme qui a marché dans le chemin de la justice 65.

Celui qui après

«

sain et sauf dans sa

lorsqu'il passe

de la vie présente dans la vie d'au

delà. »

66.

— Koûtadanta

dit

:

« J'ai foi

l'excellence de tes doctrines.

encore supporter

l'éclat

Mon

dans la gloire e œil ne peut pas

de la lumière; cependant

j(

comprends maintenant que le moi n'existe pas et la vérité point pour moi. Les sacrifices ne peuvent riei pour le salut, et les invocations sont paroles oisives, Mais comment trouverai-je le chemin de la vie éternelle? J'ai appris tous les Védas par cœur et n'a point trouvé la vérité. » 67.

— Le Bouddha

chose; mais

il

dit

ne sert de

peut s'acquérir que par

:

«

Le savoir est une bonne La véritable science m

rien.

la pratique.

Pratique

vérité que ton frère est semblable à toi.

celte

Marche danj

chemin de la vérité et tu comprendrai que le moi c'est la mort et la vérité l'immortalité. 68. « Puissé-je prendre Koûtadanta s'écria refuge dans le Bouddha, dans le Dharma et dans h

l'excellent

confrérie!

:

Accepte-moi

pour

disciple

et

fais-moi

prendre une part du bonheur de l'immortalité!

»


l'évangile du bouddha

LIV.

n'est

— Le Bienheureux dit

1.

2.

«

nomment moi

Le Bouddha

le

plus Gautama.

:

Ceux-là seuls qui ne croient point me Gautama Siddhârtha; mais vous, appelez-

Bouddha, Bhagavat,

car en cette existence

vana

183

et la vie

le

Maître. Et ce sera juste^

même je suis

entré dans le Nir-

de Gautama Siddhârtha est épuisée.

« Ce corps est le corps de Gautama, il se 3. décomposera au temps voulu, et après sa décomposition personne, ni dieu ni homme, ne verra plus Gautama Siddhârtha. Mais le Bouddha ne mourra point le Bouddha vivra éternellement dans le corps sacré ;

delaloi*^^ 4.

«

L'exlinction du Bienheureux sera une mort

après laquelle rien ne reste de ce qui pourrait contribuer à la formation d'une nouvelle personnalité. Et il ne sera point possible de dire avec cerque le Bienheureux est ici ou là. Mais il sera comme une flamme dans un grand corps de feu étin-

également^

tftude

celant. et

Cette flaname s'est éteinte; elle

Tonne

peut dire qu'elle est

ici

ou

pourra voir le Bienheureux dans le car Bhagavat a prêché le Dharma.

s'évanouit

Cependant on corps du Dharma là.

;

« Vous êtes mes enfants, je suis votre père; 5. par moi vous avez été délivrés de vos souffrances.


l'évangtle du bouddha

184

— « Ayant moi-même atteint l'autre

6.

les autres à

conquis

rive, j'aide

traverser le torrent; ayant

moi-même

un sauveur pour

les autres;

le salut, je suis

soulagé, je soulage les autres et les conduis au lieu

de refuge. 7. -^ « Je remplirai de joie tous les êtres de qui les membres sont languissants; je donnerai le bonheur à ceux qui meurent de chagrin; je leur apporte-

secours et la délivrance.

rai le 8.

Je suis né dans le

«

pour

la vérité

le salut

monde comme

roi de

du monde.

«

rité.

La

pratique à laquelle je

rité.

Le

sujet sur lequel je parle, c'est la vérité.

9.

Le

sujet sur lequel je médite, c'est la vé-

pensées sont toujours dans

mon moi

me

voue, c'est la vé-

la vérité. Car,

en

Mes

vérité,

devenu la vérité. Je suis la vérité. V Quiconque comprend la vérité verra le 10. Bienheureux, car le Bienheureux a prêché la vérité. » est

LV.

1.

Une seule

— Un jour

çyapa 2.

«

le

une seule

il

dit

loi,

un

seul tmt.

Tathâgata parla au vénérable Kâ-

de chasser l'incertitude et

afin

esprit, et

esse?ice^

le

doute de son

:

Toutes

les

choses sont faites d'une seule

essence, cependant les choses sont différentes suivant


l'évangile du bouddha

185

formes qu'elles prennent sous des influences difféComme elles se forment elles agissent, et

les

rentes.

comme

3.

elles agissent elles sont. «

comme

Kâçyapa,

C'est,

différents vases avec la

même

un potier

si

fait

argile. Certains de ces

pots sont destinés à contenir du sucre, d'autres d'autres

riz,

du

caillé et

du

lait;

du

d'autres enfin sont

Il n'y a'point de différence dans employée; la diversité des pots est due seulement au modelage des mains du potier qui les façonne pour les divers usages que les circonstances

des~vases d'impureté.

l'argile

peuvent requérir. 4.

<(

Et de

même

que toutes

viennent d'une seule essence, de loppent suivant une

loi

unique

choses pro-

les

même

elles se déve-

et elles

sont desti-

nées à un seul but qui est le Nirvana.

« Le Nirvana vient à vous, Kâçyapa, si vous comprenez bien et si vous vivez en conformité avec votre compréhension que toutes les choses

5.

sont d'une seule et seule

de

loi.

même

même

C'est pourquoi qu'il n'y a

essence et qu'il n'y a qu'une il

n'y a qu'un seul Nirvana

qu'une seule vérité;

ni

deux

ni

trois. 6.

«

Et

le

êtres, différant

Talhâgata est le même pour tous les seulement en son aspect autant que

tous les êtres diffèrent entre eux. 7.

— « Le Tathâgata donne la joie au monde entier,

semblable à un nuage qui verse ses eaux sur tous sans distinction.

Il

a les

mêmes

sentiments pour

le


l'évangile du bouddha

186

grand que pour le petit, pour le sage que pour l'ignorant, pour l'homme au cœur noble que pour celui qui ne connaît point la morale. « Le grand nuage gonflé de pluie vient dans 8.

ce vaste univers, s'étendant sur toutes les terres et les océans afin de verser sa pluie en tous lieux, sur

tous les gazons, les buissons, les herbes, les arbres

de

différentes espèces,

différents

noms

les

familles de

plantes

de

qui croissent sur la terre, sur les col-

montagnes ou dans les vallées. « Alors, Kâçyapa, les gazons, les buissons, 9. les herbes, et les arbres sauvages boivent Teau tombée de ce grand nuage — qui est toute d'une seule lines, sur les

et

même

essence

et

qui a été

abondamment répandue

;

acquièrent un développement proportionné à

et ils

leur nature, émettant des rejetons et pr.^duisant des fleurs et des fruits

10.

en leur saison.

Enracinés dans un

«

familles de plantes et leurs cette

eau qui a une seule

11.

«

surplus, la

qui a

façon.

ment tient

Il

la

même

vivifiés par

essence.

il

pour essence, et pour même pour tous, et besoins de chaque être en

le salut

cependant connaissant particulier,

sol toutes ces

Le Tathâgata, ô Kâçyapa, connaît, au 'oi

paix du Nirvana.

fin la

et

même

germes sont

Il

les

est le

ne se révèle pas à tous de la

ne leur donne pas à tous dès

le

même

commence-

plénitude de la science universelle, mais

compte des dispositions des

êtres divers.

il


187

l'évangile du bouddïïa

LVI.

1.

Leçon donnée à Râhoula.

x\vant que

Siddhârtha

et

Râhoula*^^

le

de

fils

Gautama

de Yaçôdharâ, eût acquis la lumière

de la véritable science, sa conduite ne fut pas toujours

marquée au coin de l'amour de la vérité, et le Bienheureux l'envoya dans un vihâra*^^ éloigné afin qu'il apprît à gouverner son esprit et à modérer sa langue. Quelque temps plus tard Bhagavat se rendit 2. en cet endroit et Râhoula fut rempli de joie. Bhagavat commanda au jeune garçon d'ap3. porter un bassin plein d'eau et de lui laver les pieds, et Râhoula obéit. Quand Râhoula eut lavé les pieds du Tathâ4. « Cette eau estgata, le Bienheureux l'interrogea

:

maintenant propre à être bue?

elle

»

Non, Seigneur, répondit l'enfant, cette eau est malpropre ». « Maintenant réfléchis à 6. -— Alors Bhagavat dit ta conduite. Bien que tu sois mon fils, et le petit-fils d'un roi, bien que tu sois un çramane qui a fait volontairement une renonciation complète^ tu es incapable de garder ta langue du mensonge et ainsi tu 5.

«

:

souilles ton esprit. »

Puis quand l'eau eut demanda de nouveau

7. --

lui

:

été vidée, le «

Ce vase

nant propre à contenir de l'eau à boire?

Bienheureux est-il »

mainte-


l'évangile du bouddha

188

8.

Non, Seigneur, répondit Râhoula,

«

aussi est devenu imppr. 9.

— Et Bhagavat

dit

le

vase

» :

«

Maintenant, réfléchis à ta

conduite. Bien que tu portes la robe jaune, es-tu capable de quelque dessein élevé, étant impur comme ce bassin? »

— Alors

10.

vide et

le

ne tombe

11.

le

Bienheureux élevant en

faisant tourner,

demanda

:

«

l'air le

et se brise? » «

Non, Seigneur, répondit Râhoula, ce vase

n'a que peu de valeur et sa perte serait de

importance.

12.

vase

Crains-tu qu'il

«

minime

»

Maintenant vois ton propre

état,

dit le

Tu es emporté dans les tourbillons sans delatransmigralion,etcomme ton corps est fait de la même substance que toutes les autres choses matérielles qui tomberont en poussière, peu importe qu'il Bienheureux.

fin

soit détruit. Celui qui se laisse aller à parler contre la

vérité est

reux

un

objet de mépris pour le sage.

— Râhoula lut rempli

13.

lui dit

rabole 14.

encore

:

«

de honte,

Écoute, je vais

»

et le

Bienheu-

te dire

une pa-

:

«

Un

roi

possédait un

éléphant puissant,

capable de tenir tête à cinq cenls éléphants ordinaires. Lorsqu'il allait à la guerre, l'éléphant était

sabres

tranchanis attachés à

armé

de

ses défenses, de faux

fixées à ses épaules, d'épieux liés à ses pieds et d'une

barre de fer attachée à sa queue.

phants se plaisait à voir

la

Le maître des

noble créature

si

élé-

bien


l'évangile du bouddha

489

équipée^ et sachant qu'une légère blessure de flèche à sa trompe serait fatale,

il

availf appris à l'éléphant à

trompe bien repliée en haut. Mais pendant bataille l'éléphant étendit sa trompe pour saisir un

tenir sa la

sabre.

15.

«

Son maître

le roi, et ils

fut effrayé et lint conseil avec

décidèrent que l'éléphant ne pouvait plus

désormais être employé à la guerre.

— «0 Râhoula,

16.

si

seulement

les

hommes

rete-

naient leurs langues tout irait bien! Sois semblable à l'éléphant de

combat qui protège sa trompe contre

dans le milieu. Par l'amour de la vérité, Thomme sincère évite l'iniquité. Semblable à Téléphant bien dressé et tranquille qui permet au roi de monter sur sa trompe, l'homme qui honore la justice demeurera fidèle penla flèche qui frappe

17.

((

dant toute sa vie. 18.

— En

»

entendant ces paroles de son père, Râ-

houla fut pénétré d'un profond chagrin puis ce

il

ne donna lieu à aucun reproche

moment

il

sanctifia sa vie

LVIl.

1.

et

il

;

jamais de-

et à partir

par d'ardents

de

eff'orts.

— Sermon sur V injure.

Bhagavat étudia les mœurs de la société, remarqua que beaucoup de maux étaient produits 11.


l'évangile du bouddha

190

par la méchanceté et par de sottes offenses commises

dans

seul J3ut de satisfaire

le

la vanité

l'orgueil

et

égoïste. 2.

— Et

le

Bouddha

dit

donnerai en retour

je lui

cordial (donné de

mal par

lui^

sot

me

la protection

de

:

bon cœur)

3.

le

;

plus

il

fait

du

tort,

mon amour

m'arrivera de

plus je lui ferai de bien; le parfum de la

bonté vient toujours à moi,

du mal

un

« Si

Thaleine malfaisante

et

souffle contre lui. »

Un

que le Bouddha observait amour qui commande de rendre le mal, vint et l'injuria. Le Bouddha de-

sot ayant appris

principe de grand

bien pour

meura 4.

le

silencieux, plein de pitié

pour sa

folie.

— Cet homme ayant cessé ses injures,

l'interrogea, disant d'a<îcepter

:

«

Mon

fils,

si

un présent qu'on lui fait, à qui » Et l'homme répondit

appartiendra-t-il? ce cas

:

présent doit appartenir à

le

Bouddha

le

quelqu'un refuse ce «

celui

don

Dans qui Ta

offert. »

5. Mon fils, dit le Bouddha, tu m'as injurié, mais je refuse d'accepter tes injures et te prie de les garder pour toi. Ne seront-elles pas une source de malheur pour toi? De même que l'écho appartient au son et l'ombre à la substance, ainsi le malheur acca((

blera sûrement l'artisan du mal. » 6.

L'insulteur ne répondit pas et

continua 7.

tueux

«

est

le

Bouddha

:

Le méchant qui méprise un homme versemblable à celui qui lève

la tête et

crache


l'évangile du bouddha

vers il

le ciel;

retombe 8.

son crachat ne souille pas

et salit sa

491

mais

le ciel,

propre personne.

— Le calomniateur est

semblable à celui qui,

le

vent étant contraire, jette de la poussière à un autre

homme

poussière ne

la

;

que revenir à celui qui

fait

L^homme vertueux ne

l'a

lancée.

le

mal que

peut être blessé, et

l'autre voulait lui faire

retombe sur son

auteur. » 9.

prit

— L'insulteur refuge dans

LVIII.

1.

le

partit honteux,

Bouddha,

le

mais

revint et

il

Dharmaet

le

Sangha.

— Réponses du Bouddha à un Déva.

— Un certain jour que le Bienheureux résidait à

dieu du ciel vint vers lui sous la forme d'un

un brahmane

à là figure brillante et vêtu d'habits blancs

comme

Djétavana*^^, dans le jardin d'Anâthapindika*^*^,

neige.

Le Déva posa des questions auxquelles

le

la

Bien-

heureux répondit 2. Le Déva dit « Quel est le plus tranchant des sabres? Quel est le plus mortel des poisons? Quel :

:

est le feu le plus ardent?

Quelle est la nuit la plus

ténébreuse? 3.

Bhagavat répondit

la colère est le plus

:

«

Un mot prononcé dans

tranchant des sabres; la convoi-


192

l'évangile du bouddha

lise est le plus

mortel des poisons;

la

passion est

le

plus ardent des feux; l'ignorance est la nuit la plus

ténébreuse.

»

— Le Déva

4.

dit

:

«

Qui gagne

plus grand bé-

le

néfice? Qui perd le plus? Quelle est l'armure impéné-

arme?

trable? Quelle est la meilleure 5.

— Bhagavat répondit

:

«

Celui-là

»

gagne

plus qui

le

donne à autrui; celui-là perd le plus qui reçoit d'autrui sans rien donner en retour; la patience est une armure impénétrable; la sagesse est la meilleure des armes.

»

— Le Déva dit

6.

gereux? Quel

:

Quel

Qui réusnon seulement sur la

est le trésor le plus précieux?

mieux à enlever de

sit le

est le voleur le plus dan-

force,

mais encore dans les cieux? » Le Bienheureux répondit « Une mauvaise pensée est le plus dangereux de^ voleurs la vertu est

terre,

7.

:

;

le

trésor le plus précieux;

mieux

à enlever de force

mais encore dans

— Le Déva

8.

l'immortalité réussit

non seulement sur

le

la terre,

les cieux. »

dit

:

«

Qu'est-ce qui attire? Qu'est-ce

qui dégoûte? Quelle est la douleur la plus horrible?

Quel est 9.

le

plus grand bonheur?

— Bhagavat répondit:

a

»

Le bien

attire

;

le

mal

dégoûte; une mauvaise conscience est la plus torturante des peines; la délivrance est le comble de la félicité. »

10.

— Le Déva demanda

ruine dans

le

monde?

:

«

Qu'est-ce qui cause

la

Qu'est-ce qui détruit l'amitié?


193

l'évangile du bouddha

Quelle est la fièvre

la

plus violente

médecin ? » Bhagavat répondit

leur

11.

cause de la ruine dans détruisent l'amitié fièvres

cines. 12.

nant

et

;

la

«

:

monde

;

Quel

est le meil-

L'ignorance est la l'envie et l'égoïsme

haine est la plus violente des

Bouddha

le

est le meilleur

des méde-

»

Alors

le

plie, éclaircis-le le feu, ni

Déva interrogea

:

«

Mainte-

Qu'est-ce qui ne peut être brûlé par

:

rongé par

mais qui

et dit

qu'un doute à résoudre ; je t'en sup-

je n'ai jjus

vent,

;

le

?

la

moisissure, ni renversé par

est capable de reconstruire le

le

monde

entier? » 13. fait

— Bhagavat

répondit

:

«

Un

bienfait

!

Le bien-

d'une bonne action est à l'abri des attaques d'un

méchant qui veut s'en emparer. » 14. Le Déva, ayant entendu ces paroles du

Bienheureux, fut rempli d*une joie excessive. Joignant les mains, il s'inclina respectueusement devant lui et

disparut soudain de la présence du Bouddha.

LIX.

i.

— Instructions.

Voici ce que

j'ai

entendu. Les bhikchous

vinrent vers

le

Bienheureux

mains jointes

ils

dirent

:

et

l'ayant

salué

les


l'évangile du bouddha

194

3.

Maître^ toi qui vois tout, nous désirons

«

tous apprendre

;

nos oreilles sont prêtes à entendre

notre doute, enseigne-nous

toi

qui vois tout, de

aux mille yeux, 3.

Dharma

le

dont l'intelligence est grande nous, ô

;

sacré, ô

toi

parle au milieu de

même

que

le

Seigneur

roi des dieux.

Nous demanderons au Mouni

«

;

incomparable. Détruis

tu es notre instituteur; lu es

à la grande

intelligence, qui a traversé le torrent^ qui a passé

sur l'autre rive, qui est béni et dont Tesprit est fort

Comment

est-ce qu'un

ture dans le

monde

bhikchou marche avec droi-

après être sorti de sa maison et

avoir banni tout désir? 4.

:

— Le Bouddha dit

»

^

:

5.

«

Que

6.

«

Celui qui a détruit ses désirs, celui qui est

bhikchou vainque sa passion pour les plaisirs humains et célestes, alors, ayant vaincu l'existence, il commandera au Dharma. Ce bhikchou marchera droit dans le monde. le

surmonté toutes les formes de la passion, est dompté, parfaitement heureux et ferme d'esprit; celui-là marchera droit dans le monde. affranchi de l'orgueil, celui qui a

7.

« Il est fidèle celui

qui possède la science

;

il

chemin qui conduit au Nirvana, celui qui est indépendant, qui est pur et victorieux et a enlevé le voile de ses yeux. Celui-là marchera droit dans le monde. » 8. — Les bhikchous dirent « En vérité, ô Bhagavoit le

:


vat,

il

ainsi,

10.

495

quel que soit

vit

en est ainsi

dompté

;

et délivré

le

bhikchou qui

de tous liens, celui-là mar-

monde. » Le Bienheureux s'écria « Quoi que doive faire

chera droit dans 9.

l'évangile du bouddha

le

:

celui qui aspire à par-

venir à la tranquillité du Nirvana qu'il soit capable et droit,

consciencieux et doux

et

ne soit pas orgueil-

leux. 11.

«

Que nul de vous ne trompe

autrui,

que nul

ne méprise autrui,, qu'aucun par colère ou ressenti-

ment ne souhaite de nuire à autrui. « Heureuse est la solitude de l'homme paiet contemple la vérité. Heureux est connaît qui sible celui qui se tient ferme, demeurant toujours sur ses gardes. Heureux est celui qui n^a plus ni chagrin, ni désirs. La victoire sur la vanité obstinée du moi est en vérité le bonheur suprême. « Que chacun place son plaisir dans le 13. Dharma, se délecte dans le Dharma, se tienne ferme dans le Dharma, qu'il sache examiner le Dharma, ne soulève aucune discussion qui souille le Dharma, et passe son temps à méditer sur les vérités sublimes du Dharma. « Un trésor déposé dans un puits profond ne 14. sert à rien et peut facilement être perdu. Le vrai trésor, qui est amassé par la charité et la piété, la tempérance, la puissance sur soi-même, ou par des actes

^""^2.

méritoires, est en sûreté et ne peut disparaître.

Il

n'est

jamais gagné en dépouillant ou maltraitant autrui


l'évangile du bouddha

196

et aucun voleur ne peut le voler. Quand il meurt, l'homme doit abandonner l'opulence passagère du monde, mais il emporte avec lui, ce trésor de ses actes vertueux. Que le sage fasse de bonnes actions c'est un trésor qui ne peut jamais se perdre. » ;

15.

— Alors

du Tathâgata 16.

Tu

«

les

bhikchous glorifièrenl la sagesse

:

as passé au-delà de la douleur; tu es

Illuminé, nous voyons en toi

saint!

détruit ses passions.

Tu

l'homme qui a

es glorieux, réfléchi et ton

loi qui a mis fin à la dounous a sortis du doute. « Parce que tu as vu notre ardent désir et 17. que tu nous as fait sortir du doute^, adoration à loi, ô Mouni, qui as atteint le profit le plus élevé dans les

intelligence est grande.

leur, tu

voies de la sagesse. 18.

Le doute qui nous

«

étreignait auparavant,

lu l'as fait disparaître en l'éclairant,

avec clarté éclairé,

truites

20.

à

toi,

il

19.

;

— ô

hommes

;

n'y a point d'obstacle pour

Toutes

«

ô toi qui vois

en vérité tu es un Mouni parfaitement toi.

tes peines sont dissipées et dé-

tu es calme, dompté, ferme et véridique. « le

Adoration à

toi, ô

noble iVIouni, adoration

nieilleur des êtres

et des

dieux

il

— Tu es le

n'est

;

dans

les

mondes des

personne qui

t'égale.

Bouddha, tu es le Maître, lu es Mouni vainqueur de Mâra; après avoir détruit 2i.

le

le

désir tu as franchi le torrent et fait passer cette géné-

ration sur l'autre rive

!

»


197

l'évangile du bouddha

LX.

1.

le

— L'uQ des

— Amiiâhha,

disciples vint vers le Bienheureux,

cœur tremblant

de doute. Et

et Tesprit plein

il

Bienheureux « Bouddha, notre Seigneur et notre Maître, que nous sert de renoncer aux plaisirs du monde si tu nous défends de faire des miracles et d'obtenir des pouvoirs surnaturels? Ami-

interrogea

le

:

lumière infinie de révélation,

lâbha**^*, la

une source de miracles innombrables?

— Alors

n'est-il

pas

»

Bienheureux, voyant l'angoisse de cet « Oçrâvaka^^^, tu es un esprit avide de vérité, dit 2.

le

:

novice parmi les novices, et tu nages à la surface du

Samsara. Combien ne saisir la vérité?

La

Tathâgata.

te faudra-t-il

pas de temps pour

Tu

n'as pas compris les paroles

loi

du Karma

est

indexible

du

et les

prières sont sans effet, car ce sont paroles vaines. » 3.

Le

disciple dit

:

«

Ainsi tu affirmes qu'il

n'existe ni miracles, ni choses merveilleuses? » 4. 5.

— Et Bienheureux répondit — N'est-ce pas une chose merveilleuse, le

:

«

térieuse et miraculeuse pour

Thomme du

mysmonde,

qu'un pécheur puisse devenir un saint, que celui qui acquiert la véritable lumière puisse trouver le che-

min de

la vérité

l'égoïsme

?

et quitter les

voies mauvaises de


l'évangile du bouddha

198

Le bhikchou qui abandonne les plaisirs passagers du monde pour Téternelle félicité de la sain6.

«

accomplit

teté,

le

seul miracle qui puisse, en vérité,

un miracle. « Le saint change en bienfaits les maux du 7. Karma. Le désir de faire des miracles naît soit de la être appelé

convoitise soit de la vanité.

8. «

On

«

Le mendiant a raison qui ne pense point me saluer ; qui, méprisé par le monde,

:

devrait

>)

ne nourrit cependant point de haine contre 9.

«

Ilagitbien

le

mendiant pour qui

lui.

les présages,

lesmétéores, les rêveset les signes sontchoses mortes; il

est

maux que

affranchi des

ces choses

produi-

sent. 10.

«

Amitâbha,

la

lumière

infinie, est la

source

de l'existence spirituelle de Télat du Bouddha. Les actes des sorciers et des

marchands de miracles sont

des fraudes; mais qu'y a-t-il de plus merveilleux, de plus mystérieux, de plus miraculeux qu' Amitâbha? 11.

«

Mais Maître,

un conte vain

ce

région heureuse? 12.

«

Bouddha;

—«

et

dit

encore

un mythe que

le

la

»

çrâvaka, est-

promesse de

la

demanda

le

»

Quelle est cette promesse? et le disciple reprit

»

:

y a dans TOccident une contrée paradisiaque appelée la Terre Pure^^^ ornée d'une façon 4

3.

Il

exquise d'or, d'argent et de pierres précieuses. voient des eaux pures au

lit

se

de sable d'or, entourées

de promenades agréables et couvertes

de grandes


199

l'évangile du bouddha

On y

fleurs de lotus.

entend une musique qui

fait

naître la joie, et les fleurs y pleuvent trois fois par jour. Là, des oiseaux chanteurs proclament dans leurs notes et

harmonieuses

les

louanges de

la religion,

dans les esprits de ceux qui écoutent leurs doux

accents s'éveille le souvenir du Bouddha, de la loi et

de la confrérie. Là, aucune naissance malheureuse n*est possible et

même

le

nom

de l'enfer y est in-

connu. Celui qui prononce avec ferveur et piété les

mots

«

Amitâbha Bouddha

»

sera transporté dans

l'heureuse région de cette Terre Pure,

et^

lorsque la

mort s'approchera, le Bouddha sera-devant lui avec une suite de disciples saints et il goûtera une tranquillité parfaite. »

14.

«

En

vérité, dit le

Bouddha,

il

une

existe

semblable région heureuse. Mais c'est une contrée spirituelle accessible

Tu

dis qu'elle est

seulement aux êtres

spirituels.

dans l'Occident. Gela veut dire qu'il

ou réside celui qui éclaire le monde. Le soleil s'abîme et nous laisse dans des ténèbres profondes, les ombres de la nuit s'avancent sur nous, et Mâra, le méchant, ensevelit nos corps dans le tombeau. Néanmoins le couchw du soleil n'est pas une extinction et là où nous croyons voir l'extinction existe une lumière sans entraves et une vie inépui-

faut la chercher là

sable.

15.

«

Ta

description, continua le

magnifique; cependant

peu

Bouddha,

elle est insuffisante

justice à la gloire de la Terre Pure.

et

est

rend

Les hommes


l'évangile du bouddha

200

du monde ne peuvent s'exprimer qu'en termes du monde ; ils emploient des comparaisons et des expressions mondaines. Mais la Terre Pure dans laquelle vivent les purs est mille fois plus belle que tu ne peux le dire ou l'imaginer. « De plus, la répétition du nom d'Amitâhba 16. Bouddha n'a de mérite que sr elle est accomplie dans un état de dévotion intérieure tel qu'il purifie le cœur de l'homme et affirme sa volonté de se livrer aux œuvres de justice. Celui-là seul parviendra à la Terre Pure dont l'âme est inondée de la lumière infinie de

Celui-là seul peut vivre et respirer dans

la vérité.

Talmosphère

spirituelle

du paradis occidental qui

a

acquis la lumière.

17.

dans

la

«

En

vérité, je te le dis, le

Terre Pure d'éternelle

félicité

Tathâgata

même

nant qu'il demeure encore dans un corps; gâta prêche la afin

que

même 18.

loi

religieuse à toi et au

et le

monde

Tathâ entier,

vous puissiez acquérir la paix et le même bonheur. » « Enseigne-moi, ô SeiLe disciple dit toi et tes frères

:

gneur, les méditations auxquelles je dois crer afin que

Terre Pure 19.

vit

mainte-

mon

me

consa-

esprit •entre dans le paradis de la

».

— Le Bouddha répondit

:

« Il

y a cinq médita-

tions.

20.

«

La première

est la méditation de

l'amour

dans laquelle vous devez disposer votre cœur de sorte que vous désiriez ardemment le bien et la prospérité


l'évangile du bouddha

de tous les êtres, sans excepter

le

201

bonheur de vos

ennemis.

21.

La seconde

«

est la méditation de pitié,

dans

laquelle vous devez penser à tous lés êtres en détresse,

vous représentant vivement dans votre imagination leurs peines et leurs angoisses, de sorte qu'il naisse

âme une compassion profonde

dans votre

à leur

égard.

22.

«

La

troisième est la méditation de joie dans

laquelle vous pensez à la prospérité d'autrui et vous

vous réjouissez des joies des autres.

23. reté,

«

La quatrième

est la méditation sur l'impu-

dans laquelle vous considérez

funestes de la corruption, les effets

les

conséquences

du péché

et les

Combien léger est souvent le plaisir du mocombien ses conséquences sont fatales. « La cinquième est la méditation sur la séré-

maladies.

ment

et

24.

dans laquelle vous vous élevez au dessus de

nité,

l'amour

de la haine, de

et

la

tyrannie et de l'oppres-

du dénuement, et vous regardez votre propre sort avec un calme impartial et une

sion, de la richesse et

tranquillité parfaite.

25.

((

Un

vrai disciple

du Tathâgata ne doit

point mettre sa confiance dans les austérités ou les rites

;

mais, répudiant l'idée du moi,

il

se repose de

tout soin sur Amitâbha, qui est la lumière infinie de vérité. »

26.

Le Bienheureux, ayant exposé le dogme lumière incommensurable qui fait un

d' Amitâbha^ la


l'évangile du bouddha

202

Bouddha de

celui qui la reçoit, regarda dans le

cœur

de son disciple et vit qu'il y restait encore quelques doutes et quelques anxiétés. Alors le Bienheureux dit :

«

mon

Interroge-moi^

âme

sent ton

27. — Et

».

le disciple

en se

peut-il,

sur les sujels qui oppres-

fils^

demanda

Un humble moine

«

:

sanctifiant, acquérir les talents de la sa-

gesse surnaturelle appelée abhidjnâ^^* et les pouvoirs surnaturels

pada,

le

nommés

chemin de

la

riddhi*^^?

Montre-moi

dhyânas^^^ par lesquels. s'acquiert fixité d'esprit

28.

29. 1"*

samâdhi*^", la

dit

Quelles sont les

«

:

»

— Le disciple reprit

l'air céleste;

2**

:

« Il

y a six abhidjnâs

l'oreille céleste;

3**

ouïe pouvoir de

sant à la volonté, 4" la

le

qui ravit l'âme. »

Le Bienheureux

abhidjnâs?

le riddhi-

sagesse suprême? Ouvre-moi les

connaissance de

la destinée

le

:

corps obéis-

se transformer;

des demeures pré-

cédentes, de façon à connaître les états antérieurs d'existence trui

;

;

5" la faculté délire

6° la science

torrent de la vie 30.

— Le

dans

de comprendre la

la

pensée d'au-

fin

dernière du

«

Ce sont des

».

Bienheureux répondit

:

choses merveilleuses; mais, en vérité, tout

homme

Considère les facultés de né à environ deux cents lieues d'ici et ne peux-tu pas, en pensée, te rendre instantanément dans ton pays natal et revoir les détails de la maison de ton père? Ne vois-tu pas avec l'œil de ton est capable de les acquérir.

ton propre esprit

:

tu es


l'évangile du bouddha

esprit les racines de l'arbre le

que

le

203

vent secoue sans

renverser? Celui qui recueille des herbes ne

voit-il

toutes les fois que cela lui plaît, dans sa vision

pas_,

mentale, chaque plante avec ses racines, sa tige, ses

même

fruits, ses feuilles et

les

usages auxquels

elle

peut servir? Celui qui sait les langues ne peut-il pas rappeler quand

il

veut les mots à son esprit

valeur exacte et leur signification

leur

mieux

le

choses

:

et savoir

Combien

?

Tathâgata comprend la nature de toutes regarde dans le cœur des hommes et lit

il

leurs pensées;

il

connaît l'évolution des êtres dans

leur pénibles transmigrations et en prévoit la fin ».

— Le disciple

31.

dit

:

«

Quelles sont

les

dhyânas

par lesquels nous devons passer pour acquérir Tabbidjnâ

? »

32.

Et

le

Bouddha répondit

:

«

Il

y a quatre

dhyânas. Le premier dhyâna est la retraite dans laquelle tu dois affranchir ton esprit de la sensualité; le

second dhyâna est une tranquillité d'esprit pleine

de joie et de satisfaction siste

à prendre plaisir

trième faites

dhyâna

est

dans lequel

un

;

le

troisième dhyâna con-

aux choses

spirituelles

;

le

qua-

état de pureté et de paix par-

l'esprit est élevé

au dessus de toute

satisfaction et de toute peine. »

33.

— Le

heureux, car la vérité.

Seigneur pada!

»

disciple dit j'ai la foi

:

«

Pardonne-moi, ô Bien-

sans comprendre et je cherche

Enseigne-moi, ô Béni, ô Tathâgata, mon et mon Maître, enseigne-moi le riddhi-


l'évangile du bouddha

204

34,

moyens

Et

le

Bienheureux

d'acquérir le riddlii

dit 1°

:

:

«

y a quatre

Il

empêcher

les

mau-

vaises qualités de naître 2° détruire les mauvaises qualités quand elles sont nées; 3*^ produire la honlé ;

qui n'existe pas encore; 4° augmenter la bonté qui existe.

35,

Cherche de bonne

«

recherche.

A

la fin tu

LXI.

1.

2.

foi et

persévère dans

trouveras la vérité.

ta

»

— Le Maître inconnu.

— Le Bienheureux à x\nanda^^^ — y a différentes sortes d'assemblées, dit

«

:

Il

ô

Ananda; des assemblées de nobles, de brahmanes, de maîtres de maison, de bhikchous, et aussi d'autres êtres. J'avais

coutume, quand

j'entrais

semblée, avant de m'asseoir, de leur semblable à celle de

mon

dans une

me donner

as-

une cou-

auditoire, et une vois

semblable à leur voix. Alors, par un discours reHgieux, je les instruisais, les vivifiais et les réjouissais, 3.

— —

possède

«

Ma

doctrine est semblable à Tocéan, car

les huit

mêmes

elle

qualités.

4. Tous deux, l'océan et ma doctrine, deviennent graduellement de plus en plus profonds. Tous ((

deux conservent leur identité dans tous les changements. Tous deux rejettent les cadavres sur le sable


L* ÉVANGILE

DU BOUDDHA

205

même que les grandes rivières, lorstombent dans Focéan, perdent leurs noms et sont désormais comprises dans le grand océan_, de du rivage. De

qu'elles

même les hommes de toutes

castes, ayant répudié leur

origine et étant entrés dans le Safigha, deviennent

des frères et sont comptés

mouni. L'océan

comme

est le réservoir de

fils

de Çâkya-

tous les cours

d'eau et de la pluie des nuages, et cependant

borde jamais et ne se dessèche jamais; de

Dharma

est

ne dé-

il

même

compris par des millions de gens

le

et ce-

il ne croît ni ne décroît. De même que grand océan a seulement un goût, le goût de sel,';de même ma doctrine a un seul parfum, le parfum de la

pendant jamais le

délivrance.

Tous deux, l'océan

et le

Dharma, sont

pleins de pierres précieuses, de perles et de joyaux, et

tous deux servent de

demeure

à des êtres puis-

sants.

—«

0.

Telles sont les huit qualités merveilleuses

ma

par lesquelles 6.

«

Ma

doctrine ressemble à l'océan.

doctrine est pure et ne fait aucune dis-

tinction entre les nobles et le vulgaire, entre les riches et les 7. fie

pauvres.

«

Ma

doctrine est semblable à l'eau qui puri-

tout sans distinction. 8.

sume terre, 9.

«

Ma

doctrine est semblable au feu qui con-

toutes les choses qui existent entre le ciel et la

grandes

«

et petites.

Ma doctrine

de la place en

elle,

est

semblable au

ciel,

car

amplement de place pour

il

y a

les re-

12


l'évangile du bouddha

'206

cevoir tous,

hommes

et

femmes, garçons

et filles, les

puissants et les humbles. 10.

Mais quand je parlais,

«

saient point et se disaient

:

ils

ne

me

Qui ce peut-il

connaisêtre qui

un homme ou un dieu? Alors, après les avoir instruits, vivifiés et réjouis par un discours reliparle ainsi,

gieux, je disparaissais. Mais point,

même

ils

ne

me

connaissaient

après que j'avais disparu.

PAHABOLES ET HISTOIRES

LXII.

1.

— Or

le

— Paraboles.

Bienheureux pensa

vérité qui est excellente dans le

:

« J'ai

enseigné

commencement,

la

ex-

au milieu et excellente à la fin; qui est glorieuse dans son esprit et glorieuse dans sa lettre. Mais simple comme il est, le peuple ne peut point la comprendre. Je dois lui parler sa langue, je dois adapter mes pensées à ses pensées. Les hommes ressemblent aux enfants et aiment à entendre des contes. cellente

C'est pourquoi je leur dirai des histoires afin d'expli-

quer

la gloire

du Dharma.

S^ils

ne peuvent compren-

dre la vérité dans les argments abstraits par lesquels je l'ai conquise, ils la saisir si elle est

pourront néanmoins parvenir à

expliquée par des paraboles

».


207

l'évangile du bouddha

LXIII.

1.

— Un

— La Maison incendiée.

riche père de famille possédait

une mai-

son grande^ mais vieille; ses chevrons étaient

man-

gés des vers, ses piliers pourris et son toit était sec et

inflammable.

Il

arriva un certain jour qu'il sentit

une odeur de feu. Le maître de la maison sortit précipitamment et vit le chaume tout embrasé. Il fut glacé d'horreur, car et savait qu'ils

il

aimait tendrement ses enfants

jouaient, ignorants du danger^ dans la

maison en flammes. 2.

— Le père

aff"olé

fants sont ignorants et

du danger. Si

pensa il

je cours les

dans mes bras,

ils

:

«

Que

ferai-je?

Les en-

serait inutile de les avertir

chercher pour les emporter

s'enfuiront, et tandis

que je sauvedans les

rais l'un d'entre eux, les autres périraient

flammes ». Soudain une idée lui vint. « Mes enfants aiment les jouets », pensa-t-il; « si je leur en promets de magnifiques^ ils m'écouteront. » 3.

— Alors

la fête

il

cria bien fort

:

«

Enfants, venez voir

exquise que votre père vous a préparée.

Il y a pour vous des jouets, les plus beau que vous ayez jamais vus. Venez vite, sinon il sera trop tard! »

ici

4.

— Et voilà que les enfants sortent en toute hâte

des ruines embrasées. esprit. Alors,

Le mot de jouets a frappé leur le bon père leur acheta les

dans sa joie,


l'évangile du bouddha

208

jouets les plus précieux, et quand détruite

comprirent

ils

la

ils virent la maison bonne intention de leur

père et louèrent la sagesse qui leur avait sauvé la 5.

— Le

aiment

sait

que

bonheur de

la justice,,

sauver leurs âmes de

vie.

du monde mondains; il leur

les enfants

faux éclat des plaisirs

le

décrit le

Tathâgata

s'efforçant ainsi de

la perdition, et

il

leur donnera

les trésors spirituels delà vérité.

LXIV.

1.

«

Il

— V aveugle de naissance.

y avait un aveugle de naissance qui

Je ne crois pas au

monde

disait

:

de lumière et d'apparence.

ou sombres.

Il

n'existe point de couleurs, brillantes

Il

n'existe point dg soleil, ni de lune, ni d'étoiles.

Personne n'a vu ces choses ». 2. Ses amis le chapitraient, mais il restait ferme dans son opinion « Ce que vous prétendez voir, ré-

:

pondait-il,

n'est qu'illusions.

Si les couleurs exis-

taient je pourrais les toucher. Elles n'ont point de

substance 3.

et

sont sans réalité

».

— En ce temps vivait un médecin qui fut appelé

près de l'aveugle;

il

mélangea quatre simples

et le

guérit de sa maladie. 4.

Le Tathâgata

est le

médecin,

et les quatre

simples sont les Quatre Vérités Excellentes.


l'évangile du bouddha

LXV.

~

209

— Le Fils perdu.

une fois un fils d'un maître de maison une contrée éloignée, et tandis que le père accumulait d^immenses richesses, le fils devint misérablement pauvre. En cherchant de quoi vivre et 1.

Il

était

qui s'en fut dans

se vêtir vivait.

il

arriva qu'il vint dans le pays où son père

Or le père

le vit

dans son abjection, car

il

était

déguenillé et démoralisé par la pauvreté, et ordonna à quelques-uns de ses domestiques d'aller le chercher.

— Quand

2. il

se dit

homme

:

a

le fils vit le palais

où on

le

conduisait,

Je dois avoir excité les soupçons d'un

puissant et

il

va

me

mettre en prison

».

Plein

vu sou père. Alors le père^envoya des messagers à la re3. cherche de son fils, et celui-ci fut pris el ramené en déprit de ses pleurs et de ses lamentations. Le père ordonna aux domestiques de le traiter doucement, et il chargea un artisan, de même caste et de même éducation que son fils, de l'employer comme aide dans son domaine. Et le fils fut heureux de sa nouvelle d'appréhension

il

s'enfuit avant d'avoir

situation.

— Par la fenêtre de

4.

son

leur, 5.

il

son palais,

le

père surveillait

quand il vit qu'il était honnête et travaillui donna un emploi de plus en plus élevé. Après de nombreuses années, il fit venir son

fils,

et

12.


l'évangile du bouddha

210

rassembla tous ses serviteurs et leur révéla son secret. Alors le pauvre honime fut extrêmement heureux et fut rempli de joie d'avoir retrouvé son père. fils

et

6.

— Peu

à

les esprits des

peu

hommes doivent être

préparés pour de plus hautes vérités.

LXYI.

1.

Il

— Le poisson étourdi.

y avait parmi

les disciples

du Bouddha unj

bhikcliou qui éprouvait une grande difficulté à répri-j

mer

ses sens et ses passions; de sorte que, résolu à

quitter l'ordre,

il

vint vers le Bienheureux

à être relevé de ses vœux. Alors

bhikchou 2.

«

demandant

Bienheureux

le

dit ai

:

Prends garde,

la proie des passions

mon

de ne point devenir!

fils,

de ton cœur aveugle. Car je vois]

que dans de précédentes existences tu as beaucoup! souffert des funestes conséquences de la luxure, el si tu n'apprends à vaincre tes désirs sensuels, danî cette vie tu seras 3.

«

tu as vécue 4.

«

perdu par

Écoute

l'histoire

comme

ta

propre

folie.

d'une autre existence que:

poisson.

Ce poisson nageait vivement dans

la rivière,]

jouant avec sa compagne. Celle-ci, nageant en avant,] aperçut soudain les mailles d'un tour échappa

au

danger;

filet, et

mais

lui,

glissant au-

aveuglé pad


l'évangile du bouddha

211

tomba Le pêcheur releva son filet^ et le qui se plaignait amèrement de son sort, poisson « Ceci est évidemment le fruit amer de ma disant eût certainement péri si un Bodhisattva ne folie » se fût trouvé passer, qui, comprenant le langage du l'amour, se lança yiolemment à sa poursuite et droit

dans

le piège.

:

poisson, prit pitié de lui. lui

dit

:

Mon bon

«

Il

acheta

poisSon,

si

le

je

pauvre être, et ne t'avais pas

aperçu aujourd'hui tu aiTrais perdu la vie. Je

mais désormais ne pèche plus. il

jeta le poisson 5.

dans

« Utilise

le

»

En

si

sauve,

mots

l'eau.

temps de grâce qui

dans ton exisience présente, et redoute luxure qui^

te

disant ces

t'est offert

le

dard de la

tu ne maîtrises pas tes sens, te con-

duira à ta perte. »

LXVII.

1.

Un

— Le Dupeur dupé.

tailleur,

qui fournissait habituellement

les robes de la confrérie,

avait

coutume de tromper

ses clients et se vantait à cause de cela d'être plus

malin qne traité

une

les autres

affaire

hommes. Mais un

jour, ayant

importante avec un étranger,

il

trouva son maître en fraudes et supporta une lourde perte. 2.

— Et

le

Bienheureux

dit

:

«

Ce n'est pas un évé-


l'évangile du bouddha

212

nement unique dans

la destinée de ce tailleur avide;

dans d'autres incarnations il a subi des désastres semblables et en essayant de duper les autres s'est finalement perdu lui-même. 3.

«

même personnage insatiable a vécu,

Ce

plu-

sieurs générations avant celle-ci, sous la forme d'un

héron qui avait élu domicile près d'un étang. Quand il dit aux poissons

vint la saison de la sécheresse,

d'une voix caressante

— N'êtes-vous point inquiets

:

Il y a maintenant très peu d^eau encore moins de ce qu'il faut pour vous nourrir

de votre sort futur? et

dans cet étang. Que deviendrez-vous cheresse tout Tétang se dessèche? 4.

«

En

drons-nous?

si

vérité, dirent les poissons,

par cette sé-

que devien

\

»

Le héron reprit 5. grand qui jamais n'est à je vous y portasse dans :

«

sec.

Je connais un lac beau

et

N'aimeriez-vouspas que

mon bec?

»

— Et comme

les

poissons commençaient à suspecter ThonHêteté du leur proposa d'envoyer l'un d'entre eux voir

héron,

il

le lac.

Enfin une grosse carpe se décida à courir

risque de l'aventure dans Pintérêt de tous, et

le

le

héron

dans un lac magnifique, puis la ramena sauve parmi ses congénères. Alors le doute

la transporta

saine et

s'évanouit chezles poissons et se changea en une

confiance dans

tang

et alla les

héron qui

emporta un

folle

un de l'édévorer sur un gros arbre de ceux ap-

le

les

à

pelés varanas*^^. 6.

— Dans l'étang se trouvait également un crabe,


213

l'évangile du bouddha

et

quand, ayant dévoré tous les poissons

de

le

manger

tous les poissons et

Viens, je

7.

:

porterai aussi?

t'y

Mais comment

((

demanda le

t'y

»

— —

((

Je te prendrai dans

«

Tu me

8.

prendras-tu pour

m'em-

mon

héron.

crabe.

porter?

9.

eut envie

il

héron lui dit « J'ai emporté les ai mis dans un beau grand lac.

aussi, le

laisseras

tomber

bec

», dit le

tu

me portes

si

ainsi.

Je ne veux pas aller avec toi », répliqua le crabe. « N'aies point peur, répondit le héron; je 10.

du chemin. » crabe se dit en lui-même

te

tiendrai ferme tout le long

Alors le 11. héron tient un poisson, certainement pas aller dans un lac

lement dans

manque je il

dit

le lac,

lui

au héron

!

Cependant

«

me

:

Quand

«

ne

le

ce

le laisse

portait réel-

ce serait magnifique; mais

couperai :

s'il

il

s'il

y

cou, et je le tuerai! «Alors

Yois-tu,mon ami, tune seras pas

ca-

me tenir assez ferme mais nous autres crabes nous aYons une fameuse poigne. Si tu me laisses te

pable de

;

prendre par avec

le

cou avec mes pinces, j'irai avec

le

héron, qui ne voyait pas que

plaisir

toi. »

12.

— Et

le

crabe

cherchait à le duper, consentit, de sorte que le crabe

son cou avec ses pinces aussi solidement qu'avec une paire de tenailles de forgeron et cria: « En route, maintenant! » saisit

13.

Le héron l'emporta,

tourna vers crabe,

le

varana.

le lac est

par

ici et

lui

Mon tu me

«

fit

voir le lac, puis

cher oncle, s'écria portes par

là. »

le


l'évangile du bouddha.

214

14.

— Le héron répondit — « Tu crois? Suis-je ton :

cher oncle?

Tu veux me donner

à comprendre, je sup-

pose, que je suis ton esclave chargé de t'enlever dans

bon

les airs et de te transporter oii

donc

les

yeux sur

De même que

de ce varana.

te

semble! Jette

ce tas d'arêtes de poisson

au pied

mang'é ces poissons

j'ai

jusqu'au dernier, je vais te dévorer également.

— «Ah! ces poissons se

15.

leur stupidité, répondit

disposé à

me

moi qui vais

le

sont

crnbe,

laisser tuer par toi. te faire périr; car

pas compris que je

te

fait

mais

Au

dans

manger par

je

ne suis pas

contraire, c'est ta folie tu n'as

dupais. Si je meurs, nous mour-

rons ensemble; car je vais

te

couper

la tête et la faire

tomber sur le gazon !» Et ce disant, il serra avec ses pinces le cou du héron^comme avec une vis. 16. Alors haletant, les yeux baignés de larmes et tremblant de la peur de la mort, le héron le supplia,

disant

:

«

mon

En

seigneur!

vérité je n'ai pas l'in-

tention de te manger. Accorde moi la vie. 17.

— «Très bien! Descends donc

le lac »,

répondit

— Et

le

et

me dépose dans

crabe.

héron revint en arrière et s'arrêta sur le bord du lac pour déposer le crabe sur la vase ^u rivage. Mais le crabe trancha la tête du héron aussi proprement que l'on couperait une tige de lotus avec un couteau, de chasse et ensuite entra dans 18.

le

l'eau!

«

19.

— Quand

Ce

n'est pas aujourd'hui

le

Maître eut

fini

ce discours,

il

seulement que cet

ajouta

:

homme


215

l'évangile du bouddha

a été trompé, mais dans d'autres vies été

dupé de

la

même

LXVIII.

1.

manière

il

a également

».

— Quatre sortes de mérite.

— Un homme riche avait coutume d'inviter tous

brahmanes du voisinage à venir dans sa maison et, leur donnant de riches cadeaux, offrait de grands sacrifices aux dieux. 2. Et le Bienheureux dit: « Lors même qu'un homme offre tous les mois un millier de sacrifices et fait sans cesse des offrandes, il n'égale point celui qui, un les

seul instant, fixe son esprit sur la vérité ».

— Le Bouddha,

que le monde adore, continua y a quatre sortes d'offrandes; premièrement, lorsque les dons sont grands elle mérite petit secondement, quand les dons sont petits et le mérite grand troisièmement, quand les dons sont grands et le mérite aussi quatrièmement, quand les dons sont faibles et le mérite faible également. u Le premier cas est celui de l'homme plongé 4. dans l'erreur qui ôte la vie (à des êtres) dans le but de faire aux dieux des sacrifices accompagnés de libations et de festins. Ici les dons sont grands, mais le 3.

«

:

11

j

;

;

mérite est faible, en vérité.


l'évangile du bouddha

216

5.

«

Les dons sont

également méchanceté de cœur un

faibles et le mérite

lorsque par convoitise

et

homme

une partie de ce

garde pour

tention de 6.

lui

qu'il a Fin-

sacrifier.

— « Le mérite est grand, au

que le don est

faible,

par amour et avec

quand

lin

contraire, lors même homme fait son offrande

de croître en sagesse et en

le désir

bonté. 7.

~

«

Enfin

homme

le

don

et le

mérite sont grands, lors-

un esprit désintéressé et avec la sagesse d'un Bouddha, fait des donations et fonde des institutions pour le plus grand bien de l'huqu'un

riche, avec

hommes

manité, afin d'éclairer les

subvenir à leurs besoins.

LXIX.

ses frères et de

»

La Lumière du monde.

4. Il y avait à Kançâmbî^^^ ^^ certain brahmane, aimant à discuter et profondément versé dans les Védas^'^ Comme il ne rencontrait personne qu'il jugeât

son égal dans les discussions,

il

avait

porter à la

main une torche allumée,

demandait

la raison

pondait

:

«

et

coutume de quand on lui

de cette étrange conduite,

Le monde

est si ténébreux

que

cette torche afin de l'éclairer autant qu'il est en

pouvoir

n.

il

ré-

je porte

mon


l'évangile du bouddha

2.

erileiidit

Un çramana

2l7

du marché si tes yeux

assis sur la place

ces paroles et lui dit

:

«

Mon

ami,

sont aveugles au point de ne point voir la lumière

partout répandue du jour, ce n'est pas une raison

pour dire que

le

monde

est ténébreux.

joute rien à la gloire du soleil, et ta d'éclairer les esprits des autres est

présomptueuse.

Ta

torche n'a-

bonne intention aussi futile que

»

— Là-dessus

brahmane demanda « Où est le soleil dont tu parles? » Et le çramana répondit « La sagesse du Tathâgala est le soleil de l'âme. Son 3.

le

:

:

éclat est

et de nuit et ceux dont la foi ne manqueront pas de lumière sur le che-

radieux de jour

est solide

min du Nirvana où

ils

obtiendront une

félicité éter-

nelle ».

LXX.

1.

la

— Tandis un

vie de luxe.

le Bouddha prêchait sa monde dans le voisinage

que

conversion du

vasti^^^

Une

homme

loi

pour

de Çrâ-

très riche, qui souffrait de

nom-

breux mauXf vint vers lui les mains jointes et dit «Bouddha, que le monde adore, pardonne mon manque :

de respect faire,

mais

si

je

ne

te salue

je suis fort

pas

comme

je devrais le

incommodé par

l'obésité, la

pléthore, l'assoupissement et d'autres infirmités, de 13


L*ÉVANGILE DU BOUDDHA

218

sorte 2.

me mouvoir

que je ne puis

— Le Tathâgata, voyant

le

qu'avec peine. »

luxe dont cet

homme

demanda « Désires-lu connaître la était entouré cause de les maux? » Et quand l'homme opulent eut lui

:

exprimé son désir de

la savoir, le

Bienheureux

dit

:

« Il

y a cinq choses qui produisent l'état dont tu te plains les repas

du

abondants, l'amour du sommeil,

manque

plaisir, l'insouciance et le

la

:

passion

d'occupation.

Modère-toi à tes repas, et prends à ta charge quelques devoirs qui exerceront tes capacités et te rendront utile

aux autres hommes.

prolongeras ta vie

Si tu suis

mon

conseil tu

».

Le riche se souvint des paroles du Bouddha quelque temps après ayant retrouvé sa légèreté de corps et une vigueur juvénile il retourna vers Celui 3.

et

que

le

monde adore

serviteurs, lui dit

:

et «

venant à pied sans chevaux ni Maître, tu as guéri

mes maux

corporels, je viens maintenant chercher la lumière

pour

mon âme

— Et

».

Bienheureux dit « Le mondain nourrit son corps, mais le sage nourrit son âme. Celui qui se 4.

plaît

le

:

dans

la satisfaction de ses appétits travaille à sa propre destruction; mais celui qui marche dans le

chemin trouvera à

la fois le salut de

prolongation de sa vie.

»

son

âme

et la


l'évangile du bouddha

LXXI.

1.

Le partage de

219

la félicité.

— Annabhâra^'^, esclave de Soumana, venait de

couper de l'herbe dans

mana

le pré, lorsqu'il

vit

qui mendiait sa nourriture son bol à la

alors, jetant à terre sa botte de fourrage,

il

un çramain ;

courut à

maison et revint rapportant le riz qui lui avait été donné pour sa subsistance. 2. Le çramana mangea le riz et réjouit Annabhâra par des paroles d'encouragement religieux. 3. La fille de Soumana qui avait vu la scène par une fenêtre, cria: « Bien Annabhâra, bien! c'est la

!

très bien 4.

I

»

— Soumana ayant entendu ces mots s'enquit de

ce qu'elle voulait dire, et ayant été informé de la dé-

votion d'Annabhâra et des paroles d'encouragement qu'il avait

reçues du çramana, vint vers son esclave

et lui offrit de l'argent pour partager la bénédiction récompense de son offrande. « Mon seigneur, dit Annabhâra, permets-moi 5. d'interroger d'abord ce vénérable religieux. »Et s'ap« Mon maître me deprochant du çramana, il dit

:

mande

de partager avec lui la bénédiction de

frande que je vous ai faite de

ma

convenable que je partage avec

ration de

lui ? »

l'of-

riz. Est-il


l'évangile du bouddha

220

Le çramana répondit par une parabole. Il Dans un village de cent maisons une seule lumière était allumée. Alors un voisin vint avec sa lampe et l'alluma; et de la même manière la lumière fut communiquée de maison en maison et la clarté grandit dans le village. De même la lumière 6.

dit

de

:

«

la religion

celui qui la

peut être répandue sans rien enlever à

communique. Répands

aussi la bénédic-

tion de ton olfrande. Partage-la ». 7.

Annabhâra

revint à la

maison de son maître

t'offre, mon seigneur, une part de la mon offrande. Daigne l'accepter ». 8. Soumana Taccepta et voulut donner à son esclave une somme d'argent; mais Annabhâra répondit « Non, mon seigneur; si j'acceptais ton argent il semblerait que je te vends ma part. Une béné-

et lui dit

«

:

Je

bénédiction de

:

diction ne peut être

comme un don 9.

— Le maître

de ce jour tu es accepte ce

amitié

dit

libre.

présent

je t'en prie,

accepte-la

:

«

Frère Annabhâra, à partir

Vis avec moi comme un ami et comme une marque de mon

».

LXXIL

i.

vendue;

».

II

— Le Fou insouciant.

y avait un riche brahmane,

très

avancé en


l'évangile du bouddha

221

âge, qui, sans songer à l'impermanence des choses et comptant sur une longue vie, s'était une grande maison. construit Le Bouddha envoya Ananda demander à ce 2. riche brahmane pour quelles raisons il avait construit une maison ayant tant d'appartements et lui

terrestres

prêcher les quatre vérités excellentes et les huit che-

mins du salut. 3. Le brahmane montra sa maison à Ananda et lui expliqua la destination de ses nombreuses chambres; mais il n'écouta point l'explication des enseignements du Bouddha.

4.

— Ananda

« J'ai

dit

:

« C'est

l'usage des fous de dire

des enfants et je suis riche

prime ainsi n'est pas

même;

comment

même

Celui qui s*ex-

».

en possession de

lui-

posséder

des

peut-il prétendre

Nombreuses

enfants, des richesses, et des esclaves?

sont les préoccupations des mondains; mais

ils

ne

saventrien des vicissitudes que leur réserve l'avenir. 5.

—A

homme Et

le

fut

peine

Ananda

Bouddha-

dit

pour

qu'il vit

dans

la

que

était-il parti

soudain frappé d'apoplexie

et

:

«

compagnie des

Un

le

vieil

tomba mort.

fou, lors

sages_,

»

de ceux qui

l'instruction

étaient préparés à apprendre

:

même

ne comprend

rien à la vraie' doctrine; ainsi la cuillère ne goûte pas la

saveur des mets.

Il

ne pense qu'à

insouciant des avis des bons conseillers

pable de se délivrer.

»

lui seul, il

et

est inca-


l'évangile du bouddha

222

LXXIII.

1.

— Assistance dans

le désert.

— Un disciple du Bienheureux, plein

et de zèle

pour

une méditation dans

ment de

faiblesse; et

d'énergie

vœu

d'acccomplir

la solitude^ faillit

dans un mo-

la vérité,

ayant

pensa

il

fait

«

:

Le Maître a

dit qu'il

y avait différentes sortes d'hommes; je dois appartenir à la classe la plus basse et je crains que dans cette existence

il

n'y

chemin

ait ni

ni fruit

pour moi.

A

je ne puis acquérir

quoi sert de vivre dans la forêt si par mes efforts constants la connaissance de la méditation à laquelle je me suis voué? » Alors il quitta sa retraite et revint à Djétavana. 2.

as

— Quand

mal

fait,

les frères le virent ils lui dirent

Tu

un vœu de menèrent devant

ô frère, après avoir prononcé

renoncer à l'accomplir le

«

:

»

;

et ils le

Maître.

-^ Quand le Bienheureux les vit, il dit « Je ici frère vois, ô mendiants, que vous avez amené ce 3.

:

contre sa volonté. Qu'a-t-il fait? 4.

«

Seigneur, ce frère après avoir

sanctifier sa foi de telle

d'accomplir la tâche d'un

revenu vers nous. Alors le Maître 5. as renoncé à ta tâche ?

fait

manière a renc^cé à

membre

vœu

de

s'efforcer

de l'ordre,

et est

)>

lui dit

:

«

Est-il vrai

que tu


l'évangile du bouddha

2!23

— C'est vrai, ô Bienheureux répondit-il. — Le Maître Ta vie actuelle est un temps «

6.

»,

dit

7.

:

«

de grâce. Si maintenant tu manques d'atteindre Tétat

remords dans des existences frère, que tu te sois montré si irrésolu? Quoi, dans des existences antérieures tu fus plein de résolution. Par ta seule énergie les hommes et les bœufs de cinq cents chariots obtinrent de Teau dans le désert de sable et furent sauvés. Comment se fait-il que maintenant tu reheureux, lu en auras futures.

Comment

nonces à ta tâche? 8.

le

se peut-il,

»

— Par ce peu de paroles, ce frère fut rendu à sa

résolution.

Mais

reux en disant

:

les autres supplièrent le «

Seigneur! Dis-nous

Bienheu-

comment

cela

arriva. 9.

«

heureux,

Écoutez alors, ô mendiants! et

ayant ainsi

éveillé

un événement caché dans

révéla

le

leur

» dit le

Bien-

attention,

il

cycle des renais-

sances.

« Jadis, du temps où Brahmadatta régnait un Bodhisattva naquit dans une famille de marchands; et quand il fut en âge il alla faire du commerce avec cinq cents chariots. « Il arriva un jour sur la limite d'un désert de 11 plusieurs lieues de largeur. Dans ce désert, le sable élait si fin que si on en prenait dans le poing fermé on ne pouvait le garder dans la main. Aussitôt que le soleilétait levé, il devenait aussi chaud qu'un amas

10.

à Kâçî,

de charbon brûlant, de

sorte qu'aucun

homme

ne


l'évangile du bouddha

224

pouvait y marcher. C'est pourquoi ceux qui avaient à le traverser prenaient du bois, de l'eau, de l'huile et et voyageaient pendant la du jour ils établissaient un camp, étendaient une tente au dessus et, prenantleur repas de bonne heure, ils passaient la journée assis à l'ombre. Au coucher du soleil ils soupaientet, lorsque le sol s'était rafraîchi, ils attelaient leurs bœufs et partaient. Le voyage ressemblait à une navigation sur il fallait prendre un pilote du désert et il mela mer caravane à bon port de Tautre côté du désert nait la

du

riz

nuit.

dans leurs chariots

Au

lever

:

par sa connaissance des astres. 12.

«

Dans

marchand traquand il eut fait

cette circonstance notre

versait le déseijt de cette façon. Et

cinquante-neuf lieues,

il

pensa

Maintenant, après

«

:

« encore une nuit de route, nous sortirons du sable

après

et

Le

le

pilote,

souper

il

»,

atteler les voitures et partit.

fit

couché sur des coussins disposés sur

première voiture, regardait

les

la

astres et dirigeait la

marche du convoi. Mais épuisé par le manque de repos pendant cette longue route, il s'endormit et ne remarqua pas que les bœufs tournaient et reprenaient la route

13.

par laquelle la caravane était venue. «

Les bœufs marchèrent toute

approches

de l'aurore,

observé les astres, Arrêtez les voitures s'arrêtait et riots.

Alors

le pilote

s'écria !

»

:

«

Aux

ayant

Arrêtez les voitures

Le jour parut

comme on les hommes

la nuit.

s'éveilla et,

juste

comme

!

on

rangeait en lignes les chas'écrièrent

:

a

Quoi, c'est

le


225

l'évangile du bouddha

«

« ((

même campement que nous avons quitté hier? Notre eau sont entièrement épuisés! Nous

bois et notre

sommes perdusl)) Et ayant déteiéles bœufs

la tente au-dessus de leurs têtes,

étendu

et

se couchèrent

ils

tous désespérés dans leurs voitures. Mais le Bodhisaltva s'étant dit «

manque de courage,

« Si je

:

êtres seront perdus,

ces

explora

»

les

tous

alentours

tandis que le matin était encore frais, et ayant aperçu

une «

touffe de

kousa,

il

pensa

:

Cette herbe ne peut

«

avoir poussé qu'en absorbant un peu de l'eau qui doit

« être

14.

au dessous

Alors

«

». il

commanda

à ses serviteurs d'ap-

porter une bêche et de creuser en cet endroit. Ils creusèrent à soixante coudées de profondeur.

Quand

ils

furent arrivés à cette profondeur la bêche des travailleurs frappa sur

un

rocher, et aussitôt qu'elle

eut

abandonnèrent leur travail désespérés. Mais le Bodhisaltva pensa « Il doit y avoir de l'eau « sous ce rocher «^ et, descendant dans le puits, il monta sur la pierre, se pencha, appliqua son oreille sur elle et éprouva son son. Ayant entendu le bruit de frappé,

ils

:

murmurait en dessous,

l'eau qui

il

appela

sortit et

«

Mon garçon, si tu nous abandonnes maintenant nous sommes tous perdus. Ne faiblis

«

pas. Prends ce

son serviteur

« et

:

«

marteau de

frappe fort sur

15.

«

Le

le

fer,

rocher

descends dans

frappa la pierre,

puits

».

serviteur obéit, quoique tous

rassent désespérés,

le

demeu-

descendit plein de résolution,

et le

rocher se fendant en deux 13.


l'évangile du bouddha

226

n'obstrua plus le courant. Alors l'eau s'éleva jusqu'à ce que son niveau atteignît la hauteur d'un palmier

dans

puits. Ils burent et se baignèrent

le

;

puis

ils

du riz, en mangèrent et en nourrirent les bœufs, et quand le soleil se coucha, ils mirent un poteau dans le puits et allèrent au lieu marqué. Ils y vendirent leurs marchandises avec un bon bénéfice, s'en rétournèrent chez eux, et quand ils moururent ils cuisirent

transmigrèrent suivant leurs actes. Ensuite leBodhi-

donna des présents

sattva

tueuses et

il

et

fit

d'autres actions ver-

transmigra aussi selon ses actes.

»

16. ^ Après toire,

que le Maître eut raconté cette hisun rapprochement en disant comme con-

« Le chef de la caravane était le Bodhisattva, Bouddha futur; le serviteur, qui à cette époque ne

clusion le

fit

il :

désespéra pas, mais brisa la pierre

et

procura de l'eau

à la multitude, était ce frère sans persévérance; et les

autres

hommes

étaient les disciples

LXXIV.

— Le

du Bouddha

».

Bouddha semeur.

—Le riche brahmane

Bhâradvâdja célébrait son grâce pour la moisson lorsque Bienheureux vint, son bol à aumônes à la main,

1.

sacrifice d'actions de le

mendiant sa nourriture. . 2. - Cërtàifts parmi le peuple

lui

témoignaient leur


227

l'évangile du bouddha

respect; mais le

brahmane était en colère et dit « mieux de travaitler que de mendier. Je laboure et je sème, et quand j'ai labouré et semé, je mange. Si tu agissais de même, toi aussi tu aurais de quoi manger». çramana,

te

il

:

siérait

Alors le Tathâgata s'adressa à lui et dit « 3. brahmane, moi aussi je laboure et je sème et ayant labouré et somé, je mange. 4. « Prétends-tu être un laboureur? » répliqua le brahmane. « Alors où sont tes bœufs? Où sont ta semence et ta charrue? » 5. Le Bienheureux dit « La foi est la graine que je sème les bonnes œuvres sont la pluie qui la fertilise; la sagesse et la modestie sont la charrue; :

:

:

mon esprit la loi

;

est la bride qui guide

le zèle est l'aiguillon

mon bœuf de

;

je tiens le

dont je

me

Ce labourage

manche de

sers

;

l'effort

pour de mauvaises herbes l'illusion. La moisson détruire les qu'il produit est la vie immortelle du Nirvana et ainsi est

trait.

est labouré

se terminent toutes les douleurs ». 6.

un «

— Alors

plat

Que

le

le

brahmane versa du

d'or et l'offrit

riz au lait dans au Bienheureux en disant :

Maître de l'humanité daigne accepter cette

part de riz au lait; car le vénérable

un labourage qui porte

le fruit

Gaulama laboure

de l'immortalité

».


l'évangile du bouddha

228

LXXV.

1.

dans

— le

— Le Paria,

Bhagavat demeurait à Çrâvasti

Lorsque

jardin de Djétavana,

il

prit

un jour son bol

à

aumônes pour aller mendier sa nourriture et s'apla maison d'un prêtre brahmane au moment où le feu d'un sacrifice brillait sur Taulel. Alors procha de

le prêtre lui dit

:

«

Reste

sérable çramana; tu es 2.

là,

ô tonsuré

un paria

;

reste là, mi-

».

— Le Bienheureux répliqua

:

« Qu'est-ce

qu'un

paria?

3. « Le paria est l'homme colère et haineux; l'homme méchant et hypocrite^ celui qui s'attache à

l'erreur et pratique la fourberie. 4.

«

Quiconque

est

provocateur

et

avare, a des

désirs coupables, est envieux, méchant, éhonté, et

ne redoute point de commettre

connu pour un paria. « Ce n'est pas 5.

la

péché, doit être re-

le

fait un paria, un brahmane; les le brahmane».

naissance qui

ce n'est pas la naissance qui fait actes font le paria, les actes font


l'évangile du bouddha

LXXVI.

1.

Ananda,

229

— La femme au puits.

le

disciple

préféré

ayant été envoyé en mission par

du Bouddha,

Seigneur, passa

le

à côté d'un puits proche d'un village, et

une jeune de Tçau

krilî,

manda

2.

humble

fille

de la caste Mâlanga^^*,

il

lui

de-

à boire.

Prakritî dit et trop

voyant Pra-

brahmane, je suis trop te donner de l'eau à

«

:

méprisable pour

ne réclame aucun service de moi de peur de souiller ta sainteté, car je suis de basse caste >).

boire,

3.

— Et Ananda répondit

:

«

Je ne

te

demande pas

mais de Teau » ; et le cœur de la jeune Mâtangâ tressaillit joyeusement et elle donna àl)oire à Ananda. 4. Ananda la remercia et s'en fut; mais elle le la caste,

suivit à 5.

quelque distance.

Ayant appris qu'Ananda

Gautama Çâkyamouni,

la

jeune

était

fille

disciple

de

vint trouver le

Seigneur, aies pitié de Bienheureux et pleura « moi, et permets-moi de vivre dans le lieu où habite ton disciple Ananda, afin que je puisse le voir et le :

servir, car j'aime 6.

cœur

Ananda

».

^ Le Bienheureux comprit les et dit

:

Prakrili, ton

cœur

émotions de son

est plein

d'amour,


l'évangile du bouddha

«230

mais tu ne comprends point tes propres sentiments. Ce n'est point Ananda que tu aimes^ mais sa bonté. Reçois donc la bonté que tu l'as vu pratiquer à ton égard

et

dans l'humilité de ta condition exerce-la en-

vers les autres.

7.

«

En

vérité

il

y a un grand mérite dans

générosité d'un roi lorsqu'il est bon envers

mais

il

y a un mérite plus grand encore chez

qui oubliant les

bonté

et la

maux

qu'il souffre, cultive

même

;

l'esclave

en

lui la

bonne volonté pour toute l'humanité.

cessera de haïr ses oppresseurs, et

la

un esclave

Il

incapable

de résister à leur usurpation aura pitié de leur arro-

gance

et

de leur attitude

fière.

Bénie sois-tu, Prakriti, car, bien que tu appartiennes à la caste Mâtanga, tu seras un modèle pour les grands et les nobles dames. Tu es de basse 8.

caste,

Ne

«

mais

l'écarte

Brahmanes recevront de loi une leçon. pas du chemin de justice et de droiture et les

tu brilleras de la gloire royale des reines sur leur

trône »,

LXXVII.

1.

— Le Pacificateur.

— On raconte que deux rois étaient sur

le

point

de se faire la guerre pour la possession d'une digue qu'ils se disputaient,


l'évangile du bouddha

2.

— Et

le

Bouddha voyant

231

les rois et leurs

armées

prêts à combattre, les pria de lui dire la cause de

leur querelle. partis, 3.

il

dit

Ayant entendu

plaintes des

les

Je comprends que cette digue

c(

deux

:

ait

une va-

leur pour quelques-uns de vos sujets; a-t-elle une valeur intrinsèque en dehors du service qu'elle rend à

vos gens?

»

aucune valeur intrinsèque », lui réu Maintenant si vous vous battez il est certain qu'un grand nombre de vos soldats seront tués et vous-mêmes^ ô rois, ne ris4.

« Elle n'a

pondit-on.

Le Tathâgata continua

quez-vous point de perdre la vie? 5.

— Et

ils

répondirent

:

«

En

:

»

vérité

que beaucoup d'hommes seront tués mêmes nous hasarderons nos vies. »

il

et

est certain

que nous-

« Le sang des hommes, dit le Bouddha, 6. donc moins de valeur qu'un talus de terre? » 7.

«

Non, dirent

les rois, la vie des

a-t-il

hommes

et,

par-dessus tout, la vie des rois sont inappréciables.

»

Tathâgata dit comme conclusion « Allez-vous donc hasarder une chose d'une valeur inappréciable contre ce qui n'a aucune valeur intrin8.

sèque? 9.

Alors

le

:

»

— La colère des deux monarques

conclurent un arrangement pacifique.

s'apaisa et

ils


l'évangile du bouddha

232

LXXVIII.

1.

peuple

Il

Le Chien affamé.

y avait alors un grand roi qui opprimait son par ses sujets; cependant quand le

et était haï

Tathâgala vint dans son royaume,

ment

le voir,

de sorte

qu'il se

désira vive-

le roi

rendit au lieu

oii le

Bien-

heureux était assis et lui demanda « ô Çâkyamouni, peux-tu prêcher au roi un sermon qui à la fois diver:

tisse 2.

son esprit

Et

le

et lui soit profitable? »

Bienheureux

parabole du chien affamé

dit

:

«

Je vais

te dire

la

:

y avait une fois un tyran cruel. Le dieu Indra, prenant l'apparence d'un chasseur, des3.

«

Il

cendit sur la terre avec le

sous

la

démon

forme d'un chien d'une

chasseur et

le

JMâlali,

taille

chien entrèrent dans

chien se mit à hurler

si

ce dernier

prodigieuse. Le le

palais,

lugubrement que

le

l'édifice

royal trembla à sa voix sur ses fondations. Le tyran fit

amener

le

chasseur devant son trône et s'enquit de

terrible aboiement. Le chasseur dit Ce chien a faim ». Là-dessus, le roi effrayé ordonna de lui donner à manger. Toute la nourriture préparée pour le festin royal disparut rapidement dans les mâchoires du chien, qui hurlait toujours d'une façon menaçante. On alla chercher un supplément de vivres, la cause de ce

{(

:


233

l'évangile du bouddha

et

tous les greniers royaux

furent vidés, mais en

demanda « N'y donc rien qui puisse satisfaire l'appétit de cette « Rien, répondit le chasseur, rien horrible bête? » la chair « Et peut-être de tous ses ennemis ». sauf

vain. Alors, le tyran se désespéra et

:

a-l-il

tant

ennemis? demanda le tyran avec an« Le chien hurlera Le chasseur répondit qu'il y aura des gens affamés dans le royaume;

ses

ennemis sont ceux qui exercent

qui sont ses

»

goisse.

:

oppriment

les

pauvres

».

l'injustice

et

L'oppresseur du peuple, se

souvenant de ses mauvaises actions, fut saisi de remords, et pour la première fois de sa vie il commença à écouter les leçons de la justice.

4.

Ayant achevé

ce

conte,

le

Bienheureux

s'adressa au roi, qui était devenu pâle, et lui dit 5.

Le Tathâgata peut rendre

«

spirituelles des

grand

hurler, ô

Bouddha monstre

et tu

puissants roi,

si

tu entends

le

chien

pense aux enseignements du

pourras encore apprendre à apaiser

le

».

LXXIX.

;

:

fines les oreilles

Le Despote.

Le roi Brahmadatta vit par hasard une très femme, épouse d'un marchand, et ayant conçu une vive passion pour elle, ordonna de cacher secrè1.

belle


l'évangile du bouddha

234

tement un bijou précieux dans la voiture du marchand. On constata la disparition du joyau, on le chercha et

Le marchand

fut arrêté sous l'inculpasemblant d'écouter avec grande attention sa défense puis avec un feint regret. ordonna la mort du marchand et Tinternement de sa femme

on

trouva.

le

tion de vol; le roi

fit

;

dans

le

harem

royal.

— Brahmadatta résolut de présider en personne

2.

à Texécution, car ces spectacles lui procuraient ha-

bituellement du plaisir; mais lorsque

le

condamné

regarda avec une profonde pilié son infâme juge, un éclair de la sagesse de roi obscurci

Bouddha

éclaira l'esprit

du

par la passion, et lorsque l'exécuteur

leva le glaive pour

le

coup

fatal,

Brahmadatta

sentit

que l'âme du marchand entrait dans son propre être et se figura qu'il se voyait lui-même sur le billot. « Arrête, bourreau cria Brahmadatta, c'est 3.

!

que tu vas tuer » Trop tard, le bourreau avait accompli sa san4. glante besogne. le roi

!

5. Le roi s'évanouit. Quand un changement s'était produit en

il

reprit ses sens,

lui. Il

d'être le despote cruel qu'il avait été et

avait cessé

mena

désor-

mais une vie de sainteté et de droiture.

vous qui commettez des meurtres et des de Mâyâ est sur vos yeux. Si vous pouviez voir les choses comme elles sont et non comme elles semblent être, vous n'infligeriez plus de maux et de douleurs à votre propre âme. Vous ne voyez pas 6.

vols

!

le voile


l'évangile du bouddha

235

que vous aurez à expier vos actes coupables; car ce que vous semez vous le récolterez. ^

LXXX.

1.

Il

Vâsavadattâ,

y avait à Mathourâ

mée Vâsavadattâ.Il

^''^

une courtisane nom-

arriva qu'elle vit Oupagoupta^^^,

du Bouddha, grand et beau jeune pour lui d'un amour violent. Elle homme, envoya au jeune homme une invitation à venir la voir, mais celui-ci répondit « Le temps n'est pas encore venu pour Oupagoupta d'aller voir Vâsavadattâ ». 2. La courtisane étonnée de la réponse l'envoya chercher de nouveau^ en disant « Vâsavadattâ désire l'amour d'Oupagoupta et non son argent ». Mais Oupagoupta fit encore la même réponse énigmatique l'un des disciples

et se prit

:

:

et

ne vint pas.

Quelques mois plus tard Vâsavadattâ avait 3. une intrigue amoureuse avec le chef des artisans. A ce même moment vint à Mathourâ un riche marchand qui s'éprit de Vâsavadattâ. Voyant que celui-ci était fort riche,etredoutantla jalousie de son autre amant, elle résolut la mort du chef des artisans et cacha son corps sous un tas de fumier. 4.

— Mais comme

le

chef des artisans ne reparais-


l'évangile du bouddha

236

sait pas, ses

amis

le

cherchèrent et retrouvèrent son

comparut devant

corps. Vâsavadatlâ, cependant,

juges, fut

condamnée à avoir

les

les oreilles, le nez, les

mains et les pieds coupés; puis dans cet état fut jetée dans un cimetière. Yâsavadattâ avait été une femme passionnée, 5. mais bonne pour ses serviteurs; une de ses servantes la suivit, par amour pour sa maîtresse l'assista dans son agonie et chassa les corbeaux. 6. Alors le temps était arrivé où Oupagoupta

avait décidé d'aller voir Yâsavadattâ.

Quand

7. -

il

cher sous un linge. avec violence

:

«

Il la

salua avec bonté, mais

Jadis ce corps était parfumé

le lotus et je t'ai offert

tais

femme oMonna à membres coupés et de les ca-

arriva, la pauvre

sa servante de réunir ses

mon amour. En

ce

elle dit

comme

temps

j'é-

couverte de perles et de fine mouseline. Mainte-

nant je suis mutilée par dure 8.

pour

de sang

et

«

le

bourreau, couverte d'or-

!

Sœur,

mon plaisir

dit le jeune homme, ce n'est pas que je viens à toi. G*est pour te ren-

dre une beauté plus merveilleuse que les charmes que

tu as perdus.

vu de mes yeux le Talhâgata marcher sur la terre et enseigner aux hommes sa doctrine miraculeuse. Mais tu n'aurais pas écouté les paroles de 9.

« J'ai

vérité lorsque

que tu

tu étais entourée de tentations, lors-

étais sous le

charme de

la

avais soif des plaisirs mondains.

passion et que tu

Tu

n'aurais

point


l'évangile du bouddha

237

écouté les leçons du Talhâgata, car ton

égaré et tu mettais

ta

cœur

était

confiance dans Timposlure de

charmes passagers. « Les charmes d'une forme adorable sont 10. perfides et promptement induisent en des tentations qui ont été trop fortes pour toi. Mais il y a une beauté qui ne se fane point et pour peu que tu prêtes Toreille à la doctrine de notre Seigneur, le Bouddha, tu obtiendras cette paix que tu n'aurais jamais trouvée dans le monde instable des plaisirs coupables. » 11. Vâsavadattâ se calma et une joie spirituelle adoucit les tortures de la douleur corporelle car pour les grandes souffrances il y a aussi de grandes félites

;

cités.

— Elle prit refuge dans

12.

Sangha

et le

et

le Bouddha, le Dharma mourut dans une pieuse résignation

au châtiment de son crime.

LXXXI.

1.

Noces de Djâmboûnadai

y avait à Djâmboûnada^'^ un homme qui deu Si le Boudil pensa Bienheureux^ pouvait assister à mon ma-

Il

vait se marier le lendemain, et

dha, riage 2.

le !

:

»

— Or

le

Bienheureux passant devant sa maison


l'évangile du bouddha

238

rencontra^ et quand

le

son désir silencieux,

— Lorsque

3.

-

il

lut

il

dans

cœur du

le

fiancé

consentit à entrer.

le Saint

parut avec

le

cortège de ses

nombreux bhikchous, l'hôte, qui n'était pas riche, « Que mon les reçut du mieux qu'il put, en disant Seigneur et toute sa congrégation mangent selon leur :

désir

».

— Tandis

que les saints hommes mangeaient, mets et les boissons ne diminuaient point; alors « Quelle merveille est l'hôte pensa en lui-même J'aurais eu abondamment pour tous mes paceci 4.

les

:

!

rents et 5.

mes amis. Que ne

— Tandis que cette

cœur de

l'hôte, tous ses parents et ses

dans sa maison,

et

gèrent, et

il

y eut plus

mirent à table

Ils se

qu'il

bonne humeur^

»

ne

fallait

le

amis entrèrent et

il

y

man-

pour tous.

— Le Bienheureux, satisfait de voir

pleins de

!

bien que la salle fût petite

eut place pour eux tous.

6.

les ai-je invités tous

pensée se formulait dans

tant d'hôtes

les vivifia et les réjouit

avec

des paroles de vérité en proclamant la félicité de la

vertu

:

—«

Le plus grand bonheur qu'un mortel puisse du mariage qui unit deux cœurs qui s'aiment. Mais il est un bonheur plus grand encore c'est la possession de la vérité. La mort séparera l'époux de réponse mais la mort ne séparera 7.

imaginer

est le lien

;

;

jamais celui qui a épousé la vérité. 8. « C'est pourquoi mariez-vous à la vérité et vivez avec la vérité dans une sainte union. Le mari


239

L*ÉVANGILE DU BOUDDHA

qui aime sa

femme

à la vérité

même,

fidèle et

La femme

une union qui

au point de devenir semblable à

pourvoiera à ses besoins.

mariage sera sainteté

leurs

qui aime son mari

soit éternelle, doit lui être

mettra sa confiance en

il

à

alors elle se reposera sur lui, le res-

pectera et le servira. et aspire à

une union qui soit au point d'être semblable

et aspire

éternelle doit lui être fidèle

En et

elle,

il

la vérité

même

l'honorera et

vérité, je

bonheur

;

vous

le

;

il

dis,

leurs enfants

seront semblables à leurs parents, et porteront témoi-

gnage de leur bonheur. « Qu'aucun homme oe 9. demeure seul, que chacun se marie dans un saint amour avec la vérité. Alors, quand Mâra, le destructeur, viendra dissoudre les formes visibles de votre être, vous continuerez à vivre dans la vérité et vous aurez une part de la vie

éternelle, car la vérité est éternelle. »

Il n'y eut personne parmi les assistants qui ne fût affermi dans sa vie spirituelle et ne comprît

iO.

douceur d'une vie de vertu et tous prirent rele Bouddha, dans le Dharma et dans le Sahgha.

la

;

fuge dans

LXXXII.

1

.

—A

la poursuite.

d un voleur

— Ayant envoyé ses disciples en mission,

le

Bien-


l'évangile du bouddha

240

heureux lui-même erra de qu'il arriva à 2.

— Chemin faisant

reposer.

Or

il

en

ville

ville

jusqu'à ce

Ourouvilvâ^'^^ il

dans un bois pour

s'assit

arriva que dans le

même

se

bois se trouvait

une société de trente amis qui se divertissaient avec femmes; et tandis qu'ils s'amusaient une partie

leurs

de leurs biens fut volée. 3.

Alors toute la troupe se mit à

la poursuite

Bienheureux assis sous un arbre, ils le saluèrent en disant « Pardon, Seigneur, avez-vous vu passer les voleurs avec ce qui nous appartient? » 4. Alors le Bienheureux dit « Que vaut-il mieux pour vous, de chercher les voleurs ou de vous chercher vous-mêmes? » Les jeunes gens s'écrièrent Nous chercher nous mêmes! » « Bien, dit le Bienheureux, alors asseyez5. vous et je vais vous prêcher la vérité. » 6. Et toute la société s'assit et écouta avidement les paroles du Bienheureux. Ayant saisi la vérité, ils des voleurs, et rencontrant

le

:

:

:

((

glorifièrent la doctrine et prirent refuge dans le Boud-

dha.

LXXXIII, ^-.Au royaume

1.

— Il était

un brahmane,

d'

Vamarâdja.

homme

religieux et ar


241

l'évangile du bouddua

dent dans ses affections, mais de peu de science; avait

un

fils

il

qui promettait de devenir très intelligent,

mais qui, à l'âge de sept ans, fut atteint d'une maladie

dangereuse

et ngourut.

Le père

de se modérer, se jeta sur

meura gisant comme 2.

le

s'il fût

infortuné, incapable

corps de son

quand

le

père revint à

le

Il

le

lui,

accablé de douleur qu'il se conduisit

sonne insensée.

et de-

mort.

— Les parents vinrent ensevelir

fant mort, et

fils

il

corps de l'enfut tellement

comme une

per-

ne pleurait plus, mais errait dans

voisinage s'informant du chemin conduisant à la

résidence d'Yamarâdja^^^, roi de la mort, afin de lui

demander humblement? que son enfant puisse

être

rendu à la vie. 3. — Étant arrivé à un grand temple brahmanique,

malheureux père accomplit certains rites religieux et s'endormit. Il rêva, et dans son rêve sa marche errante le conduisit à un profond défilé de montagnes où il rencontra plusieurs çramanas en possession de la sagesse suprême. « Bons seigneurs, dit-il, ne pouvez-vous m'enseigner où se trouve la résidence dTamarâdja? » Ils lui demandèrent « Cher ami, pourquoi le

:

as-tu besoin de le savoir ? » Là-dessus triste histoire et

il

leur narra sa

expliqua ses intentions. Prenant pitié

de son erreur^ les çramanas dirent

ne peut pénétrer dans la contrée

oii

« Aucun mortel règne Yamarâdja :

;

mais à environ quatre cents milles d'ici vers l'Occident est une grande cité dans laquelle vivent beaucoup de

bons esprits; chaque huitième jour du mois, 14

Yama


t'ÉVANGILK DU BOUDDHA

242

visite cette ville, et là tu pourras voir celui qui est le

mort

roi de la

haites.

et lui

demander

grâce que tu sou-

la

>/

— Le brahmane heureux de ce qu'il avait entendu

4.

se rendit à la cité et la trouva telle

l'avaient décrite. Il fut

d'Yama,

tée

jardin oriental

de

te 5.

:

que

la

les

çramanas

présence redou-

de la Mort, qui, ayant entendu sa

le roi

requête, lui dit

mené en

«

Ton

il

se divertit; vas-y et

fils

vit

maintenant dans

le

demande-lui

suivre »,

— Tout heureux

demanda

père

le

:

u

Comment

se fait-il que, sans avoir accompli d'actes méritoires,

mon fils vive maintenant dans le paradis? » YamarâHja « H a obtenu le bonheur céleste non par de bonnes actions, mais parce qu'il est mort dans la foi et l'amour du seigneur notre Maître, le très glorieux Bouddha. Le Bouddha a dit Le cœur possédé d'a-

répondit

:

:

mour et de foi

étend,

si

l'on peut s'exprimer ainsi,

une

ombre bienfaisante du monde des hommes au monde des dieux.

— Cette

glorieuse parole est semblable à

l'empreinte du sceau du roi sur un édit royal

».

L'heureux père se rendit en hâte au jardin oriental oii il vit son enfant bien aimé qui jouait avec 6.

d'autres enfants, tous transfigurés par la paix l'existence heureuse de la vie céleste. fils

et s'écria

tu pas,

en pleurant

moi ton père qui

:

«

te

Mon fils

11

ne

de

courut à son

me reconnais-

gardais avec un

si

tendre

soin et qui te soignai dans ta maladie. Reviens avec

moi sur

la terre des vivants. »

Mais l'enfanta tout en


243

l'évangile du bouddha

luttant

pour rejoindre ses compagnons de jeu,

prit de

se

le re-

servir d'expressions aussi étranges

Dans

que

ma condition présente,

celles

de père

dit-il,

je n'entends point de tels mots, car je suis dé-

et

de

fils. «

livré de l'erreur. » 7.

— Alors le brahmane partit. Puis quand

il

s'éveilla

de son rêve il pensa au Maître béni de l'humanité, le grand Bouddha, et résolut d'aller vers lui se décharger de sa peine et chercher une consolation. Etant arrivé au jardin de Djétavana^ le brah8.

mane le

dit

son histoire, comment son

fils

avait refusé de

reconnaître et de revenir avec lui dans sa mai-

son. 9.

-

Alors Celui que

le

Monde honore lui dit « En Quand un homme :

vérité tu t'es illusionné toi-même.

meurt, son corps se résout en ses éléments, mais prit

ne s'enferme pas dans une tombe.

Il

a

l'es-

un genre

de vie plus élevé dans lequel les termes relatifs de

mère n'existent plus, exactement comme un logis ne s'en occupe plus, comme si c'étaient des choses du passé. Les hommes se préoccupent beaucoup de ce qui ne dure pas; mais la fin de l'existence arrive vite semblable à un torrent de feu et emporte en un instant ce qui est transitoire. Les hommes ressemblent à un aveugle qui serait chargé de veiller sur une lampe allumée. Le sage, comprenant la durée passagère des parentés du monde, détruit la cause du chagrin et échappe au brûlant tour-

père,

fils,

l'hôte qui quitte

billon de

la

douleur.

La

science religieuse

élève


^

l'évangile du bouddha

244

l'homme au dessus des plaisirs et des peines du monde et lui donne une paix éternelle. » 10. Le brahmane demanda au Bienheureux la permission d'entrer dans la communauté de ses bhik-1

chous, afin d'acquérir cette sagesse céleste qui seule

peut donner la consolation au cœur

LXXXIV.

1.

Il était

affligé.

— La Graine de moutarde.

une

fois

un homme

riche qui trouva

tout d'un coup son or transformé en charbon;

mit au

lit

et refusa toute nourriture.

appris sa maladie, vint le voir et se

cause de sa peine. Alors l'ami

dit

:

«

il

se

Un

ami, ayant

fit

raconter la

Tu

n'as pas fait

bon usage de ton opulence. Quand tu avais entassé ton or il ne valait pas mieux que du charbon. Maintenant écoute mon conseil. Étends des tapis dans le bazar; empiles-y ce charbon et propose de le vendre ». L'homme riche fit ce que son ami lui avait 2. « Pourquoi dit, et quand ses voisins lui demandèrent « Je mets mes vends-tu du charbon? » il répondit

:

:

biens en vente ».

3. Quelque temps après une jeune fille, nommée Krichâ Gautamî*^^, orpheline et très pauvre, passa par là et voyant Thomme riche dans le bazar, lui dit :


l'évangile du bouddha

Mon

«

245

seigneur, mettez-vous ainsi en vente des piles

d'or et d*argent? »

— Alors l'homme riche dit

Voulez-vous avoir » Krichâ Gautamî prit une poignée de charbon, et voilà que c'était redevenu de l'or. 4.

la

me

bonté de

5.

l'œil

:

«

tendre cet or et cet argent?

— Reconnaissant que Krichâ Gautamî

possédait

mental de

et voyait

connaissance spirituelle

la

valeur réelle des choses, l'homme riche la maria avec son fils en disant « Pour beaucoup de gens, l'or

la

:

ne vaut pas mieux que le charbon^ mais avec Krichâ (jautamî le charbon devient de l'or pur ». 5.

Krichâ Gautamî eut un

mourut. Dans sa douleur tous les voisins, leur

gens disaient

mort '

7.

:

«

elle

fils,

et cet

demandant un remède,

Elle a

enfant

porta l'enfant mort chez

perdu

la raison.

et les

L'enfant est

»

Enfin Krichâ Gautamî rencontra quelqu'un

qui répondit à sa requête

«

:

Je ne puis point te don-

ner de remède pour ton enfant, mais je connais un

médecin qui 8.

le

— Alors

pourra

elle dit

:

».

«

Je t'en conjure, dis-moi, sei-

gneur, qui c'est? » Et l'homme répondit

« Va trouBouddha ». Krichâ Gautamî se rendit auprès du Bouddha

ver Çâkyamouni, 9.

et s'écria

:

le

en pleurant

:

«

Seigneur,, notre Maître^

remède qui guérira mon enfant! » donne-moi — Le Bouddha répondit « Il me faut une poi10. gnée de graines de moutarde ». Et comme dans sa le

:

14.


l'évangile du bouddha

246

femme promettait de s'en procurer, lei « Cette graine de moutarde doiti Bouddha ajouta

joie la jeune

:

provenir d'une maison enfant, 11.

oii

personne

n'ait

un époux, un parent ou un ami pauvre Krichâ Gautamî

— La

maison en maison. Les gens avaient disaient

;

«

perdu uni

».

alla

donc dej

pitié d'elle et]

Voici de la graine de moutarde, prends

Mais quand

« A-t-on perdu,' demandait dans votre famille, un fils ou une tille, un père ou unel mère? », il lui répondaient « Hélas les vivants sont] peu, mais les morts sont nombreux! Ne réveille poinl notre profonde douleur », Et elle ne trouva pas unej seule maison où quelque être bien aimé ne fut mort. Harassée et désespérée, Krichâ Gautamî s'as12. sit au bord du chemin, suivant de l'œil les lumières

la! »

elle

:

!

:

de la cité qui vacillaient puis s'éteignaient. Enfin

l'ombre de

la nuit s'étendit

sur tout. Alors elle songea

à la destinée de l'homme dont la vie vacille et s'éteint, et elle se dit à

dans

ma

douleur!

elle-même

La mort

:

«

Que

je suis égoïste

est le sort

commun

de

Cependant dans cette vallée de désolation, il est un chemin qui conduit à l'immortalité celui qui a banni tont égoïsme ». Rejetant l'égoïsme de son amour pour son 13. enfant, Krichâ Gautamî enterra son cadavre dans la forêt. Puis retournant vers le Bouddha, elle prit refuge en lui et trouva sa consolation dans le Dharma, le baume qui adoucit toutes les peines de nos cœurs tous.

troublés.


l'évangile du bouddha

14.

15.

247

— Alors le Bouddha dit — La vie des mortels sur la terre est troublée, :

«

il n'est aucun moyen pour ceux qui sont nés d'éviter la mort après la vieillesse vient la mort; ainsi le veut la nature des êtres

courte et mêlée de douleur. Car

;

vivants. 16.

— « De

même

que des

danger de tomber, ainsi

les

fruits

mûrs sont

vite

en

mortels dès qu'ils sont

nés sont exposés à la mort. 17.

par

«

De même que

le potier finissent

tous les vases de terre faits

même

par être brisés, de

il

en

est de la vie des mortels.

Les jeunes et les adultes, les fous et les sages, tous tombent au pouvoir de la mort; tous sont soumis à la mort. 19. « Parmi ceux qui, terrassés par la mort, quittent la vie, le père ne peut sauver son fils, ni les 18.

«

parents leurs parents.

« Voyez! tandis que les parents regardent lamentent amèrement, tantôt l'un, tantôt l'autre des mortels est emporté, comme un bœuf que l'on

20.

et se

conduit à l'abattoir. 21.

«

Ainsi

le

monde

est affligé de

mort

et

de

ruine; c'est pourquoi le sage ne se désole point, car il

connaît les lois du monde. 22.

«

La manière dont on pense qu'une chose

périra est souvent différente lorsque la

désappointement lois du monde.

le

est

grand

;

fin arrive, et

voyez, telles sont les


l'évangile du bouddha

248

23.

-

Ce n'est pas en pleurant ni en se désolanl

«

qu'on acquerra la paix de l'esprit; au contraire,

douleur grandira et

malade

et pâle, et

sauvés par

les

le

corps souffrira.

cependant

les

On

-la

se rendra

morts ne sont pas

lamentations.

— Les hommes meurent, après leur mort ré^lé d'après leurs actes. leur destin Qu'un homme vive cent années, ou bien 25. — 24.

«

et

est

«.

moins,

il

faudra toujours qu'il finisse par être séparé

de la compagnie de ses parents et quitte la vie de ce

monde. 26.

« Celui qui

cherche

la

paix doit arracher de

sa blessure la flèche de la lamentation, de la plainte et

du chagrin. 27.

«

Celui qui a arraché la flèche de sa bles-

sure et est devenu calme obtiendra la paix de l'esprit; celui qui a vaincu la douleur sera affranchi de toute

douleur, et sera béni

LXXXV.

i.

Il

».

— Çâripoiitra suit

le

Maître sur

l'eau.

y avait au sud de Çrâvaslî une grande sur le bord de

vière, très profonde et très large,

quelle s'élevait

ri-

la-

un hameau de cinq cents maisons. Ses

habitants n'ayant point encore entendu la bonne nou-


l'évangile du bouddha

249

du salut restaient plongés dans l'erreur de la vanité du monde et des œuvres égoïstes. Songeant au salut des hommes, le Bouddha, 2. que le monde adore, résolut d'aller dans ce village prêcher au peuple. En conséquence, il vint sur le rivage et s'assit sous un arbre, et les villageois, velle

voyant

la gloire

de sa personne, s'approchèrent de lui

avec respect; mais quand crurent pas en 3.

se

il

mit à prêcher

ils

ne

lui.

— Lorsque

le

Bouddha, que

le

monde

adore, eut

quitté Çrâvastî, Çâripoutra^^* conçut le désir de voir le

Seigneur

et

de l'entendre prêcher. Arrivé au bord

de la rivière, dont l'eau était profonde et le courant « Cette rivière ne sera pas un obsil se dit pour moi. J'irai et je verrai le Bienheureux »; marcha sur Teau, s'approcha du Maître et le sa-

violent, tacle et

il

:

lua.

Les gens du village furent surpris de voir Çâripoutra, admirant qu^il eût passé la rivière où il 4.

n'y avait ni pont ni bac, et qu'il eût

pu marcher sur

l'eau sans enfoncer. 5.

— Et Çâripoutra

dit

:

« J'ai

vécu dans Tigno-

rance jusqu'à ce que j'aie entendu la voix du Bouddha.

Parce que lut, j'ai

j'étais

avide d'entendre la doctrine de sa-

traversé la rivière, et

j'ai

pu marcher sur

ses

eaux agitées parce que j'avais la foi. La foi, et rien autre, m'a rendu capable d'agir ainsi, et maintenant je suis dans la félicité de la présence du Maître ». 6.

— Celui

que

le

monde adore

dit ensuite

:

«

Çâ-


l'évangile du bouddha

250

ripoutra, tu as bien parlé.

tienne peut seule sauver

le

Une foi semblable à la monde du gouffre béant

de la transmigration et rendre les

hommes

de passer à pied sec sur l'autre rive

».

7.

Alors

le

capables

Bienheureux démontra aux

villa-

geois la nécessité de marcher toujours de l'avant pour

vaincre la douleur et de se débarrasser de toutes les chaînes afin de traverser la rivière de l'attachement

au

monde et d'obtenir En entendant

8.

la

délivrance de la mort.

les paroles

»

du Tathâgata,

les

villageois furent remplis de joie et se confiant dans les doctrines du Bienheureux embrassèrent les cinq

règles et prirent refuge dans son

— Le

LXXXVI.

1.

— Un

était affligé

Bhikchou malade.

vieux bhikchou, de nature orgueilleuse, d'une maladie répugnante dont la vue

l'odeur étaient lait

nom.

si

et

dégoûtantes que personne ne vou-

l'approcher ou l'assister dans sa détresse. Or,

arriva que Celui que le

hâra où ce pauvre

monde adore

homme

vint dans le

il

vi-

se trouvait; là ayant appris

ordonna de préparer de l'eau chambre du malade soigner de ses propres mains les plaies du patient, en disant à

ce qu'il en était,

chaude

et alla

ses disciples

:

il

dans

la


l'èvangilé du bouddha

2.

«

Le Tathâgata

est

251

venu dans

le

monde

afin

d'assister les pauvres, de secourir les

abandonnés, de

nourrir ceux dont le corps est malade

— qu'ils soient

fidèles

auDharma ou

incroyants

,

de donner la vue

aux aveugles et d'éclairer les esprits de ceux qui sont dans l'erreur, de soutenir les droits des orphelins et des vieillards, et en agissant ainsi de servir d'exemple aux autres. Ceci est la consomma;tion de son œuvre, et ainsi il atteint le grand but de la vie, comme la rivière qui se perd dans l'Océan ». 3. Celui que le monde adore assista chaque jour le bhikchou malade tant qu'il demeura en ce lieu. Or le gouverneur de la cité vint vers le Bouddha pour lui rendre honneur, et ayant entendu parler de l'œuvre que faisait le Seigneur dans le vihâra, il interrogea le Bienheureuxsur les existences antérieures du moine malade» Le Bouddha dit « Jadis vivait un méchant roi qui avait cou4.

:

tume d'extorquer tout ce qu'il pouvait à ses sujets; un jour il ordonna à l'un de ses officiers d'appliquer le fouet à un homme de rang élevé. Peu soucieux de la peine qu'il infligeait à autrui, l'officier obéit; mais comme la victime de la colère du roi demandait grâce, il sentit de la compassion et frappa légèrement. Or le roi

renaquit dans la personne de Dêvadatta qui fut

abandonné par tous ses adhérents parce voulaient plus supporter sa sévérité et

qu'ils

ne

mourut mi-

sérable et plein de remords. L'officier est le bhikchou

malade

qui, ayant

souvent offensé ses frères dans

le


l'évangile du bouddha

252

vihâra fut laissé sans assistance dans

L'homme

de haut rang,

grâce était

le

cependant,

Bodhisattva;

est rené

il

sa détresse.

qui-

demanda

dans

la per-

sonne du Tathâgata. C'est maintenant mon tour d'assister ce malheureux puisqu^il eut pitié de moi ». Alors Celui que le monde adore prononça ces 5.

gâthas « Celui qui fait du mal au faible ou accuse faussement l'innocent sera frappé des dix grandes :

calamités. Mais celui qui a appris à

souiïrir-

avec pa-

tience sera purifié et sera Tinstrument choisi pour

l'allégement de la souffrance 6.

».

— Le bhikchou malade ayant entendu ces paroles

se tourna vers le

Bouddha, confessa

la

mauvaise na-

ture de son caractère, se repentit et le

cœur

purifié

du péché rendit hommage au Seigneur.

LES DERNIERS JOURS

LXXXVIL 1.

Dans

le

— Conditions de prospérité. temps où

le

Bienheureux

près de Râdjagrihâ, sur la montagne

\

résidait

nommée

le

Pic du Vautour, Adjâtaçâtrou^^^ qui avait succédé à Bimbisâra comme roi de Magadha, méditait une agression contre les Vridjis et dit à Varchakâra, son pre-


l'évangile du bouddha

mier ministre si

Je veux faire disparaître les Vridjis,

«

:

253

puissants qu'ils soient. Je veux détruire les Vridjis, ruiner. entièrement! Viens, maintenant, ô brah-

et les

mane^ va vers

nom

le

bien ce que

Béni dira

le

mon

Bienheureux, informe-toi en

de sa santé et dis-lui

mon me

dessin. Rappelle-toi

afin de

car les

le répéter,

Bouddhas ne disent rien qui ne soit la vérité ». 2. Lorsque Varchakâra, le premier ministre, eut salué le Bienheureux et se fut acquitté de son mes-

sage, le vénérable

heureux entendu

Ananda

et l'éventa, et le

se plaça derrière le Bien-

Seigneur lui

Ananda, que

dire,

réunions publiques, complètes 3.

Seigneur^ je

«

l'ai

dit

«

:

As-tu

les Vridjis tiennent des et

fréquentes?

entendu dire

»,

répondit

Ananda. 4.

«

Aussi longtemps^ Ananda,

les Vridjis

dit le Béni,

tiendront ces assemblées publiques

plètes et fréquentes,

on peut compter

qu'ils

que

com-

ne décline-

ront point, mais qu'ils prospéreront. Aussi longtemps

longtemps qu'ils honoreront longtemps qu'ils respecteront les

qu'ils s'entendront, aussi

leurs anciens, aussi

femmes, tant les rites

saints

qu'ils resteront religieux et célébreront

convenables, tant qu'ils •étendront sur les

hommes une

juste protection, les défendront et

subviendront à leurs besoins, on peut compter que les Vridjis

ne déclineront points mais qu'ils prospé-

reront. » 5.

kâra

— Alors lui dit

:

le «

Bienheureux s'adressant à Varchabrahmane, à l'époque où je demeu15


l'évangile du bouddha

254

rais à Vaiçâlî, j'ai enseigné

tions

aux Vridjis ces condi-

de prospérité, que tant qu'ils seraient bien

instruits, tant qu'ils suivraient le droit qu'ils se

chemin, tant

conformeraient aux préceptes de la justice,

on pouvait compter qu'ils ne déclineraient point, mais au contraire qu'ils prospéreraient ». Aussitôt que le messager du roi fut parli, le 6. Bienheureux fit assembler dans la salle de prière les frères qui résidaient dans les environs de Râdjagrihâ

et leur parla, disant 7.

«

:

Je veux vous apprendre, ô bhikchous,

conditions de

la

prospérité d'une

les

communauté. Écou-

tez-moi attentivement, je vais parler. 8.

«

Aussi longtemps, ô bhikchous, que les frères

tiennent des assemblées complètes et fréquentes, se

réunissent d'accord, se lèvent d'accord et s'occupent d*accord des affaires du Sangha, aussi longtemps, ô

que l'expérience a prouvé être bon, et qu'ils n'introduiront que les réformes qui auront été soigneusement éprouvées, aussi longtemps que leurs anciens pratiqueront la justice, aussi longtemps que les frères estimeront, vénéreront et sotiliendront leurs anciens, et écouteront leur voix, aussi longtemps que les frères ne sefrères, qu'ils n'abrégeront pas ce

ront

point

sous

l'influence

de

l'attachement

(au

monde), mais se délecteront dans les bénédictions de la religion,

de sorte que les

hommes

de bien

et saints

viennent à eux et demeurent avec eux en paix, aussi longtemps que les frères ne s'adonneront point à l'in-


255

l'évangile du bouddha

dolence et à la paresse, aussi longtemps qu'ils s'exerreront dans la septuple sagesse suprême de l'activité

mentale, recherche de la vérité, énergie, satisfaction,

modestie, empii-e sur soi-même, contemplation pro-

fonde et égalité d'esprit, aussi longtemps on pourra

compter que

Sangha ne déclinera

le

point,

mais

qu'il

prospérera. 9.

de

foi,

pourquoi, ô bhikchous, soyez remplis

a C'est

modestes de cœur, éloignés du péché, avides

d'apprendre, forts en énergie, actifs d*esprit, et plis

de sagesse

LXXXVIII.

1.

— Dans

le

rem-

».

temps où

au Pic du Vautour,

il

Droite conduite.

Bienheureux demeurait

le

eut un grand entretien religieux

avec les frères sur la nature de la conduite droite, et il

prononça

le

même sermon

dans un grand nombre

de lieux par toute la contrée. 2. 3.

— Le Bienheureux — Grand est le

«

dit

:

fruit,

grand

d'une ardente contemplation quand

est l'avantage

elle est

complétée

par une conduite droite. 4.

((

Grand est quand

l'intelligence,

templation ardente.

le fruits

grand

elle est

complétée par une con-

est l'avantage de


L'ÉVANGrLE DU BOUDDHA

^56

5.

((

L'esprit complété par l'intelligence est af-

grands

des

franchi

goïsme, de l'erreur

maux

et de l'ignorance ».

LXXXIX.

— Lorsque

1.

de la sensualité, de Vé-

le

Pâtalipoutra.

Bienheureux eut résidé

convenait à Nâlandâ,

qu'il lui

il

le

tempî

alla à Pâtalipoutra

ville frontière

de Magadha,

habitaient à

Pâtalipoutra apprirent son arrivée,

et

quand

^^'l

les disciples quj '\\i

Finvitèrent à venir dans leur maison de repos situé(

dans un village. Alors alla il

le

Béni se

vêtit, prit

son bol

avec les frères à la maison de repos. Arrivé

el

là,

lava ses pieds, entra dans la salle et s'assit contre central, la face tournée vers l'Orient. Les

le pilier

frères aussi, après avoir lavé leurs pieds, entrèrent

dans

la salle et prirent place

contre

Puis

le

les

mur

autour du Bienheureux,

occidental et regardant vers FOrienL

dévots laïques de Pâtalipoutra, ayant égale-

ment lavé

leurs pieds, pénétrèrent dans là salle et

s'assirent devant le Béni, le long

du mur oriental

et

faisant face à l'Occident. 2.

— Alors

le

Bienheureux s'adressa aux

laïques de Pâtalipoutra et leur dit 3.

« Elle est quintuple,

disciples

:

ô maîtres de maisoni


l'évangile du bouddha

257

mécréant par son manque de mécréant, dépourvu de droiture, tombe par paresse dans une grande pauen second lieu, sa mauvaise réputation s'évreté bruite au dehors; en troisième lieu, en quelque société qu'il se présente, compagnie de brahmanes, de nobles,, de chefs de maison, ou de çramanas, il entre timidement et avec confusion; en quatrième lieu, il est plein d'angoisse quand il meurt et enfin, lorsque son corps se dissout après la mort, son esprit reste dans une condition malheureuse. En quelque lieu que son karma continue, il y trouvera la souffrance et le malheur. Telle est ô maîtres de maison,

la perte

que supporte En premier

droiture.

le

lieu, le

;

;

la

quintuple perle de celui qui 4.

«

Il

fait le

mal

!

est quintuple, ô maîtres de

maison,

le

l'homme de bien en observant la droiEn premier lieu, l'homme de bien, ferme dans

gain que ture.

fait

la droiture,

acquiert la richesse par son industrie; de

bons renseignements sur en troisième

lieu,

lui se

répandent au dehors;

dans quelque société qu'il se pré-

compagnie de brahmanes, de nobles, de chefs de maison, ou de membres de l'ordre, il entre avec confiance et sûr de lui en quatrième lieu, il meurt sans inquiétude; et, enfin, lors de la dissolution du corps, après la mort, 'son esprit demeure dans un état sente,

;

heureux. En quelque lieu que son karma continue, il y trouvera une félicité céleste et la paix. Tel est, ô maîtres de maison, le quintuple gain de l'homme de bien

»,


l'évangile du bouddha

258

5.

— Lorsque le Bienheureux

eut instruit, excité,!

exalté et réjoui ses disciples très avant dans la nuit]

par l'édification religieuse, «

La

est

renvoya en disant

les

il

maîtres de maison

nuit est presque temps que vous fassiez ce que vous jugerez finie^ ô

il]

;

le plusj

convenable. 6.

a

Ainsi

soit-il,

Seigneur!

répondirent

»

les^

disciples de Pâtalipoulra, et se levant de leurs sièges! ils

s^inclinèrent devant le Béni; puis le tenant à leui

droite ils défilèrent devant lui et ensuite se retirèrent. 7.

— Dans

temps

le

oii le

à Pâtalipoutra, le roi de

Bienheureux demeurait!

Magadha envoya un mes-|

sager au gouverneur de cette ville lui ordonnant

d'é-

lever des fortifications pour la sécurité de la cité^ 8.

— Et

le

Bienheureux, voyant

les travailleurs à]

l'ouvrage prédit la grandeur future delà ville, disant «

Les hommes qui construisent

comme

s'ils

:!

la forteresse agissent]

étaient conseillés par les puissances su-j

prèmes. Car cette dence d'hommes

cité de Pâtalipoutra sera la résiactifs et

un centre d'échange pour]

toutes sortes de marchandises. Mais trois dangers laf

menacent,

le

nondation

et celui

9.

danger de l'incendie,

— Quand

le

de la dissension

le

danger de

gouverneur entendit parler de

prophétie concernant l'avenir de Pâtalipoutra, eut une grande joie, et donna le

Gautama Bouddha

»

à

la

Ti-j

».

nom

de

porte de la cité par

«

il

la^

en

Porte de

laquelle

le

avait passé pour aller au fleuve du Gange.


l'évangile du bouddha

10.

Cependant

bords du Gange

gens qui vivaient sur

les

arrivèrent en

eux le

demandèrent de leur

fleuve sur leurs

ayant observé

le

les

pour rendre beaucoup d'entre

foule

hommage au Seigneur du monde, lui

259

et

faire l'honneur de passer

bateaux. Mais

Bienheureux,

le

nombre des bateaux

et leur

beauté,

ne voulut montrer aucune partialité et en acceptant de l'un offenser tous les autres. C'est

l'invitation

pourquoi

il

traversa

le

fleuve

sans aucun bateau^

voulant exprimer par là que les radeaux de l'ascélisme et les

fastueuses gondoles des cérémonies religieuses

ne sont pas assez solides pour résister aux tempêtes

du Samsara^ tandis que

de l'océan

la

barque de la

sagesse est le vaisseau le plus sûr pour atteindre

11.

— Et de même que nom du

appelée du

nomma ce

j

1.

la porte

«

— La Foi

Le Bienheureux

foule de frères à

de la cité avait

Talhâgata, de

point du fleuve

XC.

,

le

du Nirvana.

rivage

même

le

Gué de Gautama

été"

peuple ».

de Châripoutra.

se rendit avec

Nâlanda,

et là

il

une grande

s'arrêta dans

un

bois de manguiers. 2. j

— Or,

jetait le

le

vénérable Çâripoutra vint au lieu où

Bienheureux

;

puis Tayant salué,

il

prit res-


l'évangile du bouddha

260

pectueusement place à ses côlés et dit « Seigneui si grande est la foi que j'ai dans le Bienheureux qu' mon avis il n'a jamais été, n'est, ni ne sera personnj autre de plus grand ou de plus sage que le Bienhei reux, je veux dire, en ce qui concerne la sagesj :

suprême ». Le Bienheureux répondit 3.

:

«

Grandes etaudj

cieuses sont les paroles de ta bouche, ô Çâripoutn

en vérité, tu as éclaté en un chant d'extase! Aloi

sûrement tu as connu tous les Bienheureux qui, dai âges lointains du passé, ont été de sainj

les

Bouddhas? 4. 5.

— Non, Seigneur! — pt Seigneur reprit «

»,

le

dit Çâripoutra. :

«

Alors tu as apen

tous les Bienheureux qui, dans les temps éloignés l'avenir, seront 6.

7.

— —

connais

«

de saints Bouddhas?

Non, Seigneur! Mais alors, ô Çâripoutra, au moins tu

«

comme

étant le saint

vivant, et tu as pénétré dans

— 9. — 8.

«

Pas

Tu

même

cela, ô

Bouddha actuellemei

mon

esprit.

Seigneur!

que tu ne coi nais les cœurs ni des saints Bouddhas du passé, de ceux de l'avenir. Pourquoi donc tes paroles son| elles si grandes et si téméraires? Pourquoi éclatesen un tel chant d'extase? Seigneur jene connais point les cœurs 40. « «

vois donc, Çâripoutra,

!

des Bouddhas qui ont été, qui seront, et qui sont

maintenant. Je connais seulement l'origine de

la foi.

à


l'évangile du bouddha

De même, Seigneur, qu'un

roi pourrait

261

posséder uen

en ses fondations, forte en ses

ville frontière, solide

remparts, ayant seulement une porte unique; que roi pourrait avoir là

un gardien habile, expert

le

et sage,

pour arrêter tous les étrangers et ne laisser entrer que les amis mais celui-ci, en parcourant les ouvrages ;

avancés tout autour de

la cité, pourrait

ne pas être

capable de remarquer toutes les fentes et les crevasses des remparts de cette cité de façon à savoir

par

oia

pourrait sortir une petite créature,

Cela pourrait bien être.

chat.

êtres vivants de plus

grande

telle

qu'un

Cependant tous

taille

les

qui entreraient ou

sortiraient seraient obligés de passer par la porte. C'est de cette

manière seulement. Seigneur, que je foi. Je sais que les saints

connais l'origine de la

Bouddhas du temps passé ont dépouillé toute luxure, tous mauvais sentiments, la paresse, l'orgueil et le doute; qu'ils ont connu toutes les fautes mentales qui

rendent les

hommes

faibles,

qu'ils ont exercé

aux cinq genres d'activité mentale, qu'ils adonnés aux sept formes de la profondément se sont sagesse suprême, et qu'ils ont obtenu la pleine jouissance de l'Illumination. Je sais que les saints Boud-

leurs esprits

dhas des temps à venir agiront de même, et je sais

Bouddha du temps même.

aussi que le Bienheureux, le saint

présent a actuellement agi de 12. dit le

('

Ta

foi

est

grande, ô Çâripoutra, répon-

Bienheureux, mais prends garde qu'elle

solidement fondée

». 15.

soit


l'évangile du bouddha

262

XGI.

1.

— Le

— Le Miroir de

Vérité,

Bienheureux se rendit au village de Nâ-

dika avec une grande suite de frères, et là

il

s'arrêta

au château de Briques. Alors le vénérable Ananda vint vers le Béni et lui citant les noms des frères et des sœurs qui étaient morts, il s'enquit anxieusement de leur sort après leur décès,

s'ils

étaient renés dans

des corps d'animaux, ou dans l'enfer, ou

comme

fan-

tômes, ou bien dans quelque lieu de malheur. 2.

3.

— Et Bienheureux répondit à Ananda — Ceux qui sont morts après la destruction et dit

le

complète des trois liens de et

:

«

la

luxure, de la convoitise

de l'attachement égoïste à l'existence, n'ont point

besoin do redouter

l'état

qui suit la mort.

Ils

ne renaî-

tront point dans une condition de souffrance; leurs esprits ne continueront point

comme un karma

mauvaises actions ou de péché, mais du salut final. 4.

«

Quant

ils

ils

de

sont assurés

meurent^ rien ne reste d'eux que

leurs bonnes pensées,

leurs actes de justice, et le

bonheur qui résulte de la vérité et de la justice. De même que les rivières doivent à la fin atteindre Tocéan éloigné, ainsi leurs esprits renaîtront dans les condi-

tions les plus élevées de l'existence et continueront


l'évangile du bouddha

à hâter leur

marche vers

le

but

263

qui est l'océan

final

de vérité, la paix éternelle du Nirvana. 3.

— « Les

hommes

de leur sort après la traordinaire,

Quoi

Ananda, à ce qu*un

en

qu'il

préoccupent de la mort et mort; mais il n'y a rien d'exse

soit, ce

être

humain meure.

qui est péniblepoiir

le

Tathâ-

que toi, Ananda, tu t'informes d'eux et qu'ayant entendu la vérité tu sois inquiet de la mort. C'est pourquoi je vais t'enseigner le Miroir de Vérité « L'enfer n'existe plus pour moi, ainsi que 6. la renaissance en animal, en fantôme, ou dans quelque condition malheureuse. Je suis transformé; je ne suis plus exposé à renaître dans un état de gala, c'est

:

souffrance, et je suis assuré de la délivrance finale. 7.

((

Qu'est-ce donc, Ananda, que ce Miroir de

Vérité? C'est

la

conscience qu'a

le disciple

élu d'être

en ce monde possédé de foi dans le Bouddha, en croyant que le Bienheureux est le Saint, l'Enlièrement éclairé, le Sage, le Juste, l'Heureux, qu'il con-

monde,

naît le

qu'il est le

Suprême,

le

Conducteur

hommes, le Maître des dieux Bouddha béni.

des cœurs égarés des et

des 8.

hommes, le « De plus c'est

la

en

conscience qu'a

d'être

possédé de

vérité

a été proclamée par le

foi

la vérité,

le disciple

en croyant que la

Bienheureux pour

le

bien du monde, qu'elle ne passera pas, qu'elle est accueillante pour tous, qu'elle

mène

à la délivrance,

à laquelle les sages parviendront grâce à la vérité,

chacun par ses propres

efforts.


l'évangile du bouddha

264

9.

d'être

«

Enfin, c'est la conscience qu'a le disciple

possédé de

ficacité

dans l'ordre, en croyant en Tel

foi

d'une union entre ces

qui aspirent à marcher dans

hommes la

et ces

femmes

voie excellente au;

huit chemins, en croyant que cette église du Bouddha et des justes, droite, juste, asile de la loi, est dign<

d'hospitalité,

de respect, qu'elle est le

de

dons,

champ suprême ensemensé de

pour rhumanité; qu'elle possède rissent

dieux,

les

de vénération

vertus

les vertus

entières,

mérite^

que chéj

intactes,

sanj

taches, sans reproches, vertus qui affranchissent

hommes, vertus qui sont

lej

glorifiées par les sages, qui

ne sont point ternies par les désirs de Tégoïsme n] pour maintenant ni pour une vie future, ou par h croyance en l'efficacité des actes antérieurs, et quj conduisent à 10. le

«

chemin

commun possède

la

haute

et sainte

pensée.

Ceci est le Miroir de Vérité enseignani

le

plus direct de la lumière qui est le bu|

do toutes les créatures vivantes. Celui quj

le

Miroir de Vérité est affranchi de la crainlej

sera soutenu dans les tribulations de l'existence,

sa vie

sera

une bénédiction pour tous

el

les autres

êtres. »

XCII.

1.

Alors

le

— Ambapâlî.

Béni se dirigea vers Vaiçâlî,

av(


l'évangile du bouddha

une nombreuse suite de frères,

el

il

265

s'arrêta au bosquet

de la courtisane Ambapâlî^^*. Alors

il

dit

aux

frères

:

Un frère, ôbhikchous, doit être diligent et attentif. Un frère, quand il est dans le monde, doit vaincre la «

douleur que produisent l'attachement corporel,

la

luxure des sens et les erreurs d'un raisonnement faux.

Quoi que vous fassiez agissez toujours avec une comSoyez attentifs en mangeant, en buvant, que vous vous promeniez ou que vous demeuriez en place, en dormant ou en vous éveillant, plète présence d'esprit.

en parlant ou en restant silencieux.

— Or

2.

la courtisane

»

Ambapâlî ayant appris Tar-

du Bienheureux et qu^il s'était arrêté dans son bosquet de manguiers, alla en voiture aussi loin que les voitures pouvaient passer et là elle mit pied à rivée

terre.

Puis s'étant rendue à pied au lieu où se trou-

vait le

Bienheureux,

elle

son côté. Ainsi qu'une

s'assit

femme

respectueusement à

réservée qui sort pour

accomplir ses devoirs religieux, ainsi

elle

un vêtement simple sans aucune parure, dant

elle était

— Alors

parut dans et

cepen-

merveilleuse à voir.

Bienheureux pensa « Cette femme se du monde elle est la favorite des rois et des princes; cependant son cœur est calme et tranquille. Jeune d'années, riche, entourée de plaisir, 3.

meut dans les

le

:

cercles

elle est réfléchie et

dans

le

;

ferme. Gela est rare, en vérité,

monde. Les femmes en général, sont peu pour-

vues de sagesse

et

plongées dans la vanité; mais

bien que vivant dans

le luxe,

elle,

a acquis la sagesse d'un


l'évangile du bouddha

266

maître, trouve son plaisir dans la piété et est capable

de recevoir la vérité dans sa plénitude

4.

Lorsqu'elle se fut assise

l'instruisit, Téveilla et la réjouit

le

,

».

Bienheureux

par ses discours

reli-

gieux.

— Tandis qu'elle écoutait

5. lait

son visage

la loi,

de plaisir. Alors elle se leva et

au Béni

dit

:

bril«

Le

Beinheureux daignera-t-il me faire l'honneur de prendre demain son repas dans ma maison avec tous les frères »?Et le Bienheureux, par son silence, donna son consentement.

6.

Or

les Litchavis**^, famille

princière, ayant appris que le

opulente de race

Bienheureux était arrivé

demeurait dans le bosquet d'Ambapâli, montèrent sur leurs magnifiques voitures et se ren-

à Vaiçâlî et

à la place où était le Béni. Les Litchavis étaient somptueusement vêtus en coudirent avec leur suite

leurs brillantes et parés de bijoux précieux.

7. Ambapâlî poussa son char contre ceux des jeunes Litchavis, essieu contre essieu, roue contre roue et joug contre joug, et les Litchavis dirent à .

Ambapâlî,

la courtisane

:

«

Comment

se fait-il,

Am-

bapâlî, que tu diriges ainsi ta voiture contre nous?

Mes Seigneurs,

dit-elle, je

viens à l'instant

d'inviter le

Bienheureux

et ses frères

pour leur repas

de demain

».

8.

«

9. Les princes répondirent « Ambapâlî! cèdenous ce repas pour cent mille (pièces d'or).

10.

:

«

Mes Seigneurs,

m'offririez

vous Vaiçâlî


l'évangile du bouddha

avec

tout entière

11.

qui en dépend, grand honneur! »

le territoire

un

vous céderais pas

267

si

— Alors les Litchavis

ne

je

continuèrent leur route

vers le bosquet d'Ambapâlî. 12.

— Quand

Litchavis,

le

Bienheureux

vit

de loin arriver les

s'adressa aux frères et dit

il

:

«

bhik-

chous^ que ceux des frères qui n'ont jamais vu

les

dieux regardent cette troupe des Litchavis, car

ils

sontvêlus aussi somptueusement que des immortels 13.

Quand

ils

furent allés aussi loin que

terrain était praticable

aux voitures,

les

».

le

Litchavis

descendirent, vinrent à pied au lieu où était le Bien-

heureux et s'assirent respectueusement à côtéde lui. Et quand ils se furent assis ainsi, le Bienheureux les instruisit, les

éveilla et les réjouit par ses discours

religieux. 14. «

— Alors

ils

parlèrent au Bienheureux et dirent

:

Le Béni daignera-t-il prendre demain son repas,

avec les frères, dans notre palais? 15.

—«

Litchavis, dit le Bienheureux, j'ai pro-

mis de dîner demain chez Ambapâlî, 16.

Alors les Litchavis,

la

courtisane

ayant exprimé

».

leur

approbation des paroles du Bienheureux, se levèrent de leurs sièges, se prosternèrent devant

le

tenant à leur droite en passant devant lui

ils

Béni

et le

partirent

mais quand ils furent arrivés chez eux ils levèrent leurs mains au ciel, en disant « Une femme mondaine l'a emporté sur nous; nous avons été dede ce lieu

;

:

vancé» par une

fille

frivole

!

»


l'évangile du bouddha

268

—A

17.

la fin

de la nuit, Ambapâlî,'la courtisane*

maison du riz sucré et des gâteaux, et envoya un messager annoncer au Bienheureux que « L'heure est sonnée, c'était le moment, en disant fit préparer dans sa

:

Seigneur;

18.

dans

la

repas est prêt! »

le

Le Bienheureux

matinée, prit son bol

lieu oii se trouvait la

furent arrivés,

ils

se vêtit de

ils

et vint

avec

bonne heure les frères

maison d'Ambapâlî;

au

quand

et

s'assirent sur lessièges préparés

pour eux. Alors Ambapâlî, la courtisane, plaça le riz sucré et les gâteaux devant les moines, le Bouddha étant à leur tête, et les servit jusqu'à ce qu'ils refu-

sassent de 19.

manger davantage.

— Ensuite quand

pas, la courtisane

fit

le

Bienheureux eut

fini

à son côté, puis elle s'adressa au Béni, et dit

maison à

gneur,

j'offre

dont

Bouddhaest chef

le

le

cette

son

apporter un tabouret bas et

Et

».

il

u

Sei-

l'ordre des bhikchous le

Bienheureux accepta

don; puis après Tavoir instruite, éveillée

par l'édification religieuse,

:

re-

s'assit

et réjouie

se leva de son siège et

partit de ce lieu.

XCUI.

\

.

— Sermon d adieu du Bouddha.

— Après que

temps

qu'il

le

Bienheureux

voulut dans

le

fut resté aussi long-

bosquet d'Ambapâlî,

il

alla


L EVANGILE DU

BOUDDHA

à Vênouvana^^^, près de Vaiçâlî.

parla aux frères et leur dit

mendiants, prenez

:

«

Bienheureux

le

votre résidence pour la saison pluvieuse

de Vaiçâlî chacun suivant ses

amis

et ses proches.

Vênouvana

pluies ici à 2.

— Comme

le lieu

*^^

ici

Je commencerai la saison des ».

Bienheureux commençait

le

autour

où peuvent demeurer

ainsi la

saison des pluies, une grave maladie fondit sur lui et il

douleurs cuisantes presque jusqu'à

souffrit des

mourir. Mais

le

Bienheureux, plein de résolution

et

maître de lui-même, les supporta sans se plaindre. 3.

reux

— Alors :

« Il

cette

pensée se présenta au Bienheu-

ne serait pas convenable pour moi que je

aux disciples, sans avoir pris congé de Tordre. Faisons donc un puissant effort de volonté pour vaincre encore cette maladie et me ressaisir à la vie jusqu'à ce que le temps fixé soit sortisse de la vie sans avoir parlé

venu 4.

».

— Et le Bienheureux par

un énergique

effort

de

volonté vainquant la maladie se ressaisit jusqu'à ce

que vînt minua.

le

temps

fixé

par

le destin.

Et

la

maladie

di-

le Bienheureux commença à guérir; et complètement délivré de la maladie, il sortit du monastère et s'assit sur un siège préparé en plein air. Alors le vénérable Ananda, acccompagné de beaucoup d'autres disciples, s'approcha de la place où le Bienheureux se trouvait, et s'étant assis 5.

quand

Ainsi

il

fut

respectueusement à son côté,

dit

:

« J'ai

vu, Seigneur,


l'évangile du bouddha

270

que le Béni est en bonne santé el j'ai vu combien le Bienheureux a souffert. Et quoique à la vue de la maladie du Bienheureux mon corps fût devenu faible comme une plante grimpante, que l'horizon fût devenu sombre pour moi, et que mes facultés fussent obscurcies,

néanmoins

je pris

rage à

pensée que

le

sortir

cependant un peu de couBienheureux ne voudrait point de l'existence avant d'avoir au moins laissé des la

instructions relativement à l'ordre 6.

Donc

le

l'ordre tout entier et dit 7.

moi?

Qu'est-ce,

«

J'ai

prêché

».

Bienheureux parla àAnandapour :

Ananda, que

la vérité

l'ordre attend de

sans faire aucune distinction

entre la doctrine exolérique et la doctrine ésotérique; car par respect pour la vérité, Ananda, le Tathâgata n'a rien qui ressemble Si\ïpoi?ig /er/wc d'un maître qui

cache quelque chose, 8.

«

Certainement, Amanda,

confrérie », ou «

s'il

était

quelqu'un

moi qui conduirai la L'ordre repo&e sur moi», il devrait

qui nourrît cette pensée,

«

C'est

donner des instructions pour tout ce qui concerne l'ordre. Or le Tathâgata, Ananda, ne pense point que c'est lui qui doit conduire la confrérie, ou que l'ordre est dans sa dépendance. « Alors, pourquoi le Tathâgata laisseraît-il 9. des instructions sur quelque sujet concernant l'or-

dre? 10.

Ananda,

et

«

Je

suis

devenu vieux, maintenant, ô mon voyage touche à sa

chargé d'années

;


l'évangile du bouddha

271

de mes jours; je vais avoir

fin; j'ai atteint la totalité

quatre-vingts ans. 11.

«

De même qu'un

qu'avec beaucoup

chariot usé n'avance plus

de difficulté, ainsi

le corps du Tathâgata ne se soutient plus qu'avec beaucoup de

soins nouveaux. 12.

«

C'est

seulement,

Ananda, quand

le

Tathâgata, cessant de s'occuper d'aucune chose extérieure, se plonge dans cette

cœur qui ne

ardente méditation de

aucun objet corporel, c'est corps du Tathâgata est à

se rapporte à

seulement alors que

le

l'aise.

« C'est pourquoi, ô Ananda, soyez des 13. lampes pour vous-mêmes. Reposez-vous sur vousmêmes et ne vous reposez pas sur quelque assistance

extérieure. 14.

«

Attachez-vous ferme à

lampe. Cherchez

la

la vérité

pour votre

délivrance dans la vérité seule-

ment. Ne demandez assistance à personne autre que

vous-mêmes.

Etcomment, Ananda, un frère peut-il être 15. une lampe pour lui-même, ne se reposer que sur lui seul et non sur une assistance extérieure, en tenant ferme

ce

la vérité

comme

sa lampe, et en cherchant le

salut dans la vérité seule, sans

demander assistance

à

personne autre que lui-même? 16.

habite

Pour cela, Ananda, que le frère, puisqu'il dans un corps, considère ce corps de telle façon «

qu'étant énergique, attentif et résolu

il

puisse, tandis


l'évangile du bouddha

272

qu'il vit

dans

le

monde, vaincre

la

douleur qui résulte

des désirs |du corps. l7. qu'il

«

Tandis

qu'il est

soumis aux sensations,

continue à considérer les sensations de manière

que^ étant énergique, attentif et résolu,

monde, vaincre

la

il puisse, en ce douleur qui résulte des sensations.

« Et de même, aussi, quand il pense ou raisonne ou sent, qu'il considère ses pensées de façon

48.

que, étant énergique, attentif, et résolu, ce

monde, vaincre

la

il puisse, en douleur qui résulte du désir

ou des idées, du raisonnement ou du sentiment. « Ceux qui, maintenant oii après ma mort, 19. seront une lampe pour eux-mêmes, comptant sur eux-

mêmes seulement

et

ne se reposant point sur quelque

assistance extérieure, maiss'attachant à la vérité pour

lampe et cherchant leur salut dans la vérité seule, no demanderont Tassistance de personne autre que d'euxmêmes, ce sont ceux-là, Ananda, parmi mes bhikchous, qui atteindront la véritable élévation sublime.

Mais

ils

doivent être avides d'apprendre.

XGIV.

1.

Le Bouddha annonce

— Le Tathâgata

Mârai88j le méchant,

Bouddha

dit à

Ananda

approcha

afin de le tenter.

:

«

trois

»

sa mort.

Jadis, fois

Ananda, du saint


'

2.

Mâra

mon

Lorsque

«

273

l'évangile du bouddha

Bodhisattva quitta

le

était à la porte et Tai-rêta

:

Ne

«

palais,

le

pars point, ô

Seigneur, s'écria Mâra, dans sept jours, à partir

d'aujourd'hui, la roue de l'empire apparaîtra et te

deux

fera le souverain des quatre continents et des

mille îles adjacentes. Reste, donc, 3.

la

Le Bodhisattva répondit

«

»

« Je sais bien que

l'empire apparaîtra

n'est pas la

veux devenir un Bouddha 4.

SeigneurI

pour moi mais ce royauté souveraine que j'ambitionne. Je

roue de

monde

:

mon

;

et faire

crier de joie le

Ananda,

le

entier.

Une seconde

«

fois,

pervers s'ap-

procha du Tathâgata quand, après avoir pratiqué de dures mortifications, il baigna son corps et s'éloigna

Mâia mort

de la rivière Nairandjanâ.

émacié par

jeûne,

le

et la

dit alors

:

est proche.

«

Tu

A

es

quoi

Daigne vivre, et tu auras le pouvoir de faire de bonnes œuvres » 5. toi, ami « Alors le Bienheureux répondit: « de l'indolent, toi maudit; dans quel dessein es-tu venu? « Périsse la chair si l'esprit devient plus calme 6.

bon

cet effort?

et l'attention 7.

u

plus ferme.

Qu'est-ce-que

la vie

en ce monde? Mieux

vaut pour moi mourir dans la bataille, que vivre dans la défaite. » 8. «

((

Et Mâra quitta

Pendant sept années,

le

j'ai

Tathâgata en disant

suivi le

:

Bienheureux pas

à pas, mais je n'ai jamais pris en faute l'Illuminé. »


l'évangile du bouddha

274;

Une

troisième fois, Ananda, le tentateur alors qu'il se reposait Bienheureux, du s'approcha berger sur le bord de la risous l'arbre INyagrôdha du vière Nairanjanâ, immédiatement après avoir atteint 9.

la

«

grande illumination. Alors Mâra, le pervers, vint était le Bienheureux et, debout, auprès de

au lieu où lui^ lui

parla en ces mots

tence, Seigneur

!

nant! Maintenant

Bienheureux! 10.

«

:

«

Sors maintenant de

l'exis-

Que le

le Bienheureux meure maintetemps est venu de mourir pour

»

Et quand Mâra eut parlé ainsi,

le

Bien-

heureux dit « Je ne mourrai point, ô méchant, avant que non seulement les frères et les sœurs de l'ordre, mais aussi les disciples laïques des deux sexes soient devenus de véritables auditeurs, sages et bien ;

instruits, préparés et savants, versés

accomplissant

les plus

grands

et les

dans les Écritures, moindres devoirs,

corrects dans leur vie, se conduisant selon les préceptes,

— avant

qu'ayant eux-mêmes appris

trine, ils soient capables

la

doc-

de répondre aux autres au

sujet de la doctrine, de la prêcher, de la faire connaître,

de rétablir, de l'ouvrir, del'expliquer dans les moindres détails et de la rendre claire^

avant

qu'ils

soient capables, lorsque d'autres inventeront des doctrines vaines, de les vaincre et de les réfuter et ainsi

de répandre au loin la vérité qui opère des miracles Je î

ne mourrai pas avant que

la

pure religion de

]a vérité

prospéré, se soit répandue au loin, soit devenue populaire dans toute sa pleine extension, -^ ait réussi,


275

L*ÉVANGILG DU BOUDDHA

un mot, que

avant, en les

hommes

11.

«

!

bien acclamé parmi

j'aie été

»

Ainsi,

trois fois

Mâra s'approcha de moi,

dans les temps passés. Et maintenant, Ananda, Mâra, le

pervers, est revenu aujourd'hui au lieu où je

trouvais

mêmes

et,

debout auprès de moi, m'a adressé les « Sors de l'existence, Seigneur! »

paroles

Et quand

il

me

:

eut ainsi parlé, Ananda, je lui répondis et

le Thathâgata ne tardera pas pour toujours. 12. Et le vénérable Ananda parla au Bienheureux et dit: « Daigne, Seigneur, demeurer avec nous, ô Bienheureux pour le bien et le bonheur des grandes multitudes, par pitié pour le monde, pour le bien et

lui dis

:

«

Sois satisfait,

à s'éteindre

!

le profit

de l'humanité

13.

!

»

Le Bienheureux

Assez maintenant, Talhâgata » dit

«

:

Ananda, n'implore pas le 14. De nouveau, une seconde fois, le vénérable Ananda implora le Bienheureux avec les mêmes paroles, et il reçut du Bienheureux la même réponse. 15. Encore, une troisième fois, le vénérable Ananda conjura le Bienheureux de prolonger sa vie, et le Bienheureux dit « As-tu là foi, Ananda? » !

:

— Ananda répondit Oui, mon Bienheureux voyant 17. — Alors 16.

:

«

veau 18.

:

»

paupières

cœur de son disdemanda de nouAnanda? ».

tremblantes d'Ananda, lut dans ciple sa

Seigneur!

les

le

le

profonde douleur, et lui

« As-tu,

en vérité,

— Et Ananda dit

:

la foi,

« J'ai la foi,

mon Seigneur!

»


l'évangtle du bouddha

276

Alors le Bienheureux poursuivit « Si tuas Ananda, dans la sagesse du Talhâgata, pourquoi

19. foi,

:

donc, Ananda, imporlunes-tu

Ne

trois fois?

Talhâg-ala jusqu'à

le

pas déclaré autrefois qu'il est

t'ai-je

dans la nature de toutes les choses, encore qu'elles nous soient proches et chères, que nous devons nous en séparer et les quitter? Comment alors, Ananda, me serait-il possible de demeurer, puisque tout organisme qui est né, ou qui naît, renferme en soi-même la nécessité de la dissolution?

Comment

alors serait-il

possible que ce corps, qui est le mien, ne se décom-

posât point?

Une semblable

situation ne peut exister!

Et cette existence mortelle, Ananda, aété abandonnée, rejetée, reniée, repoussée et quittée partons les Tathâgalas 20.

».

Et

le

Bienheureux

maintenant, Ananda,

et réunis

dit

à

Ananda

;

«

Va

dans la salle des prières

ceux des frères qui résident dans

les environs de Vai-

çâli.

21.

— Alors

de réunion,

paré pour

le

Bienheureux se rendit dans

s'assit

lui,

et

la salle

sur le coussin qui avait été pré-

quand

parla aux frères et dit

il

fut assis le

Bienheureux

:

22. « frcres, vous à qui la vérité a été dévoilée, vous étant profondément pénétrés d'elle, pratiquezla, méditez sur elle, et répandez-la au dehors, ^afin que la religion pure puisse durer longtemps et qu'elle se perpétue le

afin qu^elle puisse vivre pour le bien et bonheur des grandes multitudes, par compassion ;


L*ÉVANGILË DU BODDDHA

pour

le

monde,

et

pour

le

bien et

^77

le profit

de tous les

êtres vivants!

23.

L'observation des astres,

«

et l'astrologie,

la divination des événements heureux ou

malheureux çt du mal,

au moyen des signes, la prédiction du bien tout cela est chose défendue. 24.

Celui qui laisse son

«

cœur

aller à l'aventure

sans retenue, n'atteindra pas Nirvana; c!est pour-

quoi nous devons tenir notre excitations du

les

monde

et

cœur en

respect, fuir

chercher

le

calme de

l'esprit.

25.

Mangez pour satisfaire votre faim et buvez soif. Satisfaites aux nécessités de

«

pour satisfaire votre

que l'abeille qui boit son parfum ni son tissu.

la vie ainsi

26.

« C'est

faute de

la fleur

comprendre

et

sans détruire de saisir les

Quatres Vérités, ô frères, que nous nous

longtemps

sommes

que nous avons erré dans ce chemin pénible de la transmigration, vous et moi, jusqu'à ce que nous ayons trouvé la vérité. égarés

27.

vous

si

«

et

Pratiquez les méditations profondes que je

ai enseignées.

Persistez dans la grande lutte

contre le péché. Marchez fermement dans les voies de la sainteté. les

Soyez

forts

en puissance morale.

Que

organes de vos sens spirituels soient prompts. Si

les sept sortes

de sagesse illuminent votre esprit, vous

trouverez l'excellente voie à huit chemins qui conduit à Nirvana. 28.

«

Sachez-le, ô frères, avant qu'il soit long16


l'évangile du bouddha

278

temps aura lieu Textinction finale duTathâgata. Maintenant je vous exhorte en disant « Toutes les choses :

«

composées doivent

«

chez ce qui est durable et travaillez avec ardeur à

«

votre salut!

2.

prit

— Ensuite

— Le forgeron le

Tchounda.

Bienheureux vint à Pâvâ.

— Lorsque Tchounda ^^^ l'artisan en métaux, apque

le

Bienheureux

s'était arrêté le

dissoudre. Gher-

»

XGV.

1.

vieillir et se

Bouddha

frères,

était

venu

à

Pâvâ

dans son bois de manguiers,

et l'invita

il

et qu'il

vint vers

respectueusement, ainsi que

les

à prendre leur repas dans sa maison. Puis

Tchounda prépara des gâteaux de

riz et

quantité de

chair de porc séchée. 3. ~ Lorsque le Bienheureux eut mangé les aliments préparés par Tchounda, Partisan en métaux, il se trouva gravement malade et une douleur violente

presque à

Pasaillit

le faire

mourir. Mais

reux, réfléchi et maître de

lui, la

le

Bienheu-

supporta sans se

plaindre. 4.

Ananda

Alors

le

et lui dit

:

Bienheureux parla au vénérable a Viens, Ananda, allons à Kouçi-

nagarâ. 5.

— Pendant

le

chemin

le

Bienheureux étant de


279

l'bvangtle du bouddha

plus en plus fatigué s'écarta de la route pour se reposer au pied d'un arbre et dit

« Plie, je

:

le

prie, ta

Ananda, et étends-la pour moi. Je suis épuisé, Ananda, et dois me reposer un moment! »

robe,

6.

Ainsi

«

soit-il_,

Seigneur!

» dit le

vénérable»

Ananda, et il étendit sa robe' pliée quatre fois. Le Bienheureux s'assit, et quand il fut assis, 7. « Cherche-moi il parla au vénérable Ananda et lui dit un peu d'eau, jeteprie, Ananda. J'ai soif, Ananda,et je

:

voudrais boire

8.

».

Quand

«

il

eut parlé ainsi

au Bienheureux

dit

:

A

«

j

le

Ananda même, Sei-

vénérable

l'instant

gneur, cinq cents chariots viennent de passer et ont troublé l'eau, mais une rivière, ô Seigneur, est non

Son eau

loin d'ici.

transparente, et

il

est claire et agréable, fraîche et

est aisé d'y descendre.

heureux pourra en rafraîchir ses 9.

même temps

membres.

Une seconde

Ananda, un peu d'eau. J'ai 10. Et une seconde

:

«

11.

Allons à la rivière.

— Alors pour

parle au vénérable le prie,

le

Bien-

»

fois* le

vénérable Ananda, disant:

dit

boire de l'eau et

«

Bienheureux parla au Cherche-moi, je te prie,

soif et je

voudrais boire

vénérable

fois le

».

Ananda

»

la troisième fois le

Ananda

et dit

Ananda, un peu d'eau.

:

«

Bienheureux

Cherche-moi,

je

Ananda,

et

J'ai soif,

je voudrais boire. »

12. dit le

«

Qu'il soit fait selon ta volonté. Seigneur! »

vénérable Ananda en réponse au Bienheureux,


1,'ÉVANGTLE DU

280

BOUDDHA

prenant un bol, il descendit vers le petit ruisseiau. Or voilà que le petit ruisseau que les roues avaient troublé el rendu bourbeux, coulait clair, brillant et sans aucun trouble lorsqu'Ananda s'en approcba, et « Combien sont grands, miraculeux et meril pensa veilleux la puissance et le pouvoir du Tathâgata! » et

:

— Ananda apporta de l'eau au

13.

sant

«

:

.Que

le

Bienheureux boive

hommes

Seigneur en

Bienheureux prenne celte

et des dieux,

Que

eau.

élanche sa

le bol. le

di-

Que

maîlre

le

des

soif! »

— Alors Bienheureux but de cette eau. 15. — Or, en ce moment, un homme de basse caste,

14.

le

nomme Poukkacha, lâma, passa sur la

jeune Malla, disciple d'ArâtaKâgrande route qui mène de Kouçi-

nagara à Pâvâ. Et Poukkacha, 16.

le jeune Malla, vil le Béni au pied d'un arbre. Lorsqu'il le vit, il alla au lieu où était le Bienheureux, et quand il y fut arrivé il le salua et s'assit respectueusement près de lui.

assis

le Bienheureux instruisit, édifia et réjouit Poukkacha, le jeune Malla, par un discours reli-

Alors

gieux. 17.

— Éveillé

et réjoui

par les paroles du Bienheu-

reux, Poukkacha, le jeune Malla, interpella un homme qui se trouvait à passer et dit

mon

prie,

d'or,

brunies et prêles à mettre.

18.

((

brave

«

:

Apportez-moi, je

homme^ deux

vous

robes d'étoffe

»

Qu'il en soit fait ainsi, seigneur »,

l'homme approuvant Koukkacha,

le

jeune Malla;

dit et


l'évangile du bouddha

281

apporta deux robes d'étoffe d'or, brunies

il

et prêtes

à porter.

— Le Malla, Poukkacha,

offrit les deux robes brunies et prêtes à porter, au Bienheureux, en disant « Seigneur, ces deux robes d'étoffe

19.

d'étoffe d'or,

:

Que

d'or sont prêtes à être portées.

me

fasse la faveur de les accepter de

20.

moi de

l'une et

21.

Le Bienheureux Alors

Ananda le

dit

:

«

le

Bienheureux

mes mains

!

»

Poukkacha, revêts

de l'autre.

»

corps de Tathâgata parut brillant

comme une flamme,

et

il

était

beau au-dessus de

toute expression.

— Le

vénérable Anânda dit alors au BienheuQuel miracle est-ce cela, Seigneur, et quelle merveille que la couleur de la peau du Bienheureux soit si claire, si extrêmement brillante Quand j'ai posé cette robe d'étoffe d'or bruni sur le corps du Bienheureux, voyez! il semblait qu'elle eut perdu soné'clati » Le Bienheureux dit c II y a deux circon23. stances oti la personne d'un Tathâgata devient claire et excessivement brillante. Dans la nuit, Ananda, pendant laquelle un Tathâgata parvient à la vue interne, suprême et parfaite, et dans la nuit pendant laquelle 2^.

reux

c(

:

I

il

:

disparaît définitivement dans cet ultime passage qui

ne

laisse

absolument rien subsister de son existence

terrestre. »

24. et dit

— Et le Bienheureux parla au vénérable Ananda :

«

Maintenant

il

pourrait arriver, Ananda, que

quelqu'unéveillâtdesremordsdans l'âme deTchounda, 16:


l'évangile du bouddha

282

le

forgeron, en disant et

après avoir

fait

as offert.

» Il

:

— C'est un malheur pour

une perte que

Tchounda,

le

Tathâgata

toi,

mort

soit

son dernier repas avec ce que tu lui

faudrait combattre de pareils remords,

Ananda, chez Tchounda le forgeron, en disant ~ Il est heureux pour toi, Tchounda, et avantageux pour toi que le Tathâgata soit mort après avoir fait son dernier repas avec ce que tu lui as préparé. J'ai entendu, ô Tchounda, de la bouche même de Tathâgata, j'ai recueilli ces paroles de sa propre bouche Ces deux ofirandes d'aliments sont aussi frutueuses et beaucoup plus qu'aucune autre les offrandes de nourriture qu'un Tathâgata reçoit quand il est parvenu à la lumière parfaite et quand il disparaît par :

:

:

l'ultime disparition qui ne laisse après elle absolu-

ment

deux

rien de son existence terrestre; ces

offran-

des de nourriture sont aussi fuctueuses et aussi profitables,

de beaucoup plus de

fruit et

d'un beaucoup

plus grand profit qu'aucune autre. Par elles, le

Tchounda

Karma

forgeron, a jeté les fondations d'un

pro-

duisant avec surabondance une longue vie, produi-

bonne naissance, produisant avec surabondance la bonne fortune, produisant surabondamment la bonne renommée, produisant en surabondance la possession du ciel et d'une grande puissance. C'est ainsi, Ananda, qu'il faut combattre tout remords chez Tchounda, le forgeron. » sant avec surabondance une

25.

mort

— était

Alors

le

Bienheureux, connaissant que

proche, prononça ces paroles

:

la

« Celui qui


l'évangile du bouddha

283

donne tout ce qu'il a fera un gain véritable. Celui qui se dompte sera délivré des passions. L'homme juste rejette loin de lui les péchés; et en déracinant

en nous la luxure, l'amertume et Tillusion nous ga-

gnerons Nirvana.

XGVI.

— Maitrêya.

Le Bienheureux, aecompagné d'une suite 1. nombreuse de frères, se dirigea vers le bosquet de çâlas^^^ des Mallas, de FOupavartana de Kouçinagarâ situé sur la rive

quand

il

et lui

dit

opposée de

fut arrivé,

y :

«

il

la rivière Hiranyavalî, et,

parla au vénérable

Prépare-moi, je

prie,

te

Ananda

Ananda, un

avec la tête dans la direction du Nord, entre les deux çâlas jumeaux. Je suis fatigué, Ananda, et je

lit

désire

me

2. — «

répondit

coucher. » Qu'il soit fait selon ton désir. Seigneur

le

vénérable Ananda,

et

il

»,

étendit une couche

la tête au Nord, entre les çâlas jumeaux. Alors le Bienheureux se coucha; il était réfléchi et maître de

avec

lui

même.

3.

— Or,

à ce

moment

les çâlas

vrirent de fleurs et de fruits bien la saison; et

jumeaux

se cou-

que ce ne

fût pas

des chants célestes vinrent descendant

des cieux et se firent entendre en l'honneur

du suc-


bouddha

l'évangile du

284

cesseur des Bouddhas des anciens temps. Ananda était émerveillé des honneurs ainsi rendus au Bien-

heureux; mais

Bienheureux

le

dit

:

par de semblables événements que

comme

il

« le

Ce n'est point Tathâgata

est,

convient, honoré, adoré et vénéré. Mais,

c'est le frère

ou

la

sœur, l'homme pieux ou

la

femme

pieuse qui perpétuellement accomplit les grands les

ceptes, qui honore le

Tathâgata

et lui

C'est pourquoi, ô

comme

il

convient, adore et vénère

rend l'hommage

le

plus précieux.

Ananda, soyez persévérants à ac-

complir les plus grands. et les moindres devoirs,

marchez selon mes préceptes; que vous honorerez le Maître. » 4.

hâra

— Alors

le

et se tint

écolier,

appuyé contre

me

entra dans le

vî-

linteau de la porte,

Hélas je ne suis encore qu'un

un homme qui

doit encore travailler à son

!

et le

quitter, lui qui est si

le

et

Ananda,

«

:

propre perfectionnement, 5.

c'est ainsi,

Ananda

vénérable

pleurant à cette idée

de

et

moindres devoirs en marchant suivant ses pré-

En

ce

moment

Maître est sur

boni

le

le

point

»

Bienheureux appela

les

Ananda? » 6. L'un des frères alla et appela Ananda. Ananda vint et dit au Bienheureux « Une profonde obscurité régnait à cause du manque de sagesse; le monde des êtres pourvus de sens allait à tâtons à cause du manque frères et dit

:

«

Frères,

oii est

:

des lumières; alors la sagesse, et

avant qu'il

le

l'ait fait

la lampe de va de nouveau s'éteindre

Tathâgata alluma

maintenant

elle

voir. »


l'évangile du bouddha

— Et

7.

au

8.

Bienheureux

le

moment

oti

il

au vénérable Ananda,

s'asseyait près de lui

C'est assez,

«

dit

285

ainsi; ne pleure pas!

Ananda, ne

Ne

t'ai-je

:

chagrine pas

le

point déjà

dit,

dans

des circonstances précédentes, qu'il est de la nalure

même

de toutes les choses les plus proches et les plus

chères pour nous que nous devons nous en séparer et les quitter? 9.

Le fou conçoit

«

qu'il n'y a

l'idée

du moi^

le

sage voit

pas de terrain sur lequel se puisse édifier

ridée du moi

;

il

a ainsi une juste conception du

monde

etconclutbien que tousles composés réunisparladouleur devront se dissoudre; mais la vérité demeurera.

10.

quand ment?

le

«

Pourquoi conserverais-je ce corps de

corps de l'excellente

Ma

loi doit

résolution est prise; ayant accompli

dessein et rempli matâche, je cherche la seule

chair,

vivre éternelle-

le

mon

repos! C'est

chose nécessaire.

Pendant longtemps, Ananda, tuas été très près de moi par des pensées et des actes d'un amour tel qu'il n'a jamais varié et est sans mesure. Tu as bien fait, Ananda! Sois zélé dans tes efforts et bientôt 11.

toi

«

aussi tu seras affranchi de grands

maux, de

la

sensualité, del'égoïsme, de l'erreur etde l'ignorance. » 12.

Alors Ananda, arrêtant ses larmes,

Bienheureux parti?

«

au Qui sera notre maître quand tu seras

»

— Et

le Bienheureux répliqua « Je ne suis point premier Bouddha qui soit venu sur la terre et je^

13. le

:

dit

:


l'évangile DU bouddha

286

ne serai point le dernier. Je suis venu vous enseigner la vérité et j'ai fondé sur la terre le royaume de la

Gautama Siddhârtha mourra, mais le Bouddha Bouddha est la vérité, et la vérité ne

vérité.

vivra, car le

peut point mourir. Celui qui croit en

en

mon

elle, est

la vérité et vit

La

disciple, et je l'instruirai.

vérité

sera répandue, et le royaume de la vérité s'étendra pendant environ cinq mille ans. Alors pour un instant les nuages de l'erreur obscurciront la lumière et quand le temps sera venu, un autre Bouddha se lè-

vera je

et

il

vous

nous? 15.

enseignée.

ai

14.

vous révélera

Ananda

dit

vérité éternelle que

» :

Comment

«

— Le Bienheureux

« celui

dont

le

nom

XCVIL

— Alors

leurs jeunes

filles

dit

nommé

le

connaîtrons-

:

«

Le Bouddha qui

vien-

Maitrêya, ce qui signifie

est bonté. »

— Mort du Bouddha.

les Mallas,

tristes et affligés le

même

»

dra après moi sera

1.

la

avec leurs jeunes hommes,

et leurs

femmes, étant peines,

de cœur, vinrent à l'Oupavartana,

bois de çâlas des Mallas, et voulurent voir le Bien-

heureux, afin d'avoir leur part de

la félicité

qui dé-

coule sur ceux qui sont en la présence du Saint. 2.

— Et

le

Bienheureux leur parla

et dit

:


l'évangile' DU

3.

287

BOUDDHA

EverUie/-vous à chercher la vérité

«

et efforcez-

vous avec ardeur. Ce n'est point assez de m'avoir vu Marchez ainsi que je vous l'ai commandé délivrezI

;

vous du

filet inextricable de la douleur. Marchez dans chemin avec une résolution ferme. « Un malade peut être guéri parla puissance 4. curativedu remède et se débarrasser de ses maux sans

le

voir le médecin. 5.

me

Celui qui ne fait point ce que je

(c

voit en vain.

commande

Cela ne lui procure aucun

profit.

Tandis que celui qui demeure loin du lieu où je suis et

qui cependant marche droit, est toujours près de

moi. 6.

Un homme

«

cependant,

Au

s'il

peut habiter auprès de moi,

et

ne m'obéit point, être bien loin de moi.

contraire, celui qui obéit au

Dharma

jouira tou-

jours de la félicité de la présence du Talhâgata. » 7.

— Alors

le

mendiant Soubhadra vint au bois

de çâlas des Mallas et dit au vénérable ((

J'ai

entendu dire à des mendiants de

ma

Ananda

:

sorte qui

étaient fort chargés d'années et maîtres de grande ex-

périence

:

— Quelquefois,

gatas apparaissent dans dhas.

et très

le

rarement des Tathâ-

monde, des Saints Boud-

— Maintenant on dit qu'aujourd'hui dans la der-

nière veille de la nuit le

çramana Gautama

doit sortir

pour toujours de la vie. Mon esprit est plein d'incertitude; cependant j'ai foi dans le çramana Gautama et je crois qu'il sera

de sorte que je puisse

capable de m'exposer la vérité

me

débarrasser do mes doutes.


l'évangile du bouddha

288

Oh

8.

me

qu'il

!

tamal

soit

permis de voir

le

çramana Gau-

»

— Quand

il

eut ainsi parlé,

le

vénérable Ananda

dit au mendiant Soubhadra « Assez ami Soubhadra. N'importune point le Tathâgata. Le Bienheureux est :

!

fatigué. »

— Or

Bienheureux avait entendu cette conAnanda et du mendiant Soubhadra, et le Bienheureux appelant le vénérable Ananda lui dit « Ananda, n'empêche pas Soubhadra d'entrer. Il peut être permis à Soubhadra de voir le Tathâgata. Quoi que me demande Soubhadra, ses 9.

le

versation du vénérable

:

questions seront dictées par

me

le

désir d'apprendre et

non par

le

lui dise

en réponse à ses questions,

dessein de

promptement.

tourmenter,

et

il le

que je comprendra

quoi

»

— Alors

le vénérable Ananda dit à Soubhadra, mendiant « Entre, ami Soubhadra; carie Bienheureux te le permet. » 11. Quand le Bienheureux eut instruit Sou-

10.

le

:

bhadra, l'eut éveillé

et réjoui

par des paroles de

sagesse et d'encouragement, Soubhadra

heureux 12.

dit

au Bien-

:

«

Glorieux Seigneur! glorieux seigneur!

Très excellentes sont excellentes!

Elles

les paroles

de ta bouche, très

remettent à sa place ce qui a

été retourné, elles révèlent ce qui a été

montrent

le

égaré. Elles

caché. Elles

chemin au voyageur qui s'est apportent une lampe dans les ténèbres droit


l'évangile du bouddha

289

de sorte que ceux qui ont des yeux pour voir peu-

vent voir. Ainsi, Seigneur,

le

Bienheureux m'a

connaître la vérité, et je prends refuge dans

heureux, dans

la

Vérité et dans l'Ordre.

heureux daigae

croyant, à partir de ce jour tant quc^ 13.

— Et

Ananda grande

:

est

Que

m'accepter pour disciple

ma

le

fait

Bien-

le

Bien-

et

vrai

vie durera. »

mendiant Soubhadra dit au vénérable « Grand est ton profit, ami Ananda, ta- bonne fortune d'avoir pendant lant le

d'années été aspergé avec les aspersions de la science

dans cette confrérie dirigée par

le

Maître lui-même*.

»

Alors le Bienheureux parla au vénérable 14. Ananda et dit « Il se peut, Ananda, que chez quelLa parole ques-uns de vous cette pensée nai^sse de notre Maîtreestfinie, nous n'avons plus de Maître! Mais ce n'est point ainsi, Ananda, qu'il faut rai:

:

que je ne prendrai plus de corps, car toute douleur à venir est pour toujours détruite pour moi; mais si Gautama Siddhârtha est mort, le sonner.

Il

Bouddha

est vrai

reste.

Que

la vérité et les règles

de Tordre,

moi pour vous tous, soient serai parti. Quand je serai

instituées et établies par

votre maître quand je

mort, Ananda, que Tordre, lisse tous les

13.

s'il le

juge à propos, abo-

préceptes de peu d'importance. »

— Alors

le

Bienheureux s'adressa aux frères

peut y avoir quelque doute ou quelque malentendu dans Tesprit d'un frère en ce qui concerne le Bouddha, ou la vérité, ou le chemin. N'ayez et dit

:

« Il

pas à vous repentir plus tard à cette pensée

:

— Nous 17


l'évangile du bouddha

290

n'avons pas interrogé

le

Bienheureux quand nous

étions face à face avec lui.

— C'est pourquoi,

inter-

rogez-moi maintenant, ô frères, interrogez-moi ment.

— Et frères demeurèrent silencieux. — Alors vénérable Ananda au Bienheu-

16.

les

17.

reux

libre-

))

dit

le

:

En

«

que dans toute cette asn'en est aucun qui ait quelque

vérité, je crois

semblée des frères,

il

doute ou une crainte d'erreur, en ce qui concerne le Bouddha, ou la vérité, ou la voie! » 18. Le Bienheureux dit « C'est dans la plénitude de ta foi que tu as parlé, Ananda Mais, Ananda,

:

!

le

Tathâgata

sait

avec certitude que dans toute cette

assemblée de frères

il

n'en est aucun qui

quelque

ait

doute ou quelque crainte d'erreur au sujet du Bouddha, ou de la vérité, ou de la voie arriéré,

Ananda, de tous ces

est assuré

de

la

— Alors

Car

!

même

le

plus

frères, a été converti et

délivrance finale.

))

Bienheureux parla aux frères et Dharma, la cause de toutes les souffrances et la voie du salut, ô disciples, direz-vous donc Nous respectons le Maître, et c'est par respect pour lui que nous par19»

dit

:

«

le

Si vous connaissez maintenant le

:

lons ainsi 20.

!

»

— Les frères répondirent

:

«

Nous ne

le

dirons

point, ô Seigneur. »

— Et 22. —

21.

«

le

Saint poursuivit

Parmi

:

les êtres qui vivent

rance, enfermés et confinés

comme

dans

l'igno-

dans un œuf,

le


291

l'évangile du bouddha

premier

j'ai

brisé la coquille d'œuf de l'ignorance et

l'univers j'ai conquis le plus élevé,

seul dans

versel état de

Bouddha. Ainsi, 6

l'uni-

disciples, je suis

l'aîné, le plus excellent des êtres.

Mais ce que vous dites, ô disciples, n'estce pas cela même que vous avez connu vous-mêmes, 23.

«

vu vous-mêmes, 24.

gneur! 25.

parler

réalisé

— Ananda

vous-mêmes?

et les frères dirent

:

» «

Gela est. Sei-

))

— De :

«

nouveau

le

Bienheureux commença à

Faites attention, maintenant, frères,

dit-il;

— La destruction choses composées, mais inhérente à toutes vérité durera éternellement — Travaillez avec ardeur

je

vous exhorte en disant

est

:

la

les

!

à votre délivrance

Tathâgata. Alors

»

!

le

Ceci fut la dernière parole du

Tathâgata tomba dans une pro-

fonde méditation et ayant perdu conscience trépassa paisiblement. 26.

vana, au

Lorsque

le

moment où

Tathâgata entra dans il

quitta l'existence,

le

se

il

fit

Nir-

un

puissant tremblement de terre, terrible et inspirant la terreur et les

tonnerres du

les frères qui n'étaient

ciel éclatèrent.

Parmi

pas encore affranchis des pas-

sions quelques-uns tordaient leurs bras et pleuraient, et d'autres

tombèrent tout de leur long sur le sol, « Le Béni est mort trop

angoissés par cette pensée

:

Le Bienheureux est sorti trop tôt de l'existence La Lumière du monde s'est éteinte trop tôt » tôt!

!

!

27.

Alors

le

vénérable Anourouddha exhorta


l'évangile du bouddha

292

les frères

en disant « C'est assez, mes frères Ne pleuvous lamentez! Le Bienheureux ne :

!

rez point, ni ne

pas appris, autrefois^ qu'il est dans la na-

nous

a-t-il

ture

même

des choses, lors

même

nous sont

qu'elles

proches et chères, que nous devions nous en séparer et les quitter^

puisque tout ce qui

reçoit l'existence et est

même ment

est né^ tout ce qui

organisé, renferme en soi-

donc possible que

le

gatha échappât à cette loi? Une saurait exister

Ceux qui sont

!

supporteront

sions

Com-

la nécessité inhéronte de la dissolution? serait-il

d'eux-mêmes, songeant à

condition ne

telle

des pas-

affranchis

perte,

cette

du Tathâ-

corps

calmes

et

maîtres

nous a en-

la vérité qu'il

seignée. »

— Et

28.

le

vénérable Anourouddha

Ananda employèrent

le reste

et le

vénérable

de la nuit en discours

religieux.

— Alors

29.

rable

vénérable Anourouddha dit au vénéYas maintenant, frère Ananda, et Mallas de Kouçinagarâ^ en disant a Le

Ananda

avertis les

:

le ((

:

Bienheureux est trépassé semblera convenable »

;

faites

donc ce qui vous

î

30.

cours,

Quand

ils

furent chagrinés, et tristes, et affligés dans

les

Mallas eurent entendu ce dis-

leurs cœurs, 31.

— Alors

les Mallas de

Kouçinagarâ donnèrent

des ordres à leurs serviteurs, disant

:

«

Réunissez

tous les parfums et les guirlandes, et tous les instru-

ments de musique de Kouçinagarâ

I

»

Puis

les Alallas


293

l'évangile du bouddha

de Kouçinagarâ prirent les parfums, les guirlandes, tous les instruments

de musique, cinq cents pa-

de çâlas où le corps du Bienheureux reposait. Là ils consacrèrent la journée à rendre honneur et respect aux restes du Bienheureux par des danses, de la musique, des hymnes, des guirlandes et des parfums, en faisant des dais avec leurs riches vêtements et en suspendant des festons décoratifs. Alors ils brûlèrent les restes du Bienheureux ainsi qu'ils l'eussent fait pour un roi des

rures, et vinrent au bois

rois.

32.

— Quand

leil et la

bûcher funéraire

le

fut

allumé,

le

so-

lune éteignirent leur éclat, de tous côtés les

rivières paisibles devinrent des torrents gonflés, la

que des

terre trembla, tandis

tombèrent sur

sol

le

pluie, de sorte

fleurs

et des

feuilles

hors de saison, ainsi qu'une

que tout Kouçinagarâr

l'épaisseur d'un pied des fleurs de

fut

jonché à

mandâra quipleu-

vaient du ciel. 33.

— Quand la cérémonie de l'incinération fut ter-

minée^ Dêvapoutra autour du bûcher 34.

«

dit

aux multitudes rassemblées

:

Voyez^ ô

frères, les restes

Béni sont dissous, mais

la vérité

seignée vit dans nos cœurs

et

nous

du nous a en-

terrestres

qu'il

purilie de tout

péché. 35.

«

Allons donc par

le

nionde, aussi compatis-

sants et miséricordieux que notre grand maître, et

prêchons à tous

les êtres vivants, les

quatre vérités


l'évangile du bouddha

294

excellentes et la voie de justice aux huit chemins,

que l'humanité tout entière puisse parvenir à la libération finale, en prenant refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha. » Quand le Bienheureux fut entré dans le 36. afin

Nirvana et que les Mallas eurent brûlé son corps avec les cérémonies propres à indiquer qu'il était le grand roi des rois, des ambassadeurs vinrent de tous les empires qui avaient en ce temps embrassé sa doctrine, pour réclamer une part des reliques. Ces reliques furent divisées en huit parts et huit dâgôbas furent construits pour leur préservation. Undâgôba fut édifié

par les Mallas, et sept autres par les sept rois des

contrées dont le peuple avait pris refuge

dans

le

\

Bouddha.

Conclusion

XCVIII.

Les

trois person7ies

du Bouddha.

1. Lorsque le Bienheureux fut entré dans le Nirvana, les disciples se rassemblèrent et se consul-

tèrent sur ce qu'il y avait à faire pour conserver le

Dharma pur 2.

et

non corrompu par

— Et Oupâli se leva

et dit

:

les hérésies,

{


295

l'évangile du bouddha

3.

Notre grand Maître avait coutume de dire

«

aux frères

:

bhikchous

«

devrez respecter la

comme

votre maître.

mière qui

brille

La

dans

mon

Nirvana vous Regardez la loi semblable à une lu-

après

I

et lui obéir.

loi

loi

est

ténèbres pour indiquer

les

le

semblable à un joyau précieux

chemin;

elle est aussi

pour

possession duquel vous ne devez reculer de-

la

vant aucune peine, et être prêts à supporter tout sacrifice, dût-ce

sez au

même

Dharma que

je

être celui de votre vie. Obéis-

vous

tique à 4. 5.

— —

moi-même. a C'est

donc

fier

pourquoi

et

le

que

7.

le

Tathâgata nous

corps visible du Tathâgata. Respectons-

tenons-la pour sacrée. Car à quoi bon édisi

nous négligeons

des enseignements du Maître. »

— Alors Anourouddha se leva — Mettons bien dans notre esprit, frères, et dit

6.

:

«

Gautama Siddhârtha rité

la loi,

héritage précieux, est devenue

des dâgôbas pour les reliques,

l'esprit

iden-

»

comme un

maintenant la

révélé; suivez-le scru-

Telles étaient les paroles du Bienheureux.

«

a laissée

ai

comme absolument

puleusement, respectez-le

elle-même.

était la

Il était le

forme visible de

la

que vé-

Saint, le Parfait et le Béni^

parce que Téternelle vérité avait élu domicile dans

son corps. Le grand Çâkyamouni est l'incarnation

nous a révélé la vérité. a enseigné que la vérité existait avant qu'il fut né dans ce monde, et existera après qu'il sera entré dans le Nirvana. corporelle de la vérité, et 8.

«

il

Le Tathâgata nous


l'évangile du bouddha

296

— —

9.

((

10.

qualité

il

Le Tathâgata a dit Le Bienheureux est :

«

la vérité; et

est présent partout et éternel;

il

en cette

est posses-

seur de qualités excellentes innombrables, au-dessus de toute nature humaine, et

il

est ineffable

dans

sa sainteté.

Maintenant, mettons bien dans notre esprit 11. que ce n'est pas telle ou telle loi, qu'il nous adonnée dans le Dharma, qui est Bouddha, mais la vérité, la <(

vérité qui est éternelle, présente partout,

immuable

et très excellente.

12.

((

Beaucoup des

lois

du Dharma sont tempo

raires, furent prescrites parce qu'elles convenaient

aux circonstances et étaient nécessitées par quelque événement passager; la vérité, néanmoins, n'est pas temporaire. 13.

«

La

vérité

d'opinion, mais

che

ardemment

La

n'est

pas arbitraire ou affaire

peut être cherchée, et celui qui cherla vérité la trouvera.

cachée à l'aveugle, mais mental voit la vérité. La vérité est l'essence du Bouddha, et la vérité restera l'unique étalon pour distinguer les fausses et les 14.

«

vérité

est

celui qui possède l'œil

vraies doctrines. 15. rité,

le

«

Adorons donc

la vérité,

cherchons

la vé-

établissons-la et obéissons-lui. Car la vérité est

Bouddha, notre Maître, notre

Instituteur,

Seigneur! » 16. ^- A son tour Kâçyapa se leva

et dit

:

notre


297

l'évangile du bouddha

''

17.

En

«

vérité,

vous avez bien parlé, ô

frères.

Ni chez l'un ni chez l'autre il n'existe de conflit d'opile sens de notre religion. Carie Bienheu-

nion sur

reux possède trois personnes et chacune d'elles a une égale importance pour nous. « Il y a le Dharma-Kâya. Il y a le Nirmâna48. Kàya. Il y a le Samhhôga-Kâya.

— 19. — «Le Bouddha est

la vérité

entièrement excel-

lente, éternelle, présente partout, et est le

Sambhôga-Kâya, qui

est

immuable. Ceci

dans un état de

féli-

cité parfaite.

20.

Le Bouddha

«

est le maître qui

chérit

tous

prend la forme de ceux qu'il instruit. Ceci Nirmâna-Kâya,le corps dans lequel il apparaît.

las êtres et

est le

21

«

Le Bouddha

de la religion.

commandements sacrée, le

qu'il

du Sangha et le sens des nous a laissés dans sa parole

Dharma. Ceci

de la très excellente 22.

est la dispensation toute bénie

Il est l'esprit

« Si le

est le

Dharma-Kâya,

le

corps

loi.

Bouddha ne nous

était point

apparu

dans la personne de Gautama Çâkyamouni, comment posséderions-nous les traditions sacrées de sa doctrine? Et

si les

générations futures ne possédaient

pas les traditions sacrées conservées par

le

Sangha,

comment connaîtraient-elles quoique ce soit du grand Çâkyamouni? Et ni nous ni personne ne connaîtrions rien de la très excellente vérité, qui est éternelle, pré-

sente partout, et immuable. 23.

«

Tenons donc pour sacrées

et

vénérons 17.

les


L ÉVANGILE DU BOUDDHA

298

traditions;

que

mémoire de Gautama Çâkyamouni afin que les traditions et sa mémoire

la

nous soil sacrée, nous servent à découvrir l'œil spirituel est

même pour

la

la vérité;

— Alors

car celui dont

découvrira, et elle est la

quiconque possède

Bouddha pour 24.

ouvert

l'intelligence

la reconnaître et l'exposer. les frères décidèrent

d'un

>>

de réunir un sy-

node à Râdjagrihâ afin d'exposer les pures doctrines du Bienheureux, de colliger et de collationner les écritures sacrées et de fixer un canon qui servirait comme une source d'instruction aux générations à venir.

XGIX.

1.

— Lorsque, dans apparurent

v<ers,

soleil,

dans

— Le but de Vêtre.

les

le

cycle de formation de l'uni-

premières formes tangibles du

de la terre et de la lune, la Vérité se mouvait

la

poussière cosmique et remplissait

le

monde

Cependant il n'existait aucun œil pour voir la lumière, aucune oreille pour ouïr la vérité, aucun esprit pour percevoir son sens; et dans les espaces immesurables de l'existence il n'y avait aucune place où la vérité put résider dans toute entier d'une lumière brillante.

sa gloire.


L ÉVANGILE

2.

Dans

le

DU BOUDDHA

299

cours voulu de l'évolution la faculté la perception par les sens naquit.

de sentir apparut et C'était

un nouveau domaine de

vie spirituelle, plein

d'aspirations, avec des passions puissantes et d'une le monde se partagea y eut des plaisirs et des peines, un moi et un non moij des amis et des ennemis, de la haine et

énergie impossible à abattre. Et

en deux;

il

de Tamour.

La

vérité vibrait dans ce

monde

de sen-

mais dans toutes ses virtualités infinies, la véne pouvait trouver une place où résider dans

sation, rité

toute sa gloire.

— Alors la raison surgit dans

3.

vie. La raison

commença

combat pour la à guider l'instinct du moi le

;

de la création et asservit les forces brutales et la puissance des éléments. Cepenla raison prit le sceptre

dant la raison parut ajouter un nouvel aliment à la la haine, en agravant le trouble des passions

flamme de en

conflit; et les frères tuèrent leurs frères afin

tisfaire la convoitise

dans

vint

rité

de sa-

d'un instant passager. Et la vé-

domaines de la raison; mais il ne se trouva point une vérité put résider dans toute sa les

toute leur étendue

dans place

la

gloire.

Puis la raison, devenue la compagne du moi, 4. enveloppa de plus en plus tous les êtres vivants dans les mailles de la luxure, de la haine, et de Tenvie, et de la luxure, de la haine et de l'envie naquirent les

maux du

péché. Les boni mes plièrent écrasés sous les

fardeaux de la vie, jusqu'à ce qu'apparut

le

sauveur,


l'évangile du bouddha

300

le

grand Bouddha,

le

Saint Instituteur des

hommes et

des dieux. 5.

— Et

usage de raison;

Bouddha

le

la

apprit aux

il

apprit

hommes

à

qu'elles sont, sans iJlusion, et

lon la vérité.

Il

enseigna

les créatures rationnelles

cœur bon,

et croyants.

une place où

elle

cette place est 6.

aux hommes

le juste

sensation et la bonne application de

ils

apprirent à agir

se-

changea ainsi humains, justes, au

la justice et

en êtres

Alors enfin

la vérité

trouva

put résider dans toute sa gloire,

Tâme

la

voir les choses telles

et

de l'humanité.

— Bouddha, ô Béni, ô Saint, ô Parfait, tu as

vélé la vérité, et la vérité est apparue et le

ré-

royaume

de vérité a été fondé. 7.

— —

n'y a point de place pour la vérité dans

Il

l'es-

pace, tout infini qu'il soit. 8.

Il

n'y a point de place pour la vérité dans

la

sensation, ni dans ses plaisirs, ni dans ses peines; la

sensation est

le

premier pas de

la vérité,

mais

il

n'est

point de place dans elle pour la vérité, quoiqu'elle

puisse rayonner de l'éclat brillant de la beauté et de la vie.

—Il

non plus dans le raisonnement. Le raisonnement est un sabre à deux tranchants et sert le projet d'amour aussi bien que le projet de haine. Le raisonnement est la plateforme sur laquelle se tient la vérité. Sans la raison, aucune vérité ne peut être atteinte. Néanmoins dans le rationalisme pur il n'est point de place pour la vérité, bien 9.

n'y a point de place


l'évangile du bouddha

I que

I

ce soit l'instrument qui

dompte

301

les

choses du

monde. 10.

— La justice est

mour, la justice ments.

H. là,

et la

— La justice

dans

les

demment

le trône

l'a-

est la place

la vérité réside, et

âmes de l'humanité qui souhaitent

la réalisation

pour une riche

suffisant

de la vérité, et

bonne volonté sont ses orne-

de la justice, et

il

ar-

y a un espace

toujoui^ plus riche révé-

lation de la vérité. 12.

— Ceci est l'Évangile du Béni. Ceci est

lation de l'Éclairé. Ceci est le legs 13.

— Ceux qui reçoivent la vérité,

la vérité,

Dharma

prennent refuge dans

le

la révé-

du Saint. et

ont

foi

dans

Bouddha, dans

le

Sangha. Reçois-nous, ô Bouddha, au nombre de tes 14. disciples à partir de ce jour, tant que notre vie duet

dans

le

rera.

Soulage, ô Saint Instituteur, compatissant aimant tous les êtres, les affligés et ceux que la douleur accable, éclaire ceux qui vont à l'aventure, et 15.

et

fais-nous grandir de plus en plus en intelligence et

en sainteté. 16. et les

La vérité est la fin et le but de toute existence, mondes sont nés afin que la vérité puisse venir y

résider.

— Ceux qui n'aspirent point après vérité manquent au but de 18. — Bienheureux celui qui se repose en 17.

la

la vie.

est

la


l'évangile du bouddha

302

vérité, car toutes les choses périront,

mais

la vérité

demeurera toujours. 19.

— Le monde est

édifié

pour

la vérité,

mais de

fausses combinaisons de la pensée dénaturent le véritable état des choses et font naître les erreurs.

Les erreurs peuvent prendre toutes les ceux qui les choyent; c'est pourquoi elles sont agréables à contempler; mais elles sont instables et renferment les germes de la disso20.

formes

qu'il plaît à

lution.

21.

La

vérité ne peut point être arrangée.

vérité est une et toujours la 22.

même,

elle est

La immuable.

— La vérité est supérieure à la puissance

de la

mort, elle est partout présente, éternelle et très glorieuse. 23.

sont

— Les

illusions, les erreurs et les

de Mâra, et une grande puissance leur est

filles

dévolue pour séduire les esprits des égarer sur 24.

mensonges

le

La

hommes

et les

chemin du péché. propriété des illusions, des erreurs et

des mensonges est la mort; et

le

péché est

la voie de

perdition. 25.

— Les

illusions, les erreurs et les

mensonges

sont semblables à de grands et fastueux navires dont les

poutres sont pourries et mangées des vers,

ceux qui

s'y

embarquent sont fatalement destinés

et

à

faire naufrage.

26.

Nombreux

erreur, sois

mon

sont ceux qui disent

guide

», et

quand

ils

:

(f

Viens

sont pris dans


l'évangile du bouddha

les mailles

de l'égoïsme, de la luxure et des mauvais

misère est enfantée.

désirs, la

27.

303

Cependant tout ce qui a vie aspire à la véseule peut guérir nos maux et donner

rité, et la vérité

la paix à notre inquiétude.

28.

La vérité

de la vie, caria vérité

est l'essence

mort du corps. La vérité est éternelle continuera à vivre quand même les cieux et la terre

persiste après la et

auront disparu.

29.

Il

n'existe pas dans le

monde

plusieurs vé-

une

et identique

rités différentes, car la vérité est

temps et dans tous les lieux. 30. La vérité nous enseigne l'excellente voie à huit chemins de la justice, et c'est une route droite que trouve aisément celui qui aime la vérité. Heureux

dans tous

les

sont ceux qui marchent dans cette voie.

C.

— Louange de tous

— Tous

1.

les

les

Bouddhas.

Bouddhas sont merveilleux

et glo-

rieux,

n'ont point d'égaux sur la terre,

Ils

nous révèlent le chemin de vie, Et nous saluons leur venue avec un pieux respect. Tous les Bouddhas enseignent la même vérité. 2. Ils


l'évangile du bouddha

304

La vérité remet dans

la

bonne voie ceux qui

se sont

égarés.

La vérité est notre espoir et notre soutien. Nous recevons avec reconnaissance sa lumière que rien n'arrête. 3.

Tous

les

Bouddhas ont une

seule et

même

essence,

Qui est partout présente

dans

tous

les

genres

d'êtres,

Qui sanctifie les liens qui unissent toutes les âmes, Et nous avons foi en sa félicité comme refuge suprême.

FIN


RÉFÉRENCES ET ANALOGIES

CHAPITRES RT VERSETS DE l'ÉVANGILE DU

BOUDDHA


306

CHAPlTliES ET

l'évangile du bouddha



DU BOUDDHA

L EVANGILE

308

CHAPITRES ET VEF^SETS DE l'É-

VANGILE DU BOUDDHA.

Fo-sho-hing-lsan-king, 1534-

XXVII.

1610.

Manual of Buddhism,

204.

Id., 203.

XXVIII.

Buddbist Birth Stories, 125-

XXIX.

Mahâvagga, I, 54. Manual of Buddhism, 208-209.

126.

XXX.

Fo-shô- hi?ig-isan-king 15221533, 1611-1671. ,

XXXI.

Mahâvagga,

XXXII.

Fo-s/iô-hmg-tsan king, 1672-

XXXIII.

Manual of Buddhism, 353-354.

VIII, 23-36.

1673.

Sûlra en 42

articles.

Fo-sho-hing-lsan-king, 1757-

XXXIV.

1766.

Buddhaghosha's

Parahles

,

153. i

XXXIV,

19-21.

XXXV. XXXV,

24.

Fo-sho-hing-tsan-king, 17621763.

j

Mahâvagga, VI II, 15. Vie ou Légende de Gaudama, par Bigaudet, 211.

XXXVI.

XXX VII. XXXVIII.

XXXIX. XXXIX, XXXIX,

3, 5.

XL.

)

Mahâvagga^ H. Mahâvagga, X, 1, Mahâvagga, X, 5-6 Mahâvagga, V, 4.

Ep.auxEph.,vr,13-n S' Mark, ix. 47. St Matth., V, 29. XVIII, 9. Id. S' Luc, viu, 2. SI Matth., XIII, 24-27

1-2, 2P. X, 2, 3-20.

2, ;

Buddhi'sl Birth Slories, 311. Mahâvagga, V, 4, 2. Fo-sho-hing-tsan-king, 1713-

S^ Matth., V, 46-47.

1734.

Manual of Buddhism, 337-340. XL,

4.

XL,

7.

XLI. XLT, 12-13.

Buddhist Birth

Dhammapada,

Stories, 200. 227.

Id. chinois, 122.

Mahâvagga, Vi,

fet

Matth.,

XI, 16, 19.

29.

Metta-Sulta. Sutta Nipata, 148.

Buddhism, de Rhys Davids, 109.

I


309

RÉFÉRENCES ET ANALOGIES

CHAPITRES ET VERSETS DE l'ÉVANGILE DU

ANALOGIES

SOURCF>

BOUDDHA Life of

Buddha, 68-69.

Buddhism de Rhys Davids, XLII.

S' Marc.;,

iir,

14,

71.

Buddha, sein Leben,

etc., 376-

S' Liic, IX, 2.

378.

Vie ou léqende de 212

XLIII.

Mahâvagga,

Gaudama,

} i

S* Matlh,, xni, 3. S' Marc, M, IV, 3-20.

56.

I.

XLIV.

Buddhis lis che Anthologie, y on

XLV.

K. E. Neumann, 129. 22-23, 25. Buddhism^ de Rhys Davids, Id.,

139.

SiUra en 42 articles,

XLVI.

XLVII,

23.

XLVIU. XLVIII, 36-37. XLVIII, 47. XLVIII, 50.

Id., Id.,

XXIV,

X,

22.

X.

Dhammapada, Dhammapada,

5.

Sûtta Nipata,

3, 5-6;

9;

St Matth., V, 44. 2e Ep. aux Cor. xii, 7

275. 12, 7-

8, 11.

Tevijja Sutla.['àd.cvQà Books, xi), 157-203.

XLIX. XLIX,

4.

Chijiese Dhammapada, XIII, XXVII.

XLVIl.

17.

L.

M4

LI, et 31-35. LI,15-30.

Id.,

I,

St Matlli., XV, 14,

15.

Sigalovada Sutta, dans les Sept Suttas pâlis, de Grimblot, 297-320.

Mahâvagga, VI,

31.

Questions of king Milinda, 254-257.

Catena of Buddhist scriptu-

LU.

res,

by

S. Beal, 15.

Mahâyâna, by S. Kuroda, V. Manual of Buddhism, 280. Outlines of Ihe

Fo'Sho-hing-tsan-king, 1682-

Lin.

LUI, 18-23.

1683.

Questions of king Milinda, passim. Questions of king Milinda, 120, 148.

S' Jean,

m.


310

CHAPITRES ET

l'évangile du bouddha


RÉFÉRENCES ET ANALOGIES

311


312

CHAPITRES ET

L*ÉVANGILE DU BOUDDHA


NOTES

1.

Bouddha

(sanscrit et pâli,

Sage

Bouddha

Çâkyamuni

les

noms de

kyasimha

« le

tar

Satthar)

(pâli

Béni

«

l'Omniscient »^

«

le

»,

au Çâkya », ÇâBienvenu », Çâs-

« l'ascète

Sugata

« le

Maître, l'Instituteur

»,

Jina, «

le

le

le

Vérité

Lion Çâkya

l'Éveillé,

«

Conquérant», Bhagavat « le Bienheureux, Loka-nâtha « Seigneur du monde », Sarvajna

Vainqueur, »,

:

».

Buddha),

— On donne également

l'Éclairé, l'Illuminé, le

Dkarma-râja

»,

Tathâgata

«

«

Roi de

décesseurs, c'est-à-dire en suivant la

— Voir —

la Loi,

Celui qui est venu

Roi de

comme

même

la

ses pré-

voie qu'eux

».

Eug. Burnouf, Introduction à l'histoire du E. Sénart, Essai sur la légende du Bouddhisme indien; T. W. Rhys Davids, Buddhism, p. 28; Bouddha; :

B, Kern, Histoire du Bouddhisme dans Le Salut VA (franchissement, la Libération, s'en2. l'Inde, etc.

y

comme

chez tous les autres Inmétempsycose ou transmigration éternelle des âmes, conséquence fatale du Karma. Samsara, les vicissitudes du monde, de la vie et de 3.

tend chez les Bouddhistes,

diens, de l'affranchissement de la

la

mort,

de

la

le

mort,

monde

des humains,

l'instabilité,

et la

V Océan de

la

naissance et

non-durée des choses,

l'in-

quiétude de la vie du monde, l'agitation de l'égoïsme, la vanité de l'existence. 18


l'évangile du bouddha

314

4.

Nirvana

Nibhâna), extinction,

(pâli

c'est-à-dire

l'extinction des passions, des désirs, des attachements hu-

mains

un

et

lieu,

de

peut parvenir, yâna,

vant le

même

un

paradis,

sans quitter la terre. Selon

le saint

signifie,

selon ce dernier,

peine

Vupâdâna

et la trisnâ

»,

«

désir

«

Hina-

le

est défini

d'esprit dans lequel a

n'est pas

comme « l'extinction de l'illusion Mahâyâna comme « l'acquisition de la vérité

il

vana

Le Nirvana

la personnalité.

mais un état de parfaite béatitude auquel

»,

sui-

».

Nir-

illumination »;

l'état

«

attachement

»

sont éteints; l'heureuse

»,

le klêsa

condition de l'illumination, de la paix de l'esprit, de licité, le

triomphe de

la

la

fé-

vertu en cette vie et au delà,

le

repos éternel du Bouddha après la mort. Çâkyamuni a refusé

de résoudre

le

problème de savoir

pas l'extinction définitive de

la

si \e

Nirvana

est

ou

n'est

personnalité. Interrogé,

il

montrait par son silence que cette solution n'est pas un des sujets dont la connaissance est indispensable pour le salut.

— Voir note — Kapilavastu

5.

3.

6.

.

royaume desÇâkyas

et

(pâli

Kapilavatthu),

capitale

berceau du Bouddha Çâkyamuni.

(N. T.). Cette ville fut fondée, dit la légende, par les

du

— fils

d'Iksvaku, exilés à la requête de leur belle-mere, et dut son

nom

à ce que le sage Kapila désigna son emplacement. Çuddhodana, le père du Bouddha, était l'arrière petit-fils du quatrième de ces princes. Beaucoup d'auteurs doutent de l'existence de cette ville, pila,

ou

ville

mythiques D'"

;

que son

nom même

rouge) semble ranger au

toutefois la

découverte de ses

Fûhrer, près de Niglivâ dans

le

que

de le

la ville,

nom

cités

ruines par

le

La couleur rouge du

fortement coloré par un oxyde de

de Kapilavastu,

de Ka-

Téraï Népalais, en 1896,

détruit aujourd'hui toute suspicion. sol

(ville

nombre des

la ville

rouge.

fer,

expli-


315

NOTES

7.

Çàkya^ peuplade ou tribu indienne que Ton sup-

pose être d'origine scythe. Elle était établie dans le Téraï Népalais, au pied des derniers contreforts de l'Himalaya, s'étendait jusqu'aux frontières

et

du Magadha, ou de

la

province d'Oude actuelle.

— Iksvaku. Roi mythique

8

du

Soleil,

de l'Inde, arrière petit-fils

souche de la race ou dynastie solaire appelée Sû-

ryavamça. La famille royale des Çâkyas disait descendre de lui.

9.

Gautama

Bouddha.

supposer que

nom

Gotama),

(pâli

La forme

(N. T.).

génitive

de

du

la famille

Gautama donne

à

race royale des Çâkyas appartenait à la

la

Gôtra brahmanique de Gotama. grammairien célèbre.

y a deux

Il

Gotama

:

le

lishi, et le

10.

— Çuddhodana,

ou possède du

riz

pur

qui a une nourriture pure, Le père du Bouddha Çâkyamuni.

« Celui

».

La tradition bouddhique en fait le roi des Çâkyas, mais ce fait n'est pas mentionné dans les plus anciens récits. Oldenberg {Buddha, pp. 99, 416 et 417 de la traduction anglaise) parle

de

lui

comme

«

d'un grand

et riche

proprié-

taire ».

11.

— Mâyâ-devî,

nommée,

nomme

dit-on,

aussi

«

Déesse (ou Reine) Illusion

», ainsi

à cause de sa beauté surnaturelle.

Mahâ-Mâyâ ou simplement Mâyd.

On

la

Elle

afin, dit mourut sept jours après la naissance du Bouddha, la légende, de ne pas avoir la douleur d'assister plus tard au départ de son fils et peut-être pour ne pas être un obs-

tacle à sa vocation,

Trayastrimçat, lui

et

renaquit dans

où Çâkyamuni,

prêcher pendant trois mois

du Salut.

— Mâyâ,

dans

la

devenu la

le ciel

des dieux

Bouddha,

Bonne Loi

vint'

et l'Évangile

langue brahmanique, est une

matière impérissable et préex^istante à tout, infiniment sub-


l'évangile du bouddha

316

tile,

qui sert aux dieux à créer des formes apparentes, sans

réalité et trompeuses.

Par

suite, c'est l'illusion, la magie,

l'enchantement. Le voile de Maya est l'illusion de personnalité qui s'appesantit sur les

— Reine

12.

ainsi incapable

deux,

des

la

lune ou peut-être l'aurore.

— Lumbinî, jardin ainsi appelé du

13.

de discerner

N. T.

la vérité des choses.

N. T.

yeux de l'homme retenu dans

du monde, qui devient

les liens

nom

de

la

prin-

cesse qui en était, ou avait été propriétaire. L'emplacement

du jardin de Lumbinî, marqué par une colonne le roi Açoka, a été découvert en 1896 à dans le Téraï Népalais, par le D"" Fûbrer. érigée par

— Plakêa — Mâra,

14. 15. le

Sliorea robusta.

:

le

trompeur,

le

tentateur, le destructeur,

dieu de la luxure et du péché,

N. T. Dans dans

les

les écritures

16.

le

le

satan bouddhiste. --

brahmaniques,

et

particulièrement

trompeur » est un des noms dieu de l'amour et du désir.

Pourânas, 3Iàra

donnés à Kâma,

inscrite

Niglivà,

«

le

Nâga, littéralement serpent.

d'une intelligence supérieure à celle de

Génies serpents

l'homme

et

doués

du pouvoir de se transformer à volonté.

Buddkas antérieurs. Les trois, six ou vingt-quatre 17. Buddhas qui ont précédé Çâkyamuni sur la terre. 18.

Bodhisattva

(pâli

Bodhisatta).

«

Celui de qui

l'essence [sattva) est de devenir illumination [bodkï) », ou « Celui

qui possède

la

Ce terme désigne un

qualité de bodhi, sagesse

suprême

être qui est sur le point de

».

devenir

Buddha, mais n*a pas encore atteint le Nirvana, et s'applique à toute une classe de saints qui n'ont plus qu'une seule naissance à subir avant d'arriver à finale.

N. T. Primitivement, à ce

rémancip;.tion

qu'il semble,

il

n'y


NOTES

avait

qu'un seul Bodhisattva,

317

celui qui était destiné à de-

venir Buddha, tel Çâkyamuni, et après lui Maitréya. 19.

Le

Asita,

Lalita- Vistara

et

plupart

des

Bouddha

pré-

la

autres récits bouddhiques de la naissance du

sentent une version quelque peu différente de cet épisode, d'après laquelle Asita n'est pas invité par Çouddhodana à venir voir son

mais vient de lui-même, averti de

fils,

naissance du futur

Bouddha par

les

tout autour de lui dans l'univers. rait

que

la forêt

la

prodiges qu'ils constate

De

plus,

semble-

ici, il

habitée par Asita dût être dans

proche

le

voisinage de Kapilavastou, tandis que le texte du Lalita-

Vistara dit que l'ermitage de ce saint personnage était situé

dans l'Himalaya, vers les airs,

N. T.

et qu'il

se rendit instantanément, à tra-

sa retraite au palais de

de

Çouddhodana.

Siddhârtha (pâli Siddattha)^ nom personnel du 50. Bouddha. Son sens étymologique est « Celui qui a atteint N. T. Le nom exact du Bouddha est Sarvârson but ».

thasiddha,

«

Celui qui accomplit toutes choses

Bouddhisme au

gintweit {Le

sens tibétain par 21.

Fondateur

« le

— Prajâpati

»

épouse du roi Çouddhodana qui avait épousé

On

désigne

le

plus souvent par son

<amt, féminin de Gautama. tante, et

E. Schla-

Mahâ-

(pâli Pajâpatî), appelée aussi

Prajâpatî-Gautami, sœur aînée de Mâyâ-dévi la

».

Tibet), le traduit, d'après le

Yaçodharâ,

femme

nom

les

et

seconde

deux sœurs.

de famille Gau-

N. T. Prajâpatî-Gautamî,

de Siddhârtha furent les deux

premières religieuses bouddhistes.

Il est de règle établie que la mère d'un Bouddha 22. meurt au bout de sept jours. Voif note 11. Yaçodharâ (pâli Yasodharâ), femme du prince 23.

Siddhârtha.

On

la

nomme

aussi Gopâ. Elle devint une des 18.


l'évangile du bouddha

318

N. T. D'après le Lapremières religieuses bouddhistes. lita-Vistara elle était fille du prince Çâkya Dandapâni. 24.

— Canna.

D'après

le

Lalita-Vistara,

cocher ou

le

du prince Siddhârtha se nommait Candaka. Krisd Gautamî (pâli Khâ Gotamî) « la svelte ou

plutôt récuyer 25.

mince Gautamî, cousine de Siddhârtha. C'est aussi le nom de l'héroïne de la parabole de la graine de moutarde. Çramana (pâli Samana). Ascète, moine, celui qui 26. vit sous la règle d'un vœu.

27.

— Voir note 18.

28.

—Voir

29.

— Tathâgaia, généralement traduit par — N. T. Le sens exact de ce terme

fait

».

comme

qui est venu «

notel.

en suivant

même 30.

Celui

voie » ou bien « en enseignant la

».

— Dharma-râja. Littéralement

la littérature

Le Par-

tous ses prédécesseurs «^ c'est-à-dire

même

la

doctrine

«

est «

brahmanique ce

dieu des morts, considéré

«

comme

la Loi ». Dans donné à Yama, le

Roi de

titre est

essence, source et arbi-

Le Mahâbhârata moins ou Pincarnation d'Yama, qu'à cause

tre de toute vérité et de toute justice.

l'applique à Yuddhisthira, l'aîné

parce qu'il est

le fils

de son inébranlable fermeté dans

des

Pândavas,

la justice.

N. T.

— Bhagavat. Homme démérite, honorable. Le Béni. Le Bienheureux. Titre donné au Buddha. — N. T. Ce 31.

titre

s'applique chez les brahmanes, à Brahmâ, à Visnu et à

Krsna. 32.

— Kanthaka. Cheval du prince Siddhârtha. — N. T.

Suivant

la

légende du Lalita-Vistara, Kanthaka

leur des chevaux

»,

naquit^à l'instant

de Siddhârtha. 33.

— Voir note 24.

même

de

« le

la

meil-

naissance


319

NOTES

35.

— Voir note 10. — Voir note 18.

35.

34.

Râjagrhâ

de Magadha.

— N.

(pâli

Râjagahâ). Capitale du royaume

Râjagrhâ fut une des résidences favorites du Buddha. C'est encore aujourd'hui l'un des lieux T.

saints les plus vénérés par les bouddhistes.

37. «

— Muni.

Penseur,

«

Penseur, sage, ascète

».

Spécialement

le

Çâkya-muni, « l'ascète, le Buddha. N. T. Le terme Muni

le sage, religieux ».

sage des Çâkyas

» est le

employé dans le sens de « ascète, religieux » aussi bien par les brahmanes et les jainas que par les bouddhistes. Bimbisâra. Roi de Magadha. On lui donne. sou38. est

vent le

surnom d'honneur de Sainya

queux, guerrier

». Il fut

(pâli

Sêniya)

assassiné par son propre

« bellifils

Ajà-

taçatru.

39.

— Voir note 26.

(^'(î^^/a-w2My^^(pâli Sâkya-muni). « L'ascète Çâkya », surnom qui est devenu l'appellation la plus usuelle du Bouddha Gautama. 41. Arâda (pâli Alâra). Célèbre philosophe brahmane. Son nom entier est Arâda (ou Arâta) Kâlâma. 42. Udraka, ou Rudraka, philosophe et ascète brah-

40.

— —

mane ou le

peut-être jaina. Le Latila-Vistara le désigne sous

nom

de Rudraka, fils de Râma. 43. -- Voir note 18. 44.

— Atman. Le

souffle

en tant que principe de

vie,

Pour quelques-unes des anciennes écoles brahmaniques Vâtman constitue dans l'homme un être métaphysique qui est le penl'âme, la personnalité, l'individualité, le moi.

seur de ses pensées, teur de ses actes. pris

dansce sens.

le

percepteur de ses sensations, l'au-

Le Buddha nie l'existence de Vâtman Les écoles brahmaniques donnent à l'âme


l'é\angile du bouddha

320

des êtres

le

nom

de Jivâtman pour

la

distinguer de Para-

mâtman, Tâme universelle N. T. 45.

— Karma

(pâli

Kamma).

Action, œuvre,

loi d'action,

précédemment accomplis et destinée qui en découle. Eilel définit le karma « ce fruit moral (de chaque être) qui seul survit à la mort et se continue par la transmigration ». Karma est un terme bien défini et scientifiquement exact. Le professeur Huxley dit « Dans la théorie de l'évolution, la tendance d'un germe à se développer selon un certain type spécifique, par exemple_, la tendance de la semence du haricot à croître en une plante ayant tous les caractères du phaseolus vulgaris, est son rétribution, conséquence des actes

:

karma. C'est

dernier héritier et

le

le

dernier résultat d'une

lignée ancestrale qui remonte, à travers plusieurs milliers

d'années, au temps de la première apparition de la vie sur

Nous

la terre. »

lisons dans V Anguttara

Nikâya Pancaka

Mon action [karma) est ma propriété, mon action est mon héritage, mon action est la matrice qui m'a porté, mon action est la famille à qui je suis apparenté, mon action est mon refuge ». Nipâla

46.

:

«

— Munja. Herbe très douce avec laquelle on confec-

tionne la ceinture sacrée des brahmanes. N. T. 47. l'être,

— Skandha qui sont

:

la

(pâli

Khandka). Éléments, attributs de

forme [rûpa);

la

ou de plaisir [vedanâ] produite par

sensation de douleur l'action des objets

ex-

térieurs sur les six sens (vue, ouïe, odorat, goût, toucher et esprit)

;

la

perception [sanjna] des idées et des choses

;

la

combinaison [samskâra) des qualités, facultés ou tendances morales qui constituent le caractère de l'individu et la ;

conscience ou discernement {vijfiâna). N. T. 48. 49.

— Voir note 42. — Voir note 45.


NOTES

50.

âme dans le

321

Transmigration ou Métempsycose, Passage d'une les différentes classes des êtres animés, y compris

séjour dans l'un ou plusieurs des enfers. N. T. 51.

Tathâgata.

«

Celui qui est venu (ou aagi)

— N. T.

ses prédécesseurs.

comme

Épithète ou titre spécial du

Bouddha que beaucoup d'auteurs traduisent par

le

«

Par-

fait ».

52. 53. 54.

— Voir note M. — Voir note 18. — Bhiksu (pâli Bhikkhu).

Mendiant

«

».

Terme ap-

pliqué dans rinde, antérieurement au bouddhisme, à tous les religieux

ayant

vœu

fait

de vivre d'aumônes,

spécialement attribué aux moines bouddhistes.

bonze

à notre expression «

Il

et plus tard

correspond

(birman Pongi et japonais

»

Bozou). N. T. 55.

— U ruvilvâ

située au sud de

(^dXï Uruvêlâ). Ville

Patna sur

Le Buddha y

d'hui Buddha-Gaijâ. C'était aussi

primitivement

Kâçyapa. C'est

la rivière

que se trouve

— Voir note 40. 57. — Le bruit de

fit

le

ciel

la

Mahâ-Bodhi.

la

mort du Bodhisattva

était

venu

Tuçita, et Mâyâ-Dévî, descendue sur la terre

pour pleurer son 58.

du célèbre Mahâ-

temple de

56.

jusqu'au

de fréquents séjours.

résidence

la

de l'Inde ancienne,

Nairanjanâ, aujour-

assista à sa quasi-résurreclion.

tîls,

— Le Lalita-Vistara

la

nomme

Sujâtâ,

fille

N. T.

du chef

de village Nandika.

— Bô. L'arbre de science, ficus religiosa. — Voir note 15. 61. — Voir note 26. 62. — Buddha. Voir notel. 63. — Dhyâna Jnâna). Méditation mythique 59.

60.

(pâli

traite, intuitive, vision béate, extase,

ravissement,

abs-

le résul-


l'évangile du bouddha

322

du Samâdhi. Le Buddha n'a pas conseillé les extases en que pratiques de dévotion religieuse, car il affirmait que la délivrance ne peut être obtenue que par la connaissance des « Quatre Vérités excellentes » et en marchant dans « rExcellente voie à huit chemins»; mais il ne contraria pas ceux qui se plaisaient dans l'extase et les visions béates.

tat

tant

Selon son interprétation conscience, mais

la

le

Dhyâna

n'est pas la perte de la

destruction voulue et délibérée de Té-

Dhyâna compris généralele premier est un état de

ment sous

y a quatre degrés de le nom de Samâdhi

joie et de

contentement qui naît d'une abstraction dans

goïsme.

Il

recherche et

la réflexion

;

le

:

la

second procure une profonde

paix sans réflexion ni recherche; le troisième effectue la

destruction de la passion et le quatrième consiste en une

Eugène du Bouddhisme indien, ei T. W. Rhys Ddiviàs, Buddhistn) .Dans le Fo-shôhing-tsanking, le Dhyâna n'est mentionné que deux fois seulement_, III, 17, versets 960-978, où Arâda expose la doctrine des Quatre Dhyânas que n'approuve pas le Buddha, et au moment de la mort du Buddha, où il est dit que « lorsqu'il a perdu connaissance son esprit a passé par les Quatre Dhyâ-

parfaite égalité

d'âme qui détruit

Burnont, Introduction à

la souffrance (voir

l'histoire

nas.

64.

— Dharma

[^kXi

Dhamma) Primitivement

tion naturelle des choses

.

ou des

êtres, la loi

la condi-

de leur exis-

tence, la vérité; puis la vérité religieuse, la Loi, le code

moral de justice, l'ensemble des doctrines constitua)it un système religieux, la religion. Son sens le plus habituel est la Loi.

65.

66.

— Voir note 1 — Nidâna « Cause

».

Les douze Nidânas constituent

la chaîne des causes qui font naître la misère dans le

monde.


NOTES

323

— Voir note 64. — Voir note 3. 68. 69. — Le Lalita-Vistara nomme 67.

le premier Trapusa. Ils deux premiers disciples laïques, ou Upâsakas, du Bouddha. Les livres bouddhiques donnent des versions diverses de cette légende; mais le

étaient frères et devinrent les

fond en reste toujours 70.

— C'est

dhisme

que

tant

Plus tard

la

l'Église

formule du

la

par l'adjonction du 71.

le

T.

«

(Sangha) n'est pas constituée. Triple Refuge » se constituera

«

Refuge dans

le

— Brahmcu Dieu créateur de

que, manifestation &q~

Sous

même. N,

le

formule primitive d'adhésion au boud-

le

nom

Brahma

de Mahâ-Brahmâ

(neutre) les

plus grand de tous les dieux,

sans formes

obscur et

il

».

Quant au

Sangha».

l'Ame

universelle.

bouddhistes en ont souverain du

le

titre de

brahmani-

la religion

«

fait

Monde

Sahampad son sens est nom du Brahmâ

ne se rencontre qu'associé au

bouddhiste. Eugène Burnouf le traduit par êtres patients ». Eitel lui

donne

ci

Seigneur des

sens de « Seigneur des

le

parties habitables de tous les univers », et Sir

Monier Wil». H. Ker

liams le traduit « Seigneur de ceux qui souffrent

(Sacred Books of the East, t. XXI) prétend qu*il est synonyme de Sikhin, dénomination fréquonte d'Agni. 72.

Voir noie 51.

— Voir note 64. 74. — ArâdaKâlâmaet Rudraka 73.

41 et 42. jours et 75.

le

A

ce

moment

le

fils

de Râma. Voir notes

premier était mort depuis

trois^

second depuis sept. N. T.

— Mriga-dâva^ ou

aussi Isî-patana, jardin proche

de Bénarès, plus tard l'une des résidences favorites du

Bouddha. 76.

— Upaka.

Le Lalita-Vistara ne donne pas son

nom


l'évangile du bouddha

324

simplement comme Ajîvaka ou membre d'une un ancien disciple de Mahâplupart autres Dans la des récits bouddhiques il est vîra. nommé l'Ajîvaka Upaka. N.T. Jina. Vainqueur. Titre attribué également aux 77. Bouddhas et aux Tirthamkaras cependant les Jainas l'emploient de préférence pour désigner Vardhamâna Mahàvîra qu'ils considèrent comme leur Buddha. Voir aussi et le désigne

secte jaine fondée par Gosâla

;

note 1. 78.

— Voir note 9.

— Voir note 51. 80. — Dévas. Dieux

79.

bouddhistes. Ce ticulièrement

nom

les

du brahmanisme conservés par

les

désigne tout esprit céleste, mais par-

dieux de rang secondaire qu'on peut com-

parer aux anges. 81.

82.

— Ajnâla Kaundinya, ou en Anflâta Kondanna. — Safigha ou Samgha. La confrérie des disciples pâli

du Buddha,

l'Église

bouddhique. Une assemblée d'au moins

quatre moines constitue un Safigha, a le pouvoir d'entendre

donner l'absolution, d'admettre à la Le Sangha forme le troisième constituant du Triratna (ou Trois Joyaux), la Trinité bouddhique en qui on prend refuge. 83. Le terme canonique est Dharma. Voir note 64. 84. C'est-à-dire le Sangha. 85. Faças (pâli Fa^a). L'un des premiers convertis du Buddha, il devint par la suite Arhat et Sthavlra. 86. Sous entendu « du Salut j). Expression qui marque le premier pas fait dans la sagesse bouddhique. N. T. 87. Le vêlement religieux des bouddhistes est teint uiie confession, de

prêtrise, etc.

— — — —

en ocre jaune. N. T. 88. Vinaya. La première

et la plus

ancienne des troi


325

NOTES

sections qui constituent le

Le Vinaya, pline.

Après

devant

que son

ainsi la

Canon bouddhique ou Tripitaka

nom

l'indique, traite de la disci-

mort du Buddha, Ananda en

le concile

récita le texte

de Râja-Grhâ.

— Voir note 55. qui 90. — Jatila, 89.

<l

étaient des ascètes

91. tar

Krsna

«

a les cheveux brahmanes.

Le noir

de Visnu, dont

le

tressés.

Les Jatilas

Huitième incarnation ou ava-

».

culte est très répandu dans

l'Inde

brahmanique et s'est en grande partie substitué à celui de Visnu lui-même. Toutefois, à l'époque du Buddha ce culte devait être tout à fait à son début. N. T.

— Kâçyapa.

Il y a trois personnages de ce nom parmi du Buddha, tous trois brahmanes et chefs de communautés Jatilas avant leur conversion au bouddhisme.

92.

les disciples

Celui dont

On

le

il

est question ici est le plus illustre des trois.

désigne d'ordinaire sous

le

nom de Kâçyapa d'Uru-

ou de Mahâ-Kâçyapa, pour le distinguer de ses deux frères, Kâçyapa de Nadî et Kâçyapa de Gayâ, beaucoup vilvâ

moins connus que lui. Aussitôtaprès sa conversion, il prit un rangéminent parmi les disciples du Buddha et devint une des colonnes de la confrérie. Après la mort du Buddha, il convoqua

et présida le

grhâ, devant lequel

il

premier synode ou Concile, à Râjarécita, dit-on, VAb/ii-dharma,

ou

section de métaphysique. Les bouddhistes de toutes les sectes le considèrent

comme

religion et le successeur de

93.

—Voir

le

premier patriarche de leur

Çâkya-mouni.

note 31.

— Voir note 4. 95. — Voir note 36. 96. — Sainya (pâli Sêniyq). 94.

Guerrier belliqueux. Titre 19


l'évangile du bouddha

326

d'honneur donné à Bimbisara,

roi

de Magadha.

Voir

note 38.

— Çakra

97. roi

(pâli

Sakka).

Nom

bouddhique d'Indra,

le

des dieux.

98.

Vénouvana

(pâli

Velouvana). Bois de bambou

une des résidences

favorites du Buddha, qui y prononça plusieurs sûtras importants. Çâriputra (pâli Sâriputtd). L'un des principaux 99. disciples du Buddha. Le saint Pierre du bouddhisme. Il se

proche de Râdjagrhâ,

nommait de son (du

nom

Upatisya. Çâriputra

— Maudgalyâyana

100.

nom

nom

vrai

« fils

de Çâri

de sa mère) n'était qu'un surnom.

Kolita, remplit

bouddhique, où

il

un

(pâli

Moggallâna), de son

rôle important

figure parmi les

dans

la

vrai

légende

plus illustres disciples

du maître.

— Sanjaya.

101.

ment

qu'il fut le

Ascète brahmane dont on

sait seule-

premier Maître de Çâriputra et de Maud-

galyâyana. N. T. 102.

— Açvajit

quable par

la

(pâli Assaj^). Disciple

du Buddha, remar-

dignité toute particulière de son maintien, et

souvent employé, à cause de cette qualité, pour attirer vers le

Buddha 103. 104.

105. tibétain

106.

les

personnages

— Voir note

qu'il voulait convertir.

26.

— C'est-à-dire d'un Çakravartin. N. T. — C'est aux Çâkyas de Kapilavastu que

le

texte

du Dulva prête ces murmures. N. T.

nommé

Anâthapindika,

aussi Anâthapindada.

Riche marchand de Çrâvastî, célèbre pour sa ciple laïque

du Buddha

et

libéralité, dis-

donateur du vihâra de Jètavana.

Le sens généralement accepté de son nom est « Celui qui fait l'aumône (/>2îiû?rt) aux nécessiteux (rï>?(7iAa) ou abandonnés ». L'étymologie d'Eitel « Celui qui donne sans conser:

:


NOTES

327

ver {anâtha) une bouchée (pmrfa) pour lui-même », ne peut se soutenir.

gâteau de les

N. T. Pinda

même nom que

est l'offrande funéraire

d'un

seuls peuvent présenter au

mort

un degré rapproché, appelés en Sapwda.

raison de ce

parents à

fait

— Içvara

107.

(pâli Issara)^ «

aux grands dieux brahmaniques livres

bouddhiques,

jours

un dieu supérieur,

Seigneur

et

». Titre

le titre sanscrit d'Içvara

et

donné

surtout à Çiva. Dans les

indique tou-

en dehors du monde, un dieu

personnel, une divinité distincte et indépendante de la naqui est supposé avoir tiré le

ture,

N. T. Dans

comme 108.

ex-nihilo.

bouddhisme mahâyâna mystique plusieurs

le

portent

divinités

monde

le

titre

d'Içvara, sans être considérées

créatrices.

— Çrâvastî

(pâli Sâvatthî). Capitale

du royaume de

Koçala septentrional, située au nord-ouest du Magadha sur la

Le général Cunningham

Rapti.

Sahet-Mahet dans TOude. Cette

l'identifie

aux ruines de

identification paraît dou-

teuse.

109. cité

— Prasénajit (pâli Pasênadi). Roi du Koçala souvent

dans

les livres

^ddha. Détrôné mander

bouddhiques. 11 fut un ami sincère du fils Virûdhaka, il s'en fut de-

par son

asile à Ajâtaçatru, roi

bitement au bord d'un étang où

du Magadha il

et

mourut su-

venait d'étancher sa soif.

N. T. 110.

Vihâra. Résidence des moines ou prêtres boud-

dhistes pendant la saison des pluies. Monastère. Temple.

111. 112.

Admis

—Voir

note 23.

— Rahula. Fils du Buddha et de Yaçodharâ ou Gopâ. tout enfant dans la confrérie des bhiksus,

jours cité parmi

néré

comme

le

les principaux disciples

saint patron des novices.

il

du Buddha

est touet vé-


l'évangile du bouddha

328

Ananda. Le Saint Jean bouddhiste, disciple N. T. Le Lalita-Vistara ne dit du Buddha.

113. féré

pré-

pas

qu'Ananda fut fils de Prajàpatî et demi- frère du Buddha^ mais simplement qu'il était né le même jour que lui. En général les écritures bouddhiques le qualifient de cousin de Çâkyamuni. 114.

—Voir

115.

— Dévadatta.

note 21. ce

Dieu-donné

Frère de Yaçodharà,

».

cousin et beau-frère de Siddhârtha. Jaloux et envieux du

Buddha,

il

tenta de fonder

une secte à

lui

de discipline plus rigoureuses que celles de est

avec des règles la confrérie.

11

dépeint incontestablement d'une manière très injuste

dans

le

116.

canon bouddhique

et traité

Upâli. Barbier de

la

comme un

par la suite un disciple éminent du Buddha. lui qui fut

chargé de réciter

traître.

cour de Kapilavastu, devenu

le Sût7'a

N. T. C'est au concile de Ràja-

mort du Buddha. L'un des grands disciples de Çâkyamuni^ considéré comme le grand maître de la métaphysique bouddhique. 11 était le second fils d'Amritodana, grhâ après

la

117. — Anuruddka.

frère de

Çuddhodana,

et

par conséquent cousin de Sid-

dhârtha. 118.

^

— Voir note 110.

Jêtavana. « Jardin de Jeta ». Vihàra ou monasbouddhique construit par le marchand Anâthapindika de Çrâvaslî dans le jardin acheté par lui au prince Jeta, héritier présomptif du royaume de Koçala. 119.

tère

120. 121.

— Voir note 15. — Jîvaka. Suivant

la tradition

bisâra et de la courtisane Sâlavatî.

il

était

fils

de Bim-

Le Mahàvagga

(VIII

)

rapporte qu'il avait été exposé après sa naissance et recueilli

par un passant.

Il

devint

un médecin de grand

talent

I


NOTES

329

Buddha d'une maladie désagréable causée par Il fut un fervent du Buddha et usa de son influence pour faire per-

guérit le

l'usage de se vêtir de haillons sordides. disciple

mettre aux bhiksus de porter des robes de laïques. 122.

— Pradyota

(pâli

Pajjota). Roi d'Ujjayni, aujour-

(pâli

bhikkhunî). Féminin de bhiksu.

d'hui Oude.

123.

— Bhiksunî

Religieuse, nonne, sœur.

124.

Viçâhhâ

(pâli

Visâkhâ). Riche habitante de Çrâ-

du Bouddha. H. Oldenberg [Buddha^ p. 167 de l'éd. angl.) dit a Tout le monde invite Visâkhâ aux cérémonies sacrificatoires et aux banquets, et c'est à elle que l'on offre d'abord les plais. Un hôte comme elle porte bonheur à la maison ». Pûrvârâma (^kW Pubbârâma). L'un des Vihâras 125. vastî,

l'une des disciples laïques les plus distinguées

:

ou monastère de 126. 127.

— —

la

confrérie bouddhiste.

Voir note 110.

Parwrâjaka

(pâli

Paribbâjaka).

Membres d'une

secte de la religion Jaina.

128. Tirthika (pâli Titthiya). École religieuse de llnde

au temps du Buddha,

— N. T. Hérétique. Probablement

secte des Jainas dont Vardhamàna Mahâvîra

Au

xi^ siècle, cette secte se grossit

la

était le chef.

d'un assez grand nombre

de bouddhistes fuyant la persécution. 129.

Upavasatha

(pâli

Uposatha). Le dimanche boud-

Rhys Davids {Buddhism,

«Les du mois^lunaire où la lune est pleine, au troisième quartier, nouvelle, et au premier quartier. Ce sont le 14« jour de la nouvelle lune dhique.

pp. 140-141), dit

:

jours Uposathas sont les quatre jours

(dans les mois courts) et le 15» jour de la pleine lune (dans les

mois longs)

et le 8°

jour de chacune de ces phases. Le 19.


l'évangile du bouddha

330

mot

sanscrit correspondant est Upavasatka, le jour de jeûne

qui précède les offrandes de soma enivrant, en relation avec le culte

de

la lune.

Au

lieu d'adorer la lune, les

bouddhistes

devaient sanctifier le jour de jeûne par l'observance des

moraux

préceptes

;

c'est

un des nombreux

Gautama

cas où

a spiritualisé les mots et les coutumes existants.

430.

Prâtimoksâ

(pâli

déchargement ». C'est Rhys Davids (Buddhism, «

nement du 2300 ans, mois dans

v^ siècle elle a été

les

Pâtimokkha).

Littéralement

confession bouddhique. Suivant

p. 163), elle date

presque certai-

avant J.-G. Depuis ce temps, pendant

régulièrement récitée deux

fois

chaque

assemblées solennelles des membres de l'ordre.

Elle occupe donc

du monde,

la

et

une place unique dans

l'histoire religieuse

aucune règle de conduite morale n'a

usage constant aussi longtemps que

été

en

celles qu'elles a établies,

à l'exception seulement des préceptes de TAncien Testa-

ment

de ceux de Gonfucius.

et

131.

— Kauçûmbî

(pâli

Kosambî). Ville de Tlnde, sur

'Gunningham à

Kosam

Jumnâ,

identifiée par

Une des

plus anciennes cités de l'Inde, elle était

la

la

actuelle.

la capitale

du royaume de Kauçâmba et passait pour avoir été fondée par Kuçâniba, l'un des descendants de Purûravas. Le Bud-

dha y

fit

un

assez long séjour.

Williams, Buddkism, 132.

133.

— Voir note 64. — Dlrgkâyu

(pâli

mythique, 134.

fils

du

— N. T. d'après Sir Monier

p. 411.

Dtghâvu), « Longue Vie

».

Prince

roi Dîrghâti.

/{(îçi (pâli

Kâsî).

Nom

narès.

— Voir note 115. — Voir note 23. 137. — C'est-à-dire Buddha.

135.

436.

le

archaïque et sacré de Bé-


NOTES

331

Ajdtaçatru. Fils et successeur de Bimbisâra, roi 138. de Magadha. La tradition bouddhique l'accuse d'avoir tué son père pour s'emparer du trône. Il fut d'abord hostile au

Buddha, puis touché de la grâce, lui confessa son crime un zélé protecteur du bouddhisme. N. T.

et

devint

139.

— Voir note 98.

140. -~ Voir note 45.

— Jystiska. 142. — Viiji

141.

Contrée de l'Inde voisine du

(pâli Vajji).

Magadha. 143. ici

— Dharmarâja.

«

Roi de

la

Loi ». Titre appliqué

au Buddha, en tant que grand maître de

Chez ment

les

à

144.

Indous brahmaniques

Yama^

le

il

la Doctrine.

s'applique tout spéciale-

dieu des morts, régent de l'enfer.

— Dharmapada (pâli

Dhammapada).Le

voie de la Loi ». Titre d'un des livres qui

pied ou la

constituent le

corps de la doctrine bouddhique. N. T.

145.

Voir note 15.

146.

Manasâkrita

(pâli

Manasâkata).

Indra. Le roi dos dieux védiques. Dans les livres bouddhiques, il est le roi des dieux de la région de la forme. 147.

Son paradis se nomme Svarga. N. T. Soma. Dérivé de la racine su 148.

«

presser » et non

comme le proposent les savants chinois, d'après Eitel, de su « qui égayé » et mana « l'esprit ». Nom d'une plante et de son jus enivrant que

les

brahmanes emploient dans leurs

cérémonies. La liqueur de soma est identifiée à la lune et N, T. Soma est un des personnifiée comme une divinité.

principaux dieux védiques.

Il

nisée qui nourrit le feu sacré,

personnifie la libation diviet,

par extension,

fond avec le sacrifice lui-même. Varuna. Dieu védique du 149.

ciel,

il

se con-

dévenu plus tard


l'évangile du bouddha

332

régent de l'océan,

le

150.

151.

— Nirg7^ant ha

livré des liens (du

de

dieu des eaux, Poséidon, Neptune.

le

Voir note 71. {^êiVi

Niggantha). Littéralement

monde).

»

Nom

«

Dé-

adopté par les adhérents

la secte Jaina.

152.

— Jnâtaputra

ralement considéré

(pâli

comme

Nâtaputta). Personnage généidentique à

Vardhamâna Ma-

hâvîra, le chef de la secte Jaina.

153.

Kûtadanta. Brâhmanec,hef du village de DânaKhânumat.U est cité par Spencer Hardy

matî, appelé aussi

[Manual of Buddhism, p. 289) et dans Sacred, Books of the East, vol. XIX, p. 242. 154. A/wamarî. Village de l'Inde. Ce nom signifie « qui a un esprit à donner ». Il n'a pas été identifié,

— 155. — Voir note 45. 156. — Dharmakâya.

Corps de

«

la Loi ».

N. T. Le

plus subtil des trois corps que revêtent successivement les

Buddhas, celui qu'ils possèdent seulement après

le

Parinir-

vâna.

— Voir note 112. — Voir note 110. 159. — Voir note 119. 160. — Voir note 106. 161. — Amitâbha[^dJi%c. et 157.

158.

pâli).

«

Celui qui possède

une lumière sans bornes » de amita « infini, immesurable » et de âbhâ « rayon de lumière, splendeur, félicité de l'illumination ». Cette expression appartient au bouddhisme mahâyâna et a été personnifiée en Amitâbha Buddha, ou Amita. L'invocation du nom sauveur d'Amitâbha Buddha est un dogme de prédilection de la secte du Lotus ou de la Terre pure, si populaire en Chine et au Japon. Le chapitre LX de cet ouvrage renferme une allusion à la conception ;


NOTES

333

poétique du Paradis de l'Occident. Le bouddhisme du Sud n'a

aucune idée d'un Amitâbha personnifié

et les

voyageurs

chinois Fa-hian et Hiouan-thsang n'en font pas mention.

La mention

la

plus ancienne

d' Amitâbha

se trouve dans

l'Amitâyus-sûtra, traduit en chinois entre 148 et 170 de notre ère. (E. Eitel,

162.

— Çrâvaka

Handbook,

(pâli

p. 7-9).

Sâvaka)

Celui qui a entendu

«

la

du Bouddha), un élève, un commençant ». Ce terme i°tous les disciples personnels est employé pour désigner du Bouddha, parmi lesquels les plus éminentssont appelés Mahd'Çrâvakas; 2° un degré élémentaire de sainteté. Un (voix

:

çrâvaka est celui qui est encore superficiel dans et la

compréhension de

la loi.

du

On

le

la

pratique

compare à un

lièvre

en nageant à la surface N. T. « Auditeur », dis(E. Eitel, Handbook, p. 157). ciple qui a prononcé les vœux, en opposition à VUpâsaka

qui traverse

le

torrent

Sariisâra

«

serviteur », disciple laïque. 163.

— Sukkdvatîjle Paradis occidental^ sorte de lieu de

repos ou d'oasis bienheureuse sur

vana. C'est pour

la

butés par la difficulté et

prême de 164.

le

chemin ardu du Nir-

plupart des bouddhistes mahâyânas, rele

vague du Nirvana,

le

but su-

leurs efforts.

— Abhijnâ

Abhinnâ), faculté surnaturelle.

(pâli

Il

y

a six Abhijnâs que le Bouddha acquit quand il atteignit à 1" Vœil céleste, ou connaissance l'intelligence parfaite objet existant dans chaque chaque intuitive de la nature de :

univers; 2^ V oreille céleste, ou capacité de saisir tout son 3« le pouvoir de prendre, ;

produit dans chaque univers

toute espèce de figure ou de forme; 4° la connaissance de

toutes les formes des précédentes existences de soi-même et

des autres; 5° les êtres

;

6*^

la

la

connaissance intuitive de connaissance de

la fin

la

pensée de tous

du courant de

la vie.


334

l'évangile du bouddha

— Riddhi

165.

mination de

par Eitel

(pâli Iddhi)^ esl défini

l'esprit

sur la matière

». C'est le

« la

convient au but qu'on se propose, et l'adaptation aux constances. Dans la croyance populaire cela implique

franchissement des

lois

de

la

do-

pouvoir qui cirl'af-

gravitation et la faculté de

— N.

prendre à volonté toute espèce de forme.

T. Pouvoirs

surnaturels du saint.

— Voir note 63. — Samddhi (sansc.

166.

167.

et

pâli) «

Extase, abstraction,

puissance sur soi-même «.RhysDavidsdit n'a pas su échapper

« Le bouddhisme aux résultats naturels de l'étonnement :

avec lequel on a toujours considéré les états nerveux anor-

maux pendant Tenfance de les

rêves et les

la science.

Mais

il

faut ajouter

bouddhisme le plus ancien méprise visions, et que la doctrine du Samâdhi est

à son avantage que

le

de peu d'importance pratique co];nparée à celle des Huit

Chemins excellents » [Buddhism, p. 177). Eitel dit de son côté Le terme Samâdhi est employé quelquefois dans un sens moral quand il désigne la délivrance morale personnelle de la passion et du vice » [Handbook, p. 140). :

((

169.

— Voir note 113. — Varana, arbre de l'Inde, crataeva Roxburghii,

170.

—Voir

171.

168.

note 131.

Védas. Livres sacrés des brahmanes.

considérés

comme

Védas

Rig,

la

:

le

le

renfermant toute science. Sdma et YAtharva.

Il

172.

— Voir note 108. — Annabhâra, littéralement

nom

«

Celui qui apporte de

Sumana. », Mâtanga. Une des nombreuses classes de

nourriture

sont

ïajui\ le

173.

174.

Ils

y a quatre

de l'esclave de

hors-

castes de l'Inde.

175.

— Mathurd (sansc.

et pâli), ville

de l'Inde du Nord.


NOTES

335

.

N. T. Centre principal du culte du dieu KrSna, où se le temple célèbre de Jagannâtha.

trouve

176.

177.

— Jâmbûnada

Upagupta. (pâli

Jambûnada),

tuation est ignorée. C'est aussi

le

nom

ville

dont

la si-

d'une montagne de

l'Inde.

'178. Voir note 55. 179.

Yamarâja, ou Yama,

roi

de la mort, dieu des

enfers et juge des morts.

— Voirnole25.

180.

—Voir note 99. —Voir note 138.

181. 182.

— Pdtaliputra

183.

(pâ'i Pdlaliputta), ville appelée aussi

Pâtaligâma située sur

le

Gange, au nord de Râjagrhâ,

et

nommée Patna. C'était la forteresse du Magales Vrjis. On dit que le Boud Ihi prédit la future

actuellement

dha contre grandeur de celte

cité,

ce qui est

déterminer l'époque où fut écrit taliputra.

Patna a

On ne sait

un point important pour

le récit

de son séjour

à

Pâ-

pas encore exactement à quelle époque

pris l'importanca qu'elle a maintenant. C'était la

du Magadha lorsque Mégasthénès, ambassadeur de Séleucus Nicator, visita l'Inde à la fin du iii° siècle avant

capitale

J.-C,

et décrivit cette cité

184.

— Ambapâli.

avec beaucoup de détails.

Courtisane

dans

le

faire

une idée exacte de

Fo-sho-king-tsan-king la

.

Il

nommée nous est

«

Dame Amrâ

difficile

»

de nous

condition sociale des courtisanes

dans l'Inde au temps du Bouddha. Ce qui

est certain, c'est

que ce n'étaient pas des prostituées vulgaires, mais des femmes riches et possédant une grande influence. Leur éducation ressemblait à celle des hétaïres de la Grèce, où Aspasie joua un rôle si important. Quelquefois elles ont pu avoir

un rang analogue

à celui de

M™« de Pompadour en


l'évansile du bouddha

336

France, à

la

cour de Louis XV. Elles ne se faisaient pas la naissance, mais par leur beauté, leur

remarquer par

éducation, leur raffinement, et d'autres perfections entiè-

rement personnelles en vue '

et

;

beaucoup d'entre

elles furent

mises

entretenues par la faveur royale. Les premiers

paragraphes du 5" Khandaka du Mahâvagga [Sacred Books

of the East^ XVII, p. 171-172) donnentune idée assez nette du rôle important des courtisanes de cette époque. Ce n'étaient pas nécessairement de vénales filles de joie,

souvent des femmes distinguées

et

mais en renom, des mon-

daines sans être méprisables.

185.

— Liccavi.

Famille princière chargée héréditaire-

ment du gouvernement de 186. 187.

la

république de Vaiçâlî.

— Voir note 98. — Varsa. Vassa), (pâli

« pluie, saison des pluies

».

Pendant la durée de la saison des pluies, de juin à octobre dans le nord de l'Inde, les çramanas ne peuvent voyager et doivent avoir une résidence fixe. C'était le temps où les

du Maître pour entendre

ses

leçons, et c'est pourquoi cette saison devint l'époque

de

disciples se réunissaient autour

fête la

de l'année.

A

Geylan, où ces quatre mois constituent

plus belle saison de l'année, les religieux bouddhistes se

rassemblent, vivent dans des huttes de feuillages, tiennent des assemblées en plein

air, lisent les

Pitakas et se délec-

tent à la lecture des Jâtakas, légendes et paraboles

dhiques (Rhys Davids, Buddhisiriy 188.

189. 190.

boud-

p. 57).

— Voir note 15. — Cunda.

— Çâla{T^à\[ Sala), Arbre de Tlnde,

ou Shorea robusta.

Vatica robuste


TABLE DES MATIÈRES

Avertissement

y

Préface de l'auteur

'

jx

Allégresse

1

Samsara et Nirvana La Vérité rédemptrice Naissance du Bouddha

2 •

.

.

9

Les Liens de la vie Les Trois Douleurs Le Bouddha renonce au monde Le roi Bimbisâra Les Recherches du Bouddha Pénitence à Ourouvilvâ

^3 15

^

19

24

29 35

.

Mâra

le

6

.

méchant

38

Illumination

39

Les premiers convertis

45

Requête de Brahmâ

46

Oupaka Le Sermon de Bénarès

48

Le Sangha

56

.

49

'.

Yachas, le jeune homme de Bénarès Envoi des disciples en mission

58

63

Kâçyapa Le Sermon de. Râdjâgrihâ L'Offrande du roi Çàripoutra et Maudgalyâyana Mécontentement du peuple

64 68 73

74 76 77

Anâthapindika Le Sermon sur la Charité Le Père du Bouddha Yaçodharâ Râhoula

*

81

83

85 89 20


338

TABLE DES MATIÈRES

Pages.

Djêtavana

91

.

médecin Le père et la mère du Bouddha parviennent au Nirvana Admission des femmes dans le Sangha Règles de conduite des Bhikchous envers les femmes Vichâkhà Oupavasatha et Prâtimôkcha Le schisme Djîvaka,

97

le

.

.

100 100

...

101

103

108 111

Rétablissement de la concorde Les Bihkchous réprimandés

115

Dêvavatta

124

Le But Défense de faire des miracles Vanité du monde

127

132

Préceptes pour les Novices

135

123

129

Règles pour l'Ordre

136

Les Dix Commandements La Mission du Prédicateur . Le Dharmapada Les deux Brahmanes Observez les Six Quartiers Question de Simha sur l'anéantissement Toute existence est spirituelle

138

.

139

*

145

153 160

162 •.

Le Bouddha

Une

n'est plus

seule essence,

un

Gautama

.

seule Loi,

Leçon donnée à Ràhoula

Sermon sur

.

.

169 171

Identité et non-identité

l'injare

Réponses du Bouddha à un Déva

.

on

.

.

,

seul but

183 184

187

189

,191

Instructions

193

Amitâbha et la Terre Pure Le Maître inconnu

204

Paraboles et histoires La maison incendiée

207

197

206 208

L'Aveugle de naissance Le Fils perdu Le Poisson étourdi.

210

Le Dupeur dupé

211

209


TABLE DES MATIÈRES

339

Pages,

Quatre sortes de mérite

215

La Lumière du monde

Une

216

vie de luxe

Le partage de

.

la félicité

Le Fou insouciant Assistance dans

le

220

désert

222

Le Bouddha semeur Le Paria La femme au puits Le Pacificateur Le Chien affamé Le Despote Vâsavavattâ Noces de Djâmboûnada

A

la

211 219

226 228

229 230 232 233 235

237 239

poursuite d'un voleur

Au royaume d'Ymarâdja

240

La graine de moutarde Çâripoutra suit le Maître sur l'eau Le Bhikchou malade Conditions de prospérité Droite conduite

244 248 250

252 255

Pàtalipoutrà

256

La Foi de Çâripoirfra Le Miroir de Vérité Ambapâli Sermon d'adieu du Bouddha Le Bouddha annonce sa mort Le forgeron Tchounda

259 262 264

268 272

...

Maitrêya

Mort du Bouddha Les Trois Personnes du Bouddha Le But de l'être Louange de tous les Bouddhas Références et analogies

.

.

*

278

283 286 294 298 303

305

313

Notes

ANGERS.

IMPRIMERIE ORIENTALE A. BURDIN ET C'".





BlI^iUlféià

BL 1451

SLCi.

UUI

b-lWi

Carus. Paul L^évangile du Bouddha

C3U

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