8e art n°13

Page 1

hiver 2010/ 2011

#13 MARSEILLE-PROVENCE

ART & CULTURE FREEMAGAZINE

FUTURÉALISMEs

Les artistes de l’ère numérique s’exposent à Aix P. 15

et aussi : NEWS

Marseille-Provence 2013 DOSSIER

Design 100% Marseille portfolio

Zineb Sedira au mac ...



Édito

FUTURÉALISMEs

Les artistes de l’ère numérique s’exposent à Aix P. 15

et Aussi : NEWS

Marseille-Provence 2013 DOSSIER

Design 100% Marseille pORTFOLIO

Zineb Sedira au mac ...

#13

hiver 2010 /2011

hiver 2010

#13 MARSEILLE-PROVENCE

ART & CULTURE FREEMAGAZINE

Edito

Couverture : Ex-îles - Electronic Shadow

MARSEILLE-PROVENCE

ART & CULTURE FREEMAGAZINE

www.8e-art-magazine.fr

8e art est une publication des Éditions Bagatelle 19, avenue de Delphes - 13006 Marseille - 09 81 63 54 76 Directeur administratif et financier : Nicolas Martin Directeur de la publication : Frédéric Guerini

Rédacteur en chef : Sandro Piscopo-Reguieg 06 71 62 49 81 - sandro.piscopo@gmail.com Conception et réalisation graphique / Direction artistique : Dix-Ein infos@dix-ein.com - www.dix-ein.com Service Commercial : 09 81 63 54 76 - contact@le8art.fr Impression : Azur Offset Acropolis - 171bis, chemin de la Madrague-Ville - 13015 Marseille 04 91 52 53 54 La reproduction même partielle des articles et illustrations sans autorisation est interdite. 8 e art décline toute responsabilité pour les documents et articles remis par les annonceurs. Dépôt légal à parution.

L’art contemporain - conceptuel - est-il sur le déclin ? Incompris et dénigré par le grand public, il fonctionne en vase clos, sans voir que déjà, la relève est en train de montrer le bout de son nez. Aujourd’hui, elle est incarnée par une nouvelle génération d’artistes : ceux de l’ère numérique. Ils s’attachent en effet à utiliser - et détourner - les nouvelles technologies dans une finalité artistique. Ordinateurs, téléphones portables, jeux vidéos : les nouveaux médias se sont emparés de notre quotidien. Ils nous fascinent... Il est donc logique que les artistes s’en emparent à leur tour. Le succès grandissant du festival Gamerz à Aix-en-Provence (voir p. 16) le prouve : l’art de l’ère numérique peut réconcilier le grand public avec la création contemporaine. En mettant en scène des objets qui nous sont familiers de façon ludique ; tout en nous invitant à réfléchir et à changer notre regard sur ces nouveaux outils. Créer du sens. Car ils n’oublient pas l’idée, le concept. Il suffit de lire notre dossier consacré à Electronic Shadow (p. 24) pour s’en convaincre. Si leurs installations mettent en scène les nouvelles technologies, elles sont toujours le fruit d’une réflexion poussée sur l’art, les sciences, la philosophie, l’imaginaire... Mais ici, le public est invité à “pénétrer” le concept. S’immerger dans la création. “On ne regarde plus une œuvre d’art. On est à l’intérieur de l’œuvre”, comme nous l’explique Yacine Aït Kaci d’Electronic Shadow. De quoi révolutionner l’art contemporain “traditionnel”. L’emploi même de cet épithète le prouve. L’art contemporain a pris un coup de vieux. Les artistes de l’ère numérique, avec la fougue des mouvements émergents, traitent déjà les tenants de l’art tel qu’on le voit dans les galeries depuis les années 60 comme réacs, dépassés... Pour d’autres, cet art conceptuel n’est qu’une parenthèse dans l’histoire de l’art : ils croient au retour de la peinture figurative (voir p. 50), et attendent fermement leur revanche. Alors qui l’emportera ? L’huile sur toile ? L’installation numérique ? L’urinoir ? À vous de voir.

Sandro Piscopo-Reguieg

hiver 2010/2011

8e art magazine

3



sommaire

Actualités p.

idée p. 9 videospread

13 15

DOSSIER p. 9 Aix numérique

35

zoom p. 9 ciné - cd - livres

40

rencontre p. 9 jean-françois zygel

DOSSIER design 100% marseille 8

Design

100% Marseille

à voir p. 9 basquiat au mac

théâtre p. 9 robin renucci

rencontre p. 9 thierry fabre

9 LAterna magica

pORTFOLIo p. 9 zineb sedira

9

p. 62

Retrouvez-nous sur

www.8e-art-magazine.fr abonnez-vous à au Centre Quoi de neuf

e

du design ?

79 91

restaurants p.

123

abonnement p.

130

p. 64 p. 65

#13

hiver 2010

Champions du design

72

109

Ça bouge à Marseille ! Pecha Kucha Night, le speed creating !

55

agenda p.

p. 60

Philippe Di Meo : abonnement Luxe, design et sensualité

50

9 design 100% marseille

p. 58

“Marseille n’est pas un frein !”

46

dossier p.

Marine Peyre : “Je divorce avec Marseille !” LN BOUL :

44

9 yves gnaegy

galeries p.

Designers

42

portrait p.

festival p.

7

p. 66

AIX - MARSEILLE

ART & CULTURE FREEMAGAZINE

7 designers dans le mistral

hiver 2010/2011

8e art magazine

5


Conception-réalisation : direction de l’information de la Région. Illustration 3D : Pixium.

La Région rassemble les Méditerranéens

En imaginant le Centre régional de la Méditerranée (CEREM), j’ai souhaité que Marseille porte le symbole du lien entre les peuples de la Méditerranée. Dès 2013, le CEREM sera donc l’expression d’une volonté politique de liberté et de fraternité pour tous les Méditerranéens.

Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur

regionpaca.fr


actualitĂŠs

Š c-ktre

Actu9 hiver 2010/2011

8e art magazine

7


actualités

Marseille-Provence 2013

Le “scénario” sera dévoilé en février Le conseil d’administration de l’association Marseille-Provence 2013 s’est réuni le 18 novembre 2010 à la CCI. L’occasion de faire le point sur le calendrier de l’annonce du programme, le financement des chantiers et l’élaboration de la nouvelle identité visuelle de MP2013.

Par SPR

Marseille, capitale européenne de la culture en construction Ici, les chantiers du Mucem et du CRM sur le J-4.

C’est en février 2011 que seront dévoilées les grandes photo (493), du théâtre (472), et de la danse (407). Ces 2 lignes du « scénario de l’année 2013 », nous apprend le 197 projets proposent au total 3 918 manifestations ou communiqué de presse rédigé après la tenue du conseil installations, réparties sur l’ensemble du territoire. Des projets de toutes tailles, dont d’administration de l’association. À cette date, on connaîtra enfin les Après l’annonce de « l’architecture les budgets s’élèvent à moins de générale de l’année Capitale » 1 000 euros pour les moins onéreux, temps forts, les grands rendez-vous en février 2011, un « avantmais pouvant atteindre plusieurs festifs, les thématiques majeures, et les principales expositions qui programme » sera diffusé fin 2011 et centaines de milliers d’euros pour rythmeront l’année Capitale. De le programme définitif, mi 2012. les plus ambitieux. Les 2 197 projets représentent un budget cumulé de quoi permettre aux « partenaires de préparer les dispositifs d’accueil des visiteurs » et 612 millions d’euros, alors que le budget prévisionnel de aux professionnels du tourisme d’avoir le temps de MP2013 pour le financement des manifestations s’élève à « seulement » 69 millions d’euros (sur une enveloppe totale « développer leurs actions de promotion internationale. » À partir de cette base, l’association peaufinera le détail de 221 millions d’euros). Pour diminuer les coûts, le travail de la programmation qui sera « enrichie et précisée au de sélection et de regroupement des moyens sera donc cours des années 2011 et 2012 ». Car la sélection sera primordial. D’autant plus que l’association se réjouit que pour rude. L’appel à projets lancé en avril 2009 (et clos le 30 juin une large part, « des projets de qualité, originaux, manifestant 2010) auprès des acteurs culturels et artistiques a en effet un important travail de conception ont été proposés ». rassemblé 2 197 propositions.

2 197 propositions © c-ktre

Elles embrassent un large éventail de disciplines, arts plastiques en tête (présents dans plus de 800 projets). La musique n’est pas loin (723 projets), suivie de l’audiovisuel (635), du patrimoine (568), du multimédia (431), de la

8

8e art magazine

hiver 2010/2011

Ils sont actuellement étudiés par des comités territoriaux réunissant l’équipe de l’association et les responsables culturels des collectivités territoriales concernées. Un travail qui devrait s’étaler tout au long de l’année 2011. Après l’annonce de « l’architecture générale de l’année Capitale » en février, un « avant-programme » sera diffusé fin 2011 et le programme définitif, mi 2012.


actualités

Les Marseillais s’y étaient habitués. Pire, ils se l’étaient appropriés, et on retrouve aujourd’hui le logo de la candidature sur à peu près tout et n’importe quoi. D’ici peu, il sera remplacé. L’association a décidé de créer un studio de production graphique interne, dirigé par Thomas Serrière, pour élaborer la nouvelle identité visuelle de MP2013. Son utilisation sera rigoureusement contrôlée. Pour mémoire, un appel d’offre avait été lancé l’année dernière mais fut annulé en avril 2010 car jugé « infructueux », malgré la participation de 150 graphistes.

660 millions d’euros de chantiers Mucem, CRM, Silo, Panorama, Palais Longchamp… L’année Capitale verra l’inauguration de nouveaux établissements culturels majeurs et la réouverture d’équipementsdéjàexistants,maisprofondémentagrandisou rénovés. Ils accueilleront les manifestations « importantes » de l’année Capitale et sont censés contribuer à la réussite de l’événement, « son rayonnement culturel, son attractivité touristique et sa pérennisation ». Alors que certains s’inquiètent déjà d’éventuels retards sur certains chantiers, MP2013 assure que « tous ces projets disposent de plannings détaillés, serrés mais réalistes pour 2013 ». Ces chantiers mobilisent un investissement total de 660 millions d’euros dont le financement est assuré par l’État (160 M€), le Conseil régional (110 M€), Le Conseil général (83 M€), la Ville de Marseille (148 M€), les autres communautés d’agglomération de MP2013 (60 M€) et les partenaires privés (100 M€). Il faut ajouter à ces chiffres les investissements publics et privés engagés dans l’aménagement urbain, les infrastructures, le tourisme, les congrès et les loisirs.

La SMC marche avec MP2013 Après le groupe La Poste, la Société Marseillaise de Crédit devient le second “partenaire officiel” de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture. Une convention de mécénat pour une durée de quatre ans a été signée le 30 novembre 2010 au siège social de la banque.

De gauche à droite : Emmanuel Barthélemy, pdg de la SMC, Jacques Pfister, président de la CCI et Bernard Latarjet, directeur général de Marseille-Provence 2013.

François Moura pour Marseille-Provence 2013

Un nouveau logo pour bientôt

Les partenaires officiels bénéficient de nombreux avantages (prestations “VIP”, visites privées, quota de tickets pour leurs personnels et clients, rencontres avec les artistes, etc.). Surtout, ils seront associés à l’ensemble des projets et événements culturels de l’année Capitale, et auront une visibilité maximum sur les principaux supports de communication de MP2013. Prix d’entrée ? 1,5 M d’euros. D’ici 2013, quatre autres entreprises devraient faire leur arrivée dans le club très fermé des partenaires officiels de la capitale européenne de la culture.

actualités en bref 8

La Vieille Charité,

porte de l’Orient On peut la considérer comme un avant-goût de ce que seront les grandes expos de l’année Capitale. Du 27 mai au 28 août 2011, L’Orientalisme en Europe : de Delacroix à Matisse, sera le nouvel événement d’envergure organisé au Centre de la Vieille Charité. Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux et la Ville de Marseille en collaboration avec les musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles et la Kunsthalle der HypoKulturstifung, à Munich. Après avoir été présentée dans ces deux villes, elle s’arrêtera cet été à Marseille. Au programme, plus de 120 œuvres (peintures et sculptures) d’Ingres, Delacroix, Gérôme, Renoir, Kandisky, Klee, Matisse...

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

9


actualités 9 en bref

Planqués au musée Granet !

Encore un joli coup du musée Granet. Plus de 150 chefs-d’œuvre de l’inestimable collection Planque ont été confiés à l’institution aixoise pour 15 ans. On y trouve les plus grandes stars de l’impressionnisme et de la peinture moderne : Renoir, Monet, Gauguin, Van Gogh, Picasso, Braque, Dufy, Leger, Dubuffet… Le public pourra les découvrir à l’été 2011 à l’occasion d’une exposition exceptionnelle. Pablo Picasso Nu et homme à la pipe, 1968 Huile sur toile, 130 x 97 cm

Grands terrains Nouveaux chantiers de création C’est un nouveau lieu un peu bizarroïde. Normal, les Grands terrains se veulent « laboratoire artistique ». Lieu de réflexion, de réalisation et de diffusion inauguré le 8 octobre à la Plaine (8, rue Vian), il réunit les associations et collectifs d’artistes Labelmarseille, m2k13, VillesAllantVers, DesignTheFutureNow et le photographe Matthieu Mangaretto. Ici, « les espaces et les compétences de tous sont mutualisés pour soutenir les projets multidisciplinaires et transversaux visant à réévaluer l’incidence de chacun dans la création contemporaine ». Toute l’année, différents événements seront organisés mettant en scène photo, vidéo, musique expérimentale, arts numériques, sciences…

Lil’Nasty De Mégalo. À l’entrée des Grands terrains.

© Eric Pringels

Plus d’infos sur : www.grandsterrains.fr

Marsatac fait un

Tabas en Allemagne !

« 1st place public award ». La classe. Le graphiste marseillais Cédric Malo alias Tabas a été récompensé pour son travail sur l’identité visuelle du festival Marsatac lors de la conférence Face to Face qui se tenait en novembre à Stuttgart (Allemagne). Un événement autour du dialogue entre le designer et son client, sur le thème « une bonne entente = un bon design ». Pour ses dix ans, Face to Face a invité 20 designers de 10 pays à présenter avec leurs clients les projets sur lesquels ils ont collaboré. Le public était ensuite appelé à voter pour son favori. Laurence Chansigaud, responsable de la com de Marsatac et Tabas (créateur des visuels du festival depuis 2004) ont fait un tabac. www.tabas.fr

10

8e art magazine

hiver 2010/2011

© Fondation Jean et Suzanne Planque - © Photo Luc Chessex - © Succession Picasso 2010

Picasso, Van Gogh, Renoir…


AVEC

2013

DCRP - Ville de Marseille

POUR LA CULTURE Le MUCEM (Musée National des Civilisations, de l'Europe et de la Méditerranée) ■ Le CRM (Centre Régional de la Méditerranée) ■ Le hangar J1 (Lieu de rencontres et de manifestations) ■ Le Panorama de la Friche de la Belle de Mai (Espace dédié à la création et la diffusion des Arts Plastiques) ■ Le Musée des Beaux-Arts (espace d'accueil d'expositions temporaires) ■ Le Silo (l'Olympia sur mer - Salle de spectacles de 2000 places) ■ La Cité des Arts de la Rue (plateforme de conception, expérimentation, formation et réalisation aux spectacles de rue) ■ Le Mémorial de la Marseillaise ■ Le Château de la Buzine ■ Le Centre de danse en résidence KELEMENIS ■ Le Palais du Pharo (extension de l'espace tourisme et congrès) ■ Le nouveau théâtre de la Minoterie ■ Le Théâtre de la Criée ■ L'odéon ■ Le Théâtre du Gymnase ■ Le Théâtre Toursky ■ Le Théâtre de l'Affranchi ■ Le Théâtre du Centaure ■ Le Théâtre de l'Alhambra ■ Le théâtre du Moulin ■ L'espace Julien ■ Le Pôle Instrumental contemporain (ancien cinéma le Rio) ■ Le Conservatoire de Danse ■ Le Musée Borély (musée des Arts Décoratifs, de la faïence et de la mode) ■ Le Musée d'Histoire de Marseille (Musée d'histoire maritime et portuaire) ■ Le Musée Cantini (Musée d'Art moderne) ■ La Vieille Charité ■ La Villa Mistral ■ Le Frac ■ Travaux de sécurité dans les Musées ■ Le Palais Longchamp (partie centrale) ■ Le réaménagement du Palais Carli (Conservatoire de Musique) ■ L'Opéra ■ L'Hôpital Caroline ■ L'Abbaye Saint-Victor ■ L'église StCannat les prêcheurs ■ Le château d'If ■ La Bastide de la Magalone ■ Le Pavillon de Marseille ■ Les nouveaux cinémas de la Canebière ■ La Fondation Regards de Provence ■ La reconstitution de la Grotte Cosquer ■ Les voûtes de la Major ■ La maison de l'Eau ■ L'Institut méditerranéen des Métiers du spectacle



Art Vidéo cherche

ÉCRANS Basée à Marseille, l’association Videospread propage l’art vidéo dans l’espace public, d’Amsterdam à Melbourne. Dans la cité phocéenne, c’est plus compliqué.

Par Sandro Piscopo-Reguieg

Melbourne, Federation Square, 2008 Une vidéo de Pia Lindman, Shea star Flash. Ou l’attente d’un événement sportif... qui ne commencera jamais.

Région, Drac). Mais ici, les diffuseurs de contenus sont Ils sont partout. Les écrans envahissent l’espace public. encore peu réceptifs. « À Marseille, la culture n’est pas Dans les centres commerciaux, les bureaux de Poste, les bars, les hôtels ou même - géants - dans la rue, encore là... Ça va venir ». Céline reste optimiste. Malgré ils diffusent des messages d’information, parfois, ou les refus essuyés. L’écran géant du Parc Chanot ? publicitaires, souvent. Pourquoi ne pas y insérer aussi « Pour l’instant, c’est non ». Celui de la maison de la de la création artistique ? C’est Région, sur la Canebière ? « Ils « Le public veut du sens. Si on propose la question que pose Céline ne diffusent que des vidéos une vidéo de 15 minutes purement Jouenne. Avec son association institutionnelles ». La Poste, Vidéospread, elle propage l’art contemplative, où il ne se passe rien, les partenaire officiel de Marseillevidéo sur les écrans du monde Provence 2013 ? « Il y a trois gens en ont vite marre, et ils partent. » entier. « Il y a quatre ans, les ans, ça n’a pas pu se faire. régies pub et les commerciaux que je contactais ne Je vais y retourner ». Le Centre Bourse, et ses petits comprenaient pas le sens de mon appel. C’était encore écrans plasma ? « Ils n’en pensent rien ». Difficile de un peu trop avant-gardiste ! Aujourd’hui, ce sont eux qui négocier du temps de cerveau disponible, surtout me sollicitent ! » Elle en sourit. avec les publicitaires… D’autant plus que l’art vidéo est encore méconnu du grand public. « Nous sommes « Pour l’instant, c’est non » abreuvés d’images mouvantes. Le public veut du sens. En collaboration avec le FRAC PACA et quelques Si on propose une vidéo de 15 minutes purement galeries d’art contemporain, Céline Jouenne, dispose contemplative, où il ne se passe rien, les gens en ont vite d’un « vivier » d’une trentaine d’artistes dont elle diffuse marre, et ils partent. » le travail, là où l’art vidéo jouit d’une certaine visibilité. Interactive Gate Ainsi, ses images se propagent dans le métro parisien, et sur les écrans d’Amsterdam, Berlin Londres ou Melbourne. Pas à Marseille. Elle ne manque pourtant pas de soutiens (Ville de Marseille, Conseil général,

Marseille, La Canebière, 2013 ? À l’entrée du Centre Bourse, l’Interactive Gate diffuserait informations et contenus artistiques en 2013.

Question d’habitude. À Melbourne et Amsterdam, les vidéos d’art contemporain proposées par Videospread durent parfois 30 minutes. Elles sont diffusées sur écran géant, en plein centre ville. Visibles de loin, le public peut les découvrir tout en déjeunant à la terrasse des restaurants. En 2013, les Marseillais seront peut-être prêts. Céline Jouenne (avec Loïc Gestin et Sarah Carrière-Chardon) a d’ailleurs un projet d’envergure pour l’année Capitale : l’Interactive Gate, qu’elle rêve de faire installer à l’entrée du Centre Bourse. Présenté comme un « Média façade » diffusant prioritairement « des informations sur les événements liés au programme de l’année Capitale », il pourrait à coup sûr servir de cheval de Troie pour y propager l’art vidéo. n fr.videospread.com

hiver 2010/2011

8e art magazine

13



DOSSIER aix numĂŠrique 8

hiver 2010/2011

8e art magazine

15


Dossier 9 aix numérique

Festival Gamerz :

L’art numérique, c’est ludique ! Quand l’art contemporain rencontre les nouvelles technologies, ça donne le festival Gamerz. Avec plus de 40 installations interactives déployées sur huit lieux à Aix-en-Provence, les artistes de l’ère numérique vont téléporter le public dans leur univers. Un monde où informatique, robotique et télécommunications, détournés de leurs fonctions premières, deviennent créations artistiques. Étrange, surprenant, drôle… À découvrir. Par Sandro Piscopo-Reguieg

CIANT Présentation de vidéos Chez Arcade PACA Trois vidéo-performances, issues des travaux du Centre International d’Art et de Nouvelles Technologies (CIANT), plateforme de création basée à Prague en République Tchèque : Virus 2005 et Immédiate 2009 : Performances multimédia associant danse contemporaine et nouvelles technologies. Etude 2006 : Performance multimédia associant performers virtuels et réels dans des environnements mixtes (son, 3D et vidéo).

16

8e art magazine

hiver 2010/2011


DOSSIER aix numérique 8

Level 1 - Expos : Détournements interactifs en chaîne Il va se passer de drôles de choses à Aix-enProvence… Avec 86 artistes ayant carte blanche pour investir huit lieux de la ville, cette sixième édition du festival Gamerz s’annonce riche en découvertes insolites. Un circuit qu’il faudra débuter à la fondation Vasarely, point névralgique du festival avec huit propositions. Parmi elles, Péter les plombs du Labomedia Crew : une course de manettes de Wii qui se guident et se déplacent à l’aide de votre voix. Il faudra donc hurler, mais pendant ce temps, un sniper automate tout droit sorti d’un jeu vidéo essaiera de dézinguer les possesseurs de iPhones… Un peu plus loin, le collectif Dardex-Mort2faim dévoile sa nouvelle création fruit d’une résidence dans leur laboratoire de la Maison numérique : Machine 2 Fish, un vrai poisson rouge muni d’une prothèse cybernétique lui permettant de se déplacer sur terre…

START Poisson rouge cybernétique, concert d’appareils électroménagers, poste de radio à voyager dans le temps, liquide vivant… Du 3 au 19 décembre 2010, Aixen-Provence devient laboratoire futuriste et terrain de jeux d’une bande d’artistes - savants fous à l’inspiration foisonnante. C’est le festival Gamerz, consacré aux arts numériques et à la création multimédia. Dans huit lieux culturels de la ville, une aix-en-provence devient quarantaine d’installations mêlant laboratoire futuriste et art et nouvelles technologies terrain de jeux d’une bande seront offertes à la curiosité du d’artistes-savants fous à public (voir encadré ci-contre). Les l’inspiration foisonnante enfants s’étonnent, les parents s’interrogent. Tous s’amusent. Car avec Gamerz, l’art devient ludique. « Les œuvres d’art numérique évoluent en fonction de la participation du public », nous explique Quentin Destieu, lui même artiste « numérique », et codirecteur du festival. Pour le coup, la formule consacrée - « le spectateur devient acteur » - parait ici justifiée. Révolue, l’époque où le visiteur observait passivement une œuvre d’art assortie d’un « ne pas toucher SVP ». Avec le numérique, place à l’interactivité. Les installations multimédias présentées dans le cadre de Gamerz réagissent à votre présence (Breeze reflection, un miroir sensitif), à vos mouvements (le liquide vivant, Mercure noir) ou à votre voix (course de Wiimotes). On a donc affaire à une nouvelle génération d’artistes ayant l’ambition de renouveler les codes de l’art contemporain et d’instaurer de nouveaux rapports entre public et œuvres d’art. Rien que ça ! Et Quentin Destieu ne dit

Machine à s’éteindre La reproduction des pandas, ça vous passionne ? Allez donc chez Seconde Nature, où l’installation PandiPanda de la chinoise Chen Zou vous permettra d’y participer activement. Vous préférez les robots ? Plus pour longtemps. Chez Arcade Paca, la « machine à s’éteindre » du Marseillais Adelin Schweitzer est une sorte de piège interactif des plus agaçants : munie d’un bras articulé, elle l’utilise pour s’éteindre à chaque fois que vous tentez de l’allumer… Au même endroit, on peut assister à une série de vidéo-performances mêlant danse contemporaine et nouvelles technologies ; performeurs réels et virtuels (CIANT). Mondes cyber-schizophréniques On pourra faire une rencontre sympa à la galerie de l’école supérieure d’art : un dispositif robotique viendra vous haranguer à coups de bulles de savon (Soapbot de Guilaume Stagnaro). Galerie Susini, vous aidez des Playmobil à jouer de la musique électronique (Playmobits, de Debeul Axl). Les mélomanes seront gâtés car c’est un concert d’appareils électroménagers qui les attend à la Maison numérique (Ghost electric Gears, de Fenshu et Reso-nance Numérique). Au musée des Tapisseries, on se perd dans des mondes « cyber-schizophréniques » en 3D (Underground City 3D, de Pascal et Marie Silondi) avant d’avoir un aperçu du travail d’Electronic Shadow, via l’installation interactive Ex-îles. Enfin, à la Cité du Livre, la ville devient jeu de société (Good Game, par Jérôme Fino et The Wa, le 9 décembre à 18h30). Toutes ces manifestations sont gratuites. Et ça, ce n’est pas du virtuel.

Programme complet sur : www.festival-gamerz.com

9

hiver 2010/2011

8e art magazine

17


Dossier 9 aix numérique

Debeul Axl Playmobits 2010 Installation interactive À la galerie Susini Les Playmobil de Debeul se sont adaptés au monde d’aujourd’hui et sont devenus de grands adeptes de musique électro. Entre théâtre d’objet et studio musical, cette installation interactive propose un live brut et totalement improvisé… par le public.

Djeff Regottaz Breeze Reflection 2009 Installation interactive À la fondation Vasarely Un miroir à double face capte l’apparence du spectateur pour la révéler sur un écran de paillettes à travers un processus d’ombres et de lumières, de flux d’air et de sculptures. L’ombre du corps devient lumière et chaque mouvement se transforme en jeu lumineux. Pour ceux qui aiment voir de l’autre côté du miroir…

Douglas Edric Stanley Trax 1997-2010 Installation interactive Chez Seconde Nature Un jeu d’écriture musicale combinatoire s’inspirant du modélisme ferroviaire et de la composition minimaliste des années 1960. Sur des réseaux de pistes bifurquantes, le joueur place notes, trains et sémaphores, composant ainsi une musique “algorithmique”.

Pascal et Marie Silondi Underground City 3D 2010 Environnements interactifs 3D Au musée des Tapisseries Un projet francotchèque assez pointu. Nous voilà projetés dans un réseau de tunnels en 3D interconnectés à de multiples cellules virtuelles. Un corps urbain futuriste d’où émergent formes abstraites et vies artificielles, sensibles aux messages qui traversent ces mondes “cyberschizophréniques”. Un labyrinthe 3D dans lequel on dispose quand même d’une bougie (virtuelle), pour se guider.

pas le contraire : « Le numérique, c’est l’avenir de la création artistique contemporaine. Il permet de renouer avec des formes de culture auxquelles le public est plus familier, grâce à la démocratisation des nouvelles technologies. Une œuvre d’art interactive, c’est plus accessible qu’un monochrome de Klein ! »

le grand public se passionne. « Ce qui nous amuse, reprend notre interlocuteur, c’est de les détourner pour leur donner un contenu différent de leur fonction purement commerciale. » Ludique, l’art numérique n’en demeure pas moins critique. De façon insidieuse. Par le jeu, on attire l’attention du visiteur qui se retrouve alors confronté, par le détournement, à la réflexion Sur les traces de l’artiste. « Nous avons une démarche poétique et de Warhol… philosophique. Nos problématiques sont aussi sociales Le numérique est peut-être l’avenir de l’art et politiques. Nous utilisons ces nouveaux médias contemporain, mais les préoccupations de cette pour donner un reflet de la société dans laquelle ils nouvelle génération d’artistes sont ont été créés ». En cela, les artistes « Le numérique, c’est l’avenir quant à elles tout à fait actuelles. « Par numériques revendiquent l’héritage du de l’art contemporain ! » le biais des nouveaux médias, nous pop art d’Andy Warhol. Calder (et ses explorons le quotidien », commente Quentin Destieu. mobiles), Jean Tinguely (et ses engrenages) seraient Il est vrai que jeux vidéo, smartphones, et ordinateurs quant à eux de lointains ancêtres… Au XXIe siècle, le font partie de notre vie et sont devenus des objets détournement des cultures populaires s’effectue par somme toute très banals. Il est donc normal que les le numérique. L’art contemporain « traditionnel » en artistes s’emparent de ces technologies pour lesquelles prend un sacré coup de vieux.

9

Level 2 - Conférences : l’école du numérique Le jeu dans l’histoire de l’art, le détournement du « game-engine », le maraudage artistique des technologies de l’information et de la communication, le complexe « militaro-industriel-divertissant »… Voilà quelques-uns des thèmes qui seront abordés au cours des conférences qui auront lieu du 14 au 17 décembre à l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence. Des débats frénétiques qui mettront aux prises artistes, scientifiques et enseignants. Du 14 au 17 décembre École supérieure d’art d’Aix-en-Provence Rue Emile Tavan - Aix-en-Provence 04 42 91 88 70

18

8e art magazine

hiver 2010/2011



CIANT Présentation de vidéos Chez Arcade PACA

« Léonard de Vinci était à la fois artiste et scientifique. La scission est venue plus tard. » Mais pour Quentin Destieu, la frontière entre arts et sciences s’estompe progressivement. Des passerelles se créent. Les deux univers se rapprochent à nouveau. Depuis le début des années 70 et l’émergence « La génétique, la de l’art numérique, un robotique ou les dialogue s’instaure. « Les télécoms, ont besoin artistes ont besoin de la des artistes. Pour science pour la réalisation créer du sens... » de leurs pièces. Et les scientifiques sont ravis de pouvoir bénéficier du regard des artistes, de leur recul. Dans des domaines comme la génétique, la robotique ou les télécoms, on a besoin de créer du sens. » L’école supérieure d’art d’Aix-enProvence l’a bien compris. Elle a investi le champ de la création multimédia dès la fin des années 90 avec, entre autres, l’ouverture d’une section « robotique » en partenariat avec le MIT de Boston. Les jeunes artistes à l’origine du festival Gamerz sont les enfants de cet enseignement précurseur…

Gamerz, né de l’initiative des artistes 1500 m2 d’expos, huit lieux, plusieurs dizaines d’artistes... Pour sa sixième édition, Gamerz a pris une belle ampleur. Pourtant, au départ ce n’était pas gagné. Longtemps, les artistes numériques ont peiné pour voir leurs créations exposées. Faute de lieux, et d’intérêt pour cette discipline émergente de la part des institutions. Gamerz est donc né de l’initiative d’un trio d’anciens étudiants de l’école supérieure d’art d’Aix-

20

8e art magazine

hiver 2010/2011


DOSSIER aix numérique 8

Level 3 maison numérique : le laboratoire Les artistes numériques disposent désormais d’une “Maison”. Elle a ouvert ses portes en juin dernier au Jas De Bouffan. « Laboratoire de recherches et d’expérimentations », elle accueillera chaque année quatre artistes en résidence. Les œuvres qui y seront élaborées seront par la suite exposées à la fondation Vasarely. L’objectif étant “de pouvoir y produire le tiers des créations présentées dans le cadre du festival”, nous souffle t-on chez Gamerz. Bientôt, la Maison numérique proposera des cours d’initiation à la création multimédia sur logiciels libres à l’attention du grand public : vidéo, photo, animation 2D et 3D, création sonore, création web on line… Le tout pour un euro par an.

Collectif Dardex Mort2Faim Machine 2 Fish 2010 Installation robotique À la fondation Vasarely Voilà le fruit des expérimentations du collectif DardexMort2Faim, après sa résidence à la Maison numérique. Grâce à sa prothèse cybernétique, ce poisson rouge peut maintenant se mouvoir sur terre. Va t-il continuer à faire des ronds dans son bocal ou partir à la conquête du monde ? Machine 2 Fish, ou l’alliance d’un animal stupide et d’une intelligence artificielle…

La Maison Numérique - Patio du Bois de l’Aune 1, place Victor Schoelcher - Aix-en-Provence www.maison-numerique.net 04 88 05 05 67

HeeWon Lee 108 2010 Installation vidéo sonore À la fondation Vasarely Ici, l’image est constituée par le mouvement des lettres. Le son est lui produit par des boites à musique, au nombre de 108. À chaque caractère typographique correspond une note de musique. Ainsi va se former à l’écran une orchestration aléatoire, faite de mots et de phrases, accompagnés de sons.

en-Provence : le collectif d’artistes Dardex-Mort2faim, réunissant Quentin Destieu, Romain Senatore et Sylvain Huguet. Ensemble, ils ont monté l’association M2F, « pour promouvoir et diffuser les créations artistiques orientées autour du multimédia ». Et se sont mis en tête d’organiser un festival dédié. C’est ainsi que naît dans des contrées où leurs travaux jouissaient d’une Gamerz en 2006. De l’initiative de ces jeunes artistes plus large audience. Relativement ignoré en France, qui n’ont pas voulu attendre que les « décideurs » M2F a pu développer une série de projets en République se réveillent et consentent à s’intéresser à leurs Tchèque, Allemagne, Slovaquie, Slovénie… « Des pays drôles de créations. La première édition du festival qui encouragent la création, et où l’artiste est davantage a eu lieu dans une forme réduite, à l’Espace Sextius soutenu par l’État et les collectivités locales », nous (aujourd’hui Seconde Nature). Là, s’étaient réunis une apprend Quentin Destieu, enthousiaste. quinzaine d’artistes, chercheurs, et “Des gens qui ne vont jamais « Aussi, avec la chute du communisme, professionnels du multimédia pour dans les musées ont su ces pays se sont ouverts d’un coup aux y exposer leurs travaux, mais aussi apprécier nos installations” nouvelles technologies, et s’en sont échanger des infos et astuces sur les emparés comme de nouveaux moyens d’expression ». nouveaux savoir-faire liés aux technologies innovantes. Les Aixois exposent à l’étranger, et iront même jusqu’à Le succès fut aussi soudain qu’inattendu. « Le public délocaliser la troisième édition de Gamerz à Istanbul. a répondu présent, se souvient Quentin Destieu. Des Deux mois plus tard, c’est la crème de la scène gens peu sensibles à l’art contemporain et qui ne vont européenne de l’art numérique qui débarque à Aix pour jamais dans les musées… mais ils ont su apprécier nos un Gamerz quatrième du nom, aux allures de festival installations. Ce fut un réel plaisir ! » itinérant. « Ces échanges nous ont permis de gagner un Le soleil (numérique) se lève à l’est. Durant les années certain poids auprès des institutionnels, analyse Quentin. 2000, les artistes multimédia se sont donc exportés

Chen Zou PandiPanda 2010 Installation interactive Chez Seconde Nature Une installation à réserver à un public averti : armé d’une Wiimote, le visiteur devra aider des pandas virtuels à s’accoupler… Par des mouvements répétitifs mimant la masturbation masculine.

9

hiver 2010/2011

8e art magazine

21


Dossier 9 aix numérique

Selma Lepart Mercure Noir 2010 Installation interactive À la fondation Vasarely Un liquide noir profond et opaque est déposé sur un plateau circulaire. À l’approche du visiteur, une masse bombée et hérissée de multiples têtes saillantes se forme en surface. Le liquide noir devient entité géométrique parfaite, et se déplace en fonction de l’interaction avec le public. Comme si vous donniez vie à ce liquide…

En étant visibles dans les grands festivals internationaux, nous avons pu bénéficier d’une certaine écoute de la part des financeurs ». Désormais, Gamerz est bien implanté dans le paysage culturel aixois. Et depuis cet été, les artistes multimédia disposent même d’un lieu à l’année, la Maison numérique (voir encadré page 21).

Duck Hunt au FRAC La donne a changé. La création multimédia n’apparaît plus aussi marginale, et commence à être visible dans les grandes collections privées comme publiques. Le Fonds Régional d’Art Contemporain (FRAC) PACA, vient ainsi d’acquérir une pièce La création multimédia fait de l’américain Cory Arcangel, désormais son entrée dans les détournement du légendaire jeu grandes collections privées Duck Hunt, sur console Nintendo et publiques 8 bits (NES). Au lieu de shooter des canards, on shoote Andy Warhol… Le Conseil général des Bouches-du-Rhône a quant à lui craqué pour une installation vidéo présentée lors du Gamerz 2009. Enfin, l’exposition Futuréalismes, d’Electronic Shadow, au musée Granet (voir pages suivantes), constitue la plus éclatante preuve de cet intérêt de l’establishment pour les artistes de l’ère numérique. L’art fait enfin son entrée dans la révolution technologique. n

.

Festival Gamerz Du 3 au 19 décembre à Aix-en-Provence www.festival-gamerz.com www.m2fcreations.fr

22

8e art magazine

hiver 2010/2011

game over concerts : le son gameboy Gamerz se termine en musique avec une soirée de concerts et performances chez Seconde Nature. Ça commence avec le set déjanté des WJ-S (webjockeys) Isabelle Arvers et Confipop : Ils mixent en temps réel des contenus web « rétro-gaming » sur une installation multiécrans. Pendant qu’Isabelle joue en live à des jeux vidéo des années 80, Confipop fait de la musique acidulée 8 bits depuis sa Gameboy. Place ensuite à des prestations plus « traditionnelles » avec le disco-trash du DJ new-yorkais Scotty Glutono, et les remix du Tchèque Keygen Kaotic. Le 17 décembre - 21h Seconde Nature 27 bis, rue du 11 Novembre - Aix-en-Provence www.secondenature.org - 04 42 64 17 97 Isabelle Arvers et Confipop Retrogaming WJ-S performance, 2010


FLEURS ET BOUGIES PARFUMテ右S

1 boulevard de la Corderie - Marseille 13007 Tテゥlテゥphone : 04 91 33 00 14


Dossier 9 aix numérique

ELECTRONIC SHADOW :

Art total au musée Granet

Le musée Granet d’Aix-en-Provence ouvre massivement ses espaces au duo d’artistes Electronic Shadow. À travers une vingtaine d’installations interactives, l’exposition Futuréalismes, nous propose une immersion dans autant de futurs possibles. Faisant fusionner l’espace, l’image et le temps, mêlant esthétique, imaginaire, sciences et philosophie ; leur œuvre interroge. Est-ce là l’expression d’un « art total » ? Par Sandro Piscopo-Reguieg

Ah, le musée Granet… Sa façade XVIIe siècle, ses chefs-d’œuvre de la peinture classique et moderne… Un petit musée de province comme il en existe des centaines ? Pas exactement. Car sous son allure conventionnelle se cachent une ambition et une audace remarquables. Depuis sa réouverture il y a quatre ans, le musée des Beaux-Arts aixois a su faire le buzz avec ses « grandes expositions internationales », au point de faire de l’ombre aux institutions marseillaises. Et alors qu’il pourrait se reposer sur les confortables lauriers de Cézanne et Picasso, voilà « À travers près de 20 installations interactives, le public sera que Granet, sous l’impulsion de confronté à des œuvres vivantes, son téméraire directeur Bruno toujours en devenir » Ely, joue les avant-gardes en donnant carte blanche au duo d’artistes Electronic Shadow. Pour la première fois, un musée des Beaux-Arts ouvre massivement ses espaces à des artistes de l’ère numérique. Culotté.

Exploser les codes Du 10 décembre 2010 au 24 avril 2011, l’exposition Futuréalismes va exploser les codes traditionnellement associés à un musée des « Beaux-Arts » ; explorer de nouvelles façons de concevoir une exposition ; repenser les rapports entre visiteurs et œuvres d’art. Une petite révolution en somme. « C’est ce qu’on veut pour le musée, assume Bruno Ely. Il faut faire bouger les choses, ne pas se limiter à considérer les Beaux-Arts dans leur conception passéiste ». Convaincu que « l’art est un et indivisible », le directeur (et conservateur en

9

24

8e art magazine

hiver 2010/2011


EX-ÎLES Installation interactive (voir page 31) Ici, à la cathédrale d’Amiens pour la Nuit blanche (2006)


Dossier 9 aix numérique

chef) du musée Granet veut donc aller à contre-courant des principes séparant d’une part les institutions consacrées à l’art classique, et de l’autre, celles dédiées à l’art contemporain. « Ce clivage ne tient pas la route… Les conservateurs sont souvent conservateurs dans l’âme », affirme l’iconoclaste Ely. Il justifie ses choix, chiffres à l’appui : « Nous voulons travailler avec les jeunes générations d’artistes. Déjà, avec l’exposition Alechinsky, nous nous sommes ouverts à l’art contemporain et ce fut un beau succès avec plus de 90 000 visiteurs. Cette fois, nous avons eu envie d’aller encore plus loin. » On ne pouvait pas aller plus loin, serait-on même tenté de dire…

techniciens dont le côté artistique s’avère médiocre, soit des artistes inspirés, mais aux réalisations peu abouties. Il est rare de voir créativité, esthétique et technique, réunies au sein d’un même projet ». On peut dès lors penser que l’idée de Futuréalismes s’esquisse à cet instant…

« Atom is data »

En faisant de l’espace un media et de l’image une architecture habitable, Electronic Shadow trouve logiquement sur scène un terrain de jeu à sa taille. Ils effectuent ainsi la scénographie de plusieurs spectacles. Citons Double Vision, un concentré narratif de leur univers, fruit de leur collaboration en 2006 avec la chorégraphe Futuréalismes va mettre en scène les « futurs possibles » étoile Carolyn Carlson. En tournée internationale et « visions poétiques », imaginés par le duo Electronic depuis quatre ans, Double Vision devrait faire escale à Shadow (Naziha Mestaoui et Yacine Aït Kaci). L’exposition Aix en mars 2011. Aujourd’hui, les se déploie sur plus de 700 m2 et invite techniques d’impression en volume le public à investir des mondes mi« En s’intéressant à la création (ou imprimantes 3D) constituent l’un réels, mi-virtuels, à travers près de 20 de la façon la plus large possible, des nouveaux champs d’expérience installations interactives. Si bien qu’on Electronic Shadow est à la du duo qui avec son slogan « Atom sera confronté à « des œuvres vivantes, toujours en devenir », s’enthousiasme recherche de l’œuvre d’art totale » is data » entend faire un pas de plus dans la fusion entre matière et Bruno Ely. Futuréalismes explore les immatériel. Pour Electronic Shadow, le numérique est problématiques soulevées par Electronic Shadow depuis déjà obsolète : le couple prépare l’avènement de l’ère des 10 ans : « Matière et immatériel », « l’habitat hybride et son nanotechnologies. Un projet est d’ailleurs actuellement extension numérique », « les nouvelles mythologies », « la en préparation avec un laboratoire du CNRS… vibration universelle »… Une rétrospective sous forme de prospective sur les mondes de demain.

Coup de foudre créatif Electronic Shadow naît en 2000, de la rencontre entre l’architecte belge Naziha Mestaoui et le réalisateur français pionnier du multimédia, Yacine Aït Kaci. Un coup de foudre créatif entre « l’espace » et « l’image » : l’hybridation de leurs pratiques respectives caractérisera leurs premiers travaux. Dès lors, « l’ombre électronique » va mettre en scène les nouvelles technologies dans une finalité artistique. Le couple élabore une œuvre au croisement de la science, de la philosophie, de l’imaginaire et de la poésie. Bientôt, ils appelleront cela « la fusion ». Leurs installations sont immédiatement remarquées, et le duo est invité à participer à de nombreuses expositions collectives, notamment au MoMA de New York, dès 2001, et au Centre Pompidou en 2003. La même année, ils créent 3minutes2, leur installation manifeste sur l’habitat du futur où la matière fusionne avec l’immatériel. Les Japonais adorent, et en 2005, Electronic Shadow remporte le grand prix du Japan media art festival, au musée de la photographie de Tokyo.

L’ombre de Vasarely et Cézanne C’est (déjà), à Aix-en-Provence qu’aura lieu leur première exposition personnelle en France : fin 2005, Réalités hybrides investit la fondation Vasarely, temple cinétique qui épouse parfaitement l’esthétique de leurs espaces 3D aux multiples points de vue. Le duo fait forte impression, et sera invité quelques mois plus tard à mettre en scène la restitution du grand salon de la bastide de Paul Cézanne, au Jas de Bouffan. Par leur dispositif multimédia, le public était alors littéralement « immergé » dans les œuvres du peintre aixois. « Ce fut pour moi deux occasions d’apprécier leur travail », se souvient Bruno Ely. « Dans cette veine, il y a soit de bons

26

8e art magazine

hiver 2010/2011

Art total ?

Réputé inclassable, Electronic Shadow crée depuis dix ans une œuvre éclectique, protéiforme, aux résonnances multiples. Il devient ainsi difficile de leur trouver une filiation dans l’histoire de l’art. Mais la question n’effraie pas Bruno Ely : « Leur démarche évoque plusieurs courants de l’art contemporain, comme l’installation (volumes, structures, écrans, etc.), la performance (avec l’interactivité), et le conceptuel, car ils posent des questions cruciales sur notre époque. » Ely ne s’arrête pas là et voit même des correspondances avec l’art dit « classique » : « L’esthétique, la beauté de leurs images nous frappent. Leur recherche sur la forme, la couleur, et l’harmonie, est celle de tous les artistes, depuis que l’homme existe ». Académique et contemporain, philosophique et scientifique, faisant fusionner au sein d’une même œuvre l’image, l’espace, le temps, et parfois même la musique, Electronic Shadow constitue l’expression d’un syncrétisme inédit. On laisse Bruno Ely conclure : « Pour l’opéra, Wagner parlait d’art total, car réunissant au sein d’un même spectacle, la musique, les lumières, les décors… J’ai le sentiment qu’Electronic Shadow explore cette dimension. En s’intéressant à la création de la façon la plus large possible, ils sont à la recherche de l’œuvre d’art totale ». n

.

Electronic Shadow - Futuréalismes Du 10 décembre au 24 avril 2011 Musée Granet - Place St-Jean de Malte 13100 Aix-en-Provence - 04 42 52 88 32 www.museegranet-aixenprovence.fr www.futurealismes.com - www.electronicshadow.com


DOSSIER aix numérique 8

Electronic Shadow :

vers la fusion

absolue ! • Par Sandro Piscopo-Reguieg

Leurs créations sont le fruit d’une intense réflexion entre épistémologie et philosophie. Naziha Mestaoui et Yacine Aït Kaci nous donnent les clés pour comprendre l’univers d’Electronic Shadow. Interview : Commençons par définir ce concept de « futuréalisme »…

Yacine Aït Kaci : Avec le futuréalisme, il ne s’agit pas de dire « voilà la réalité du futur ». Le futur par définition, est une vue de l’esprit. Ce qui est la réalité, c’est le présent. Le futuréalisme est donc une façon d’envisager le présent dans une projection vers demain qui, au final, n’a rien à voir avec les technologies. Dans l’exposition, on va, à travers les techniques utilisées et les thématiques abordées, se projeter dans le futur. Mais c’est un futur qui se traduirait par la question « et si ? » Cela dit, quand on regarde certaines de nos installations les plus anciennes, on s’aperçoit que cette question « et si ? », correspond à notre réalité d’aujourd’hui.

9

hiver 2010/2011

8e art magazine

27


Dossier 9 aix numérique

Le pavillon des métamorphoses 2010 Un espace de 16m2 dont toutes les parois sont en verre Privalite de Quantum Glass, qui peut donc devenir entièrement transparent. Ces parois deviennent support d’image faisant du Pavillon une fusion entre matière et lumière, totalement synchronisées. Un lieu en perpétuelle métamorphose, suspendu dans le temps et l’espace. Le Pavillon est comme le réceptacle d’une multitude de possibles et de combinaisons. Ces réalités parallèles construisent une architecture infinie, se déplaçant d’une réalité à une autre, d’un moment à un autre.

Certains de vos scénarios se sont donc vérifiés dans la réalité ?

Y.A.K : Complètement. Il y a par exemple notre tout premier projet, créé en 2000 : un vêtement communicant, qui contenait une sorte d’ancêtre de l’iPad ou de l’iPhone. Une tablette fonctionnelle tactile avec un ensemble d’applications, qui pouvait se connecter à internet, faire de la visioconférence… C’est l’exemple du futuréalisme : imaginer le futur avec ce qui est disponible aujourd’hui. En oscillant en permanence entre la réalité et la fiction. Dans l’exposition, ces futurs possibles prennent corps via des installations interactives…

Y.A.K : Nos œuvres reposent sur l’immersion, l’intégration, et la prise en compte de la présence du visiteur. On ne regarde pas une œuvre avec laquelle on interagit. On est à l’intérieur de l’œuvre. Et notre présence va faire partie du scénario. C’est une interactivité narrative. Cela n’a rien à voir avec le salon de Paris, où l’on vient voir des inventions futuristes ! Naziha Mestaoui : On rentre dans un imaginaire, un espace poétique dans lequel toute une série de possibles se déploie. Certains sont des rêves éveillés. D’autres se rapprochent d’une forme de futur éventuel… Mais ça reste très poétique. Cette exposition tranche avec ce qu’on a l’habitude de voir dans un musée des Beaux-Arts. En quoi votre proposition est-elle vraiment « artistique » ?

Y.A.K : Répondre à cette question signifierait qu’on considère qu’elle est valide. Déjà, il faudrait poser

28

8e art magazine

hiver 2010/2011

Pavillon de verre, socle en bois, plafond en métal, dix panneaux en privalite, contrôleurs, trois vidéoprojecteurs, un ordinateur, une caméra.

la question de façon beaucoup plus globale sur l’art en général. Duchamp l’a fait, avec le même type de scandales. Ce qui fait l’art n’est pas la matière, le public est au courant. C’est une démarche, un processus. Un rapport d’émotion et de réflexion. Nos pièces sont montrées dans une finalité artistique. D’une œuvre à une autre, vous allez reconnaître une certaine signature, que nous développons depuis 10 ans. Considérer que le medium puisse décider si une œuvre est de l’art ou pas, est une question qui nous renvoie « Le futuréalisme, c’est au XIXe siècle, déjà rencontrée imaginer le futur avec ce qui par les impressionnistes, ou les photographes. C’est est disponible aujourd’hui. En un débat que nous laissons oscillant en permanence entre volontiers aux historiens de l’art. Nous ne faisons pas la réalité et la fiction » de l’art numérique. Nous utilisons les outils de notre temps, et notre temps est un temps numérique. Nous sommes dans l’ère numérique. Le musée Granet, ce n’est pas notre première exposition. Nous en avons fait près d’une centaine un peu partout dans le monde, dans des musées d’art contemporain, des galeries, des biennales... Pas nécessairement des lieux dédiés au numérique. L’une des installations qui sera présentée, Ex-îles, a d’ailleurs fait l’objet l’année dernière d’une acquisition par le FRAC Centre. N.M. : L’art a toujours été connecté d’une façon ou d’une autre à l’avancée des technologies. De la même façon que les peintres impressionnistes, quand le tube


DOSSIER aix numérique 8

The Bride 2004 Un mariage. Le mariage de la lumière avec la matière, incarnée par une robe blanche (dessinée par le créateur de mode Crstof), installée sur le corps inerte d’un mannequin.

Robe en cuir blanc, buste noir sur pied, un vidéoprojecteur, un ordinateur.

de peinture est apparu, ont quitté leurs ateliers pour aller peindre directement le paysage ; chaque génération d’artiste utilise les moyens mis à sa disposition. Je pense donc que c’est un faux débat. Le monde de l’art met toujours un certain temps à digérer la nouveauté… C’est le sens de la création. Je ne vois pas pourquoi on se limiterait aux outils qui ont été mis à disposition des générations précédentes. Y.A.K : De plus, la création a vocation à faire évoluer ces outils. Entre le cinéma des frères Lumière et le cinéma de Méliès, on part d’un outil technique, et on en fait de l’art. Un art qui a survécu ! Les créateurs qui utilisent les outils de leur temps sont les héritiers de l’histoire de l’art. Mais aussi de l’histoire des techniques et de l’histoire des sciences. L’art et l’artiste sont justement au croisement de la technique, de l’esthétique, et de la création de sens.

Naziha Mestaoui : « C’est une peau, une robe en cuir, qui rappelle sa mémoire. Elle va naitre, se structurer, prendre vie, pour finalement se dégrader jusqu’à être détruite, et renaitre de ses cendres. Un cycle de création-destruction, sans fin ».

peu plus d’intérêt aujourd’hui pour cette question. Si l’art fonctionne en circuit fermé, il se coupe de son époque. La dimension technique du numérique a peutêtre aussi facilité ce croisement des disciplines. Dans l’ensemble des domaines de la création, on assiste à une fusion. Et même entre les disciplines de la science. Il existe des zones d’interactions entre la physique et la chimie, entre les mathématiques et l’astronomie, la physique… Et tout cela a des conséquences directes sur les nanotechnologies, elles-mêmes fusion de plusieurs disciplines… Les années qui viennent sont des années de fusion. Ce n’est pas le moment pour les artistes d’aller s’enfermer dans leur pré carré et dire « on ne s’occupe que de l’art ! » De quelle manière orientez-vous votre réflexion ? Comment construisez-vous ces projections sur l’avenir ?

Y.A.K : Entre le moment où des techniques sont mises au point et le moment où elles entrent dans la vie de N.M. : On revient effectivement à un chacun, il peut s’écouler, 20, décloisonnement des différents 30, ou 50 ans. Mais durant ce domaines, et c’est ce qu’on « Nous ne faisons pas de l’art laps de temps, tout le monde a le défend. Ce qui nous intéresse, d’imaginer quel est l’usage numérique. Nous utilisons les outils droit c’est justement de faire potentiel de ces techniques et exploser les limites entre les de notre temps, et notre temps est de quelle manière elles peuvent disciplines et réussir à les la société. Il y a croiser. Un scientifique peut un temps numérique » transformer aussi dans notre travail toute tout aussi bien questionner le une série de propositions qui ne monde qu’un artiste ou un philosophe. sont pas réalistes. On est alors dans la fiction. Le travail des artistes, leur vocation, c’est aussi de rendre compte Y.A.K : Je pense que le rapport entre scientifiques et d’un imaginaire et d’une réalité possible. On cite souvent artistes ne s’est jamais arrêté. Il y a simplement un Désormais, art et sciences dialoguent à nouveau…

9

hiver 2010/2011

8e art magazine

29


Dossier 9 aix numérique

3 minutes2 2003 Un dispositif qui met en scène une unité d’habitation extrêmement réduite. Cet espace a la particularité de s’étendre bien au-delà de ses limites physiques par le biais de l’image dont il est la surface de projection. Ainsi, l’espace se reconfigure en permanence, en fonction des activités de ses habitants et se définit également dans la temporalité. Le scénario présente la compression en quelques minutes des principales activités et fonctions de l’habitat : manger, dormir, travailler, etc. L’image épouse parfaitement le volume de la pièce pour faire de l’espace un média tridimensionnel. Naziha Mestaoui : « Quand nous l’avons imaginé en 2003 c’était une fiction. Aujourd’hui, quand on regarde Kinect, ou la Wii, toutes les interfaces se développent dans ce sens là. La gestuelle permet maintenant d’interagir avec le monde immatériel. Mais ce que présente l’installation va plus loin que ça. Cela correspond aux nanotechnologies, à l’évolution de la chimie : la structure même des matériaux peut évoluer et devenir l’extension de l’imaginaire. De sorte qu’une table puisse devenir un lit. Qu’on maîtrise la structure physique des atomes qui créent notre environnement. »

Espace construit en bois blanc, un vidéoprojecteur, un ordinateur, système de projection sur un volume breveté en 2003.

spectacle en soi. Un spectacle immersif, interactif, qui place le public dans un certain état d’esprit qui l’autorise à imaginer lui même des possibles. Pour ça on utilise la fiction. Personne ne nous oblige à travailler sur des suppositions réalistes. On n’attend pas que la société soit arrivée au point de développement de ce qui est présenté Et vous n’attendez pas le progrès technique, vous pour travailler déjà sur l’émotion que cela peut susciter. l’anticipez… S’il y a de l’émotion, s’il y a N.M. : À partir du moment de l’envie, ça veut dire qu’il y où l’on imagine un possible et « Si l’exposition est réussie, elle se a une direction possible. Sur qu’on a envie d’explorer cette installations, les gens poursuivra au delà du musée, quand certaines voie là, rien n’empêche de faire nous disent « on pourrait faire les efforts pour arriver à ce les gens vont rentrer chez eux. ceci, on pourrait faire cela », résultat. et partent parfois dans des Alors, ils se poseront des questions. délires supérieurs aux nôtres ! Y.A.K : C’est la question du futuréalisme. La technologie donnons des outils pour Et regarderont la réalité autrement » Nous n’est peut être pas encore que le public puisse sortir de disponible, mais l’imaginaire l’exposition en ayant des idées et la pensée n’attendent pas le progrès. Pour aller qu’il n’avait pas en entrant. Si l’expo est réussie, elle dans l’espace, on s’est fixé des objectifs avant que se poursuivra au delà du musée, quand les gens vont la technologie ne soit mise au point. Et on a mis les rentrer chez eux. Alors, ils se poseront des questions. moyens en œuvre pour y parvenir. Il y a toujours des Et regarderont la réalité autrement. solutions. Et si ce n’est pas le cas, ce n’est pas notre Anticiper le futur, c’est aussi l’influencer ? problème ! Nous ne sommes pas ingénieurs, mais Y.A.K : Il faut bien comprendre que le futur luiartistes. même a sa propre histoire. Le futur tel qu’on le voyait au XVIIIe siècle, n’est pas le même que celui qu’on D’où cette idée d ‘« art-fiction » ? imaginait au XIXe, ou dans les années 1950. Le présent Y.A.K : Nous utilisons ce terme en écho à la scienceest toujours héritier d’une part de la représentation fiction. C’est à peu près la même chose. Le rapport que se sont faites les générations précédentes du futur. « art - science » passe par ce troisième pôle qu’est la Comme une sorte de cahier des charges ! On peut citer fiction. On utilise l’installation et la création comme Jules Verne ou Léonard de Vinci… Rétrospectivement lieu des possibles. Un lieu où l’on peut partager avec le on se dit qu’ils étaient visionnaires. Mais si on retourne public des visions, des propositions, des suppositions, le processus, on voit qu’ils ont écrit un cahier des des états... On ne fait pas une conférence sur les charges si vivace dans l’imaginaire collectif, que sa technologies, et d’ailleurs, on s’en fout. Nous voulons réalisation n’était plus qu’une étape. créer une émotion. Chaque installation est un petit Paul Klee qui disait « l’art ne représente pas le visible, il rend visible ». Il y a donc cette volonté de partager une vision, parfois utopique, en partant d’un constat de la réalité. Nous sommes des artistes contemporains. Nous n’attendons pas le monde de demain.

30

8e art magazine

hiver 2010/2011


DOSSIER aix numérique 8

Ex-îles 2003 Une installation interactive en réseau sur la notion de lien. Un lien immatériel et imaginaire qui redéfinit le concept de territoire en proposant une vision qui dépasse les frontières géographiques et politiques. De chaque côté du bassin, deux cercles, comme deux îles. L’une représente la présence physique dans le territoire, l’autre, dans l’eau, au bout du bassin, représente l’autre rive, l’ailleurs, l’imaginaire et le virtuel. Quand le visiteur entre dans le premier cercle, une silhouette, ombre lumineuse, se détache de lui et commence à parcourir l’ensemble du bassin pour rejoindre l’autre rive. C’est l’idée de dématérialisation. Chaque visiteur laisse une trace de son passage, une ligne. Ces différentes lignes se superposent. Parallèlement, d’autres personnes connectées à internet peuvent interagir à distance. Leur silhouette effectue le parcours en sens inverse, de l’île « virtuelle », vers l’île physique. Les visiteurs peuvent donc voir la présence des internautes distants. Cet espace qui se forme au fur et à mesure crée une sorte de grande colonne ADN : une nouvelle géographie. Croisement d’une réalité physique avec une réalité numérique, l’eau contenue dans le bassin est une portion de ce territoire hybride, mémoire collective au cœur d’un 25e fuseau horaire qui réunit tous les autres.

L’eau revient dans une grande partie de vos installations. Vous la qualifiez de « matière mémoire »…

Y.A.K : C’est en effet un élément qui revient souvent. Comme matière et comme thématique. Cette notion de mémoire, c’est assez simple. L’eau traverse le monde, voire l’univers. Il y a ce cheminement dans le temps et dans l’espace. Une molécule d’eau dans l’océan peut mettre une dizaine de pour aller de la côte « Le présent est toujours héritier mois atlantique française jusqu’au d’une part de la représentation Brésil. Mais c’est la même Et cette molécule d’eau que se sont faites les générations eau. va s’évaporer, passer dans un précédentes du futur » nuage, pleuvoir, être reprise dans les canalisations, on va la boire, et donc en garder une partie dans notre corps. Le corps disparaissant, l’eau repart dans la terre… C’est une sorte de grand liant de l’ensemble de l’univers. L’eau nous permet donc d’explorer les thèmes de la mémoire, de la stratification - la superposition des couches d’histoire - et aussi, de la vie.

Bassin en plexiglas transparent de 5m de long rempli d’eau, trois vidéoprojecteurs, deux ordinateurs en réseau, un capteur de présence, une base de données en ligne, un site internet.

N.M. : Et cette idée de géographie. Car la frontière commune entre l’ensemble des territoires, c’est l’eau. Quelle est cette ombre électronique, à laquelle vous faites référence dans votre nom ?

Y.A.K : Nous avons créé Electronic Shadow en 2000. Si on se remet dans le contexte, 2000 c’est Matrix, le cyberpunk, toute une science-fiction qui a tendance à représenter le monde virtuel comme un monde purement digital dans lequel on pénètrerait à travers des interfaces comme des casques ou des épines dans le cou… Le monde numérique arrivait, il préparait son avènement. Ce qui nous intéressait, c’était de ne pas opposer une dimension réelle et une autre, numérique. Mais de penser qu’on pouvait superposer les deux. Chacun d’entre nous avait vocation à posséder une identité numérique. Cette notion d’identité passe par l’ombre, comme dans la grotte de Platon. Et cette notion d’ombre implique une notion physique, un corps, qui soit notre interface avec l’environnement. Cette ombre électronique, c’est aussi quelque chose qu’on va pouvoir décider. Plutôt que d’avoir un double

9

hiver 2010/2011

8e art magazine

31


Dossier 9 aix numérique

Superfluidity 2009 Une métaphore d’un état quantique de la matière, connu sous le nom de superfluide, qui transmet toute information en tout point de sa surface et ce sans aucun délai grâce à une absence totale de frottement. Cet état conduit à la délocalisation des particules : une information reçue par une particule est immédiatement transmise à toutes les autres particules distantes. La vision quantique de la matière renvoie à l’évolution des rapports sociaux induite par les réseaux électroniques et à l’hyper rapidité de la circulation de l’information. Naziha Mestaoui : « Il y a cette idée d’interconnexion simultanée de personnes distantes, mais qui participent au même environnement. Comme si chacun des participants était un atome d’une même matière. Tout le monde crée en simultané le même environnement visuel et sonore… »

numérique qui existe de fait à travers tous les numéros qui nous représentent, on va pouvoir prendre en main cette identité numérique. N.M. : Ce qui nous intéressait, c’est cet aller-retour entre l’existence physique, le corps, et toutes les extensions imaginaires, numériques, qui peuvent se superposer à l’espace physique et qui sont ressenties à travers le corps. Y.A.K : En 2000, Electronic Shadow avait cette dimension « électronique », qui renvoie à l’informatique. Aujourd’hui, en 2010, vu l’évolution de notre travail et l’évolution de la technologie, ça renvoie finalement à la notion première de l’électronique, c’est à dire les électrons ! Une dimension quasiment atomique de la création ! Comment doit-on comprendre votre devise « Atom is data » ?

Y.A.K : Aujourd’hui nous sommes dans cette logique de fusion. Où désormais, Electronic Shadow évoque davantage notre ombre à l’échelle quantique, atomique. « Atom is data » : l’atome est l’information. Electronique et informatique, c’est la même chose. C’est la miniaturisation de l’information. Il y a un siècle, pour faire un calcul basique, il fallait une pièce entière ! Aujourd’hui dans un téléphone portable on a à peu près autant de puissance que dans les ordinateurs d’il y a 10 ans ! Cette logique de miniaturisation tend vers la dématérialisation. D’où votre concept « L’immatériel est de la matière » ?

Y.A.K : Il y a une projection vers cette logique. On s’est toujours évertué à utiliser l’image comme médium

32

8e art magazine

hiver 2010/2011

Bassin en plexiglas transparent de 1,4 m de côté rempli d’eau, socle en bois, deux vidéoprojecteurs, deux ordinateurs en réseau, un écran tactile, une base de données en ligne, un site pour téléphone mobile.

entre le possible et l’imaginaire. Mais désormais, la matière est sur le point de devenir de l’image. On commence à traiter ce qui compose la matière. Ce qui fait que du papier est du papier, ce qui fait que du bois est du bois, c’est dû à des agencements d’atomes. Quelque chose qui peut être modifié ! C’est donc évidemment réfléchir aux nanotechnologies… N.M. : Réfléchir aussi de manière générale à toute l’évolution de la chimie. Ce qui se passe en ce moment dans la chimie aura des répercussions directes dans un avenir très proche. Réussir à manipuler la matière et faire en sorte que cette matière « Nous traversons une devienne quasiment période de transition aussi malléable qu’un programme vers la fusion » informatique... C’est ce qu’on met en scène dans des installations comme Bissextiles : quand la goutte d’eau touche la surface du bassin, l’eau, l’image et le son fusionnent complètement et l’ensemble des éléments physiques ou digitaux composent exactement la même matière. Y.A.K : Nous traversons une période de transition. L’informatique, les ordinateurs, le monde numérique tel qu’on le connaît… C’est une transition vers la fusion de la matière et de l’information. L’ordinateur est un accès à l’information. Une interface entre nous et l’information. Cette interface disparaît déjà, avec les téléphones mobiles, l’internet des objets, toute une série d’espaces communicants…


DOSSIER aix numérique 8

Cristal de personnalité 2000 - 2010

L’un des projets phare d’Electronic Shadow, également à l’origine de leur nom. Il soulève les questions fondamentales de la représentation de soi à travers l’abstraction de la personnalité dont il se propose de créer une forme lisible. À travers le croisement de diverses typologies de personnalité dont celles de Jung (fondateur de la psychologie analytique), le cristal se déforme en fonction de chacun pour créer un objet totalement unique et personnel. Il se matérialise en fonction de notre identité. Les cristaux seront par la suite imprimés en volume. Le musée Granet ne disposant pas d’imprimante 3D, les visiteurs pourront s’ils le souhaitent commander leur cristal de personnalité à l’issue de l’exposition. Yacine Aît-Kaci : « Atom is data ! En partant d’un concept immatériel qui est celui de la personnalité et en créant une interface numérique, on peut créer un objet qui peut tenir dans la main. C’est un avatar. Quelque chose qui nous représente. Ma photo de profil sur Facebook ! » Naziha Mestaoui : « C’est à la fois l’un de nos tous premiers projets, imaginé en 2000, mais aussi l’un de nos derniers. Il fait le lien entre l’Electronic Shadow du début, (le travail sur l’avatar, les mondes électroniques), l’Electronic Shadow d’aujourd’hui (les électrons, l’information qui se matérialise), et celui de demain, qui est cette fusion totale. Notre rêve serait de pouvoir, dans dix ans, présenter un cristal de personnalité matérialisé qui se déforme en temps réel en fonction de ce que j’ai dans la tête ! »

Dans vos installations, l’ordinateur est d’ailleurs invisible, comme s’il avait déjà disparu...

« À partir du moment où j’ai une voiture qui est un ordinateur, qui est en réseau, et qui potentiellement, me permet de faire de la téléprésence ; quelle est l’utilité, au final, d’avoir une voiture ? »

Y.A.K : Depuis le début, on a toujours fait en sorte de cacher la technique, les ordinateurs. Que tout soit le plus « intégré » possible. Car justement, on pense que cela a vocation à se fondre dans les murs. Et dans l’exposition, les ordinateurs sont littéralement dans les murs, on ne les voit pas. D’où le côté parfois un peu magique de nos installations. L’ordinateur n’est pas une esthétique qui nous intéresse. Il reste en coulisse, le public n’y a pas accès. C’est la fusion de l’information contenue dans ces machines qui nous passionne. Du coup, nos installations ne vieillissent pas trop, dans la mesure où tout cela paraît aujourd’hui évident. Déjà, les interfaces deviennent tactiles. On fait en sorte que la technologie soit la plus douce, la plus transparente possible...

Et cette technologie « douce » envahit notre quotidien…

Y.A.K : La voiture, aujourd’hui c’est Star Trek ! Elles sont munies de cameras, certaines conduisent toutes seules… C’est une évolution logique. Et cela pose des questions : à partir du moment où j’ai une voiture qui est un ordinateur, qui est en réseau, et qui potentiellement, me permet de faire de la téléprésence ; quelle est l’utilité, au final, d’avoir une voiture ? Le trajet que je fais, c’est le trajet de mon corps qui va diffuser de l’information. Mais je peux faire en sorte de faire passer cette information là par le réseau, dématérialisée, sans avoir besoin de déplacer ce corps. En tirant ce fil, on redéfinit toute la société… Aujourd’hui, on a la possibilité de faire des choses, que concrètement, on ne fait pas. Car il faut attendre que les esprits soient prêts, qu’on arrive à une certaine maturité. Les artistes et les designers sont là pour contribuer à mettre en place cette culture.

hiver 2010/2011

8e art magazine

33



zoom CINÉ 8

Zo

oM

- ciné - cd - livres -

retour d’un film exilé Au cinéma Les Variétés, le mythique Jacques Rozier va présenter Revenez plaisirs exilés. Un film inédit. Et oublié…

© DR

Il est l’auteur de l’un des films fondateurs de la Nouvelle Vague, Adieu Philippine. Mais le 20 décembre, Jacques Rozier, 84 ans, viendra dire « bonjour Marseille », au cinéma Les Variétés. Il est en effet l’invité du festival Nuit d’hiver, organisé par le GRIM scène musicale. Car l’œuvre de Jacques Rozier, légende vivante du cinéma, n’est pas sans relation avec la musique. On pourra s’en rendre compte lors de la projection de Revenez plaisirs exilés (à 20h). Un film réalisé en 1992 à partir d’essais saisis pendant les répétitions et la générale de l’opéra Alceste, de Jean-Baptiste Lully, à l’opéra royal du château de Versailles et au théâtre des Champs-Elysées. Resté inédit jusqu’à sa présentation en février 2010 à l’auditorium du Louvre, le film a alors connu un vif succès. Cette projection sera suivie d’un dialogue avec l’auteur et le musicologue Jean-Claude Malgoire, l’homme qui a « redécouvert » ce film oublié. Ensemble, ils évoqueront l’art de filmer la musique… Avant ça, la soirée débute dès 19h30 par une « conférence musicale » de William Dongois et Freddy Eichelberger, « où l’on voit que l’esprit et la méthode de l’improvisation ont assez peu changé depuis 1492… »

Le 20 décembre, à partir de 19h30 au cinéma Les Variétés 37, rue Vincent Scotto - 13001 Marseille

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

35


zoom 9 cd

1000 ans de rythmes Pour la nouvelle création d’Angelin Preljocaj, le DJ Laurent Garnier a composé une musique apocalyptique. Désormais disponible en CD. Nouvelle création d’Angelin Preljocaj, Suivront 1000 ans de calme est le fruit de mariages inattendus. Celui du Ballet Preljocaj et du Ballet du Bolchoï, d’abord. Mais aussi celui d’un grand chorégraphe et d’un DJ incontournable. Vision de l’apocalypse et de ses rituels, Suivront 1000 ans de calme a été brillamment mis en musique par Laurent Garnier. Un univers sonore collant parfaitement à la chorégraphie. Mêlant mélodies envoutantes et rythmiques extatiques ; sons primitifs et d’avantgarde, l’auditeur est plongé dans une transe… apocalyptique. Suivront mille ans de calme Laurent Garnier Livret-CD disponible sur le site internet du Ballet Preljocaj : www.preljocaj.org boutique@preljocaj.org 17 euros

Marseille-Kingston connection Un couple de marseillais fait du reggae… Et les artistes jamaïcains en sont fous ! Le single Weak de Konshens et Dub Akom est déjà disponible sur ITunes. On parle d’eux jusqu’à Kingston. Mais Dub Akom est un duo basse - batterie 100% marseillais. Un couple de jeunes trentenaires –David Sitbon et Fabienne Romano– qui multiplie les collaborations prestigieuses. Jah Mason, Pressure, Lutan Fyah, Natty King, ont déjà posé leurs voix sur les sons reggae dancehall de Dub Akom. Cet hiver, ils créent l’événement sur la planète reggae, avec le single Weak, de l’incontournable Konshens. Composé, joué, et produit par Dub Akom, le chanteur jamaïcain n’avait plus qu’à ajouter sa touche de génie. Weak Konshens & Dub Akom Akom Records En digital download sur la plupart des plateformes de téléchargement (ITunes, Amazon, Juno...) et courant décembre en 7 inch. www.myspace.com/dubakom www.youtube.com/user/dubakom

36

8e art magazine

hiver 2010/2011

9




zoom livres 8

Sad Sunday Gilles Vincent (Timée Éditions) Quatre ans que Camille Carlotti a disparu. Quatre ans sans nouvelles, sans demande de rançon, sans la moindre piste. Et brusquement, une video sortie de nulle part... Depuis quatre ans, Sébastien Touraine, detective privé, s’est coupé du monde. Depuis que cette gamine a été enlevée à Marseille. Depuis qu’il sait qu’elle n’est pas la seule. Et surtout, depuis qu’il a perdu sa propre fille, Hélène. Pour aider la commissaire Aïcha Sadia, il va devoir affronter son passé et accepter de plonger dans une enquête effrayante, aux confins de l’insupportable. Prix marseillais du polar 2010

Les Poètes de la Méditerranée Anthologie (Gallimard) Cette anthologie ne se veut pas un palmarès mais un parcours qui accueille les voix de toutes les rives, des voix vivantes qui entrent en résonance autant qu’en dissonance, en amitié autant qu’en opposition ou en défiance. Des poètes de Grèce, de Chypre, de Turquie, de Syrie, du Liban, d’Israël, de Palestine, d’Égypte, de Tunisie, de Lybie, d’Algérie, du Maroc, du Portugal, d’Espagne, de France, d’Italie, de Malte, de Croatie, de Slovénie, de Bosnie, de Serbie, du Monténégro, d’Albanie et de Macédoine, qui ne cherchent pas d’accord factice autour d’une mer commune, mais qui disent un espace d’aujourd’hui.

L’escalade des Accoules Guy Toubon (Adeocom) Après Les escaliers de la gare Saint-Charles et L’ascension de la garde, la trilogie de Guy Toubon se termine avec les 14 nouvelles de cette Escalade des accoules. Poursuivant son étude du genre humain en s’attaquant à la butte du Panier, le « canidé lettré » nous entraine à nouveau dans son sillon avec humour et philosophie…

Oh ! Merde !

Cha (Même pas mal Éditions)

Ouvrage anthologique regroupant cinq années de travaux de la plus impétueuse des dessinatrices... Un florilège d’histoires courtes, qui ont contribué au panache de nombreux fanzines et livres collectifs, puis des inédites en pagaille, des illustrations et encore quelques surprises et des invités de marque ... Un livre explosif aux retombées radioactives, qui marque le grand retour de la blogueuse en librairie. Édité par les fringants marseillais de chez Même pas mal.

hiver 2010/2011

8e art magazine

39


reNCONTRe 9 JEAN-FRANçOIS ZYGEL

Jean-françois zygel

Retour sur...

BACH TO THE FUTURE Il est sorti de sa « Boîte à musique » pour un concert exceptionnel au Grand théâtre de Provence, le 14 octobre 2010. Avec Bach to Future, Jean-François Zygel a proposé une rencontre originale entre musiques classique, contemporaine et électronique. Un Bach du XXIe siècle. Par Marie de Crescenzo

Comment vous est venue l’idée d’un tel spectacle ?

Dominique Bluzet (le directeur du GTP, ndlr) m’a proposé, il y a trois ans, de faire chaque année un concert original à partir d’un grand compositeur. C’est ainsi que j’ai imaginé l’année dernière mon Beethov’on the rock et cette année, Bach to the future. Je suis très reconnaissant à Dominique de m’avoir permis de réaliser une idée qui était en moi depuis longtemps : créer une nouvelle forme de soirée au cours de laquelle le passé et le présent soient également honorés. Si Bach revenait parmi nous, il jouerait du synthétiseur ?

“Comme tous les styles architecturaux se côtoient dans une ville, tous les styles musicaux se mélangent dans notre tête”

Non seulement il jouerait du synthétiseur mais aussi du Wurlitzer, du Fender Rhodes, du célesta et des ondes Martenot ! Comme le montrent beaucoup de ses œuvres, Bach adorait les « timbres particuliers ». Il s’intéressait également de près aux facteurs d’orgues et de claviers : à chaque fois qu’il entendait parler d’un nouveau prototype de clavicorde ou de clavecin, il courait l’essayer !

40

8e art magazine

hiver 2010/2011


Plus de Bach au GTP ! La saison Bach se poursuit au Grand théâtre de Provence avec : Bach et l’orchestre Les Siècles - François-Xavier Roth Le 26 janvier 2011 Bach, Concertos brandebourgeois Les Siècles - François-Xavier Roth Le 27 janvier 2011

Vous triturez les morceaux de Bach en y mêlant des sons électro. Est-ce là votre vision d’un Bach futuriste ?

Je ne « triture » pas ! Je juxtapose, j’invente, j’organise. Il ne s’agit pas d’un simple concert d’interprétation mais d’un « concert-spectacle » d’improvisations et de créations autour de la figure de Jean-Sébastien Bach. Les artistes ont de tout temps rendu hommage à leurs prédécesseurs. Si j’étais musicien de jazz, j’imaginerai sûrement un concert de jazz et d’improvisation sur les thèmes et les harmonies de Thelonious Monk ou de Bill Evans. Mais comme je suis un musicien d’origine classique, c’est à Bach que j’ai envie de rendre hommage. Vous expliquez que Bach était déjà démodé en son temps. Alors comment son œuvre a t-elle pu traverser les siècles et faire de lui « notre éternel contemporain » ?

C’est justement parce que la musique de Bach n’était pas à la mode qu’elle est toujours présente à nos côtés. La mode... c’est ce qui se démode ! Au XVIIIe siècle, la musique restait circonscrite dans les églises. Au Grand théâtre de Provence, vous avez donc célébré le culte de Bach de façon contemporaine ?

La musique de Bach n’est pas une conversation entre les hommes mais une conversation entre l’Homme et Dieu. Nous n’avons plus aujourd’hui la même pureté. Habitants du XXIe siècle, nous vivons avec les mélodies et les rythmes de Bach et de Mozart comme avec la musique électronique et le jazz. Comme tous les styles architecturaux se côtoient dans une ville, tous les styles musicaux se mélangent dans notre tête. Chacun d’entre nous est à la fois religieux et athée. Quels sont vos projets ?

Continuer à créer des concerts qui mélangent plusieurs époques, plusieurs styles de musique, l’improvisation et l’interprétation. Et aussi, grâce à la lumière et à la rencontre d’artistes « visuels » (danse, vidéo, jonglerie, etc.), faire que le concert soit aujourd’hui autant un spectacle qu’un concert. Un « constacle » en quelque sorte. n

.

Grand Théâtre de Provence 380, avenue Max Juvénal - 13100 Aix-en-Provence 04 42 91 69 69 - www.grandtheatre.fr


Il n’existe que deux œuvres de Basquiat dans les musées français...


À VOIR [ MAC ] 8

Un Basquiat à Marseille ! On parle beaucoup de Jean-Michel Basquiat, depuis l’ouverture de la rétrospective qui lui est consacrée au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Mais que ceux qui n’ont pas la possibilité de se déplacer se rassurent : Il est possible de voir un Basquiat sans aller très loin. Au Mac de Marseille. Par Alexandre Lévêque

L’une d’elles se trouve au Mac de Marseille ! L

orsque Jean-Michel Basquiat disparait en août 1988, le seul musée français à avoir acquis l’un de ses tableaux de son vivant fut… le musée Cantini de Marseille ! Composé vers 1985, King of the Zulus est entré dès l’année suivante dans la collection d’art contemporain des musées de Marseille. Il est désormais exposé au Mac, dont il constitue aujourd’hui l’une des plus grandes richesses.

Une œuvre hip-hop ! Comme une comète. SDF à 15 ans, riche et célèbre à 22 ans, mort d’une overdose à 27 ans, son destin tragique participe à sa légende. Et ses œuvres, à la confluence de l’art contemporain, de l’art primitif et du street art, renferment bien des énigmes, qui occupent encore les spécialistes…

King of the Zulus est une toile caractéristique de l’œuvre de Basquiat. Ce visage à la bouche hurlante, tel un masque africain chargé d’une incroyable énergie spirituelle, émerge d’un ensemble de graphes, emblèmes et pictogrammes, lui conférant une puissance « magique ». Référence à l’art primitif, ce « roi » évoque aussi la Zulu Nation du rappeur Afrika Bambaataa. Car la technique de Basquiat s’inspire aussi de la musique hip-hop : Mots ou motifs (ici des crânes et des visages) rythment la toile, tel un beat obsédant.

Jean-Michel Basquiat King of the Zulus, 1984/85 Peinture, acrylique sur toile, pastel gras et photocopies couleur sur papier collées 208 x 173 cm © Collection [mac] musée d’art contemporain Marseille Ceter, Ville de Marseille

C’est grâce à la clairvoyance de Germain Viatte, directeur du musée Cantini de 1985 à 1989, que Marseille reste à ce jour la seule ville française, avec Paris, à détenir un Basquiat. « Viatte a eu du flair, reconnait Christine Poullain, conservateur en chef du musée Cantini. Très en avance sur son temps, il a fait pour nous mille acquisitions intéressantes ! » Il faut bien dire qu’à cette époque, Basquiat était quelque peu ignoré des institutions culturelles françaises, peu sensibles à son travail. Car si aujourd’hui, l’artiste noir américain fait l’unanimité, il était alors considéré par les décideurs hexagonaux comme un vulgaire tagueur, sans réelle importance. À la fin des années 80, ses grands tableaux valaient entre 100 000 et 200 000 francs (15 000 et 30 000 euros). Désormais, ces mêmes toiles se négocient en millions de dollars… Une bonne affaire donc, que celle réalisée par le très inspiré Germain Viatte. Ce dernier devint par la suite directeur du Centre Pompidou, ce qui permit à la France d’acquérir un second (et dernier) Basquiat, en 1993, Slave Auction. L’idylle entre Basquiat et Marseille s’est poursuivie à l’été 1992, avec la première grande rétrospective consacrée à l’artiste en France. À l’heure où certains s’étonnent encore que Marseille ait été désignée Capitale européenne de la culture pour l’année 2013, il est intéressant de constater que ses musées renferment de tels trésors. On s’étonne simplement que le musée d’Art moderne de la Ville de Paris n’ait pas convié King of the Zulus à sa grande rétrospective. Mais tant mieux. Allez donc faire un tour au Mac. Le roi des Zoulous vous recevra en son palais… n

hiver 2010/2011

8e art magazine

43


THÉÂTRE 9 ROBIN RENUCCI

interview ROBIN RENUCCI :

Désir Renucci Ce

Guitry n’avait pourtant pas l’air très concerné par les questions sociales…

Désiré évoque la quête de désir, le refus de la consommation… Des thèmes qui ont encore un écho aujourd’hui ! Dans la pièce, le pouvoir est incarné par un ministre et un industriel. Rien n’a changé ! C’est le « bling-bling » ! Le ministre est sympa, drôle… mais corrompu ! Cette pièce de jeunesse était prometteuse. L’aigreur est arrivée plus tardivement chez Guitry. On lui a reproché de vivre, de chercher à être heureux. Mais c’était un travailleur acharné. Et il adorait les acteurs. Il en a lancé plus d’un ! Aussi, la notion de « public » ne lui était pas étrangère. Mais après la guerre et les vacheries dont il fut victime, il s’est concentré sur le badinage, l’amour…

Comment avez-vous abordé le personnage de Désiré ?

Charmeur, bavard, et plein d’esprit. Avec Désiré de Sacha Guitry, Robin Renucci relève un défi à sa taille. À découvrir au théâtre de l’Odéon, le 16 décembre.

Votre interprétation paraît plus enjouée et dynamique que celle, plus monolithique, de Sacha Guitry…

J’essaie d’être au pied de la lettre. Désiré, c’est un valet de 40 ans. Il est séduisant… et même d’un grand érotisme ! Ses pulsions le tiraillent. Sa tête lui dit

“Les héritiers de Guitry sont nombreux... Tous ceux qui aiment le théâtre” « non, il ne faut pas ! » Ça devient drôle, car dès son entrée dans la maison, il veut séduire tout le monde ! Même la bonne !

Oui, je suis plus vif et actif. Ce grand valet est le petit frère de Figaro. Elégant, amoureux de la vie, il va se révéler plus maître que ses maîtres ! Avec classe… Les vaudevilles de Guitry nous font rire intelligemment…

Par Sandro Piscopo-Reguieg

Oui. Et c’est ce qu’il faut faire. Guitry ne veut pas que le public s’ennuie. Jeux de mots, bonnes phrases, il cherche continuellement à faire rire… Sans être lourd.

Pourquoi avoir choisi cette pièce, dans l’important répertoire de Sacha Guitry ?

Peut-on parler d’une mode Guitry, depuis quelques années ?

Pas mal d’acteurs jouent du Guitry… Mais jamais Désiré ! Pour moi, c’est le Guitry le plus Guitry. Mais j’essaie de le jouer de façon personnelle, singulière. Car le but n’était certainement pas d’imiter Guitry !

“Désiré est désiré, et désire lui-même” Je commence à avoir de la bouteille. Et je voulais relever la gageure ! Désiré est l’une de ses toutes premières pièces. On ne la joue jamais, car elle est extrêmement difficile. Guitry parle énormément. Quarante-cinq minutes dans le dernier acte ! C’est une pièce brillante, de haut vol. Qu’est ce qui vous a séduit dans son sujet ?

Un valet « aristocrate » veut sortir de sa condition… Il préfère désirer que passer à l’acte. Il est désiré et il désire lui même. C’est une réflexion très intéressante

44

sur la question du serviteur et du maître. Dans la lignée de Molière et Marivaux, mais de façon plus fine, avec davantage de psychologie… Il y a une vraie noblesse à servir. Et les vrais nobles ne sont pas « blig-bling » !

8e art magazine

hiver 2010/2011

Oui, il y a au moins un Guitry qui se monte, chaque année. C’est un auteur incontournable, mais il faut des acteurs virtuoses pour parvenir à le jouer tous les soirs.


Désiré De Sacha Guitry

Mise en scène : Serge Lipszyc Avec : Robin Renucci, Marianne Basler, Alycia, Jean-Christophe Barc, Nathalie Krebs, Marion Posta, Jean-Philippe Puymartin Et il ne faut pas se l’accaparer : Guitry n’appartient à personne ! Ses héritiers sont nombreux… Tous ceux qui aiment le théâtre ! Marianne Basler, qui joue à vos côtés dans la pièce, a comparé Sacha Guitry à Woody Allen…

Oui, je suis d’accord. C’est un indécrottable amoureux. Il faut qu’il séduise, il faut qu’il aime, qu’il le prouve… Avec cette pièce, vous continuez de mettre en pratique votre conception du théâtre populaire ?

Je veux changer les choses. Faire évoluer les rapports entre public et comédiens. Le théâtre doit être un moment de rencontre, plutôt qu’un moment de consommation supplémentaire. J’ai choisi mon ami Serge Lipszyc, pour la mise en scène. Pour garder cet esprit de troupe, lié au théâtre populaire. Nous appliquons les recettes du théâtre de boulevard, mais avec quelque chose en plus. Dans notre façon de jouer, nous sommes plus attentifs au public. Le rythme est différent. Et on rit énormément !

Odette Cléry, maîtresse du ministre Montignac, est à la recherche d’un nouveau maître d’hôtel, lorsque se présente Désiré, valet modèle et charmant, muni d’excellents certificats. Elle l’engage à son service… en sachant toutefois qu’il a été renvoyé de sa dernière place pour excès d’empressement envers sa patronne ! Aucune crainte cependant avec Odette : elle n’est pas son type. Et pourtant, alors qu’ils se trouvent en vacances à Deauville, le très respectable maître d’hôtel se met à rêver à la jeune femme… Jeudi 16 décembre 2010 à 20h30 Théâtre de l’Odéon 162, la Canebière - 13001 Marseille 04 96 12 52 70 Samedi 18 décembre à 15h et 20h Théâtre des Salins 19, quai Paul Doumer - 13692 Martigues 04 42 49 02 00

Connaissez-vous Marseille ?

J’ai tourné ici plusieurs fois ! Mon film Sempre Vivu a d’ailleurs été monté à Marseille. C’est une ville que j’aime énormément… N’oublions pas que c’est la deuxième ville corse ! C’est une ville qu’on aime pour ce qu’elle est, pour ses mélanges. Je ressens à chaque fois un grand bonheur quand je sors de la gare Saint Charles. Ici, nous sommes dans l’ailleurs. n

hiver 2010/2011

8e art magazine

45


rencontre 9 thierry fabre

interview thierry fabre :

« Et si on réfléchissait ensemble ? »

Le Mucem n’attend pas l’achèvement de son édification pour déjà, évoquer les thématiques qui guideront son activité. Depuis le mois de septembre, la bibliothèque de l’Alcazar accueille un cycle de débats pour comprendre les civilisations entre Europe et Méditerranée : Les Mardis du Mucem. Rencontre avec Thierry Fabre, responsable de la programmation et des relations internationales du Mucem. Créateur des Rencontres d’Averroès, il est aussi l’initiateur de ces nouveaux rendez-vous. Propos recueillis par Sandro Piscopo-Reguieg

46

8e art magazine

hiver 2010/2011

On parle beaucoup du Mucem… Désormais, c’est le Mucem qui prend la parole ?

Le Mucem est un musée des civilisations du XXIe siècle, centré sur le monde méditerranéen, mais aussi sur l’Europe. Il n’existe pas encore dans l’espace public. L’idée, c’est donc de prendre la parole pour faire connaître les grands axes de réflexion qui guideront les expositions, rencontres et conférences qui rythmeront l’année 2013. Nous sommes actuellement en phase de préfiguration. Il est important de ne pas rester silencieux. Le Mucem, on en parle depuis 10 ans ! Il n’en finit pas de commencer. Mais là, il commence vraiment. Et puisqu’on se pose la question du contenu, autant apporter des contenus ! Dans la lignée des Rencontres d’Averroès, vous instaurez donc un nouveau rituel, le deuxième mardi de chaque mois…

Nous voulions organiser un cycle de rencontres accessible au grand public. N’ayant pas encore de lieu, nous avons choisi la plus grande bibliothèque

“Pour Kalypso Nicolaïdis, la Turquie, c’est le viagra de l’Europe !” de Marseille, située en plein centre ville : l’Alcazar. Étudiants, gens du quartier, curieux, tous ceux qui ont un appétit pour la connaissance… Nous leur proposons un rendez-vous régulier, le deuxième mardi de chaque mois, avec des invités prestigieux. Pas ceux qu’on entend tous les jours dans les médias ! Lors du premier rendez-vous, en septembre, nous nous sommes


interrogés sur le sens du mot « civilisation » avec le philosophe Tzvetan Todorov. Le mois suivant, nous avons évoqué le Bréviaire méditerranéen de l’écrivain Predrag Matvejevitch… Et le 14 décembre, c’est l’avenir de l’Europe et de la Méditerranée qui sera traité avec la politologue Kalypso Nicolaïdis…

Kalypso, je la connais depuis 30 ans ! Elle est actuellement professeur de relations internationales à Oxford, où elle a dirigé le Centre d’études européennes. Depuis le mois de septembre, elle est en résidence à l’Institut méditerranéen de recherches avancées (Iméra), à Marseille. Elle a récemment été membre du groupe d’experts européens présidé par Felipe Gonzalez sur l’Europe à l’horizon 2030... Bien que Grecque, elle défend fortement l’entrée de la Turquie en Europe. Elle dit même que la Turquie, « c’est le viagra de l’Europe ! » La question démographique est selon vous cruciale pour l’avenir de l’Euroméditerranée ?

Les projections de l’ONU sont explosives. Nous vivons une transition démographique, très bien mise en valeur par Emmanuel Todd et Youssef Courbage dans leur ouvrage Le rendez-vous des civilisations (Seuil, 2007, ndlr). C’est selon moi la question fondamentale de ces 30 prochaines années : un nord de plus en plus vieux fait face à un sud de plus en plus jeune. Les pyramides s’emboitent, on va avoir besoin les uns des autres ! Il est envisageable d’avoir un vrai rendez-vous des Méditerranées.

Pour l’instant, ce rendez-vous parait manqué…

C’est dû aux politiques de replis identitaires, aux peurs collectives, aux passions religieuses, et ce, de part et d’autre de la Méditerranée d’ailleurs. Il faut sortir du face à face pour rapprocher les civilisations. Ça se joue dans nos têtes. C’est là que le rôle de la culture apparaît. Car ce rapprochement ne passe pas forcément par les grands montages politico-industriels. Le terrain culturel est bien plus fertile… Le rendez-vous des civilisations suppose transformations et ouvertures. Il y a besoin de lieux pour se comprendre. Le Mucem, à l’entrée du port de Marseille, ouvert sur le grand large, peut-être ce lieu où auront rendez-vous les civilisations.

Le Mucem en 2013 Le fort Saint-Jean sera relié par une grande passerelle au bâtiment de Rudy Ricciotti, actuellement en construction sur le J4.

“Le rendez-vous des civilisations suppose transformations et ouvertures. Il y a besoin de lieux pour se comprendre. Le Mucem, à l’entrée du port de Marseille, ouvert sur le grand large, peut-être ce lieu où auront rendez-vous les civilisations” Le 11 janvier 2011, on parlera Histoire avec Henry Laurens…

Il est l’un des historiens de référence sur le ProcheOrient. Avec lui, nous pourrons aborder le thème de l’une des expositions d’ouverture du Mucem : « Le noir et le bleu, un rêve méditerranéen ». Laurens est en effet l’auteur d’un petit livre intitulé Le rêve

hiver 2010/2011

9

8e art magazine

47


rencontre 9 thierry fabre

Matthias Poisson Digues de Naples, Marseille, Alger Exposition Paysages sensibles, jusqu’au 19 décembre au fort Saint-Jean Expo co-produite par l’Espace Culture, le Mucem et l’association -able, en collaboration avec le FRAC et les Ateliers de l’image.

Méditerranéen (CNRS éditions, “Le Mucem n’est pas tombé ressources de la Belle de Mai. fort Saint-Jean, on aura une 2009). Nous évoquerons son sur un os. Il se construit !” Au exposition-promenade autour des analyse de la question de la collections du musée. L’exposition Paysages sensibles Palestine à partir de sa position d’historien. Car je crois (voir ci-dessus, ndlr), en ce moment, en est un bon que les historiens peuvent ouvrir des espaces de parole, exemple. Photo, dessin, vidéo, ce parcours sera dédié en restituant une vision du passé sur laquelle on peut aux thématiques contemporaines. En 2013, le fort s’entendre. La colonisation, les crises, les tensions… Saint-Jean sera enfin ouvert au public. Ce qui n’était Nous avons un devoir de mémoire envers l’histoire. plus le cas depuis 50 ans ! Il sera relié au bâtiment À partir de là, on peut inventer un avenir. de Rudy Ricciotti par une grande passerelle… Sur ce Le 8 février, la sociologue d’origine turque nouveau site, un auditorium de 400 places accueillera Nilufer Göle évoquera l’Islam dans les conférences, débats, spectacles, projections de films... sociétés européennes… En 2013, les deux grandes expositions inaugurales Les minarets, la burqa… Des questions sensibles. seront « Le noir et le bleu » et « Feminin-Masculin ». Mais au-delà des polémiques, Nilufer Göle va Le public pourra les découvrir à partir de mai 2013. privilégier une approche comparée des différents pays Le musée organisera aussi deux autres expositions européens, via des analyses sociologiques. L’idée, c’est intermédiaires. Ce qui fait tout de même quatre expos prendre du recul. Ne pas se contenter de dire « c’est chaque année ! bien », ou « c’est mal ». Il s’agit de comprendre. Vous ne craignez pas de prêcher devant un public de convertis ?

La pollinisation, ça existe aussi pour les idées ! Il y a beaucoup de gens, dont l’idée n’est pas encore faîte. Un musée des civilisations, ce n’est pas fait pour amener des réponses, mais pour poser des questions. Mettre en situation des phénomènes complexes. Nous parions sur l’intelligence : Et si on réfléchissait ensemble ? Parlons du Mucem. Qu’y verra t-on ?

Le Mucem s’étalera sur trois sites. Le fort SaintJean ; le bâtiment de Rudy Ricciotti, actuellement en construction ; et le Centre de conservation des

On parle de retards…

Les entreprises se sont engagées pour une livraison en décembre 2012. Pour l’instant, il n’y a pas de retard. Contrairement à ce qu’on peut lire dans la presse, non, le Mucem n’est pas tombé sur un os. Il se construit. Une première ouverture « événementielle » aura lieu en janvier 2013. Une grande fête… n

.

Les Mardis du Mucem Les 14 décembre 2010, 11 janvier et 8 février 2011 à 18h30 Bibliothèque de l’Alcazar www.musee-europemediterranee.org

Averroès : retour à Cordoue ! Le crédo des Rencontres d’Averroès - « penser la Méditerranée sur les deux rives » - n’est pas qu’une simple formule. Après Alger en 2006, et Rabat depuis 2009, c’est cette fois Cordoue, la ville natale du penseur (XIIe siècle), qui accueillera les « Encuentros d’Averroes » en février 2011 dans le cadre de la candidature de la ville espagnole au label de Capitale européenne de la culture pour 2016. Une édition libanaise est à l’étude pour l’automne 2011. Le philosophe d’Al-Andalus pourrait même traverser l’atlantique puisque le festival du monde arabe de Montréal s’est positionné pour organiser un événement labellisé Averroès.

48

8e art magazine

hiver 2010/2011



Matthias Grünewald Le retable d’Issenheim Vers 1512-1515 Huile sur bois, musée d’Unterlinden, Colmar

Un galeriste inspiré… Peinture figurative, coups de cœurs et expos sur commandes. Chez Anna-Tschopp, l’art contemporain s’expose avec passion. Rencontre Par Sandro Piscopo-Reguieg avec Yves Gnaegy, un galeriste inspiré. « Anna-Tschopp, c’est le nom de ma grand-mère. C’est peinture a encore de l’avenir ! L’homme la pratique depuis bizarre, peu commun… Ça correspond bien à l’esprit le paléolithique… Pourquoi cesserait-il d’un seul coup ? » de la galerie ! » Avec son enseigne atypique, Yves Chez Anna-Tschopp, pas d’installations conceptuelles. Gnaegy annonce la couleur. Mais les passants de la Pas d’enchevêtrements de tubes PVC censés dénoncer rue Paradis savent bien qu’au n°197, ils risquent d’être les affres de la société de consommation ou le malaise brusquement confrontés au « peu commun ». Il n’est pas du plombier. Dans cette galerie d’art contemporain, on rare, en effet, que certains s’arrêtent quelques instants revient aux fondamentaux : Sculpture et surtout, peinture. devant la vitrine de la galerie. Là, trône une toile tirée de Avec un goût revendiqué pour l’expressionnisme et la l’expo du moment, visible figuration narrative. En « L’abstrait est en train de vivre la fin de son depuis la rue. Abstraites ou cela, Anna-Tchopp est à âge d’or. Contrairement à ce que pensent beaucoup contre-courant. À contrefiguratives, ces « vitrines » de gens, la peinture a encore de l’avenir ! » font toujours leur petit effet. courant de l’art conceptuel « Les gens sont surpris, ils plébiscité par les médias ne s’attendent pas à voir cela ! » se félicite le galeriste, non et les institutions officielles. « On peut me considérer sans malice. « Quand j’ai mis le Morteyrol en vitrine, des comme réac’ », assume le galeriste. « Mais cet art intégristes chrétiens sont venus me faire la leçon ! » contemporain tourne en boucle. Goya ou Vélasquez La crucifixion du Christ version pop art avec Albator c’était aussi conceptuel que ce que l’on peut voir et le double maléfique de Spider-Man en guise de aujourd’hui. Seulement, la représentation permettait au personnages bibliques (voir illustration ci-dessus), il est public d’accéder au concept. L’art contemporain tel qu’il vrai que ça peut déconcerter. Et Gnaegy savoure… Car est défini aujourd’hui relève plutôt de la sociologie… » n’est-ce pas là la preuve qu’au XXIe siècle, la peinture figurative peut encore surprendre ?

Nouvelle vie

« L’abstrait est en train de vivre la fin de son âge d’or. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, la

50

8e art magazine

hiver 2010/2011

Anna-Tschopp vient de fêter ses cinq ans. Depuis le 15 novembre 2005, Yves Gnaegy savoure sa nouvelle

Bernard Morteyrol Le Symbiote de Grünewald 2008 Huile sur toile


portrait yves gnaegy 8

vie. Trader parisien en matières premières parisien, collectionneur passionné, il décide de tout plaquer pour venir s’installer à Marseille et y montrer de l’art contemporain. Les affaires s’étaient bien passées. Yves avait de quoi voir venir. Ainsi, au delà des modes, des tendances, et du marché, c’est bien sa propre conception de l’art qu’il souhaitait mettre en avant quand il ouvre sa galerie. Quitte à connaître un « Ici, il y a deux types démarrage incertain. de visiteurs. Ceux qui Courageux mais pas sont emballés par à peu téméraire, il s’était au près tout, et ceux qui départ associé avec un n’aiment rien. » galeriste de la région. Un homme davantage soucieux de l’augmentation exponentielle de son chiffre d’affaire que de la qualité artistique des expositions présentées. En 2008, ces divergences deviennent insupportables. La séparation est actée. Yves Gnaegy prend seul la direction d’AnnaTschopp qui depuis cette date, évolue d’une façon qui lui ressemble. Il prend des risques. Il se fait plaisir. Et qu’importe si au passage, il perd ses clients les plus frileux. L’audace paye. « Avec les artistes dits difficiles, si ça passe, vous faîtes sur une seule vente le chiffre d’affaire que d’autres font en dix ans ! C’est un pari spéculatif. » N’oublions pas que nous avons affaire à un ancien trader… Il s’est rapidement constitué un noyau d’amateurs fidèles. « Ici, il y a deux types de visiteurs. Ceux qui sont emballés par à peu près tout, et ceux qui n’aiment rien. Les premiers ont un regard proche du

EXPO Shahda : 25 + 5 Artiste expressionniste né en 1929 en Egypte, Shahda a vécu toute sa vie de peintre à Carpentras. Très malade, il a pu bénéficier de quelques années de vie supplémentaire grâce aux soins qu’il a reçu à Marseille. Ce qui lui a permis de peindre la plupart des toiles qui seront montrés lors de cette exposition.

Shahda Autoportrait au front marqué 1982-1983 Huile sur toile 130 x 97 cm Shahda Autoportrait au grand col 1983-1984 Huile sur toile 130 x 89 cm

L’expo est intitulée « 25+5 » car elle est composée de 25 autoportraits et 5 portraits (de Pierre Autin-Grenier, que Shahda considérait comme son double), peints de 1975 à 1991, année de sa mort. « Il a longtemps lutté contre le cancer, nous explique Yves Gnaegy. Ces autoportraits peuvent être considérés comme un dialogue avec la mort. Avec le temps, ils deviennent de plus en plus abstraits. C’est vraiment poignant. » Ces trente œuvres seront réunies une dernière fois avant leur dispersion probable…

Shahda, Autoportrait au visage rouge 1987 Huile sur toile 73 x 60 cm

Du 7 janvier au 5 février 2011

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

51


portrait 9 yves gnaegy

BERNARD MORTEYROL Une saison à l’atelier 2010 Acrylique sur toile 100 x 100 cm

Jean-AugusteDominique Ingres Le Bain turc 1862 Toile marouflée sur bois 108 x 108 cm Musée du Louvre

EXPO Bernard Morteyrol : Dialogues avec mes pairs C’est la première des « expos sur commande » d’Anna-Tschopp. Un voyage à travers les chefsd’œuvre du passé, revisités façon pop art. En 2008, Morteyrol avait déjà « détourné » le Retable d’Issenheim de Grünewald (voir page 50). Cela avait beaucoup plu à Yves Gnaegy, qui a donc demandé à l’artiste de poursuivre ce « dialogue » avec l’histoire de l’art via La Piétà d’Avignon, L’Angélus de Millet, ou encore Les Ménines de Vélasquez… Si Morteyrol veille à conserver l’esprit de chacune de ces œuvres anciennes, il y insuffle aussi des références contemporaines : Il peut ainsi remplacer les personnages des tableaux originaux par des héros de mangas ou de comics… mais ceux-ci peuvent aussi devenir des quilles ou des rouages mécaniques, à la manière des futuristes italiens des années 1930. Ce qu’on pourra vérifier sur les dessins préparatoires, aussi exposés. « Les grandes œuvres, les grands personnages ont la possibilité de se métamorphoser tout en restant actuels » analyse Yves Gnaegy, qui fonde beaucoup d’espoirs sur cette exposition. « Elle marquera l’identité d’Anna-Tschopp. On ne la verra nulle part ailleurs dans son intégralité. Si on en retrouve par la suite quelques pièces éparpillés à Paris, New York ou Milan, l’ensemble aura été fait ici, pour ici ». Du 11 février au 12 mars 2011

52

8e art magazine

hiver 2010/2011

Bernard Morteyrol Sans titre 2010 Acrylique et huile sur bois 81 x 100 cm

mien. Car l’évolution de la galerie, c’est l’évolution de son galeriste ». Et l’œil du galeriste évolue vite : « Ce que j’achetais il y a 4 ou 5 ans ne m’intéresse plus aujourd’hui. » Aussi, Yves Gnaegy s’attache avant tout à l’humain. « Je n’expose que les artistes avec lesquels je m’entends. Car leur personnalité va se retrouver dans leur travail. » Anna-Tschopp se voulant lien privilégié entre amateurs, collectionneurs et créateurs, il vaut mieux entretenir de bons rapports avec tout ce petit monde. Les collectionneurs ont ainsi la possibilité de rencontrer les artistes, ou même de se rendre à leurs ateliers. Tout est pensé pour que le client puisse confortablement murir son choix avant de faire une acquisition. Le prix moyen d’une œuvre se négociant ici aux alentours de 5 000 euros, ce n’est pas du luxe.

95% des toiles vendues le soir du vernissage Ironie du sort, le plus gros coup financier de la galerie fut la conséquence d’un coup de cœur du galeriste pour un jeune artiste. Un parfait inconnu, qui n’avait pas 30 ans. « Et qui s’était fait mettre à la porte de toutes les galeries marseillaises avant de venir me voir ! » Mais quand Pierre Fava se présente timidement chez lui, Yves Gnaegy, accepte de jeter un œil sur son travail. « Je suis curieux… Et je crois au talent ». Le galeriste venait alors de se séparer de son associé. Après avoir tâté le terrain auprès de quelques-uns de ses amis collectionneurs et galeristes, il décide de tenter le diable.

Enguerrand Quarton La Pietà de Villeneuve-lès-Avignon Vers 1455-56 Tempera et or sur noyer 162 x 218 cm Musée du Louvre


portrait yves gnaegy 8

pierre fava Sans titre 2010 Prototype Acrylique sur carton 65 x 45 cm Pierre Fava sera de retour chez Anna-Tschopp du 25 mars au 23 avril 2011. “De la très très grande peinture”, promet Yves Gnaegy.

capter des artistes reconnus. Et certains me contactent directement pour pouvoir exposer dans ce lieu. » C’est de cette manière que fut décidée l’exposition Shahda, prévue pour janvier 2011 (voir page 51). Un an plus tôt, Anita Shahda, veuve de l’artiste, découvrait la galerie en visitant l’expo du sculpteur Marc Petit. Sous le charme, elle propose à Yves Gnaegy ce qu’elle a refusé à bien d’autres : mettre à sa disposition la totalité des œuvres de l’artiste, pour qu’il choisisse les pièces qui constitueront la seule exposition consacrée à Shahda depuis bien longtemps. « Plusieurs importantes galeries parisiennes l’avaient déjà approchée pour ce type de projet, sans succès. C’est très gratifiant pour moi… et ça fait pas mal de jaloux ! »

« Marc Stammegna m’a dit : celui-ci tu le gardes ! Voir un professionnel reconnu vous conforter dans vos choix, ça rassure. » 22 février 2008. Coup d’envoi de l’expo Pierre Fava chez Désormais, le galeriste fourmille de projets. Il veut Anna-Tschopp. Son travail sur le noir et la matière remettre la « commande » au goût du jour. En partant fait mouche. 95 % des œuvres sont vendues le soir du d’un constat : « Quand vous visitez l’atelier d’un vernissage. Et le reste ne tarde pas à trouver preneur. artiste pour y choisir des pièces en vue d’organiser Un succès aussi phénoménal qu’inattendu. Stammegna une exposition, en tant que Marseillais, vous arrivez a parlé d’ « exposition de rang international ». D’autres toujours après Paris. Qui arrive après New York ou ont comparé Fava à Soulages ; Berlin. Il est donc rare d’avoir Gnaegy évoque quant à lui les « le premier choix. » La solution, « Avant, les artistes travaillaient zip » de Barnett Newman. Et tente c’est donc de réserver les œuvres sur commande. Ça ne les empêchait pas avant leur création. Et même d’expliquer le triomphe de son de faire des chefs-d’œuvre ! » poulain : « Fava peint la violence d’impulser leur création. « Je avec force. Et on le ressent tout propose un thème aux artistes et de suite ! Un peu comme quelqu’un qui vous donne un ils me composent une exposition pour Anna-Tschopp. coup de poing sur le nez… » Avant, les artistes travaillaient sur commande. Ça ne Depuis, un lien affectif s’est noué entre l’artiste les empêchait pas de faire des chefs-d’œuvre ! » C’est et le galeriste. Pour Pierre Fava, Yves Gnaegy est Bernard Morteyrol qui, en février 2011, inaugurera ce même devenu un petit peu plus que ça. Un ami, nouveau cycle d’expos sur commandes avec Dialogue un père… Un agent, aussi. Yves le conseille sur avec pairs (voir page 52). Pierre Fava suivra en mars son travail, lui donne des indications, « et lui, en et avril. Et bien d’autres encore… Vous pourrez vous fait une œuvre » dit-il, admiratif. Pierre Fava sera en rendre compte en faisant un petit tour, rue Paradis. de retour chez Anna-Tshopp en mars-avril 2011. Là, devant la vitrine du n°197, vous serez confronté au « Ça sera encore plus violent. De la très très grande « bizarre », au « peu commun ». Pas de doute. La galerie peinture », promet Gnaegy. Anna-Tschopp, c’est bien ici. n

Expos sur commande Si Anna-Tschopp est aujourd’hui reconnue pour les choix de son galeriste, elle l’est aussi pour son lieu à la configuration remarquable. « Cela me permet de

.

Anna-Tschopp 197, rue Paradis - 13006 Marseille 04 91 37 70 67 - www.anna-tschopp.com

hiver 2010/2011

8e art magazine

53


Miroiterie Cornet : 110, route de la Valentine - 13011 marseille - TĂŠl. 04 91 89 47 00 - Fax 04 91 35 54 32

www.miroiteriecornet.com


DOSSIER design 100% marseille 8

Design

100% Marseille Designers Marine Peyre : “Je divorce avec Marseille !”

p. 56

LN BOUL : “Marseille n’est pas un frein !”

p. 58

Philippe Di Meo : Luxe, design et sensualité

9

p. 60 Ça bouge à Marseille ! Pecha Kucha Night, le speed creating !

p. 62

Commerce Design Marseille : Rapprocher deux univers

p. 63

Quoi de neuf au Centre du design ?

9

p. 64 7 designers en 13 objets Sélection d’objets de Ruthy Assouline, Jérôme Dumetz, EM Design, Maxime Paulet, Patrick Jouffret, Bernard Moïse et Ora-ïto

p. 67

hiver 2010/2011

8e art magazine

55


DOSSIER 9 design 100% marseille

Ses objets pop et ludiques en silicone on fait le buzz jusqu’à New York. Mais Marine Peyre voit plus grand. Depuis déjà quelques années, elle rhabille espaces privés et publics (Alcazar, Pavillon Noir, école de ChâteauGombert), et prend en charge la scénographie de divers événements (exposition Fred Sathal). Créatrice “modulable”, Marine Peyre s’attaque désormais au mobilier, avec sa dernière trouvaille : B. Flex. Pour poursuivre sa progression, la papesse du design marseillais prépare son grand départ pour Paris. “Changer d’horizon, c’est avant tout changer d’horizon intellectuel”

Par Sandro Piscopo-Reguieg

Marine Peyre “Je divorce avec Marseille” Alors Marine. Vous quittez vraiment Marseille ? C’est vrai que je suis bien implantée ici… Mais ça fait un moment que ça me trotte. Par exemple, j’ai ouvert un show room l’année dernière. J’y croyais beaucoup. Et les retombées ne sont pas celles que j’espérais. J’ai l’impression de tourner en rond. Pour développer mes projets de mobilier, j’ai besoin d’autres horizons. À Marseille, il n’y a pas la clientèle. Ce n’est pas une question de pouvoir d’achat, mais plutôt d’état d’esprit. Changer d’horizon, c’est avant tout changer d’horizon intellectuel. La clientèle locale est encore trop « old school » ? Oui, ils privilégient les valeurs sures : Le Corbusier, Starck… Des choses très convenues. Il y a peu de personnes capables de prendre le risque de s’intéresser à un designer qui n’a pas encore atteint les sommets de la renommée mondiale ! Ils ne vont donc pas investir 10 000 euros dans un canapé. Ça leur plait, mais dans les magazines. la délocalisation à Paris est donc nécessaire ? Tout à fait. Je suis très déçue par Marseille. Je suis née ici, j’ai grandi ici, je me suis beaucoup investie... Alors je vis ce départ comme un divorce. J’ai toujours pensé que la création pouvait être impulsée depuis Marseille ! Mais si j’ai pu vendre mes collections, c’est notamment grâce à Maison & Objet. J’ai peu de points de vente ici, finalement… J’ai donc du me remettre en question. Qu’est-ce qui vous déçoit le plus ? Ici, on fonctionne comme une province. Le pouvoir n’est pas du tout en phase avec l’actualité culturelle.

56

8e art magazine

hiver 2010/2011

Il y a pourtant un potentiel. Il y a tout pour que ça marche. Mais ça n’est pas le cas. Regardez Lyon, par exemple. Là-bas, ils savent organiser des événements culturels ambitieux ; les designers travaillent avec les industriels… Quand on voit le budget du Mac à Marseille, on désespère ! On parle pourtant d’un renouveau pour la ville, capitale européenne de la culture en 2013… On verra en 2013. Le point positif, c’est Euromed et son potentiel économique. Avec le Mucem, les programmes immobiliers, il y aura de quoi faire. Mais encore faut-il que ça suive, du côté des décideurs ! Je ne suis pas optimiste pour Marseille. Vous allez tout de même garder un pied dans la cité phocéenne ? Je suis en train de mettre en place un studio design - chambre d’hôte dans le quartier Endoume. Il est aménagé avec mon mobilier, mes objets, et les créations de quelques artistes que j’aime bien. Les touristes pourront le louer au week-end. Il s’appellera My lovely Marseille. Vous voyez que j’aime toujours Marseille (rires) ! Votre design studio déménage quant à lui à Paris… Oui, à Bastille, rue du faubourg Saint-Antoine. Il devrait ouvrir en février 2011. Je suis obligé d’être physiquement présente là où il y a du potentiel. Et puis la vie, c’est les rencontres. Il faut pouvoir expliquer son travail. Si on n’est pas là où il faut, ça ne marche pas. Un canapé, on peut toujours le trouver joli en photo... Mais l’important, c’est de pouvoir être assis dedans ! n


DOSSIER design 100% marseille 8

Lamp’oule Cache ampoule en silicone 2001 Dès 2001, elle fait une entrée remarquée sur la scène du design avec une série d’objets colorés en silicone, édités sous son label Cooked In Marseille. Des best-sellers, toujours disponibles sur commande. www.cookedinmarseille.net Expres’soft Tasse en silicone 2001

B. Flex Architecture d’assises modulables composée d’une structure fixe et de 5 modules autonomes. Recouvrements à la demande (Ici, Divina Mélange Kvadrat et TEP Kvadrat). 2010 La dernière création de Marine Peyre. Un projet qu’elle défend ardemment et dans lequel on   retrouve toutes les caractéristiques chères   à la designer : flexibilité, modulabilité,             jeux d’emboîtements.   Pratique, B. Flex s’adapte aux   espaces et aux situations. Ludique, on le construit, on le déconstruit, si bien qu’à chaque combinaison, on a l’impression d’avoir un nouveau canapé. B. Flex a été présenté cette année au Milan Design Week et au showroom Silvera Bastille à Paris. L’éditeur belge Urbastyle vient de lancer une version en béton moulé et végétalisé, destinée à l’espace urbain.

4 objets qui font la Peyre

www.marinepeyre.com www.bflex-online.com

Strange World Gamme de sols imprimés sur sols plastiques Avec Fred Sathal Édition Clean Process 2010 On pose le pied dans un monde étrange, imaginé par Marine Peyre et la créatrice de mode Fred Stahal (qui avaient déjà collaboré ensemble pour l’expo Sathal Créatures, au musée de la Mode en 2009). Sathal a effectué des prises de vie en macro de ses créations textiles, et Marine a transformé ces images en motifs graphiques par un jeu de répétitions kaléidoscopiques. Des motifs presque tribaux, imprimés sur des revêtements modernes (matières plastiques). La confrontation de deux univers. www.marinepeyre.com

hiver 2010/2011

8e art magazine

57


DOSSIER 9 design 100% marseille

Diplômée de l’ESBAM en juin 2007, vous êtes éditée dès le mois de juillet et présentez vos créations au salon Maison & Objet en septembre. Des débuts fulgurants !

C’est le fruit de beaucoup de travail ! Et aussi la chance, le hasard des rencontres… Pendant mes études, je ne me suis pas reposée sur mon banc d’écolier. J’ai multiplié les stages, les contacts… Dans ce métier, c’est le carnet d’adresses qui fait la différence ! Sur les salons, j’allais montrer mon travail aux éditeurs. J’ai pris beaucoup de claques, mais certains se sont intéressés à moi, comme Vange, rencontré à Maison & Objet en 2005. Il n’y a rien eu de concret à ce moment là, mais plus tard, j’ai eu l’occasion de le revoir dans de meilleures conditions, lors de la toute première Pecha Kucha Night (voir pages suivantes ndlr). C’était en juin 2007, et je passais mon diplôme trois jours après. Ça s’est bien goupillé ! Car Vange a pu par la suite visiter mon atelier, et a décidé d’éditer mon paravent Swell dans la foulée. Ça s’est fait très vite… c’est l’avantage avec les Belges ! Trois ans après, Swell se vend toujours, et même de mieux en mieux.

designer :

Après un tel démarrage, encore fallait-il confirmer…

© Paul Ladouce

Oui, et j’ai eu de la chance car derrière, le fabricant SCE qui lançait sa propre gamme d’édition m’a proposé de travailler sur le lampadaire Swell. Avec deux éditeurs, j’ai donc pu compter très tôt sur des appuis solides ! C’était rassurant et confortable… Mais l’année dernière fut plus difficile. Beaucoup d’entreprises ont mis leurs projets entre parenthèses. La lampe Phobos est ma dernière création à avoir été éditée, par la galerie parisienne Gosserez, à l’été 2010.

« Marseille n’est pas un frein ! » En trois ans, Hélène Boularan s’est fait un nom. Ou plutôt un surnom. Car LN Boul, 30 ans, est déjà une valeur sure du design. Touche à tout et débrouillarde, elle dessine des objets qui surprennent et s’apprivoisent. « Du design qui raconte une histoire pour se raconter des histoires », aime t-elle répéter pour décrire son travail. Cette fois, c’est à elle de nous raconter son histoire.

© Eric Nicolas

Par Sandro-Piscopo-Reguieg

« L’année dernière fut difficile... »

Barba

(voir page ci-contre)

58

8e art magazine

hiver 2010/2011

En trois ans, vous êtes déjà considérée comme l’une des valeurs sures du design à Marseille…

Je suis Marseillaise et je le revendique ! Quand on me demande si je suis née ici, je réponds spontanément « oui ! » Mais en fait je suis de Clermont-Ferrand. Je suis arrivée il y a 14 ans, mais Marseille me colle à la peau. Pour rien au monde, je ne retournerais dans le froid ! La Méditerranée, les gens, le rythme… J’adore ! Même dans la nonchalance, ce rythme très particulier me plaît énormément ! Quant à savoir si je suis une valeur sure du design marseillais, je ne sais pas… Il y en a une autre, qui est là depuis plus longtemps que moi : Marine ! Justement, Marine Peyre va bientôt nous quitter !

Oui… Le départ de Marine, c’est une vraie perte pour le design marseillais. Elle a quand même exposé au MoMA ! Mais il va falloir rebondir rapidement, retrouver un peu d’énergie, ici… Je comprends sa décision. Je me déplace aussi fréquemment, je suis régulièrement à Maison & Objet, je travaille avec des galeries de Nice, Montélimar, Arles… Mais même si mon éditeur est Belge, nous n’avons aucun mal à travailler à distance. Je ne pense pas que Marseille soit un frein. Cela dit, je ne suis pas au niveau de Marine. Et avec ses produits, elle a besoin d’une certaine clientèle… Bon, à part ça. Vous avez des projets ?

Plusieurs… Mais ça met beaucoup de temps à aboutir, c’est lent… En attendant, je me tourne aussi vers l’aménagement d’espaces. En ce moment, je travaille sur un hall d’immeuble, rue Marengo, en collaboration avec l’agence Ibiodesign. Et puis je viens de terminer une nouvelle version de ma table Niarela ! En blanche, je la trouve super ! n www.lnboul.com


DOSSIER design 100% marseille 8

Des objets

versifiants ! Niarela

Table en bois laqué  59 x 59 x 20 cm (rouge) - 100 x 100 x 40 cm (blanche)  Pièce unique 2006 - 2010 Lors d’un séjour au Mali, LN avait été charmée par la convivialité des repas locaux : « Là-bas, tout le monde mange dans le même plat ! » À son retour, elle détourne une table Ikéa, qui devient Niarela : son centre prend forme en fonction de ce que l’on pose à l’intérieur. Un centre en spirale, composé de sept anneaux découpés dans le plateau, et réassemblés par des élastiques. La Niarela d’origine était rouge. Voici donc en exclu mondiale la nouvelle Niarela. Plus grande, et surtout : « elle est pas belle en blanche ?! » Mais si LN…

Barba

Lampe en fils électriques 20 cm de diamètre Pièce unique 2006 Vous en avez marre, des fils électriques entortillés ? LN a trouvé la solution. Elle les tricote pour en faire une lampe.

Phobos

Lampe à poser Bois, métal et faïence 70 cm de diamètre Pièce unique 2010 On règle la lumière à l’aide des éclats de faïence qu’on peut déplacer sur la tige. Pratique et esthétique. Design, quoi.

Barbouille

Lampe en fils électriques Environ 40 cm de diamètre en version « lampe à poser » 60 cm de diamètre en version « suspension » Pièce unique 2009

Édition Galerie Gosserez MB Gosserez

La petite sœur de Barba, issue comme elle d’un travail sur le tissage. Le fil électrique est a la fois composant et structure. Un “gribouillis” en volume.

hiver 2010/2011

8e art magazine

59


Philippe di meo

L’un des Marseillais les plus en vue... Mais , 47 ans, a quitté la ville il y a bien longtemps. Dès 1989, il créé son agence Resodesign à Paris et multiplie les collaborations avec l’univers du luxe. Sa philosophie ? Sortir du « mimétisme créatif », revendiquer un design « à contre-courant ». Et quand Di Meo laisse parler son inspiration avec des créations plus personnelles, elles sont saluées de Paris à Tokyo. En solo ou en Réso, Di Meo cultive sa liberté…

Luxe, design & sensualité Par Elodie Dubarry

Small Original Bronze Love Suprême Cristal rouge Baccarat et diamants Kingkan Cristal noir couronné d’or

Bouddhours : sculpture mystique… et mythique Mi-ours, mi-Dieu, le Bouddhours est la création fétiche de Di Meo. Une sculpture mystique de 80 cm pour 250 kg, que le designer décline sous différentes matières depuis 1999. La dynastie compte pour l’instant 14 Bouddhours, tous en édition limitée. Et le mythe n’est pas terminé. www.bouddhours.com

60

8e art magazine

hiver 2010/2011


Design design 100% marseille 8

Bouche à bouche Poignée d’amour spécial Saint Valentin Par Christofle Avec Christophe Adam pour Fauchon

Chausse-Fouet Chausse-pied et cuillère à dessert en argent Par Christofle Avec Yann Brys pour Dalloyau

Une bouche pour deux. Mieux qu’une langue, c’est un éclair avec coup de foudre garanti qui sort de ces lèvres gourmandes. Les plus inventifs trouveront une autre utilisation.

L’un sert à mettre son soulier fétiche, l’autre à le dévorer délicatement, talon compris. Peut aussi servir à battre les blancs en neige.

Souper fin… pour parties fines Ces luxueux ustensiles de table pourraient bien voyager jusqu’au lit, ou autre lieu plus inattendu de dégustation charnelle situé entre les plats et les draps. Pour ce Souper fin, inspiré des dîners privés de Louis XV, le designer s’est appuyé sur le savoir-faire des plus grands noms du luxe français (Baccarat, Christofle, Raynaud, Goyard, L’Orfèvrerie d’Anjou ou Domeau & Pérès), et a convié les chefs de file de la gastronomie à illustrer leurs fantasmes (Michel Troisgros, Thierry Marx, Thierry Burlot, le chocolatier Angelina, etc). A jailli de cette union gourmande, une collection de 11 objets délicieusement érotiques destinés à se mettre à table pour ouvrir tous les appétits et faire monter le désir bien au-delà des papilles. Plaisirs de la chair et de la chère sont ici réunis avec élégance. Souper Fin a été exposé à l’été 2008 à l’Eclaireur (Paris) et en janvier 2009 au salon Maison & Objet.

Chevalet Servant Table de jeux et de joie Par Domeau & Pérès Avec Thierry Burlot pour la Cristal Room Pour faire main basse sur votre futur partenaire et lui déclarer votre flamme, jouez au jeu des mots doux cachés dans les bonbons placés secrètement dans la mini desserte. Cette table de jour peut aussi devenir votre table de nuits...

www.lesouperfin.com - www.resodesignband.com Bouchon du bonheur Bouchon de carafe torsadé en cristal rose Par Baccarat Avec Frédéric Panaïotis pour Dom Ruinart Laissez tomber quelques bulles rafraîchissantes de champagne rosé aux endroits les plus sensibles pour pétiller de bonheur.

Collier-boules aux herbes aphrodisiaques Tour de cou aromatique en étain pour s’abandonner le temps d’un bain Par L’orfèvrerie d’Anjou Avec Jean-Claude Charlet pour Le Carré des Simples On se laisse infuser quelques minutes dans ces herbes aphrodisiaques pour obtenir une peau à croquer, délicieusement parfumée.

hiver 2010/2011

8e art magazine

61


DOSSIER 9 design 100% marseille

Pecha Kucha night :

Speed creating

Designers, artistes, créateurs et créatifs de tout poil disposent d’une vitrine pour faire connaître et diffuser leurs travaux auprès des professionnels. Speed dating créatif, la Pecha Kucha Night joue les entremetteuses à Marseille. Par Sandro Piscopo-Reguieg

Je suis un jeune créateur plein d’idées. Motivé, j’aimerais montrer mon boulot à des pros. Histoire d’avoir un avis un peu plus constructif que celui de ma mère ou de mes potes qui pensent tous de toute façon que ce que je fais, « c’est super ! » Et aussi, peut-être, pouvoir décrocher un contrat. Problème : je ne connais personne. Ou alors mes projets ont toujours été refusés par des vieux scrogneugneux qui ne comprennent rien à mon génie. Solution : la Pecha Kucha Night.

locale à résonnance internationale », surenchérit Sarah. Car la PKN, c’est un réseau de 350 groupes dans le monde. Et lorsqu’on est sélectionné pour une Pecha Kucha Night, on devient d’office « résident » et bénéficie ainsi d’un suivi et d’une promo « mondiale » sur la plateforme internet, pour chaque nouveau projet. Oui, c’est un peu différent des « j’aime » de vos amis sur Facebook. Nouveau rituel Commissaire indépendante et directrice de création spécialisée en design, Sarah Carrière-Chardon a rapporté ce concept du Japon, où elle a passé quatre ans. « En arrivant à Marseille, j’ai trouvé qu’ici, il se passait plein de choses… mais cachées ! Aussi, il existait peu de points de ralliement entre les différentes disciplines. Où les artistes , les designers et les architectes peuventils se rencontrer ? » Désormais, ils savent. Car en trois ans, la PKN s’est installée dans le paysage culturel local. Chaque soirée réunit 300 à 600 personnes. Avec un pic à 800. Sarah CC est fière de son coup : « C’est Adrénaline Sur la scène de la PKN, on dispose de 6 minutes 40 pour défendre son projet. Sous l’oeil expert de Sarah CarrièreChardon (à gauche).

6 minutes 40 de gloire Une soirée festive durant laquelle 10 créateurs (designers, architectes, artistes, graphistes, etc.) disposent chacun de 6 minutes 40 pour présenter leur travail. Sur la scène, le « créatif » en question a carte blanche. Seule contrainte : il défendra son projet en 20 diapos à raison de 20 secondes pour chacune. « Ce système devenu un rendez-vous régulier entre créateurs et de présentations concises, entre le speed dating, la professionnels tout en restant ouvert au grand public. » jam session et l’impro, permet de garder le rythme et Depuis juin 2007, la Pecha Kucha Night, c’est donc de tenir le public en haleine », indique Sarah Carrièreun nouveau rituel se déroulant chaque trimestre, pas Chardon, chef d’orchestre et maître de cérémonie des toujours au même endroit. Après la Cartonnerie, le Mac, PKN. L’intérêt pour les participants, c’est que l’assistance la Boate, Oogie, la Bergerie, le Palais de la Bourse, et est en grande partie composée de professionnels. Ici, même la plage et « le cul de l’opéra », designers et artistes peuvent faire la PKN treizième du nom, a eu lieu la rencontre qui va changer leur vie. Journalistes, prescripteurs le 7 décembre 2010 au Daki Ling. Journalistes, prescripteurs et agences et agences de com ont pris Et Sarah fourmille de projets pour de communication ont en effet pris l’habitude de venir y faire leur développer cet événement, notamment l’habitude de venir y faire leur marché marché pour repérer la pépite en invitant des artistes « nationaux pour repérer la pépite méconnue dont, méconnue dont tout le monde et internationaux », ou encore en à coup sur, tout le monde parlera dans parlera dans cinq ans publiant un ouvrage réunissant les cinq ans. Entremetteuse, passeuse, meilleurs projets présentés durant découvreuse de nouveaux talents, les 13 éditions. Avec plus de 100 « résidents » en trois Sarah reçoit une soixantaine de candidatures pour ans, il y a de quoi faire… chaque soirée. Les dix sélectionnés auront donc une première satisfaction : participer. « Ça leur apporte une crédibilité, une garantie de professionnalisme », nous assure t-elle. Un passage à la Pecha Kucha, ça fait bien sur son CV ? Pas seulement. « C’est une plateforme

62

8e art magazine

hiver 2010/2011

www.pechakuchanidht.fr www.sarahcc.com


DOSSIER design 100% marseille 8

Rapprocher

deux univers

La CCI veut rapprocher commerçants et professionnels du design. Elle a sorti de son chapeau le concours Commerce Design Marseille. Par HPG

« Stimuler chez les commerçants le réflexe d’innovation et de modernisation de leurs points de vente en utilisant le design comme facteur d’attractivité et de développement économique. » Voilà l’objectif avoué du Commerce Design Marseille, organisé depuis 2007 par la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence (CCI). Un concours récompensant chaque année les commerces ayant été relooké par un professionnel du design. Magasins de fringues, coiffeurs, fleuristes, bouchers, charcutiers… tout le monde peut participer, à la seule condition que ces travaux aient été effectués il y a moins de trois ans. De quoi rendre « plus belle la ville ».

l’ancienne », en glissant un bulletin dans les urnes placées chez les commerces et lieux partenaires. Avec 4 600 votants, la quatrième édition du CommerceDesign Marseille fut un honnête succès. C’est le complexe sportif Set Squash Marseille (265 avenue de Mazargues), aménagé par l’architecte d’intérieur Bruno Mascolo (agence Allis) qui remporté les suffrages des Marseillais. Le prix spécial du jury ayant été décerné au Café populaire (110 rue Paradis), et MOA Architecture. Ils remportent un voyage au soleil, une belle campagne de promo, et joli un trophée réalisé par Maxime Paulet (aïe Design). Et maintenant ?

Intermédiaire entre créateurs et professionnels via sa Pecha Kucha Night (voir page précédente), Sarah CarrièreChardon, nous confiait regretter que le « fort potentiel créatif » de la cité phocéenne soit encore trop peu utilisé par le monde économique. « Ici, peu d’entreprises ont la culture design. Il y a un gros travail à faire… » Apparemment, les choses commencent à bouger de ce côté là. Mais la viabilité du CommerceDesign Marseille Pourquoi ? risque justement d’être remise en cause, faute de… candidats ! Les commerçants concurrents devant C’est Marianne Cat, elle-même pourvoyeuse de design avoir effectué leurs travaux récemment, le vivier de dans sa boutique éponyme, et élue à la CCI, qui est participants potentiels est en train de se allée chercher cette idée il y a quatre ans à Montréal : « Ce concours permet de La viabilité du concours tarir. Du coup, la CCI réfléchit à n’organiser risque d’être remise ce concours que tous les deux ans, au lieu rapprocher deux univers, commerçants et en cause, faute de… de chaque année comme c’est le cas depuis architectes designers, et montre que cette candidats ! 2007. Toutefois, une cinquième édition se collaboration a des avantages esthétiques, profile pour 2011 : « C’est en bonne voie », calme la CCI. pratiques mais également matériels puisque l’atmosphère Pour s’en assurer, il faudra donc attentivement surveiller du lieu de vente stimule les achats et donc augmente le site www.commercedesignmarseille.ccimp.com. le chiffre d’affaires. » Car des études très sérieuses le prouvent, comme celle effectuée en 2007 par la CCI de Lyon qui organise un concours similaire : 80 % des commerçants interrogés estimaient que leur chiffre d’affaire avait augmenté à la suite des travaux réalisés. Le design comme remède à la crise ? Comment ça marche ? Après l’appel à projet (au printemps), un jury de cinq professionnels sélectionne 10 « lauréats » parmi l’ensemble des candidatures (une cinquantaine de « valables » en 2010, nous dit-on du côté de la CCI). C’est ensuite le public, qui est invité à choisir le « super lauréat » en votant sur internet, par QR Code, ou « à

Starck :

un Mama Shelter à Marseille Mama Shelter, c’est un nouveau concept hôtelier inventé par l’ancien patron du Club Med, Serge Trigano, le designer Philippe Starck et l’urbaniste Cyril Aouizerate. Après Paris, Mama Shelter débarque à Marseille avec une ouverture programmée pour septembre 2011. L’hôtel designé par Starck sera édifié sur le cours Julien, au 64 rue de la Loubière. Construit en L, il s’élèvera sur six niveaux. Starck l’imagine comme “un village interne, où l’on retrouvera les grandes qualités de l’esprit phocéen, une sorte de jeans, qui gommera les inégalités, un lieu participatif, où l’on pourra laisser des messages”. Au programme, 127 chambres alliant high-tech (iMac de 24 pouces) et convivialité ; une terrasse avec piscine et un restaurant de 180 couverts. Positionné comme « luxe accessible »,

Champion Le complexe sportif Set Squash Marseille (265 avenue de Mazargues), aménagé par l’architecte d’intérieur Bruno Mascolo (agence Allis), a remporté les suffrages des Marseillais cette année.

Mama Shelter s’inspire du fonctionnement des compagnies aériennes low cost (chambre à partir de 79 euros, avec une moyenne autour de 120 euros). Les Marseillais pourront aussi profiter du lieu. Car comme à Paris, le Mama Shelter accueillera de nombreux événements musicaux, du Dj set au chants tsiganes en passant par le jazz. www.mamashelter.com

PROJET « Un village interne, où l’on retrouvera les grandes qualités de l’esprit phocéen, une sorte de jeans, qui gommera les inégalités ». Philppe Starck

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

63


DOSSIER 9 design 100% marseille

Quoi de neuf au Centre du design ? Le Centre design Marseille est en pleine mutation. Jacqueline Régis évoque ses projets pour la structure qu’elle préside depuis Par Sandro Piscopo-Reguieg 2003. « Nouveau logo, nouvelle équipe, nouveaux moyens, nouveau lieu ! » Jacqueline Régis l’annonce : il va y avoir du nouveau au CDM. Et ça commence par les bases. Le CDM est mort. Vive le CDMP, pour « Centre design Marseille Provence », sa nouvelle appellation depuis le mois d’octobre. « Centre design Marseille, c’était trop restrictif, justifie la fringante présidente de l’association. Il existe des tas de choses intéressantes aux alentours ! » Une ouverture géographique qui s’explique aussi peut-être par le récent rapprochement du CDMP avec le Conseil général des Bouches-duRhône. Surtout, ce dernier encourage l’association à « s’ouvrir davantage au monde économique », comme nous l’apprend Jacqueline Régis. Et tout cela s’est très concrètement traduit par la présence du CDMP, le 25 novembre 2010, aux trophées Créa 13, organisés par le

Bibliothèques de plages L’idylle avec le Conseil général s’avère décidemment fructueuse. Dès l’été prochain, le CDMP (avec la participation de la Ville de Marseille) mettra en place un système de bibliothèques de plages. « L’idée, c’est d’arrêter de bronzer idiot avec les journaux gratuits et autres magazines people ! » explique Jacqueline. Grâce au concours de la bibliothèque départementale de prêt, on pourra louer gratuitement trois bouquins par jour. Aussi, des animations seront organisées en soirée (lectures publiques). Et le design dans tout ça ? « Il y aura une bibliothèque par plage. Chacune sera imaginée par un designer différent ». Ça commence en juin 2011 à La Ciotat, Istres et Les Prophètes, à Marseille (peut-être aussi Les Catalans). L’objectif étant de toucher 25 plages en 2013.

« Je suis très bien ici ! » À cette date, Jacqueline Régis ne sera plus aux manettes du CDMP. Car cette fois, c’est promis, juré, craché : elle passe la main. Jacqueline a même déjà trouvé la prochaine directrice du CDMP : Élodie Ternaux, débauchée de la Matériauthèque de Paris. Celle-ci devrait prendre ses fonctions dès le 1er janvier 2011. Ce qui devrait faire des heureux dans le petit monde du design local, tant Jacqueline Régis est, disons, heu… contestée. Elle en tire presque une certaine fierté, d’ailleurs. Mais que ses ennemis ne crient pas victoire trop vite : « je pense que je vais rester présidente… Je suis très bien ici ! » Un peu à l’étroit dans sa galerie de l’avenue de la Corse, le CDMP rêve d’un nouveau lieu. « Je me bats pour avoir un bureau pour ma future collaboratrice à l’institut de la mode ! M. Blum me l’a promis ! » Expos grand public

La CDMP accueille toujours des expos dans sa galerie de l’avenue de la Corse.

64

Conseil général pour récompenser les PME innovantes. « Nous sommes intervenus en montrant le travail de 10 designers ayant collaboré avec 10 entreprises : 10 success story ! Il s’agit de prouver que les designers peuvent être étroitement liés aux entreprises, qu’ils peuvent leur donner les moyens de se développer. » Tiens, tiens, le CDMP marcherait-il sur les platesbandes du Commerce Design Marseille de la CCI (voir page précédente) ? Jacqueline Régis nous répond avec son franc-parler légendaire : « Ils sont bien gentils avec leur concours, mais ça va s’arrêter… ils ont fait le tour ! »

8e art magazine

hiver 2010/2011

À partir de 2011, de grandes expositions devraient être organisées « dans des lieux institutionnels, comme l’Espace Bargemon ou les archives municipales ». Design & Sport devrait être le premier de ces événements « grand public ». En attendant, le CDMP continue d’organiser ses « petites expositions », comme il le fait depuis sa création en 2003. L’association ayant pour missions de « créer, rassembler, informer, et montrer » a déjà mis à l’honneur plusieurs dizaines de designers internationaux et locaux, dont un grand nombre d’étudiants et diplômés de l’ESBAM. LN Boul y a d’ailleurs fait ses premières armes… Du 19 janvier au 13 février 2011, c’est le webdesigner Sylvain Hourany qui viendra présenter ses objets graphiques pour l’expo Sortie d’écran.

CDMP 6, avenue de la Corse - 13007 Marseille 04 88 90 03 12 www.designmarseille.org


CARREL opticien

CARREL OPTICIEN

39 rue Paradis 13006 Marseille – Téléphone : 04 91 55 58 80

Oliver Peoples Théo L.A eyeworks Paul Smith Alain Mikli & Philippe Starck IC! Berlin Anne et Valentin Cutler and Gross Marc Jacobs Tom Ford Paul and Joe Ray Ban Persol Chanel Blinde Barton Perreira Thierry larsy

9


The only authorized authentic

Fauteuils LC2 conçus par Le Corbusier, Perriand, Jeanneret et produits par Cassina.

by Le Corbusier, Le design d’abord.Jeanneret, Perriand and Cassina. Design first.

LC2 by Le Corbusier, Jeanneret, Perriand and Cassina. Design first.

“L’homme a besoin de la couleur pour vivre” (Le Corbusier). Une icône du design que l’on peut assortir à une vaste gamme de couleurs et qui rend le LC2 encore plus unique. Une authenticité que ces trois grands architectes ont confiée en exclusivité mondiale aux mains savantes des artisans de Cassina, seuls autorisés à reproduire cette œuvre d’anthologie.

www.cassina.com NOPOLIS Km 38 Cairo – Alex Desert Road – Egypt Tel. +2 02 385 71 779 www.cassina.com DESIGNOPOLIS Km 38 Cairo – Alex Desert Road – Egypt Tel. +2 02 385 71 779 fgdesigncenter-eg.com www.lccollection.cassina.com info@pfgdesigncenter-eg.com www.lccollection.cassina.com Ameublement

décoration

17 3 , r u e Pa r a d i s - 13 0 0 6 M a r s e i l l e • T é l . 0 4 91 37 6 8 2 5 • FA X 0 4 91 5 3 223-11-2010 0 0 09:19:13 23-11-2010 9:19:1

EGZ LC2NEW 230x300.indd 1 0x300.indd 1

www.danand.com


desi gners

DOSSIER

7 13

design 100% marseille 8

objets

en

Ils sont nés ou travaillent à Marseille, Nice et Toulon. Les designers de la région rivalisent d’ingéniosité. La preuve en 13 objets. Par Delphine Michelagnoli

Ruthy Assouline

La surdouée « Je veux bousculer les traditions, déranger les schémas traditionnels d’appréhension des objets, modifier une gestuelle qui peut être ancestrale. » Ambitieuse, donc. Et pressée. À peine diplômée de l’ESBAM en 2008, Ruthy Assouline est sélectionnée pour la Biennale des Jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée, et expose à Skopje en 2009. Partagée entre Nice et la cité phocéenne elle monte sa propre agence Ruthy Design dès 2010, ce qui lui permet d’auto-éditer ses créations. Elle n’a que 25 ans. Une créatrice à suivre.

Plie ta lampe (ci-dessus) Abat-jour plexiglass 2009 Plie ta lampe (ci-dessous) Abat-jour en tomettes, terre cuite 2009 La découpe dans la matière donne la forme à l’objet. Le négatif de la forme devient le support du luminaire. « Un objet est réussi quand il a la qualité d’interroger ou d’interpeller les esprits curieux. Quand sa forme, sa fonction, son usage intriguent, c’est gagné ! »

9 hiver 2010/2011

8 art magazine e

67


DOSSIER 9 design 100% marseille Jérôme Dumetz

EM Design

Artisan designer

Dialectique créative

© Francis Habert

« Groupement de designers » autour de Manon Legros, Edouard Vincent, et Stéphane Grattepanche, (récemment débauché de chez Ora-ïto), EM design développe ses activités à Marseille depuis huit ans. Une création « sans frontière » conjuguant webdesign, design d’objet, identité visuelle, installations artistiques… « On est obligés d’aller dans l’art, et dans l’industriel. Mais

Ariane (à gauche) Table-guéridon Acier émaillé ou vernis, pieds en chaine Dimensions variables 2010 Une table démontable, minimaliste et robuste : « Tout ce qui me plait ! », nous souffle le designer. René (à droite) Prototype de banc en acier émaillé Pièce unique 2010

Vi Arbres de lumières Éléments en PMMA et LED 2009

« Quand j’ai un peu de temps, je fais des pièces qui synthétisent mes idées du moment, histoire de me lâcher ». C’est ainsi qu’est né René, il y a un mois. À partir de cette pièce, Jérôme va amorcer un travail à plus long terme… Ses créations mettant en moyenne une année à trouver leur « forme » définitive.

Déclinable en lampe de chevet, gravit murs, vitrine et façade, Vi est une sorte de «mécano géant lumineux» composé de plusieurs modules assemblés selon le résultat souhaité. Réalisés en PMMA incolore (matériau plus transparent que le verre) découpé au laser, ces modules sont ensuite finis à la main par un double sablage, de sorte à ce que la lumière rebondisse dans les pièces de l’arbre.

Ses créations conjuguent techniques artisanales et lignes contemporaines. Jérôme Dumetz, 29 ans, se définit d’ailleurs lui même « artisan designer ». « Ça correspond bien à ma démarche : dessiner et fabriquer ». On peut voir ses pièces uniques et petites séries dans l’atelier-boutique qu’il occupe depuis 2006 au 24, rue Chateaubriand (7e arrondissement).

le juste milieu, c’est le designer ». Chez EM Design, on reste modeste : « Nous ne voulons pas que les gens se souviennent de notre nom, mais de notre objet ». Un design « empathique », qui trouve son expression concrète dans leur nouveau projet « Log-studio.com », un processus créatif « instaurant une dialectique, un langage commun entre designers et entrepreneurs. »

http://jeromedumetz.com

Show room : 3 rue Rodolophe Pollack , 13001 Marseille www.emdesign.fr

Luminaire acier et roseaux 124 x 33 x 40 cm 2010

68

8e art magazine

hiver 2010/2011

Bread Chair Installation artistique Eau, farine et sel (pain, quoi) 2000

© Francis Habert

Il aime bien travailler les matériaux recyclables, « pas trop pourris ». L’hiver dernier, il est donc allé chercher des roseaux de Camargue, qu’il a ensuite tressé sur de petites structures métalliques. Technique artisanale et formes contemporaines : une création qui résume bien son travail.

Une chaise en pain. Oui, en vrai pain. Dans le cadre d’un festival d’art contemporain à Évian, ils avaient imaginé une installation représentant La Cène de Léonard de Vinci, mais « traitée en objets ». Un chandelier, une table en frêne, et 12 lampes suspendues représentant les âmes des apôtres entouraient cette chaise en pain… fabriquée chez le boulanger ! « Nous avons créé et soudé le moule. Le boulanger a pétri la pâte à la main » nous explique Manon Legros. Au fait, on pouvait s’asseoir dessus ? « Oui, enfin au début. Elle a quand même tenu un an ! »


DOSSIER design 100% marseille 8 Maxime Paulet

Aïe, ça va faire mal ! Stéphanois d’origine, Maxime Paulet a pu, au fil d’un parcours atypique, étudier le design sous toutes ses coutures. Après un bac « menuiserie et ébénisterie », il se dit que « fabriquer des meubles, c’est bien, mais les dessiner, c’est mieux ». Fort de ce bagage technique, il enchaîne alors plusieurs formations, du design industriel à l’urbanisme en passant par les arts appliqués. Il débarque à Marseille en 2007 et créé l’identité aïe design au sein du collectif la designothèque (avec un architecte, un graphiste, une joaillière et une photographe). Cet été, il a conçu et réalisé le design d’intérieur du bistrot culturel le Waaw. À 30 ans, il revient avec ses Ortogonautes, estampillés aïe Design. Et ça va faire mal. http://aie-design.com

Infinity Lampe LED Acier & fonte d’aluminium Fabriquant : Unilux 2010 Infinity met en scène une technologie novatrice à travers un univers géométrique qui émane d’une simple feuille de métal pliée, articulée entre deux disques purs. L’alchimie parfaite entre fonctionnalité, esthétique et solidité. Red Dot Design Award 2010 - Label Observer du design 2011

pour s’asseoir ! L’esthétique vient après, pour appuyer le discours ». Enfin, s’il refuse l’étiquette « éco-design », il reste convaincu qu’ « un designer doit se préoccuper des problématiques environnementales en diminuant la masse matière du produit, le rendre durable, recyclable. » L’objet, l’homme, le monde. Un designer définitivement à 360°. www.agence-360.com

Ortogonautes Unités de rangement Polystyrène et béton ciré Dimensions variables 2010 « Civilisation contemporaine de mobilier non-hostile » les Ortogonautes sont des meubles rigolos en béton, mais sans contrainte de surpoids. Un projet réalisé avec l’applicatrice de revêtements décoratifs, Mlle K, spécialisée dans les enduits de béton résiné.

Patrick Jouffret

Créatif à 360°

Basé à Toulon depuis trois ans, Patrick Jouffret a monté le bureau Design 360 « pour explorer les connexions entre le design industriel et le monde qui nous entoure ». Il fait ainsi le grand écart entre lampe high-tech et triporteur. Designer “fonctionnel”, Jouffret privilégie « une analyse de l’usage : une chaise, c’est fait

Kiffy Triporteur urbain Aluminium En cours de fabrication - Fabriquant : NPI 2010 Avec Kiffy, on va faire ses courses en vélo. Pliez-le, il se transforme en caddie ! Pour rentrer à la maison, on le déplie : un châssis à l’avant muni d’un sac permet de transporter tout ce que vous voulez. Ce vélo compact et léger (moins de 10 kg) s’avère être la réponse du designer aux nouvelles problématiques urbaines : « Nous devons imaginer des véhicules qui permettent de faire des courses sommaires, et ainsi de remplacer la voiture ! » C’est sûr, Kiffy va changer le monde.

9

hiver 2010/2011

8e art magazine

69


DOSSIER 9 design 100% marseille Bernard Moïse

La justesse du trait

Optimum Table basse Ligne Roset 2003 Une table modulable, constituée de deux parties posées l’une sur l’autre. Il est donc possible de faire pivoter librement la partie supérieure jusqu’à la placer perpendiculairement à l’arche inférieure, obtenant ainsi une combinaison en forme de L.

Avignonnais formé à Marseille, il créé son studio à Paris en 2000. Et depuis, c’est la gloire. Ses objets discrets, mais fonctionnels cumulent les prix, et Bernard Moïse participe à de nombreuses expositions nationales et internationales. Il compte parmi ses clients le ministère de la Justice, Thomson, Ligne Roset, la Compagnie de Provence… Son secret ? Il tient en une phrase : « Au delà des innovations techniques, c’est la justesse du trait, et l’analyse sur l’usage qui donnent du sens aux objets que l’on dessine. »

Déclinée en liseuse et en lampe de bureau, Draad est une collection de luminaires simples et ludiques. Son bras articulé à 360° permet une orientation précise et souple.

8e art magazine

Simplexitude On l’appelle le nouveau Starck. Car le Marseillais a su de faire son nom une marque, et de chacune de ses créations, un événement. Il se veut l’inventeur d’un « nouveau luxe », intemporel et universel avec la même épure minimale fruit de sa philosophie qu’il nomme « simplexité », ou l’art de donner à un objet aux fonctions complexes une apparente simplicité.

Ora-Gami Fauteuil Polyuréthane Steiner 2009

Draad Luminaires Ligne Roset 2000

70

Ora-ïto

hiver 2010/2011

Comme suspendu dans l’air, il est le fruit d’une véritable prouesse technique. Construit d’une feuille unique pliée et travaillée par cintrages, le fauteuil et son repose-pied semblent tenir en lévitation.


L’A B U S D ’A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N .


festival 9 laterna magica

Laterna Magica: Cinéma, animation, arts plastiques, spectacles… Laterna Magica, c’est un mois de curiosités visuelles à Marseille, Aix et Toulon. Des propositions artistiques à destination du jeune public. Et d’autres, plus étranges… à découvrir avec une âme d’enfant. Par Sally Mara

De l’enfance Cet hiver, il est permis de faire une pause. S’évader dans des univers poétiques. Le moment est propice. Noël approche, et quel que soit notre âge, et notre rapport à cette fête, ça ne rate pas : une certaine nostalgie vient nous ramener, ne serait-ce qu’un instant, au temps de notre innocence. Quand tout était encore possible. Quand les images devenaient sources d’émerveillement... C’est ce moment que l’association Fotokino nous propose de revivre, via son festival annuel Laterna Magica. Du 25 novembre au 24 décembre, c’est un mois d’expos, projections, spectacles, et ateliers consacrés à « l’image », sous toutes ses formes. Le jeune public y trouve son compte. Les propositions artistiques s’avèrent en effet toujours enrichissantes, sans être barbantes : « Notre programmation s’inscrit dans une démarche de sensibilisation du regard des plus jeunes, et d’éveil de leur esprit critique, explique Nathalie Guimard, directrice artistique de Fotokino, association à l’origine de cet événement. Laterna Magica, ce n’est pas seulement des pastels et des gentils nounours ! » prévient-elle. On est rassuré. De toute façon, le jeune public n’est pas le seul convié. Qu’on se le dise : « Ça s’adresse en priorité aux enfants de 1 à 99 ans. Car

72

8e art magazine

hiver 2010/2011

Partitions imaginaires Une expo inspirée par l’ouvrage Play it by Ear, de Benoit Jacques. On y verra une sélection d’œuvres traitant du rapport entre sons, couleurs, dormes et mélodies… Du 1er au 18 décembre à la Bibliothèque de l’Alcazar Illustration ci-contre : Cyprien Parvex de Collombey


festival laterna magica 8

Invité d’honneur

Benoît Jacques :

Errances, égarements et tergiversations Chaque année, Laterna Magica collabore étroitement avec un artiste, invité à réaliser l’affiche du festival et à participer à plusieurs événements. Cette fois, c’est le bruxellois Benoit Jacques qui s’y colle. Un artiste multiple, s’exprimant à travers plusieurs techniques (dessin, gravure, sculpture, films, etc.). Le livre reste toutefois son support privilégié. Et ses ouvrages, Benoît Jacques les réalise à la manière d’un artisan de l’édition. Des parachutistes Il en gère toutes les étapes de atterriront au fabrication et de diffusion, du dessin à la vente. Publications Lièvre de Mars ! d’expérimentation graphiques, portfolios, BD, flip books, là aussi, ses productions sont très variées. On le vérifiera à travers les quatre expositions qui lui sont consacrées dans le cadre de Laterna Magica. En toute logique, elles prendront place dans des lieux qui collent parfaitement à son univers : les librairies (trois au Cours Julien, à Marseille, et une à Toulon). À L’Histoire de l’œil, on trouvera des flippers de bois et de papiers jouxtant un laboratoire d’ « écritures proliférantes ». La Réserve à bulles exposera des originaux de son dernier ouvrage, L, et des parachutistes atterriront au Lièvre de Mars. On pourra aussi découvrir ses « broderies malgaches » à la librairie Contrebandes de Toulon. Enfin, les dessins originaux de L’Alboum à colorier (voir illustration ci-contre), réalisés spécialement pour cette occasion, seront disséminés dans ces quatre lieux. Bonne chasse !

au surréalisme nous estimons que la question de la qualité d’une œuvre ne se mesure pas à la taille du spectateur ». C’est dit. Et Nathalie va plus loin. « Ne nous y trompons pas. Nous défendons aussi l’étrange, le surréalisme. « Laterna Magica Tout ce qui laisse place s’adresse en priorité aux à la libre interprétation enfants de 1 à 99 ans ! » du spectateur ». Guimard touche juste. André Breton lui même n’aurait peut-être pas renié Laterna Magica ! Ainsi écrivait-il dans son Manifeste : « L’esprit qui plonge dans le surréalisme revit avec exaltation la meilleure part de son enfance ».

Une vie de chat Un chat mène une double vie. Amoureux de la fille du commissaire de police le jour, il devient voleur la nuit… Ce troisième long métrage des studios français Folimage sera proposé en avant première. Le 12 décembre à 17h au cinéma l’Alhambra

Perles rares et expos insolites Passée par la pub, la communication, et la production audiovisuelle, Nathalie Guimard a des images plein la tête. Depuis 2004 et la première édition de Laterna Magica, elle veut les faire partager. En s’intéressant à « la part d’enfance » des artistes présentés. Avec son complice Vincent Tuset-Anrès, co-directeur de Fotokino, elle part dénicher les perles rares de l’animation, du cinéma, et des arts plastiques. C’est

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

73


festival 9 laterna magica

Expo - La forêt de mon rêve

Des souvenirs doux… et terrifiants ! C’est un petit parcours où l’on peut faire des rencontres étranges. Alice, le Petit Poucet, Pinocchio… La Forêt de mon rêve est une exposition « autour du conte », imaginée par Nathalie Guimard et Vincent Tuset-Anrès. À travers une large sélection de dessins, gravures, sculptures, livres, et films, c’est une évocation de la forêt, espace naturel du conte merveilleux et source d’inspiration inépuisable pour les artistes. Une forêt touffue, enracinée dans l’étrange. Les enfants seront en territoire connu. Les parents verront resurgir des souvenirs doux… et terrifiants. Jusqu’au 27 février 2011 Galerie d’art du conseil général Hôtel de Castillon 21 bis, cours Mirabeau 13100 Aix-en-Provence 04 42 93 03 67 Grégoire Alexandre, Sans titre, 2003 En collaboration avec Claudia Roethlisberger 65 x 45 cm

bien ce qui fait la particularité de l’événement. Ici se côtoient films de Chaplin (La Ruée vers l’or, aux Variétés les 1er, 4 et 5 décembre), dessins animés tchèques des années 70 (Les Contes de la ferme, à l’Alhambra le 12 décembre) et longs-métrages d’animation français inédits (Une vie de chat, à l’Alhambra le 12 décembre). Côté expos, on ira se perdre dans La Forêt de mon rêve, dédiée au conte (voir encadré), avant d’assister à un événement tout à fait insolite, Matière à rétro-projeter (du 8 janvier au 5 mars à la Cité du Livre d’Aix) : une « L’esprit qui plonge expo interactive consacrée dans le surréalisme au rétroprojecteur. Et on revit avec exaltation en passe... Car avec une la meilleure part cinquantaine d’événements de son enfance » sur 18 lieux, la septième André Breton édition de Laterna Magica s’annonce riche en découvertes et autres curiosités visuelles. D’ailleurs, pour la première fois, le festival est éclaté sur trois villes. « Avec autant de projets, il fallait trouver des lieux ! » Nathalie Guimard nous avoue qu’ « à Marseille, on sentait parfois une certaine frilosité… » Heureusement, Toulon et Aix-en-Provence sont venus à la rescousse et ont adopté quelques-uns des événements orphelins. Enfin, il y aussi les fameux ateliers, moments de rencontre avec les artistes et auteurs qui font partager leur univers et leurs techniques. « C’est ce qui fait la différence du festival depuis le début ! » s’enthousiasme Nathalie Guimard. Flip Books (livres animés), initiations au cinéma, à la gravure en taille douce, à la BD…

74

8e art magazine

hiver 2010/2011

Icinori Le duo Icinori (Raphael Urwiller et Mayumi Otero) présente deux projets de livres jeunesse : Issun Boshi, inspiré d’un conte traditionnel japonais, narre les aventures d’un héros minuscule ; et Jabberwoky, illustration du poème épique de Lewis Carroll. Jusqu’au 24 décembre au WAAW


festival laterna magica 8

théâtre Massalia

À la Friche Belle de Mai, le théâtre est dessiné. Un spectacle dessiné et « musicalisé » en direct. Et oui, au théâtre Massalia, ils aiment bien oser des choses atypiques Avec L’île fantastique du capitaine Nemo, Benoît Bonnemaison-Fitte, dessinateur inspiré et bonimenteur hors pair, nous conte une histoire abracadabrantesque, rythmée par ses dessins volcaniques qui jailliront « en live », sous les yeux des spectateurs. Pendant ce temps, son acolyte Philippe Gelda, mettra ce récit en musique, sur scène. Original, osé, risqué... une idée à saluer. Théâtre croqué Puisqu’on est à la Friche, on en profitera pour aller faire un tour du côté du restaurant les grandes Tables, où seront exposés les dessins de Noémie Privat. Encore une belle initiative du théâtre Massalia : une année durant, la plasticienne a assisté aux représentations du théâtre. Elle a consigné dans plusieurs carnets de croquis ses notes et impressions dessinées, qu’elle présente lors de cette expo. Ils sont accompagnés de flip books inédits, de dessins grands formats réalisés in-situ sur les vitres du restaurant, et d’un film d’animation tiré de la même matière dessinée.

L’Île fantastique du capitaine Nemo Le 17 décembre à 19h et le 18 à 15h Théâtre Massalia Salle Seita, La Friche le Belle de Mai

Noémie Privat - Carnets du théâtre dessiné Exposition du 4 au 24 décembre au restaurant les grandes Tables de la Friche la Belle de Mai. Renseignements et réservations : 04 95 04 95 73

la ruée vers l’or Les 1, 4 et 5 décembre, au cinéma Les Variétés Le Banc Rêve revisité par des créatures en tous genres, le film Le Banc est né d’une collaboration entre Kitty Crowther, auteur essentiel du livre jeunesse, et Bruno Salomone, illustrateur pour la presse, l’édition et la pub. Ce dernier n’a rien à voir avec son homonyme humoriste. Jusqu’au 19 décembre à la galerie Territoires Partagés

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

75


festival 9 laterna magica

Yoyo Déclaration d’amour au monde du cirque et au cinéma burlesque, Yoyo reste le chef d’œuvre de Pierre Etaix, compagnon de route de Tati et saltimbanque du cinéma. Réalisé en 1965, ce film mérite d’être redécouvert. Séance unique le 21 décembre à 18h au cinéma Les Variétés

Là encore, on a l’embarras du choix. Ces ateliers étant littéralement pris d’assaut (par les petits, comme par les grands), il vaut mieux réserver. Une façon d’aller voir l’envers du décor, et aussi peut-être, de se découvrir des talents cachés… n

.

Laterna Magica Du 25 novembre au 24 décembre www.fotokino.org 09 50 38 41 68

76

8e art magazine

hiver 2010/2011

Les Petites formes Une douzaine de films « faits à la maison », brillants par leur inventivité et la simplicité des moyens utilisés. Des petites perles que Fotokino est allé dénicher aux quatre coins du monde. Ils seront réunis pour une séance de 40 minutes. Du 1er au 24 décembre chez Fotokino. Séance spéciale le 15 décembre à 14h30 à la bibliothèque de l’Alcazar Illustration ci-contre : Yorokobu’ Zoo De Matthew Cooper (Royaume Uni), 2010, 1’




PORTFOLIO Zineb Sedira 8

Don’t do to her what you did to me 1998-2001 Still extrait de la vidéo 9 min

Zineb Sedira

Les rêves n’ont pas de titre 9 Photos : © Zineb Sedira - Courtesy the artist and Kamel Mennour, Paris

hiver 2010/2011

8e art magazine

79


PORTFOLIO 9 Zineb Sedira

the death of a journey 2008 Photographie couleur 120 x 100 cm

Jusqu’au 27 mars 2011, le musée d’art contemporain (mac) de Marseille présente la première rétrospective consacrée à la plasticienne Zineb Sedira. L’exposition Les rêves n’ont pas de titre rassemble les vidéos, photographies et installations réalisées par l’artiste entre 1995 et 2009. Elle y aborde le colonialisme, l’identité, la famille, l’Algérie, la Méditerranée, les migrations… Autant de thèmes ayant une résonnance toute particulière à Marseille. Par Farida Hou

leurs souvenirs de la guerre d’Algérie. Une expérience “Mon œuvre explore les paradoxes et intersections de douloureuse mais aussi cathartique. mon identité en tant qu’Algérienne et Française, et aussi en tant que résidente en Angleterre. (...) Le thème de la Trilogie inachevée représentation est au cœur de ma pratique artistique.” Les films Saphir (2006) et Middle Sea (2008) adoptent une Née en 1963 à Gennevilliers de parents algériens, Zineb Sedira vit et travaille à Londres depuis 1986. Cette triple approche narrative et poétique. Le premier fut tourné en identité a longtemps guidé le travail de la plasticienne. Algérie, le second sur un bateau reliant Alger à Marseille. On le vérifie dès la première partie Logiquement, un troisième volet devait Née en France de parents de l’exposition. Elle s’ouvre par un être réalisé dans la cité phocéenne, cri (Scream of libération, 1995). Un algériens et travaillant à Londres, mais le projet n’a pu aboutir et la cette triple identité a longtemps youyou strident. Manifestation de joie, trilogie reste pour l’instant inachevée… guidé le travail de la plasticienne le youyou était aussi utilisé en Algérie Omniprésente dans les photographies comme signal, lors de la guerre de la série Framing the view (2006), et d’indépendance… Une ambivalence qu’on retrouve dans du diptyque Transitional Landscape (2006), l’Algérie et la vidéo Autobiographical Patterns (1996) : sur sa main, la Méditerranée s’effacent progressivement de l’œuvre l’artiste écrit des phrases en français, à la manière d’un de Zineb Sedira pour laisser place à une réflexion plus tatouage au henné. Enfin, par le triptyque Self Portrait globale sur les mouvements migratoires. Floatting or the Virgin Mary (2001), Zineb Sedira joue sur la Coffins (2009) est le point d’orgue de l’exposition. Une référence à la fois islamique et chrétienne du voile dans spectaculaire installation mettant en scène des images l’histoire de l’art. capturées dans un cimetière de bateaux, à Nouadhibou en Mauritanie. L’artiste présente sur une myriade Transmission d’écrans cette bande de désert au bord de l’océan, lieu Mother Tongue (2002), illustre le dialogue entre trois de transit pour les oiseaux migrateurs comme pour les générations de femmes. Deux par deux, sur trois hommes qui essayent de s’embarquer pour les Canaries. écrans séparés, l’artiste, sa mère et sa fille, essaient On rêve parmi les épaves… Si Les rêves n’ont pas de titre, de converser, chacune utilisant sa langue maternelle, ceux de Zineb Sedira sont exposés au Mac de Marseille. n respectivement, le français, l’arabe et l’anglais. Un moment fort de l’exposition. Car si entre l’artiste et sa mère, le dialogue parait encore possible, il n’en va Zineb Sedira - Les rêves n’ont pas de titre pas de même entre la grand-mère et sa petite fille, Jusqu’au 27 mars 2011 qui s’observent silencieusement. La transmission est rompue. Dans la triple projection Mother, father [mac] Musée d’Art Contemporain de Marseille and I (2003), l’artiste écoute ses parents lui raconter 69, avenue de Haïfa - 13008 Marseille - 04 91 25 01 07

.

80

8e art magazine

hiver 2010/2011


Shattered carcasses 2008 Installation 10 caissons lumineux et câbles électriques 120 x 85 cm chaque Vue de l’exposition “Shipwreck: the Death of a Journey”, Kamel Mennour, Paris, 2010 © Zineb Sedira Photo. Marc Domage Coutesy the artist and Kamel Mennour, Paris


PORTFOLIO 9 Zineb Sedira

L’artiste se met elle-même en scène, couverte d’un haïk, ce long voile traditionnel algérien. Avec ce triptyque, elle effectue un parallèle avec les représentations de la vierge Marie dans l’iconographie chrétienne. Une façon d’évoquer les polémiques des années 2000 autour de la question du voile en Europe.

82

8e art magazine

hiver 2010/2011


PORTFOLIO Zineb Sedira 8

Self Portraits of the Virgin Mary 2001 Triptyque : Photographies couleur contrecollĂŠes sur aluminium 170 x 100 cm chaque

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

83


PORTFOLIO 9 Zineb Sedira

Après la fin de la guerre civile en Algérie, Zineb Sédira peut enfin redécouvrir un pays qu’elle n’a que très peu connu, durant son enfance. Elle en tombe amoureuse et décide de s’y investir pleinement. Framing the View, série de cinq photographies, montre de quelle manière l’artiste s’est appropriée ce territoire. Petit à petit. Cadre par cadre.

Framing the view III 2006 Photographie couleur 60 x 70 cm

84

8e art magazine

hiver 2010/2011


Framing the view IV 2006 Photographie couleur 60 x 70 cm Framing the view V 2006 Photographie couleur 60 x 70 cm


PORTFOLIO 9 Zineb Sedira

Avec l’Algérie, la Méditerranée prend aussi de plus en plus de place dans le travail de Zineb Sedira. Ici, elle évoque l’immigration. Cette homme, absorbé par l’horizon, veut-il vraiment traverser la mer pour débuter une nouvelle vie en Europe ?

86

8e art magazine

hiver 2010/2011


PORTFOLIO Zineb Sedira 8

Transitional Landscape 2006 Diptyque - Photographies couleur 154 x 50 cm

hiver 2010/2011

8e art magazine

87


PORTFOLIO 9 Zineb Sedira

Zineb Sedira s’affranchit progressivement de la Méditerranée et débute une réflexion plus globale sur les enjeux des déplacements humains et les mirages de la mondialisation. Dans ce cimetière marin (Nouadibhou, en Mauritanie) les épaves deviennent visions poétiques. Animaux étranges (The death of a journey, voir page 80), où comme ici, amants.

The Lovers 2008 Photographie couleur 120 x 100 cm

88

8e art magazine

hiver 2010/2011


PORTFOLIO Zineb Sedira 8

hiver 2010/2011

8e art magazine

89



galeries

Sexpositionse

S VERNISSAGesV

GALERIES

galerie polymésie Collection Sotta

galerie stammegna et associé Exposition inaugurale

musée international des arts modestes Les Territoires de l’Art Modeste

studio 19 David Lynch

ARDITAL

Céline Gauthier Tomasz Kaniowski

Martin Dupont Robin Jacquet

l’entrepot Brems

...

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

91


GALERIES 9 marseille

Galerie polysémie 63, cours Pierre Puget - 13006 Marseille 04 91 42 87 51 www.polysemie.com

Autour de la collection Sotta Du 25 novembre 2010 au 22 janvier 2011 Du mardi au samedi de 15h à 19h Les œuvres de sept artistes représentatifs de la vaste collection réunie par Anne et Henri Sotta sont actuellement visibles à la galerie Polysémie. Dès 1983, Anne et Henri Sotta ont patiemment réuni une collection peu banale : 1 300 peintures, dessins, gravures et sculptures, représentant près de 350 plasticiens français et étrangers. Un couple passionné, guidé par ses coups de cœur et la volonté tenace de soutenir les créateurs contemporains. « Nombre d’entre eux ont pu, grâce à une visite chez les Sotta, trouver le coup de pouce leur permettant de continuer à travailler », souligne François Vertadier. Le galeriste a eu le temps de s’imprégner du charme et de la singularité de cette vaste collection. Car il eu la difficile tâche de choisir (en collaboration avec Anne et Henri Sotta), les œuvres de sept artistes « représentatifs » de cette collection gargantuesque. Le choix s’est avéré juste. On peut le vérifier jusqu’au 22 janvier 2011, à la galerie Polysémie.

Anne et Henri Sotta

Thierry Agnone

On y découvre pêle-mêle les facéties picturales du Portugais Mario Chichorro, l’art « singulier » et coloré du joyeux peintre-sculpteur Moss ; les compositions de JeanPierre Nadau, saturées d’architectures fantastiques, d’histoires tragi-comiques, et de mythologies improbables ; les drôles de sabliers façonnés par le marocain Omar Youssoufi ; les personnages « absolument laids et absolument beaux » de Raymond Berbiguier, les œuvres transgressives de Thierry Agnone et les puissantes harmonies du Marseillais Jean-Marie Zazzi. À ne pas manquer. Moss

92

8e art magazine

Mario Chichorro

hiver 2010/2011


GALERIES marseille 8

galerie Stammegna et associé 18-22, rue Edmond Rostand - 13006 Marseille exposition inaugurale Du 20 novembre 2010 au 15 janvier 2011 La galerie Stammegna et associé a ouvert ses portes le 23 novembre. Pour l’occasion, une grande exposition inaugurale permet de découvrir des pièces de César, Arman, Buffet, Seyssaud, Valtat, Dufy… Il commençait à se sentir à l’étroit dans sa petite galerie de la rue Breteuil. Car depuis quelques temps, Marc Stammegna voit grand. Après l’ouverture de la fondation Monticelli au fortin de Corbières, il revient avec un espace de 500 m2 situé rue Edmond Rostand, restauré par l’architecte Chantal Costamagna. Guidé par sa « passion pour le métier de marchand de tableaux et une volonté de faire découvrir à de nouveaux amateurs des artistes de 1830 à 1950, que notre Provence et nos cieux cristallins ont fascinés », il prévoit « d’organiser régulièrement des rétrospectives d’artistes reconnus et des expositions thématiques ». Inaugurée le 23 novembre, la galerie Stammegna et associé fera donc la part belle à l’école provençale (Loubon, Monticelli, etc.). Les fauves et les cubistes seront aussi largement représentés. Pour l’exposition inaugurale une centaine de pièces sont présentées, parmi lesquelles des œuvres d’Arman, Barye, Buffet, Bugatti, Camoin, César, Chabaud, Dufy, Guigou, Hartung, Loubon, Marquet, Masson, Mène, Monticelli, Olive, Othon-Friesz, Pompon, Seyssaud, Valtat et Zao Wou-ki. Marc Stammegna devant le tableau de Hans Hartung “T 1998 K17”

Zao Wou-Ki 04.03.62 1962 Huile sur toile 65 X 54 cm Signée en bas à droite Certificat d’authenticité de l’artiste

César Brigitte-Nadine 1980 Bronze à patine brune 60,5 x 27,5 X 23,5 cm Signé sur la terrasse Numéroté 5/8 Fondeur Bocquel cachet au dos de la terrasse

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

93


MuséES 9 Expo

Musée international des Arts modestes (miam) 23, quai du Maréchal de Lattre de Tassigny - 34200 Sète 04 99 04 76 44

Les Territoires de l’Art Modeste Du 27 novembre 2010 au 2 octobre 2011

Robert Combas, In Progress

Du 27 novembre 2010 au 2 octobre 2011, le Musée International des Arts Modestes de Sète fête son dixième anniversaire. Avec 12 expositions nous invitant à parcourir Les Territoires de l’Art Modeste. Artistes confirmés ou émergents, anonymes ou réputés, autodidactes ou singuliers, marginaux ou périphériques, venant de la rue ou de l’art brut, des arts populaires ou de la culture underground, ils forment tous la grande famille des arts modestes. « L’art modeste existe sur toute la planète, il est mondial (…). Il s’inspire des cultures autochtones et des sensibilités géographiques et historiques des lieux de production. (…) L’art modeste, c’est le regard sans dérision du collectionneur ou de l’artiste sur les objets du quotidien et les créations inutiles ». Inventeur de l’art modeste, et co-fondateur du Miam avec Bernard Belluc, Hervé Di Rosa, pour ce dixième anniversaire, a invité quelques artistes de premier plan qui partagent avec lui cette sensibilité. Ils dévoileront leurs collections, mettront en scène les créateurs qu’ils admirent, ou feront dialoguer leurs œuvres avec l’art modeste. On pourra notamment découvrir une BD originale créée dans les années 40 par un autodidacte redécouvert par Robert Combas, la maison musée de Bernard Belluc, une installation du réalisateur Michel Gondry, PQ Ville, réalisée à partir du décor de son film La Science des rêves ; le collectif Fréderic Magazine et son cabinet graphique, une expo d’art brut, une autre de street art… Et durant toute l’année, un événement sera organisé chaque mois autour de chacune de ces 12 expos.

94

8e art magazine

hiver 2010/2011


GALERIES marseille 8

studio 19 3, rue Edmond Rostand - 13006 Marseille & 27, rue Saint Jacques - 13006 Marseille 04 91 53 35 67 www.studio19.fr

David Lynch

Lithos 2007-2010 jusqu’au 31 décembre 2010 Le Studio19 sait mettre la main sur des pièces rares et précieuses. Cet hiver, il présente une sélection de 15 lithographies de David Lynch. Un petit événement à Marseille. Le cinéaste américain, également photographe, peintre et musicien, s’est plongé depuis 2007 dans l’univers de l’estampe, avec une curiosité versant rapidement dans l’envoûtement des plaisirs nouveaux. Sa visite à l’atelier Item, à Paris, lui avait fait forte impression : « cela m’a permis d’accéder à ce nouveau monde de la lithographie et à la magie des pierres ». Car observant le travail des ouvriers, les plaques de cuivre et de pierre, le contact avec la matière, Lynch s’est soudainement remémoré ses années de jeunesse, quand il était encore un jeune étudiant aux Beaux-Arts, rêvant de devenir peintre… Durant ces trois dernières années Lynch s’est pris de passion pour cette technique. Après ses premières tentatives avec des impressions en rouge et noir, il crée maintenant de grands formats en noir et blanc, explorant les thèmes de la solitude, de l’amour, de l’érotisme, des rêves et de la mort. Des images fixes à la force évocatrice puissante et dont la fascinante étrangeté rappelle parfois Elephant Man, Mulholland Drive ou Inland Empire. Au début de l’année 2010, il terminait sa 100e lithographie. Quinze d’entre elles sont visibles au Studio 19 jusqu’au 31 décembre.

Hand of dreams - 2009 - Lithographie - 64,5 x 88 cm - 30 ex./japon - 3000 euros - @ Item éditions

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

95


GALERIES 9 aix - marseille

Galerie

Galerie

10, avenue Philippe Solari - 13090 Aix-en-Provence 04 42 28 78 60 - 06 03 73 08 69

21, rue Edmond Rostand (1er étage) - 13006 Marseille 04 88 04 59 38 www.galeriefrancoiseestran.com

ARDITAL

Françoise Estran

Céline Gauthier Du 4 décembre 2010 au 15 janvier 2011

David Thélim

Du 14 décembre 2010 au 28 janvier 2011

Presque rien - 2010 - 194 x 130 cm - Huile sur toile

Elle présente des peintures sur toiles et papiers de bâtiments abandonnés, livrés à la nature ; mais aussi des études de corps dans des positions étonnantes. C’est sa troisième expo chez Ardital.

Tomasz Kaniowski Du 4 décembre 2010 au 15 janvier 2011 Polonais vivant à Aix, il a déjà été primé aussi bien en Pologne qu’en France. On peut voir des dessins, des aquarelles et peintures à l’acrylique. Ce travail est, pour partie, le fruit de ses voyages : notamment des paysages urbains associés à des portraits d’habitants d’une grande sensibilité.

Il y a du “voyage” dans les entrelacs du stylo bille, les pinceaux et les brosses de David Thélim, un voyage de l’incohérence vers la cohérence, un passage de l’indéterminé vers le figuré, un visage qui prend vie dans les mailles et les traits entrelacés de l’artiste, un visage qui vit par le regard du spectateur et dans les grand formats, la structure qui donne vie.

Nicolas Fropo de Habart Du 3 février au 16 mars 2011 Une découverte ? Non, une révélation. Les peintures de Nicolas Fropo de Habart révèlent l’humain, sa souffrance, ses douleurs, son isolement, ses doutes, elles nous révèlent l’Humanité, sa spiritualité, grâce à une maitrise technique appelée art et avec la force de l’engagement de la foi.

Inquiet - 2010 - 92 x 65 cm  Huile sur toile

Surgi - 2010 - 116 x 89 cm Huile sur toile

9 96

8e art magazine

hiver 2010/2011



JACQUES OFFENBACH 21I23I26I28I29I31I

DÉCEMBRE

CAVALLERIA RUSTICANA PIETRO MASCAGNI

I PAGLIACCI

RUGGERO LEONCAVALLO 28I30I JANVIER I2I4I6I FÉVRIER

ALBAN BERG 12I15I18I20I MARS

04 91 55 11 10 / opera.marseille.fr

designinsitu.com

BELLE HÉLÈNE

WOZZECK

ORCHESTRE S A I S O N PHILHARMONIQUE 2 0 1 0 DE MARSEILLE 2 0 1 1

SAISON 2010 2011

CONCERTS

OPÉRAS

OPÉRAS


GALERIES marseille 8

L’entrepot

Galerie

Galerie

Detaille

13, rue Pastoret - 13006 Marseille 04 91 92 61 81 www.brems.fr

5-7, rue Maurius Jauffret - 13008 Marseille 04 91 53 43 46 www.galeriedetaille.com

Sabine Weiss

Du 26 novembre 2010 au 29 janvier 2011

Brems exposition permanente Artiste peintre et plasticienne autodidacte, Brems est née en 1966 dans le sud de la France, où elle vit et travaille. Son style peut varier de l’art conceptuel au figuratif, et pour réaliser ses toiles, elle emploie librement différentes techniques. L’opposition des densités confère à ce travail une identité unique. Quand elle créé, un chiffre, une phrase peuvent s’imposer à son esprit, la conduisant de l’abstrait à l’impressionnisme, du coloré au demi-ton ; suivant son inspiration...

Espagne - 1981

Une nouvelle galerie dédiée à la photographie. Hélène et Gérard Detaille perpétuent ainsi la tradition familiale, puisque les Detaille ont hérité du studio de Nadar (à la Canebière) depuis trois générations. Dans une ancienne fabrique d’allumettes, à Périer, leur nouvelle galerie présente pour son expo inaugurale une sélection de 70 tirages de Sabine Weiss (née en 1924). Proche de Brassaï, Doisneau et Ronis, elle s’est consacrée à la photo de mode, la pub, et le reportage pour la presse magazine. Ses photographies sont entrées dans les collections de nombreuses institutions prestigieuses, dont le Centre Pompidou, le MoMA, ou encore le Museum of Modern Art de Kyoto. Paris - 1952

Body Purple - 2010 - 100 x 150 cm

9 hiver 2010/2011

8e art magazine

99


GALERIES 9 marseille

Galerie

Galerie

Antiquités Juan 25, cours Estienne d’Orves (1er étage) 13001 Marseille 04 91 54 22 33

263, rue Paradis - 13006 Marseille 04 91 48 79 13 www.galerie-martin-dupont.fr

accord

Martin Dupont Robin Jacquet

Sculpteur plasticien Du 3 février au 12 mars 2010

« Dès ma formation à l’école nationale des Beaux Arts de Paris, mes recherches artistiques s’orientent sur le potentiel expressif de la représentation du corps humain. Ce corps devient matière malléable où puiser et nourrir ma création. Le corps transmet, véhicule et témoigne ; il est l’image de sa propre vie intérieure, observateur de son temps, il est social et politique. » Sculpture de mortier de ciment, tissu et lien

Forg Du 17 décembre 2010 au 31 janvier 2011 Elève de Bernex, Daumas et de Rutili, E. Forg est l’héritier des peintres de la grande mutation du début du XXe siècle. Il allie puissance et poésie. Sa palette est flamboyante, sa pate riche, son inspiration fulgurante. Il est la synthèse de l’abstraction pure et de la figuration coloriste suggérée.

100

8e art magazine

hiver 2010/2011


publi-reportage

1

2

3

Andrea’s, invitée d’honneur à la mairie de sainte Maxime (mai 2010)

1 2 3 4

Pauline et Lucie jouent le Concerto pour violon (8 points) En écoutant Mozart (40 points) La mère et l’enfant (40 points) Musique sacrée (15 points)

Le lyrisme pictural

Andrea’s

d’

À bientôt 80 ans, elle exprime son énergie débordante à travers ses toiles. Andrea’s, c’est une vie entière vouée à l’art. Dans son atelier, plus de 200 œuvres donnent à ce lieu des allures de grande galerie. Plus de 40 ans d’une inspiration foisonnante, en effet, ça prend de la place ! D’origine Corse (descendante des contes de Saioni de Penta di Casinca), née à Nice, c’est à Marseille qu’Andrea’s passe l’essentiel de sa vie d’artiste. Elle étudie la peinture et la sculpture avec Barat à qui elle fut présentée par la comtesse Pastré. Découverte par les critiques d’art parisiens, Andrée est devenue Andrea’s en hommage à Lou Salomé Andréa, émule de Nietzche et de Freud. Sociétaire des Artistes français, Andrea’s a exposé dans le monde entier, de musées en galeries prestigieuses. Elle a aussi obtenu d’innombrables prix et distinctions. Andrea’s peint à la façon d’une « écriture surréaliste ». Elle trouve son inspiration dans « les moments d’amour » avec les siens ; et dans la musique, notamment Verdi, et Offenbach (Les contes d’Hoffmann). « C’est l’esprit qui fait marcher », aime t-elle à dire. Nous, on court voir ses œuvres… Atelier : 4, rue du Centaure - 13015 Marseille 193, rue de l’Artuby - 83370 St Aygulf 06 69 07 07 43 andree.sebastien@gmail.com www.saatchi-gallery.co.uk

4

Expositions et distinctions récentes : 1994 : Membre d’honneur des Artistes pour la Paix auprès de l’ONU 1999 : Exposition au Musée du Castel Bénidormien à Castel d’Aro - Espagne 2004 : Coupe de l’assemblée nationale remise à Nice 2004 : Médaille de la ville de Nice 2005 : Oscar de la culture du centre historique de Florence : « Artiste du millénaire » 2008-2009 : Exposition au Carrousel du Louvre 2009 : Exposition The French Presence Showroom New York et Londres Cotée sur Drouot cotations à 540 euros le point.

hiver 2010/2011

8e art magazine

101




Ecoutez

N O S LE K C O R P PO ,

a Marseille

FABRICE DALED TOUS LES JOURS

13H /17H

EN DIRECT DE MARSEILLE marseille.rtl2.fr






agenda

Théâtre Musique Art Lyrique Danse 9 hiver 2010/2011

8e art magazine

109


AGENDA

théâtre Une Femme à Berlin Adaptation et mise en scène : Tatiana Vialle Avec : Isabelle Carré

Gros mensonges

Du 11 au 14 janvier Théâtre Massalia (Salle Seita Friche Belle de Mai) 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Quand on a fait de “gros mensonges” à “l’ex-femme de sa vie” c’est sûr qu’un jour on risque d’avoir de “gros problèmes”…

La Courtisane amoureuse

De : Luc Chaumar Mise en scène : Corinne Boijols Avec : Didier Constant, Christophe Abrial, Raphaëlle Cambray…

Le 31 décembre Théâtre de l’Odéon 04 96 12 52 70 http://odeon.mairie-marseille.fr

De : Jean de La Fontaine Emilie Valantin

Les Ariels

Théâtre, musique, vidéo

Réalisation, jeu : Catherine Sombsthay Compagnie La Médiane

Le régime nazi s’effondre et laisse Berlin aux mains de l’armée rouge, ivre de vengeance après trois années de guerre. Commence alors une période de violence incontrôlée… Une femme anonyme décrit l’horreur vécue alors par des milliers d’allemandes. Un cri de douleur interprété avec force par Isabelle Carré. Du 13 au 18 décembre Théâtre du Jeu de Paume 0820 000 422 www.lestheatres.net

Sale Août

De : Serge Valletti et Patrick Pineau Avec : Gilles Arbona, Nicolas Bonnefoy, Hervé Briaux…

Du 4 au 7 janvier Théâtre Massalia (Salle Seita Friche Belle de Mai) 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Phèdre De : Racine

Le roi Thésée a disparu et Phèdre, sa femme, aime désespérément son beau-fils, Hippolyte… Du 6 janvier au 5 février Théâtre Athanor www.athanor-theatre.com 04 91 48 02 02

Festival de théâtre amateur du Pays d’Aix Avec les compagnies Théâtre Plus, Théâtre du Sud, Les électrons flous, MJC Prévert, La nacelle du Lubéron, Les ritournelles. Gratuit. Du 7 au 16 janvier Théâtre Antoine Vitez 04 42 59 94 37

© DR

Debout

110

Une « comédie triste » de Valletti, à la mémoire des ouvriers italiens massacrés à Aigues-Mortes en 1893.

Spectacle de marionnettes Texte de Nathalie Papin Mise en scène : Alexandra Tobelaim Compagnie Arketal

Du 15 au 18 décembre Friche Belle de Mai - La Cartonnerie 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Victor découvre un jour au cimetière, un petit garçon caché au fond d’un trou. Il a dix ans, il est battu par sa mère et il veut mourir…

8e art magazine

hiver 2010/2011

© DR

© Carole Bellaiche

Un fantastique album de famille en trois dimensions, où des images d’archives personnelles se projettent et se superposent comme par magie sur des écrans qui s’étirent, donnant de l’épaisseur à des souvenirs qui se tricotent sous nos yeux…

Avec : Gaston Richard, Pierre Saphores, Jean Sclavis, Marionnettes, costumes et décors : Émilie Valantin et François Morinière Trente et une marionnettes de plusieurs dimensions ont été créées pour ce spectacle mettant en scène cinq contes et nouvelles de La Fontaine traitant de l’amour et du désir, de l’attente, des chagrins, du dépit, de la jalousie, de l’humiliation… Du 11 au 15 janvier La Criée - Petit Théâtre 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Les excentriques de Reykjavik

D’après Gudrun Eva Minervudottir Adaptation et mise en scène : Michael Zugowski Avec : Sandrine Bach, Anna Morisset, etc. Des histoires d’amour, de haine, de fantômes, de règlements de comptes avec les autres ou avec soi-même… Le fantastique n’est pas loin, en embuscade de ces récits dont la finalité semble nous échapper. Du 13 au 29 janvier Le Douze - Espace de création artistique - Aix www.audouze.com 06 61 55 13 57


agenda

L’oiseau Vert

La Tragédie Comique

Texte et conception : Eve Bonfanti et Yves Hunstad Mise en scène : Eve Bonfanti Avec : Yves Hunstad La Fabrique Imaginaire (en partenariat avec Le Merlan)

Pollock

De Carlo Gozzi Nouveau texte : Nathalie Fillion Mise en scène : Sandrine Anglade

De : Fabrice Melquiot et Paul Desveaux Avec : Serge Biavan, Claude Perron Scénographie : Paul Desveaux

Un bon géant, un méchant roi, des enfants abandonnés, des pommes qui chantent et de l’eau qui danse sans oublier une bonne fée, une pauvre reine séquestrée et un philosophe statufié mais bavard….

© Stephane Gaillochon

Du 18 au 22 janvier Théâtre du Gymnase 0820 000 422 www.lestheatres.net

De : Ève Bonfanti et Yves Hunstad Avec : Ève Bonfanti, Lola Bonfanti, Katia Ponomareva, Yves Hunstad, etc. Musiques : Lola Bonfanti La Fabrique Imaginaire

Du 14 au 16 janvier Théâtre du Gymnase 0820 000 422 www.lestheatres.net

Six personnages évoluent dans les couloirs du temps… Les 21 et 22 janvier Théâtre du Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org

Le Voyage de Victor De Nicolas Bedos Avec : Guy Bedos, Macha Meryl

Duel Opus 2

Guy Bedos revient au théâtre dans une pièce de son fils Nicolas. L’amnésie, ultime palliatif au chagrin ?

Mise en scène : Agnès Boury Avec : Laurent Cirade, Paul Staïcu Deux musiciens se livrent à d’hilarants règlements de compte. Doté d’une énergie à faire capoter le lapin Duracell, ce duo musical désopilant explose les codes musicaux.

25 au 29 janvier 2011 La Criée - Petit Théâtre 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Entre le repos et l’éveil : La Naissance

Jeu, manipulation, chant : Jung-Shih Chou, Jade Shih Instruments, chant : Yu Jun Wang Scénographie, accessoires : Jung-Shih Chou, Ghislaine Herbera, Jade Shih Flying group

© Cosimo Mirco Magliocca

Du 31 janvier au 5 février Théâtre Massalia (Petit Théâtre Friche Belle de Mai) 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Vide

Metteur en mots, metteur en scène : Didier Kowarsky Auteur, conteuse : Stéfanie James Compagnie Les Racines du vent

Du vent… Des fantômes

De et avec : Ève Bonfanti et Yves Hunstad La Fabrique imaginaire

Les 18 et 19 janvier Théâtre du Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org

La tragédie moderne d’un couple inclassable : Jackson Pollock et Lee Krasner.

Un voyage rêvé vers la vie, inspiré de mythes et légendes sur la naissance, issus des traditions asiatiques et européennes.

Les 14 et 15 janvier Théâtre Toursky 0820 300 033 www.toursky.org

« Chaque représentation sera ainsi unique. Chaque représentation sera un espace de risque où je me remettrai face au vide ». Stéphanie James © DR

Ils exhibent l’illusion et autres ficelles de la scène pour observer quand et comment naît le théâtre… Et il naît !

© DR

Voyage, 1er épisode

Seul sur scène, Yves Hunstad, mains dans les poches et l’air de rien, avec une maîtrise du verbe hors du commun, invente un fabuleux personnage cosmique, humain, grave, fragile… Un spectacle mythique, créé en 1988.

Les 21 et 22 janvier Théâtre Toursky 0820 300 033 www.toursky.org

Les 1er et 2 février Théâtre Massalia (Salle Seita Friche Belle de Mai) 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

hiver 2010/2011

9

8e art magazine

111


AGENDA

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée et on ne saurait penser à tout [Diptyque]

Louise voit des ours partout. Mais elle est la seule à les voir… Du 9 au 11 février Théâtre Massalia (La Cartonnerie Friche Belle de Mai) 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

De : Alfred de Musset Mise en scène : Frédérique Plain Avec : John Daisme, Rodolphe Congé, Caroline Pilette…

Abraham

De et avec : Michel Jonasz

Tout le romantisme du théâtre de Musset dans deux petites comédies “à proverbe” aux dialogues alertes et rythmés, véritables petits trésors à redécouvrir, qui sous une apparente fantaisie savent dire la complexité des rapports humains en général et des rapports amoureux en particulier.

De : Anton Tchekhov

Un état des lieux de la Russie, un an avant la première révolution… « Toute la Russie est notre Cerisaie ». Du 17 février au 19 mars Théâtre Athanor www.athanor-theatre.com 04 91 48 02 02

De : Jean-Charles Massera et Benoit Lambert Avec : Martine Schambacher et François Chatto

© Stéphanie Vivie

Conception, mise en scène : Christine Saint-André Compagnie Tête de pioche

Seul en scène, Jonasz chante, joue et fait jaillir un rire. Mélancolique. Les 11 et 12 février Théâtre Toursky 0820 300 033 www.toursky.org

Jaz

La Jeanne de Delteil

Les 4 et 5 février Théâtre Toursky 0820 300 033 www.toursky.org

Louise les Ours

Texte : Karin Serres Mise en scène : Patrice Douchet Avec : Marjolaine Baronie, Laurent Fraunié, Cécile Métrich

112

Fragments de vie

Du 1er au 12 février La Criée - Petit Théâtre 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Jaz est l’histoire d’une femme prisonnière d’un monde. En une langue poétique, rythmée, syncopée, la vie de Jaz est racontée.

8e art magazine

hiver 2010/2011

Un petit bijou de théâtre qui semble contenir à elle seule la totalité de l’œuvre de Marivaux.

La Cerisaie

Que faire ? (le retour)

De : Koffi Kwahulé Mise en scène : Kristian Frédéric Avec : Amélie Chérubin-Soulières Compagnie Les Lézards qui bougent

D’après Marivaux (et Rousseau, D’Alembert…) Mise en scène : Jean-Pierre Vincent Dramaturgie : Bernard Chartreux Assistés de Frédérique Plain Avec : Patrick Bonnereau, Julie Duclos, Anne Guégan…

Du 15 au 19 février Théâtre du Gymnase 0820 000 422 www.lestheatres.net

Du 3 au 5 février 2011 Théâtre du Jeu de Paume 0820 000 422 www.lestheatres.net

Cent ans après la parution du célèbre Que faire ? de Lénine, un couple prend soudain conscience de la vacuité des modes de vie dans les pays de l’hémisphère nord. Ils décident alors de faire le tri dans l’histoire, l’art et la pensée : la Révolution française, on garde ? Et la Révolution russe ? Et Nietzche ? Et Mai 68 ? Et l’art conceptuel ? Et la coupe du monde ?

Les acteurs de bonne foi

D’après Jeanne D’Arc de Joseph Delteil Adaptation : Jean-Pierre Jourdain Avec : Juliette Rizou Proposé par les Amis du Théâtre Populaire (ATP) d’Aix. Une évocation de « la Jeanne » de Delteil, vue par J-P Jourdain : « De la naissance au bûcher, les grands événements nous sont rapportés, non du point de vue historique, mais de celui du cœur, de l’organe central, du muscle qui bat et impose son rythme. » Les 15, 16 et 17 février Théâtre des Ateliers 04 42 38 10 45

Confectionnés à partir de vieux outils agricoles et d’ustensiles divers, les objets de Fragments de vie trouvent leur place en tant que sculptures. Entre exposition et spectacle vivant, cette installation pose un regard particulier sur le monde. Du 18 au 22 février Théâtre Massalia (Salle Seita Friche Belle de Mai) 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

musique GEORGE CHELON Chanson française

Chanteur, poète et troubadour, il est l’un des plus talentueux interprètes et passeurs de la poésie française. Entre Brassens et Léo Ferré. Le 11 janvier Théâtre Toursky 0820 300 033 www.toursky.org


agenda

Grand Corps Malade

Conception, mise en scène et réalisation filmique : Tony Gatlif Création musicale : Didier Lockwood Avec : Didier Lockwood, Biréli Lagrène, Stochelo Rosenberg, et un ensemble de 11 musiciens

Slam

Il viendra défendre son nouvel album 3e Temps. Le 21 janvier Pasino d’Aix-en-Provence 04 42 59 69 00

YAEL NAIM

Un spectacle qui mêle projections et musique, où l’on va swinguer sur les standards de Django et un extatique Boléro d’après Ravel, réadapté par Lockwood à coups de rythmes manouches.

Meshell Ndegeocello Jazz – Nu Soul

Le 12 janvier Grand Théâtre de Provence 04 42 91 69 69 www.grandtheatre.fr

Pablo Moses © DR

Reggae

© DR

son premier album… Yael s’est-elle embourgeoisée ? Réponse à l’Espace Julien.

Bassiste redoutable, compositrice prolifique, chanteuse et rappeuse, elle s’impose comme une figure emblématique de la nu soul.

Le 5 février Espace Julien www.espace-julien.com 04 91 24 34 10

Le 27 janvier Cabaret Aléatoire www.cabaret-aleatoire.com

Godspeed you! Black Emperor

art lyrique

Seulement trois dates en France pour les Canadiens dont la reformation était attendue depuis des lustres. Un événement, donc.

© Olivier Pon

Pop rock

LA BELLE HÉLÈNE Il a vécu et participé à l’âge d’or de la musique jamaïcaine. Quinze ans après son dernier album, il revient avec un nouvel opus The Rebirth. Espérons qu’il jouera tout de même ses anciens morceaux…

Le 28 janvier Espace Julien 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Django Drom

Le 3 février Espace Julien www.espace-julien.com 04 91 24 34 10

Jazz

K’S Choice Rock

Après un split et des projets solos, ils se reforment. Mais était-ce vraiment une bonne idée ? À vérifier en live.

DIDIER LOCKWOOD

© Ph. Levy-Stab

Le 5 février Dock des Suds www.lemoulin.org

Yael Naim Pop folk

Trois années se sont écoulées depuis le succès international de

Opéra bouffe en 3 actes De : Jacques Offenbach (1864) Livret de : Meilhac et Halevy Direction musicale : Nader Abbassi Mise en scène : Jérôme Savary Avec : Mireille Delunsh, Christine Tocci, Alexander Swan, etc. Parodie de l’Antiquité gréco-latine par le roi de l’opéra bouffe. Les 21, 23, 26, 29 et 31 décembre Opéra de Marseille 04 91 55 11 10

Bach, Concertos brandebourgeois Les Siècles Direction : François-Xavier Roth

Composés entre 1718 et 1720, ces concertos brandebourgeois sont des chefs-d’œuvre de l’instrumentation. Le 27 janvier Grand Théâtre de Provence 04 42 91 69 69 www.grandtheatre.fr

hiver 2010/2011

9

8e art magazine

113


AGENDA

Cavaleria Rusticana Opéra en 1 acte

De : Pietro Mascagni Livret de G. Menasci et G. Targioni-Tozzetti, Avec : Béatrice Urian-Monzon, Patricia Fernandez, etc.

Le 31 janvier Opéra de Marseille 04 91 55 11 10

Gare Centrale

© DR

Son exceptionnelle voix de mezzo, sa technique parfaite et une bonne dose de glamour et d’humour la rendent irrésistible. Elle est accompagnée par ses complices du quintette Opus Five pour ce récital d’airs inoubliables d’opéras de Haendel, Rossini et Bizet.

Piano

Le 17 février Grand Théâtre de Provence 04 42 91 69 69 www.grandtheatre.fr

Livret d’Henry Meilhac et Ludovic Halevy Musique : Jacques Offenbach Mise en Scène : Jack Gervais Direction Musicale : Christophe Talmont Avec : Emmanuelle Zoldan, Caroline Gea, Frédéric Mazzotta, etc.

Pas sur la bouche ! Opérette en 3 actes

Livret d’André Barde Musique : Maurice Yvain Mise en Scène : Pierre Sybil Direction Musicale : Jean-Pierre Burtin Avec : Anne Dorian, Anne-Marie Lyonnaz, Julie Victor, etc. Une opérette riche en situations comiques, quiproquos et surprises… Les 19 et 20 février Théâtre de l’Odéon 04 96 12 52 70 http://odeon.mairie-marseille.fr

Juan Diego Florez Récital

© DR

Piano : Vincenzo Scalera

114

8e art magazine

hiver 2010/2011

Carmen

Brigitte Engerer

La grande duchesse de Gérolstein

Le 30 janvier Théâtre de l’Odéon 04 96 12 52 70 http://odeon.mairie-marseille.fr

Les 13, 14 et 15 janvier Pavillon Noir www.preljocaj.org 04 42 93 48 00

Le 4 février 2011 Grand Théâtre de Provence 04 42 91 69 69 www.grandtheatre.fr

Comment faire plus romantique ? Chopin, Liszt et les Schumann, Clara et Robert, sont tour à tour conviés par la plus lyrique des pianistes françaises.

Trépidations militaires, contrariétés amoureuses, et rebondissements en cascades.

Onze danseurs en attente d’on ne sait quoi dans le non lieu d’une salle banale…

Récital

Les 28 et 30 janvier, et les 2, 4 et 6 février Opéra de Marseille 04 91 55 11 10

Opéra-Bouffe en 3 actes

Chorégraphie : Josette Baïz Musique : Jean-Sébastien Bach Compagnie Grenade

danse

© Luis Lazaro

En raison de leur brièveté et de leurs fortes ressemblances, ces deux opéras véristes composés à la même période sont très souvent associés. Cavalleria Rusticana apparaît dans la scène finale du Parrain 3.

Du 15 au 18 décembre Ballet National de Marseille 04 91 327 327 www.ballet-de-marseille.com

Jennifer Larmore

I Pagliacci (Paillasse)

De : Ruggero Leoncavall Opéra en 1 prologue et 2 actes Avec : Natalia Timchenko, Vladimir Galouzine, etc. Coproduction avec les Chorégies d’Orange Direction musicale : Giuliano Carella Mise en scène : Jean Claude Avray

Le ténor péruvien est l’un des plus grands interprètes actuels du bel canto. Il le prouvera avec des airs de Rossini, mais aussi Haendel, Tosti…

Ballet inspiré du livret de Prosper Mérimée et de l’opéra de Bizet Scénario, chorégraphie et direction : Antonio Gades et Carlos Saura Mise en scène : Antonio Saura, Musiques originales : Antonio Gades, Antonio Solera, Ricardo Freire Directrice artistique : Stella Arauzo, Solistes : Vanesa Vento, Adrian Galia

OUVERTURE #18

Si Antonio Gades reprend les airs de Bizet, il n’hésite pas à y ajouter des passages chantés de flamenco puro.

Carte blanche aux jeunes danseurs du BNM pour une série de chorégraphies rafraichissantes. Avec Oberdorff, Grandville, et Robbe.

Les 17, 18 et 19 janvier Grand Théâtre de Provence 04 42 91 69 69 www.grandtheatre.fr

9



AGENDA

May B

Compagnie Maguy Marin Musiques : Schubert, Bryars, Binche Le best-seller de la danse contemporaine. Cette saga magique est un spectacle drôle et terrifiant, cruel et pitoyable. Le 18 janvier Théâtre Toursky 0820 300 033 www.toursky.org

Galerie pour une histoire anachronique de la peinture (du XVe au XIXe siècle) Chorégraphie : Yan Giraldou, Amélie Port, Caroline Chaumont, Yui Mitsuhashi Musique : Antoine Guenet

© Vincent Lpresie

Pièce pour 3 danseurs

Une ballade au fil des grandes œuvres de la peinture à travers l’histoire de la représentation du corps de la femme.

CENDRILLON

Cendrillon

Ballet en trois actes

Musique : Sergei Prokofiev D’après le conte de Charles Perrault Chorégraphie : Michel Kelemenis, Ballet du Grand théâtre de Genève

Les 27, 28 et 29 janvier Pavillon Noir www.preljocaj.org 04 42 93 48 00

Casse-Noisette « made in China »

Udor Polimatès (Eau Savante) Duo

Chorégraphie : Jean-Charles Gil Musique : Phil Minton, Daunik Lazro, Henryk Gorecki

Une chorégraphie fluide, enlevée, relevée d’une pointe sexy et d’une bonne dose d’humour. Le Marseillais Michel Kelemenis modernise le conte de fée et trouve le ton juste.

Un duo entre un danseur du Ballet d’Europe, et un danseur hip-hop marocain issu du collectif Break or Die Crew. Une réflexion sur le thème de l’eau, qui se prolongera jusqu’en 2013…

Les 12 et 13 février Grand Théâtre de Provence 04 42 91 69 69 www.grandtheatre.fr

Les 15, 16 et 17 février Pavillon Noir www.preljocaj.org 04 42 93 48 00

Cirque national de Chine Troupe acrobatique de Dalian Musique : Tchaïkovski Entre cirque et danse, ce spectacle mêle prouesses physiques et mise en scène grandiose. Les 31 janvier et 1er février Théâtre Toursky www.toursky.org 0 820 300 033

116

8e art magazine

hiver 2010/2011

© Presse Arabiyetna Crédit Giorgio Colombo

© Michel Lidvac

UDOR POLIMATÈS



publi-reportage

p.j.r. Show room 103, boulevard Notre Dame - 13006 Marseille - 04 91 51 86 09 - www.pjr-13.com Unique a Marseille ! Car ici, on trouve une collection de foyers universels à l’éthanol Univeco© et de radiateurs contemporains Athermo©. Un éventail inégalé de formes, de design, de solutions domotiques et technologiques innovantes. PJR c’est aussi depuis 17 ans le spécialiste à Marseille des fenêtre en alu, bois, ou pvc, ainsi que des fermetures et stores. À découvrir au show room.

urban lodge 1, bld de la Corderie 13007 Marseille 04 91 33 00 14 Créé en 2002, le fleuriste Urban Lodge se lance dans les bougies parfumées. De fabrication 100% française et d’une cire 100% naturelle, la gamme présentée dans des verres sérigraphiés se décompose en 13 senteurs fruitées et fleuries.

118

8e art magazine

hiver 2010/2011


publi-reportage

Makaire 2, rue Thiers - 13100 Aix-en-Provence - 04 42 38 19 63 Un espace entièrement consacré à l’univers de l’écriture car Makaire est situé dans un hôtel particulier du XVIIe siècle ayant abrité une imprimerie, devenue ensuite papeterie et librairie. Les beaux stylos et la maroquinerie ont maintenant pris le relais ; deux univers que Jean-Michel Vadon et son équipe savent accorder avec harmonie dans un luxueux décor. Stylos à plume ou bille des plus grandes marques (Mont blanc, Montegrappa, Cartier… ) entrent en symbiose avec des sous-main, serviettes, portefeuilles ou sacs à main (Mulberry, Il Bisonte, Lupo…). Qualité, sérieux et service, trois mots qui dictent la démarche de Makaire depuis des générations.

Dépôt-vente de luxe Prêt à porter Accessoires, bijoux

Signature 34, rue Espariat - 13100 Aix-en-Provence - 04 42 26 29 85 www.signature-luxe.com Hermès, Chanel, Dior, Vuitton, Lanvin... Ici, les griffes les plus prestigieuses sont représentées. Car Signature est sans nul doute l’adresse incontournable pour les amateurs de vêtements et accessoires de luxe. Ils sont disponibles à la vente, ou en dépôt vente. Signature est en effet une référence dans le haut de gamme, offrant un exceptionnel choix de produits à l’état du neuf dont l’authenticité est garantie. Aussi, dans un cadre convivial, on bénéficie de l’accueil et des conseils de Chantal et Emilie…

hiver 2010/2011

8e art magazine

119


publi-reportage

Les Comptoirs de l’or: Bijoux cassés ou anciens, lingots, pièces de monnaie… Ils sommeillent depuis des lustres dans vos tiroirs. Les Comptoirs d’achat d’or vous permettent de les revendre aux meilleures conditions du marché, grâce à l’expertise d’une équipe de professionnels qui saura apprécier leur valeur. Les Comptoirs d’achat d’or, c’est aussi les grands noms de la joaillerie et de l’horlogerie disponibles d’occasion à la vente, à 50 % de leurs prix neufs…

Le cours de l’or n’a jamais été aussi élevé. La revente de vos objets en or peut donc constituer un revenu d’appoint particulièrement prisable par les temps qui courent ! Mais encore faut-il savoir à qui vendre… Depuis quelques mois, les enseignes liées au rachat d’or fleurissent, le plus souvent de façon opportuniste. Certains n’hésitent pas à profiter de la situation en proposant des prix bas, inférieurs à ceux pratiqués sur le marché. D’autres, par méconnaissance, ne parviennent pas toujours à identifier, parmi les objets que vous allez leur présenter, les petits trésors que vous pourriez détenir. Les bijoux signés de grands joailliers ou de style se valorisent à la pièce, non au poids, et se revendent en tant que tels !

Expertise et passion Les Comptoirs d’achat d’or, c’est dix ans d’expérience dans le rachat d’or auprès des particuliers, une implantation à Paris, Marseille et Avignon ainsi qu’un réseau d’achat itinérant. Ici, vous bénéficiez de l’expertise d’une équipe de professionnels : ils sauront vous conseiller dans vos transactions autour de l’or et vous racheter au juste prix ce que vous aurez décidé de vendre. Nous avons rencontré Olivier Bernard, présidentdirecteur général des Comptoirs d’achat d’or ; un expert et un passionné. Tout au long de son parcours professionnel, il a pu aborder les différentes étapes de la vie des métaux précieux.

120

8e art magazine

hiver 2010/2011

Initialement fondeur affineur de la principauté d’Andorre et exploitant minier, il a débuté sa carrière par l’extraction et la transformation de la matière première avant de se pencher depuis plusieurs années sur la forme la plus noble du précieux métal ; le bijou et toutes les créations autour de l’or... et l’or, ça le connaît !

Confiance et transparence: « Notre politique de rachat est indexée sur l’évolution du cours de l’or dont la principale quotation s’établit quotidiennement à Londres. Quelle que soit la situation du vendeur, le contexte économique, notre seul critère d’appréciation est le prix du marché et le poids proposé. » Olivier Bernard, PDG des Comptoirs d’achat d’or. Les comptoirs d’achat d’or, c’est une relation basée sur la transparence et la confiance. Ici, pas de guichetier caché derrière une vitre blindée. Olivier Bernard et son équipe vous reçoivent dans des espaces ouverts et vous font bénéficier de leurs conseils avisés. L’or est pesé devant vous. Une offre vous est faite selon le prix du marché du moment. Les estimations sont gratuites et le paiement immédiat. Pensez juste à vous munir d’une pièce d’identité comme l’impose la législation en vigueur.


publi-reportage

10 ans d’expérience! Que vendre exactement? n L’or boursable (lingots et pièces de monnaie qui font l’objet d’une quotation quotidienne) : Les lingots et pièces d’or de nos grands parents se négocient aujourd’hui au prix fort. Il est temps de les vendre ! Prix d’achat d’un lingot (au 8/11/2010) : 28 800 euros net (taxe d’Etat déduite) Prix d’achat d’un Napoléon (au 8/11/2010) : 167 euros net (taxe d’Etat déduite) n L’or destiné à la fonte : Bijoux dépareillés, cassés, etc. Il bénéficie d’un cours de rachat historiquement élevé : 17,50 euros (au 8/11/2010, taxe d’Etat déduite)/gr. (contre 7 euros/gr. en 2005) La taxe d’Etat, littéralement taxe forfaitaire sur les métaux précieux dont le taux est de 8%, s’applique sur toutes les transactions de vente d’or par les particuliers. Elle est perçue par l’intermédiaire qui la reverse à l’Etat pour le compte du vendeur. Pour le lingot, sous réserve de conditions très strictes, le vendeur peut opter pour le régime déclaratif des plus-values mobilières. n Les bijoux contemporains ou « vintage » (achat et vente) Certains bijoux vous seront rachetés plus chers que leur poids en or. Les produits exceptionnels peuvent en effet posséder une valeur ajoutée par rapport à leur valeur en or, liée à la qualité de réalisation, au style, à l’époque et/ou à la signature (Cartier, Van Cleef et Arpels, etc.). Aux Comptoir d’achat d’or, les bijoux répondant aux critères préalablement énoncés ne seront pas fondus : ils se voient offrir une deuxième vie grâce à l’autre activité de l’enseigne: la revente de bijoux signés ou « vintage ». Les Comptoirs d’achat d’or rachètent aussi les montres anciennes ou de deuxième main des principales manufactures suisses: Rolex, Chopard, Patek Philipe, Audemars Piguet, etc.

Les Comptoirs d’achat d’or: Marseille

6, rue Breteuil - 13001 Marseille 04 91 33 34 34

Avignon

96, rue Joseph Vernet - 84000 Avignon 04 90 82 40 40

Paris

Elles sont disponibles à la vente, et vous trouverez ces montres prestigieuses à un prix entre 40 et 60 % inférieur à leurs prix neufs.

27, rue du Faubourg Montmartre - 75009 Paris 01 53 34 64 54 15, rue de la Tour - 75016 Paris 01 45 25 94 28

En cela les Comptoirs d’achat d’or se rapprochent de l’activité de marchand d’art.

www.lecomptoirdelor.com

hiver 2010/2011

8e art magazine

121



restaurants

Étapes gourmandes

La gourmandise ne connait pas la crise ! Grand établissement gastronomique ou petit resto sympa, le 8e art s’est armé de sa fourchette et a déniché pour vous quelques petites étapes gourmandes à découvrir absolument ! 9 hiver 2010/2011

8e art magazine

123


AU BOUT DU QUAI 1, avenue de Saint-Jean 13002 Marseille

04 91 99 53 36 06 86 52 16 96

Au Bout du Quai, pour retrouver le goût simple des bonnes choses. Situé comme son nom l’indique, tout au bout du Quai du Port, cet établissement (l’ancien San Francisco) vous proposera de savoureuses spécialités marseillaises et provençales à déguster en face d’une vue imprenable sur l’abbaye de Saint-Victor, le Fort SaintJean, et Notre Dame de la Garde. À côté des plats de tradition typiquement marseillais, à base de poissons et coquillages, vous pourrez aussi découvrir des créations exclusives, mises au point par le chef tel le filet de daurade en croûte de foie de lotte au miel ou le tartare de veau aux huîtres. La décoration intérieure imaginée par la designer Manon Gaillet, moderne et tout en tons rouges et gris, a été primée par le Prix Commerce Design Marseille 2007. Un beau restaurant où l’on mange bien. C’est Au Bout du Quai...

124

8e art magazine

hiver 2010/2011


TRATTORIA DI MARCO

les échevins

2, rue de la Guirlande - 13002 Marseille 04 91 90 60 08 Un resto italien. Un vrai. Nous sommes ici chez Marco, originaire de la côte amalfitaine. En cuisine, ce véritable artisan de la restauration travaille ses produits avec passion. Qualité et authenticité sont ses maîtres mots, et tout ce qui compose la carte est préparé maison : de l’entrée au dessert, en passant bien évidemment par les gnocchi, ravioli, cannelloni... sans oublier le pain. Sa cuisine est un savant mélange entre tradition et créativité. Tradition, car Marco applique les secrets de préparation de « la mamma » qu’il regardait attentivement cuisiner durant son enfance. Création car il aime apporter sa touche personnelle, imaginer de nouvelles recettes, si bien qu’à la trattoria, il y a des plats qu’on ne trouve nulle part ailleurs.

44, rue Sainte - 13001 Marseille 04 96 11 03 11 La renaissance d’une adresse mythique ! Depuis trois mois, Françoise de Lorenzo (aidée de Johann, Ghislain et toute leur équipe), fait revivre Les Echevins, établissement légendaire, sis à la rue Sainte depuis plus d’un demi-siècle. Et remet au goût du jour quelques valeurs oubliées : le sens de l’accueil, la convivialité, le coeur... Surtout, Les Echevins propose une carte qui fait la part belle à la cuisine provençale, mais aussi aux plats du sud ouest. Aiguillettes de canard, Cabécou au miel, bourride, bouillabaisse authentique, foie gras maison, foie gras poelé... Un lieu à la décoration raffinée, où l’art a toute sa place. Une grande fresque de Jean-Claude Campana dispute la vedette aux oeuvres d’artistes marseillais, régulièrement renouvelées. Enfin, on peut aussi réserver le savoureux salon privé pour réunions et dîners d’affaire.

hiver 2010/2011

8e art magazine

125


© Delavega Création

gelina café

38, place Thiars - 13001 Marseille 06 74 90 57 64 - 04 91 33 22 63 www.lecaribou-corse.com À deux pas du Vieux Port, le restaurant Le Caribou vous accueille dans un décor baroque et chaleureux autour d’une table gourmande. Saveurs méditerranéennes et corses se mêlent à une cuisine traditionnelle, le souci principal étant le goût et encore du goût ! Déguster la légendaire farandole des amuse gueule, une myriade d’amuse-bouche provençaux, charcuterie corses, poisson au gros sel, gibier en sauce… et en désert, le vacherin maison. Depuis 1945, on respecte les habitudes familiales : abondance et générosité dans un lieu de convivialité et de curiosités culinaires. Mercredi et vendredi midis, clients et artistes se côtoient autour des déjeuners culturels « l’Assiette et la Plume ».

277, rue Paradis - 13008 Marseille 04 91 53 33 81 C’est une nouvelle brasserie ayant ouvert ses portes il y a peu, rue Paradis. L’ambiance y est chaleureuse, et surtout, on y mange bien. Détail d’importance : salade ou sandwich, tout est fait maison ! On peut aussi déguster tortillas, pizzas ou simplement boire un verre... La déco de l’établissement, design et moderne, évoque l’Italie (Vespa, Don Corleone, etc.). Gelina, c’est en effet un clin d’oeil à un lieu napolitain... Retransmission de matchs Dégustation sur place ou à emporter

© Delavega Création

LE CARIBOU

126

8e art magazine

hiver 2010/2011


le sixième sens

la vieille pelle

23, avenue de Corinthe - 13006 Marseille 04 91 41 51 06 - www.lesixiemesens.com Cinq ans que cet établissement à l’esprit “lounge” est l’une des adresses favorites des Marseillais. Et pour cause, tous nos sens y sont mis à contribution : la vue, c’est la déco très design ; l’ouïe et le toucher, c’est la musique et la danse dans une ambiance “after work”, les jeudis, vendredis et samedis soir ; le goût et l’odorat, c’est bien évidemment la restauration midi et soir avec plats du jour et spécialités maison comme la “Pariada du sixième sens”, une plancha de plusieurs poissons et crustacés. Et attention. Pour le 31 décembre, l’établissement a prévu d’organiser un réveillon gastronomique et festif. Champagne, foie gras au porto, magret de canard ou brochette de la mer, expérience chocolatée... Le tout sur les mix de DJ B&B ! Pour profiter de cette nuit chic et festive, il vaut mieux réserver très vite (06 67 94 21 68).

39, avenue Saint-Jean - 13002 Marseille 04 91 90 62 00 À deux pas du Vieux-Port et du quartier du Panier, La Vieille Pelle vous fait découvrir toutes les saveurs d’une cuisine italienne. Ici, tout est fait maison. Laurent, le patron, est aux fourneaux. Il surveille les sauces qui mijotent et prépare une déclinaison de suggestions. Le pizzaiolo confectionne pains, raviolis, gnocchis, pizzas au feu de bois... La Vieille Pelle est devenue une institution marseillaise pour les amateurs de cuisine italienne. Tout cela accompagné du sourire de Fabienne...

hiver 2010/2011

8e art magazine

127


128

le péron

restaurant michel

56, Corniche Kennedy - 13007 Marseille 04 91 52 15 22 Là, nous avons affaire à une véritable institution datant de 1880 ! Depuis la réouverture en 2001 avec une décoration très années 40 (teck, cuivres, acajou et marbre), Peron est resté un lieu d’exception que l’on savoure de génération en génération. Le point fort étant évidemment une vue merveilleuse sur la baie. L’endroit romantique par définition. La carte, haut de gamme, fait évidemment la part belle aux poissons. Un établissement étoilé au guide Michelin en 2008.

6, rue des Catalans - 13007 Marseille 04 91 52 30 63 Où manger une bouillabaisse vraiment authentique ? Question sensible à Marseille, à laquelle 8e art vous répondra sans aucune hésitation : chez Michel ! Sur la rue des Catalans, en face du cercle des nageurs, ce restaurant a été créé en 1946 par Michel Visciano. Depuis 3 générations, la famille Visciano perpétue ainsi la tradition des bons petits plats à base de poisson. Le secret de cette longévité exceptionnelle ? “Amabilité, savoir recevoir et... poisson frais !” selon Michelle Visciano elle-même, héritière des secrets de fabrication d’une cuisine qu’on peut, pour une fois, qualifier sans crainte de vraiment “familiale”.

8e art magazine

hiver 2010/2011


© Julien Openheim

kyo sushi

140, Vallon des Auffes - 13007 Marseille 04 91 52 14 38 Envie d’une bonne bouillabaisse ou d’un poisson à l’argile ? Depuis trois générations, le restaurant Fonfon vous accueille chaleureusement dans le typique port de pêche du Vallon des Auffes et vous propose une cuisine méditerranéenne inventive et colorée, aux saveurs d’huile d’olive, de tomates et d’ail. Vous aurez aussi peut-être l’occasion d’y croiser quelques unes des nombreuses personnalités déjà séduites par l’établissement telles Zazie, Florent Pagny ou Claude Brasseur. Car depuis 1952, tous les amateurs de bonne cuisine provençale se retrouvent chez Fonfon…

15, avenue du Prado - 13006 Marseille 09 72 21 38 99 - www.kyosushi.com Les chefs japonais arrivent à Marseille ! Chez Kyo Sushi, les sushis sont préparés par des « Itamaés », professionnels de la cuisine japonaise authentique, exerçant cette pratique depuis au moins dix ans pour être habilités à préparer devant vous. Les chefs Kyo Sushi, et plus particulièrement le maître sushi Naoyuki Miyagama (fort d’une expérience de plus de 30 ans dans une chaine d’hôtels de luxe nippone), travaillent des recettes en respectant les valeurs culinaires japonaises. Sushi, sashimi, tataki, maki, chirashi... de nombreuses déclinaisons sont proposées. Pour assurer qualité et sécurité, le poisson est sélectionné, conservé et coupé selon les règles traditionnelles de cet art. Des plats chauds « maison » sont aussi réalisés à la minute : soupes Miso, Gyoza (raviolis), Yakitori (brochettes), etc. Service express sur place, à emporter, livré à Marseille, Aix-en-Provence et Plan de Campagne.

Photos : © Julien Openheim

fonfon

hiver 2010/2011

8e art magazine

129


abonnement

Retrouvez-nous sur

www.8e-art-magazine.fr

8 art Abonnez-vous à

hiver 2010

#13 MARSEILLE-PROVENCE

e

magazine n

ART & CULTURE FREEMAGAZINE

FUTURÉALISMEs

Les artistes de l’ère numérique s’exposent à Aix P. 15

et recevez votre magazine

et Aussi : NEWS

Marseille-Provence 2013

chez vous !

DOSSIER

Design 100% Marseille pORTFOLIO

Zineb Sedira au mac ...

Pour cela, il vous suffit de remplir le bulletin ci-dessous, et de nous le retourner accompagné de votre règlement à l’adresse suivante :

!

8e art magazine - 19, avenue de Delphes - 13006 Marseille

OUI Mlle

je souhaite m’abonner au magazine 8e art pour une durée d’un an (soit 4 numéros). Je règle par chèque la somme de 20 euros à l’ordre des Editions Bagatelle.

Mme

M.

Nom :

Prénom :

Adresse :

Code Postal :

e-mail :

Téléphone :

Date : __ / __ / 20__ En application de l’article 27 de la loi n°78-17 du 06-01-78, les informations qui vous sont demandées sont nécessaires au traitement de votre abonnement. Vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification des données qui vous concernent.

Je certifie être majeur Signature obligatoire >

Ville :




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.