L'étamine : bulletin d'information

Page 1

D始I N F O R M AT I O N 2 0 0 9

M I N E13

B U L L E T I N

SEE ET JARDINS BOTANIQUES CANTONAUX, LAUSANNE

L始 E T A


Directeur Gino Müller

Le 1er mars 1988, Jean-Louis Moret reprenait le poste de conservateur après une vacance de 7 ans consécutive à la promotion de Gino Müller au poste de directeur. La dotation en personnel des Musée et Jardins botaniques était alors portée à 10 ETP. Lʼouverture vers le public et les écoles, qui avait été initiée après le départ de lʼInstitut de botanique à Dorigny, a connu un essor important avec les premières expositions «maison», les publications de vulgarisation, la mise sur pied dʼateliers des enfants, la participation au ciné du Musée, à Ecole-Musée, la création de la Nuit des Musées lausannois, puis de Pâkomuzé, de la Semaine des Jardins botaniques suisses. Le succès a été immédiat, au point quʼil nʼest ni possible, ni souhaitable de revenir en arrière. Aujourdʼhui, les Musée et Jardins botaniques cantonaux sont bien connus et, semble-t-il, appréciés des visiteurs. Tout cela a été possible grâce au travail et au dévouement des collaboratrices et collaborateurs qui occupent toujours les... 10 ETP. Restrictions en personnel obligent, rien nʼa bougé depuis 1988 ! Mais le travail en «flux tendu» dépasse aujourdʼhui les limites, et le point de rupture a même été dépassé. Lʼheure est venue de dépasser enfin ce seuil fatidique de 10 ETP ! Puissions-nous être entendus !

Conservatrice/-teur Joëlle Magnin-Gonze (50%) Jean-Louis Moret Secrétaire Marie-Claude Bouyal (50%) Préparateurs Jacques Baeriswyl (55%) Mohammad Alam (50%) Chef jardinier Stéphan Cottet Jardinières/-iers Danièla Ducrest (50%) Mary-Claude Robert (60%) François Bonnet (80%) Christophe Leuthold (40%) Pierre-André Pilet (80%) Bertrand Piller Philippe Sauvain (95%) Personnel temporaire: Philippe Aquoise, graphiste; Marielle Delessert, bibliothécaire chargée du catalogage Virtua; Pascaline Jeanneret, assistante de bibliothèque; Monique Holdener, relieuse; Malik Benmachiche, Marjorie Borgna, Giovanni Curelli, Achille Grosvernier, Damine Trivelli, gardien(ne)s expo; Christel Bolomey, Larissa Cottet, Marie Leresche, Yann Rivière, surveillant(e)s au Jardin botanique de Lausanne.

Sommaire

Adriano Cabriolu, Daniel Eichkorn, Raphaël Gingins, assistants au Jardin alpin de Pont de Nant. Louisa Djadouri, Christophe Milani, Lucas Rauber, Anne Scheidegger, stagiaires au Jardin botanique de Lausanne.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Personnel temporaire subventionné ou stagiaires: Samuel de Almeida, Philippe Derungs, Jorge Augusto Melo Rosaro, Sarah Milani, Christian Steinwandter, Julio Vieira Dacruz, aides-jardinières/-iers.

Editorial Rosalie de Constant Présence hors les murs Botanica et Pâkomuzé 2008 8e Nuit des Musées lausannois Herbier revisité – Autour du pétasite Oh my God ! Darwin et lʼévolution Les champignons de Landwehr Darwin et la botanique La bibliothèque La flore dendrologique afghane Le Musée botanique Dons et dépôts Le Jardin botanique de Lausanne Le Jardin alpin de Pont de Nant Publications, congrès, conférences... Le pin Wollemi

1 2 4 6 7 8 9 10 12 14 15 16 17 18 20 23 24

1

21 ans déjà ! Tout change... rien ne bouge !

É D I T O R I A L

Administration


Le livre dʼor Difficile d’extraire un message plutôt qu’un autre parmi tous ceux qui figurent dans le livre d’or mis à disposition des visiteurs tant les éloges à Rosalie de Constant étaient unanimes. Les personnes qui ont indiqué leur origine venaient d’Allemagne, d’Angleterre, du Pays de Galles, d’Autriche, de Belgique, du Cameroun, du Canada, d’Espagne, de France, d’Italie, de Norvège, de NouvelleZélande, des Pays-Bas, de Russie, de Suède, de Tchéquie, des Etat-Unis d’Amérique et, bien sûr, de tous les cantons suisses.

LʼHerbier peint de Rosalie de Constant Le dessin de fleurs à la fin du XVIIIe siècle

2

Après une première présentation en 1994 à lʼoccasion de sa restauration, lʼherbier peint était à nouveau à lʼhonneur en 2008. La parution, à la Bibliothèque des Arts, dʼun ouvrage comportant 44 pages de textes de présentation, mais surtout 124 planches reproduites presque à lʼidentique et un DVD regroupant lʼensemble des 1245 aquarelles composant cet herbier a servi de support à une nouvelle exposition. Les très nombreux visiteurs ont pu admirer une sélection des originaux déposés dans les collections du Musée. Compte tenu de l'exiguïté de la salle dʼexposition, la fréquentation a été excellente, puisque nous avons comptabilisé 6ʼ107 visiteurs, ce qui représente une moyenne journalière de 50 personnes. Tiré à 1600 exemplaires, lʼouvrage a, lui aussi, connu un grand succès avec près de 90% des exemplaires vendus. Rien nʼaurait été possible sans la Loterie romande, les Fondations Ernst Göhner, Famille Sandoz, Leenaards, Ernest Dubois et le Service cantonal des affaires culturelles qui, par leurs dons à lʼAssociation des Amis des Musée et Jardin botaniques de Lausanne, ont permis à cette dernière de financer lʼopération. Quʼils en soient remerciés.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

E X P O S I T I O N S


3 E X P O S I T I O N S USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Un public nombreux a assisté au vernissage de l’exposition en présence de Mme AnneCatherine Lyon, conseillère d’Etat en charge de la culture. M. Jacques Perrin, président du Grand Conseil, est venu célébrer les 250 ans de Rosalie de Constant le 31 juillet.


Le nom des plantes en deux mots Grâce à sa présence sur notre site Internet, l’exposition réalisée en 2003 à l’occasion du 250e anniversaire de la nomenclature moderne par Linné a été présentée durant le mois d’avril au Mans (France), dans les locaux du Laboratoire de Biologie et Génétique évolutive de l’Université du Maine.

Hors les murs Vol dʼhirondelles et pelures dʼoignons au Muséum dʼhistoire naturelle de Grenoble Après avoir été présentée à 8 reprises en Suisse romande entre 2004 et 2006 et 4 fois au Tessin dans sa version italienne, lʼexposition commune des musées cantonaux de botanique et de zoologie «Vol dʼhirondelles et pelures dʼoignons» a traversé la frontière pour être montée, une dernière fois du 5 avril au 29 juin 2008 au Muséum dʼhistoire naturelle de Grenoble. A cette occasion, diverses animations ont été organisées par nos collègues français: parcours-découvertes de lʼexposition en compagnie dʼun animateur, ateliers pour enfants, cycle de films-documentaires, séances de contes, lectures publiques et même une conférence par un membre de l'Observatoire zététique de Grenoble. La zététique, «art du doute», est l'étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges.

4 USEE ET JARDINS BOTANIQUES

E X P O S I T I O N S

A gauche: Nouvelle affiche réalisée par les collègues grenoblois. A droite: Anne Freitag, conservatrice au Musée cantonal de zoologie, et Jacques Baeriswyl, préparateur au Musée botanique, procèdent aux derniers réglages lors du montage de l’exposition à Grenoble.


5

Modestement, les Musée et Jardins botaniques cantonaux ont apporté leur contribution à lʼexposition marquant lʼanniversaire de celui qui fut, entre autres, directeur des Salines, mais aussi botaniste et auteur de la première flore de Suisse. Toutes les reproductions présentées dans la Taverne du Dessaloir, au fond de la mine, étaient extraites de nos collections et mettaient en relation des gravures extraites de la flore de Haller et les dessins des mêmes espèces réalisées par Rosalie de Constant. De son côté, le jardinier de Pont de Nant rappelait les liens qui unissaient de Haller à Pierre et Abraham Thomas, ses principaux récolteurs, en créant une rocaille de plantes alpines près de lʼentrée de la mine (voir p. 21).

E X P O S I T I O N S

Notre propre exposition étaient en bonne place sur le panneau d’introduction de celle de Bex.

Hors les murs Le tricentenaire de la naissance dʼAlbert de Haller aux Mines et salines de Bex

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Une excellente publicité


Botanicaʼ08: Plantes envahissantes et exotiques

Pâkomuzé 2008

6

Pour la troisième fois, les Musées lausannois proposaient des animations pour les enfants durant les vacances de Pâques. A côté de la traditionnelle teinture des œufs à l’aide de colorants végétaux, les Musée et Jardin botaniques proposaient un atelier pour initier les enfants au dessin de fleurs et devenir, qui sait, des émules de Rosalie de Constant.

Le thème général de la deuxième semaine des Jardins botaniques suisses était «Les plantes en voyage». A cette occasion, les Musée et Jardins botaniques cantonaux ont préparé une exposition multisite invitant les visiteurs à un voyage dans les collections botaniques vaudoises. De nombreuses plantes exotiques arrivent chez nous. Au fil des ans, quelques-unes se plaisent tellement quʼelles deviennent envahissantes et posent problème ! Lʼambroisie à feuilles dʼarmoise, le palmier de Chine, le séneçon du Cap, les solidages géant et du Canada, ainsi que lʼimpatiente glanduleuse étaient présentées à Lausanne. LʼArboretum national du Vallon de lʼAubonne parlait des problèmes posés par le budlléa de David, lʼailante, le robinier, le chèvrefeuille du Japon, le sumac de Virginie et lʼindigo bâtard. Grande berce du Caucase, renouée du Japon, télékie élégante et lauriercerise étaient exposées à Pont de Nant. Pour sa part, le nouveau jardin «Gentiana» de Leysin a mis lʼaccent sur les plantes médicinales exotiques telles que lʼactée à grappes, le gattilier, la podophylle, lʼéchinacée, le ginkgo et enfin lʼherbe de la St-Jean, symbole de lʼété.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

M A N I F E S T A T I O N S

Œuf et anémone réalisés par les enfants (en couleurs bien entendu).


8e Nuit des Musées lausannois

7 M A N I F E S T A T I O N S USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Un geste évocateur pour dire «Bière» en langue des signes.

Le soleil était au rendez-vous, mais la température était fraîche pour la saison. Pourtant de nombreux visiteurs et beaucoup dʼenfants sont venus découvrir quelques-unes des nombreuses et parfois curieuses variétés de pommes de terre cultivées en Suisse. Ils ont également pu déguster des préparations aussi peu ordinaires que des confitures, clafoutis, bonbons et autres strudels, toujours à base de pommes de terre. A lʼoccasion de cette manifestation, les Musée et Jardin botaniques ont eu le très grand plaisir dʼaccueillir des personnes sourdes ou malentendantes pour lesquelles des animations ont été spécialement organisées avec lʼaide de la Fédération suisse des sourds et de Forom Ecoute. Des interprètes en langue des signes et en langage parlé complété leur ont permis de suivre les visites. Le but étant également de sensibiliser le public à un handicap souvent peu visible, un «bar des signes», installé par la Brasserie du Château, était tenu par des personnes sourdes et les clients devaient impérativement passer commande en langue des signes.


Herbier revisité — Autour du pétasite Une installation de Sylvie Demaurex-Bovy

Traces d'un parcours «Aussi loin que je me souvienne... j'ai toujours fait des herbiers, ramassé des cailloux collecté des bouts de bois puis décoré –école des arts et métiers à Vevey peint –académie Julian à Paris étudié –école du Louvre à Paris

E X P O S I T I O N S

fait des installations muséographiques –musée de la Vigne et du Vin à Aigle

F U T U R E S

conçu et réalisé des panneaux –sentiers viticoles «à la découverte des terrasses de Lavaux»

réalisé des expositions thématiques –musée historique et Salon des Antiquaires Lausanne aménagé des intérieurs –pinte de la Maison de la Dîme à Aigle

exposé mes encres et aquarelles –atelier le Bilboquet à Chexbres Je continue à collecter des bouts de bois ramasser des cailloux et faire des herbiers...» Sylvie Demaurex-Bovy

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

8

dessiné –chez des architectes à Paris et à Milan

«Le pétasite n'est pas une plante qu'il faut chercher: elle s'offre, à qui veut bien lui prêter attention, à profusion, généreusement, elle envahit les abords des ruisseaux, les lieux humides et frais, les remblais et les talus. Si l'on s'aventure dans cette marée végétale, on ne voit plus ses pieds, on se penche pour saisir dans cette forêt obscure une de ces tiges qui relie ces fabuleux entonnoirs à la terre… On tire dessus, on l'extirpe, on la brandit en vainqueur tel un parasol ou tel un parapluie, c'est selon, abri tout indiqué contre cette petite pluie fine qui s'obstine à tremper notre sommité chevelue, ne l'appelle-t-on pas «chapeau du diable»? L'automne venu, ces vastes surfaces de chlorophylle se trouent, se percent et virent au brun violet pour enfin, s'effondrer, s'affaler sur le sol et s'y confondre en une résille de tiges et de nervures noirâtres. Le printemps arrivé et la neige fondant, des jets roses émergent çà et là, et tout recommence.... Je vais créer une installation avec ces immenses chapeaux, leurs hampes florales, leurs plumets de graines et leurs petites feuilles en forme de coeur, afin que l'on se sente pris, comme enfermé, dans un monde végétal fascinant.» (Sylvie Demaurex-Bovy)


Du 21 août au 27 septembre 2008, de 10h à 18h. Tous les jours, entrée libre. Salle d’exposition du Musée botanique cantonal, Lausanne Entrée par le Jardin botanique Place de Milan – Montriond

Oh my God ! Du 30 octobre 2009 au 25 septembre 2010 au Palais de Rumine à Lausanne.

9

Pour commémorer lʼannée Darwin, les musées cantonaux de botanique, géologie et zoologie ont décidé de sʼunir pour une exposition de grande envergure. Unique en Suisse romande, elle se divisera en deux parties. Le première, permanente, sous le titre «Idée dʼévolution, évolution des idées» comportera les chapitres suivants: • Présentation chronologique de lʼévolution de la pensée avant 1859 • Charles Robert Darwin: biographie, voyage du Beagle • Accumulations de preuves, brouillons et ébauche de la théorie de la sélection naturelle • La grande synthèse: histoire de lʼouvrage «LʼOrigine des espèces» (1859) • Opposants et partisans de Darwin • Après Darwin: maturation du Darwinisme et regards sur la théorie de lʼévolution aujourdʼhui. La seconde, temporaire, se fera sous la forme dʼune promenade, dans une ambiance douce et colorée. Elle mettra en valeur les pièces des collections des trois musées en illustrant par des exemples concrets les notions présentées dans chacun des 4 chapitres: • Quʼestce quʼune espèce • Les mécanismes de lʼévolution • Les conséquences de lʼévolution • La disparition des espèces Elle comportera un espace récréatif présentant des robots évolutifs (en partenariat avec lʼEPFL), lʼévolution et la recherche aujourdʼhui (en partenariat avec lʼUNIL), ainsi que des jeux informatiques sur lʼévolution et la sélection naturelle.

F U T U R E S

Autour du pétasite

E X P O S I T I O N S

Oh my God ! Darwin et lʼévolution

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Les expositions


Les champignons de Landwehr

C O L L E C T I O N S

décision de déposer l’herbier peint des champignons de Jacobus Landwehr au Musée botanique cantonal. Ci-contre: Lépiote à écailles aiguës.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

10

Jacobus Landwehr (1911-1996) est surtout connu pour ses travaux sur les mousses, les hépatiques et les graminées de Hollande, ainsi que sur les orchidées dʼEurope (2 volumes publiés en 1977 en néerlandais et en 1982 en français). Il a également réalisé, à sa retraite dans le sud-ouest de la France, plus de 1000 dessins inédits dʼespèces de la flore française. Grâce à des liens qui se sont tissés entre J. Landwehr et Marianne et Alain Dessarps lors de la traduction et de la publication à Lausanne des ouvrages sur les orchidées, le Musée botanique a eu lʼopportunité, en 1989, dʼacquérir les planches originales ayant servi à leur illustration (260 planches en couleur et 146 dessins au trait). Par la suite, en 1995, les dessins originaux de graminées (2614 dessins réunis en 230 planches) ont également été acquis grâce à la Fondation E. et O. Moser. Désireux dʼéviter une dispersion de son oeuvre, J. Landwehr a toujours souhaité que les planches consacrées à la flore française viennent rejoindre les collections du Musée botanique cantonal. Ce vœu a été exaucé par son épouse qui en a fait don après le décès accidentel de leur auteur et les planches ont été déposées à Lausanne en 2000. Nous ignorions pourtant quʼen 1948 et 1949, Landwehr sʼétait également intéressé aux champignons et que, lors de son séjour à Lausanne à lʼoccasion de la traduction des ouvrages sur les orchidées, il avait fait la connaissance de René Morier-Genoud, co-auteur de lʼouvrage «Les quatre saisons des champignons» publié à la même époque. Suite à cette rencontre, Landwehr lui a donné ses dessins de champignons. Le 29 mai 2008, lors du vernissage de lʼexposition consacrée à Rosalie de Constant, René MorierGenoud nous a raconté cela et, surtout, nous a fait part de son désir dʼoffrir les dessins au Musée botanique, afin quʼils rejoignent le Fonds Landwehr. Cʼétait chose faite le 9 juin 2008 lorsquʼil nous remettait 93 planches en couleur représentant 106 espèces de champignons, annotées et, pour leur grande majorité, déterminées par lʼauteur. Elles ont Ci-dessus: Mycène à pied strié. été inventoriées et scannées avant dʼêtre conserRené Morier-Genoud communique à Alain Dessarps et à Gino Müller sa vées avec les autres herbiers peints.


USEE ET JARDINS BOTANIQUES

C O L L E C T I O N S

11


Charles Darwin, le botaniste (1809-1882)

E X P O S I T I O N S

Qui ne connaît Darwin lʼévolutionniste, savant renommé, auteur de «LʼOrigine des Espèces». Lʼouvrage, publié en 1859, est considéré par certains comme le deuxième ouvrage le plus important de lʼhumanité après la Bible. Même si cette vision très occidentale est exagérée, il nʼen est pas moins certain que le contenu de lʼouvrage a provoqué un véritable séisme dans les esprits. Cette «manière dʼenvisager la vie», comme la qualifie lui même son auteur, propose une nouvelle conception de la nature. Celle-ci nʼest plus une création divine fixée et dont la finalité est la perfection, donc la position dominante de lʼêtre humain. Elle devient un ensemble dʼêtres vivants liés entre eux par une généalogie. Leur grande variabilité se fait au hasard, et on imagine un phénomène évolutif dont le mécanisme principal est la sélection naturelle. Cette nouvelle philosophie nʼa pas été reçue avec le même engouement par tous. Darwin a essuyé de cruels sarcasmes et dû affronter de fortes oppositions tant religieuses, philosophiques que scientifiques ! Après 1859, Darwin se consacre avec passion à lʼétude des végétaux car, comme il le dit dans son autobiographie, «rien au cours de ma vie scientifique ne mʼa probablement donné autant de satisfaction que dʼétablir la signification de la structure des plantes». En 1841, son ami, le savant anglais Robert Brown lui suggère de lire lʼouvrage de Christian Karl Sprengel intitulé «Das entdeckte Geheimniss der Natur» (Le secret de la nature découvert dans la forme et la fécondation des fleurs), publié en 1793. Cette lecture est une véritable révélation qui incite Darwin, déjà très intéressé par le sujet, à multiplier les observations sur les végétaux. Pendant quarante ans, dans son jardin, il fait de nombreuses expériences. Cʼest Chez Lythrum salicaria, il nʼy a ainsi quʼil confirme «les mérites du pauvre vieux pas deux, mais trois formes difféSprengel, si longtemps sous-estimés» comme le dit rentes (trimorphisme floral). Darwin. En 1862, il publie un petit livre sur la fécondation des orchidées où il décrit la fécondation croisée des fleurs par les insectes et illustre tous les stratagèmes utilisés par la fleur pour attirer lʼinsecte pollinisateur. La même année, il publie un article sur le dimorphisme floral des primevères, puis dʼautres sur diverses plantes di- ou trimorphiques qui, en 1877, USEE ET JARDINS BOTANIQUES

12

En 1838-1839, Charles Darwin remarque un dimorphisme floral chez plusieurs espèces (lin, pulmonaires, androsaces, oxalis, etc.) Chez les primevères (Primula veris et P. acaulis), il note la présence régulière de deux formes: l’une à pistil court et l’autre à étamines courtes. Il est convaincu que ces primevères sont en train de devenir dioïques par atrophie d’un des deux sexes. Après quelques expériences d’hybridation entre les deux formes, il se rend compte que des fleurs à pistil court fécondées par du pollen d’étamines courtes donnent plus de graines qu’avec du pollen d’étamines normales. Il devient alors évident pour lui que ces deux formes pourtant hermaphrodites, entretiennent une relation similaires à celle de deux sexes chez un animal.


USEE ET JARDINS BOTANIQUES

13 E X P O S I T I O N S

seront réunis dans «The different forms of flowers on plants of the same species» (Des différentes formes de fleurs dans les plantes de la même espèce). Il y explique les avantages de la fécondation croisée: le croisement entre des fleurs de formes différentes produit plus de graines qu'entre deux fleurs identiques. En 1860, il commence la rédaction d'un ouvrage volumineux sur la variation des plantes et des animaux sous l'action de la domestication quʼil publiera en 1868. Darwin y livre toutes ses observations sur les productions domestiques et aborde les causes et les lois de la variation. Les cas des choux, pommiers, orangers, pommes de terre et autres plantes alimentaires sont commentés. En 1864, Darwin écrit un article sur les plantes grimpantes qu'il publie, en 1875, sous le titre «The Movements and Habits of Climbing Plants» où il démontre que «les plantes deviennent grimpantes, afin dʼatteindre la lumière et dʼexposer une large surface de leurs feuilles à son action et à celle de lʼair libre [...] avec une dépense prodigieusement faible de matière organisée en comparaison des arbres [...]». En 1875, seize ans après ses premières observations sur les plantes carnivores, Darwin publie «Insectivorous Plants». Il y montre comment la plante vivant en milieu très pauvre en matières nutritives s'est adaptée pour devenir capable de décomposer et de digérer les substances animales. Lʼannée suivante, il complète son ouvrage sur les orchidées avec «The Effects of Cross- and SelfFertlisation in the Vegetable Kingdom». Il expose la perfection des dispositifs qui favorisent la fécondation croisée notamment les procédés de transport du pollen. Enfin, en 1880, il publie «The Power of Movement in Plants» (Faculté motrice chez les plantes) où il montre que toutes les plantes ont la capacité de se mouvoir. Le botaniste Charles Martins, traducteur de Darwin, résume parfaitement lʼœuvre botanique de celui-ci lorsquʼil relève «que les ouvrages de M. Darwin sont tous des modèles dʼobservation attentive, minutieuse, dʼexpérimentation habile et patiente, de déductions sobres et rigoureuses».


14 A C T I V I T E S

Daniel Cherix: Soc. d’Hist. Nat. du Pays de Montbéliard; L’herbier de Georges Cuvier. Jean-Louis Moret: Correspondance de Benjamin et Rosalie de Constant; Le nom des plantes en patois; Blüenhende Pfl. am Mittelmeer/L. Kreckel-Renner. Didier Coigny: Tableau de l’agriculture toscane. Fam. Bridel: Salomon Schinz et documents reliés de 2 autres provenances. Mohammad Alam: La fleur vivante dans l’art d’Occident. Annelise Dutoit: Wild flowers of northern Oman + 17 livres. Françoise Hoffer: Messager boiteux; Gessner/Braun, Annuaire officiel du Canton de Vaud (1846). Betti Galimidi: Les plus belles plantes de la bible. Pierre Mingard: Orchidées passion + 11 brochures sur les orchidées; Fruits sauvages/ Quinche; Orchidées de la Réunion; Guide pratique des remèdes naturels; L’art de créer et de soigner un jardin. Henri Ceppi: Flora ferroviaria. Françoise Braun: Simple histoire de mon verger/ Paul Bruzon; L’herbier légendaire/ Marie Gevers; Physionomie et goûts des fleurs sauvages/ Andrée Martignon. Colette Cosnier: un ouvrage d’Henriette d’Angeville.

La bibliothèque Mohammad Alam, préparateur et aide bibliothécaire, sʼest chargé de la préparation, de la réception et du rangement des prêts et des périodiques. La bibliothèque a également bénéficié pendant quelques mois du travail et des compétences de Pascaline Jeanneret, actuellement en recherche dʼemploi. Après avoir enregistré près de 200 ouvrages en attente depuis parfois des années, elle sʼest attelée au scannage et à lʼenregistrement de gravures anciennes. Elle a photographié les 2ʼ595 gravures de la «Flora Anglica» de James Sowerby quʼelle a ensuite mis en lien avec la base de données de la bibliothèque. Ces gravures sont donc aujourdʼhui très facilement consultables sans manipulation des ouvrages. La réception des visiteurs, les recherches documentaires, la gestion des acquisitions, des prêts et des travaux de conservation ont constitué une part importante du travail de la conservatrice. Un effort considérable a été porté, cette année encore, à la mise en valeur des collections de la bibliothèque par la préparation de lʼexposition et de la publication concernant Rosalie de Constant, à la présentation à trois reprises dʼune conférence sur lʼhistoire de la sexualité végétale et à la rédaction dʼune seconde édition, revue et augmentée, de lʼ«Histoire de la botanique», à paraître en 2009.

Le nénuphar blanc, tiré de la «Flora Anglica» de James Sowerby.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Dons à la bibliothèque


En arrivant en Suisse, il était toujours préoccupé par cette question. En travaillant aux Musée et Jardin botaniques cantonaux de Lausanne, il s’est aperçu qu’il existait des informations sur la végétation de l’Afghanistan, mais qu’elles étaient très éparses. Il a alors réuni une centaine de ces travaux dont sont issus deux premiers articles:

Depuis plusieurs années, Mohammad Alam sʼest attelé à la rédaction du premier ouvrage consacré aux plantes ligneuses afghanes, un livre de plus de 580 pages intitulé «Trees, Shrubs and some Subshrubs of Afghanistan». Après une introduction consacrée aux caractères dendrologiques et écologiques essentiels des plantes ligneuses, lʼouvrage présentera 559 espèces regroupées en 142 genres et appartenant à 63 familles, dont 452 espèces ligneuses indigènes afghanes qui sont traitées en détail (forme, taille, feuilles, inflorescence, fleurs, fruits, graines, bois, écologie, phytosociologie, valeur économique, distribution générale et afghane). De nombreuses espèces sont accompagnées dʼillustrations tirées des herbiers de Genève (G), Vienne (W) et Lausanne (LAU): 383 photos en couleurs et 42 dessins en noir et blanc. Les noms scientifiques des espèces sont suivis des éventuels synonymes et, le plus souvent, de leur nom vernaculaire. Lʼouvrage se terminera par un glossaire des termes techniques et professionnels et un index des noms scientifiques des espèces et de leurs synonymes.

15

Durant ses études supérieures, sa carrière professionnelle comme chercheur au Ministère de l’Agriculture, puis professeur à la Faculté d’Agriculture de l’Université de Kaboul, Mohammad Alam a constaté un important manque d’informations sur la flore indigène afghane. La guerre, la situation économique et, surtout, le manque d’expertises, l’empêchaient de réaliser un tel ouvrage.

La première flore dendrologique afghane bientôt publiée à Lausanne

A C T I V I T E S

Les origines

–Trees, Shrubs and some Subshrubs of Afghanistan. Bull. Soc. Vaud. Sc. Nat. 89.1: 13-63 (2004). Echantillon du pistachier de Kaboul (Pistacia atlantica Desf. subsp. cabulica (Stocks) Rech.f.) tiré de l’herbier K.H. Rechinger, déposé au Conservatoire botanique de la Ville de Genève.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

–Bref aperçu de la bibliographie botanique afghane, première étape d’un guide dendrologique et sylvicole. Bull. Soc. Vaud. Sc. Nat. 88.3: 381-399 (2003),


Envoyer une exposition à l’étranger, en France dans le cas particulier, peut réserver bien des surprises. La douane n’a fait aucune difficulté lors de l’expédition du matériel de l’exposition Linné au Mans; en revanche, elle réclamait le paiement de la TVAsur la valeur d’assurance à son retour, alors qu’il s’agissait d’un prêt (!). Heureusement, cette taxe a pu être récupérée.

16

Jean-Louis Moret a établi, avec la multitude de détails demandés, les papiers (livret ATA) nécessaires à l’exportation temporaire au Muséum d’histoire naturelle de Grenoble de l’exposition «Vol d’hirondelles et pelures d’oignons». Il a ainsi •••

A C T I V I T E S

Page dʼaccueil du nouveau www.botanique.vd.ch

Le Musée botanique Comme mentionné dans les pages précédentes, lʼannée 2008 a été principalement marquée du sceau de Rosalie de Constant, avec la sortie dʼun magnifique livre dʼart et la grande exposition qui lʼa accompagné. Cela a permis de faire connaître, loin à la ronde, la richesse des collections botaniques vaudoises conservées au Musée, mais aussi, indirectement, de permettre aux visiteurs de découvrir le jardin. Les actions dirigées vers le public continuent à se développer et toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs y consacrent de plus en plus de temps. Mais il ne faut par pour autant oublier le travail en coulisse, à commencer par la gestion des collections. Tout cela doit malheureusement se faire sans augmentation de la dotation en personnel. Gérer et promouvoir le Musée et les deux Jardins occupent une part importante du temps du directeur. La seconde tâche est certainement la plus gratifiante, lorsquʼelle se concrétise par une fréquentation réjouissante des activités. Depuis quelques mois, la promotion peut compter sur la mise en place définitive du nouveau site Internet sur la plateforme commune aux Musées cantonaux. Cela ne sʼest pas passé sans mal, mais le directeur, qui fonctionne comme répondant informatique, a pu compter sur lʼaide efficace de Mme Dominique de Bardonnèche. Merci à elle. La gestion au quotidien, parfois dans lʼurgence, est un travail de lʼombre indispensable à la bonne marche des institutions. Lʼannée a été marquée par la préparation des dossiers concernant le personnel, afin de défendre au mieux la spécificité du travail de chacun et dʼéviter, autant que possible, les tensions issues dʼun traîtement parfois pour le moins obscur. Le directeur assume toujours la présidence de la Coordination des Musées de Lausanne et Pully et siège au Conseil de la Fondation Gentiana, à la commission de surveillance de la convention avec lʼUniversité et dans divers groupes de travail en relation avec lʼharmonisation informatique du SERAC, le futur de Rumine, le réaménagement du Musée du Chablais. Lʼannée du conservateur J.-L. Moret, comme à lʼaccoutumée, sʼest répartie en plusieurs activités en fonction des exigences extérieures (actions site Internet. dʼurgence) et intérieures (tâches à long terme). Il a USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Expositions montées à lʼétranger


Herbier Perceval de L’Oriol, donné par ses arrières petitsenfants, Mme Frederic Haarman et M. Jean-Pierre de L’Oriol, à Crassier (Vaud), ainsi qu’une presse à plantes. Hoirie Reymond-Cuendet: «Choix des plus belles fleurs» de P.J. Redouté, préface de Colette, Paris, librairie Denis, 1939. Le Jardin botanique a reçu des plantes de MM. Stéphane Hugentobler et Yves-André Utz.

17

Herbier réalisé en 1905, dans les environs de Winterthur par un aïeul de M. Roland Wetter, Mont d’Or 11, 1007 Lausanne.

A C T I V I T E S

Dons et dépôts

accueilli plusieurs scientifique venus consulter les herbiers depuis lʼEspagne, le Japon, la France et… la Suisse. Il a participé à plusieurs excursions et séances concernant les plantes rares du canton de Vaud et animé un atelier de détermination des saules. Il participe toujours à la Coordination romande de la flore et au projet Aquifor, en compagnie de François Clot. Enfin, il a publié plusieurs articles, seul ou en collaboration (voir bibliographie) et rédigé les textes des panneaux dʼinformation dans la zone naturelle des Grangettes (en compagnie dʼOlivier Epars, Alain Stuber et Diego Salvatore de la Fondation des Grangettes). Il a participé à la conception et au montage de deux expositions, «Lʼherbier peint de Rosalie de Constant» et «Vaud patrimoines? Vaud patrimoines!», une production de RéseauPatrimoineS, et assuré trois visites guidées de la première (dont une pour la Radio Suisse Romande) et une de la seconde, en compagnie de Mme Anne Leresche Roech et de M. Gilbert Coutaz. Il siège encore au comité de lʼArboretum national du vallon de lʼAubonne et à celui de RéseauPatrimoineS et participe aux travaux de la Commission M14 de surveillance de lʼexploitation des graviers de la basse plaine du Rhône. En revanche, après 33 ans dʼactivité, il a démissionné du Comité de Gestion des réserves naturelles des Grangettes. «Homme à tout faire» est un métier quʼil nʼa pas été possible dʼintégrer dans la définition des fonctions. Pourtant cʼest ce qui caractérise le mieux les multiples tâches assumées par le préparateur Jacques Baeriswyl: transports, gestion de lʼatelier, des stocks à Lausanne et à Lucens, montage dʼexpositions, conciergerie, bricolages divers, etc. Son collègue Mohammad Alam est plus particulièrement affecté aux collections et à la bibliothèque. Il participe également à la mise à jour de lʼimportant herbier mycologique du professeur Clémençon sous la direction de ce dernier. La comptabilité, le courrier, lʼéconomat, le téléphone, la préparation des décomptes dʼheures des auxiliaires et de vacations des collaborateurs, mais aussi les inscriptions aux diverses activités, lʼaccueil des visiteurs, voilà les nombreuses tâches que la secrétaire Marie-Claude Bouyal-Zweifel peine de plus en plus à accomplir dans le cadre de son mitemps. USEE ET JARDINS BOTANIQUES

••• pu apprécier l’extraordinaire précision et le formidable foisonnement administratifs nécessaire à une telle transaction. L’expérience fut d’autant plus intéressante que le transporteur n’ayant effectué aucune des démarches nécessaires et obligatoires aux postes de douanes, le travail préparatoire s’est avéré inutile !


Le Jardin botanique de Lausanne

A C T I V I T E S

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

18

Depuis lʼarrivée de Christophe Leuthold en 2003, le personnel fixe du jardin nʼa plus connu de modifications malgré lʼaugmentation constante des tâches. En effet, même si lʼentretien et le développement des collections constituent la mission principale des professionnels très «pointus» qui travaillent au jardin, les demandes du public occupent une part de plus en plus importante de leur temps. Il y a bien sûr les nombreux visiteurs qui profitent de leur compétence pour glaner des renseignements allant de la détermination des espèces les plus diverses à la recherche de conseils de culture ou de soins aux plantes et de lutte contre les parasites. Mais il y a aussi les visites guidées, les passeports vacances, les ateliers des enfants, le ciné du musée, Pâkomuzé, la semaine des Jardins botaniques suisses et la Nuit des musées. Par bonheur, cette année encore, lʼéquipe a bénéficié de lʼaide de six auxiliaires proposés par divers services sociaux et représentant environ lʼéquivalent dʼun poste à temps plein. Huit jeunes, se préparant aux métiers de lʼhorticulture, ont également effectué des stages dʼune semaine à trois mois. Lʼinstallation du jardin à Montriond remonte à plus de 60 ans et, comme chaque année, diverses réparations aux infrastructures ont dû être réalisées par le SIPAL. La fenêtre principale du bâtiment des jardiniers a été remplacée en respectant les plans de Laverrière. Des chenaux ont également été réparés, permettant dʼaméliorer la récupération de lʼeau de pluie pour certaines cultures délicates. Dans lʼallée principale, le remplacement des conduites dʼeau sʼest poursuivi, améliorant du même coup les possibilités dʼarrosage. La situation du jardin, à flanc de colline, soumet les chemins à de fortes contraintes, en particulier liées au ravinement. Dʼimportants travaux de réfection ont été réalisés, accompagnés de la poursuite de lʼinstallation de lʼarrosage semi-automatique dans les rocailles. L’abattage de l’ailanthe malade a nécessité des moyens lourds pour épargner le grand portail. Toutes ces améliorations servent à faciliter le travail principal des jardinières et jardiniers, effectué dans lʼombre et pourtant capital: lʼentretien, le renouvellement et lʼaugmentation des collections. Nous ne le répéterons jamais assez, un jardin botanique est un musée vivant. Rien nʼest jamais acquis à long terme !


19

Laurent Barraud, maître socioprofessionnel ébéniste, a suivi la réalisation du projet par les préapprentis, encadrés par les assistants de préformation professionnelle Joël Gamboni, (plâtrier-peintre), Marco Santagata, (constructeur-métallique), Benjamin Pouly (monteur-électricien) et Michael Porret (menuisier-charpentier).

A C T I V I T E S

Les directions du COFOP (Centre d’Orientation et de Formation Professionnelles) et du Jardin botanique de Lausanne se sont rencontrées dans le cadre du projet de remplacement de la serre chaude. Celuici n’ayant, pour l’heure, pas abouti, le COFOP a proposé de réaliser une maquette du Jardin, proposition accueillie avec enthousiasme. L’unité bâtiment et artisanat du CHARTEM (Centre Horizon d’Activités et de Relais Transition Ecole-Métiers professionnelles) en a alors reçu le mandat.

Même des arbres, apparemment indestructibles, peuvent souffrir au point de rendre leur abattage inéluctable. Cʼest ainsi que lʼailanthe situé près de lʼentrée principale, malade depuis plusieurs années, a dû être supprimé, plusieurs branches maîtresses menaçant de se rompre. Dans les autres secteurs, la disparition dʼune plante nʼest certes pas aussi spectaculaire, mais jardinières et jardiniers font tout pour lʼéviter, permettant aux visiteurs de découvrir et dʼadmirer plus de 6ʼ000 espèces qui naissent, se développent, fleurissent et fructifient dans le jardin. A cela sʼajoutent les plantes qui sont élevées et conservées à lʼextérieur, en particulier dans la petite serre froide mise à notre disposition par lʼHôpital de Cery, dans le jardinet caché derrière le bâtiment principal et dans la pépinière située à lʼextrémité des jardins familiaux. Une très grande majorité des plantes arrivent au jardin sous forme de graines grâce à des échanges au sein dʼun réseau mondial très bien structuré et qui sʼefforce de répondre aux impératifs de la protection de la biodiversité. Mais, pour recevoir des graines, il faut également en offrir, raison dʼêtre des catalogues proposés chaque année et alimentés par les récoltes dans le jardin. A un niveau plus local, cette protection des espèces passe parfois par des cultures ex situ de plantes particulièrement menacées, un rôle que le jardin botanique de Lausanne assume depuis plusieurs années en multipliant des espèces emblématiques de la flore vaudoise que sont la saxifrage œil de bouc, la petite massette, le mouron délicat et le vélar couché.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Une maquette de 4 mètres carrés


Vue plongeante sur La Thomasia Al’occasion de la mise en ligne du nouveau site Internet des Musée et Jardins botaniques cantonaux, une série de photographies «aériennes» ont été réalisées par François Bonnet et Gino Müller à partir des contreforts du Grand Sex, au-dessus de l’Arbalesse, d’où l’on jouit d’une vue magnifique sur le site de Pont de Nant et sur le vallon.

La Thomasia, Jardin alpin de Pont de Nant

20

Le jardin a été officiellement ouvert le 10 mai pour le week-end de la Pentecôte. Il s’agit d’une date relativement précoce, avec un retour du froid dans les jours qui ont suivi. Durant toute la saison, la météo fut en dents de scie, alternant pluie et beau temps, froid et chaud, avec de violents orages et des coups de fœhn importants. Ces deux dernières années, les gros orages ont d’ailleurs modifié de manière importante le relief du vallon. Pour le jardin, cette météo capricieuse a eu pour conséquence majeure qu’il ne s’est pas toujours présenté sous son meilleur jour, puisqu’il fallait, après chaque orage, plusieurs jours de soleil pour que les fleurs redressent la tête et brillent à nouveau de tout leur éclat. Si la plupart des espèces ont fleuri, les floraisons se sont enchaînées rapidement et de manière brève, ce qui a d’ailleurs également été le cas pour beaucoup d’espèces sauvages dans le vallon. La floraison d’automne fut, elle aussi, précoce et brève, comme si la nature avait pressenti que les premières neiges recouvriraient le jardin le 4 octobre déjà. Grâce aux floraisons nombreuses, on pouvait s’attendre à une forte production de graines, mais la situation météo paradoxale n’a finalement permis qu’une maigre récolte, spécialement pour les espèces d’altitude.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

A C T I V I T E S


21

Image du Jardin alpin dans un endroit visité par un très nombreuxpublic,cetterocailleconstitue une excellente publicité.

A C T I V I T É S

A l’occasion de l’inauguration, le 6 juin, de l’exposition consacrée à «Albert de Haller» aux Mines de sel de Bex (voir p. 5), et à la demande de la direction de ces dernières, François Bonnet a construit une petite rocaille près de l’entrée de la mine du Bouillet.

Le jardin sʼétant endormi très tôt, lʼautomne a été plutôt lʼoccasion dʼeffectuer des travaux de bûcheronnage en retard et dʼédifier un couvert pour le bois de construction. Comme chaque année, grâce à un subside accordé par le Service des affaires culturelles, trois stagiaires se sont succédés tout au long de la saison pour aider à lʼentretien du jardin. A la demande de la société dʼalpage, ils ont également participé à lʼéradication, à la bêche, des berces du Caucase, dans le champ voisin, ces plantes envahissantes provenant certainement du jardin où elles ont été introduites, sans problème durant près de 100 ans, à la fin du XIXe siècle. Dʼimportants travaux de rénovation de lʼauberge ont débuté à lʼautomne avec, entre autres, la construction dʼune station dʼépuration. Le chalet du jardin étant relié à lʼancienne fosse septique de lʼauberge, cela a entraîné la recherche des canalisations, ainsi que leur réfection. Les installations électriques ont également été corrigées, puisquʼun tableau extérieur est maintenant obligatoire. Enfin, une panne de la ligne téléphonique utilisée pour transmettre les données du sismographe, a obligé le jardinier à plusieurs allers et retours à Pont de Nant durant lʼhiver et a même nécessité la venue dʼun employé des télécommunications fin décembre.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Un vitrine de tout premier choix


Avec le renard qui profite des passerelles, la génisse qui semble apprécier les groseilles, la vipère qui se chauffe au soleil et les truites qui peuplent le bassin, la vie est partout dans le jardin.

22 A C T I V I T E S

Parmi les activités particulières, relevons la 2e semaine des Jardins botaniques suisse, «Botanicaʼ2008» qui sʼest déroulée du 14 au 22 juin (page 6). A cette occasion, la Thomasia a connu une bonne fréquentation en lien avec lʼampleur des moyens dʼinformation mis en place. Une journaliste de la radio est également venue réaliser une interview du jardinier. Début juillet, les journées de la biodiversité ont amené dans le vallon plusieurs spécialistes en botanique, zoologie et mycologie. Les mycologues, en particulier, ont profité du chalet pour entreposer leur matériel et examiner leurs trouvailles. Outre les demandes traditionnelles de visites, le jardin a accueilli le personnel des musées de Montreux en juillet, un groupe de Tütlingen, en lien avec la fête du jumelage de cette commune allemande avec Bex, en septembre et quelques membres de lʼuniversité de Boulder-Colorado en octobre, accompagnés par des botanistes de lʼUNIL, dont Christophe Randin qui a travaillé une année avec eux aux Etats-Unis. En juin, Jacques Baeriswyl a aidé à réparer la plus ancienne passerelle du jardin qui sʼétait effondrée, Joëlle Magnin-Gonze a redéterminé et rempoté sa collection de gentianes et Jean-Louis Moret est venu établir une liste dʼespèces à introduire dans le nouveau marais. Suite à sa visite, décision a été prise dʼabattre un épicéa qui projetait trop dʼombre sur cette zone humide. Pour sa part, Gino Müller, en dehors de ses visites habituelles, est venu veiller sur le jardin durant une semaine en août, permettant ainsi au jardinier de prendre quelques vacances en famille et de faire le Tour des Muverans.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

De bien curieux visiteurs


2.–Participation M. Vust. Les lichens de la Ville de Lausanne (J.-L. Moret). RéseauPatrimoineS. 24 avril. F. Hoffer. Montheron – Le Chalet-à-Gobet (J. MagninGonze, J.-L. Moret). CVB, 17 mai. Ch. Bornand. Journée de recherche floristique, Chavornay – plaine de l’Orbe (J. Magnin-Gonze, J.-L. Moret). CVB, 19 juillet.

Interview J.-L. Moret «L’herbier peint de Rosalie de Constant». RSR La Première. Cécile Guérin, émission Impatience. 4 juin. G. Müller «Botanica’08» à Pont de Nant et à Leysin. Radio-Chablais. 16 juin. G. Müller «Les plantes de l’été au jardin botanique de Lausanne». TSR-Téléjournal. 21 juin.

Cours et travaux pratiques donnés J.-L. Moret. Atelier de détermination des saules. CVB. 15 novembre.

Cours suivis

Portraits de botanique • Moret J.-L., 2008. La pomme de terre. Portrait de botanique 31. 28 p. • Moret J.-L., 2008. Le lierre. Portrait de botanique 32. 16 p. Participation à des congrès • Stéphan Cottet, Christophe Leuthold, Bertrand Piller. Réunion annuelle de lʼAssociation des jardins et collections botaniques suisses (HBH). • Danièla Ducrest, Mary-Claude Robert, Bertrand Piller, Pierrre-André Pilet. Journée technique des anciens de Lullier. • Mary-Claude Robert, Philippe Sauvain. Journées techniques HBH. • Gino Müller et Bertrand Piller. Journées techniques des Jardins botaniques de France sur le thème des serres à Lyon.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

G. Müller. Divers cours au CEP en relation avec la gestion informatique et le site Internet.

Conférences • J. Magnin-Gonze «La sexualité des plantes». Cercle ornithologique et des sciences naturelles dʼYverdon-les-Bains. 10 janvier. • J. Magnin-Gonze «Histoire de la découverte de la sexualité chez les plantes». Plantes et Rocailles. 28 février. • J. Magnin-Gonze «Historique de la reconnaissance de la sexualité des plantes». Association des Amis du Jardin botanique de Genève. 13 mars. • J.-L. Moret et A. Jaques «Le nom des plantes en patois vaudois». Association vaudoise des Amis du Patois. 24 mai.

23

1.–Organisation J.-L. Moret. Les Grangettes. Connaissance 3. 24 et 25 juin.

Publications • Breton L., Hofmann A., Magnin-Gonze J., Moret J.-L., Müller G., 2008. Le dessin de fleurs à la fin du XVIIIe siècle. Lʼherbier peint de Rosalie de Constant. Lausanne, Musée botanique cantonal et La Bibliothèque des Arts. 312 p. + DVD. • Mingard P., 2008. Les fougères, prêles et lycopodes du canton de Vaud. Mém. Soc. vaud. Sc. nat. 2. 198 p. • Moret J.-L., Jaques A., 2008. Le nom des plantes en patois vaudois. Mém. Soc. vaud. Sc. nat. 21. 248 p. • Moret J.-L., 2008. Le Livre blanc et les Documents, bilan et bibliographie. Documents du RéseauPatrimoineS 10: 13-22. • Moret J.-L., 2008. Les plantes introduites à la Vallée de Joux. Bull. Cercle vaud. Bot. 37: 95-105. • Moret J.-L., 2008. Liste des Carex du canton de Vaud. Bull. Soc. vaud. Sc. nat. 91.2: 129-155.

A C T I V I T E S

Excursions


Au printemps 2008, un exemplaire d’environ 50 cm a été placé en pleine terre au Jardin botanique. En effet, selon les expériences acquises en Australie, il résiste à des températures variant entre -5 et 45°C et même des minima à -12°C. Abrité sous une toile, il a parfaitement supporté l’hiver qui s’achève et semble s’être bien acclimaté puisqu’il dépasse aujourd’hui 80 cm de haut et développe de nombreux bourgeons.

Le pin Wollemi (Wollemia nobilis)

24 A C T I V I T E S

Durant lʼère secondaire et la période appelée Carbonifère, il y a environ 300 millions dʼannées, les conifères dominaient les forêts. La famille des Araucariacées, quant à elle, est apparue il y a 250 millions dʼannées. Elle comprenait de nombreux genres, dont les derniers, à lʼexception de deux, Araucaria et Agathis, encore représentés dans lʼhémisphère sud, ont disparu il y a 2 millions dʼannées. Cʼest ce que lʼon croyait jusquʼen 1994 ! Cette année là, un garde-chasse australien, David Noble, a découvert tout à fait pas hasard une centaine dʼarbres totalement inconnus, de près de 40 m de haut, dans un vallon reculé du parc national Wollemi près de Sydney. Incrédules, les botanistes ont dû se rendre à lʼévidence: il sʼagissait dʼun genre nouveau, appartenant à la famille des Araucariacées, et ressemblant fortement à des fossiles datés de 90 millions dʼannées. Il fut baptisé Wollemia nobilis pour rappeler son lieu dʼorigine et le nom de son découvreur. Même sʼil est difficile dʼaffirmer que les fossiles connus appartiennent bien à la même espèce ou à des genres voisins aujourdʼhui disparus, cette découverte extraordinaire a fait une grande sensation dans le monde de la botanique. Outre les dispositions légales visant à protéger le pin Wollemi, le gouvernement australien a mis en place un programme visant à la sauvegarde de ce genre menacé. Afin dʼéviter un pillage, le lieu exacte de sa découverte est gardé secret. En revanche, sa culture a été développée à partir de graines dʼorigine, puis de boutures. Depuis 2005, ces dernières sont disponibles et vendues officiellement.

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

Un pin Wollemi à Lausanne


Musée de Botanique consultation des collections et de la bibliothèque sur rendez-vous Jardin botanique de Lausanne Montriond - Place de Milan Heures dʼouverture tous les jours: mars - octobre 10h à 17h30; mai à septembre ouvert jusquʼà 18h30. Serres fermées de 12h à 13h30 Adresse postale des deux: 14 bis, avenue de Cour, 1007 Lausanne Tél. 021 316 99 88 - Fax 021 616 46 65 La Thomasia Pont de Nant, 1888 Les Plans-sur-Bex Tél. 024 498 13 32 Heures dʼouverture mai, juin, septembre et octobre, ouvert de 11h à 18h, fermé le lundi juillet et août de 11h à 19 h, tous les jours www.botanique.vd.ch info.botanique@vd.ch

2 0 0 9

USEE ET JARDINS BOTANIQUES

D ʼ I N F O R M A T I O N

conception: studio philippe aquoise, lausanne

B U L L E T I N


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.