Drash Mag - Juillet 2013

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FREE

S K AT E BOA R D I N G & U R B A N M AGA Z I N E E S P E C E S ° K E V I N V U ° P I O T R & YA R D Z ° M E TA L L I C AVA U ° M U Z A H ° S W I T N






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[dra∫]

n.f. Du flamand : draschen, pleuvoir à verse

Edito Jamais notre magazine n’aura si bien porté son nom. Averse passagère, pluie battante, crachin à la belge : la météo a trempé nos shoes durant ces trois derniers mois, un temps à ne pas mettre un skateur dehors. Et c’est pour ça qu’on est bien contents de l’ouverture du nouveau skatepark indoor, « flesh&bones » !

Photographe : Danny Lavrovski

Entre les gouttes, on a quand même pu vous ramener : du oldschool avec Metallic Avau, du schizo avec Muzah Van Tricht, les images de Switn, et plein d’autres trucs encore. Et avec les premiers rayons de soleil, on a pu chopper Kevin Vu au sommet de son art.

Bref, encore un bon numéro bien belge.

Belgium is not dead !

Sommaire

08 - No Comment - skateboard 14 - Kevin Vu - skateboard 26 - Flesh & Bones - skateboard 30 - Yardz - Piotr - art 38 - Muzah - tattoo - musique 46 - Switn - photographie 56 - Favorite Item - skateboard 61 - Espece - mode 68 - Metallic Avau - graffiti

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www.drashmag.be www.facebook.com/drashmag

Cover " Metallic Avau" by - Thomas Marchal - www.thomasmarchal.com Éditeur responsable - B.V.A.F. A.S.B.L. - 79, av. du pont de Luttre 1190 Bruxelles Directeur de la publication et publicité - Fegy Feuggelen - feg@drashmag.be Photographes - Thomas Marchal - Benjamin Speyer - Yassin Serghini Danny Levrovski - Vivian Hertz Rédactrice en chef - Selena Scalzo Journaliste - Alix Cleys Le médiateur - Thibault Lenaerts Design - Stoëmp

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Lieu : Aalter

Tricks : Kickflip

Skater : Evelien Bouillart

Photographe : Danny Lavrovski


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Lieu : Bruxelles

Tricks : Wall ride

Skater : Jarne Verbruggen

Photographe : Danny Lavrovski


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Lieu : Bruxelles

Tricks : Drop to drop

Skater : Bart Rampelbergh

Photographe : Benjamin Speyer


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I N T ER V I E W

Kevin Vu a 25 ans et skate dès qu’il a une minute depuis qu’il a 13 ans. Il vient de Zwevegen en Flandre et vit à Bruxelles depuis 2010. Rencontre.

Photographe : Benjamin Speyer Skater : Kevin Vu Tricks : Backside Tailslide Lieu : Bruxelles

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Parle-nous de tes débuts ? Mes parents avaient un restaurant qui donnait sur une grande place envahie par les skateurs. Au début j’y allais pour les emmerder, pour foutre un peu la merde… Jusqu’au jour où un pote a débarqué et m’a fait monter sur sa planche. J’ai très vite accroché et j’ai commencé à rider au skate parc de Zumiez. C’est là que j'ai rentré mes premiers tricks sérieux, et que je suis vraiment tombé amoureux du skate. Pourquoi tu skates ? A la base pour me défouler. Puis à force de progresser, j’ai eu envie de passer professionnel pour pouvoir en faire mon gagne-pain, mais en Belgique c’est quasiment mission impossible… Pourquoi mission impossible ? C’est un cercle vicieux. Je travaille à temps plein, donc je n’ai pas le temps ni la condition physique nécessaire. Je skate dès que j’ai un jour de repos. Si j’étais payé pour, je pourrais skater tous les jours et m’améliorer beaucoup plus rapidement.

Photo : Thomas Marchal

As-tu un spot favori ? Tu es plutôt skate parc ou street ? Street ! J’ai toujours ma planche dans mon coffre, où que j’aille. Par exemple, cet été je vais à Barcelone avec ma copine, mais je m’arrange toujours pour trouver un moment pour aller rider… J’aime beaucoup Bruxelles, il y a beaucoup de bons spots et toujours des potes motivés pour venir rouler et filmer. Y’a quoi dans ton MP3 quand tu skates ?

Kevin Vu - interview

Interview : Alix Cleys

Du rap hollandais, HEF et autres gangsta shit.

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Tes conseils pour un jeune skateur ? « Stay clean & Stay true » et skate à fond, tous les jours.


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Lieu : Courtrai

Tricks : Back Side Lipslide

Skater : Kevin Vu

Photographe : Benjamin Speyer


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Lieu : Brussels

Tricks : Gap Ollie

Skater : Kevin Vu

Photographe : Benjamin Speyer

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Lieu : Bruxelles

Tricks : 180 Back

Skater : Kevin Vu

Photographe : Benjamin Speyer


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Lieu : Bruxelles

Tricks : Frontside over crooks

Skater : Kevin Vu

Photographe : Benjamin Speyer


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Rudy Luyten — Flesh and Bones Skateboard facebook.com/Flesh-and-Bones-skatepark

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N E W S K AT EPA R K - F L E S H & B O N E S

Rudy Luyten est proprio du skateshop « FAB ». Il a créé le skatepark « the boneyard » à Turnhout, et vient d’inaugurer son nouveau projet : le skatepark « flesh&bones » à Alost. Détesté pour plein de raisons, adoré pour d’autres, il nous parle de son nouveau bébé.

« Dès le lancement du parc, on a réalisé qu’on était sur le point d’apporter un gros changement sur la scène skate et sur le point de vue des gens sur la situation du skate aujourd’hui. En Belgique, les rues sont toujours humides et les skateparks (sauf en été) sont soit trop petits, trop loin, ou trop mous pour le niveau que l’on a ici. Je ne dis pas que c’est un parc parfait pour tout le monde, mais c’est un parc dans lequel tu peux évoluer. Les kets suivent les vidéos du « berrics » et du « DC embassy » sur Internet en s’imaginant ce que ça donne en vrai. C’est pour cela que nous avons essayé de construire un parc avec assez de plats, des bordures, et pas mal de trucs assez sérieux pour les pros. Et une transition de plus de 40 mètre. Avec Michael Groenewegen et son équipe, nous avons voulu créer un truc jamais vu en Belgique. Les bordures sont typiquement américaines, et les bouches d’incendie viennent directement par avion de San Clemente ! La plus grande partie du parc est assez difficile pour la moyenne des skateurs, mais pour les tops de la scène belge et riders pros de l’étranger, ça sera une vraie plaine de jeux. Nous allons organiser différents types d’évènements : des barbecues du dimanche soir en passant par les tours pro américains et bien sûr les « battles » des shops (Vans) et notre propre « Flesh X Bones skate cup ».

Photo : Danny Lavrovski

En plus de ça, nous avons réfléchi à comment mixer la scène skate encore un peu plus. Parce que, au cas où vous ne le savez pas, nous avons construit ce parc avec nos propres moyens. Pas de subside ou de sponsors. Pas de grosses bagnoles, ou de chaînes en or : on a réinvestit tout notre argent dans l’industrie de skate…

Flesh & Bones

Et pour les gosses : vous pouvez acheter du matos sur Internet, mais vous ne pouvez pas ressentir la skatevibe sur Internet. C’est un message pour eux : please buy@your local skateshop ! »

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Lieu : Skatepark - Flesh & Bones

Skater : Ramsy

Photographe : Thomas Marchal



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ONE NIGHT WITH

Yardz - Piotr Artistes Photo : Yassin Serghini

www.facebook.com/last.yardz

Interview : Alix Cleys

www.facebook.com/piotr.osburne

Piotr & Yardz

Amis de longue date, Yardz et Piotr peignent et collent leurs dessins dans les rues de Bxhell, entre autres, depuis quelques années déjà. Un peu pour l’adrénaline, beaucoup pour la déconne (et la picole). Chaque pièce est unique, peinte à la main. Drash les a suivi lors d’une virée collage nocturne.

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22h30 Tout le monde est à peu près à l'heure au rendez-vous fixé, opé. Let's go ! 22h31 Il a fallu une minute à peine pour faire une première constatation... On a soif !!! 22h45 Alcool à gogo et une petite photo souvenir chez le paki. 22h58 Jack, William & Johnny sont parmi nous. Ça va mieux, on peut y aller. 23h00 Rouleaux en main, on recherche le spot idéal, on se balade en observant les murs de Bruxelles Ville. « Tu as un bâton pour la colle ? » « J’ai une tête à avoir un baton ? » 23h13 Premier chantier repéré. 23h20 Quelques mètres plus loin, on va préparer la colle. Souvenirs et vieilles anecdotes font la conversation. 23h42 Incroyable mais vrai, Piotr escalade les grillages, se fraye un passage parmi les tracteurs, grues et autres instruments de torture , et colle. Avec les mains. Un vrai punk. 23h44 Il est interrompu par les flics : « Tu viens ici ou on lâche le cabot » Il suffira de quelques mots sur la vie d’artiste pour qu'ils repartent. Aaaah nos bons vieux poulets belges... Tout est bien qui finit bien. 00h00 Les impressions de Piotr sur ses aventures folles : "Il sait pas préparer la colle."




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00h05 On se dirige vers un deuxième spot. Rebelote, colle, picole. 00h15 Yardz déroule son énorme loup pendant que Piotr cherche quelque chose aux alentours pour pouvoir le coller bien haut.

00h17 Sur la pointe de ses pieds, il colle son affiche. Piotr n’est pas loin. Ils sont concentrés et tout à coup silencieux... on dirait deux enfants sages, concentrés sur leurs devoirs.

00h25 Les deux affiches posées, on fête ça en dansant avec une bande de vieux chats noirs qui rôdaient dans le coin jusqu'au petit matin....

Retrouvez toutes les photos de la virée sur facebook.com/DrashMag

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I N T ER V I E W

Muzah Van Tricht Tattoo - Musique

Muzah Van Tricht - interview

Interview : Selena Scalzo

Photos : Anaïs Verdon

facebook.com/muzah.vantricht

Dessinateur, tatoueur, musicien : Stef, aka Muzah Van Tricht, est un mec bourré de talent qui ne tient pas en place. Bruxellois depuis toujours, son style est reconnaissable entre mille. Il nous a reçu au Tattoo Shop pour nous parler un peu plus de lui...

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Qu’est-ce qui t’a amené à faire du tatouage? J’ai fait des études dans l’horeca, mais j’ai toujours voulu dessiner, ce que je n’ai jamais pu vraiment faire. A 13 ans, à l’école, tu dois choisir ce que tu veux faire plus tard; on m’a orienté vers trois métiers différents : la restauration, la menuiserie ou la cinématographie. J’étais jeune, j’ai choisi la restauration, mais au fur et à mesure, en pleine adolescence, j’ai pris conscience de certaines valeurs qui ne se retrouvaient pas du tout dans le chemin que je suivais à ce moment-là. Dès que je suis sorti de l’école, j’ai bossé dans des usines, comme par exemple du désossage à la chaîne dans une boucherie, avec des vieux tôlards ukrainiens. C’est là que j’ai vu pour la première fois des vrais tattoos, les gens m’expliquaient d’où ça venait, c’était pas pour être fashion. Moi, je continuais à dessiner, je cherchais à faire des expos, et j’ai fini par le faire pour la première fois au Tattoo Shop. Des gens sont venus et ont demandé si mes dessins étaient prévus pour du tatouage, alors que ce n’était pas du tout le but, c’était de simples illustrations. Par la suite, Nattoo et Alex, qui tenaient la boutique à l’époque, m’ont proposé de suivre un apprentissage. J’ai complètement stoppé l’horeca pour me lancer là-dedans. C’était une super chouette aubaine d’immortaliser mes illus sur peau.

'' j’ai bossé dans des usines, comme par exemple du désossage à la chaîne dans une boucherie, avec des vieux tôlards ukrainiens. C’est là que j’ai vu pour la première fois des vrais tattoos,…" Qu’est-ce qui te plait dans le tatouage? Il y a le côté rapport humain avec les gens. La démarche que je suis n’est pas purement commerciale, je ne fais pas du “tattoo flash” avec des dessins déjà préparés. Je mets le double du temps car je fais le dessin avec la personne, il y a mon trait, ses envies, j’essaye un maximum de coller à sa personnalité. Comme j’aime beaucoup discuter avec les gens, ça me permet de rajouter des choses personnelles. Tu fais aussi pas mal de musique. Quels sont tes projets du moment? Il y a “Excuse Excuse”, qui oscille entre electro, hip-hop, emo, blues et hardcore, “Coubiac”, du “heavy chaos rock”. Et là on est en train d’enregistrer un album avec un vieux projet que j’avais à l’époque qui s’appelle “Rodeo Machine”, plutôt métal pop électro. Et occasionnellement, “Jenny Torse”, un projet de blues expérimental avec un ami, que l’on joue plutôt dans des expos, ou des lieux atypiques, genre dans des salons, dans de très vieux bars. Le but de ce projet est de ne jamais dire non aux propositions. On est très open. Si tu veux, on joue dans ton salon.

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Des styles très différents! Comment expliques-tu ton goût pour des choses parfois très opposées? Je suis un peu schizophrène par rapport à la musique. A chaque projet, c’est une nouvelle adrenaline sur scène. J’aime tellement de choses, tellement de styles : j’adore la musique électro, hip-hop, rock dur, expérimental, vieux blues. Je ne peux pas réunir tout ça en un projet, sinon ça serait un vrai capharnaüm. Je préfère l’étaler sur différents projets. Il n’y en a pas un où je m’investis moins qu’un autre, ils sont tous importants.

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Muzah Van Tricht - interview

Tu fais un lien entre le tatouage et la musique? Ouai, car je rencontre beaucoup de gens par le biais de la musique, et je t’avoue que je parle toujours de musique avec mes clients. Ça me rend un peu fou les gens qui n’aiment pas la musique. Alors que souvent, quand tu creuses, ils aiment toujours quelque chose. Et même si on a pas les mêmes goûts, je trouve ça toujours hyper intéressant. Parfois, grâce à ça, on découvre des chouettes trucs. J’ai aussi des clients qui viennent voir mes concerts. Je trouve ça super top : la personne ne me connaît pas et me confie sa peau, elle va se souvenir de moi toute sa vie, sans parfois vraiment me connaître, et elle fait le pas de me rencontrer un peu plus en venant voir mes concerts. D’une certaine manière il y a un lien qui se forme. Certains sont devenus de bons potes.

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Ton terrain de jeu, c’est principalement Bruxelles? Principalement, mais j’ai pas mal voyagé, notamment en Finlande, pour le tattoo. Là je vais m’attaquer à la France. Et puis on verra bien, en fonction des propositions que l’on me fait. C’est pas une question de cachet ou quoi que ce soit, c’est une question d’état d’esprit. J’ai pas envie de commencer à entrer dans une espèce de star system dans le milieu du tatouage, j’en ai un peu rien à foutre. Tout comme j’en ai un peu rien à foutre d’aller voir ce qu’il se passe ailleurs, dans d’autres shops. Je suis bien ici, les gens ne me prennent pas la tête. Je suis un artisan, dessinateur à la base, pas artiste tatoueur. J’aime bien le côté où l’on a peu de temps pour créer un projet sur papier, en partant d’une personnalité. Tu ne fais jamais de concessions face à certains clients? La majeure partie de mes tattoos sont des choses très personnelles. Même si on me donne un thème commercial, j’arrive toujours à le détourner. Un tatoueur super connu fera toujours 70% de projets qu’il aime, et 30% du reste. Il faut pas se voiler la face : pour arrondir les fins de mois, tu dois aussi faire des choses qui te plaisent moins . En tant qu’indépendant, c’est une nécessité. Mais il y a des limites : je ne fais pas de trucs racistes ou de sigles de club de foot! Le truc le plus fou que l’on t’ait demandé, c’est quoi? Le tattoo d’un corset de Jean-Paul Gauthier sur le vagin d’un transsexuel. Ça faisait 2 ans que je tatouais, et mon collègue m’a dit “Ça sera un bon excercice”. Et je l’ai fait, c’était assez bizarre.

" cette espèce de fatigue après le concert, où il y a souvent des potes qui viennent et qui me disent “on s’est bien éclatés”.

A quel moment tu prends le plus ton pied dans la vie? En musique, c’est très différent qu’en tattoo. En tattoo, c’est quand j’ai fini , que je l’ai nettoyé, je prends une photo, je rentre chez moi et je le montre à ma femme, super content. J’ai toujours été très difficile avec moi-même, c’est seulement aujourd’hui que j’arrive à être content de moi. En musique, c’est cette espèce de fatigue après le concert, où il y a souvent des potes qui viennent et qui me disent “on s’est bien éclatés”.

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C’est quoi tes influences? Des dessinateurs plutôt que des tatoueurs. Je suis un grand fan de Crumb, de tout ce qui est vieilles gravures, peinture, ou encore de Stefano Ricci pour les effets de matière et de craquelure. Je me suis beaucoup basé sur des effets de matière de peintre pour les derniers tattoos que j’ai fait. Qu’est-ce qui se passe de bien à Bruxelles pour le moment? Je pense qu’il y a énormément de choses qui se passent, mais qui passent sous le nez de plein de gens. Il y a plein d’expos, plein de concerts. Les gens se plaignent beaucoup mais je ne suis pas d’accord. Le problème du Bruxellois, c’est que quand tu lui dis qu’il y a un concert au Magasin 4, t’as l’impression que c’est à mille lieues alors que c’est à 20 minutes à pieds. Il y a beaucoup de gens qui deviennent de plus en plus fainéants. Nous à l’époque, fin des années 90, on se tapait perpette en Flandres, dans une arrière-salle de club de foot pour voir des concerts hardcore de groupes qui venaient de Brooklyn. On regardait les remerciements sur les pochettes de disques pour découvrir des nouveaux groupes, et d’ailleurs, je le fais encore. Aujourd’hui, tout est vachement plus facile, tu ne profites plus d’un album complet, tu ne prends plus le temps de l’écouter, il a une telle dose de données, que les gens passent vite à autre chose. Pour le moment on retourne aux vinyls, tout le monde trouve ça cool, et tout le monde en rachète. Les gens vont ptet prendre plus le temps d’écouter et d’apprécier la musique. Ptet que de là, on va faire machine arrière et que les gens se bougeront le cul pour aller voir des concerts. Qu’est-ce que tu n’as pas encore fait, que tu rêves de faire? Un groupe avec ma fille. Mais elle est encore un peu jeune, on va attendre hein. Pour l’instant je suis très épanoui dans ce que je fais, dans ma vie, autant affective que créative. Est-ce ça a changé quelque chose dans tes dessins et ta musique que tu sois devenu papa?

Muzah Van Tricht - interview

Oui. Déjà, je mets plus de couleurs. Avant je me limitais au noir et au rouge. Le mois où elle est née, j’ai peint en couleurs, ça faisait 10 ans que ça ne m’était plus arrivé. Je me sens vachement plus épanoui. Pendant la grossesse de ma femme j’ai déjà pris beaucoup plus le temps d’apprécier les choses. Je sortais moins, je restais plus chez moi, et j’ai fait plus de choses personnelles. Ça m’a calmé. Avant j’étais un vieux hooligan, maintenant je me suis posé. C’est un sacré changement mais c’est un changement hyper positif. Surtout quand t’es plein de créativité, tu as envie de foncer à mort, c’est un bon starter. Un conseil : faites des gosses!!

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PORTFOLIO

Thomas Sweertvaegher Photographe www.switn.be

Thomas Sweertvaegher aka Switn est un photographe belge qui vient de Poperingen. A 24 ans seulement, il ramène de ses voyages des clichés percutants, principalement inspirés par le monde du skate et du lifestyle... Photographe : Switn — Death Valley

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Photographe : Switn — Axel Cruysberghs - Tampa, Floride

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Photographe : Switn — Gauche : Black Cross Bowl - Basel — Droite : Axel Cruysberghs - Hollywood

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Photographe : Switn — Nassim Guanmaz - Poperinge school



Photographe : Switn — Colin



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FAVO R I T E I T E M

Sylvestre Defontaine, journaliste musical.

"J'avais treize ans au début des années 90. Une époque où l'absence d'Internet rendait tout plus compliqué mais surtout plus savoureux. Pour un jeune skateur, quelques magazines, de rares émissions de télé et surtout le bouche à oreille étaient les seules sources d'inspiration. J'ai vu la "reaper" pour la première fois à La Panne durant l'été 89. J'y passais les vacances avec mes parents et skatais souvent sur l'Esplanade, aux pieds de Léopold 1er. Je roulais alors sur une Kele Rosecrans "Angel". J'ignore réellement pourquoi mon coeur adolescent a flashé sur la planche d'O'Brien. Il n'appartenait même pas à mon panthéon. J'ai supplié mes parents de me l'offrir, j'ai tout essayé, jusqu'à briser prématurément ma Vision. Fatigué par mes jérémiades, mon père a fini par m'emmener au Christiansen de Courtrai. Ils avaient bien le chat de Natas, le faucon de Hawk ou le dragon de Caballero mais aucune trace de la faucheuse d'O'Brien. De guerre lasse, je finis par envoyer une lettre à un skateshop d'Ostende dont l'adresse figurait à la fin d'un fanzine. La réponse a sonné le glas de mes illusions. Le propriétaire du shop m'y expliquait qu'à l'instar de la mode, les marques de skate renouvelaient leurs collections. Les quelques exemplaires belges de la "reaper" avaient donc depuis longtemps trouvé acquéreur. Je me suis fais une raison. Et j'ai "oublié" cette planche pendant vingt ans.

Favorite Item

Photo : Vivian Hertz

En 2008, une thèse de doctorat portant sur le skateboard me mène au flagship store de la marque Santa Cruz à ... Santa Cruz, au Nord de Los Angeles. Au plafond, perdue entre des dizaines de planches, la Corey O'Brien me précipite dans mon passé. Le vendeur n'explique que cette réédition du modèle original est aussi épuisée. En entendant mon histoire, il appelle le propriétaire de la marque. Il doit lui en rester une quelque part ... Elle trône aujourd'hui au milieu de ma bibliothèque. Mes amis trouvent qu'elle ressemble au capot d'une voiture tunée. De mon côté, je ne connais toujours pas la carrière de Corey O'Brien. Qu'importe ! J'ai l'impression d'avoir comblé un manque."

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Modèle : Capreolus capreolus n°1 Photo : Mickael Querin

Photos: Mickael Querin Styling & Production: Sybille Langh Make-up: David Bettega for Yves Saint Laurent

Interview : Alix Cleys

Model: Lievens Naomi ( Dominique models )

ESPECES est le fruit de la collaboration entre la joaillère Marie Artamanoff et le plasticien Sébastien Rien. Ensemble, ils ont conçu et réalisé des bijoux en argent, moulés à partir d'authentiques ossements d'animaux, collectés dans la forêt par un jeune naturaliste. www.especes-especes.com

Especes

En vente à : La Meute — 92 rue du Page, Bruxelles

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Modèle : Sus scrofa n°1 & Cavia Porcellus n°1

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Modèle : Carcharias twiggsensis n°1

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THE LEGEND

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Metallic Avau Graffiti - Artiste

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Metallic Avau - interview

Interview : Selena Scalzo

1977

Roger “ Metallic” Avau baigne dans l’odeur des sprays depuis quelque 35 ans. Précurseur dans l’art de la bombe, il a amassé des milliers de références sur le graffiti et le tag, ainsi que près de 5000 diapos. Le tout est rassemblé dans son centre de documentation qu’il continue à alimenter sans relâche, animé par la même passion qu’à ses débuts.

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Est-ce que tu peux replacer le décor : nous sommes dans les années 70, quel a été ton déclic? Je travaillais pour un mensuel qui s’appelait « Spectacles » et j’écrivais des articles sur les arts plastiques étant donné que j’ai une formation de graphiste. Ensuite, j’ai étudié la photographie et j’ai commencé à faire des reportages pour ce journal et pour une agence, qui n’existe plus. Un jour, je me suis dit : « Tiens, je vais faire un reportage sur les graffitis des toilettes ». Comme il y avait beaucoup de bistrots alternatifs à Bruxelles dans les années 70, on avait l’embarras du choix. J’ai donc commencé à faire des photos dans plusieurs toilettes, et j’ai vu des images, des traces, qui me semblaient extrêmement intéressantes, qui n’étaient pas « pipicaca ». C’était une forme d’art brut. J’ai commencé à les agrandir en posters 50x70, et j’ai fait une expo. Ça a plu, les gens ont trouvé ça intéressant. J’ai été pris d’une passion, c’était en 77. En 78 j’ai commencé ma documentation de tous les journaux, les articles sur le sujet. Entretemps je travaillais à la docu presse écrite de la RTBF, ce qui tombait bien car j’avais tous les journaux aux frais de la princesse. J’ai depuis une solide documentation qui reprend plusieurs milliers d’articles. J’ai tout collectionné : des cartes postales, des affiches, etc.

" je me suis mis à bomber, du graffiti textuel. J’aimais beaucoup tout ce qui était absurde du style « Arrêtez le monde, je veux descendre », c’est d’ailleurs celui qui avait le plus de succès dans le temps. "

Et puis, tu es passé toi-même à l’acte... Oui, je me suis dit «Pourquoi ne pas en faire moi-même? ». Il me semblait qu’il fallait avoir entendu le bruit du spray pour pouvoir être plus proche. Et je me suis mis à bomber, du graffiti textuel. J’aimais beaucoup tout ce qui était absurde du style « Arrêtez le monde, je veux descendre » , c’est d’ailleurs celui qui avait le plus de succès dans le temps. J’ai rempli le tunnel de l’avenue Louise avec des « TOUT VA BIEN » J’ai aussi bombé « La dernière personne qui quittera cette planète voudra-t-elle éteindre? ». Je suis allé à New York, la première fois en 1970, mais il n’y avait encore assez peu, ça a commencé un an après. Lorsque j’ai pris connaissance du phénomène « tag » à New York, j’ai fait un seul tag… Et j’ai pris le surnom de Metallic, car dans la bande que je fréquentais à

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l’époque, il y avait un autre Roger, qui s’appelait Jouret et qui est devenu Plastic Bertrand. Pour le gag, j’ai pris Metallic Avau, qui est par contre mon vrai nom de famille. Ensuite j’ai commencé à faire des pochoirs, j’ai beaucoup aimé cette expression, car, quand je travaillais au spray, je n’avais pas la main sûre, j’avais le trac. Le pochoir ça m’allait très bien car il fallait être un peu maniaque pour découper les lettres. Et quand le phénomène américain du graff et du tag est arrivé en Europe occidentale, j’avais la trentaine bien entamée, je ne voulais pas devenir le grand-père du tag. J’ai tout arrêté et j’ai laissé faire les jeunes. En revanche, j’ai continué à photographier, j’ai été invité à l’Université de Paris1, à Montréal ainsi que membre de jurys pour des concours, etc. Aujourd’hui encore je m’intéresse à l’évolution du phénomène. Qu’est-ce que tu as pu constater, dans cette évolution? A l’époque, j’étais seul, et lorsque je parlais des graffitis en tant qu’art, les gens souriaient. C’était farfelu, on me prenait pour un doux dingue. Il y a même des gens qui m’ont demandé, lorsque le graffiti fut considéré comme un art, comment je me sentais, car tout d’un coup j’avais raison. De toute manière je savais que cela allait se produire, je l’avais senti. D’ailleurs je devais être extrêmement casse-pieds dans mon entourage car je ne parlais que de ça, c’était ma grande obsession. Par la suite il y a eu un autre gars que l’on appelait « Le bombeur fou », qui était un étudiant suisse à St Luc. L’Iselp a organisé une manifestation avec lui et moi. Mais on ne savait pas qui était ce bombeur fou : il y a donc eu une campagne de presse pour l’inviter à cette activité. Le soir même, il y avait foule : moi je venais de passer au journal télévisé, les gens commençaient à être intrigués par le phénomène graffiti art. Il est vrai que cela n’était pas particulièrement esthétique à l’époque, on trouvait surtout des inscriptions politiques, racistes, etc. Le bombeur fou s’est présenté, il faisait de la BD à St Luc, et ça se voyait. Ixelles était remplie de ses personnages. Et puis il a disparu dans la nature. On était en 83. Vers 85, à l’arrivée du phénomène américain, j’ai eu une douche froide. J’ai imaginé que l’on allait, avec notre sensibilité européenne, notre passé pictural très riche, et l’apport des jeunes immigrés d’origine maghrébine, aboutir à un expression typique pour l’Europe...

Metallic Avau - interview

Que l’on développe une réelle identité? Tout à fait. Malheureusement cela n’a pas été le cas. Très vite, des livres sont sortis sur le graffiti, et je voyais les jeunes qui ne voulaient qu’imiter les Américains. Ils ont repris en bloc le phénomène d’Outre-Atlantique, et ça, ça m’a déçu. N’empêche, je suis resté en contact avec eux, j’ai continué à faire des photos, je crois d’ailleurs que j’étais le seul qui pouvait les photographier de face à condition de ne pas le publier, évidemment, car il commençait à y avoir des poursuites. Personnellement, j’ai été arrêté deux fois, mais il n’y a pas eu de suites. Lorsque j’expliquais que je faisais de l’art, ils me relâchaient…

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Metallic Avau - interview

Photos de gauche : extraits de Metallic Avaux - (Since 1972) - Graffiti in Belgium — Youtube

Le graffiti en Belgique, tu en penses quoi? Il y a des lieux qui sont intéressants, avec pas mal de fresques. Le premier haut lieu a été l’arrêt de tram De Wand, à Laeken. C’est devenu très clean car l’asbl « Tarantino » a pris ça en main et tout est fait officiellement aujourd’hui, c’est une pièce de musée en plein air. Mais au début c’était très sauvage. Deux, trois ans après, c’est le quartier de Neerpede à Anderlecht qui est devenu « The Hall of Fame ». Il existe toujours et j’en suis devenu le guide attitré. C’est un lieu fabuleux, d’une semaine à l’autre il y en avait des nouveaux, puis repeints, superposés. C’était inimaginable! Et ça dure toujours! Comme ce n’est pas officiellement reconnu, il y a encore des flics qui passent la nuit. Du coup, ils travaillent la journée, il y a paradoxalement moins de risques… Ce qui était superbe, c’étaient les premiers throw ups, c’est-à-dire les pièces contournées avec d’autres couleurs. A New York, ceux-ci couvraient entièrement des rames du métro, au point qu’on ne voyait plus rien par les fenêtres. Aujourd’hui, tout est clean. Pour revenir à Bruxelles, le phénomène des groupes, des posses comme on dit, favorisait le perfectionnement, notamment grâce aux rivalités. Il y avait une mentalité de « gang » entre les différents posses et ça stimulait la créativité. Une des évolutions actuelles est le Street Art, qui connaît ses heures de gloire un peu partout dans le monde. On ne peut plus isoler le phénomène graffiti, c’est devenu beaucoup plus vaste.

" Ce qui était superbe, c’étaient les premiers throw ups, c’est-à-dire les pièces contournées avec d’autres couleurs. A New York, ceux-ci couvraient entièrement des rames du métro, au point qu’on ne voyait plus rien par les fenêtres. "

A l’époque, tu voulais faire passer des messages par ton travail? Ma préoccupation était, étant donné que j’étais convaincu qu’il s’agissait là d’un art populaire, de raconter mes convictions de façon absurde. Quand j’y repense, je réalise que c’était plutôt naïf de ma part. Aujourd’hui on est plutôt branché sur le côté artistique du graphisme, est-ce que pour toi c’est dommage? Oui et non. Si on prend la beauté du graff, c’est vrai qu’il y a de superbes pièces qu’il faut sauvegarder si possible. Mais cela reste quand même un art éphémère, sauf exception. C’est devenu un des “Beaux-Arts” alors qu’à l’origine, c’était un phénomène d’écriture. Le tag est intéressant car

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Photo : Metallic Avau

il s’agit d’une revendication de l’individu : « J’existe », même si cela n’est pas politique au premier degré, c’est socio-politique. Par la suite, ça s’est développé, et c’est devenu plutôt de la peinture. Il y a des gens comme Banksy qui ont développé un style au pochoir tout à fait particulier, on le reconnaît de loin. Bonom aussi, même si ce que j’ai vu de lui ces derniers temps semble moins percutant.

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Metallic Avau - interview

Quelle est ta rencontre la plus marquante? Il y en a eu plusieurs, mais j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui ont marqué l’histoire à leur manière. Grâce notamment à mes tentatives de devenir reporter photo, ma grande rencontre a quand même été Andy Warhol en 77. J’ai eu la chance de pouvoir aller l’accueillir à la gare du Midi, pour le magazine

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« Spectacles ». J’ai pu discuter avec lui, même si parler avec Warhol était extrêmement difficile, il était timide et jouait très fort son personnage, et « l’art attitude », qui est aussi considéré comme un isme… Mais je pense que si Picasso est le plus grand génie de la première moitié du 20e siècle, Andy Warhol l’est pour la seconde. C’est lui qui a inventé le troisième millénaire, avec toute sa démarche de reproduction, où la pièce unique est quasi bannie. Ça a été une rencontre exceptionnelle et la plus étrange de ma vie. C’est quand même lui qui a lancé le graffeur Basquiat, connu à l’origine sous le pseudonyme de SAMO©. Quelle est la pièce que tu aurais voulu réaliser ? Parfois j’ai des regrets de ne pas avoir continué le texte, le laconisme, au pochoir. J’avais « inventé » un système de découpe de lettres à la façon des lettres anonymes, découpées dans les journaux par les « corbeaux ». J’avais d’ailleurs appelé ma pratique le « style corbeau ». J’aurais peutêtre pu me faire un nom comme artiste. Allez savoir… Quel est pour toi le rôle du graff en milieu urbain ?

Metallic Avau - interview

Photo : extrait de Metallic Avaux - (Since 1972) - Graffiti in Belgium — Youtube

Je pense qu’on est tellement envahi par les panneaux indicateurs et publicitaires, qui ne sont pas esthétiquement très beaux, que voir quelque chose qui n’est pas à sa place peut saisir, interpeller. C’est un peu l’homme qui reprend possession de l’espace public. Il faut étonner les gens, ils en ont grandement besoin ! Une anecdote ? Lorsque je photographiais les graffitis et surtout les tags – je rappelle que j’ai quelque 5000 diapos dans ma collection - j’étais souvent très proche du mur, car certains étaient assez petits. Les gens se demandaient ce que je pouvais bien photographier ! Un jour, quelqu’un s’arrête, me regarde et me lance agressivement « Et vous aimez ÇA ! ».

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