Conservationniste Volume 24, numero 4

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Les milieux humides, une source de vie : Aidez-nous à conserver les milieux humides pour l’avenir.

volume 24 numÉro 4

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La campagne et la ville

À la recherche deS milieux humides disparus du paysage rural de l’Ouest et de la banlieue Est

Le fleuve de l’apprentissage Célébrons 25 ans d’art et de conservation avec Habitat faunique Canada

Liens entre les milieux humides et la qualité de l’eau, ici comme à l’étranger

Idées de cadeaux pour les Fêtes Cinq pages d’articles à l’intérieur


Une nouvelle étude de CIC indique que la perte des milieux humides dans deux différentes parties du pays se produit à un rythme alarmant. Le long de Smith Creek, dans le centre-est de la Saskatchewan (ci-dessous), et dans le bassin versant de Black River, dans le sud de l’Ontario (à droite), les milieux humides disparaissent, ayant des répercussions sur la sauvagine, la faune et les humains.

La campagne et la ville C

es deux projets ont un thème commun : examiner les biens et services écologiques (BSE) perdus pour la société lorsque les milieux humides sont drainés ou se dégradent. Ces projets se distinguent toutefois par les caractéristiques uniques des régions où les études ont lieu. « Les deux sites de recherche se trouvent aux extrémités opposées de la sphère composée du milieu urbain et du milieu rural et sont séparés par la moitié d’un pays. Ce qui les rapproche le plus est sans contredit le fait qu’ils affichent tous deux un taux de perte et de dégradation des milieux humides extrêmement élevé, mentionne Shane Gabor, chercheur principal pour ces projets et directeur de l’Initiative en matière d’eau douce de CIC. Nous prenons une certaine partie de la méthodologie

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d’un projet de recherche précédent afin d’évaluer les effets de la perte de milieux humides et des activités de drainage qui y sont associées dans le bassin versant de Broughton’s Creek situé dans le sud-ouest du Manitoba, et nous l’appliquons aux projets de recherche et aux modèles de perte de milieux humides à Smith Creek, en Saskatchewan, et dans le bassin versant de Black River, en Ontario. La région de Smith Creek est un milieu rural dominé par la production agricole, tandis que le bassin versant de Black River comprend le lac Simcoe, une destination estivale populaire située aux limites extérieures de la région du Grand Toronto près de Barrie. »

Smith Creek (Saskatchewan) Le paysage de Smith Creek fait partie du bassin versant supérieur de la rivière Assiniboine et il ressemble en tous points à une scène typique des Prairies. L’agriculture constitue l’épine dorsale de cette région, et les

gauche : © CIC/Darin Langhorst

par d u n c a n m o r r i s o n

droite : © CIC/Andrew McLachlan

Canards Illimités Canada (CIC) a récemment dévoilé deux projets de recherche sur les milieux humides, spécialement conçus pour démontrer l’urgence d’arrêter, une fois pour toutes, la perte de milieux humides.

paysages reposants sont semblables à ceux des cartes postales présentant les Prairies du Canada comme le grenier du monde. Les collines se trouvant à proximité de Saltcoats (en Saskatchewan) et à l’est de Russell (au Manitoba), le long de la route Yellowhead, sont recouvertes de champs de canola, de blé et d’autres cultures. Plusieurs activités importantes d’exploitation de la potasse commencent à assombrir cet horizon, près de la frontière séparant la Saskatchewan du Manitoba. Pour le touriste de passage, c’est à n’en pas douter le paysage des Prairies canadiennes. Du point de vue de CIC, ces régions sont essentielles à la capacité de production en sauvagine du continent. « Au Canada, la Saskatchewan représente un secteur très important pour la sauvagine et d’autres espèces fauniques. Les planificateurs de la conservation de CI Canada considèrent cette province comme l’une des plus importantes aires de reproduction pour la sauvagine nordaméricaine dans la région des fondrières des Prairies, souligne M. Gabor. Malheureusement, la perte de milieux humides touche toute la Saskatchewan, et le bassin hydrographique de la rivière Assiniboine ne fait pas exception. » En plus de favoriser la production de sauvagine, les milieux humides offrent de nombreux bienfaits : ils

procurent un habitat essentiel à la faune, renouvellent les eaux souterraines, présentent des occasions d’écotourisme, atténuent les effets des inondations, de la sécheresse et de l’érosion et piègent le carbone. En raison de ces multiples avantages, l’intérêt porté aux milieux humides augmente, et la recherche attire du financement provenant de tous les types d’organisations. L’étude en Saskatchewan est financée par le projet Eau Bleue RBCmc (Banque royale du Canada). Cette étude se penchera sur les répercussions de la perte de milieux humides sur la qualité de l’eau, la quantité d’eau et les émissions de gaz à effet de serre. Selon Brent Kennedy, directeur des opérations provinciales de CIC en Saskatchewan, l’étude sur Smith Creek mettra l’accent sur la façon dont on pourrait intégrer les valeurs des milieux humides à une agriculture durable et à d’autres pratiques d’utilisation du territoire. « Les agriculteurs gagnent leur vie en produisant sur leurs terres de la nourriture et des aliments pour le bétail, et ils doivent prendre les décisions qui servent le mieux les intérêts de leur entreprise, soutient Kennedy. Le profit net est l’élément le plus important pour une entreprise, et la production agricole ne fait pas exception. En effet, le marché indique aux producteurs agricoles que ces

Smith Creek Regina

Pour le touriste de passage, c’est à n’en pas douter le paysage des Prairies canadiennes. Du point de vue de CIC, ces régions sont essentielles à la capacité de production en sauvagine du continent.

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© CIC/Duncan Morrison

Black River Toronto

« Les activités humaines, comme le drainage des milieux humides et le pavage de boisés, ont eu des impacts considérables à long terme sur l’écosystème du bassin versant du lac Simcoe. » Jim Brennan Directeur des opérations provinciales de CIC en Ontario

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milieux humides ont peu ou pas de valeur, et il n’y a pas d’incitatifs pour les conserver. En collaborant avec les producteurs agricoles, les gouvernements, l’industrie et d’autres partenaires, CIC s’efforce de trouver des solutions pour changer cette idée fausse et démontrer que les milieux humides revêtent une grande importance pour les propriétaires fonciers et la société en général. » De nombreux secteurs des Prairies du Canada ont été confrontés à de gros défis au cours de l’été 2010. Des pluies diluviennes se sont abattues sur la majeure partie de cette région de la mi-mai à la fin de septembre. Des millions d’hectares d’habitat n’ont pu être ensemencés. D’autres cultures ont été submergées dans les champs saturés d’eau, et pour celles qui ont survécu, la récolte a été tardive, se prolongeant jusqu’à tard en octobre. Comme CIC ne peut pas maîtriser les caprices de Dame Nature, la capacité de rétention d’eau des milieux humides aujourd’hui asséchés ou la restauration d’un plus grand nombre de milieux humides auraient pu ralentir la libre circulation de l’eau sur les terres dans certains secteurs. « L’objectif de CIC est de mettre fin à la perte de milieux humides. Nous voulons que cette étude contribue à améliorer la compréhension des bienfaits des milieux humides et des répercussions qu’engendre leur disparition, afin d’obtenir l’appui du public qui nous permettra d’élaborer des politiques efficaces visant à protéger les milieux humides, indique Kennedy. Ici, en Saskatchewan, nous ne

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Un canal d’écoulement formé dans un champ de la Saskatchewan draine les milieux humides de la propriété. L’étude de CIC, à la fois ici et dans le sud de l’Ontario, vise à prouver l'importance de conserver dans leur état naturel les milieux humides se trouvant sur les terres.

disposons pas de politique efficace sur les milieux humides, et nous voulons que cette étude contribue à sensibiliser le public à l’urgence d’en élaborer une rapidement. »

Bassin versant de Black River (Ontario) Situé au centre de l’Ontario, à moins d’une heure de route d’où se trouve la moitié de la population de la province, le bassin versant du lac Simcoe est l’une des destinations de villégiature les plus près, au nord de Toronto, et il fait partie de la belle région de chalets de la province. Le lac Simcoe fournit de l’eau potable à huit municipalités. Il contribue à l’essor d’une importante industrie du tourisme et des loisirs, compte de nombreuses terres agricoles, dont certaines servent aux cultures spécifiques dans certaines régions, comme le marais Holland, aujourd’hui presque entièrement asséché. Il compte également près d’un demi-million de résidents en milieu rural, en milieu urbain et en banlieue. Outre les Grands Lacs, le lac Simcoe est le plus grand plan d’eau intérieur du sud de l’Ontario et il fait partie de la voie navigable Trent-Severn reliant le lac Ontario à la baie Georgienne.

« Les activités humaines, comme le drainage des milieux humides et le pavage de boisés, ont eu des impacts considérables à long terme sur l’écosystème du bassin versant du lac Simcoe, soutient Jim Brennan, directeur des opérations provinciales de CIC en Ontario. Les menaces croissantes et incessantes de l’utilisation du territoire dans le sud de l’Ontario, comme l’étalement urbain, les infrastructures et l’agriculture, ont favorisé la poursuite des tendances de pertes de milieux humides. » Le rapport récemment publié par CIC intitulé l’Analyse de la conversion des terres humides du sud de l’Ontario, indique clairement que dans cette province, la perte de milieux humides continue à un rythme alarmant. En 2002, 72 % ou 1,4 million d’hectares de milieux humides du sud de l’Ontario avaient disparu ou avaient été convertis à une autre utilisation du territoire. Ces données touchent uniquement les milieux humides de grande superficie (plus de 10 hectares), et si l’étude avait porté sur toutes les pertes de milieux humides en Ontario, ce pourcentage aurait été bien plus élevé. D’une superficie de 375 km2, le bassin versant de Black River est un paysage diversifié situé du côté sud-est du lac Simcoe. Les eaux en amont de Black River proviennent de la moraine d’Oak Ridges et circulent vers le nord, traversant principalement des entités topographiques naturelles et des zones agricoles avant d’atteindre la collectivité de Sutton et d’emprunter un chenal pour enfin se déverser dans le lac Simcoe. Malgré l’importance des milieux humides pour la santé du bassin versant et du lac Simcoe, environ 50 % des milieux humides du bassin versant de Black River ont disparu. Selon une étude appuyée par l’Office de protection de la nature de la région du lac Simcoe (OPNRLS), du point de vue économique, les milieux humides sont un des capitaux naturels dont la valeur est la plus élevée, car ils fournissent chaque année près de 435 millions de dollars en biens et services écologiques au bassin versant du lac Simcoe. Grâce à l’appui du Fonds pour le nettoyage du lac Simcoe et à l’expertise de l’Université de Guelph et d’autres partenaires soucieux du bassin versant, CIC tire parti du rapport de l’OPNRLS en menant une étude qui procurera la science nécessaire pour évaluer l’importance environnementale et économique des milieux humides à l’échelle des bassins versants. Non seulement cette évaluation économique établira-t-elle la valeur des milieux humides actuels du bassin versant de Black River, mais elle prédira également la valeur perdue à la suite de la destruction de milieux humides et établira les valeurs potentielles acquises par la restauration des milieux humides. « La disparition des milieux humides du bassin versant de Black River peut avoir des répercussions sur les résidents des régions avoisinantes et même sur ceux qui demeurent près du lac Simcoe, où le cours d’eau Black

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« Les deux sites de recherche se trouvent aux extrémités opposées de la sphère composée du milieu urbain et du milieu rural et sont séparés par la moitié d’un pays. » Shane Gabor Canards Illimités Canada

River se déverse, soutient Shane Gabor. Les résultats du projet de recherche seront communiqués aux principaux intervenants, au grand public et aux gouvernements, dans le cadre d’un plan de mise en œuvre économique. Cette étude pourra servir de guide éventuel pour l’utilisation du territoire et contribuer à l’atteinte des objectifs en matière de qualité de l’eau, non seulement pour le bassin versant de Black River, mais aussi pour tout le lac. » À plus grande échelle, les résultats de cette étude pourront être utilisés pour mettre l’accent sur les conséquences de la perte de milieux humides dans tous les bassins versants de l’Ontario. Avec une population aussi condensée qui vit, passe ses vacances, travaille et se déplace dans tout le bassin versant, les menaces de l’utilisation accélérée du territoire exercées sur les milieux humides de la région d’étude du lac Simcoe sont intenses, et la nécessité de mettre fin à la perte de milieux humides est immédiate. L’incidence du drainage des milieux humides sur la qualité de l’eau devrait préoccuper tous les Ontariens. « Nous devons enrayer la perte de milieux humides et commencer à restaurer ceux qui ont disparu, souligne Jim Brennan. “CIC est d’avis qu’une protection et une restauration accrues des écosystèmes les plus vulnérables de l’Ontario sont essentielles à la conservation de notre patrimoine en matière de milieux humides. La perte de milieux humides a des répercussions sur notre qualité de vie et notre bien-être économique, et mettre un terme à cette perte exigera l’engagement de tous les Ontariens à y participer. » A

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Au cours des 25 dernières années, les chasseurs de sauvagine au Canada ont tous contribué à la Fondation Habitat faunique Canada (HFC), lui permettant ainsi d'investir plus de 35 millions de dollars dans des milliers d’initiatives de conservation partout au pays. Cependant, le rôle d’HFC en matière de conservation n’est pas aussi connu qu’il le devrait.

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rtune par j a m i e f o

ans les années 1970, les habitats fauniques du Canada se détérioraient, et les organismes et groupes dans le domaine de la faune cherchaient un mécanisme national pour protéger ces habitats. À cette époque, Canards Illimités Canada avait participé activement à de nombreuses discussions pour tenter de trouver des solutions visant à freiner la perte accélérée des milieux humides du Canada et des habitats qui s’y rattachent. En 1983, le Service canadien de la faune d’Environnement Canada, alors dirigé par le regretté Jim Patterson, a mis sur pied une fondation indépendante : Habitat faunique Canada. Forte du leadership du ministre de l’Environnement Charles Caccia et des encouragements d’une coalition nationale à grande portée sur l’habitat, HFC devait jouer les trois rôles définis par Environnement Canada : servir de catalyseur pour les actions entreprises, évaluer les politiques et apporter une contribution financière aux initiatives pour les habitats. David Neave, un adepte de la conservation d’habitat très connu, a été choisi pour être le directeur exécutif d’HFC. Grâce au travail d’un comité fondateur, le tout premier conseil d’administration bénévole a été nommé en 1984 pour réaliser ces objectifs. Les premiers fonds recueillis pour la fondation provenaient d’une subvention de 3 millions de dollars d’Environnement Canada. Plus tard, la principale source de financement de l’organisation provenait de la vente du timbre sur la conservation des habitats fauniques du Canada de 4 $ aux chasseurs d’oiseaux migrateurs canadiens. (Au fil des ans, le coût du timbre est passé à 8,50 $.) Ce timbre était exigé pour valider le permis de chasse aux oiseaux migrateurs. Les revenus générés par le permis sont utilisés pour compenser les coûts de gestion des oiseaux migrateurs et de la chasse, et les produits de la vente du timbre sont versés à la Fondation Habitat faunique Canada. De plus, HFC génère des fonds supplémentaires grâce à la vente du timbre au grand public et grâce à la production et à la vente de lithographies à tirage limité. HFC a également mis à la disposition d’autres organismes de conservation

des reproductions et timbres de la série « conservation », qu’ils pourront vendre afin de financer leurs propres efforts. Le cadre de tout le plan a été structuré conformément à l’éthique de conservation des sauvaginiers, qui ont été les premiers à apporter une contribution par l’achat, maintenant obligatoire, du timbre sur les oiseaux migrateurs. Un long processus de consultation auprès de la communauté des chasseurs s’est déroulé pendant la planification et la mise en place d’HFC. Étant donné la volonté des chasseurs de rendre un peu de ce qui leur a été donné par la nature, il n’est pas étonnant qu’un appui solide ait été recueilli pour la création d’un timbre qui amorcerait une nouvelle source de financement pour la conservation des habitats au Canada. De récentes études ont démontré que cet appui demeure toujours aussi fort au fil des années. Bien que le « timbre de canard » ait représenté une nouveauté pour les chasseurs canadiens, un timbre fédéral sur la sauvagine migratrice avait jadis été créé aux États-Unis en 1934 et avait connu un succès retentissant auprès des chasseurs, car 98 % des fonds générés par ce timbre ont été versés directement à l’acquisition de milieux humides pour le réseau de refuges fauniques nationals. Le nouveau programme canadien dirigé par HFC était différent, car les fonds devaient être utilisés pour traiter les priorités en matière de conservation des habitats, sans égard à la propriété des terres. L’enjeu consistait à s’assurer que les intérêts de ceux qui payaient la majorité des frais d’HFC étaient pris en compte. Cette situation donna à CIC l’élan nécessaire pour veiller à ce que la conservation des milieux humides demeure une priorité pour HFC, étant donné que la grande partie du financement était assurée par les sauvaginiers.

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vec un mandat à grande portée et dans un pays immense et diversifié, comment cette nouvelle organisation aborderait-elle son mandat? Afin d’améliorer sa compréhension des priorités et des problèmes liés à la conservation des habitats, HFC a produit, après maintes recherches : The Status of Wildlife

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Conseil d’administration fondateur d’HFC Directeur exécutif fondateur David Neave Nominations par le ministre de l’Environnement Robert Bateman, artiste David Suzuki, biologiste et personnalité du monde télévisuel Robert Delury, conseiller en gestion des ressources naturelles, T.N.-O.

Personnes choisies pour faire partie du conseil Bert Hoffmeister, conservationniste et travailleur forestier de la ColombieBritannique à la retraite Elmer Kure, conservationniste et producteur agricole de l’Alberta Représentants provinciaux Arthur Smith, direction des pêches et de la faune, Î.-P.-É.

Richard Goulden, directeur des pêches et de la faune, Manitoba Représentants d’organismes de conservation Louise Beaubien-Lepage, Conservation de la nature Canada Stewart Morrison, Canards Illimités Canada (premier président d’HFC)

Canards Illimités Canada a joué un rôle clé au sein du conseil d’administration d’HFC. Parmi les anciens membres, mentionnons Stewart Morrison, vice-président directeur de CIC, John Bain, directeur régional de CIC en Ontario et Rod Fowler, vice-président directeur de CIC (aujourd’hui décédé). Le conseil d’administration actuel d’HFC se compose, entre autres, de Kevin Harris, président provincial de CIC au Nouveau-Brunswick (et vice-président en poste d’HFC) et de Jeffrey Nelson, chef de la direction de CIC.

Habitat in Canada – problems, issues and opportunities (L’état des habitats fauniques au Canada : problèmes, enjeux et possibilités). Les constatations et les conclusions de ce rapport ont servi à élaborer le schéma du programme de subventions d’HFC. Publié par HFC en 1986, le rapport sur l’état des habitats a fourni une évaluation très précise et concise et toujours pertinente dans son ensemble. Les fonds d’HFC ont commencé à alimenter les projets de partenariat ciblant la conservation des habitats en 1985; depuis, HFC a généré des revenus de 80,6 millions de dollars. Étonnamment, 66 % de ce montant provenait de la vente du timbre sur la conservation, alors qu’un maigre 7 % était généré par la vente de reproductions et de produits connexes. Le montant restant de 22,2 millions

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de dollars provenaient de partenariats de conservation conclus avec le gouvernement et les partenaires de l’industrie. Depuis sa fondation, HFC est devenu un ardent défenseur et partenaire dans la formation du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine (PNAGS). HFC a travaillé dans le cadre du Plan conjoint des habitats de l’Est (PCHE), partenariat établi avec les gouvernements provinciaux de l’Est du Canada, et, dans l’Ouest, avec des sociétés d’État provinciales et des organismes non gouvernementaux partageant les mêmes convictions. HFC a pris des engagements de financement pluriannuels dans chaque province afin de traiter les problèmes de conservation des habitats de la sauvagine partout au pays. CIC a joué un rôle de premier plan dans nombre de ces projets des tout débuts. De 1986 à 2010, 54 % des fonds d’HFC ont été définis comme des investissements dans les aménagements du PNAGS, et un pourcentage encore plus important a été investi dans la conservation des milieux humides. HFC est devenu un précieux mécanisme pour la conservation des milieux humides. Auparavant, les intérêts dans la conservation n’auraient jamais pu permettre d’acquérir suffisamment de terres ou de restaurer un nombre suffisant d’habitats pour assurer la survie des populations fauniques; de plus, des parcs et d’autres zones protégées devenaient des « îles de verdure » isolées dans des paysages vulnérables. HFC a souligné le rôle essentiel des propriétaires fonciers et des gestionnaires fonciers – agriculteurs, propriétaires de ranch, propriétaires de boisés, travailleurs forestiers, conservationnistes – dans la préservation et la gestion des habitats entourant et reliant les terres protégées. Mettant ses ressources au service de cette conviction, HFC s’est révélé un chef de file dans l’évolution du mouvement d’intendance des terres partout au Canada, et il a collaboré avec des partenaires pour enrichir les connaissances et favoriser la capacité de promouvoir la conservation des terres privées. Grâce à des leaders comme Robert (Bob) McNabb, agriculteur de Minnedosa, au Manitoba, et membre du conseil, HCF a financé des programmes d’intendance qui ont bonifié les travaux d’autres intervenants et dont nombreux sont devenus aujourd’hui des programmes fondamentaux de groupes et d’organisations. HFC a poursuivi sa mission en établissant des programmes de reconnaissance nationaux en agriculture et en foresterie pour souligner les contributions volontaires exceptionnelles des propriétaires fonciers à la conservation des habitats. Pendant que les plans conjoints et le PNAGS s’affermissaient dans les années 1990, HFC a continué de financer et d’appuyer le plan. En plus d’assurer des niveaux considérables de financement répartis dans divers programmes de protection et de restauration de terres au bénéfice de la sauvagine, HFC a effectué une autre évaluation de l’état de la conservation des habitats au Canada et a observé des changements dans le plan d’action environnemental. Les politiques publiques imposaient des attentes plus élevées sur les secteurs industriels en matière de conservation des (suite page 28)

Traits de génie… et images inoubliables

L

es paysages du Canada et la faune dont ils assurent la survie demeurent les sujets préférés des artistes. Lors de la création d’HFC, Robert Bateman, un des membres du conseil fondateur et artiste canadien renommé, a offert de créer l’illustration du premier timbre sur la conservation des habitats fauniques du Canada et de faire don à HFC des produits générés par l’utilisation de cette image. Lorsque la nouvelle s’est répandue chez les collectionneurs de timbres de sauvagine aux États-Unis que Robert Bateman créait le premier timbre, ce dernier reçut quelques conseils. « Un jour, j’ai reçu un appel d’un marchand du Texas qui vendait beaucoup de timbres et d’illustrations de canards, se souvient Bateman. Ce marchand très sérieux me presse de peindre un colvert mâle comme image, car il est d’avis que ce timbre pourrait être très prisé des quelque 10 000 collectionneurs de ce marché spécialisé. Je ne croyais pas que le monde avait besoin d’une autre reproduction d’un colvert. Je voulais créer quelque chose d’unique et de particulier, comme une femelle colvert avec ses petits dans un milieu humide. Ce concept ne trouvait aucunement l’appui de cet homme, qui me dit que mon idée ne rapporterait pas beaucoup d’argent. Je lui ai répondu que je ne faisais pas ça pour l’argent. » Alors que Bateman réfléchissait à cette conversation, une demi-heure plus tard, le marchand le rappelle et lui dit : « Bateman, si tu ne veux pas de cet argent, verse-le au profit des habitats fauniques, mais crée au moins une illustration qui se vendra bien! » C’est alors que Robert Bateman créa la reproduction aujourd’hui célèbre : « Mallard Pair – Early Winter » (couple de colverts - début de l’hiver). « J’ai peint la femelle de profil pour saisir les couleurs complexes de son plumage, et le mâle est peint de dos. Leur emplacement sur une fine couche de glace rappelle la fragilité des espèces en raison de la disparition des habitats. » Cette illustration a fracassé tous les records de vente de timbres sur les canards en Amérique du Nord, générant des millions de dollars de revenus destinés à la conservation des habitats. Bateman, toujours fervent supporteur d’HFC, a reçu une commande pour produire les illustrations pour HFC en 1985, 1987 et 2009.

La reproduction de Robert Bateman « Northern Wetland – Lesser Scaup » (Milieu humide nordique – Petit fuligule) est l’image utilisée pour le timbre marquant le 25e anniversaire d’HFC. À droite : La reproduction de l’œuvre de Robert Bateman « Mallard Pair – Early Winter » (Couple de colverts - Début de l’hiver) figurait sur le tout premier timbre d’HFC, tandis que c’était au tour de Ken Ferris, de CIC, de remporter cet honneur avec son œuvre « Early Spring – Hooded Merganser » (Début de printemps – Harle couronné) pour le timbre de 1993.

En 1990, après cinq ans de production d’illustrations pour le timbre, HFC s’est associé à Environnement Canada et à Postes Canada pour lancer un concours visant à sélectionner les images destinées à son programme de timbres et lithographies. Les inscriptions ont été jugées en fonction de la présentation de la sauvagine et de son habitat. La participation des artistes a augmenté rapidement, passant de 18 en 1990 à 93 en 1994. L’artiste canadien Ken Ferris, aujourd’hui coordonnateur des activités-bénéfice de CIC en Colombie-Britannique, s’est inscrit au concours, qu’il a remporté en 1993 et en 2000. « Il s’agit là d’un concours très professionnel et l’un des meilleurs auxquels j’ai participé, souligne Ferris. Pour un artiste canadien, gagner ce concours l’aide à se bâtir une réputation et à gagner un peu d’argent. Ce concours m’a certainement bien aidé. » Pour de plus amples renseignements sur le programme de timbres et lithographies d’Habitat faunique Canada, visitez www.whc.org

« Pour un artiste canadien, gagner ce concours l’aide à se bâtir une réputation et à gagner un peu d’argent. Ce concours m’a certainement bien aidé. » – Ken Ferris

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Le timbre de 2010 d’Habitat faunique Canada a été créé par Pierre Girard de Sainte-Anne-de-Sorel, au Québec. Son œuvre « Le printemps au marais – Sarcelle d’hiver » est la 26e inscription à ce programme couronné de succès d’HFC.

habitats, tandis que les gouvernements se dégageaient de leurs responsabilités et réduisaient leurs activités. Les forces du marché étaient mises à contribution pour influer sur les pratiques industrielles (tout particulièrement en foresterie), et les entreprises se cherchaient des partenaires en conservation. Les entreprises forestières ont aménagé d’immenses secteurs pour la production de bois d’œuvre et de fibre de bois, et leurs pratiques se sont également répercutées sur les habitats. Pour occuper ce créneau, HFC a participé à l’établissement de normes internationales de gestion forestière, tout en élaborant des programmes internes pour favoriser la conservation de la biodiversité dans les forêts et pour reconnaître les efforts d’intendance des forêts. Même si ces programmes et ces activités utilisaient des fonds destinés au départ à la création de subventions par HFC, ils étaient considérés comme des priorités par le Conseil, car HFC cherchait des façons de stimuler davantage les pratiques de conservation sur de grandes étendues de terre contrôlées par cet important secteur. David Neave a pris sa retraite en 2000 après 17 années de service comme directeur exécutif. Il demeure persuadé que la mission et la stratégie d’HFC ont toujours leur raison d’être, et qu’il reste beaucoup de travail à faire, surtout dans le domaine de la politique agricole et forestière.

À

la fin du millénaire, HFC a reconnu qu’il devait revoir ses priorités et son orientation. La Fondation a déployé des efforts considérables pour renforcer son lien avec ses principaux donateurs, les chasseurs de sauvagine. HFC a alors publié un rapport intitulé Investors in Habitat: Hunter Contributions to Wildlife Habitat Conservation in Canada (Investisseurs dans les habitats : Contributions des chasseurs à la conservation des milieux humides au Canada). Ce rapport révélait que, depuis 1985, les chasseurs avaient versé une contribution de plus de 335 millions de dollars dans la conservation des habitats, dont 28 millions provenaient de l’achat annuel par les sauvaginiers du timbre sur la conservation

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des habitats fauniques. Le rapport indiquait également que les chasseurs avaient consacré plus de 14 millions d’heures de bénévolat à la conservation et qu’ils avaient investi plus de 40 millions de dollars dans des projets de conservation profitant surtout aux espèces autres que le gibier. En 2005, conformément aux exigences du Conseil du Trésor, Environnement Canada a demandé la tenue d’un processus indépendant de consultation publique sur le programme de timbres sur la conservation des habitats fauniques d’HFC pour la période de 2000 à 2004. Cette étude et une autre effectuée en 2007 ont mis en lumière l’appui solide des intervenants, en particulier celui des chasseurs de sauvagine, des organismes de conservation et des partenaires d’HFC pour la continuation du transfert de fonds à HFC pour les subventions. La communauté de la conservation a apprécié HFC en tant que source constante de financement et présence nationale expérimentée et crédible dans le traitement des problèmes des habitats, et elle a reconnu sa capacité à former des partenariats. Cependant, l’étude a clairement soulevé la perception voulant que cette organisation ait changé ses priorités et que moins de financement ait été octroyé aux projets concrets de conservation. Cette étude a aussi insisté sur la nécessité pour HFC de renforcer ses communications à propos de ses activités et de ses réalisations. Les conclusions de ces rapports et de ces évaluations ont donné le ton à l’orientation de l’organisation sous la direction du nouveau président d’HFC, David Brackett, auparavant directeur général du Service canadien de la faune (SCF). Bien connu dans le monde de la conservation du Canada, ce dernier connaissait très bien HCF et Environnement Canada.Travaillant en étroite collaboration avec Environnement Canada, HFC a abordé les problèmes soulevés dans les évaluations, établissant de nouveau très efficacement l’importance de son programme de subventions et concentrant ses ressources sur les besoins de la sauvagine en matière de conservation d’habitats.

David Brackett a pris sa retraite en 2008, laissant la présidence d’HFC à un conservationniste des milieux humides de longue date, Len Ugarenko. Ce dernier occupait auparavant le poste de coordonnateur du PNAGS pour l’Association of Fish and Wildlife Agencies. Pendant son mandat, Ugarenko avait insisté davantage sur l’accent qui devait être mis par HFC sur les milieux humides et la conservation de l’habitat de la sauvagine, ainsi que sur la nécessité de communiquer régulièrement les activités d’HFC aux intervenants, y compris les sauvaginiers. HFC s’est récemment lancé dans le projet ambitieux d’inciter les jeunes à pratiquer des activités extérieures pour qu’ils soient davantage en contact avec la nature. En partenariat avec le programme « Faites connaissance » de Robert Bateman, HFC a créé le tout premier Timbre sur la conservation des habitats fauniques de la jeunesse canadienne dans le but de générer des fonds qui seront entièrement versés au programme de conservation et d’éducation pour les jeunes.

Toutefois, au fil du temps, les enjeux de l’habitat sont devenus considérables, et il reste encore beaucoup à accomplir. Les stratégies principales sur lesquelles repose HFC – afin de procurer un leadership national à la conservation des habitats au Canada en servant de catalyseur pour les actions entreprises, en évaluant les politiques et en apportant une contribution financière aux initiatives pour les habitats – demeurent centrales aujourd’hui partout en Amérique du Nord. Nous participons tous au marathon pour la conservation. Le parcours est long et difficile, mais il en vaut la peine, car sans habitats, la faune n’existerait pas. C’est aussi simple que cela. A Habitat faunique Canada (HFC) est un organisme de bienfaisance national sans but lucratif axé sur la conservation, la restauration et l’amélioration de l'habitat afin de conserver la diversité, la distribution et l’abondance des espèces fauniques au Canada..

S

i on fait le bilan des 25 dernières années, on constate qu’HFC a accompli de grandes choses pour les habitats fauniques, la population canadienne et la sauvagine. Les sauvaginiers et les conservationnistes qui achètent le timbre peuvent être fiers de ce que HFC a accompli, en majeure partie grâce à leur appui financier.

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par l au r e n a n d r e s

L Fleuve Ganges

Delhi

Fleuve Yamuna

Inde

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’année dernière, aux abords du fleuve avec un groupe d’étudiants indiens, j’ai senti le besoin de nouer mon écharpe bien solidement sur mon visage pour éviter de respirer les vapeurs toxiques qui s’en dégageaient. L’eau était saturée de rejets d’égouts et semblait bouillonner de méthane. Sans un mot, les étudiants et moi avons relevé nos manches, mis des gants de plastique et entrepris le ramassage des déchets, couche après couche, sur la berge boueuse du Yamuna, en un geste symbolique. Certains ont même roulé le bas de leur pantalon pour aller chercher les déchets encore plus loin. Patauger dans l’un des dix fleuves les plus pollués du monde, ce n’est généralement pas ma définition des vacances de rêve. Pendant mes six mois à Delhi, où j’ai été bénévole pour une organisation environnementale non gouvernementale appelée Swechha (www.swfc.org.in), cette activité était pourtant chose courante. Cette organisation vise à sensibiliser étudiants et professionnels à l’environnement dans le cadre d'ateliers, de séances de nettoyage du fleuve, d’excursions et de campagnes de plantation d’arbres. Pendant mon séjour, j’ai participé à un grand nombre de ces initiatives et j’ai beaucoup appris au sujet de cet environnement malmené. Que des étudiants se proposent avec enthousiasme de ramasser des déchets, voilà qui était très révélateur. Le groupe, composé d’employés de Swechha et d’étudiants de neuvième année, venait de faire un voyage de 12 jours depuis la source du fleuve dans l’Himalaya jusqu’à Delhi, où l’attend la ruine. Nous avons campé sur les berges du Yamuna, nous nous

Conservationniste | 24-4 2010

sommes baignés dans ses rapides et nous avons discuté avec des villageois qui boivent son eau, qui s’y lavent, qui l’utilisent pour irriguer leurs terres et qui y prient. Au début du voyage, ces mêmes étudiants s’étaient esclaffés en voyant que l’itinéraire prévoyait une séance de nettoyage du fleuve à Delhi. « Des déchets? Nous, on ne ramasse pas de déchets », avait déclaré l’un des membres du groupe. Pourtant, une fois arrivés aux eaux polluées, ils ont vu les choses d’une tout autre façon. Ils n’ont pas hésité à mettre l’épaule à la roue pour nettoyer la source de leur eau potable. Qu’est-ce qui les a fait changer d’attitude? Avant le voyage, la plupart de ces étudiants n’avaient même jamais vu le fleuve à Delhi, sans parler des eaux cristallines des montagnes. Cette expérience leur a fait prendre conscience du lien entre l’usage que l’humain fait de l’eau et l’état actuel du fleuve. En le longeant, ils l’ont vu se transformer à l'approche des régions urbaines. L’apprentissage en plein air est riche en réflexions et en émotions. Plus les étudiants s’investissent lors des excursions, plus l’expérience est mémorable et efficace.

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e ce côté-ci du monde aussi, j’ai le privilège de fouler des berges en compagnie de groupes de jeunes. Armés de filets et de l’enthousiasme que suscite toute formation en plein air, des élèves de cinquième année explorent avec moi un milieu humide urbain, observent des rats musqués y plonger et cherchent les meilleurs endroits où attraper des insectes. Je ne dispose pas de 12 jours en leur compagnie, mais les quelques heures passées ensemble suffisent à apporter un changement d’attitude notable. En général, les élèves qui, à

droite : © CIC/Darin Langhorst

Les odeurs de mousse en forêt et de décomposition dans les milieux humides révèlent un écosystème sain; ce sont des odeurs de vie. Les effluves du fleuve Yamuna, à Delhi, en Inde, exhalent au contraire la mort. En raison d’une pollution extrême, le Yamuna est totalement dénué d’oxygène dissous. Bien que Delhi y puise 70 % de son eau potable, et que le cours d’eau est considéré comme une déesse hindoue vivante, il est impropre même pour les animaux qui voudraient s’y baigner. Aucune plante, aucun poisson ni rat musqué ne s’y trouve : seulement des eaux usées, des déchets et la population la plus pauvre du pays, qui s’y lave et y plonge à la recherche de quelques pièces de monnaie. leur arrivée, répugnent le plus à manipuler des insectes sont les plus difficiles à rassembler à la fin. Ils sont tellement emballés par leurs découvertes qu’ils retournent constamment au bord de l’eau pour y jeter un dernier coup d’œil. J’ai acquis cette expérience à titre d’éducateur sur les milieux humides, poste que j’ai occupé dans le cadre d’un partenariat unique entre Canards Illimités Canada, Alberta Parks (parc provincial de Fish Creek, à Calgary) et la Ville de Calgary. Les activités ont lieu dans les écoles et lors d’excursions dans la nature et graduellement amènent les élèves à mieux connaître les écosystèmes des milieux humides, à s’y sentir attachés et à les valoriser. Le simple fait de visiter un milieu humide suffit dans la plupart des cas à créer une impression durable, mais une étude confirme que les contacts répétés permettent d’approfondir les apprentissages et aident les élèves à se souvenir des détails de leur expérience longtemps après qu’ils aient posé leur filet. Ce partenariat prévoit trois séances sur une période de trois mois, pendant lesquelles les élèves étudient, explorent différents aspects des milieux humides et en discutent pour établir des liens entre ce qu’ils ont appris en classe et sur le terrain, et entre leurs expériences lors des excursions et leurs valeurs personnelles. L’éducation pragmatique tient compte des divers styles d’apprentissage des élèves. Le modèle VARK vise quatre styles d’apprentissage : visuel, oral, kinesthésique et par la lecture et l’écriture. Essentiellement, pour que le groupe auquel on s’adresse retienne le contenu présenté, il faut faire appel à chacun de ces styles d’apprentissage. En écrivant, en dessinant un milieu humide, en décrivant oralement

leur dessin et en attrapant des insectes qu’ils peuvent observer, les élèves disposent d’une multitude de moyens pour intégrer les merveilles que recèlent les milieux humides. La connaissance des problèmes écologiques ou des milieux naturels ne suffit plus; l’expérience positive que les élèves vivent dans la nature influe davantage sur leurs attitudes et leurs comportements à long terme. Comment s’attendre à ce que les élèves se fassent les gardiens des milieux naturels et de l’eau s’ils n’ont jamais senti le lien qui les unit à la nature?

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J’ai vu un fleuve dont toute vie a été littéralement anéantie par l’action humaine. Il est donc extrêmement important pour moi d’offrir une expérience d’apprentissage qui permet aux participants d’intégrer réellement ce qu’ils apprennent sur les milieux humides.

’ai vu un fleuve dont toute vie a été littéralement anéantie par l’action humaine. Il est donc extrêmement important pour moi d’offrir une expérience d’apprentissage qui permet aux participants d’intégrer réellement ce qu’ils apprennent sur les milieux humides. Ces derniers sont de prodigieux filtres naturels qui peuvent éliminer de nombreux polluants de l’eau. Il faut donc les protéger si l’on veut éviter que l’un de nos cours d’eau se transforme en fleuve Yamuna. L’éducation pragmatique a ceci de formidable qu’elle stimule l’intérêt des élèves et les incite au respect et à la responsabilité, ce qui est essentiel pour l’avenir des ressources hydriques du Canada. A

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