Aquaculture francaise: qu'en est-il aujourd'hui ?

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Mise au point sur l'aquaculture française dans un contexte international Par Olivier Neuckens Pour Mer en Direct

Ferme aquacole en Méditerranée Crédits : FlickR Comme dans le monde enter où la demande de produits de la mer a doublé en 10 ans à peine, la France n'échappe pas à cette augmentation bien qu'elle soit plus modeste. Et corresponde à 50% de plus depuis l'an 2000. Comme dans le monde enter où la demande de produits de la mer a doublé en 10 ans à peine, la France n'échappe pas à cette augmentation bien qu'elle soit plus modeste. Et corresponde à 50% de plus depuis l'an 2000. Pourtant la situation reste très paradoxale. La France reste autosuffisante à 20 % seulement . En effet, comme le fait remarquer cet exploitant français qui produit 40 millions d'alevins de dorade par an, « la totalité de ma production part pour d'autres pays de Méditerranée comme la Grêce , l'Espagne ou la Turquie qui fait grandir ces alevins pour les revendre ensuite à la France beaucoup plus cher ». C'est ainsi que la France dépense 3,6 milliards d'euros en importation de poissons soit 80 % de sa demande. Ce n'est pas étonnant lorsqu'on sait que depuis 15 ans aucune nouvelle structure de production n'est venue augmenter le parc français qui ne compte actuellement que l'équivalent de 15 ha pour l'eau douce et l'eau salée (respectivement 10 ha et 5 ha) ce qui est très peu. Pourtant en 2014, un événement surprenant s'est produit au niveau mondial. C'est la première fois que la production aquacole toutes sources confondues a dépassé la production par la pèche


artisanale et industrielle. Cette information provient de la FAO. La majeure production provient de l'Asie et de la Chine en particulier qui produisent 90 % des produits marins contre 2% pour L'Union Européenne.

Cages Off-Shore Crédits : wikipedia Il existe d'autres explications du retard de la France par rapport aux poissons chinois bon marché : • En Bretagne et Manche, les eaux sont trop froides en hiver • En Atlantique, les fonds sont trop peu profonds et soumis aux tempêtes • En Méditerranée, le tourisme gêne la mise en place des élevages La Corse par exemple, produit 1500 t de bars et dorades contre six fois plus potentiellement pour un déploiement optimal des élevages si des infrastructures adéquates étaient construites Les entreprises doivent satisfaire à un arsenal de lois contraignantes pour les aspects sanitaires et environnementaux. Trop contraignantes ! Et même le gouvernement de reconnaître : « la situation n'est pas normale et le dispositif est trop complexe ». Ainsi les investisseurs restent frileux. De plus, les craintes de pollution sont souvent invoquées pour refuser la mise en place d'une nouvelle unité de production. Mais ces craintes sont souvent exagérées. Le point fort de la production en Europe reste la technologie avancée : écloserie et production de nourriture pour les alevins . On peut aussi désormais faire chuter le taux de mortalité de ces


derniers sans avoir recours aux antibiotiques. Une prévention rigoureuse s'avère payante ! Il en est ainsi pour les larves de Dorade, qui sont vendues à la pièce. Pour les protéger, l'eau de mer est en circuit fermé et est sans cesse filtrée, pasteurisée et débarrassée des virus et bactéries par l'utilisation de rayonnements UV qui cassent l'ADN des microbes ? D'autre part, on constate que de plus en plus d'écloseries se créent sur la terre ferme plus ou moins loin du Littoral. L'eau est chauffée et recyclée après purification. Ainsi, c'est le cas du plus gros élevage français de bars et de dorades : cette entreprise fonctionne grâce à l'eau chaude rejetée par le centre nucléaire de Gravelines. La radioactivité de l'eau est extrêmement surveillée pour qu'elle reste normale. L'avenir en France et en Europe passe peut-être par la création de plateformes off shore à 100 km des côtes avec un élevage symbiotique de poissons, algues et coquillages ? La nourriture doit être améliorée aussi . Actuellement, elle est principalement constituée de farines de « poissons fourrage » (des petits poissons servant de nourriture comme les anchois par exemple) capturés en pleine mer. Dorénavant, il faudra compter avec les farines issues de la production d'algues microscopiques et les protéines issues d'insectes broyés. L'INRA travaille pour adapter les poissons à ces nouvelles sources de nourriture . Un plan stratégique national est en préparation pour faire de la production française une production de qualité et haut de gamme. Reste en dernier lieu à convaincre les consommateurs qu'un poisson issu de l'élevage est aussi goûteux qu'un poisson sauvage !


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