La gestion de l’environnement et des ressources naturelles Une prÊoccupation croissante du FIDA
Cette publication vise à faire largement connaître l’expérience du FIDA en illustrant les instruments, processus et pratiques qu’il utilise par des exemples tirés de son portefeuille de projets. Le thème choisi pour l’examen du portefeuille du FIDA pour 2001 était la gestion de l'environnement et des ressources naturelles. La présente publication s’inspire largement de ce rapport de situation qui a été présenté à la soixante-douzième session du Conseil d'administration du FIDA en avril 2001. Ce rapport contient un vaste éventail d'exemples relatifs à la conservation du sol, l'aménagement des bassins versants, la déforestation, la gestion des parcours, la désertification, la conservation de la biodiversité et la santé environnementale. D’autres aspects transectoriels ont été abordés notamment la participation des bénéficiaires et des communautés, le transfert de technologies respectueuses de l'environnement, la promotion de politiques en faveur de l'environnement et le financement rural pour alléger la pression sur les ressources naturelles.
Depuis plus de 20 ans, le Fonds international de développement agricole (FIDA) joue un grand rôle dans la lutte contre la pauvreté rurale. Son expérience montre que pour faire reculer la pauvreté il est essentiel, notamment, de donner aux ruraux pauvres l'accès aux ressources naturelles et aux technologies permettant de les utiliser de manière productive et durable. De fait, l'un des trois objectifs du cadre stratégique du FIDA pour 2002-2006 est de "donner un accès plus équitable aux ressources naturelles productives et aux technologies". Soixante-quinze pour cent des pauvres du monde vivent en zone rurale et tirent de la terre sur laquelle ils vivent l'essentiel de leurs moyens de subsistance. Ils occupent et exploitent, directement ou par l'intermédiaire de leurs entreprises, une grande partie des terres et de l'eau consacrées à la production agricole. Ils disposent d'une mine de savoirs traditionnels relatifs aux techniques et à l'organisation. Les ruraux pauvres contribuent largement à la croissance économique de leurs pays et jouent un rôle déterminant en gérant et en conservant les ressources naturelles mondiales.Toutefois, ils sont souvent contraints d'exploiter des terres dégradées de plus en plus impropres à satisfaire leurs besoins, ou de mal utiliser des terres productives parce qu'ils manquent d'outils ou de savoirs appropriés. Ainsi le cycle pauvreté/dégradation de l'environnement/pauvreté se perpétue. Le FIDA est certain d'une chose: les ruraux pauvres sont prêts à saisir les occasions d'améliorer leur vie et d'assurer un avenir meilleur à leurs enfants. Le défi consiste à les aider à surmonter les obstacles pour y parvenir. C'est un défi de taille, mais le FIDA est à même d'apporter des changements dans la vie des agriculteurs pauvres, des femmes rurales, des paysans sans terre et des autres groupes vulnérables grâce à l'expérience, aux savoirs et aux outils qu'il a accumulés. À l'heure où il fait le bilan de ses résultats – et des enseignements qu'il a tirés – pour préparer le Sommet Rio+10 qui se tiendra en 2002, cette publication vient à point nommé. L'engagement pris par les dirigeants mondiaux de diminuer la pauvreté de moitié d'ici 2015 ne pourra être tenu si l’on ne traite pas la question du "capital naturel" qui conditionne la vie et les moyens de subsistance des ruraux pauvres.
AVANT-PROPOS
Le Président du FIDA Lennart Båge 1
Pauvreté rurale et dégradation de l’environnement: une relation de cause à effet La mince couche de sol qui couvre la majeure partie de la surface terrestre est la clé du bien-être et de la survie de l'homme.Sans elle,il n’y aurait ni plante,ni culture,ni animal,ni forêt,ni être humain.Cependant,40% environ de cette surface est touchée par la dégradation des sols,avec ses conséquences négatives pour plus d’un milliard de personnes.Les terres dégradées sont le lot des catégories les plus pauvres de la population rurale. Environ 70% des projets consacrés par le FIDA à la lutte contre la pauvreté rurale sont situés dans des environnements marginaux,écologiquement fragiles.Dans ces zones,les pauvres sont souvent prisonniers d'un cercle vicieux entraînant la dégradation des ressources naturelles parce qu’ils n’ont pas suffisamment accès aux ressources productives,aux services institutionnels,au crédit et aux technologies et sont donc obligés,pour survivre,de surexploiter des terres déjà en voie d’érosion.L’augmentation de la pression sur la terre – par le biais de la déforestation,du surpâturage et de la culture excessive – entraîne une diminution de la fertilité des sols et de la production,ce qui aggrave la pauvreté.Cette relation cyclique de cause à effet entre la pauvreté rurale et la dégradation de l’environnement a une conséquence évidente:tant que le problème de la dégradation ne sera pas traité directement,la pérennité des projets de développement rural – de même que les tentatives visant à faire reculer la pauvreté – sera compromise.
Lesotho
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Sénégal
Somalie
Panama
Le mandat du FIDA et les questions liées à l’environnement Le premier objectif de la plupart des projets financés par le FIDA est de favoriser le développement rural,principalement par l'augmentation de la production agricole,et d'accroître le revenu des agriculteurs pauvres.La nécessité d'étudier les retombées environnementales de la lutte contre la pauvreté s’est révélée être une conséquence inévitable de l'action menée par le Fonds dans les zones marginales.L’approche adoptée par le Fonds pour intégrer les considérations environnementales dans les opérations de prêt a été formulée pour la première fois en 1990 et 1991 dans deux documents d’orientation.Peu après,le FIDA a nommé un conseiller spécial pour que la gestion des ressources naturelles et les questions liées à l’environnement soient systématiquement prises en compte lors de la préparation et de la conception de nouveaux projets.En 1994,il a mis en place des procédures officielles comparables à celles de ses principaux partenaires,pour l’évaluation environnementale,et depuis lors tous les projets à l'étude sont classés en fonction de leur urgence et de leur impact sur l’écologie et les populations locales. Le FIDA n’a pas limité ses efforts en matière d’environnement et de gestion de ressources naturelles à son seul programme de prêts.Ses dons d’assistance technique financent les recherches et la formation agricoles à l'appui des programmes nationaux et régionaux de ses États membres.Certains sont destinés à encourager les agriculteurs à adopter de meilleures techniques de gestion des ressources naturelles et à accroître ainsi leurs revenus,tandis que d’autres privilégient la gestion participative,en particulier aux niveaux de la communauté et des groupements. Inde
Le FIDA fournit également un appui en matière de définition des grandes orientations et une assistance technique aux programmes nationaux et régionaux de ses États membres.De plus,à l’appui de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification,le Fonds contribue à la préparation de programmes d’action nationaux et sous-régionaux,et a récemment commencé à travailler avec les gouvernements,par le biais du Fonds pour l’environnement mondial,à l'élaboration de projets consacrés aux problèmes environnementaux à l'échelle planétaire.En 1997,le Mécanisme mondial a été établi sous l’autorité de la Conférence des Parties à la Convention.Accueilli par le FIDA,il joue le rôle de pivot d’un réseau dynamique de partenaires qui mobilisent leurs ressources et leurs savoirs pour lutter contre la désertification.Ces initiatives,et un certain nombre d'autres,sont présentées dans les pages suivantes.
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Lutter contre l’érosion génétique dans les zones à tendance désertique de l’Afrique À sa cinquante-septième session, en avril 1996, le Conseil d'administration a approuvé un don d’assistance technique pour le programme d'élaboration de stratégies de conservation in situ et d’utilisation des ressources génétiques végétales dans les zones à tendance désertique d’Afrique. Ce programme, qui sera exécuté jusqu’en juin 2002, consiste à combattre les pertes génétiques dues à la sécheresse et à la désertification dans les zones écologiques arides d’Afrique. Certains éléments clés des stratégies destinées aux communautés agricoles de ces zones vulnérables – pour leur donner un accès durable aux variétés traditionnelles de leurs cultures favorites – ont été déjà identifiés. Ils varient très fortement en fonction de la composition socioéconomique et ethnique du groupe d’agriculteurs considéré, et tiennent compte des pratiques et des préférences des agriculteurs en matière de sélection des semences, techniques de conservation et de stockage, mécanismes d'acquisition et de diffusion des savoirs locaux, et méthodes d’expérimentation traditionnelles. À partir de ces éléments, plusieurs méthodologies sont actuellement testées au Mali et au Zimbabwe avec la participation active des agriculteurs. Le programme a également mobilisé une coalition d’acteurs, notamment les systèmes nationaux de recherche agricole (en particulier les programmes nationaux portant sur les ressources génétiques végétales), les organisations internationales (l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l'Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI)) et les organisations non gouvernementales (ONG) locales et nationales.
Aider les producteurs de riz aquatique en Asie du Sud et du Sud-Est À sa soixante-sixième session, en avril 1999, le Conseil d’administration a approuvé un don d’assistance technique pour le programme d’évaluation participative: adaptation et adoption de technologies de gestion des éléments nutritifs respectueuses de l’environnement pour les agriculteurs pauvres en ressources dont l'objectif est de mettre au point des technologies peu coûteuses susceptibles d’être adaptées aux besoins des producteurs de riz aquatique en Asie du Sud et du Sud-est. Les activités ont lieu au Bangladesh, au Népal et au Viet Nam, et sont destinées aux agriculteurs qui cultivent de petites parcelles dans des zones isolées et marginales. Une technologie identifiée par le projet, qui a donné de bons résultats, est l’utilisation de briquettes d’urée: elle respecte l’environnement, permet des rendements élevés (jusqu’à 20% d’augmentation) avec moins d’engrais et est également plus accessible pour les petits paysans pauvres en ressources. Cette technologie intéresse également les agriculteurs au Népal qui invoquent la croissance uniforme, les rendements plus élevés et la raréfaction des mauvaises herbes. Au Bangladesh, un grand nombre d’agriculteurs utilisent maintenant ces briquettes dans leurs mares à poissons, ce qui leur permet d'obtenir des vitesses de croissance plus élevées. La technologie demande beaucoup de main-d’œuvre car les briquettes doivent être placées dans le sol à la main. Ce problème a été partiellement surmonté par l’introduction de briquettes plus grandes, réduisant le placement manuel de 30% environ. En outre, des applicateurs peu coûteux sont en cours d’expérimentation. 4
Aperçu par région
Mali
Madagascar
Chine
Mexique
Jordanie
Bon nombre d'aspects liés à la gestion de l'environnement et des ressources naturelles sont communs à toutes les régions:participation accrue des bénéficiaires et des communautés, conception et partage de technologies respectueuses de l'environnement,renforcement des politiques en faveur de l'environnement et promotion de la finance rurale pour encourager les activités génératrices de revenus hors exploitation et les microentreprises afin d'alléger la pression sur les ressources naturelles.On peut ajouter aux questions transversales l’équité entre les sexes et les savoirs indigènes.Cependant,les causes et les effets de la dégradation de l'environnement varient considérablement selon les régions,les pays et les zones agroécologiques,donnant lieu à une grande variété de problèmes de gestion de ressources naturelles.C'est pourquoi,l'un des principaux défis consiste à adapter les solutions aux besoins de chaque zone.
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Afrique de l'Ouest et du Centre L’une des principales préoccupations concerne la dégradation de la terre et de l'eau,due en grande partie à la désertification et à la diminution croissante de la surface des terres arables,des eaux souterraines et des parcours d'élevage.L'exploitation par une population toujours plus nombreuse des terres boisées pour le bois de chauffage,le bois d'œuvre et de nouvelles terres agricoles aggrave encore le problème.Face à cette situation,le FIDA met l'accent sur les approches durables de l'intensification agricole,ainsi que sur la promotion de technologies appropriées,le renforcement du pouvoir d'action des communautés,l'apport d'information pour les prises de décision et la gestion des ressources naturelles. Mauritanie
Sur les 46 projets en cours dans la région,18 ont des composantes en rapport avec la gestion des ressources naturelles fondées sur l'expérience tirée du Programme spécial pour les pays de l'Afrique subsaharienne touchés par la sécheresse et la désertification,qui a couvert la période 1986-1995 et qui a été le premier grand programme du FIDA traitant le problème de la dégradation des terres en relation avec la pauvreté et la sécheresse. L'un des enseignements importants qui en a été tiré est que les technologies issues des pratiques locales ont un impact moindre sur l'environnement que les technologies standard exigeantes en intrants,et qu'elles ont plus de chance de succès parce qu'elles répondent aux priorités de la population locale.Au Burkina Faso,par exemple,les agriculteurs locaux façonnent sur les pentes de leurs terres des festons en demi-lune pour capter et retenir l'eau.Au Cap-Vert,les travailleurs ruraux ont introduit les terrasses,ce qui a amélioré la production de fourrage et de maïs,tout en laissant de la terre pour une récolte de pois cajan.Dans un autre projet novateur au Niger,les travaux d'irrigation ont été laissés aux termites:la technique,appelée ,consiste à creuser des trous de 15 à 20 centimètres de profondeur et à utiliser le sol déterré pour façonner des bourrelets protecteurs autour du trou.Les fonds des trous sont ensuite tapissés de fumier qui devient un terrain de reproduction pour les termites.Celles-ci creusent le sol durci par la sécheresse, produisant un délicat réseau de galeries.Lorsque les pluies arrivent,les trous et les galeries se remplissent d'eau et les agriculteurs y plantent sans peine le mil ou le sorgho.
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Afrique de l'Ouest et du Centre
Comprendre l'environnement avant d'agir En Gambie, le riz constitue l'aliment de base et représente une large part de la production agricole du pays. Il est cultivé dans un environnement de mangrove, formé de divers niveaux de sols acides à sulfates contenant de la pyrite. Alors que ces sols sont généralement situés dans des zones plates riches en matière organique et autres éléments nutritifs, leur submersion provoque l'oxydation de la pyrite, qui conduit à une forte acidification et les rend toxiques, déficitaires en éléments nutritifs et impropres à l'agriculture. De plus, les inondations peuvent répandre l'acidité dans d'autres zones, tuant les poissons, les crustacés et la faune, ce qui prive la population de l'une de ses sources de protéines les plus importantes. Le programme de développement agricole des basses terres s'est efforcé d'évaluer ces contraintes environnementales pour élaborer des mesures correctives pendant la conception et l'exécution du projet. La réalisation d'une série d'études environnementales a constitué une composante majeure de la stratégie adoptée. Les études pédologiques ont fourni un aperçu des caractéristiques des sols ou groupes de sols et de leur influence sur la productivité agricole. Un certain nombre de recommandations pratiques ont porté sur le labour profond, la conservation des hautes terres, le drainage et les méthodes de culture. L'étude a débouché sur l'introduction d'un nouveau système de classification des sols plus simple, qui permet au personnel du projet et aux agriculteurs de reconnaître avec davantage de facilité les sols à problèmes. Dans les zones où des sols acides ont été identifiés, le personnel a été formé pour aider les communautés à extraire de la chaux le long des cours d'eau afin de neutraliser la trop forte acidité. On a introduit des techniques de conservation de l'eau et du sol, élémentaires du point de vue technologique, telles que de simples digues de retenue d'eau, des déversoirs pour évacuer l'eau salée des bas-fonds recouverts par la marée, et des chaussées en bois pour accéder aux marécages. Des rendements de riz plus élevés et plus stables ont incité les communautés à contribuer aux travaux de conservation. Le projet a également renforcé les groupements villageois traditionnels afin qu'ils prennent la responsabilité de l'exécution et de la gestion de leurs projets. Cette étude détaillée s'est révélée être un outil important pour mettre en lumière les principaux problèmes environnementaux dans une zone de projet, et la façon dont ils ont un impact sur les objectifs d'amélioration de la production agricole et de préservation de l'environnement à long terme. De plus, comme les sols acides à sulfates sont présents dans d'autres zones côtières d'Afrique de l'Ouest, les activités du programme peuvent être étudiées du point de vue de leur reproductibilité.
Afrique orientale et australe La dégradation des ressources naturelles est un grave problème en Afrique orientale et australe:la région est touchée par la déforestation,la perte de la fertilité des sols,le compactage des sols, l'insuffisance d'eau et le surpâturage.Le FIDA a 50 projets en cours dans la région.Compte tenu de la diversité de la base de ressources naturelles,chaque projet porte sur des problèmes spécifiques en fonction du site.Les principaux domaines d'intervention sont l'arrêt et l'inversion du processus de déforestation,la lutte contre l'érosion et la gestion des sols,la gestion de l'eau et de l'humidité du sol,l'arrêt de la dégradation des pâturages,la régénération et la conservation des ressources marines et la conservation de la biodiversité. En Zambie,par exemple,le projet de gestion des ressources forestières a lancé une série d'activités à assise communautaire pour accroître les revenus des agriculteurs et permettre une utilisation durable des ressources forestières.L'une des principales initiatives est la plantation de bosquets par les communautés elles-mêmes,pour leur propre usage et pour la vente,ce qui devrait réduire les coupes dans la forêt naturelle.Au Lesotho,le système de culture Machobane,qui porte le nom de son inventeur,a été utilisé dans le programme de conservation des sols et de l'eau ainsi que d'agroforesterie.Ce système remplace la monoculture traditionnelle par des cultures relais intensives le long des courbes de niveau afin de lutter contre l'érosion et de conserver l'humidité.Il améliore la fertilité du sol grâce à l'épandage de cendres de bois et de fumier de ferme.Le système met également l'accent sur la formation intensive des agriculteurs (le plus souvent par d'autres agriculteurs),un haut niveau de participation des petits paysans et un renforcement important de leurs pouvoirs.Au Burundi,le projet de développement agropastoral au Bututsi favorise l'établissement de pépinières privées gérées par des groupements d'agriculteurs et assure une formation en matière de production et de distribution de plants.
Madagascar
L'expérience a prouvé que les périmètres d'irrigation privés sont généralement plus viables et autosuffisants que les périmètres publics.C'est pourquoi,la stratégie régionale privilégie une gestion de l'eau susceptible d'être dirigée et mise en œuvre par les agriculteurs.À Madagascar,le projet de mise en valeur du Haut Bassin du Mandraré remet en état les périmètres d'irrigation publics et communautaires et confie la gestion des premiers à leurs utilisateurs.Des animateurs locaux formés par des ONG travaillent avec les agriculteurs à la formation d'associations d'irrigants qui sont ensuite associées à la planification et à la réalisation des travaux de remise en état.En Éthiopie,grâce au renforcement de ses capacités,le Bureau régional de développement responsable de l'eau,des mines et des ressources en énergie,peut dresser des inventaires, rechercher des sources d'eau potentielles pour les communautés et organiser des comités communautaires pour l'eau et l'assainissement chargés d'élaborer des plans en fonction des besoins des communautés.
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Afrique orientale et australe
Améliorer la vie des artisans pêcheurs Au Mozambique, la pêche constitue l'une des principales sources d'aliments pour les ménages et de recettes de l'exportation. Malheureusement, la surexploitation tant par la flotte artisanale que par la flotte industrielle et les pratiques destructrices ont gravement appauvri les stocks de poissons et endommagé l'environnement marin. Le projet de pêche artisanale dans la province de Nampula a débuté en 1994, avec un financement du FIDA, du Gouvernement mozambicain et du Fonds de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Les objectifs du projet étaient d'accroître les revenus, de créer de nouvelles possibilités d'emploi et de renforcer la sécurité alimentaire des artisans pêcheurs et de leurs familles. Pour les réaliser, on a conçu une approche à quatre volets: améliorer la disponibilité de l'équipement de pêche et l'accès des pêcheurs aux services financiers; expérimenter puis promouvoir de nouvelles techniques de pêche, de même que des méthodes plus appropriées de traitement du poisson; développer les compétences en matière de transport et de commercialisation; et enfin, améliorer les installations d'assainissement et l'accès à l'eau potable. De grands pas ont été faits. La fiscalité applicable aux équipements de pêche a été réduite, ce qui les rend disponibles à des prix raisonnables, grâce notamment à l'appui apporté en faveur de la création d'un réseau de détaillants privés. En partenariat avec les pêcheurs, le projet a testé différents types d'équipements, tels que les filets maillants de plus grande taille, les lignes longues et les tramails pour les crevettes, dans le but de mettre au point des techniques efficaces et peu coûteuses adaptées aux diverses espèces commerciales présentes dans la zone. Le projet a également expérimenté des approches en matière de traitement et de conservation, telles que fumoirs et grilles de salage et de séchage. Ces mesures vont encourager les pêcheurs à adopter des pratiques de pêche plus durables et promouvoir une production plus efficiente. Les réformes introduites - ainsi que l'appui apporté par le projet aux comités de cogestion – ont incité les pêcheurs à se débarrasser des moustiquaires qu'ils utilisaient traditionnellement sans que leurs prises en soient affectées et ont conduit à l'extension de la zone de pêche réservée exclusivement à la flotte artisanale. Elles devraient avoir un impact positif sur les stocks halieutiques et l'environnement naturel. La composante services financiers du projet ne s'est pas limitée au crédit. Quatre formules ont été testées: caisses de crédit, groupements de solidarité ou de confiance, clubs d'épargne, et tontines. Ces dernières se sont révélées particulièrement adaptées aux besoins des catégories les plus pauvres de la communauté, plus spécialement les femmes, et plus de 130 ont été créées. Le projet a également construit 122 puits, remis en état 138 km de routes d'accès et contribué à promouvoir la formation de 157 organisations communautaires – comités de cogestion, comités de gestion des points d'eau, groupements de développement communautaire et autres – qui participent activement aux activités du projet. Le projet de Nampula a démontré maintes fois l'efficacité d'une approche intégrée intersectorielle, portant simultanément sur les aspects techniques, commerciaux, sociaux et institutionnels. Grâce à un ciblage judicieux, il a permis non seulement d'inciter les pêcheurs à améliorer et à développer leurs activités, mais aussi de promouvoir un développement plus large et mieux intégré au sein du secteur de la pêche.
Asie et Pacifique Les principaux problèmes environnementaux rencontrés par les agriculteurs pauvres de l'Asie et du Pacifique sont:la dégradation des ressources en terre et en eau,la sédimentation des cours d'eau,la diminution des ressources forestières et de la biodiversité et la diminution des ressources halieutiques.Les programmes concernant les zones marginales bénéficient d'une attention toute particulière,car ces zones ont été les plus durement touchées par la crise financière asiatique de 1997.Sur les 56 projets en cours dans la région,34 (61%) sont situés dans des zones marginales, en particulier dans les hautes terres,et 24 (43%) prévoient des investissement importants dans la gestion des ressources naturelles. La conservation des sols tient une place importante dans la région.L'expérience a montré que les agriculteurs pauvres ne disposent souvent ni du temps ni des moyens nécessaires pour participer aux mesures correctives lentes et coûteuses visant à rétablir la fertilité des sols,c'est pourquoi nombre de projets s'efforcent d'améliorer simultanément la production et la conservation des sols. En Indonésie,par exemple,le projet d'agriculture pluviale à Java Est faisait participer les bénéficiaires à la planification des activités et prévoyait des incitations,telles que des rations alimentaires fournies par le Programme alimentaire mondial (PAM).Les travaux de conservation du sol et de l'eau dans les exploitations consistaient en l'amélioration des terrasses pour optimiser la rétention du sol et de l'eau,la construction de canaux de drainage,le comblement des ravines et la réalisation de petits ouvrages de retenue pour contrôler le flot de l'excédent d'eau.Le projet introduisait également des graminées et des plantes fourragères pour lutter contre l'érosion et contribuer à l'alimentation des animaux.L'un des résultat a été une augmentation de 60% du rendement net par unité de culture vivrière. En ce qui concerne la biodiversité,on estime que pendant les 25 prochaines années,l'Asie perdra une plus grande proportion d'espèces et d'écosystèmes naturels que n'importe quelle autre région du monde.L'expérience a démontré que la manière la plus efficace de conserver la biodiversité était d'établir des zones de protection.Cependant,il faut veiller à promouvoir la participation des bénéficiaires de façon à ne pas marginaliser les utilisateurs des ressources.C'est ce qui a été réalisé en Inde avec le projet de gestion des ressources communautaires sur les hautes terres de la Région Nord-Est:la réserve naturelle est entourée d'une zone tampon ainsi que de forêts destinées à répondre aux besoins des communautés et à éviter toute violation de la zone protégée.Compte tenu du rôle important des femmes,qui fournissent 70 à 80% du travail et contribuent au ramassage des produits de la forêt ainsi qu'à la conduite du ménage,des programmes de vulgarisation sont spécialement conçus à leur intention.
Viet Nam
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Asie et Pacifique
Stimuler l'élevage en améliorant la qualité des pâturages La productivité de l'élevage augmente lorsque l'alimentation animale et les abris sont de bonne qualité. Cependant, le problème consistant à équilibrer le nombre d'animaux et les pâturages disponibles peut se révéler complexe. En Chine, pour résoudre ce problème, le projet de développement des pâturages et de l'élevage dans le Nord, qui a débuté en 1981, s'appuyait sur le savoir-faire des communautés agricoles du Sichuan, complété par l'apport des intrants et des services essentiels pour accroître l'efficacité des méthodes traditionnelles de production. Le développement de l'élevage a été rendu possible grâce à l'augmentation de la quantité de fourrage vert de meilleure qualité, en particulier pendant les mois d'hiver, et à l'accent mis sur l'exploitation des terres agricoles et non arables marginales et sous-utilisées. Pour mettre au point une technologie d'amélioration des fourrages, la recherche adaptative a porté sur: la sélection des espèces fourragères (annuelles et pérennes) susceptibles de produire des rendements élevés, de rivaliser avec les mauvaises herbes et de bien se développer avec les autres espèces fourragères; la détermination des besoins en engrais et des périodes de plantation; et l'identification des cultures compagnes. Dans nombre de projets de développement de l'élevage, l'une des préoccupations est le risque de dégradation des sols par le surpâturage. Cependant, dans ce projet particulier, il n'a pas été jugé inquiétant. Les animaux susceptibles de causer des dommages, à savoir les chèvres, étaient les moins représentées dans les troupeaux ou les villages, beaucoup étant par ailleurs enfermés et seulement conduits au pâturage à des moments précis de la journée. Cependant, il a été suggéré d'en suivre régulièrement le nombre afin d'éviter tout risque de surpâturage et d'érosion des sols – mesure de suivi environnemental qui devrait avoir plus de poids actuellement. Dans l'ensemble, le projet a eu un impact positif sur la stabilité de l'environnement: la plantation de mélanges persistants de graminées/légumineuses sur des terres marginales, utilisés périodiquement, a contribué à stopper l'érosion et à enrichir les sols épuisés et les terres non arables en matière organique. En outre, le développement de l'élevage dans des zones au sol relativement peu fertile a permis la production de plus grandes quantités de fumier de ferme pour la culture des terres arables.
Amérique latine et Caraïbes En Amérique latine et aux Caraïbes,la protection de l'environnement n'est pas une fin en ellemême,mais le FIDA la considère comme une préoccupation indissociable de la réduction durable de la pauvreté.Cette préoccupation est exprimée - et traitée - dans une trentaine de projets (60% du total) qui mettent l'accent sur la protection de la biodiversité et la gestion des ressources naturelles renouvelables - en particulier le sol et l'eau - pour les productions végétales et animales.Le projet de gestion des ressources naturelles dans la sierra méridionale au Pérou,par exemple,vise à remettre en état la base de ressources naturelles afin de permettre aux agriculteurs pauvres de produire les cultures et les animaux traditionnels des Andes.À cet effet,il s'appuie sur une action collective associant les savoirs traditionnels aux techniques modernes pour améliorer la gestion du sol et de l'eau.Au Nicaragua,le projet d'apport de capital aux petits exploitants de la zone Tropisec des Segovias – Région I adopte également une approche intégrée:les productions végétales et animales sont améliorées par le biais d'une action collective visant à introduire la culture d'arbres à multiples usages,un meilleur aménagement du bassin versant et le reboisement des terres dégradées. La vulnérabilité de la région aux catastrophes naturelles fréquentes est aggravée par la dégradation de l'environnement,la déforestation et l'aménagement inadapté des bassins versants. Les projets de redressement après le passage de l'ouragan Mitch en Amérique centrale prévoient des interventions techniques dans les zones rurales pour mieux aménager les paysages et les bassins versants afin de réduire la vulnérabilité écologique.En même temps,ils favorisent la participation active de la société civile aux programmes de lutte contre la pauvreté afin de réduire la vulnérabilité de la population. Les régimes fonciers revêtent également une grande importance.La sécurité d'occupation des terres constitue une incitation à l'adoption de pratiques durables de gestion de la terre et de l'eau et accroît les possibilités à cet égard.Les droits de propriété peuvent également servir de garantie pour l'obtention de crédits et favoriser ainsi une production plus efficace.Plusieurs projets de la région aident les agriculteurs ou leurs organisations à obtenir le droit d'occuper les terres qu'ils cultivent et celles qu'ils partagent avec d'autres membres de la communauté.
Pérou
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Amérique latine et Caraïbes
L'importance des plans de gestion de l'environnement La gestion des ressources naturelles et la protection de l'environnement sont des objectifs essentiels de la stratégie du FIDA dans le département de Chalatenango ("la vallée de l'eau et du sable"), une région montagneuse du nord d'El Salvador, la plus pauvre du pays, où les effets de la guerre et de la dégradation des ressources naturelles se font durement sentir. Le projet de réhabilitation et de développement dans les régions dévastées par la guerre du Département de Chalatenango (PROCHALATE) a été conçu par le FIDA en collaboration avec le gouvernement pour rétablir la structure sociale et économique de la zone. L'un des objectifs du projet était l'élaboration d'un plan de gestion de l'environnement en collaboration avec le Comité Ambiental de Chalatenango, l'institution responsable de la coordination des activités environnementales dans la région. Le plan, conçu selon une approche participative, visait à promouvoir la gestion de l'environnement et à créer ou renforcer les institutions pertinentes. Depuis son entrée en application, les questions socio-environnementales sont devenues plus évidentes, ce qui a entraîné un renforcement de l'éducation en matière d'environnement (dès l'école primaire), la formation de groupements environnementaux, l'intensification de la coopération entre les divers niveaux institutionnels, et une participation accrue des collectivités locales aux projets environnementaux. L'expérience de Chalatenango a montré que les plans de gestion de l'environnement fournissent: • une base juridique pour la protection de l'environnement; • un cadre global pour les questions traitées telles que la foresterie et l'aménagement des bassins versants ou l'éducation en matière d'environnement; • des inventaires des ressources naturelles, qui servent de point de départ pour les activités en faveur de l'environnement; • les détails d'un plan d'action concret; et • l'assurance de la participation de la population à toutes les étapes. D'une manière plus générale, les plans de gestion de l'environnement favorisent la durabilité du projet sur le long terme.
Proche-Orient et Afrique du Nord Les principales menaces environnementales au Proche-Orient et en Afrique du Nord sont liées à la sécheresse,à la désertification et à la dégradation des sols et de la terre.Elles sont aussi,dans une large mesure,la cause et jusqu'à un certain point la conséquence de la pauvreté rurale.La dégradation importante des terres résulte des conditions climatiques,de la mauvaise gestion des parcours d'élevage et du surpâturage.De plus en plus souvent,la gestion durable des ressources naturelles,notamment la conservation du sol et de l'eau,la mise en valeur des terres et l'irrigation, en particulier dans le contexte de l'augmentation de la production agricole,font partie intégrante des projets réalisés,et en constituent l'un des principaux objectifs. En Jordanie,la première génération de projets (avant 1995) privilégiait l'accroissement du capital des ruraux pauvres;la deuxième génération (projets approuvés depuis 1995) s'attaque à la pauvreté par le biais de la gestion des ressources naturelles,en particulier la conservation du sol et de l'eau et l'aménagement des parcours.Le projet de mise en valeur des ressources agricoles dans la région du Yarmouk,par exemple,adopte une approche participative assortie de mesures novatrices qui assurent le renforcement des pouvoirs des pauvres en leur donnant accès aux ressources productives et aux processus de décision.Les mesures de conservation s'appuient sur un plan d'utilisation durable des terres préparé avec la participation et l'approbation des communautés.La conservation de l'eau,la protection des sources et les travaux de remise en état font appel à des associations d'irrigants dont les membres participent à la planification,à la conception et à l'exécution des activités.Ils contribuent en outre au financement des coûts initiaux des travaux et s'engagent à exploiter et entretenir les nouvelles installations. Au Yémen,la conservation des ressources est la clé de la pérennité de la production agricole.Situé dans la zone agricole la plus importante du pays,le projet de protection de l'environnement de la Tihama a mis dès le début l'accent sur les mesures de conservation.Dans la Tihama,la stabilisation des dunes de sable pour freiner l'avancée du désert constitue le problème environnemental central.Des espèces d'arbres indigènes et exotiques sont utilisées pour fixer les dunes et des survols aériens permettent de suivre l'avancée du désert.La surveillance des ressources en eau a également permis d'influer sur les politiques gouvernementales régissant le creusement de nouveaux puits.
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Jordanie
Proche-Orient et Afrique du Nord
Associer tradition et innovation En 1986, les bergers de la région orientale du Maroc ont demandé de l'aide au gouvernement: leur activité d'élevage était compromise en raison de plusieurs années de sécheresse successives, les parcours étaient gravement dégradés et les zones entourant les points d'eau étaient surpâturées. Les troupeaux étaient décimés, les revenus s'étaient effondrés, et la dette s'accumulait. Diverses solutions techniques ont été proposées, mais les éleveurs les ont rarement adoptées parce qu'elles ne prenaient pas suffisamment en compte l'organisation sociale complexe des tribus, les lignages et les groupes familiaux. Le FIDA a conçu le projet de développement de l'élevage et des pacages dans la région orientale pour répondre à ces préoccupations. Le véritable défi consistait à amener tous les éleveurs à adopter ensemble des solutions. Il fallait pour cela trouver une forme d'organisation sociale tenant compte de la structure tribale traditionnelle, tout en introduisant des concepts modernes. Des coopératives "ethnolinéaires", respectant les structures tribales et les droits ancestraux d'utilisation des pacages, ont donc été créées pour donner une existence moderne, démocratique et juridiquement ratifiée aux droits traditionnels et aider les bergers à devenir autonomes. Plusieurs années de négociations ont été nécessaires mais, aujourd'hui, pratiquement tous les éleveurs sédentaires, semi-nomades et nomades d'une vaste région de plus de trois millions d'hectares sont membres des coopératives (34 en tout). Un total de 450 000 ha de parcours autrefois dégradés ont été remis en état. Certaines parties ont été transformées en réserves consacrées à la production de fourrage (qui a été multipliée par cinq) et au pâturage contrôlé. De plus, les services vétérinaires fournis par les coopératives ont contribué à réduire la mortalité animale jusqu'à un niveau négligeable, et des activités génératrices de revenus ont été créées à l'intention des pasteurs et des femmes rurales. Le projet a favorisé l'engagement d'un dialogue ouvert entre les éleveurs et le gouvernement. Il a également formulé une approche qui permettra aux coopératives d'utilisateurs des parcours d'élevage de devenir de plus en plus autonomes, ce qui pourrait être reproduit ailleurs dans le pays.
Collaboration du FIDA aux initiatives mondiales
Mauritanie
Maroc
Guatemala
Le Mécanisme mondial La Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement,tenue à Rio de Janeiro en 1992,a marqué la prise de conscience des liens existant entre la pauvreté et la dégradation de l'environnement,et a débouché,entre autres,sur la Convention sur la lutte contre la désertification.À ce jour,170 pays ont ratifié cette Convention,qui constitue un cadre juridiquement contraignant pour la recherche d'une réponse globale aux problèmes liés à l'environnement et aux moyens de subsistance durables.Le Mécanisme mondial,dont le FIDA est l'institution hôte,a été créé pour résoudre en partie le problème de la désertification.Son mandat est "de promouvoir les actions conduisant à la mobilisation de ressources financières substantielles,notamment pour le transfert de technologies,sous la forme de dons et/ou à des conditions favorables ou autres,en faveur des pays en développement touchés Parties." Il joue un rôle d'intermédiaire et de catalyseur,en ne se limitant pas à s'appuyer sur les interventions des partenaires du développement mais en les valorisant. Depuis sa création,le Mécanisme mondial a aidé des gouvernements,des organisations intergouvernementales et des ONG à créer un environnement propice à la mobilisation de contributions importantes de donateurs,d'organisations de coopération technique,d'institutions financières régionales et internationales et d'institutions et organismes des Nations Unies.
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Renforcement des capacités locales et transfert de technologie En 1999, le Mécanisme mondial et le Réseau international d'ONG sur la désertification (RIOD) ont fait une demande de don au titre du Programme de coopération élargie FIDA/ONG (PCE) pour un programme d'échange communautaire et de formation destiné à créer un vaste cadre favorisant le partage systématique de l'expérience, et notamment l'incorporation et la diffusion des savoirs indigènes, grâce au renforcement des capacités locales et au transfert de technologie. Les échanges directs entre les utilisateurs de ressources naturelles (agriculteurs, pasteurs, etc.) constituent l'un des systèmes les plus efficaces et les moins coûteux pour transférer les technologies. Les donateurs et les ONG y sont de plus en plus favorables, mais il n'existe pas d'arrangement institutionnel systématique permettant de faire en sorte que ces activités d'échange communautaire et de formation couvrent un grand nombre de projets. On ne connaît pas non plus de mécanisme suffisamment efficace pour y inclure les communautés géographiquement isolées et/ou économiquement marginalisées, dont les savoirs traditionnels ne sont donc pas exploités. Le programme s'efforce de combler cette lacune par le biais d'un partenariat flexible associant les projets de développement financés par des donateurs, les interventions des ONG et les communautés qui seraient sans cela exclues des projets. Ce type de programme répond parfaitement à l'objectif stratégique du FIDA qui est de fournir aux utilisateurs de ressources un accès direct aux informations sur les activités adaptées à leur environnement et à leurs ressources. Pour résoudre les problèmes de pauvreté et de dégradation de l'environnement, par exemple, le Groupe de suivi environnemental a contribué à l'organisation d'un échange intercommunautaire à l'intention de seize planteurs de thé Rooibos du Suid Bokkerveld. Les agriculteurs ont rendu visite aux communautés voisines pour s'entretenir de la qualité des cultures, du traitement et de la commercialisation. À leur retour, ils ont partagé ce qu'ils avaient appris et constitué une coopérative d'agriculteurs. Ensuite, ils ont amélioré le processus de traitement après la récolte, se sont fait enregistrer en tant que producteurs biologiques et ont créé la coopérative des petits planteurs du Heiveld pour transformer et commercialiser le thé. Ils ont passé des contrats d'exportation de thé en Europe et profitent maintenant des avantages apportés par l'amélioration de leurs revenus. Le programme a été en mesure de fournir un capital de lancement et a même favorisé l'établissement d'une activité commerciale touristique à assise communautaire. Le RIOD est actuellement engagé dans la conception d'un cadre stratégique pour la constitution de partenariats en vue d'élaborer une réserve de projets d'échanges communautaires, et qui pourraient être organisés pour répondre à l'importance croissante du programme. Par exemple, les ONG de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ont récemment mis en place un comité sous-régional chargé de l'évaluation des projets, pour traiter plus rapidement et plus efficacement les propositions reçues, dont les activités sont financées par un don accordé par le Mécanisme mondial et le PCE/RIOD. Le RIOD prévoit également l'organisation d'une conférence de parlementaires avec la participation de représentants de la société civile, ainsi que l'élaboration d'une position commune des ONG dans le contexte de la préparation du Sommet mondial sur le développement durable Rio+10 de 2002. En Asie centrale et en Amérique latine, l'Agence allemande de coopération technique (GTZ) travaille en collaboration étroite avec le Mécanisme mondial pour faire du Programme d'échange communautaire et de formation un outil important, à l'échelle locale, des plans d'actions nationaux adoptés pour atteindre les objectifs de la Convention sur la lutte contre la désertification.
Tanzanie
Guatemala
Philippines
Le Fonds pour l'environnement mondial Le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) a été créé pour instaurer une coopération internationale et financer des actions en vue de lutter contre cinq graves dangers menaçant l'environnement mondial:la diminution de la biodiversité,les changements climatiques,la dégradation des eaux internationales,l'appauvrissement de la couche d'ozone et,plus récemment, la dégradation des sols.Lancé en 1991 à titre expérimental,le FEM a été restructuré après la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement de Rio de Janeiro pour servir les intérêts environnementaux des populations de toutes les parties du monde.En 1994, 34 nations ont annoncé une contribution de 2 milliards de USD pour appuyer la mission du FEM; en 1998,36 nations se sont engagées à contribuer à hauteur de 2,75 milliards pour protéger l'environnement mondial et promouvoir le développement durable. Le 11 mai 2001,le Conseil d'administration du FEM a approuvé la recommandation de faire du FIDA un organisme d'exécution du FEM,en reconnaissance de ses capacités spécifiques,qui peuvent contribuer à apporter une réponse à une question opérationnelle pressante,à savoir comment atteindre les objectifs environnementaux mondiaux par le biais des activités de lutte contre la dégradation des sols.Le FEM est persuadé que le FIDA est bien placé pour préparer et exécuter des projets de ce type,en raison de son mandat dans le domaine de l'agriculture et du développement, de son expérience en matière de dégradation des terres et de pratiques de gestion de l'eau et de la terre non durables du point de vue de l'environnement,de sa capacité d'administrer des petits projets et des dons,qui représentent la forme d'investissement habituelle,et de son engagement en Afrique pour le règlement des problèmes analogues.Avec la signature d'un mémorandum d'accord le 9 octobre 2001,le FEM et le FIDA s'engagent à travailler ensemble à l'identification et à l'élaboration de projets qui concerneront,notamment,la dégradation des terres. Le FEM ne peut mener avec succès sa mission environnementale à l'échelle planétaire qu'en tant que partenaire d'un mouvement mondial pour le développement durable.Il rassemble plus de 150 gouvernements membres,des institutions de développement de premier plan,la communauté scientifique et un large éventail de représentants du secteur privé et des ONG,autour d'un programme commun mondial en faveur de l'environnement.
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Préserver la biodiversité au Mali Le delta intérieur du Niger, dans la zone sahélienne du Mali, est riche du point de vue biologique. Il héberge divers écosystèmes naturels et humains, y compris une grande variété de ressources génétiques animales (sauvages et domestiques) et végétales. Malheureusement, les écosystèmes naturels sont en voie de dégradation ou sont soumis à une forte pression en raison de la pauvreté de la région. Le programme de fonds de développement en zone sahélienne (SADeF) a été créé en 1999 pour offrir aux communautés rurales un certain nombre de services et de mesures d'aide financière: expansion des services financiers ruraux; mise en place d'infrastructures sociales, de production et de commercialisation; et développement des institutions de base. Ces initiatives contribueront à réduire la pression sur les habitats naturels existant encore. Toutefois, pour préserver et rétablir une biodiversité aussi riche et précieuse pour la planète, des actions et des ressources supplémentaires seront nécessaires. C'est ici que le FEM joue un rôle d'importance. Pour réaliser l'objectif qui consiste à conserver la biodiversité à l'échelle mondiale, il transformera le scénario de base – c'est-à-dire le programme de développement rural durable du SADeF – en un programme intégré et cohérent de conservation de la biodiversité et de développement durable, complété par les sous-composantes suivantes: • Réalisation d'études de référence, d'inventaires et de recherches ciblées sur la diversité des ressources biologiques. Cette sous-composante permettra de combler le manque actuel d'informations sur la diversité des ressources biologiques de la zone et d'en faire la synthèse. • Conservation in situ des ressources animales (domestiques et sauvages) et végétales. Cette sous-composante assurera la promotion de systèmes de production durables en diversifiant les systèmes de production exploitant les ressources génétiques et en favorisant le règlement des conflits socioéconomiques. Elle appuiera aussi la production, la distribution et l'échange des semences traditionnelles par les cultivateurs locaux et aidera les communautés pastorales à conserver les races traditionnelles. • Gestion communautaire des ressources naturelles et conservation de la biodiversité. Cette sous-composante permettra d'intégrer la gestion communautaire des ressources naturelles dans les activités du SADeF consacrées à la conservation de la biodiversité à l'intérieur et autour des zones protégées. On sensibilisera, par exemple, les communautés locales aux options existantes et à leurs avantages. Les activités de formation leur donneront la capacité de participer à l'élaboration de plans de gestion des ressources et de passer des accords "contractuels" relatifs à la conservation de zones présentant un intérêt particulier du point de vue de la biodiversité. Le Conseil d'administration du FEM a approuvé l'octroi de crédits pour la formulation de la composante du FEM, qui sera exécutée par le FIDA au nom du Gouvernement malien. Le processus de formulation sera dirigé par le pays, condition indispensable pour que le gouvernement se sente partie prenante du projet, prévu sur cinq ou six ans, et que celui-ci puisse se poursuivre sur le long terme.
Éléments à approfondir pour l'avenir L'expérience en constante évolution du FIDA dans le domaine de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles a permis de tirer nombre d'enseignements mais également d'identifier plusieurs défis, dont les plus importants sont présentés ci-dessous: • Participation et organisation des communautés. La gestion des ressources naturelles est plus durable lorsque les bénéficiaires contribuent à la gestion des ressources et à l'entretien des structures. L'existence d'institutions locales puissantes est un préalable indispensable à une gestion équitable, et les interventions les plus réussies sont fréquemment celles qui font participer les organisations communautaires telles que les associations d'irrigants. Si l'on s'appuie sur les groupes communautaires formels ou informels qui existent, il est fondamental de veiller à ce que les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, en particulier les femmes, en fassent partie et aient la possibilité de faire entendre leur voix dans les processus de décision communautaires. • Technologies ciblées et flexibles. Les technologies de conservation ne conduisent pas toujours à une amélioration rapide des rendements et des revenus, ce qui n'incite guère les pauvres à les essayer et à les adopter durablement. Lorsque des technologies existent, leur adoption est freinée par la perspective de faibles revenus à court terme, le manque de main-d'œuvre, les impératifs liés à la sécurité alimentaire, l'insuffisance des possibilités de commercialisation et la médiocrité des services de communication et de vulgarisation. Leur succès repose sur la connaissance approfondie des systèmes agraires intégrés locaux et des stratégies de survie des populations. • Savoirs traditionnels. Les savoirs indigènes sont directement liés à l'utilisation durable et à la préservation d'un écosystème sain et plein de vie. Il existe de nombreux exemples de régénération d'écosystèmes et d'appui aux moyens de subsistance locaux, dans des zones où les utilisateurs euxmêmes ont mis en place une structure de gestion ou dans lesquelles la gestion repose sur un système indigène. Il est nécessaire de continuer à recueillir des informations sur les systèmes agraires durables traditionnels ainsi que sur les meilleures pratiques et à concevoir des projets associant technologies traditionnelles et technologies modernes. • Problématique hommes-femmes. Les femmes rurales ont une connaissance spécifique des ressources et des processus locaux. Elles sont également des gestionnaires expérimentées des ressources naturelles, et il convient de prendre en compte leurs connaissances et leur expérience spécifiques dans ce domaine ainsi que d'en tirer parti. La mise en place de systèmes de subsistance durables nécessite un meilleur accès des femmes aux ressources naturelles productives, comme la terre, les forêts et l'eau, et leur participation aux processus de décision. Le renforcement du rôle des femmes, notamment dans la conduite des affaires publiques et communautaires, est déterminant pour la gestion des ressources naturelles.
• Régime foncier et ressources collectives. Le régime foncier revêt la plus haute importance pour la gestion des ressources naturelles. La sécurité du droit d'occupation des terres encourage les agriculteurs à investir et à adopter des pratiques de gestion durable de la terre et de l'eau. Les ressources collectives jouent également un rôle crucial pour la subsistance de nombreux pauvres, en leur fournissant bois de chauffage et fourrage. Dans bon nombre de pays, pourtant, ils sont encore systématiquement écartés de ces ressources. Le FIDA a constaté que le renforcement institutionnel des ressources collectives pouvait réduire considérablement la pauvreté. Il faut toujours veiller à ce que les pauvres, en particulier les femmes, ne soient pas exclus de la gestion des ressources naturelles communautaires et tenir compte en permanence des droits conflictuels des différents groupes sur les ressources collectives. • Approche globale de la gestion des ressources naturelles. Le FIDA réalise la grande majorité de ses interventions au niveau local. Cependant, la gestion des ressources est également tributaire des conditions économiques, sociales et politiques générales. Les principaux bénéficiaires des projets sont généralement les petits paysans, mais dans certaines régions les grands propriétaires et les exploitations commerciales gèrent la plus grande partie des terres d'un écosystème donné. Le devenir écologique de cet écosystème dépend alors essentiellement de leurs décisions, quel que soit l'appui fourni aux petits paysans. Une approche globale de l'amélioration de la gestion des terres requiert la prise en compte des instances de décision environnementale tant aux niveaux régional, national et international qu'au niveau local, de façon à obtenir une vision plus complète de la situation au moment de la conception du projet et à faire une plus large place au règlement des différends avec les gros agriculteurs. • Évaluation environnementale. Il est nécessaire de s'appuyer davantage sur les évaluations environnementales stratégiques aux niveaux des pays et des régions, et de s'attacher à renforcer les capacités nationales et régionales nécessaires à leur réalisation. Les évaluations elles-mêmes doivent être conduites avec plus d'efficacité pour traiter les problèmes de gestion des ressources naturelles complexes et associer plus étroitement les parties prenantes à leur préparation et aux mesures prises en fonction des recommandations. • Mesure des résultats et de l'impact. Il convient de définir des indicateurs fiables pour mesurer la situation des ressources naturelles dans une zone donnée et évaluer l'impact des projets sur l'environnement. La définition d'indicateurs spécifiques par projet, qui nécessite un processus de suivi participatif, doit être privilégiée. • Intégration. L'approche de la gestion des ressources naturelles ne doit plus se limiter à l'apport d'intrants et de processus, mais produire des résultats tangibles venant contribuer à la mission du FIDA qui est de lutter contre la pauvreté. La stratégie adoptée comporte cinq volets: les actions au niveau des grandes orientations, les activités opérationnelles, le renforcement des capacités, les partenariats et la gestion des savoirs. En outre, le FIDA s'efforce de créer davantage de synergies avec des questions générales telles que la problématique hommes-femmes, la participation, les organisations de la société civile et le renforcement institutionnel.
Toutes les photos proviennent du FIDA Couverture:Jeremy Hartley,Louis Dematteis,Roberto Faidutti,Alberto Conti Deuxième de couverture:C.Rycroft Page 2:Giuseppe Bizzarri,Roberto Faidutti,Franco Mattioli Page 3:Anwar Hossainl,Franco Mattioli Page 4:Giuseppe Bizzarri,Anwar Hossain Page 5:Horst Wagner,Robert Grossman,Louis Dematteis,Franco Mattioli,Jon Spaull Page 6:Horst Wagner Page 7:Robert Grossman,Christine Nesbitt Page 8:Robert Grossman Page 9:Robert Maass Page 10 et 11:Louis Dematteis Page 12:Susan Beccio Page 13:Giuseppe Bizzarri Alberto Conti Page 14:Jon Spaull Page 15:Alberto Conti Page 16:Horst Wagner,Alberto Conti,Nancy McGirr Page 17:Jeremy Hartley Anwar Hossain Page 18:Robert Grossman,Nancy McGirr,Louis Dematteis Page 19:Horst Wagner Page 20:Giuseppe Bizzarri,Alberto Conti Verso:Giuseppe Bizzarri,Louis Dematteis,Roberto Faidutti Préparé par Département gestion des programmes Produit par Équipe publications Mise en page Silvia Persi Imprimé par Stilgrafica - Rome,Italie Février 2002 Imprimé sur papier recyclé
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