Apprends moi à communiquer

Page 1

L E

C E C C E

P R É S E N T E

APPRENDS-MOI À COMMUNIQUER


Le présent document a pour objectif de vous sensibiliser au développement des habiletés de communication de votre enfant tout en vous permettant de mieux comprendre les difficultés qu’il pourrait éprouver à ce niveau. Des stratégies vous seront suggérées afin de faciliter le développement de ces habiletés. On utilise le terme communication afin de désigner un échange d’informations entre deux ou plusieurs personnes. Le terme langage, plus spécifique, fait référence au mécanisme utilisé pour communiquer. C’est également la faculté naturelle et universelle que l’être humain possède pour construire des langues, c’est-à-dire une série de codes pour communiquer. Le terme langue, quant à lui, représente le système de symboles ainsi que l’organisation et l’utilisation de ces symboles, lesquels sont partagés par une communauté linguistique donnée; par exemple, la langue française, la langue anglaise ou toute autre langue. Enfin, la parole désigne la production du langage à l’aide de sons. La parole comprend certains aspects, tels que la prononciation ainsi que l’habileté de l’enfant à coordonner tous les sons de la parole.


Une communication efficace implique l’utilisation d’un ensemble d’habiletés langagières regroupées en deux grandes catégories dont l’une porte sur la compréhension du message reçu par l’enfant et l’autre sur l’expression émise par l’enfant pour transmettre des messages. De plus, l’enfant est capable de réfléchir à propos du langage qu’il entend et produit. Ses réflexions et la conscience du langage qui en découle vont se développer au cours de sa scolarisation. Il améliorera ainsi sa capacité à contrôler la qualité de son langage et à l’adapter selon les besoins de la situation et de la personne avec laquelle il communique. Une difficulté qui survient au niveau d’une ou de plusieurs de ces habiletés peut nuire aux échanges de l’enfant avec ses pairs, son enseignant, son enseignante ou ses parents causant ainsi certains problèmes d’apprentissage au niveau scolaire et pouvant même faire obstacle au développement social de l’enfant. D’ailleurs, la plupart des difficultés au plan de la lecture et de l’écriture ont une origine langagière. L’enfant arrive à l’école avec un bagage impressionnant d’acquisitions concernant le langage et la manière de l’utiliser lors des échanges avec autrui. Le fait d’avoir été exposé à des situations et à des expériences variées et enrichissantes permet à l’enfant de comprendre les relations entre les objets dans son environnement, de formuler des hypothèses, de trouver des solutions à des problèmes, de déterminer des causes et de défendre ses intérêts. Certains enfants peuvent reconnaître les lettres de l’alphabet et certains mots écrits familiers : papa, maman, son prénom, etc.

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 3


01

LES STADES DU DÉVELOPPEMENT DU LANGAGE ET DE LA PAROLE

Afin de déterminer la présence d’une difficulté particulière au niveau du langage, on peut comparer l’enfant à d’autres enfants de son groupe d’âge. Par contre, il faut se rendre compte qu’il existe des différences individuelles entre les enfants concernant l’âge d’acquisition des habiletés langagières. Il faut aussi se rappeler que certaines cultures ont des pratiques et des attentes différentes des nôtres concernant l’éducation des enfants. Celles-ci peuvent entraîner des différences quant à l’âge où se manifestent certains comportements communicatifs et même faire surgir parfois des comportements inhabituels par rapport à nos normes. 4 | W W W. EC O L ECAT H O L I Q U E .CA


Vers 3 ans et demi, l’enfant devrait : • comprendre les phrases longues associées à des choses familières; • comprendre les questions « pourquoi », « où », « quand »; • comprendre les notions spatiales (ex. : sur, dans, en haut, en bas…); • comprendre la notion du temps (ex. : maintenant, plus tard); • comprendre et exécuter des directives complexes (ex. : « Donne le crayon bleu à Marc et le pot de colle à Sylvie. »);

Ces moments au cours desquels la parole ne coule pas bien font partie du développement normal de l’habileté à communiquer. Une attitude d’acceptation, d’écoute sans interruptions suivie d’un modèle offert par l’adulte permet généralement à l’enfant de passer au travers de cette période sans difficultés majeures.

Vers 4 ans, en plus des éléments notés ci-dessus, l’enfant devrait :

• avoir le goût de communiquer;

• continuer de s’exprimer en phrases complètes, de plus en plus complexes;

• s’exprimer à l’aide de phrases complètes en utilisant les prépositions, les pronoms, les conjonctions (ex. : « Il mange des pommes et des raisins. »);

• tenir compte de son interlocuteur, de son interlocutrice (contact visuel, tour de parole);

• utiliser les pronoms personnels (ex. : je, tu, il, elle…); • posséder un vocabulaire varié; • pouvoir écouter et retenir l’information contenue dans de courtes histoires qui sont racontées; • pouvoir raconter des choses qu’il a faites, faire des demandes, faire des commentaires, poser et répondre à des questions, protester et refuser; • se faire comprendre la plupart du temps, même par des étrangers; • interrompre parfois ses conversations parce qu’il ne trouve pas le mot juste, parce que le mot est difficile à prononcer ou que la phrase est difficile à construire.

• connaître les couleurs principales; • poser des questions avec « pourquoi », « où »; • avoir une parole fluide, sans accrocher sur ses mots; •

avoir acquis tous ou presque tous les sons de la langue, à l’exception des phonèmes suivants : les /ch/ et /j/ (ex. : cheval et jambon), le /r/ (ex. : radio et courir), les /s/ et /z/ (ex. : Simon et gazon), les groupes de consonnes (ex. : /cl/ et /gr/ comme dans « classe » et « grand ») et dans la prononciation de mots de trois syllabes et plus (ex. : téléphone, ordinateur). La prononciation est dans l’ensemble assez bien développée. (* On devrait très bien comprendre les messages qu’il nous transmet.)

Vers 5 ans, en plus des éléments notés ci-dessus, l’enfant devrait : • s’exprimer à l’aide de phrases longues et complexes (subordonnées de temps, de cause) – des erreurs dans les temps de verbe sont encore normales; • relier ses idées les unes aux autres; •

avoir acquis presque tous les sons de la langue, à l’exception des phonèmes /ch/, /j/, /r/ et les groupes de consonnes (ex. : /cl/, /gr/). Les mots plus longs peuvent encore comporter des transformations;

• se faire comprendre facilement et pouvoir expliquer le sens de mots simples.

Vers 6 ans, en plus des éléments notés ci-dessus, l’enfant devrait : • pouvoir tenir une conversation; • être parfaitement compris; • avoir acquis tous les phonèmes/sons de la langue (il peut rester quelques difficultés à produire certains mots longs qui sont moins familiers).

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 5


02

LES TYPES DE DIFFICULTÉS DE COMMUNICATION CHEZ LES ENFANTS D’ÂGE SCOLAIRE

Certains enfants qui se présentent à l’école ont déjà été identifiés comme des élèves ayant des difficultés de langage. Ils peuvent avoir été évalués par une ou un orthophoniste et avoir participé à des sessions de thérapie. Par contre, pour d’autres enfants, les difficultés sont identifiées pour la première fois à l’école au niveau de la maternelle ou plus tard. Les types de difficultés langagières ainsi que leur niveau de sévérité peuvent être variés. Une identification précise est nécessaire afin de parvenir à une intervention adaptée aux besoins de l’enfant. Il est important d’avoir recours aux services d’une ou d’un orthophoniste qualifié(e) (faisant partie de l’Ordre des audiologistes et des orthophonistes de l’Ontario) pour assurer une évaluation adéquate des habiletés de communication et déterminer une démarche d’intervention pertinente. 6 | W W W. EC O L ECAT H O L I Q U E .CA


N’oubliez pas d’informer l’équipe-école de votre enfant si celui-ci a déjà été suivi ou est présentement suivi en orthophonie ailleurs qu’au Conseil, ou bien s’il sera suivi prochainement par une ou un orthophoniste. Transmettez aussi toutes informations pertinentes concernant votre enfant telles qu’une évaluation audiologique antérieure, une fréquence élevée de maux d’oreilles lorsqu’il était plus jeune, une acquisition tardive de la parole ou d’autres troubles similaires dans la famille.

L’évaluation orthophonique est un processus complexe et nécessaire, d’une durée variable (c’est-à-dire qu’elle peut prendre entre quatre et six heures) impliquant un contact avec l’enfant, son enseignante ou son enseignant ainsi que les parents, le tuteur ou la tutrice. Le but de l’évaluation est de :

A

vérifier la présence d’une difficulté;

B

préciser la nature de la difficulté et son impact sur les apprentissages de l’enfant à l’école;

C

évaluer certains facteurs ayant pu avoir un impact sur la présence de la difficulté (ex. : certains problèmes médicaux en bas âge, le bilinguisme à la maison...).

Suite à l’évaluation, un rapport est soumis indiquant les résultats obtenus et proposant un certain nombre de recommandations destinées à l’école et/ou aux parents, au tuteur ou à la tutrice.

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 7


A. Les difficultés reliées à la compréhension du langage Les raisons pour lesquelles votre enfant peut avoir de la difficulté à comprendre et à répondre aux messages (questions et directives) qu’il entend sont diverses : • il n’a pas bien entendu le message, car il a une perte d’audition dans une ou les deux oreilles; •

il éprouve de la difficulté à entendre la différence entre les sons présents dans les mots et peut ainsi mal interpréter les messages reçus. Ainsi, le mot gâteau peut être perçu comme cadeau. Ce problème peut sérieusement affecter le développement de la lecture et de l’écriture, car ces deux habiletés sont très dépendantes d’une analyse précise du langage oral;

il ne comprend pas certains éléments de grammaire tels que des mots questions (ex. : qui, quoi, comment, pourquoi...), des pronoms (ex. : il/elle, je/tu, lui/leur... ), des phrases dont l’ordre des mots n’est pas familier (ex. : « La balle que Jean a frappée se retrouva dans la cour du voisin. » , « Il était sur le point de partir lorsque soudain une chaise qu’il n’avait pas remarquée plus tôt tomba par terre en faisant un énorme vacarme. »);

les messages peuvent être trop longs et contenir trop d’informations (ex. : « Va dans l’armoire bleue au fond de la classe chercher un pot de colle blanche et donne-le à Martin. »);

• les mots utilisés ne sont pas familiers, ne font pas partie de son vocabulaire (ex. : « La couleur était répandue de façon uniforme sur les tuiles de la maison. »); •

il ne saisit pas encore l’humour car cette habileté implique entre autres la reconnaissance qu’un mot peut avoir plusieurs sens en fonction du contexte dans lequel il est utilisé (ex. : le mot coup dans l’expression « Il a pris un coup de vieux. » ou bien encore le sens de l’expression « Il pleut à boire debout. »);

il comprend mal les mots indiquant le temps et la séquence (ex. : avant/après, premier, deuxième..., les jours de la semaine, les mois de l’année, les heures...) et l’espace (au travers, proche/loin, autour, en avant/en arrière, à gauche/à droite...). Ces termes sont abstraits et difficiles à imaginer ou visualiser;

• il ne réussit pas à traiter assez rapidement les énoncés qu’il entend lors des échanges verbaux.

8 | W W W. EC O L ECAT H O L I Q U E .CA


Imaginez l’effort nécessaire pour suivre une conversation dans une langue étrangère. Vous remarquerez qu’il est difficile de distinguer tous les mots, de délimiter les phrases et de comprendre le message donné. Votre compréhension sera meilleure si la personne parle plus lentement et utilise des gestes (ex. : pointer).

L’apprentissage de la lecture permet de poursuivre l’évolution de la compréhension du langage de sorte qu’une difficulté dans l’acquisition de la lecture peut nuire au développement futur du langage oral.

On observe souvent que les habiletés de communication de l’enfant semblent supérieures à la maison par rapport à l’école. Le contexte familier de la maison facilite la compréhension et l’expression des messages. Les routines qui s’installent à la maison, l’utilisation de gestes spontanés et la présence du référent (ce dont il est question dans le message) contribuent à faciliter les échanges verbaux. De plus, les parents, comparativement aux enseignantes et aux enseignants, s’adaptent spontanément aux habiletés langagières de leur enfant. Ainsi, les membres de la famille comprennent plus facilement l’enfant que les étrangers.

EXERCICES Pour vous aider à mieux comprendre la difficulté de votre enfant, tentez d’identifier dans quelle(s) circonstance(s) vos messages ne sont pas compris. Évaluez l’impact de certains facteurs sur sa compréhension, comme la vitesse à laquelle vous parlez, le nombre et la sorte de mots (familiers ou non) que vous utilisez dans les phrases. Votre enfant est-il en mesure de comprendre les mots qui expriment la notion de temps (ex. : avant et après, aujourd’hui, hier et demain...)? De plus, lorsque vous parlez à votre enfant, devez-vous souvent reformuler en termes plus simples les messages que vous lui adressez? Quels sont les signes qui vous indiquent que votre enfant n’a pas compris? Que fait-il lorsqu’il ne semble pas comprendre une question ou une directive que vous lui adressez?

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 9


B. Les difficultés reliées à l’expression du langage Parler n’est pas un acte aussi simple qu’on le pense. Lorsqu’on parle, c’est avant tout pour une raison précise : on peut vouloir poser une question ou y répondre, faire un commentaire, protester, critiquer, faire de l’humour, donner une directive, convaincre... Parler implique aussi un sujet de conversation : on peut parler de la pluie et du beau temps, des propriétés d’un objet ou des caractéristiques d’une personne. On peut vouloir signaler un événement qui s’est produit ou qui se produira à un temps précis, ou encore parler de deux choses en même temps. On peut aussi vouloir parler de ses émotions ou de son état physique général. Il existe en somme une multitude de sujets de conversation. Parler implique enfin la production de mots et de phrases coulant aisément en utilisant une voix adéquate.

L’expression « couler aisément » utilisée cidessus fait référence à la fluidité avec laquelle les mots et les phrases sont produits lors d’une conversation. Il existe deux types de trouble de la fluidité : le bégaiement et le bredouillement. Le bégaiement désigne la présence de répétitions (ex. : té-té-té-téléphone), de prolongations (ex. : ffffffffffaire, mmmmmmaman) et/ ou de blocages lorsque la personne parle. Le bredouillement se manifeste par des irrégularités dans le débit de la parole. Le rythme est souvent saccadé et il y a présence de segments de parole très rapides. Les signes de bredouillement comprennent aussi de nombreuses hésitations dans la parole et des parties de mots ou de phrases inintelligibles. La personne n’est généralement pas consciente de ces difficultés. Le bredouillement est moins fréquent que le bégaiement.

1 0 | W W W. EC O L ECAT H O L I Q U E .CA


C’est ainsi que les difficultés éprouvées par votre enfant en ce qui a trait à l’expression du langage peuvent en affecter son utilisation (ex. : demander, répondre, faire de l’humour...), la variété et la précision de ses sujets de conversation, de même que la façon avec laquelle il communique ses messages. Les raisons pour lesquelles votre enfant peut avoir de la difficulté à s’exprimer sont diverses : • il n’a pas le goût de communiquer et parle surtout lorsqu’il est questionné; • il a de la difficulté à maintenir un sujet de conversation; • il ne donne pas assez de détails lorsqu’il communique; il faut souvent lui poser plusieurs questions pour mieux comprendre ses messages;

La voix est le son qu’on entend lorsque nos cordes vocales, situées au niveau du cou, vibrent suite au passage de l’air en provenance des poumons. Ce son est par la suite transformé par différentes structures de la bouche (ex. : mouvements de la langue, des lèvres et du palais) pour former les différents sons de la parole. Des changements dans la qualité de la voix peuvent s’expliquer par une laryngite, par un abus et/ou une utilisation inadéquate de la voix (ex. : crier, s’éclaircir souvent la gorge, chuchoter) ou encore par la consommation fréquente de tabac ou d’alcool. Une utilisation inadéquate de la voix sur une longue période de temps peut endommager les cordes vocales et même nécessiter une intervention chirurgicale. Les enfants, tout comme les adultes, sont à risque de développer des problèmes de voix.

• il emploie souvent des termes imprécis (ex. : « l’affaire », « la chose »...) et cherche ses mots; • ses phrases peuvent être courtes, incomplètes et comporter plusieurs erreurs de grammaire (ex. : « le balle », « moi pas aime ça »); •

les mots peuvent être mal prononcés : « koupie » au lieu de « toupie », « pou » au lieu de « pousse », « tamion » au lieu de « camion », « seval » au lieu de « cheval », « alose » au lieu de « arrose ».

EXERCICES Lors des échanges avec votre enfant, essayez d’observer s’il a tendance à changer souvent de sujet de conversation, si ses messages sont assez détaillés, s’il emploie souvent des termes imprécis. Remarquez si ses phrases sont plus courtes ou plus simples que celles des autres enfants de son âge et si sa prononciation est adéquate considérant son âge. Vérifiez si le langage expressif de votre enfant s’améliore lorsque vous lui donnez un modèle ou lorsque vous lui signifiez que vous n’avez pas compris.

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 1 1


03

LES CAUSES POSSIBLES

Il est difficile d’identifier précisément la ou les causes des difficultés de communication chez les enfants. Certains facteurs qui peuvent nuire au développement de la communication ont cependant été identifiés. En voici des exemples. 1 2 | W W W. EC O L ECAT H O L I Q U E .CA


On remarque souvent que certains membres d’une même famille éprouvent ou ont éprouvé des difficultés de communication ou des difficultés d’apprentissage à l’école. Par ailleurs, des difficultés langagières sont souvent sous-jacentes aux difficultés d’apprentissage.

Des facteurs biologiques ou médicaux

Des facteurs environnementaux

• d’ordre neurologique;

• manque de stimulation langagière;

• anomalies génétiques (ex. : Syndrome de Down);

• surprotection (ex. : parler pour l’enfant);

• atteintes neurologiques (ex. : lésions au cerveau, paralysie cérébrale, handicap de développement, autisme, etc.);

• pauvreté des liens affectifs.

• perte auditive temporaire (ex. : otite) ou permanente, surdité; • malformation des organes impliqués dans la parole (ex. : frein de la langue trop court, problèmes orthodontiques, fissure labiale, fissure palatine); • hérédité.

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 1 3


04

COMMENT STIMULER VOTRE ENFANT

La section qui suit aborde les divers moyens de stimuler les habiletés langagières de votre enfant. L’information sera présentée en trois parties. A. Comment stimuler le développement de la compréhension du langage? B. Comment stimuler le développement de l’expression du langage? C. Comment stimuler les aspects du langage oral reliés à l’acquisition du langage écrit (lecture et écriture)? 1 4 | W W W. EC O L ECAT H O L I Q U E .CA


A. Comment stimuler le développement de la compréhension du langage? •

Assurez-vous que votre enfant vous écoute, qu’il vous regarde, que vous avez son attention. Demandez-lui de cesser son activité du moment (ex. : regarder la télévision) afin qu’il puisse bien porter attention à ce que vous allez lui dire.

Utilisez beaucoup de gestes, d’images, de démonstrations lorsque vous lui parlez. Il peut avoir de la difficulté à comprendre les messages lorsqu’ils sont transmis uniquement à ses oreilles. Souvenez-vous qu’il apprend avec ses oreilles (audition), mais aussi beaucoup avec ses yeux (vision). S’il est capable de lire un peu, écrivez sur un bout de papier, en quelques mots, ce qu’il a à faire.

• Lorsque vous donnez une directive, demandez-lui de la répéter afin de vérifier s’il s’en souvient. Si vous savez que votre enfant a de la difficulté à comprendre ce que vous lui dites : • simplifiez vos messages au niveau : -

du nombre de mots. Donnez les directives en étapes. Ainsi, au lieu de dire « Fais ton lit, ramasse tes vêtements, brosse tes dents, et après tu pourras aller jouer dehors. », séparez cette directive en quatre étapes;

-

des mots utilisés. Utilisez des mots concrets pour lui permettre de se faire des images dans sa tête. Au lieu de dire « Es-tu fatigué? », dites plutôt « Veux-tu dormir? ». Évitez d’utiliser des expressions au sens figuré comme « Tu ne peux pas aller jouer dehors parce qu’il pleut à boire debout. ». Dites plutôt : « Tu ne peux pas aller jouer dehors parce qu’il pleut beaucoup. »;

- de la structure de phrase. Au lieu de dire : « Va chercher la boîte de céréales qu’on a achetée hier. », dites plutôt « Va chercher la boîte de céréales. Celle d’ hier. »;

utilisez souvent les nouveaux mots afin qu’il les apprenne : « On va jouer avec l’ordinateur. Voici comment on met l’ordinateur en marche. Ça c’est le bouton pour allumer l’ordinateur.». Expliquez-lui la signification des nouveaux mots : « C’est un or-di-na-teur. C’est une machine. Il faut la brancher. L’ordinateur a un écran. On écrit en utilisant le clavier. On l’utilise pour différentes activités, comme écrire, jouer à des jeux, compter... »;

ralentissez (pas de façon exagérée) votre vitesse de parole lorsque vous lui parlez afin de lui permettre d’avoir le temps de bien entendre tous les mots. Exagérez la prononciation des mots nouveaux ou ceux qui sont importants.

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 1 5


B. Comment stimuler le développement de l’expression du langage? •

• Ne l’interrompez pas lorsqu’il parle, même s’il éprouve de la difficulté. Attendez plutôt qu’il ait terminé de parler avant de lui présenter le modèle.

Donnez le temps à l’enfant de formuler ses idées, ses phrases et ses mots et ne laissez surtout pas ses frères et soeurs parler à sa place. N’allez pas au-devant de tous ses besoins; laissez-le les verbaliser, même si son message n’est pas parfait. Vous pourrez ensuite lui donner le bon modèle. Il communiquera dans la mesure où des situations seront présentes ou créées pour l’inciter à communiquer.

Les enfants ayant des difficultés au niveau du langage expressif peuvent être exclus des conversations en salle de classe étant donné la rapidité du déroulement des échanges verbaux. Il est important que l’enseignante ou l’enseignant puisse faciliter la participation de ces enfants lors des périodes d’échange (ex. : pendant le cercle des nouvelles du matin, lors d’une discussion à propos d’un sujet précis…).

• Encouragez-le à verbaliser en suivant ses initiatives. Intéressez-vous à ce qu’il vous dit, ce qu’il fait. •

Modifiez son environnement pour l’inciter à communiquer (ex. : ne pas fournir tout le matériel pour un bricolage, parler trop doucement ou trop vite, demander des actions irréalisables…).

Il doit apprendre à utiliser le langage pour effectuer des demandes, répondre à des questions, résoudre des problèmes, raconter un événement, protester et non seulement imiter vos paroles.

• Ne lui demandez pas constamment de nommer des objets. Évitez de lui poser trop de questions. Voici un exemple d’échange à déconseiller pour stimuler le langage.

- - - - -

Vous êtes avec votre enfant qui s’amuse avec des jouets : « C’est quoi ça? » « C’est de quelle couleur? » « Où est la balle? » « Ça c’est un camion de pompier. Répète après moi, ca - mi - on de pom - pier... ».

Ce type d’échange trop directif ne permet pas à l’enfant de verbaliser spontanément et le place trop souvent dans un rôle (passif) de répondant lors des échanges.

Parlez-lui beaucoup! Nommez les objets dans son environnement, expliquez-lui leurs fonctions, comment ils diffèrent d’autres objets semblables, racontez-lui une histoire (avec l’aide de livres, d’images ou d’objets), posez- lui des questions concernant les événements passés et à venir, demandez-lui de prédire le résultat d’une action, de décrire la ou les causes d’un événement, de trouver des solutions possibles à un problème simple ou donnez-lui des devinettes à résoudre.

Répétez ce qu’il dit en corrigeant les erreurs de prononciation ou de grammaire ou en ajoutant les mots manquants. Ne lui demandez pas de répéter votre modèle. Voici quelques exemples d’utilisation de cette technique de stimulation.

- Votre enfant dit « balle » alors que vous lui lancez la balle. Vous dites « Je te lance la balle. ».

- Il dit « Un gros sa. », alors qu’il aperçoit un chat à l’extérieur. Vous dites « Ah oui, c’est un gros chat. ».

- Il dit « Mon maîtresse été malade ». Vous dites « Ma maîtresse était malade ».

1 6 | W W W. EC O L ECAT H O L I Q U E .CA

C. Comment stimuler les aspects du langage oral reliés à l’acquisition du langage écrit (lecture et écriture)? Voici maintenant quelques suggestions qui vont aider votre enfant à apprendre à lire et à écrire. Plus votre enfant sera compétent au niveau de la communication, plus il aura de la facilité au moment de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. 1. Les livres • Les livres permettent :

- d’apprendre de nouveaux mots;

- d’entendre et de voir des phrases;

- de vivre des situations variées.

Il est important de choisir un livre que vous et votre enfant aimerez lire. Il est préférable que le texte soit réduit par rapport aux images car un livre trop long risque de faire perdre intérêt à votre enfant. Si le texte est trop difficile, l’enfant ne comprendra pas l’histoire et se désintéressera vite.

Des images attrayantes suscitent davantage de commentaires de la part de l’enfant. Assurez-vous que les images soient claires et faciles à identifier. Il existe plusieurs catégories de livres qui développent divers aspects du langage. Ainsi, on retrouve entre autres les livres d’histoire, les dictionnaires (ex. : Le visuel), les encyclopédies...


Les livres et autres matériels écrits doivent occuper une place importante à la maison.

Comment utiliser les livres?

Il n’est pas nécessaire de lui demander de répéter votre modèle. Acceptez toute amélioration même si sa production n’est pas exactement comme le modèle que vous lui donnez.

Afin que votre enfant développe un intérêt pour la lecture, assurez-vous que les livres et autres matériels écrits occupent une place importante à la maison. • Lisez l’histoire avant de la raconter à votre enfant. • Ayez beaucoup d’expressions, utilisez diverses intonations de la voix. • Laissez la chance à l’enfant de s’exprimer spontanément face aux images. • Attirez son attention sur les détails de l’image qu’il regarde. •

Résumez régulièrement l’histoire en revenant sur des faits passés. Demandez à votre enfant de prédire les événements à venir. Posez aussi quelques questions (pourquoi, comment, quand, où) sur ce que l’enfant voit. Demandez-lui de comparer, de justifier, de critiquer et d’exprimer ses émotions face à l’histoire et à ce qu’il voit.

• Demandez-lui de faire des liens entre ses connaissances acquises et le contenu du livre. • Attirez son attention sur les points principaux de l’histoire, les faits les plus importants. • Demandez-lui de raconter l’histoire à quelqu’un d’autre. Il n’est pas nécessaire d’exiger le rappel exact. • Pour les enfants plus vieux, après 4 ans, lisez le texte en soulignant les mots de gauche à droite avec le doigt. Encouragez toute verbalisation de l’enfant face au texte écrit.

Pendant le temps de lecture, utilisez les stratégies pour stimuler le développement de l’expression du langage suggérées aux pages 16 à 18.

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 1 7


2. Autres activités langagières Faites prendre conscience à votre enfant des sons qui composent les mots en utilisant toutes sortes d’activités. •

Attirez son attention sur des mots qui riment, comme un mot qui rime avec son nom (ex. : Gabrielle et hirondelle), une phrase contenant des mots qui riment (ex. : « Mon oncle Raymond aime bien le melon »), ou bien alors un son (phonème) qui se répète souvent dans une histoire, comme le son /o/.

• Comptez les syllabes dans les mots en tapant dans les mains ou en comptant avec des blocs (ex. : té-lé-phone). •

Jouez à enlever des syllabes dans des mots. Commencez par enlever la syllabe à la fin du mot, puis celle au début. Par exemple le mot bateau devient ba ou teau lorsque l’une ou l’autre des syllabes du mot est coupée. Certains enfants ont plus de facilité à jouer à ce jeu si des blocs sont utilisés pour représenter des syllabes.

Demandez à l’enfant d’identifier le son au début d’un mot. N’oubliez pas d’attirer son attention sur le son et non la lettre. Ainsi, les mots cinéma et autobus commencent respectivement par les sons /s/ et /o/.

Demandez-lui de trouver le plus de mots possibles qui commencent par un son donné. L’utilisation de catalogues ou de magazines facilite et rend plus intéressante la recherche de mots. Utilisez l’ordre suivant pour déterminer le son choisi :

- en premier les voyelles (ex. : a, e, i, o, on, ou…) et ensuite les sons continus (ex. : f, s, ch, j, v…);

- en dernier : / p, t, k, b, d, g /;

- par exemple, des mots qui commencent par le son /o/: hôpital, auto, autobus, eau, etc.; - pour cette activité, tous les sons ne doivent pas nécessairement être utilisés. • Attirez son attention sur le sens des mots. • Demandez à l’enfant de bien écouter les phrases que vous lui présentez et de corriger les erreurs de sens. Voici quelques exemples de phrases absurdes.

- « Je bois de la viande. »

- « Mon chat jappe et mon chien miaule. »

- « Je mange de la tarte au papier. »

Demandez-lui de vous nommer plusieurs mots appartenant à une certaine catégorie (ex. : les animaux, les vêtements, les jeux, les fruits, les légumes...). Vous pouvez utiliser des catalogues ou magazines pour y découper des images que votre enfant pourra ensuite classer.

Lors de l’écoute d’un conte ou dans d’autres situations de la vie, demandez-lui de donner la définition d’un mot, de le comparer à un autre mot ayant un sens semblable (ex. : chaise et fauteuil) ou un sens contraire (ex. : chaise et marteau).

1 8 | W W W. EC O L ECAT H O L I Q U E .CA


Le mot de la fin... Le présent document avait pour but de vous sensibiliser au développement des habiletés de communication de votre enfant et de vous permettre de dépister des difficultés possibles à ce niveau. Des suggestions ont également été offertes afin de faciliter le développement des habiletés de compréhension, d’expression et aussi afin de préparer votre enfant à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. L’information présentée dans ce document ne répondra pas à toutes vos questions. Si vous avez des doutes, des questions ou des inquiétudes concernant le développement des habiletés de communication de votre enfant, qu’il soit à l’école ou à la maison, n’hésitez pas à consulter une ou un orthophoniste.

Qui peut aider votre enfant? • De 0 à 5 ans : - Premiers Mots. Il s’agit d’un programme de services de rééducation de la parole et du langage pour les enfants d’âge préscolaire d’Ottawa. Des cliniques de dépistage sont offertes gratuitement partout à Ottawa. Pour plus de renseignements, composez le numéro d’Info-Santé publique Ottawa au 613-580-6744, poste 28030. Vous pouvez également visiter leur site Internet www.premiersmots.ca. -

Si vous avez des doutes concernant l’audition de votre enfant et que vous désirez vérifier s’il entend bien, vous pouvez demander à votre médecin de famille de vous référer à une ou un audiologiste.

• À l’âge scolaire : -

Le Service d’orthophonie du CECCE. Communiquez vos inquiétudes au personnel de l’école qui pourra faire parvenir une demande de services en orthophonie au Service du soutien à l’apprentissage.

W W W. EC O L EC AT H O L I Q U E .C A | 1 9


L’ÉQUIPE DES ORTHOPHONISTES DU CONSEIL DES ÉCOLES CATHOLIQUES DU CENTRE-EST

« Je pense donc je suis... encore faut-il être capable de le dire et de l’exprimer. » Inspiré de René Descartes

4000, rue Labelle Ottawa (Ontario) K1J 1A1 Canada

2012


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.