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La phytothérapie : on s'y met ?

Texte Malvine Sevrin

LA PHYTOTHÉRAPIE,

C’EST QUOI ?

En phase avec un désir général de « retour au naturel », la phytothérapie éveille la curiosité. Zoom sur une approche médicinale qui se veut plus douce.

UNSPLASH, ELLE CARTIER

e «soigner» par les plantes ne date pas d’hier. « Les premières traces d’usage remontent à la préhistoire et les premiers textes gravés relatant des propriétés des plantes remontent à 5.000 ans à Sumer et 4.700 ans en Chine », explique le docteur Daniel Sciméca, médecin homéopathe, phytoaromathérapeute et membre du conseil scientifique de l’Institut Arkopharma. Depuis, la phytothérapie a fait du chemin et son efficacité est aujourd’hui fondée sur des faits. Du grec phyton, «plante», et therapeia, «traitement», la phytothérapie utilise des plantes médicinales pour soigner, mais aussi prévenir, les différents maux du quotidien. «C’est une pharmacopée riche et merveilleuse, capable de soigner sans effets secondaires et dans le respect de l’écologie personnelle et environnementale», estime le Dr Sciméca. Chaque plante possède en effet des propriétés et des domaines d’application parfois très différents. L’ortie, par exemple, est utilisée pour soulager les douleurs articulaires, mais aussi les troubles de la prostate, tandis que la mélisse favorise l’endormissement et atténue les douleurs gastro-intestinales. On retrouve ces précieuses plantes sous de multiples formes : en tisanes (on parle alors d’herboristerie), huiles essentielles (aromathérapie), bour-

geons (gemmothérapie), gélules, en comprimés de poudre ou en ampoules (on parle S de phytothérapie sèche ou liquide)… Par ailleurs, il est souvent intéressant d’associer plusieurs plantes entre elles pour répondre au mieux à une problématique. Alors, parmi cette vaste pharmacie végétale, comment s’y retrouver ? Les novices auront peut-être l’impression de pénétrer dans un monde totalement inconnu. Les livres ou sites web peuvent être un bon début pour se renseigner sur les différentes propriétés, les modes de prise et les associations conseillées. Il ne faut pas hésiter à demander conseil à son médecin ou à son pharmacien, ou encore à consulter un·e professionnel·le (spécialiste en thérapies naturelles) pour aller plus loin. Une médecine complémentaire ou de première intention Insomnies, maux de tête, fatigue, problèmes digestifs… Fragilisés par nos rythmes de vie actuels, nos organismes sont soumis à toutes sortes de troubles du quotidien qui, la plupart du temps, peuvent être soignés naturellement grâce à la phytothérapie. Parmi les motifs de consultation les plus fréquents, la spécialiste en thérapies naturelles Muriel Deblander cite les troubles liés au système digestif (digestion, ballonnements, constipation, nausées), les problèmes cardiaques (arythmie, palpitations) ou de peau (acné, eczéma, psoriasis). Mais aussi, de plus en plus souvent, des problèmes de dépression et de burn-out. Laurence, 52 ans, adepte de phytothérapie depuis plus de 20 ans témoigne : «C’est toujours mon premier réflexe, car certaines pathologies bénignes, comme des rhumes, peuvent être soignées entièrement naturellement.» Passionnée, cette ancienne préparatrice en pharmacie a entamé une reconversion professionnelle en tant que conseillère en produits de santé naturels. «Je ne me retrouvais plus dans les ordonnances à rallonge», confie-t-elle, «les médicaments auront toujours leurs raisons d’être pour certaines pathologies, mais la phytothérapie est là pour soutenir les fonctions physiologiques, accompagner un état, favoriser la vitalité…» Si on oppose souvent les médicaments «classiques» et la phytothérapie, la comparaison n’a en réalité pas lieu d’être. En effet, la «phyto» n’a pas pour ambition de se substituer à la médecine traditionnelle, et ces deux approches peuvent tout à fait être complémentaires dans le cadre de pathologies lourdes. « On peut accompagner une personne suivie pour une chimiothérapie pour travailler sur les effets secondaires en complément de son traitement habituel», précise la naturopathe. Une approche holistique L’une des particularités de la phytothérapie est qu’elle ne se contente pas de traiter un symptôme ou un organe en particulier, mais traite le/la patient·e dans sa globalité. On parle d’ailleurs de démarche « holistique » comme l’explique Muriel Deblander qui exerce depuis quinze ans le métier de naturopathe. Une première consultation dans son cabinet dure environ 1 h 30. Au fil d’une discussion avec le/la patient·e, l’experte passe en revue la manière dont la personne fonctionne : comment elle vit, mange, dort, respire, se dépense, etc. «On ne se focalise pas sur le problème physique, mais on analyse la façon dont la personne se comporte d’un point de vue holistique, en prenant en considération toutes les sphères de sa vie, y compris « ON EST VRAIMENT À L’ÉCOUTE son alimentation, ses émotions et sa gestion du stress.» Grâce à cette vision d’ensemble, la phytothérapeute va DE CE QUE LA PERSONNE EST pouvoir donner des conseils sur différents aspects, y PRÊTE À METTRE EN PLACE compris l’alimentation qui joue un rôle important, et identifier les plantes qui vont pouvoir soutenir l’orCOMME CHANGEMENTS POUR ganisme. « On est vraiment à l’écoute de ce que la perÊTRE ACTEUR DE SA SANTÉ » sonne est prête à mettre en place comme changements pour être acteur de sa santé.» Au niveau des plantes, le/ la phytothérapeute va utiliser toute la palette dont il/ elle dispose : « il m’arrive ainsi de donner un bourgeon, une huile essentielle et un complément alimentaire. » Souvent qualifiée de médecine douce, la phytothérapie est donc une approche à ne pas négliger pour soigner, mais aussi prévenir, tout en respectant le corps dans sa totalité et son environnement.

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