Introduction
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CĂŠlia Diniz
Vaincre la douleur de la mort
www.editions-philman.com Disponible sur la libraire spirite
Cette édition a été réalisée avec la collaboration de l’Union Spirite Française et Francophone
www.usff.fr
Traduction française réalisée par Sophie Giusti titre original : Vencendo a Dor da Morte Imprimé en Europe — Dépôt légal : mars 2020 ISBN : 979-10-97346-04-1 — EAN : 9791097346041
Célia Diniz
Vaincre la douleur de la mort
L’histoire vécue d’une mère et la manière dont elle a surmonté la mort de ses enfants
Pour Bento Aujourd’hui que je suis grand-mère, j’ai toujours la certitude que la vie est belle et qu’elle se poursuit éternellement.
Remerciements À mes proches que j’aime tant, de ce côté de la vie et de l’autre, tous mes remerciements en prières de louange à Dieu. Mes hommages et mes vibrations d’amour à tous ceux qui m’ont confié leurs histoires.
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PREFACE DE L’ÉDITION FRANÇAISE C’est lors de mon second séjour en France que j’ai été accueillie par l’Union Spirite Française et Francophone. J’ai pu ainsi donner plusieurs conférences sur la terre natale d’Allan Kardec, où de nombreux liens fraternels se sont tissés. J’ai été très heureuse de recevoir la proposition de voir mon livre traduit en français et d’avoir ainsi l’opportunité de pouvoir partager mon expérience avec les spirites francophones. C’est donc avec une grande joie et le respect le plus profond que je vous soumets le résultat de mes efforts. J’espère que, comme tous ceux que cette doctrine merveilleuse a déjà aidés, vous aussi vous trouverez les réponses et les voies qui vous conduiront vers l’harmonie intérieure et le bonheur pour lequel nous avons été créés. Je remercie l’Union Spirite Française et Francophone pour les efforts qui ont été entrepris pour cette traduction par des spirites bénévoles, ainsi que tout le conseil d’administration et son président. Je vous souhaite une bonne lecture. Avec toute mon affection, Célia Diniz
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PRESENTATION FRAGMENTS DE MA VIE Notre fils Rangel est parti en 1983, après un accident de bicyclette. Je souffrais terriblement, mais croyant qu’une mère spirite est plus forte que les autres, les gens qui traversaient des épreuves semblables venaient me trouver, dans l’espoir que je pourrais leur apporter un soulagement ou une aide. À l’époque, je me sentais toute petite devant leurs drames, et c’est encore le cas aujourd’hui. Un jour où j’étais allée à Uberaba pour visiter le médium Chico Xavier qui m’était si cher, je lui fis part de mes difficultés, car toutes ces personnes repartaient exactement comme elles étaient venues à savoir sans la moindre consolation. Et lui qui, si plein de sagesse et de bonté, accueillait dans son cœur tous les cœurs déchirés de ceux qui allaient le voir, me dit de son air malicieux : - Ah ma fille ! il faudrait qu’ils suivent le cours de religion que tu as toi-même suivi. Je compris qu’il voulait dire que celui qui console c’est Jésus, quand on frappe à Sa porte. Je compris également qu’il évoquait la chance que j’avais eue de naître dans un foyer spirite, où dès le plus jeune âge on m’avait inculqué les bases de cette doctrine qui répond aux interrogations fondamentales de notre existence et que les philosophies matérialistes tentent en vain d’expliquer. C’est en suivant ce cours de religion sublime dans lequel j’ai été élevée, que j’ai trouvé les réponses aux questions que j’ai le plus entendues et que je n’ai jamais eu besoin de me poser, telles
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que « Pourquoi Dieu me fait-il cela ? » et cette autre tout aussi importante pour moi « Comment faire face à la douleur ? » Trouver les réponses, c’est apporter une orientation et comprendre le sens de l’existence. C’est faire des découvertes et toucher du doigt une vérité dont la force porte en elle l’impulsion qui la révèle et la soutient. Quand nous nous pénétrons de cette vérité, nous pouvons atténuer notre désespoir et notre frustration et éviter d’exacerber la souffrance que provoque en nous la mort de ceux qui nous sont chers, car nous pouvons alors amoindrir les dommages psychoaffectifs que cela peut entraîner. C’est ainsi que nous trouvons notre source. Pendant de nombreuses années, j’ai travaillé pour découvrir et faire connaître le Christ Consolateur. Ces derniers temps, lorsque je pense et repense à tous les évènements qui ont jalonné ma vie, à ceux que j’ai perdus et à mes souvenirs les plus marquants, les émotions oubliées de mon enfance et de mon adolescence semblent vouloir ressurgir pour se coucher sur le papier. Je me suis rappelé les centaines de personnes qui sont venues me trouver au centre spirite Luiz Gonzaga à Pedro Leopoldo, dans l’État du Minas Gerais. Pendant ces trente ans, elles furent nombreuses à bavarder avec moi à la fin des conférences, en me suggérant de relater mes expériences. J’ai beaucoup pensé à leurs appels émus, à leurs difficultés et à leurs souffrances. Elles étaient endeuillées, assaillies de doutes, à la recherche d’une croyance qui les aide à se reconstruire. L’angoisse qu’elles ressentaient me bouleversait, car elle était trop forte pour qu’on puisse en parler en si peu de temps et lors de nos échanges trop brefs. Je me souviens du visage d’un jeune homme me racontant son histoire : - Mon père est décédé il y a un mois. Je l’aimais beaucoup. Je n’ai jamais pu me faire à l’idée d’une vie après la mort ; d’ailleurs, je n’ai jamais pensé à la mort. Mais aujourd’hui, je ne
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peux pas accepter que tout ce qui fut mon père n’existe plus. Il existe encore quelque part, n’est-ce pas ? Ou du regard poignant d’un père ou d’une mère : « Mon enfant est parti, j’ai besoin de savoir s’il va bien ». Je me souviens aussi d’un père qui est venu jusqu’ici pour visiter la ville natale de Chico Xavier, le médium dont les mains semblaient remplies d’étoiles qu’il semait sur son chemin. Avec beaucoup d’affection, il me dit qu’il connaissait mon histoire, car il était accompagné d’un de mes anciens élèves. Nous bavardâmes pendant quelque temps et il fut enthousiasmé, non pas par moi, mais par mes propos concernant ce Dieu, si plein de bonté et de justice, qui ne châtie jamais cruellement Ses créatures. Nous avons parlé de l’origine du mal et des motifs de notre résignation. À l’issue de notre conversation, il m’embrassa en m’affirmant qu’il n’avait jamais vu une telle foi, et déclara : - Vous devriez écrire sur tout ceci. J’acceptai sa suggestion qui confortait mes aspirations et je pris la décision de rédiger ce livre, motivée par l’apprentissage qu’il représentait pour moi dans la mesure où je partageais les enseignements que cette doctrine de lumière et de réconfort m’avait apportés et qu’elle continue de m’apporter. Dévoiler mes souvenirs et mes émotions, ainsi que les circonstances du décès des êtres qui me sont chers, n’a d’autre but que de démontrer les principes qui ont ancré la consolation et l’espoir dans mon cœur, en fortifiant ma foi en l’amour du Créateur envers Ses créatures. Les concepts que je présente sont basés sur un ensemble d’informations fournies par le spiritisme. Rien dans ce livre n’est le fruit d’hypothèses hasardeuses ou de théories précipitées. Les réflexions exposées ici sont sans prétention et sont loin de renfermer toute la grandeur de la doctrine dans laquelle j’ai trouvé un refuge et la paix. Ma seule motivation est d’éveiller l’intérêt du lecteur pour qu’à son tour il puisse trouver la voie
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qui lui permettra de surmonter ses souffrances. Mes convictions sont le fruit de mes observations, de mes études et de mes expériences, et je peux affirmer en toute sérénité que grâce aux apports des Esprits, le futur, jusqu’alors plein d’incertitudes, s’éclaire et ce qui n’était qu’hypothèse devient réalité : il y a une vie après la mort et nous sommes tous en mesure de comprendre la teneur du monde spirituel qui nous attend, dans les récits de ceux qui nous ont précédés dans le grand voyage. Appréhender la mort, c’est découvrir que l’existence et ses mécanismes sont divinement régis par des lois universelles, et ceci fait de nous tous des philosophes en quelque sorte. La douleur, quand elle nous touche intensément, nous pousse à chercher des explications. Et moi qui étais la douleur incarnée, je ne pouvais la vaincre qu’en me vainquant moi-même, en me servant de mes trésors, ces précieux alliés de Dieu que sont la connaissance, le temps et l’Évangile. En analysant les faits, je présente des sujets qui les expliquent, des sujets qui sont vastes et qui se rapportent à divers aspects. Beaucoup pourront profiter de l’approche et des réponses que j’en donne, ou du moins, y réfléchir pour trouver leurs propres voies. Si vous êtes intéressé et que vous souhaitez approfondir ces études, sachez que ce ne sera pas une tâche facile, mais je peux vous assurer qu’elle sera agréable. Je vais raconter ce que j’ai vu, ce que j’ai vécu et ce que j’ai appris, c’est-à-dire des fragments de ma vie.
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TU AS CHOISI LE TRAVAIL PLUTÔT QUE LA LÈPRE Quand j’ouvre la fenêtre de ma pensée, des souvenirs qui me sont chers me reviennent en mémoire, des expériences que j’ai vécues ou connues, et que les vestiges du temps ne pourront jamais effacer. Les douleurs et les deuils font naître en moi de la gratitude pour les bénédictions que j’ai reçues à chaque instant d’intense souffrance, bénédictions apportées par l’éducation religieuse au sein de la famille qui m’a accueillie dans cette existence. Je suis profondément reconnaissante à mes parents qui m’ont si souvent donné l’exemple de leur persévérance, et aussi d’avoir pu côtoyer Chico Xavier depuis ma plus tendre enfance à la Fazenda Modelo(1), qui se trouve à Pedro Leopoldo, dans le Minas Gerais. Les enseignements que je reçus au sein de ce foyer qui protégea mes jeunes années insouciantes résonnent dans ma tête comme des voix du passé, me rappelant ces leçons, m’encourageant à parcourir les chemins du bien. Elles évoquent également les premières lettres de l’alphabet que j’ai apprises. J’ai l’impression d’avoir encore 5 ans, quand j’écoutais ma mère lorsqu’elle aidait mon frère Célio à faire ses devoirs. Elle disait que pour écrire mon prénom, il suffisait d’ajouter une petite queue à la dernière lettre et ainsi Célio devenait Célia. Et en pensant à cela, j’étais intriguée : comment pouvait-on modifier un prénom juste en ajoutant une petite queue ? (1) La « Fazenda Modelo » est une initiative du gouvernement brésilien visant à encourager le développement de l’élevage et de l’agriculture. NDT.
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J’étais la neuvième de la famille. À cette époque, mes parents connaissaient déjà la douloureuse expérience d’avoir enterré deux de leurs enfants. Très tôt, leurs cœurs ont été fortifiés par les luttes. C’est au feu incandescent que le caractère est trempé tel le fer de la lance. La mort de ceux que nous aimons est toujours source d’afflictions amères et d’angoisses infinies. Après quatre ans de mariage, les jeunes Lico et Lia, mes parents, partirent s’installer dans la ville de Caeté, dans le Minas Gerais. Ils avaient trois enfants. En 1943, Marcos, le second, fut atteint d’une gastro-entérite. Il décéda le 8 décembre. Il allait avoir deux ans. Le docteur qui avait soigné Marcos a dit qu’il n’avait pas pu le sauver, car on ne l’avait pas emmené à temps à l’hôpital. Ce jour-là, Sonia, leur troisième enfant, alors âgée de neuf mois, présenta les mêmes symptômes. Mon père alla rapidement trouver le médecin. Au moment où le corps de leur fils franchissait la porte d’entrée de leur modeste demeure pour être conduit au cimetière lui, partait par celle du fond avec sa fille dans les bras. - La voici docteur, les symptômes viennent tout juste d’apparaître, soignez-la, de grâce ! Le lendemain, mes parents la mettaient en terre. Mon père était allé chez le médecin de toute urgence et pourtant l’issue avait été fatale. On aurait pu espérer un peu plus de réflexion de la part du praticien en l’absence de traitement adapté, à cette époque. Mais les antibiotiques dont l’usage ne datait que de 1940, en pleine seconde guerre mondiale, n’étaient pas encore à la portée des enfants de maçons et de couturières. Forts de l’amour qui les unissait, mes parents poursuivirent leur route et lorsque quelques années plus tard, ils retournèrent à Pedro Leopoldo, ils ramenèrent avec eux Marcio, Marisa et Cezar, en plus de Gilson l’aîné. Ils allèrent vivre dans une maison située à côté de celle de mon grand-père, où je suis née
1 - Tu as choisi le travail plutôt que la lèpre
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après Célio et Celso. À la série de prénoms commençant avec un « M », succédait celle débutant par un « C ». Dans mon cas, Célia n’était pas un prénom, c’était une conspiration. Chico me dit un jour à Uberaba en me montrant du doigt, l’air sérieux : «Attention à ce que tu vas faire de ton prénom ; il signifie les choses du ciel.» J’aimerais en dire un peu plus sur les cinq ans que nous avons vécus à la Fazenda Modelo. Quand j’y suis arrivée, j’avais 18 jours et notre maison, une de celles réservées aux salariés, était toute proche des locaux où travaillait Chico Xavier. Mon père était responsable de la maçonnerie sur tout le domaine, pour le ministère de l’agriculture, et Chico était un employé de bureau. Nous y avons vécu des jours heureux. Je me souviens d’avoir vu chez nous une revue spirite dans laquelle j’apparaissais en photo à l’âge de 8 mois dans les bras de mon cher Chico. Francisco Cândido Xavier fut une présence constante, tendre et affectueuse dans nos vies. Et mon apprentissage commença par ce que je voyais et parvenais à comprendre. Comme elle est surprenante la faculté d’absorption du cerveau de l’enfant ! Il est comme une éponge. La doctrine spirite organisée par Allan Kardec nous informe que c’est pendant l’enfance que nous sommes les plus accessibles aux impressions que nous recevons. Je crois qu’elles sont beaucoup plus marquantes quand elles sont le fruit de notre observation, plus que ce que l’on nous dit ou que l’on nous enseigne en théorie. Le premier fondement religieux que j’ai retenu est celui de la lumière. J’avais peur du noir. Et lorsque mon père déclara un jour que celui qui n’allumait pas sa lumière intérieure resterait dans l’obscurité quand viendrait l’heure de sa mort, je décidai de tout faire pour découvrir comment je pourrais allumer la mienne. Une autre leçon que j’appris pendant le cours de religion dont parlait Chico en 1983 était que les morts reviennent. Un
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