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Chapitre 7 Visite surprise
« PETITE POMME, PETITE POMME, PETITE POOOOOMME, IL EST
TEMPS DE SE LEVER. ALLEZ, COURAGE ! »
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Maman sourit en voyant le visage angélique de sa cacahouète qui, emmitouflée confortablement dans sa couette toute douce, ouvre à moitié un œil et dit : « Jésus, c’est encore toi ?
Oui ? Non ? Oooh non, mince alors, c’est Maman. Écoute, ce n’est pas le moment, Maman. Laisse-moi dormir ! Mon rêve est tellement beau, j’y retourne. »
Et ni une, ni deux, Petite Pomme roule sur le côté et s’enfouit dans sa couverture. Là, il n’y a plus que le bout de ses cheveux qui dépasse encore. Le reste a disparu, créant sur le lit une grosse saucisse géante qui ronfle à tue-tête. Petite Pomme fait semblant de roupiller profondément, quand sa maman passe une main glacée entre les draps et chatouille Petite Pomme en disant : « Allez, allez, ma princesse au bois dormant, il est l’heure de se réveiller ! »
« Alors là, bravo Maman. Tu as réussi ton coup ! Tu as fait peur à mon rêve et il est parti. Zut ! Quelle dictature dans cette famille ! » Maman rit et répond :
« Sur ce point tu as bien raison ! Mais hey choupinette, raconte-moi ton rêve, allez… s’il te plaît ! » Petite Pomme sort d’abord la tête, puis s’assied, elle tape trois fois sur sa couette en disant : « Installe-toi bien Maman, sinon tu risques de tomber de ta chaise. Et je te dis tout, mais à une condition : tu ne m’interromps pas, ok ? Promis ? » Maman s’installe en répondant solennellement : « Ok d’accord, c’est promis ! »
Voilà. En fait, je rêvais que je dormais dans mon lit sous ma couette quand j’ai senti du bout des orteils que quelqu’un s’était assis là. Alors, comme d’hab’, je me suis retournée et j’ai dit : « Pas maintenant, Maman », mais tu ne partais pas, alors j’ai insisté : « Maman, ce n’est pas l’heure de se réveiller. » C’est là que j’ai entendu quelqu’un tousser deux fois. Vu le son de bélier enrhumé que ça faisait, j’ai pensé que c’était Papa, alors j’ai dit : « Oh zut Papa, non quoi. »
Mais là une voix d’homme très, très douce a dit : « Surpriseeeeeee ! Euhhhh hum Petite Pomme, je… je… ben je ne voulais pas te déranger, je voulais juste te faire une surprise. » Je n’ai pas reconnu la voix tout de suite… Parrain, peut-être ? Alors j’ai regardé, yeux plissés pour préparer au mieux mon réendormissement express. Mais là, waouh, impossible d’ouvrir mes yeux assez grand pour bien voir.
Et voilà que je découvre Jésus assis, ou disons mal installé, sur le tas de mes chaussettes sales dans mon lit. JÉSUS… Je l’ai reconnu tout de suite, robe de nuit blanche un peu sale, sandalettes en cuir brun foncé, cheveux longs pas trop bien coiffés et grosse barbe.
Je lui ai dit : « Mais tu es Jésus, toi ! Euhhhh oups, je voulais dire monsieur Jésus le fils de Dieu. » Il a commencé à rire, il m’a dit : « M’enfin, Petite Pomme depuis quand tu m’appelles monsieur ? Parle-moi comme d’habitude, j’aime bien quand tu me dis que je suis ton grand frère. »
Maman, dans mon rêve, j’étais tellement contente qu’en sautant de mon lit, je me suis cognée contre le plafond qui descend plus bas parce que ma chambre est sous le toit. Puis j’ai marché sur un Lego qui traînait, trébuché sur mon sac à dos et fini le nez dans la pile de linge sale. J’ai commencé à rire comme une baleine. Jésus avait sauté sur ses pieds pour m’aider à me relever. Il a tiré la chemisette sale qui pendait dans mes cheveux en disant : « C’est ça ta gymnastique du matin ? »
J’ai pris deux pas d’élan et je me suis jetée dans ses bras en disant : « Jésus, tu es là… toi, là… près de moi… ici… pour de vrai ? » On a tourné ensemble en riant puis j’ai dit : « Mince alors, ne me dis pas que je suis morte, je suis au ciel en fait ? Oh ben zut ! Même au ciel ma chambre n’est pas rangée. »
Jésus répond tout sérieux : « Mais non, tu es juste en train de rêver. »
« Ouf, bon ben j’espère que je ne devrai pas aller faire pipi cette nuit, trop cool le rêve, un rêve de rêve quoi ! »
Et là, il me dit : « Alors, c’est quoi le programme aujourd’hui ? » Je regarde Jésus en réfléchissant, c’est à moi qu’il le demande ? Un coup d’œil autour de moi, à la recherche d’un ange ayant l’air d’un agent secret et qui s’occuperait du timing bien serré du Fils de Dieu. Non, on est seuls dans ma chambre.
« Aloooooors, doooooonc, notons, tu veux sûrement rencontrer des gens super importants, aller à l’église, changer de l’eau en vin à un mariage, interrompre un enterrement en ressuscitant le mort, passer à l’hôpital guérir tous les malades et donner congé aux médecins, te plonger dans la rivière, raconter des paraboles sur la grand-place... »
Jésus fait non de la tête. Maman ! Il a fait non de la tête tout le temps, puis il a soupiré longtemps. Je l’ai observé réfléchir, il a regardé ses vêtements et il m’a dit :
« Petite Pomme, tu crois que je peux aller à l’école habillé comme ça ? » « À mon école ? Ouuuh là non, Jésus ! Non, ton style ne va pas du tout. Je t’amène un jeans et un pull à capuche de mon papa. Va falloir te coiffer aussi, sinon Maman ne te laissera pas sortir. Pour la barbe, c’est super cool, c’est trop à la mode pour l’instant. Par contre, les sandalettes ça le fait pas, mets au moins des chaussettes blanches en dessous… Haaaa non, en fait non, c’est trop horrible ! Attends, ah oui, j’ai trouvé des vieilles baskets de tonton. Il les a oubliées ici, ça devrait être ta taille. »
Tu vois Maman, dans mon rêve, Jésus ne voulait pas aller voir les ministres et les gens importants, non. Il voulait passer du temps avec moi.
Il me l’a soufflé à l’oreille lors du petit déjeuner : « Ma choupinette, tu sais, je suis venu pour te voir, et être avec toi tout le temps, que tu me racontes tout plein de trucs, comme quand tu me parles dans ta cachette secrète. Tu sais, c’est officiel : je suis le président de ton fan club. » Il a dit ça tout cool et moi j’ai bien failli avaler mes céréales de travers. C’était comme avoir un gentil grand frère près de soi.
Maman s’était allongée sur le lit, juste à côté de Petite Pomme pour continuer à l’écouter. « Eh oh, Maman, il ne s’agit pas de t’endormir pendant que je raconte, hein ?
Je peux continuer ? Surtout ne ferme pas les yeux, c’est trop risqué là ! » Maman sourit, lui dit : « C’est vraiment une dictature cette famille. » Petite Pomme ignore cette remarque et continue son récit de plus belle, elle est tellement excitée que toutes ses phrases se mélangent un peu.
On est partis pour l’école, Maman. Tu peux même pas imaginer. Jésus est pire que toi sur le chemin, il a dit bonjour à TOUT le monde. Puis il a aidé une vieille dame à traverser en disant : « Madame Babette, comment vont vos lapins ? » Je lui ai soufflé : « Tu la connais aussi ? » et il m’a fait un clin d’œil et un oui de la tête.
Avec toutes ces histoires et ces salutations, on a fini par arriver en retard. On a raté le début du cours de sport. Vraiment pas malin, ça ! Le temps que je mette mon short, il était déjà en train de jouer au foot avec le prof et les autres élèves. Oooh Maman, j’aimais tellement le regarder rire, dribbler, reprendre son souffle. Il a même sauté en l’air après un but et il s’est étalé comme une crêpe après une passe ratée.
Voir Jésus, Maman, c’était tellement génial que je suis restée assise sur le bord du terrain pour l’observer. À la récré, tous les enfants sont venus lui dire des trucs, il m’a murmuré : « Petite Pomme, tu as encore une mandarine ? » Je lui ai donné tout ce que j’avais. Il a commencé à peler la mandarine et à donner des morceaux à mes amis. Et là, je n’ai plus rien compris. Au dixième quart de mandarine qu’il sortait, j’ai arrêté de compter. À la fin, il m’a rendu ma boîte à goûter. Eh bien, j’ai eu du mal à la fermer parce qu’elle débordait de morceaux de mandarine.
J’ai pensé : « Zut quoi, Maman va encore croire que je n’ai rien mangé à la récré. »
À un moment, il s’est levé et il est parti seul dans un coin. Quand je l’ai revu, il tenait un bras autour de Crotte de bique (tu sais Maman, celle qui est toujours si méchante avec les autres enfants et qui veut toujours jouer à la guerre). C’est la première fois que je la voyais sourire comme ça. Il lui a fait un gros bisou et est revenu vers moi.
Il m’a dit : « Petite Pomme, j’aime bien être là avec toi ! On va au cours de biologie maintenant ? J’ai une surprise pour toi ! » Quand on est rentrés dans la salle de classe, Jésus s’est assis devant, sur le bureau du prof. Il a commencé à parler des oiseaux, de la nature. Il a fait des dessins au tableau qui ne ressemblaient à rien, alors on a tous ri. Parce que quand il a dit qu’il avait dessiné un éléphant, on avait déjà tous écrit le titre « La girafe » dans notre cahier.
La journée est passée super vite, Maman. Il m’a demandé de lui raconter mes blagues préférées, de lui décrire mon endroit favori, il m’a portée sur ses épaules pour que j’attrape le ballon qui s’était coincé dans le marronnier de l’école. En rentrant, on a sautillé sur les trottoirs, il n’a jamais lâché ma main.
De temps en temps, je levais les yeux vers lui, il me disait : « Je t’aime Petite Pomme, tu es géniale, je suis fier de toi, tu sais ça ? Tu me chantes encore une chanson ? » Oooh Maman, j’ai chanté tout ce que je connaissais, en plus il m’a dit qu’il aimait trop les chants de Noël, tu imagines ? En plein mois d’octobre ! Tu aurais dû voir la tête des gens quand j’ai entamé « Il est né le divin enfant », et Jésus qui faisait des coucous à tout le monde… Génial ! On avait fière allure. On a ramassé des marrons tout le long du chemin. À chaque marron que Jésus trouvait, il s’écriait : « Oooh mais qu’il est beau celui-là, trop beau quoi ! » « Oui mais Jésus, tu dis ça tout le temps, mes poches sont pleines, là. »
Arrivé à la maison, Jésus avait trouvé tellement de marrons qu’il ne savait plus ni où les mettre, ni comment les tenir, et fut ravi de les déposer sur la table du salon. Une fois les mains vides, il m’a regardé en souriant et s’est exclamé : « Petite Pomme, repose-toi un peu, tu as l’air fatiguée. »
Il s’est installé sur le canapé, m’a dit : « Viens par là. » Il ne fallait pas me le dire deux fois. J’ai sprinté jusqu’au divan, me suis étalée dessus et j’ai posé ma tête sur ses genoux.
Puis j’ai bâillé si fort que j’ai failli rester comme ça, coincée à imiter le lion qui rugit. Je sentais bien que mes yeux se fermaient tout seuls. J’ai dit à Jésus : « C’est un si beau rêve. » Il a dit : « Oui, le plus beau de tous. » Je ne voulais pas m’endormir. J’ai encore réussi à articuler : « Mais, et si quand je me réveille, tu n’es plus là ? » Il m’a soufflé à l’oreille, tout proche, tout proche : « Mais je serai là, Petite Pomme, je suis toujours là. » Et puis voilà que c’est toi, Maman, qui m’as réveillée et le rêve était fini… Dis Maman, tu me serres tout contre toi encore un peu ?
Maman lui fait un gros câlin en répétant : « Le plus beau des rêves, pour sûr. » Puis elle prend la Bible qui traîne sur la table de nuit, elle cherche un peu dans tous les sens en disant : « Voyons, attends, pas là, non, oui, là, ça y est ! Lis ça ma chérie. »
Petite Pomme se concentre et prononce d’une seule traite :
« Je suis avec vous chaque jour… Maman ? Maman ! Il l’a dit ? Jésus, il l’a dit ? » Et Petite Pomme saute sur ses pieds en disant tout haut : « Bonjour Jésus, tu as bien dormi ? Parce que moi oui, allez zou, au boulot, on a du pain sur la planche ce matin. »
Quel rêve unique Petite Pomme a fait ! Avoir passé toute une journée avec Jésus, le regarder et l’écouter, rire avec lui. Ce serait trop génial si on pouvait aussi faire un rêve comme ça. Il a fait tant de bonnes choses sur la terre. J’aime beaucoup lire l’histoire de sa vie dans les évangiles. Quelque part, Petite Pomme a vraiment dû être triste que son rêve se soit terminé, mais quelle bonne idée a eue sa maman de lui montrer ce qui est écrit dans la Bible.
Jésus nous fait la promesse qu’il sera tous les jours avec nous. C’est la toute dernière phrase de l’évangile de Matthieu (au chapitre 28, verset 20) : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Et je le crois. Il est toujours près de moi, je peux lui parler et partager avec lui tout ce qui me fait du souci ou me réjouit. Il m’aime. Et chaque jour, je peux aussi essayer d’être un peu comme lui avec les gens qui m’entourent.