OCTOBRE 2015 AUX ÉDITIONS CORNÉLIUS
ADRIAN TOMINE
LES INTRUS
UNE PLONGÉE DANS L’AMÉRIQUE CONTEMPORAINE JONGLANT ENTRE SUBLIME ET RIDICULE
EN LIBRAIRIE LE 22 OCTOBRE Collection Pierre - 120 pages en couleur - 23,50 euros Format 17 x 24 cm - Couverture cartonnée avec jaquette
ISBN 978 2 36081 104 5
OCTOBRE 2015 AUX ÉDITIONS CORNÉLIUS
ADRIAN TOMINE LES INTRUS Tomine revient avec un recueil de nouvelles tragi-comiques dont il est le seul à avoir le secret. Temps présent et adversité sont les angles immuables des histoires d’Adrian Tomine, qui laissent le sentiment que rien ne changera jamais. Depuis ses débuts, cet Américain d’origine japonaise décline dans sa série Optic Nerve des parenthèses de vie contemporaine, traversées par des hommes et des femmes harassés par leur quotidien. La manière soudaine et presque arbitraire dont s’ouvrent et s’interrompent ces chroniques laisse le plus souvent abasourdi, et concourt à identifier son style si particulier. Car si Tomine décrit des personnages dont la vie se sclérose peu à peu autour d’un quotidien banal, il ne cesse de réinventer son style, faisant évoluer sa grammaire à l’aide d’expériences formelles, comme pour conjurer par l’art un destin qu’il semble redouter pour lui-même. Ce nouveau recueil confirme ainsi son intérêt récent pour la couleur, accompagnant une forme de nostalgie pour la bande dessinée classique et un goût pour les constructions graphiques. Le lecteur passe ainsi d’un récit introspectif à la première personne, illustré par des cartes postales dépeuplées, à un gaufrier extrêmement dense de cinq bandes dans lequel la répétition devient rythmique. Avec l’âge, le cynisme des débuts a cédé la place à une forme d’empathie empreinte d’ironie. Adrian Tomine rejoint ici son influence majeure, Yoshihiro Tatsumi, ce maître de la bande dessinée japonaise qui lui a permis de conjuguer ses deux cultures, le Japon et L’Amérique, le Gekiga et le Comics underground, pour se forger un langage à son image. Un langage qui, loin des effets faciles, déploit les moyens de la bande dessinée pour se consacrer à la peinture la plus juste possible de la condition humaine moderne.
«Discret représentant d’une jeune garde de la BD américaine indé, Adrian Tomine connaît depuis qu’il signe des couvertures du New Yorker, une épiphanie. Ses planches épurées où transitent des figures autarciques, voire cafardeuses constituent la marque de fabrique de ses récents ouvrages [...], récits détachés emprunts de solitude urbaine.»
OCTOBRE 2015 AUX ÉDITIONS CORNÉLIUS
ADRIAN TOMINE Biographie Fils de deux professeurs d’Université métis nippo-américains, Adrian Tomine naît sous le soleil californien des années 70 mais n’y séjourne pas longtemps. Après le divorce de ses parents, il suit sa mère de ville en ville jusqu’en Allemagne et en Belgique. De retour aux États-Unis, il s’installe avec son père à Sacramento afin de poursuivre des études universitaires. C’est là, au tout début des années 90, encore adolescent, qu’il commence à autoéditer sa première et unique série de bande dessinée, Optic Nerve, toujours en cours 26 ans plus tard. Ses premières histoires, quoiqu’encore immatures, affirment une identité et plus encore un projet : dépeindre le mal-être contemporain au travers de nouvelles s’attachant à décrire des situations inextricables. Le temps aidant, Tomine a fait évoluer son langage grâce aux influences de ses contemporains, Jaime Hernandez, Daniel Clowes et Chris Ware en tête de liste. Son trait clair et synthétique touche aujourd’hui à une forme d’épure qui fait écho à l’esthétique de nombreuses bandes underground nord-américaines. Mais derrière cette parenté se cache un auteur singulier à la voix immédiatement identifiable. Tomine est parvenu à cristalliser à la perfection cette forme de dépression latente et impalpable qui éprend les citadins modernes.
Autres livres d’ADRIAN TOMINE déjà parus :
LOIN D’ÊTRE PARFAIT 2008
BLONDE PLATINE 2011
32 HISTOIRES 2012
OCTOBRE 2015 AUX ÉDITIONS CORNÉLIUS
“ hortisculpture ”
Ils sont déjà venus la semaine dernière, non ?
Encore ?
Mes parents vont passer tout à l’heure. Je leur ai dit de rester pour le dîner.
Maman ! Ils envisagent d’acheter une hortisculpture.
Papa !
“ hortisculpture ”
hé bien… le prix d’achat est de 500 $, et pour l’entretien mensuel, c’est…
Ça m’a l’air formidable, Harold. alors, Combien ça va me coûter ?
Ouh là !
Vous pouvez aussi prier, et peut-être que des angelots jardiniers viendront s’occuper de tout gratuitement !
Parce qu’en plus, il faut casquer tous les mois ?
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hé hé
OCTOBRE 2015 AUX ÉDITIONS CORNÉLIUS
Je te promets, Joe… ça va partir comme des petits pains !
N’empêche, ça prend une place dingue, et je suis pas sûr d’avoir assez d’espace.
Argument valable ! Je sais que s’habituer à la nouveauté ça prend du temps, et c’est pour ça que…
Je ne suis pas convaincu que ça ait sa place ici. Nous, on vend du pot standard… de la bonne vieille terre cuite et compagnie.
C’est pas comparable ! Il s’agit d’une nouvelle forme d’art !
Essayons comme ça : tu en exposes une, et quand tu la vends, tu me rappelles.
Purée… je sais pas trop. Je me sens pas de demander aux clients de signer un contrat d’entretien, euh… ad vitam.
Faut que je retourne bosser. Mais ton idée, tu l’as protégée ? Par un copyright ou un truc comme ça ?
Je vois pas le rapport, mais…
Ouh… je me pencherais sur la question, à ta place.
Bon, écoute, Harold…
Faudrait pas qu’un escroc te pique ton idée, pas vrai ?
Bon… bétonne-toi côté juridique et on en reparle. Ça marche ?
Bah…
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… et voilà pourquoi Joe Choi est un businessman qui réussit et pas moi ! Ce que je peux être idiot !
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“ hortisculpture ”
Alors on n’a qu’à le breveter ! C’est ça que je veux protéger !
on pourrait envisager de déposer le mot « hortisculpture », mais ça ne protégera pas vraiment le… le concept.
Hélas, le droit d’auteur ne fonctionne pas tout à fait comme ça.
La vache… tu sais sabrer le moral de tes clients, toi.
“ hortisculpture ”
Ça équivaut à vouloir breveter le sandwich poulet crudités !
Écoute… en gros, tu associes deux choses existantes et tu veux te les approprier.
Faut pas exagérer !
Si ça ce n’est pas une nouvelle forme d’art, alors c’est quoi ?
Je… je vais me taire.
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Anna ?
Sweet… ?
Amber ?
Il m’a fallu deux secondes pour faire le rapport, et là j’ai éclaté de rire. Comment réagir autrement dans une situation aussi abracadabrante ?
oh purée !
Je n’y avais jamais trop réfléchi, mais j’imagine que pour moi les actrices porno ressemblaient à des top models… mais avec de gros seins refaits. J’ignorais que certaines avaient l’air plutôt normales.
Il n’y avait pourtant pas d’erreur : cette fille me ressemblait beaucoup, elle avait même ma mâchoire carrée que je detestais tant. Pour être honnête, tout ça était déconcertant.
J’ai parcouru ses photos et visionné des tas de vidéos où elle faisait des trucs que je n’aurais jamais crus possibles.
J’ai vécu une des nuits les plus déroutantes de ma vie.
personne ne m’avait jamais fait ça av…
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Écoute : comment veux-tu avancer si t’as toujours l’œil sur le rétro ?
On a pas besoin d’un gus qui enchaîne les simples…
C’était l’arnaque de te payer si peu, alors on les emmerde ces enfoirés !
Je vais trouver autre chose.
Oh ! Tiens, tu vois ce guignol ?
Quoi ?
Faut qu’il réussisse des circuits aux moments clés !
Ils m’ont trouvée bourrée dans la chambre que je devais nettoyer.
Pas la peine, je te dis. J’assure pour nous deux.
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Techniquement, il explose le nombre de home runs, mais il dépasse pas les .220 avec des coureurs en position de marquer.
Hé, trouduc ! Laisser les équipiers sur les bases, c’est le boulot du lanceur, putain !
Ça leur apprendra à t’exploiter comme ça !
je t’ai dis que je m’occuperai de toi et je le pensais !
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En plus… le mieux c’est de rester hors système.
Dès que tu paies des impôts, que tu votes, etc.
C’est pas tout ça, mais il faut que je fasse ma tournée.
T’es foutu.
Ooh… voilà ton «contact» qui arrive !
Punaise, quelle dégaine de gros pédophile ! chh
Il l’est sûrement. Mais où veux-tu que je trouve ma skunk ?
Sincères salutations, mesdames !
Je prends comme d’habitude, et la mère de Zane voudrait aussi vous parler.
Euh, salut.
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C’est toi Barry ?
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Ah bravo. Bel exemple.
Nous sommes tous les deux très fiers de toi.
Je ne veux pas que tu sois si vache… surtout envers toi-même.
C’est ton choix, mais pour la vulgarité, moi, je vote «non».
Bonsoir à tous ! Mesdames… messieurs…
Monsieur… ? Votre réunion, c’est au bout du couloir à gauche.
… Aux AA qui sont arrivés là par erreur…
(Rires, avec quelques «oh»)
(RIRES)
… une super expérience de scène bidon payée par papa et maman !
Bref… merci beaucoup d’être venus, et bienvenue à la soirée des Apprentis de la vanne !
(quelques rires gênés)
(applaudissements nourris)
Profitez-en à fond, parce qu’ils vous soutiendront beaucoup moins quand vous approcherez de la quarantaine.
Bon, nous accueillons des gamins super, ce soir… beaucoup de talent… alors place à la poilade ! (silence, quelques CHuchotis)
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Tout d’abord…
Ronald !
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Alors, euh… c’est un citron qui braque une banque.
Et il dit… hé hé… «Pas un zeste, ze suis pressé.»
(rires polis)
(applaudissements)
Hé hé… à cause du zeste et des citrons pressés… hé hé
Très bien ! Les plus courtes sont les meilleures, Ronald !
Bien, et maintenant… Jessica !
(Applaudissements)
Voilà, m-m-merci ! Salut !
C’est de famille, en fait.
On me dit toujours que je fais jeune pour mon âge.
On dirait un petit embryon.
J’ai aussi un cousin qui vient d’avoir trois ans.
(rires tonitruants)
(rires)
À propos d’âge… je n’ai que quatorze ans. Mais je vis une adolescence assez dingue.
J’ai une mamie de quatre-vingt-seize ans, et on lui en donne à peine quatrevingt-treize.
Ouais, je sais… c’est super embarrassant…
À treize ans, j’ai eu des problèmes parce que je fricotais avec le meilleur copain de mon père. (exclamations de surprise/ d’incrédulité)
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