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La guerre américaine

Les USA financent la reconquête coloniale française dès 1946

L’intervention américaine au Vietnam commença tôt par un soutien financier et aérien à la guerre française. L’intérêt de la France était de reprendre possession de ses colonies après la Seconde Guerre mondiale, celui des USA d’arrêter la vague révolutionnaire en Orient après la victoire de la révolution chinoise de 1949.

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La brève idylle américano-vietminh antijaponaise.

Août 1945 : au centre, l’instructeur OSS Henry Prunier, avec à sa droite Hô Chi Minh et, à sa gauche, le futur héros et général Vo Nguyen Giap.

Le Vietcong au sommet de Notre-Dame

L’assistance américaine à la guerre française a été de l’ordre de 20 milliards de dollars valeur de 2010, les USA assurant 80 % de l’effort de guerre en 1954. Il fut même envisagé par l’amiral Redford et F. Dulles (Pentagon papers, 1971) de larguer trois bombes nucléaires tactiques sur les concentrations de troupes du Vietminh. Eisenhower ne prit pas le risque d’une troisième guerre mondiale, l’URSS disposant de la bombe depuis août 1949.

La France perdit la bataille décisive de cette guerre de reconquête dans la cuvette de Dien Bien Phu début mai 1954.

Les USA prennent le relais du colonisateur

Les USA refusèrent de signer les Accords de Genève de juillet 1954. Sous la pression de la Chine et de l’URSS, qui craignaient l’extrême sensibilité et l’agressivité américaines, le Vietminh, qui a gagné une bataille décisive, mais pas la guerre, dut se résoudre à accepter une partition du pays en une partie nord – la République démocratique du Vietnam (RDV) – et une partie sud où les USA gardent les mains libres. Eisenhower y envoya mille conseillers militaires en soutien à la dictature du catholique anticommuniste Ngo Dinh Diem qu’ils mirent en place immédiatement.

Diem refusa d’organiser les élections prévues en 1956 par les Accords de Genève pour une réunification négociée du Vietnam. Il s’engagea dans une campagne d’élimination des partisans et cadres du Vietminh avec guillotines itinérantes et exécutions publiques. Ce non-respect des accords et la répression menèrent en décembre 1960 à la création au Sud du Front national de libération (FNL), dit « Vietcong », abréviation dépréciative de « communistes vietnamiens » , par les survivants Vietminh au Sud et ceux qui s’étaient repliés au Nord selon les accords.

« Nous avons été stupéfaits de découvrir à quel point le peuple du Sud-Vietnam avait été patient et endurant des souffrances qui lui étaient infligées et n’avait entrepris jusque-là aucune riposte, respectueux qu’il était des accords de Genève. Jusqu’à ce que de petites communautés villageoises soient entièrement menacées d’extermination. 1964, l’année de notre arrivée, marque vraiment la charnière entre ce qu’on avait appelé jusque-là “la guerre spéciale”, qui avait échoué, et les premiers bombardements sur le nord du pays, c’est-à-dire le début de l’escalade qui allait conduire à une vraie guerre1 »

Deux fondatrices du FNL : à gauche, Nguyen Thi Binh, membre du comité central, avec Nguyen Thi Dinh, générale de l’armée des longs cheveux.

1 Madeleine Riffaud (résistante sous l’Occupation et combattante, reporter, hôte du FNL (la « huitième sœur ») avec Joris Ivens) : Dans les Maquis « vietcong », Julliard, 1965.

Kennedy, l’engagement irréversible

J. F. Kennedy devint président des USA en janvier 1961. Il envoya jusqu’à 16 000 conseillers et équipements en soutien au régime Diem. Il autorisa l’usage du napalm qui colle à la cible et brûle les chairs en causant d’atroces souffrances. Quatre cent mille tonnes de napalm furent larguées jusqu’en 1973.

Alors qu’il soutint la biologiste et généticienne Rachel Carson, autrice de Printemps silencieux dénonçant l’usage des pesticides dans l’agro-industrie, Kennedy autorisa l’épandage de l’agent orange de Monsanto1. Ce cocktail herbicide dévastateur contenant de la dioxine défolie les forêts et détruit les cultures : 70 millions de litres seront répandus sur 31 000 km2 – la superficie de la Suisse sans le massif alpin – jusqu’en 1971, exposant trois mille villages et quelque cinq millions de personnes à une dose cinquante fois supérieure à la concentration recommandée par les fabricants pour l’agro-industrie. Selon le NIH, National Institute of Health, 400 000 Vietnamiens sont morts par exposition aux défoliants.

1 Evelyn F. Krache Morris, Into the Wind: The Kennedy Administration and the Use of Herbicides in South Vietnam, Georgetown University, 2012.

Grand-mère et son petit-fils brûlé au napalm, village de Trang Bang, juin 1972.

Forêts de mangroves avant et après pulvérisation de l’agent orange (opération Ranch Hand).

Lyndon B. Johnson prit le relais après l’assassinat de Kennedy fin 1963. Il autorisa en 1965 le déploiement de marines sur le terrain sans déclaration de guerre. Il lança en mars, suite à plusieurs défaites militaires de l’armée d’un million d’hommes de Diem face au FNL, l’opération de bombardement sur le Nord-Vietnam « Rolling Thunder », qui allait durer trois ans et demi, destinée à détruire son infrastructure (routes, ponts, voies ferrées, ports, usines, dépôts, centrales électriques). Sur un territoire de 157 000 km2 (soit l’équivalent du quart de la superficie de la France) fut largué un tonnage de bombes égal à ce qui tomba sur toute l’Europe de l’Ouest durant la Seconde

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