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DÉDICACE
Prologue
par Jacques Deschenaux
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Je connais Claudio Alessi depuis une bonne douzaine d’années. Bien que nos approches du sport soient très différentes, lui, le champion d’arts martiaux et moi, le journaliste passionné de sports de vitesse, nous avions écrit ensemble le livre Au-delà de soi-même (Éditions Favre, 2012) qui racontait l’inimaginable épreuve de karaté kyokushin, un camp extrême auquel il avait participé au Japon, et l’association No Difference créée il y a 20 ans dans le but d’initier les personnes en situation de handicap à la pratique des arts martiaux.
Une solide amitié s’est rapidement établie entre nous, mais nos chemins se sont par la suite un peu écartés au gré de nos activités. Cependant, nous nous rencontrions toujours avec plaisir lors de manifestations ou d’événements partagés.
Le 16 septembre 2021, j’appris par La Tribune de Genève, qui lui consacrait une pleine page, que Claudio était hospitalisé depuis 6 semaines à la suite d’un Covid extrêmement sévère contracté aux Maldives.
Après avoir pris de ses nouvelles par message sms et proposé de lui rendre visite, ce qu’il accepta, je me rendis le lendemain à l’Hôpital de La Tour à Meyrin.
Le virus avait été éradiqué de son corps mais les séquelles pulmonaires dont il souffrait étaient impressionnantes, à voir comme à entendre. Couché dans son lit, immobile, le regard
Échec à la mort creux, Claudio ne pouvait pas prononcer plus de 3 ou 4 mots sans être profondément essoufflé.
Il trouva tout de même la force de me dire ces paroles auxquelles je m’attendais un peu : « Je dois témoigner » puis « j’ai besoin de toi ». Je compris immédiatement que nous allions repartir dans un récit dont je n’imaginais pas encore qu’il ne serait pas celui d’un exploit mais celui d’un combat contre la mort.
Bien que son état semblât s’améliorer à chacune de mes visites, il fallut attendre une dizaine de jours avant que nous puissions converser un peu plus normalement et établir le plan du livre dont le titre Échec à la mort me vint spontanément à l’esprit.
Outre le récit de Claudio, j’ai recueilli les témoignages de Claudia, aujourd’hui son épouse, de leur fils William et de ses filles Claudia et Jessica, du médecin et des personnes du TCS grâce auxquelles il a pu être rapatrié d’extrême justesse par la Rega, des médecins et d’une infirmière qui ont assuré sa survie aux Hôpitaux Universitaires de Genève, du directeur général des HUG, puis des médecins et du physiothérapeute cardio-respiratoire qui ont géré sa réhabilitation à l’Hôpital de La Tour, ainsi que ceux d’un psychologue, d’un ostéopathe et d’un magnétiseur. Dans le dernier chapitre, Claudio explique comment l’association No Difference a en quelque sorte, elle aussi, survécu à la pandémie.
Déliés du secret médical et professionnel par Claudio, toutes et tous les intervenant·e·s ont pu s’exprimer librement lors des entretiens que j’ai eus avec eux. Après avoir recueilli leurs propos, j’ai rédigé leurs témoignages à la première personne et je leur ai soumis le texte pour validation.
Même si elle peut parfois paraître invraisemblable ou romancée, cette histoire est authentique. Elle témoigne de la gravité de la pandémie du Covid-19 qui a sévi en 2020 et 2021, mais aussi des efforts et de la compétence du personnel soignant et des services de rapatriement du TCS grâce auxquels de nombreuses vies, dont celle de Claudio Alessi, ont pu être sauvées. C’est à toutes ces personnes que je dédie cet ouvrage. Qu’ils et elles soient tous et toutes remercié·e·s pour leur engagement et pour le temps qu’ils et elles m’ont consacré.