Des chiens et des hommes - François Chaudet - EXTRAIT

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François Chaudet Des chiens et des hommes

EXTRAIT PROTÉGÉ

Siège social

29, rue de Bourg

CH – 1002 Lausanne

Tél. : +41 (0)21 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com

Groupe Libella, Paris

www.editionsfavre.com

Dépôt légal en septembre 2022. Tous droits réservés pour tous les pays. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, y compris la photocopie, est interdite.

Couverture et mise en pages : Lemuri-Concept

ISBN : 978-2-8289-2052-4

© 2022, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse

Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024

PRÉFACE

De Me François Chaudet, nous connaissions de longue date la plume rigoureuse de l’avocat et de l’éminent professeur de droit. C’est dire que ses centres d’intérêt et les miens évoluaient, du moins jusqu’à cet ouvrage-ci, sur des orbites largement différentes. Pourtant, bien des circonstances nous rapprochent : la ruralité de nos origines familiales, nos liens ancestraux avec la vigne, le cœur tourné vers La Côte vaudoise et un parcours politique qui a élevé le père de l’auteur à la même dignité que celle qui me vaut, à mon tour, de pouvoir signer cette préface ès qualités.

De façon plus personnelle, c’est à l’ami que j’adresse ici mes compliments pour son approche sensible et originale de ces petites choses dans la rosée desquelles le poète Khalil Gibran affirmait que « le cœur trouve son matin et se rafraîchit ».

François Chaudet évoque ainsi la mémoire des chiens de sa vie, attachement que je comprends

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pour l’avoir moi aussi naguère éprouvé, celle de ses éveilleurs aux subtilités du barreau et de quelques figures côtoyées au fil de l’existence.

La gravité du métier d’avocat éclipse souvent l’âme sous la robe. Le témoignage de Me Chaudet, savoureux d’authenticité, nous la révèle au contraire dans ces pages, avec une simplicité bienfaisante et – par un astucieux pied de nez à l’étymologie – sans le moindre cynisme. Le cœur du lecteur y trouvera assurément son matin.

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POUR COMPRENDRE LE SENS DE CES PAGES

Au moment de commettre ces pages, je suis dans ma 77e année. Françoise et moi fêterons bientôt notre 53e anniversaire de mariage. Deux types d’êtres ont marqué ce temps : beaucoup de chiens et quelques humains. J’ai pensé sans modestie qu’il était utile de les raconter. Au moins pour nos enfants et leur descendance, peut-être pour nos amis et très éventuellement pour des lecteurs inconnus qui ne seront pas insensibles à ces deux sources d’intérêt.

Pourquoi les chiens ?

Je viens d’un monde sans chiens et les chiens sont devenus mon monde.

Je suis né dans une simple maison de vigneron, sans salle de bains, sans douche, sans buanderie, sans frigo, sans chauffage central. Le bain du samedi se prenait dans un baquet en fer-blanc

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posé sur le sol de la cuisine. La lessive était un événement mensuel mobilisant toutes les forces disponibles et garnissant, tel un grand pavois, le fil d’étendage qui courait autour des deux maisons du Domaine du Grillon, à Rivaz.

À Lavaux, il n’y a pas de place pour les chiens, ni pour les arbres. Ni d’ailleurs pour les vélos d’enfants et les ballons. Ça monte et ça descend tout le temps ; il n’y a pas de plat ! La sublime beauté de ces pentes minérales fondant sur le lac exprime l’âme calviniste que la Confrérie des Vignerons a captée dans sa devise « Ora et labora ». Ce pays a marqué Ramuz, qui l’a si bien exprimé. Portant le malheur de Sisyphe, le vigneron du temps passé s’épuisait à remonter une terre qui ne songeait qu’à rouler vers le lac ; il raclait l’herbe nécessairement mauvaise au lieu de la cultiver comme aujourd’hui. Ce qui était péché est devenu vertu, mais ce Pays de Lavaux reste hostile à la facilité et au luxe. Il n’est guère amical pour les chiens qui ne peuvent y courir, pris entre le train, la route, les murs de vigne et une topographie sans espace.

En 1968, je découvre celle qui sera ma femme pour la vie. Mais attention, elle est déjà mariée. Avec un Westie (West Highland White Terrier) prénommé Oscar qui a le privilège exclusif de

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Pour comprendre le sens de ces pages

partager la chambre à coucher de Françoise. J’ai donc dû commencer par séduire Oscar, par l’estomac et les promenades. Je m’en suis fait un ami et il a bien voulu consentir au mariage. Il n’y a pas eu un jour de notre vie commune sans chien et cette permanence m’a paru digne d’être relatée. Après une enfance et une adolescence marquées par l’ambiance calviniste de Lavaux, Françoise m’a ouvert une grande fenêtre sur le monde. Le petit Vaudois que j’étais a d’abord découvert Genève, où elle vivait, puis Paris où habitaient ses parents. Quelques jours avant de la rencontrer, j’avais fait le serment à mes deux amis Pierre-Olivier Zingg et Raymond Didisheim que jamais je n’épouserais une intellectuelle et que le mariage était exclu avant 25 ou 30 ans. Je ne regrette pas d’avoir trahi ces deux promesses : Françoise était étudiante en médecine et nous nous sommes mariés un an après notre rencontre ; j’avais 23 ans. J’aurais certainement été plus vite si je n’avais dû passer neuf mois au service militaire en 1969. Dès le coup de foudre, nous avons beaucoup roulé, au propre et au figuré, et toujours avec au moins un chien.

J’ai donc décidé de garder la mémoire écrite de ces êtres fidèles qui ont été autant de milestones dans notre existence. Dans un premier

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temps, j’avais limité le sujet de ce petit livre à nos chers compagnons poilus. L’appétit venant en mangeant, j’ai ressenti le besoin d’en élargir le cadre pour relater quelques histoires dont le seul mérite et point commun est qu’elles ont révélé des hommes et des femmes exceptionnels.

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LES CHIENS

GINA

Mes compagnons d’enfance n’ont donc été que les chats, les lapins, les poules et les poussins jusqu’au jour où mon frère aîné Jean-Paul a manifesté son besoin d’indépendance et sans doute de provocation en adoptant une jeune chienne Berger allemand qu’il baptisa Gina –allez savoir pourquoi ? Triste expérience pour Gina et sa famille d’accueil. Vivant au bord de la route cantonale, elle était allergique aux cyclistes qu’elle stoppait dans leur course. Elle nous quitta bien vite grâce au Corps des gardes-frontière qui en fit sa nouvelle recrue.

OSCAR Premier West Highland White Terrier (Westie) avant quatre autres.

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Mon vrai premier chien entra dans ma vie par effraction freudienne. Il avait été jusqu’ici le compagnon exclusif de Françoise, ma future épouse. Elle l’avait choisi, elle l’avait adopté, elle l’avait choyé, il était le Roi et j’étais l’intrus, le père qu’il n’avait pas voulu.

Oscar commença par m’ignorer puis me repousser lorsqu’il comprit qu’il n’était plus le seul mâle à bord et qu’il devrait désormais partager. L’effraction fut qu’il m’imposa de le prendre avec Françoise. Pour le gagner à ma cause, je dus le séduire avant sa maîtresse. Mes premières approches du lit réveillaient en lui des instincts de molosse et je dus ruser. Je parvins à mes fins par le plus vieux truc du monde : la gamelle. En devenant son père nourricier, je me fis tolérer avant d’être accepté. La glace était rompue. Au bout de quelque temps, nous conclûmes un traité de paix : il ne monterait plus sur le lit quand j’y étais. Dès lors, c’est lui qui m’adopta pour ne plus me quitter.

Assistant de droit romain à l’Université de Lausanne, j’avais comme mes collègues des heures de réception pour les étudiants, qui étaient publiées sur le tableau d’affichage officiel de la Faculté. Les étudiants avaient eu la malice de modifier le texte pour lui faire dire :

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« M.  François Chaudet et Oscar reçoivent le mardi et le jeudi de 14 heures à 16 heures ». Lorsque je dirigeais un séminaire ou surveillais des examens, il était sous ma chaise. Avant de découvrir l’univers du droit, il avait pratiqué la médecine, en accompagnant sa maîtresse dans les laboratoires de pathologie.

Le soir, lorsque j’allais courir au parc Bertrand, je l’attachais à la racine d’un grand arbre et il comptait mes tours. Jeune officier d’exploration, je lui fis découvrir la vie militaire lors d’un cours de répétition où nous étions sous tente. La nuit, il faisait le tour du campement en contrôlant la présence des soldats. Lorsqu’il ne montait pas la garde, inutile de le chercher : il était à la cuisine. Je suis étonné aujourd’hui encore de la bienveillance et de la liberté de mon commandant de compagnie, le capitaine Niklaus Comunetti, qui avait eu le courage d’oublier le règlement dans un geste dont toute sa troupe avait mesuré l’humanité. Cette recrue à quatre pattes avait en effet contribué au moral des soldats pour mieux supporter les rigueurs du service et de la météo.

chaque lundi à la Maison Levade, juste à côté de la cathédrale de Lausanne, comme membre du Conseil synodal de l’Église évangélique du Canton de Vaud.

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Les chiens
À l’époque, je siège

Des chiens et des hommes

Nous sommes sept, trois pasteurs et quatre laïcs. La séance commence toujours par une prière dite par un conseiller, à tour de rôle.

C’est un moment de recueillement d’autant plus sérieux que chacun s’efforce de traiter dans son oraison des problèmes et des souffrances de nos semblables. Traditionnellement aussi, le pasteur Verrey, secrétaire du Conseil, profite de ce moment pour faire bouillir par un plongeur l’eau du café à venir dans un grand pot posé à ses pieds. Imaginez-vous la scène : en pleine prière, le soliloque et le silence sont brisés par le cri du chien qui vient de recevoir un coup de pied mal placé (à l’aveugle) du saint homme pour l’éloigner du pot où il se désaltérait à grands coups de langue. Quel moment de grâce que d’entendre ces notables si sérieux en prière ne pas retenir un rire libérateur, gage de leur humanité !

Oscar vivra seize ans et demi. Aveugle dans ses vieux jours, il perçut les justes dividendes de tout ce qu’il nous avait donné et nous laissa pour toujours l’image si caractéristique du Westie : fidèle, courageux, joueur mais très indépendant, bref un Écossais, un vrai !

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WHISKY

Faux Labrador avant trois autres (vrais). Mon arrivée dans la vie de Françoise ne fut pas la seule épreuve affective d’Oscar. Nous étions partis sans lui à Pompadour pour une semaine d’équitation. Au Club Med, il n’y avait pas de serrure sur les portes. Le premier jour, à la fin du déjeuner, Françoise va chercher ses cigarettes qu’elle a oubliées dans la chambre. Elle découvre, vautré sur le lit, un magnifique spécimen de la gent canine, un peu Labrador un peu autre chose. Après l’avoir fait sortir, elle ne peut se défaire de lui et c’est à deux qu’ils reviennent à table. Le chien s’assied et manifeste sa ferme volonté de ne pas s’éloigner. Il ne nous quittera plus. Le soir, il vient naturellement dormir dans notre chambre. Au petit matin, il part courir la gueuse dans la nature et ramène un trophée. Il n’y a plus de repas sans lui à notre table. Nous apprenons son nom et son histoire. Whisky est né dans un box, entre les jambes d’un cheval, de père et de mère inconnus. Il a été pris en charge par un GO (gentil organisateur = membre du personnel) qui s’en est occupé environ deux ans avant de quitter son emploi et le club, et qui a choisi son nom pour la

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couleur de sa robe. Orphelin depuis peu, Whisky est en quête d’adoption. La semaine avançant, nous prenons conscience avec gravité de l’évolution de la situation et de notre responsabilité. Nous apprenons qu’il est en sursis. À

Pompadour, il y a un champ de courses qui reçoit ou recevait à l’époque une course annuelle du PMU. Événement majeur d’une certaine portée financière. Lors de la dernière course, Whisky a créé le chaos et faussé son résultat en traversant

la piste devant le peloton. Réaction : on décide de le faire euthanasier par le maire de la commune, ci-devant vétérinaire de son état. Chaque tentative pour le maîtriser se soldant par un échec, et vu qu’il n’y aura pas d’autre course dans l’immédiat, la peine est provisoirement remise sine die. Mais c’est une situation évidemment précaire.

Que faire ? Nous sommes jeunes parents, vivons certes à la campagne, mais un seul chien suffit à notre bonheur. Et comment infliger à Oscar cette nouvelle frustration, qu’il ne soit plus l’Unique ? Comment ramener en Suisse un chien

sans papiers ? Si la raison l’emporte et que nous décidons de ne pas l’adopter, comment vivre ces jours qui restent et affronter son regard ? Avonsnous vraiment le choix ? Nous optons pour la faiblesse audacieuse et décidons de l’emmener.

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Premier acte : il faut lui fabriquer une laisse et un collier. Nous nous rendons chez le sellier du village, plus habitué à fabriquer des selles et des harnais que ce que nous lui demandons. Bon prince, il va tailler dans une grande pièce de cuir, de la même couleur que celle de Whisky, un collier et une laisse sur mesure. L’apprentissage de la servitude est facilité par l’émotion de ne plus nous quitter.

Deuxième acte : à défaut de pedigree, il nous faut un certificat de bonne santé et les vaccinations réglementaires dûment documentées. Départ donc chez le maire/vétérinaire. Dès que sa porte est franchie, Whisky nous démontre l’immensité de son intelligence en rendant vaine toute tentative d’approche. Résigné devant son impuissance et sans doute heureux de faciliter l’éloignement définitif du fauteur de troubles, notre hôte oubliera un instant ses responsabilités juridiques pour nous remettre les vaccins à administrer de l’autre côté de la frontière ainsi que le papier nécessaire à tromper la vigilance des gabelous. La honte fut vite bue et la loi respectée : dès notre arrivée en Suisse, Whisky ne manifesta aucune hostilité à l’égard du vétérinaire et fut vacciné. Nous avions tous fauté, mais pour un mobile honorable. Même si les faits sont

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largement prescrits, je plaide aujourd’hui non coupable en invoquant la mansuétude judiciaire pour cet homme bienveillant qui a fait passer son confort personnel, ses responsabilités publiques et professionnelles derrière l’audace permettant à Whisky d’échapper à son triste sort. Le jour dit, nous prenons la route du retour. Certains témoins accompagneront notre départ par une parole ironique sur la chance de Whisky d’avoir reçu le statut de réfugié !

Contrairement à nos craintes, Oscar fit bon accueil à ce grand nouveau compagnon. Celui-ci ne tarda pas à montrer que les limites de la propriété étaient un peu étroites pour lui et il usa ses dents à ronger les clôtures qui retenaient son besoin de chasse. C’était une course-poursuite : un trou, une réparation, un nouveau trou, une nouvelle réparation. Et quand ça résistait trop par le haut, il creusait pour passer en dessous. C’est qu’il avait été encouragé dans ses envies d’évasion par la générosité mal venue du Restaurant du Casino, à Rolle, qui, lors de son premier passage, lui avait servi un reste de filets de perches et de frites. L’adresse étant connue et bien qu’elle fût à plus d’un kilomètre de chez nous, nous ne pûmes qu’enregistrer que le mauvais pli était pris. Ainsi chaque fugue se terminait-elle soit par notre

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appel, soit par celui du restaurant pour nous dire que Whisky était arrivé.

Mais bientôt, il ajoutera à son carnet d’adresses certains commerces locaux. Alors que je suis en séance à Zurich, ma secrétaire m’appelle pour me dire qu’elle a en ligne le gérant de la Migros de Rolle : Whisky est assis devant le rayon de la boucherie et personne n’ose s’en approcher. Il attend sa dîme. Heureusement, l’agent de police de Rolle qui est un ami répond à l’appel et peut le convaincre de rentrer au bercail.

DIXIE

Premier vrai Labrador, avant deux autres. Notre ami Oscar Kaalstad, consul de Norvège à Lausanne et directeur de Castolin, nous annonce qu’il va quitter définitivement la Suisse pour les États-Unis et qu’il ne peut emmener sa chère Labrador noire avec lui. Sa demande subliminale est évidente et nous ne pouvons y résister. Ayant goûté au plaisir d’un demi-Labrador un peu sauvage, nous nous disons que cela sera plus facile avec elle. Elle se contentera de plonger dans le lac en hiver pour nous arroser en se secouant. Nous hésitons d’autant moins que

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cette dame arrive avec un véritable trousseau de princesse : une niche à deux pièces, une garderobe et de nombreux accessoires qui nous seront fort utiles. Elle fait couple avec Whisky, qu’elle tend à sédentariser, et nous avons maintenant trois chiens. On dit que les Labradors, véritables goinfres, sont de piètres gardiens. Détrompez-vous. Alors que nous sommes en vacances, notre jardinier est frappé en arrivant le matin de voir Dixie tout excitée. Il découvre peu après que le portail du bord du lac a été forcé et que le visiteur non invité n’a pu emporter dans sa fuite qu’une manche de veste quelque peu maculée. Personne n’a porté plainte !

CANNELLE

Premier Yorkshire, avant deux autres. Comme il y avait deux grands chiens, il fallait respecter un certain équilibre pour donner une compagne à Oscar. Nous découvrons avec surprise que l’intelligence et l’instinct de garde ne sont pas proportionnels à la taille. Notre première York, qui n’avait pas encore longue queue, nous frappa d’emblée par sa décomplexion complète. Alors qu’elle ne pesait pas plus de 2 kilos, elle se

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livrait avec les deux grands à des concours de tir à la corde dans lesquels elle se faisait décoller de terre pour aller voltiger au rythme effroyable des coups de tête labradoriens. Mais elle ne lâchait pas et, finalement, elle leur imposait le respect. La nuit, même sous la couette, c’est elle qui donnait l’alarme aux Labradors à l’extérieur, lorsqu’un bruit ou une odeur suspects menaçaient la propriété. Sentinelle vigilante, elle était le petit détonateur qui donne sa puissance à l’explosif.

Chaque été, nous passions une semaine à Lech avant de rejoindre le Festival de Salzburg pour une deuxième semaine. Nous avons toujours emmené les Westies et les Yorkshires avec nous. Au festival, ils attendaient la fin des concerts en chambre.

Toutefois, Cannelle eut l’honneur d’assister, dans un sac idoine, à une Matinée Mozart dans cette merveilleuse salle baroque du Mozarteum. Elle s’y tint très bien, ce qui aurait certainement ravi le jeune Wolfi, si peu conventionnel !

VERTU Seul(e) Boxer.

Quatre chiens, ça va, cinq c’est trop. C’est une évidence qui n’est pas à démontrer. Mais la vie

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Les chiens

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est ainsi faite que, souvent, ce sont les événements qui commandent, à l’image du chien qui promène son maître !

Notre fils Florian a un ami à Perroy, dont la maman a décidé de faire porter une seule fois sa chienne Boxer. Les petits viennent de naître. Ont-ils déjà les yeux ouverts ? Florian nous revient avec du feu dans son regard et ses paroles. Il n’a jamais rien vu d’aussi touchant. C’est vrai que les chiots ont une redoutable capacité de séduction. Nous sommes d’autant plus hostiles à l’idée d’augmenter le troupeau que nous avons toujours dénoncé les achats d’animaux procédant d’un caprice, tel que par exemple un cadeau de Noël. Prendre un chien est un acte qui engage pour des années. C’est une responsabilité peu compatible avec les motifs d’un enfant. C’est pourquoi, sans le plus léger doute, nous n’entrons pas en matière. Mais Florian révèle ses futurs talents d’avocat : il convainc sa mère au moins d’aller les voir, sans plus. Et le piège va fonctionner. Françoise tombe

sous le même charme et ajoute un argument décisif au plaidoyer de notre fils : les Labradors ne sont pas de vrais chiens de garde. Ils sont goinfres, donc vénaux, et toute personne mal intentionnée aurait beau jeu d’ajouter du poison

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