François Truffaut Film par Film. Laurent Delmas et Christine Masson / France Inter - Gallimard

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Date : 1er novembre 2021 Page de l'article : p.32-33 Journaliste : ÉRIC NEUHOFF

Pays : FR Périodicité : Quotidien OJD : 305701

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FRANÇOIS TRUFFAUT GALLIMARD SORT UN LIVRE SOMME SUR SA VIE À TRAVERS SES VINGT-CINQ FILM5

L'ÉVÉNEMENT CULTURE

FRANÇOIS TRUFFAUT, LHOMME QUI AIMAIT LES FLAMMES GALLIMARD CONSACRE UN BEAU LIVRE RACONTANT LHISTOIRE DE CHACUN DE SES VINGT-CINQ FILMS, TOUS PEU OU PROU AUTOBIOGRAPHIQUES. ÉRIC NEUHOFF eneuhoff(â)lefigaro.fr

P

Cents Coups, un matin, aux 3 Luxem-

déçu le réalisateur : « Travail d’amateur,

bourg. Ensuite, il s’attaque à nouveau

inexploitable et insupportable, même ») à

our une fois, il ne faut pas

aux vingl-quatre autres films. «Je

Vivement dimanche!. On assiste aux re-

sauter la préface. Elle est II d’Arnaud Desplechin. s’aperçoit qu’il a 60 ans et que

n’avais pas su me cogner sur leurs an-

mords, aux progrès. C’est comme

gles», écrit-iljoliment.

feuilleter un album de famille. Nous

Truffaut est mort à 52 ans. Cela

chronologique. Elle a du bon. Cela va des

lui fait un choc. II revoit Les Quatre

piètres courts -métrages ( Une visite avait

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Les auteurs ont choisi la méthode

avons tous grandi avec Antoine Doinel.

La passion chevillée au corps

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Date : 1er novembre 2021 Page de l'article : p.32-33 Journaliste : ÉRIC NEUHOFF

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Truffaut avait ses manies : il voulait aper

mes». C’est un échec au box- office.

cevoir la tour Eiffel par au moins une fe

Truffaut parle alors avec humour de « La

nêtre des appartements où il habitait. II

Chambre vide». Moralité :

«Nejamais uti avait quelques principes. liser une scène de quatre minutes pour y

respirent par leurs défauts. Un film sans

exposer une idée. Mais trouver quatre idées

qu’un : faire bêtement la fine bouche de

pour chacpie scène d’une minute.

» Rossel

lini lui avait appris qu’il fallait se lever chaque matin en se disant : «Jefais cefilm ouje crève. »

La passion lui est chevillée au

corps. L’angoisse le tenaille. Des crises d’aérophagie le saisissaient avant et après

défaut est irrespirable.

«Les films

» Ce livre n’en a

vant L’Homme qui aimait les femmes au nom de la morale ambiante. Truffaut macho ? Et puis quoi, encore ? François Truffaut film par film, de Christine Masson et Laurent Delmas, Gallimard/France Inter, 240 p., 30,90 €.

chaque tournage. La critique ne fut pas toujours tendre avec lui. À propos de Tirez sur lepianiste, Georges Charensol sort l’artillerie lourde : « Cefilm apparaît comme un ra massis de rogatons d’un restaurant bon marché. »

Le but de Jules et Jim était sim

ple : «Faire un film subversif avec une douceur totale. »

Cette douceur cachait

une violence rentrée, des sentiments portés au fer rouge. On le surnommait « Truffaut-la-Tendresse ». Ça n’était «Je veux que mes pas tout à fait exact. films donnent l’impression d’avoir été toumés avec quarante defièvre. » Le metteur en scène connaît ses dé

fauts. II sait que des ratages ont existé, que L’Amour enfuite n’était peut-être pas indispensable. Mais quelle intelligence! Quelle finesse ! Les Deux Anglaises et le Contineitt était déflni ainsi: «Non pas un film d'amour physique mais unfilm physi

» Variante : «J’ai com

que sur l’amour. pris qu’avec ce film j’avais voulu presser l’amour comme un citron. »

Cela n’empê

cha pas Jean-Louis Bory, souvent mieux

Vivement dimanchel, de François Truffaut, 1983, avec Jean-Louis Trintignant et Fanny Ardant. LES FILMS DU CARROSSE/FILMS A2/S0PR0FILMS/ PHOTO ALAIN VENISSE/GALLIMARD

inspiré, de s’ennuyer du début à la fln. «Je voudrais Et ce sens de la formule. faire un film d’Audiard filmé par Jean Rouch»,

tel est son résumé d’Une belle

fille comme moi. «Si j’avais été une fem~ me, j’aurais été comme elle», dit-il de

Fhéroïne, la pétulante Bernadette La font. Dans La Nuit américaine,

il joue son

propre rôle. II a un blouson et s’invente L’Argent de poche avait un sonotone. failli s’intituler

La Peau dure. La Cham bre verte avait pour objet de «montrer sur l’écran un homme qui refuserait d’oublier les morts ».

II y a beaucoup de

bougies, dans cette adaptation de Henry James, ce qui permit à l’équipe de la re baptiser « L’Homme qui aimait les flam-

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