Notre guerre civile. Judith Perrignon / France Culture - Grasset

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Notre guerre civile » , Judith

Perrignon fouille les archives sur Louise Michel

Judith Perrignon prolonge sa série pour France

Culture sur Louise Michel , cette fois à l écrit. Cela donne un récit vivant à plusieurs niveaux , principalement sur la vie d une icône de la Révolution , mais aussi sur le travail remarquable de la journaliste.

27 mai 2023
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Photo by Joël SAGET / AFP)

La Commune , une révolution parmi d autres dans le fil contestataire qui grondait depuis un siècle déjà, délaissée dans les manuels scolaires , mais considérée comme une des premières à l accent féminin prononcé Des femmes surnommées les pétroleuses, vues comme des incendiaires ou de simples exaltées par ceux qui les jugeront en Conseil de guerre Elles sont pourtant nombreuses , mais une personnalité sedétache en figure de proue : Louise Michel.

Notre guerre civile

Toute sa vie , Louise Michel institutrice , communarde anarchiste et féministe a été poursuivie par la République et sa police.

Elle nous laisse l indispensable élan de l utopie.

La Vierge rouge, la Sarah Bernardt noire , comparée à Jeanne d Arc par Verlaine , adoubée par Victor Hugo , elle était déjà renommée de son vivant , mais c' est aussi parce qu' elle est écrit que l on peut mieux cerner sapersonnalité depuis et qu' elle nous parvient en icône de la Commune aujourd hui , sûrement aussi grâce à sa correspondance avec Victor Hugo , pouvant aller jusqu' àprendre le dessussur le reste de sa vie , comme à sa station parisienne éponyme Et puis Louise Michel était « un personnage d Hugo qui avait échappé à son auteur » , elle s' invente dans ses écrits en sublimant sa vie , lui donnant même un relief poétique aubagne deNouvelle-Calédonie.

Rien ne la prédestinait pourtant à tout cela , elle , l enfant sans père identifié , traitée néanmoins comme « la demoiselle du domaine » où travaillait sa mère , car la rumeur disait qu' elle était la petite-fille des maîtres Elle deviendra une institutrice engagée après une enfance passéedans la rêverie , refusant à sesélèves les prières à l empereur, lui préférant les chants de la Marseillaise Le reste , on le connaît , la Commune où le procès de toutes ces femmes « menait à elle » , le bagne, et le retour avec « sa colère qui est son oxygène » , toujours et encore surveillée dans sa croisade sociale »

Il ne faut pas s' attendre dans ce récit à une lecture en mode page-turner malgré la chronologie respectée dans ses grandes lignes, une lecture qui serait lisse et débroussaillée des aléas de la recherche journalistique On est quand même dans la bio d une anarchiste de la Commune partiellement enterrée aux Archives . Judith Perrignon y est allée sur les traces de la future anarchiste , en photographiant les documents au besoin , étonnée par « cespapiers vieux deplus d un siècle qui glissent dans ma mémoire numérique » , même si les phrases de Louise Michel ne

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lui paraissent pas anachroniques La journaliste farfouille ainsi dans les boîtes , extrait aussi des passagesdes Mémoires de Louise Michel , fait parler la correspondance avec Victor Hugo convoque des spécialistes qui se sont exprimés sur le sujet, interrompt par les questions dujuge à Louise Michel durant sesprocès, agrémente son récit d élémentsjournalistiques voire personnels liés à saquête.

Et cela donne les contours d un récit rythmé par différents points de vue , mais un récit vivant et émouvant , tant dans la plongée historique que dans la quêtejournalistique Un récit à plusieurs cordes , palpitant devie dansles papiers dépoussiérés, et qui profile la silhouette historique d une icône féminine de la Commune , également avant-gardiste, aupoint de retentir avec une sensation de proximité plus d un siècle après.

« La presse de Versailles accusa lespyromanes, « pétroleurs » et «pétroleuses » , puis subitement , très vite , le masculin a disparu , le mot s estfigé auféminin Il permettait de ramasser en trois syllabes toutes cesfemmes de la révolution , de les ramener à des pulsions destructrices et échevelées , d en faire des viragos, des mégères , de les dépolitiser, car lesfemmes nepensentpas »

Eric Médous

Notre guerre civile

Récit de Judith Perrignon : Grasset

224 pages - 20,00 Euro

Parution : 10 mai 2023

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