Entretiens avec J.Chancel. Les cinéastes à la radio

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1 novembre 2017

CINÉMA

NOTES DE LECTURE Leonardo DiCaprio Un acteur américain Jacques

Démange

Strasbourg

,

Université

Accra ,

de

, 2016 , 104 p.

Au septième art comme au théâtre , l importance accordée au corps de l acteur est une des contributions majeures de la Méthode , le système d interprétation '

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prôné par l Actors Studio . En puisant dans sa propre personnalité , le comédien véhicule son expérience physiquement ses émotions , conscientes ou pas , à travers son expriment visage et par sa '

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gestuelle . Que ce principe tienne encore est manifeste dans le jeu d un DiCaprio , qui a fait ses preuves dans une gamme de rôles impressionnante . Ce successeur

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des grandes stars hollywoodiennes jette une lumière sur la distinction établie entre ses prédécesseurs qui traduisent leur ressenti par une extériorisation , tels Al Pacino ou Montgomery Clift , et ceux au jeu intériorisé , représentés par Marlon Brando et Robert De Niro . À

Cahiers du cinéma et dans Présence du cinéma en 1966 (ces derniers , malheureusement reproduits sur un fond gris foncé qui en rend la lecture malaisée) . Cette approche analytique et kaléidoscopique

confirment la nonchalance tranquille et le savoir-faire du « contrebandier », en même temps que sa dépendance absolue aux moyens dont il dispose si Phantom Raiders ( alias Nick Carter à Panama)

titre d exemple , il agit de la même entre la prestation de DiCaprio différence dans Les NocesRebelles, film sur le refoulement de non-dits , et sa performance dans The Revenant où le protagoniste assume un combat aussi bien contre des

permet de bien cerner la diversité des films de Tourneur et des conditions dans lesquelles il a travaillé . Plusieurs textes reviennent sur les titres les plus connus , comme la trilogie produite par Val Lewton et les grands films noirs ( Haden

ou la série télé inspirée par Le Grand Passage(roman de Kenneth Roberts , film de Vidor) arborent tous les traits feuilletonesques ( méchants de mélodrame , meurtres à répétition , pesantes diversions

forces humaines ennemies que contre les éléments ,sans que ces deux choses soient catégoriquement incompatibles . Illustrés par de nombreuses photographies en

Guest , Chris Fujiwara , Hervé Gauville) ou les westerns avec Joel McCrea (Fernando Ganzo) , mais l accent est comme aussi mis sur un « film mineur

comiques) , dans Wichita ( Un jeu risqué) et Stranger on Horseback, en revanche , Tourneur tire le meilleur parti de Joel McCrea , « le Gary Cooper du pauvre », massif et inexpressif , jusqu' à en faire non

noir et blanc , les facteurs constants de sont expressivité de la physionomie minutieusement répertoriés , tout en tenant compte de la place du costume et

La Viefacile (Paola Raiman) , tandis que Mariano Llinsis apporte un point de vue argentin original sur la production du Gaucho (« Hollywood vs . Perôn ») . Des

seulement une incarnation de la loi aux allures de pasteur, mais aussi un homme d âge mûr qui , tel un fruit mûr , tombe amoureux au premier regard échangé.

du maquillage . Un régal.

synthèses sont proposées par le bel article de Petr Tourneur ou le suspens » d abord ( hagard paru en 1986) , et par la préface de Pierre Ftissient , un des inventeurs du cinéaste , qui caractérise Tourneur comme « un artisan , au sens haut et noble du terme »d opposant ainsi

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Jacques Tourneur Sous Capricci

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direction

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Fernando

Ganzo ,

, 2017 , 220 p.

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Jean-Loup

Bourget

Entretiens avecJacques Chancel Collectif

, La Table

France-1ga

Ronde-Radio

,

2017 , 184p.

Secretsde cinéma

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Publié

pour accompagner les Tourneur de Locarno et de rétrospectives la Cinémathèque française , ce livre collectif aborde les périodes de Fceuvre (débuts français , courts successives métrages , fantastique , westerns , thrillers , aventure , télévision .. . ) en les éclairant de du cinéaste dans les propos parus

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son père Maurice , qui au implicitement moins dans sa période muette se voyait comme un artiste ( une suggestion comparer les paysages du Dernier des Mohicans de Maurice , 1920 , et ceux du , 1946) . Passagedu canyon de Jacques Revus ou découverts à la Cinémathèque ou en DVD , les films de Tourneur

Bruno

Cras , Plon , 2017 , 240

p.

Jacques Chancel était-il cinéphile Dans la multitude des personnalités il a invitées à ses célèbres Radioscopies qu' sur France Inter ( pas loin de 3 000 0 , on trouve des cinéastes venus se livrer durant une petite heure à un entretien à bâtons rompus . Cinq d entre eux , et '

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Coffret l d Or du Cinéma Japonais '

MELVILLE

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ENTRETIENS JACQUES CHANCEL

tES TES ÀLA non desmoindres (Jean-Pierre Melville , Louis Malle , François Truffaut , Claude Chabrol et Claude Lelouch), font l objet d un recueil intéressant, sorte de bilan artistique à un moment précis, la date de l émission figurant en tête de chapitres. Truffaut , par exemple, estinvité en 1969. Il vient d essuyer des papiers négatifs sur La Sirènedu Mississipi. Chancel le titille forcément sur le thème du critique critiqué. Truffaut avoue préférer « une mauvaisecritique et beaucoupde monde dansla salle». Chancel ne parle pas mise en scène, il traque ses invités sur leur parcours, leurs contradictions. Côté vie privée, il bute surla pudeur d un Truffaut qui déclare néanmoins « trouver la vie socialedesgensridicule et leur vie privée passionnante ». La question « Vous considérez-vouscommeun bourgeois ? » revient à plusieurs reprises, surtout pour Louis Malle , le plus gâté par sanaissance. Melville il demande carrément « ?tes-vous de droite ? », « Oui », répond le cinéastequi précise : « Le vrai centre auquel je crois appartenir, est la droite ! » Chabrol , rusé et goguenard face aux banderilles de Chancel, se dit « profondément marxiste » et convient aimer« le luxe de la bohème». Le seul à être encore parmi nous, est Lelouch. Nous sommes en 1982, il a 44 ans et il est le plus disert (32 pages contre 22 pour Louis Malle) . On retrouve ce mélangede roublardiseet de naïvetéqui a été le sien durant toute sa carrière : « Les critiques est comme le fumier, il est utile. Ils sont utiles. Et plus ils sentent mauvais, plus ils sont bons. Sansoublier une avalanchede généralités '

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et de superlatifs « Le Boléro de Ravel est la plus belle musique au monde » et « La vérité, est le plus beaumot queje connaisse»... On retrouve Lelouch fidèle à lui-même (quel bagou !) dans un autre recueil d interviews, beaucoup plus brèves celles-là: Secrets decinéma,de Bruno Cras monsieur Cinéma à Europe1). auteur ( choisit une trentaine de cinéastesreçus au moment de la sortie de leur dernier film . Rien de passionnant sur la mise en scène, mais des anecdotesrecueillies à chaud sur le montage du projet, les coulisses du tournage, les conflits au moment du casting, etc. L intérêt que l on prend à la lecture dépend bien sûr de celui que l on porte aux invités et le panel est varié : Varda (Sans toit ni , loi), Tavernier (Le Juge et l Assassin) Un de aussi conte mais ( Noél), Desplechin Beineix (37°2 le matin), Chatiliez (La vie est un longfleuve tranquille), Francis . Veber(Le Dîner decons) c'

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Bernard

Génin

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L d or du cinémajaponais ( 1935-1975) '

Coffret

: Dictionnaire

en 101 cinéastes

japonais + 6 DVD , sous la direction Vincent , Carlotta

de Pascal-Alex

Films , 2016 , 242 p.

le cinéma muet (pour les cinéastesqui ont pas passé le cap du parlant) et les quarante dernières années qui ont pourtant vu apparaître des cinéastes intéressants (Kore-eda, Kitano , etc.). Dans le cinéma documentaire, quelques grands nomsont été omis dont Shinsuke Ogawa. Par contre, et cela est rare dans ce genre de dictionnaire, le cinéma d animation a sa part . L ensemble des notices sur les cinéastessont très satisfaisantes . Elles ouvrent en général sur une biographie, couvrent la carrière, les thématiques et sont complétéespar des notessur le style. Si les pluslongs articles sont consacrés aux cinéastes les plus reconnus (Kenji Mizoguchi par Eithne Neill ; Akira Kurosawa et Shohei Imamura par Catherine Cadou ; Yasujiro Ozu par Diane Arnaud) beaucoup d articles concernent des cinéastestrès importants (Susumu Hani et Shuji Terayamapar Stéphane de Mesnildot Kon Ichikawa, Keisuke Kinoshita et Masald Kobayashi pas Pascal-Alex Vincent ; Hiroshi Shimizu par Clément Rauger ; Teinosuke Kinugasa et Kaneto Shindo par Olivier Malosse ; Hiroshi PruvostTeshigahara par Marie Delaspre). Beaucoup de cinéastesmoins célèbres hors du Japon, mais qui ont été des rouages essentielsde l industrie du cinéma, sont aussi examinéset est d autant plus intéressantque ce sont des cinéastespeu identifiables car ils ont pasété distribuéshors de leursfrontières, sinon avecun ou deuxfilms .Ainsi Kazuo Hara , Tai Kato , Yuzo Kawashima par Clément Rauger; Ishiro Honda , Hiroshi Inagald etTeruo Ishii par Julien Sévéon; n'

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ouvragedirigé par Pascal-AlexVincent a fait le choix téméraire de couvrir une période de quarante annéesen la qualifiant d âged or du cinémajaponais, mais d peu âgesd or ont été aussilongs et, au coursde cette période, il y a eu deshauts et desbas. estdavantageune histoire du cinémajaponais dont ont été occultés '

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, ce recueil raisonné est anglo-saxonnes à la fois savant et jubilatoire . Comme le souligneJacquelineNacache: « Jouer l actrice dansune pièce ou dansun film , estsedédoubleren tant actrice, créer un personnagequi est, danslesmots de Verlaine, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, est sejouer soi-même comme une autre » (p. 21). est aussi trouver le metteur en scène, souvent masculin mais pastoujours, qui de Billy Wilder (Boulevarddu cre' puscule, Fedora) à John Cassavetes( OpeningNi ght), de Carlos Saura(avecGéraldine Chaplin) à Kira Mouratova (avecRenataLitvinova) , sauratirer parti de cette mise en abyme pour approfondir l oeuvre. Les exemples choisis sont probants, ainsi lorsque le jeu desactricesitaliennes est analysépar Philippe de Vita (Anna Magnani dans Le Carrossed or) ou Christian Viviani . (Silvana Mangano dans Les Sorcières) On en veut de ne pas avoir penséplus tôt à des idées qui paraissentévidentes, comme de recenser les innombrables exemplespuisésdans le cinéma français desannées 2000-2010, d EstherKahn à Sils Maria (par Sophie Walon), ou de revisiter le mythe de la star par la figure maternelle(de Fedoraà Maps to theStars, par Hélène Valmary). Deux figuresrécurrentes, auxpatronymes presque identiques, surgissent : celle, imposante, de l actricetotale Bette Davis etcelle, attachante, deMarion Davies qui, dansdeux films de King Vidor ( Patsy et le merveilleux ShowPeople) , fit mentir la légendede l inexistencede son talent, en incarnant avec finesse des actrices sansenvergure. Le livre se clôt par une réflexion percutante de Carolyn Reese (hélas ! non traduite) sur « l auto-biopic», sous-genreoù une star, en l occurrence Bardot dans Vie privée (Louis Malle , 1962), est condamnéeà nejouer ellemême , est-à-dire. .. une autre. '

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Akio Jissoji par Olivier Malosse ; Nobuo Nakagawapar De Mesnildot , cinéastes souvent sous contrats avec les studios, sont passés en revue. Enfin Teruyo Nogami, la proche collaboratriced Akira Kurosawa, livre un témoignage sur la personnalité de Toshiro Mifime , auteur d un seulfilm. Si le dictionnaire propose beaucoup de découverteset apporte des référencesqui nous manquaient, les 6 DVD ajoutés au livre ne sont, eux, que des classiquesdéjà accessibles. '

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leur travail éloigne du reportage et suppose d élaboration artistique, depuis l initiative du scénariojusqu' au montage. analyse minutieuse et sagace des , de leur fonction sociale, de personnages leurs relations, de leurs modes d énonciation gouverne la compréhension politique du film , sansjamais lesréduire à des porte-parole. Elle exclut jamais l intérêt pour les tournures proprement cinématographiques,lerythme etla durée des plans, le montage. On est souvent tenté de découvrir dans ces formes le résultat d une plongéede l allégorie dans une réalité complexe, une population trop diverse et trop vivante pour se satisfaire d illustrer l affrontement de la coutume et des usagescontemporains, du livre et de la parole, de l héroïsme et du quotidien , de l artifice et de l authenticité ; car les termes de cesoppositions sevoient sanscessecontestéset redéfinis. Caroline Zéau ne néglige pas non plus de situer l entreprisede Perraultet Brault dansle monde du cinéma documentaire, dont elle aide à mesurer la richesseet à découvrir les genresmultiples. s'

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Hubert

Niogret

Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault Yeliovv

Caroline ( Belgique)

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, 2017 , 110 p.

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Armée d une connaissance précise de l histoire politique et culturelle du Qyébec, de ses particularités et des débats qui entouraient les linguistiques fonctions de la production artistique à l époque de la « Révolution tranquille », Caroline Zéau appuie aussi sur sa culture dethnologue et les enquêtes Alain Masson elle a consacréesau documentaire, au cinéma direct, à l O .N .E pour donner Jouer l actrice . De Katharine cette étude complète, préciseet nuancée Hephurn Juliette Binoche d un film dont on a peut-être oublié Sous la direction de Jean-Loup Bourget et de Françoise Zamour , avec la collaboration aujourd hui le caractère novateur et Chloé Galibert-Laîné Éd . Rue d Ulm coll. , , paradoxal. Actes de la recherche à l ENS » , Paris , 2017 , En suivant la genèsede l oeuvre , grâce à une abondante documentation, l auteur 184 p . . n . et b. montre à la fois quels compromis entre l image et la parole impliquait le projet , Quel petit livre stimulant Des actrices quelle volonté de fiction épique les de cinéma qui jouent desrôles d actrices: documentaristesy ont inscrite, combien dépassant les limites des star studies '

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Yann Tobin

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