Dissident club, Taha Siddiqui et Hubert Maury / Glénat - franceinfo

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Sujet du média : Actualités-Infos Générales

14 Mars 2023

Journalistes : Candice

Doussot

Nombre de mots : 837

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Sortie de la BD « Dissident club » : chronique d'un journaliste pakistanais en exil

Réfugié à Paris depuis 2018, Taha Siddiqui signe son premier roman graphique, « Dissident Club ». Dans cet ouvrage à paraître ce mercredi, le prix Albert-Londres 2014 retrace son parcours et son combat pour la liberté de la presse.

Taha Siddiqui, rencontré ce jeudi dans son bar parisien, se livre pour la première fois à travers un roman graphique illustré par Hubert Maury, « Dissident Club ». LP/Candice Doussot

Réfugié politique en France depuis 2018 et figure du droit à l'information au Pakistan grâce à son engagement politique sur les réseaux sociaux, le journaliste d'investigation Taha Siddiqui, lauréat du prix Albert-Londres 2014, sort son premier roman graphique, ce mercredi 15 mars.

La bande dessinée « Dissident Club » est une chronique d'enfance et d'adolescence de l'auteur, qui relate avec un humour décomplexé son quotidien entouré de fondamentalistes religieux et son combat contre la censure.

« Cette BD, ce n'est pas seulement un résumé de ma vie, c'est une apologie de la liberté de la presse, de la religion et des idées », résume Taha Siddiqui. Du même nom d'ailleurs que le bar qu'il a ouvert en 2020 pour les lanceurs d'alerte du monde

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« Je n'avais pas le droit de dessiner »
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VIDÉO (Archives). Menacé de mort au Pakistan, le journaliste exilé Taha Siddiqui ouvre un bar à Paris

La bande dessinée s'ouvre sur le jour où tout a basculé pour lui. Le 10 janvier 2018, Taha Siddiqui est victime d'une tentative d'enlèvement et d'assassinat par l'armée pakistanaise en raison de ses dénonciations sur les exactions perpétrées par le gouvernement.

S'ensuit alors un retour édifiant sur la vie semée d'embûches de l'auteur, sur son histoire d'amour avec une femme chiite et plus largement sur les trente dernières années du pays et ses dérives religieuses et autoritaires.

« J'ai appris en 2018 que j'étais inscrit sur la liste des hommes à abattre de l'armée pakistanaise, c'est donc impossible pour moi d'y retourner. Après mon arrivée en France, on m'a encouragé à plusieurs reprises à raconter ma fuite à l'étranger », se rappelle le journaliste. Le format de bande dessinée n'avait alors pas encore traversé son esprit avant d'être mis en contact avec Hubert Maury, illustrateur de l'ouvrage.

« Écrire sous forme de comics aujourd'hui est en quelque sorte un acte de résistance pour moi. J'ai grandi au sein d'un foyer extrêmement strict et conservateur. Mon père était un musulman extrémiste, mon oncle a fait le djihad. Tout ce que je faisais était contrôlé, je n'avais pas le droit de dessiner et on a jeté toutes mes bandes dessinées », décrit-il.

« Mouton noir » de sa fratrie, on perçoit aisément à travers son ouvrage qu'il a toujours été l'esprit libre et rebelle de sa famille. « Je questionnais et challengeais beaucoup mes parents, j'étais celui qui voulait étudier l'art et qui avait fui la maison à 14 ans », se souvient-il.

L'écriture de cet ouvrage s'est alors transformée en un exercice cathartique pour Taha Siddiqui : « J'ai pris conscience d'avoir subi une enfance abusive. Ça m'a permis de faire une véritable introspection et de comprendre pourquoi je suis la personne que je suis aujourd'hui. »

Pour parvenir à se souvenir des détails de son passé, le journaliste a fait appel à ses proches, dont sa mère qui vit encore au Pakistan, mais ce n'est pas tout. « Même si j'étais jeune, certains traumatismes ne s'oublient pas et j'ai dû les laisser refaire surface. J'ai également construit mon histoire autour de celle de mon pays et de ses événements historiques et politiques majeurs. Ils m'ont aidé à me rappeler où j'étais à ces moments précis et j'ai pu y intégrer mon vécu », explique-t-il.

« Le Petit Nicolas » chez les salafistes

Le livre navigue entre la guerre du Golfe, les attentats du 11 septembre, l'attentat de Karachi ou encore l'assaut contre la résidence d'Oussama Ben Laden. Des événements très difficiles et sombres, que Taha Siddiqui a tenu à raconter avec humour et légèreté. « C'est un peu comme Le Petit Nicolas qui aurait grandi dans une maison de salafistes », sourit-il.

Un témoignage touchant, qui n'est pas sans rappeler « L'Arabe du Futur » de Riad Sattouf ou « Persépolis » de l'Iranienne

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« J'ai pris conscience d'avoir subi une enfance abusive »
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Marjane Satrapi ; tout en prenant des airs du documentaire d'animation « Valse avec Bachir ». Tiré à 15 000 exemplaires, « Dissident Club » sera disponible partout dès ce mercredi. La veille, pour le lancement, une table ronde en présence de Taha Siddiqui et d'Hubert Maury est organisée dans son bar.

Mais le Pakistanais ne s'arrête pas là. Il planche déjà sur un second ouvrage qui traitera de l'histoire de dissidents venus du monde entier (Chine, Russie, Kurdistan, Iran...) rencontrés lors d'événements et conférences organisés au Dissident Club.

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