PAYS : France
RUBRIQUE : Le guide culture
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JOURNALISTE : Jérôme Dupuis
PERIODICITE : Hebdomadaire
15 décembre 2015
LIVRES SDP
Jean-Louis Bory(à g.) et FrançoisRégis Bastide, piliersdu Masque et laPlume.
Deg.àdr.: Jacques Chancel, César, Georges Brassens etLino Ventura, lorsd’un Grand Echiquier.
PICARD/SDP
Le meilleur E
des ondes
t soudain, des voix Raymond Devos disserLe toujours vivace Masque et la Plume , surgissent. Celle, sur la mort et le Grand Echiquier : plongée dans tant carnavalesque et le regretté temps de cuisson des précipitée, de Jean-Louis pâtes; Yves Montand enles coulisses de deux émissions cultes. Bory, celle,magistrale, de chaînant 23 chansons; Par Jérôme Dupuis et Marianne Payot Georges Charensol, celle, Herbert von Karajan et souveraine, de Françoisle philharmonique de Régis Bastide, celle,encore, de crooner, sont répartis: le diplomate (Bastide), Berlin… Et puis tous ces noms qui de Pierre Bouteiller, ces « Cyranos l’extraverti (Bory), le « réactionnaire» fleurent bon la contestation des anmodernes au sang chaud et au verbe râleur (Charensol, Eric Neuhoff, son nées anti-Pinochet – Joan Baez, les haut». La nostalgie heureuse… Pour successeur), le grognard séditieux Quilapayun, Alan Stivell… –, au fêter les 60ans du Masque et la Plume , (Michel Polac), l’encyclopédiste morisque, parfois, que l’émission tourne la doyenne de nos émissions radio deste (Michel Ciment), le « divulgâun peu à la grand-messe solennelle. phoniques, Jérôme Garcin, son chef cheur» (Pierre Murat), l’érudit désa Elle faillit s’appeler « Les Grandes d’orchestre depuis plus d’un quart busé (Michel Crépu), le procureur Manœuvres», mais,finalement, Chande siècle, a eu la judicieuse idée de (Arnaud Viviant, Nelly Kaprièlan), cel opta pour l’échiquier, car c’est un rafraîchir nos oreilles. A travers un l’empathique (Patricia Martin), surlieu où des « pions » – comprendre abécédaire tout personnel, de A jouant les polémiques autour du noudes artistes – se croisent. La première, comme artisanat à Z comme zutiste, veau roman, de la nouvelle vague, du le 12janvier 1972,fut épique, Brassens il réunit dans son livre les générations: théâtre de l’absurde, de l’autofiction… ayant pris en direct un avion pour le les familles d’hier, coincées dans les Et le public en redemande. Béarn («j’ai accepté par amitié, mais encombrements des retours du Il est une autre émission emblémaj’aurais préféré manger une choudimanche soir, et celles d’aujourd’hui, tique du service public, qui, elle, croute à la maison »,dira plus tard le dispersées derrière leurs radios et contrairement à son aînée radiophochanteur). Et puis, toujours, ces quessmartphones. Intellectuelles ou nique, s’est beaucoup baladée – de la tions improbables de Chancel, repopulaires, avides de prescriptions première chaîne de l’ORTF à Anconnaissables entre mille. A Maurice ou juste désireuses d’assister au spectenne 2, du jeudi au dimanche soir : Béjart : « Dites-nous, le génie, c’est Le Grand Echiquier . Un beau livre tacle débridé d’une drôle de troupe, le commencement de la folie? » Ou tous heureux de se distraire du blues posthume de Jacques Chancel, mort à Joan Baez: « Vous êtes contre tout, dominical. il y a un an tout juste, revient, photos et pour tous? » Le Grand Echiquier « C’est du côté de la farce, du vauà l’appui, sur cette aventure télévifut une académie de stars, loin, très deville et de la provocation qu’il faut suelle, qui s’étira de 1972 à 1989. On loin de la télévision d’aujourd’hui. chercher le secret de sa longévité », y retrouve évidemment tous les morLe grand Chancel le répétait comme affirme Garcin. Films étrillés, pièces ceaux d’anthologie de l’émission tourun mantra : « Il ne faut pas donner encensées,romanciers applaudis – ou née au studio 15 des Buttes-Chauau public ce qu’il aime, mais ce qu’il l’inverse –, le tout sous le signe de la mont : Brassens, Lino Ventura et pourrait aimer. » • mauvaise foi et devant un public Nos dimanches soirs, par Jérôme Garcin. Grasset/France Inter, 304p., 19€. fourni et réactif, sont les matériaux Le Grand Echiquier, par Jacques Chancel. Ed. du Sous-sol, 354p., 39€. de cette commedia dell’arte. Les rôles
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