PAYS :France
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PAGE(S) :38 SURFACE :53 % PERIODICITE :Hebdomadaire
21 septembre 2018 - N°23050
a UN HOMME,
UNE VOIX
LES RENDEZ-VOUS DE J-R VfiN DER PLAETSEN
ALAIN FINKIELKRAUT OU LES TOURMENTS DE L'INTELLIGENCE L'académicien publie un recueil de débats sur la cause animale. Il y est question des rapports entre les hommes et les bêtes - et de la souffrance de celles-ci. n déjeuner avec Alain Finkielkraut, c'est la certitude de sortir de table en se sentant un peu plus intelligent, mais aussi un peu plus inquiet. Car cet homme si attachant est habité par autant de convictions que de doutes. Ses adversaires tentent avec acharnement de le discréditer, le décrivant en réactionnaire obsédé par quelques marottes dépasséesqui auraient pour noms l'école, l'identité française ou l'immigration. En vérité, au-delà du courage dont il fait preuve dans cette arène intellectuelle où les coups les plus bas sont permis, Finkielkraut illustre les tourments que provoque l'extrême intelligence, qui s'accompagne dans son cas du souci de l'exactitude et du goût de la nuance. A intervalles réguliers, « Finkie » publie les r et r a n sc r i p t i o n s de « Répliques », l'émission hebdomadaire qu'il anime depuis plus de trente ans sur France Culture. La dernière l i v r ai son concerne les
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La phrase du livre à retenir
(p. 10)
moderne est tiraillé entre une ambition immense et une compassion sans limites
DES ANIMAUX ET DES HOMMES, sousici direction d'Alain Finkielkraut. Stock I France Culture. 310p.. 20 €.
rapports entre hommes et animaux. « Une question capitale, affirme-t-il. Ce n'est,d'ailleurs pas un hasard si un vif débat opposeaujourd'hui spécistes et antispécistes. Face aux conditions de l'élevage industriel, on ne peut rester insensible à la souffrance des animaux. » On y retrouve les contribut i o n s d ' a m i s fidèles, te l s les philosophes Elisabeth de Fontenay et Francis Wolff, qui s'affrontent dans un échangeviril mais courtois sur la tauromachie, ou celles, plus surprenantes, del'écrivain Benoît Duteurtre et du comédien François Morel. Un livre passionnant où Finkielkraut a la politesse de t o u j o u r s s'effacer devant ses interlocuteurs. Pour autant, il n'oublie pas qu'il est sans cesseattendu au prochain tournant. Il achèveun essai où il dévoile tout cequ'il doit à Kundera, Péguy et Heidegger. « C'est unefaçon de réglâmes dettes, dit-il, avant d'ajouter : Mais c'est aussi, et peut-être d'abord, une tentative d'élucickition. » Toujours cegoût de l'exactitude et cesouci de la nuance...
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