Savoir être, Claude Halmos

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AUJOURD'HUI EN FRANCE MAGAZINE Date : 29 AVRIL 16 Page de l'article : p.56-58 Journaliste : Julien Solonel

Pays : France Périodicité : Hebdomadaire

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MON ENFANT MORD Le fils de Guilaine a 21 mois et il mord. Soit quand U est content, soit quand il est en colère, parce qu'on lui refuse quelque chose. Guilaine nous précise qu'il mord aussi les enfants de la crèche. Elle voudrait savoir quelle réaction adopter pour qu'il comprenne que cela ne se fait pas. C'est intéressant, cette formule de notre auditrice : lui apprendre que « ça ne se fait pas ». Parce que c'est souvent de cette façon-là que l'on apprend les règles aux enfants. Et je crois que cela explique qu'ils ne comprennent pas leur importance, ni l'obligation de les respecter. Que voulez-vous dire? « Ça ne se fait pas » est une expression qui fait référence, en gros, aux bonnes manières. « Ça ne se fait pas », par exemple, de mettre ses doigts dans son nez. Or les bonnes manières sont importantes, parce qu'elles participent du respect de l'autre : regarder quelqu'un qui met ses doigts dans son nez n'est pas particulièrement agréable. Mais mettre ses doigts dans son nez n'a quand même pas du tout la même portée que mordre les autres ! Pouvez-vous en dire plus? L'interdit de mordre renvoie à l'interdit de porter atteinte à l'autre, à l'intégrité du corps de l'autre. C'est-à-dire, ni plus ni moins, à cet interdit fondamental de l'humanité qu'est l'interdit du meurtre. De plus, mordre est une pratique du monde animal. Or éduquer un enfant, c'est l'aider à devenir un humain civilisé capable de vivre avec les autres. Cela passe obligatoirement par lui faire comprendre qu'il n'est pas un animal qui griffe et qui mord parce qu'il ne peut pas parler, mais un humain doté du langage (même s'il est encore trop petit pour parler). Un enfant qui mord est un enfant qui a besoin d'apprendre sa place d'humain et l'interdit humain d'agresser les autres. I Car il se conduit en fait comme le ferait un petit animal sauvage dans une jungle sans loi. C'est donc grave, et il faut l'aider à sortir de là. De quelle façon? En lui expliquant très sérieusement sa condition d'humain et les interdits humains que les adultes eux-mêmes doivent respecter. En lui imposant de les respecter et en se fâchant très fort s'il ne les respecte pas. Si ce petit garçon veut faire le loup méchant, il doit quitter la pièce commune et aller dans sa chambre tout seul. Parce que les humains civilisés ne peuvent pas vivre et ne veulent pas vivre avec les loups méchants. C'est comme ça ! Quand il aura décidé de ne plus se conduire comme un loup méchant, il pourra revenir partager lavie de tout le monde.

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Date : 29 AVRIL 16 Page de l'article : p.56-58 Journaliste : Julien Solonel

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LES COLONIES DE VACANCES Vous êtes nombreux à vous interroger sur les colonies de vacances, surtout lorsque vous y envoyez vos enfants pour la première fois. Et certains d'entre vous nous ont même écrit que leurs amis ne comprenaient pas une telle décision et les prenaient presque pour de mauvais parents. Alors, est-ce que l'angoisse des parents devant la colonie de vacances est normale? Je croîs qu'il est normal que le premier depart en vacances de leur enfant soit difficile pour les parents. Il y a une inquiétude normale, et elle peut être majorée par des données (...) qui renvoient à l'histoire personnelle de ces parents, à de mauvais souvenirs de leur enfance, par exemple. Parlons d'abord de l'inquiétude normale. L'enfant va passer du temps dans un lieu ou ses parents ne pourront pas le protéger, ils peuvent donc légitimement s'inquiéter. Et je crois que la meilleure façon d'atténuer cette inquiétude est de préparer très sérieusement le séjour de l'enfant. De quelle manière peut-on le préparer? Il faut d'abord s'assurer du lieu, (...) de l'encadrement. Si l'on peut avoir des témoignages de parents qui y ont déjà envoyé leurs enfants, c'est encore mieux. Ensuite, il faut s'assurer que l'enfant est prêt à aller en colonie et qu'il en a envie. S'il est déjà allé, sans ses parents, chez des amis ou des membres de la famille, c'est là aussi une bonne chose, parce qu'il est préparé à la séparation. Il faut aussi s'assurer de sa maturité car, pour qu'un enfant puisse aller en colonie, il faut qu'il soit autonome pour tous les gestes du quotidien, mais également dans sa tête : qu'il sache nouer des relations avec les autres, se débrouiller quand il rencontre un problème, demander l'aide des adultes, etc. Y a-t-il des précautions à prendre avant le départ? Je croîs qu'il faut que l'entant connaisse bien les activites de la colonie et qu'elles l'intéressent •. un stage de poney si on n'aime pas le poney, c'est l'échec assuré. Il faut bien lui expliquer qu'il n'est pas lâché seul dans la jungle, que ses parents restent en contact avec la colonie, et que là-bas il pourra demander de l'aide aux adultes s'il a un problème. Et, si l'un des parents est trop angoissé, il faut bien sûr qu'il s'interroge sur ce qui lui est arrive à lui et que, de ce fait, il redoute pour son enfant, et qu'il lui en parle. Il ne sert à rien de vouloir cacher son angoisse à un enfant : il la sent toujours. Il faut lui expliquer d'où elle vient et (...) qu'elle n'a rien avoir avec la réalité de sa colonie à lui.

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SON FILS A TOUS LES DROITS! Pierre-Louis est séparé de sa femme. Il a un fils de IQ ans qui vit dans une autre région avec sa mère et qu'il reçoit lors des vacances scolaires. Deborah, sa nouvelle compagne, (...) ne vit pas avec Pierre-Louis, mais est présente chaque fois qu'il reçoit son fils. Et elle se plaint qu'il soit plus tendre avec ce fils qu'avec elle. (...) Le problème que (notre auditrice) rencontre est plus fréquent qu'on ne le croit, mais il est rarement exprimé aussi clairement. Quand vous elites le « problème », cle quoi parlez-vous exactement? D'un problème de place. De la place à laquelle, sans s'en rendre compte, cette jeune femme se met. Elle dit, par exemple, que son ami fait plus de câlins à son fils qu'à elle, comme si elle se mettait sur le même plan que ce fils. « Câlin », d'ailleurs, est un mot que l'on emploie surtout pour les enfants. Elle parle donc un peu comme si elle était la soeur du fils de son ami. Or elle n'est pas la fille de son ami, elle est sa compagne. Ce n'est pas du tout lamême place. Pourquoi fait-elle cela? On retrouve souvent cette problématique dans les familles recomposées, (...) des situations où des hommes et des femmes rejouent sans le savoir, par rapport à leur conjoint et aux personnages de la vie passée de leur conjoint, des souffrances qu'ils ont éprouvées dans leur enfance (...). Notre auditrice se plaint que le fils de son ami n'aide pas à la maison et que (...) son père le défende. Là encore, on a l'impression d'une sœur aînée qui doit tout faire et qui se plaint que son petit frère ait tous les droits. Notre auditrice a peut-être vécu des choses de ce genre dans son enfance. Qu'est-ce qui pourrait aider notre auditrice? D'abord, réfléchir à ce qu'elle ressent et à ce qu'elle a vécu. Et réfléchir aussi à ce que vit son ami. Cet homme ne voit son fils que lors des vacances, ce qui doit être dur pour lui. ll se sent peut-être coupable (...). Il a peut-être peur que son fils l'oublie et ne l'aime plus. C'est évidemment une crainte qui n'est pas fondée, mais qui est très fréquente chez les parents. Lorsqu'il voit son fils, il lui donne donc des choses dont il pense qu'elles peuvent le rendre heureux.des cadeaux, des câlins, une absence de limites. Il a, bien sûr, tout à fait tort. Parce qu'un enfant (...) a besoin que son père l'éduque. Et notre auditrice peut certainement aider son compagnon à le comprendre. Mais elle ne le peut que si elle se conduit en femme adulte, pas en grande soeur jalouse.

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BIBLIOTECA MAGAZINE Date : MARS 16 Page de l'article : p.30

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Claude Halmos Savoir être Une psychanalyste à l'écoute des êtres et de la société Fayard de dix ans, Claude Halmos répond chaque se mame aux questions des auditeurs de France Info Elle trace ici, de manière accessible à tous, le chemin qu'elle poursuit depuis des décennies dans sa pratique clinique et à travers ses livres : entendre véritablement ce que dit l'auditeur, lui donner les moyens de grandir et de traverser une époque parfois infiniment difficile. Derrière la transcription de ces centaines de réponses se dessine à la fois un regard analytique sur la décennie passée et une forme de manuel du mieux-vivre qui sera d'une grande aide à tous les lecteurs en quête de repères et d'intelligence en ces temps troubles. 300 pages - parution le 16/03/2016 Prix public 18,50€ EAN 9782213700755

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