Savoir être, Claude Halmos

Page 1

PAYS : France

RUBRIQUE : Télévisions

PAGE(S) : 21

DIFFUSION : 273111

SURFACE : 50 % PERIODICITE : Quotidien

22 mai 2016 - N°22193

télévisions

Lapsychanalyseà l’épreuve desmédias Levendredi sur France Info, Claude Halmos aborde l’intime sans concession au prêt-à-penser l n’est qu’à écouter, chaque vendredi à 13h 55, « Savoir être » pour comprendre que ce serait faire injure àClaude Halmos de la traiter de « psy de service ». Car si service il y a, c’est bien à celui rendu aux auditeurs que cette psychanalyste, spécialiste de l’enfance et de la maltraitance, ne cessed’être engagée. Du reste, c’esten termes de « combat » qu’elle évoque son travail. « Depuis des années, je me bats pour que les gens ne soient pas écrasés sous des diagnostics, qu’on ne lesbourre pas de médicaments, et pour leur faire comprendre que la souffrance n’a rien d’anormal, que chacun peut se prendre en main. » Au-delà de son cabinet et des pages de Psychologie magazine ,ce combat, Claude Halmos le mène également dans les médias, où elle officie depuis déjà vingt ans. D’abord à la télévision, au sein de « La Grande Famille » sur Canal+ en 1992,dont elle s’est sentie «orpheline » lorsque le magazine s’est arrêté en 1997. Puis à la radio, en 2002, où après avoir été ponctuellement sollicitée par Gilles Halais, il lui fut proposé de répondre aux questions des auditeurs dans la chronique « Savoir être » sur France Info. Afin de prolonger sa mission de service public, la psychanalyste qui a travaillé avec Françoise Dolto – pionnière en matière d’interventions radiophoniques – vient de réunir près de deux cents de seschroniques, tenues entre 2011et 2016, dans Savoir être. Une psychanalyste à l’écoute des êtres et de la société (Fayard, 410 p., 22 €).

I

Souffrance

Crise d’adolescence, décès d’un parent, mère possessive, impact des attentats, agression sexuelle, pédophilie, phobie scolaire, punitions, vacances au sein d’une famille recomposée… Que ce soit des sujets intimes, triviaux ou faisant écho à l’actualité, les relations familiales, et tout plus particulièrement l’enfance – « la clé de tout » –, occupent l’essentiel de sestextes qui, quel que soit le sujet, résonnent chez le lecteur et sont familières aux auditeurs de France Info. Car, hormis quelques termes relevant d’un langage parlé, la psychanalyste ne les a guère retouchés. Et pour cause, chacune de ses interventions limpides et simples – mais aucunement simplistes – est composée au cordeau d’une écriture qui ne souffre d’aucun à-peu-près. « C’est de la dentelle . Je rédige aussi bien les relances du journaliste que les réponses afin d’obtenir une progression pédagogique qui tienne en seulement deux minutes. Cela nécessite un énorme travail pour qu’il n’y ait aucun malentendu pouvant provoquer une souffrance. » Et d’évoquer les témoignages de personnes proches du suicide après avoir entendu un psy, qui n’avait sans doute pas la même vigilance qu’elle, celle qui lui fait peser chacun de ses mots ; ni le même souci éthique à l’égard du public et de la psychanalyse, qu’elle estime aujourd’hui menacée par la mode des thérapies express limitées – non sans danger – à soigner les symptômes plus que les causes. Ainsi qu’elle l’écrit en préface de son livre où elle dénonce le terme fourre-tout

de « psy ». « Cemot est un symptôme en soi, dit encore Claude Halmos. Il signifie qu’il n’y a pas plus de débat sur le fond et de dif-

« Je me bats pour qu’on ne bourre pas les gens de médicaments et faire comprendre que la souffrance n’a rien d’anormal » CLAUDEHALMOS

psychanalyste férence. Ce n’est pas une querelle de chapelle, simplement il est essentiel que le public distingue la position d’un psychologue de celle d’un psychanalyste. » Destinée à éclairer le public sur l’aventure que constitue la psychanalyse, cette préface est aussi un appel àsesconfrères afin qu’ils se montrent moins frileux et méfiants vis-à-vis des médias. Même si Claude Halmos reconnaît que ces deux univers sont par essence incompatibles . «La psychanalyse exige du temps. Elle propose des questions plus que des réponses et s’intéresse au particulier. Or, ces trois données la rendent peu conciliable avec les médias qui attendent des réponses immédiates et d’ordre général. » Pour autant, ne pas s’en saisir prive les psychanalystes d’un lieu où ils peuvent faire entendre des souffrances souvent tues et surtout d’un «formidable outil d’éducation ». Psychanalyste

de combat

Tous droits de reproduction réservés


PAYS : France

RUBRIQUE : Télévisions

PAGE(S) : 21

DIFFUSION : 273111

SURFACE : 50 % PERIODICITE : Quotidien

22 mai 2016 - N°22193

A condition, précise-t-elle , de ne pas accepter tout et n’importe quoi –en particulier lesémissions de divertissement ou certains sujets qui ne relèvent pas de leur compétence –et de bannir le prêtà-penser ou les réponses toutes faites. Une position dans laquelle elle se tient, chaque semaine. « N’ayant pas écouté la personne qui m’interroge, je ne peux lui donner de réponse. En revanche, je peux donner deshypothèses générales, des pistes de réflexion afin qu’elle puisse s’en saisir. » Même si, depuis l’automne, « Savoir être » a perdu son caractère interactif pour s’ancrer davantage dans l’actualité, ce qu’elle regrette un peu, Claude Halmos maintient malgré tout sa ligne. «Quel que soit le sujet, j’essaie de faire entendre l’humain. Je ne me considère pas comme une observatrice de la société. Certes,je dénonce des choses,sans langue de bois, mais surtout jefais en sorte, à mon petit niveau, que les gens puissent réfléchir par eux-mêmes, qu’ils ne sedéconnectent pas de leur émotion par rapport aux autres. » Inquiète du nivellement par le bas, du consensus mou, de l’invective qui a désormais remplacé le débat de fond, cette psychanalyste de combat continue plus que jamais de faire le pari de l’exigence, de la rigueur et de l’intelligence. p christine

rousseau

« Savoir être », chaque vendredi à 13h 55 sur France Info.

Tous droits de reproduction réservés


PAYS : France

RUBRIQUE : Télévisions

PAGE(S) : 21

DIFFUSION : 273111

SURFACE : 50 % PERIODICITE : Quotidien

22 mai 2016 - N°22193

Claude Halmos en septembre 2014. STEPHANE LAVOUE/PASCO

Tous droits de reproduction réservés


PAYS : France

RUBRIQUE : Santé psychologie

PAGE(S) : 16

DIFFUSION : 314312

SURFACE : 26 %

JOURNALISTE : P. S

PERIODICITE : Quotidien

23 mai 2016 - N°22327

SANTÉ PSYCHOLOGIE Claude Halmos, psychanalyste spécialisée dans les questions d’enfance et d’éducation, vient de publier plus de deux cents de ses chroniques dans Savoir être. Une psychanalyste à l’écoute des êtres et de la sociétéé(Éd. Fayard). LE FIGARO. - Psychanalyste, vous intervenez dans les médias (une chronique hebdomadaire sur France Info, un courrier des lecteurs à Psychologies Magazine ). Comment définiriez-vous votre mission et en quoi diffère-t-elle ou se rapproche-t-elle de votre métier au quotidien ?

Claude HALMOS. - Il s’agit en fait d’une double mission. J’ai une mission par rapport à ceux qui m’écoutent ou me lisent. Mon but est de leur apporter une information qui soit suffisamment sérieuse et accessible pour constituer pour eux un outil qui leur permette, en réfléchissant à leurs problèmes autrement qu’ils ne l’ont fait jusque-là, de les prendre en main et de les résoudre. Et ce n’est pas fondamentalement différent de ce que je fais dans mon cabinet. Car être psychanalyste, c’est aider chaque patient à trouver les clefs qui ouvriront la porte de la prison dans laquelle son histoire l’a en-

fermé. Mais j’ai également une mission par rapport à la psychanalyse, dont je veux, sans la trahir ni la galvauder, faire connaître au plus grand nombre le message. Pourquoi ces missions vous semblent-elles nécessaires ?

Une grande partie de la psychiatrie et des psychothérapies considère aujourd’hui les êtres humains comme des objets de grande série, tous semblables, que l’on pourrait réparer (comme dans un service après-vente) pour les remettre en service le plus rapidement possible. Vous, moi, notre voisin avons peur de l’eau ? Qu’importe que nous soyons des êtres différents. Ces thérapies vont ignorer notre singularité, ne prendre en compte que notre symptôme et, pour l’éradiquer, nous proposer à tous les trois le même médicament ou la même thérapie. C’est absurde car la peur de l’eau peut exprimer mille souffrances (la vie dans le liquide intra-utérin, la mère affolée par la perte des eaux, la mère à qui, comme à l’eau, on avait, bébé, peur de s’abandonner, la noyade du petit cousin, etc.). C’est inefficace car son sens étant méconnu, le symptô-

Tous droits de reproduction réservés


PAYS : France

RUBRIQUE : Santé psychologie

PAGE(S) : 16

DIFFUSION : 314312

SURFACE : 26 %

JOURNALISTE : P. S

PERIODICITE : Quotidien

23 mai 2016 - N°22327

me ne pourra que résister… ou revenir. Et c’est dangereux car, ainsi dépossédés de leur histoire, les patients sont condamnés à la passivité. Face à cela, le message de la psychanalyse, qui dit à chacun : « Tu es un être unique, ta douleur s’est construite dans ton histoire et tu peux, pour l’arracher de toi, en retrouver les racines», est essentiel.

Agir en fonction des conseils d’un autre revient à lui passer le volant sous prétexte que l’on a du mal à conduire CLAUDE HALMOS

Quelles sont les limites de cette mission ?

L’exercice est à hauts risques. Il faut à la fois donner des informations générales et faire entendre qu’elles ne peuvent rendre compte de la singularité d’un être : chacun doit, pour avancer, s’interroger sur lui-même. Et, à la fois, la clarté – indispensable du discours peut faire oublier la complexité des problèmes.

Par rapport à vos patients, à quoi êtes-vous vigilante dans votre travail médiatique ?

Avoir pour psychanalyste un professionnel qui est aussi un personnage public n’est pas facile. Pour ma part, j’ai toujours fait en sorte de rester dans le strict cadre du « professionnel ». Je n’expose pas ma vie privée et je n’interviens, dans les médias, que pour soulager la souffrance. Je ne traite pas les sujets people et je ne travaille pas dans les émissions de divertissement. Être psychanalyste dans les médias suppose une éthique.

CLAUDE HALMOS

Psychanalyste

Aux experts, on demande des conseils. Peut-il en être de même pour les psychanalystes ?

Jerefuse depuis toujours de donner des conseils. Agir en fonction des conseils d’un autre revient à lui passer le volant sous prétexte que l’on a du mal à conduire. Opération risquée car rien ne dit qu’il fera mieux que soi, et même dangereuse car en casde problème, privé du volant, on ne pourra rien faire. Un psychanalyste n’est pas là pour dire aux gens où ils doivent aller. Il est là pour les aider à prendre conscience de la capacité qu’ils ont de trouver, eux-mêmes, leur route. PROPOSRECUEILLISPAR P. S.

Tous droits de reproduction réservés


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.