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3 décembre 2021 - Edition Rouen Rive Droite
Il faut selon moi arrêter de penser : « je n'y arriverai pas » Journaliste à la direction des sports de France Inter et quintuple championne de France handisport de saut d'obstacles, Lætitia Bernard vient à la rencontre du public pour évoquer son parcours. Avant sa venue à la médiathèque de Vernon aujourd'hui à 19h30, Paris-Normandie a rencontré cette figure du handisport. Pourquoi avoir écrit « Ma vie est un sport d'équipe » et à qui s'adresse-t-il? Lætitia Bernard : « C'est un livre témoignage qui s'adresse à tout le monde, dans lequel j'explique le champ des possibles avec un handicap. Avec de la passion, de l'énergie et du travail, je montre qu'il est possible de faire beaucoup. Il faut selon moi arrêter de penser : « je n'y arriverai pas » ou « ce n'est pas pour moi » ; mais se dire : « comment pourrais-je y arriver? ». Cette façon de penser permet ainsi de déclencher une nouvelle dynamique. » « Le sport fait partie de mon quotidien et m'a appris à me déplacer, à me repérer dans l'espace et m'a donné l'énergie, la confiance et la force intérieure » Lætitia Bernard Le titre de votre livre évoque aussi la passion du sport et le besoin d'interaction que vous avez avec les autres. Ces deux éléments ont-ils permis de vous construire? « Effectivement. Je baigne dans le sport depuis que je suis née car tout le monde est sportif dans ma famille. Mes parents, professeurs d'EPS, m'ont transmis la joie de vivre et l'amour du sport. L'équitation puis la compétition
équestre m'ont permis d'éprouver une multitude de sensations qui m'ont construite. Le sport fait partie de mon quotidien et m'a appris à me déplacer, à me repérer dans l'espace et m'a donné l'énergie, la confiance et la force intérieure. L'interaction avec les autres est essentielle d'un point de vue pratico-pratique, mais aussi parce que j'aime les gens. Ils m'apportent une énergie communicative, ne serait-ce qu'en échangeant seulement quelques mots dans la rue avec eux. Dernièrement, j'ai participé à un tandem de plusieurs jours avec des femmes atteintes d'un cancer du sein. Des femmes formidables Nous avons fait vase communicant au niveau de l'énergie. Le sport tout comme le travail en équipe offre une multitude de possibilités que l'on ne soupçonne pas au départ. » Quel constat faites-vous sur l'accès aux études pour les personnes déficientes visuelles? « Les difficultés des étudiants en situation de handicap restent assez nombreuses pour performer. Paradoxalement, les outils informatiques permettent d'avoir accès à la synthèse vocale, mais ils posent d'autres problèmes. Le contenu éducatif n'est pas toujours transcrit en braille. Les sites grand public comme ceux du gouvernement sont difficilement accessibles. Il y a un gros effort à faire au niveau de l'accessibilité numérique, tout simplement parce que je pense que les développeurs web ne pensent pas handicap. » Quelles sont les principales
difficultés que vous rencontrez dans votre quotidien? « Les déplacements représentent un frein à nos activités, et ils demandent beaucoup d'énergie à cause du temps de préparation que cela suppose pour éviter de se perdre. Les transports en commun nous aideraient si les annonces sonores étaient davantage utilisées. » « Il y a un gros effort à faire au niveau de l'accessibilité numérique, tout simplement parce que je pense que les développeurs web ne pensent pas handicap » Lætitia Bernard Quelles sont les questions les plus courantes que l'on vous pose sur votre handicap? « Il arrive que l'on me dise : « je vous écoute à la radio, mais je ne savais pas que vous étiez aveugle! ». Ou alors « Comment rêvez-vous la nuit? », « Avez-vous développé plus de choses que nous les voyants? » À cette dernière question, il m'est difficile de répondre car je n'ai pas de comparaison possible. Mais j'imagine que ma vision n'étant pas sollicitée, je suis amenée à surdévelopper les autres sens. Je ressens par exemple instantanément les vibrations dégagées par les personnes autour de moi, je sais s'ils sont gentils ou méchants (rire). L'odorat est un repère très important qui me donne de nombreuses infos sur mon environnement et cela rend la vie plus riche, même si on ne s'en rend pas forcément compte. Lorsque j'ai eu le Covid, j'ai perdu l'odorat et j'étais très ennuyée. » Quels sont vos projets? « J'ai beaucoup de projets professionnels. Au niveau du sport,
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3 décembre 2021 - Edition Rouen Rive Droite
je souhaite reprendre les défis en tandem que j'adore et je voudrais prendre part aux Championnats de France d'équitation vétéran pour valides. J'ai 38 ans et j'ai encore deux ans pour m'y préparer. » Rencontre avec Lætitia Bernard à l'Espace Philippe-Auguste, vendredi 3 décembre à 19h30. Gratuit sur inscription au 02 32 64 53 06. ■
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